TOUT EST DIT

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mercredi 18 septembre 2013

Finances publiques : Pierrot le flou fait son maximum


En 40 ans et sans sourciller, les hommes politiques français ont réussi à accumuler 1 950 milliards d'euros de dette. Rassurons-nous : ils arrêtent bientôt. Promis.

Contrairement à ce que ses déclarations et décisions laissent entendre, Pierre Moscovici n'est pas incapable du moindre raisonnement mathématique.
Le ministre des Finances Pierre Moscovici a assuré mardi que l'endettement de la France allait "atteindre un maximum" avant de "décroître", insistant sur l'ardoise laissée par les précédentes majorités.
Le concept de maximum ne pourrait être plus simplement expliqué : avant lui, ça monte ; et après lui, ça descend. Bravo Pierre, un bon point ; au moment où la courbe de l'endettement atteint son maximum, la pente de sa tangente est nulle — comme la croissance française, par exemple, ou les hommes politiques qui ont conduit ce pays à cette situation. Pour les alcooliques comme pour les politiciens, vivre 40 ans à crédit laisse une jolie ardoise.
Pierre Moscovici a raison : ses prédécesseurs sont responsables du niveau de la dette au moment où lui et son équipe ont pris leurs fonctions. Il serait juste et bon qu'ils soient tenus pour responsable de leur bilan. Mais cela signifie également que lui et son équipe seront responsables du bilan, notamment du niveau d'endettement qu'ils laisseront en partant ; espérons qu'il en prenne la mesure. Selon ses dires, il est tout à fait conscient de la nécessité de réduire le déficit, et il se veut rassurant.
"Ce que je reproche au papier du Figaro, ce n'est pas d'avoir cité un chiffre spectaculaire (...), c'est de laisser penser que la signature de la France serait menacée : elle ne l'est pas", a-t-il poursuivi, jugeant également que "là où Le Figaro se trompe, c'est que la France fait des réformes qui permettent justement de réduire le déficit structurel".
Si ses deux propositions sont aussi vraies l'une que l'autre, les créanciers de la France devraient être inquiets à double titre : parce que l’État n'a engagé aucune des nécessaires réformes, ayant du mal à instaurer les mesures les plus superficielles.
Que les créanciers de la France se rassurent toutefois : la France en tant que telle n'a pas de signature. L’État français en a une, des centaines même qui, toutes, valident unanimement des budgets en déficit et souscrivent des prêts auxquels ils ne comprennent rien. Les exceptions existent, évidemment. Mais dans la plupart des cas, du plus mafieux président de conseil général au voyou patron d'un office HLM, en passant par le plus minuscule adjoint au maire, tous engagent des dépenses et souscrivent des prêts au nom des autres. Au nom de chaque Français, plus exactement, et de pas mal d'Européens qui viendront peut-être à notre secours quand la spoliation des Français ne suffira plus.
Et après 40 ans d'endettement, on atteint 1950 milliards d'euros, l'occasion de rire un peu. Guy Birenbaum, un de ces journalistes comme seul l'exception culturelle et les subventions à la presse savent en produire, a lui-même calculé que chaque Français devrait en moyenne régler 30 000 euros si les créanciers frappaient aux portes de l’État et que celui-ci envoyait quelques gentils collecteurs percevoir leur dû.
En résumé, le taux d'endettement de la France grimperait à 95,1% du PIB, fin 2014. D'où 1950 milliards d'euros pour la dette... C'est l'origine de cette facture "théorique" d'un peu plus de 30.000 euros par Français. [...] C'est là que je me suis mis à réfléchir. Oui, les gars, ça m'arrive... Pourquoi accepterions nous les uns et les autres, et même simplement théoriquement, de valider ce calcul ?Pourquoi avalerions-nous, comme ça, le principe de cette division, une fiction politico-médiatique, du montant de la dette par TOUS les Français ?
S'il s’arrêtait là, le beau Guy serait loin d'avoir tort : rien n'engage réellement les Français quand l’État s'engage en leur nom. Mais il ne pouvait pas en rester là ; pour lui, certains ont plus de responsabilité dans le remboursement de cette dette.
Ne devrait-on pas établir une hiérarchie, une échelle ? Demander enfin vraiment plus d'argent à ceux qui en gagnent beaucoup, beaucoup plus ? Allez taper (oui taper) dans les dividendes indécents de certains actionnaires ? Du côté des "parachutes dorés" et autres avantages qu'on feint de dénoncer, sans jamais les effleurer ? Chez ceux (particuliers, entreprises) qui s'"oublient" du côté de l'impôt ? "Mon adversaire... c'est le monde de la finance" qu'il disait... Tu parles... Parce qu'il n'y a pas que des fauchés et des endettés dans notre pays !
On l'oublie trop souvent : les riches en France sont, jusque-là, épargnés par un impôt pas du tout progressif ; le capital est très peu taxé, l'entrepreneuriat toujours plus tentant ; d'immondes porcs capitalistes soufflent la fumée de leurs cigares aux visages des mendiants que l'absence totale de redistributions, subventions et largesses étatiques laisse sans aucun moyen de subsistance alors que les Français plus aisés n'avaient pas payé pour leur éducation gratuite.
Guy Birenbaum n'oublie pas que les dividendes et avantages dans le privé sont parfois indécents, mais oublie étrangement de rappeler que les hommes politiques et journalistes bénéficient d'avantages fiscaux colossaux et que, du côté de l'égalité de tous devant la loi et devant l'impôt, ils sont oubliés à leur avantage. Il lance de petites piques aux hommes politiques, pour les taquiner en bon camarade, mais bon, il ne faudrait pas aller trop loin et cracher dans une soupe aussi bonne : les exilés fiscaux de l'intérieur ont tout intérêt à blâmer ceux de l'extérieur plutôt que risquer que soient mis en cause les avantages dont eux-mêmes bénéficient.
Heureusement, comme Pierre Moscovici le rappelle, nous n'aurons pas besoin d'en arriver là ; la dette va être progressivement remboursée. On va commencer par réduire le déficit en 2013, pardon 2014.
Le ministre a rappelé que le déficit structurel, c'est-à-dire hors aléa de conjoncture, allait être réduit d'un point en 2014 après 1,7 en 2013. "Ce gouvernement mène une politique résolue de réduction des déficits nominaux, c'est les chiffres absolus, et les déficits structurels, ceux qui sont indépendants de la croissance", a-t-il affirmé.
Dans son édition de mardi, Le Figaro affirme que le taux d'endettement de la France devrait grimper au niveau record de 95,1 % du PIB du pays fin 2014, soit environ 1 950 milliards d'euros. Selon ses informations, le projet de loi de finances pour 2014 qui sera présenté le 25 septembre montrera qu'après avoir atteint 93,4 % du PIB en 2013, la dette de la France en représentera jusqu'à 95,1 % fin 2014, soit une ardoise de 30 000 euros par Français. Un tel plafond constituerait un record, bien supérieur au taux de 94,3 % avancé au printemps par Paris dans le programme de stabilité transmis à la Commission européenne.
Le déficit structurel, le gouvernement s'en charge. Et l'autre, celui qui monte, après tout, ce n'est pas son problème : c'est de la faute de la croissance, qui va revenir de toute façon, et du chômage, dont on va inverser la courbe. Compte tenu de la précision millimétrique des outils de mesure de la création de richesse, et de la croissance, il est évident qu'on peut calculer au dixième le déficit structurel et anticiper sa baisse, avec confiance. Tout en se trompant de 17 milliards sur le niveau d'endettement en toute décontraction.
Mais dans la mesure où la croissance ne va pas bondir et que la dépense publique ne va pas plonger, il faudra soit renoncer à la pause fiscale, soit renoncer à réduire les déficits, et très vraisemblablement aux deux : la démonstration par le gouvernement actuel de la véracité de la courbe de Laffer vaut au moins un prix Nobel.
Les questions que chaque Français devrait se poser ne sont pas de savoir si les autres doivent payer ; cela fait 40 ans qu'à cette question, une majorité répond oui, avec les conséquences que l'on sait. En revanche, chaque Français doit se demander s'il pense que la dette engagée par l’État français l'engage, individuellement, comme garant. À moins d'avoir signé un contrat le stipulant, par exemple un contrat social, les Français n'ont pas d'engagement solidaire. Ceux qui veulent payer sont libres de le faire ; les autres sont libres de ne pas le faire.
La question qui vient ensuite, c'est de savoir comment ils peuvent éviter de payer ce qu'ils n'ont pas à payer. Nombreux sont les Français qui voudraient quitter le navire collectiviste sur lequel on les a embarqués de force ;ils peuvent le faire. Rien ne les contraint à rester en France ; ils peuvent partir s'ils le souhaitent, et feraient bien de préparer leur départ. La monnaie unique qu'on leur impose les rend solidaires de fait des autres et soumis aux décisions d'une banque centrale pas vraiment indépendante ; vive les métaux précieux.
Et s'ils veulent, en plus de se mettre autant que faire se peut à l'abri, changer les choses, c'est sur le champ de bataille des idées qu'ils doivent mener la lutte. En privant l’État d'une partie de ses ressources – leur richesse – ils peuvent contribuer à faire rétrécir son périmètre pour laisser la place à l'initiative privée. Ils peuvent aussi mettre leurs ressources à profit ; leur temps, leur argent, leur effort, leur créativité peuvent contribuer à la liberté. Les libéraux croient en l'initiative privée ; ceux qui le souhaitent peuvent, par exemple, contribuer au développement et à la diffusion des idées de Contrepoints et de ses partenaires.

Les tours de vis successifs de Bercy conduisent à un effet pervers : une même richesse peut être imposée, taxée à plusieurs reprises.


Depuis plusieurs années déjà, la fiscalité en France s’est accrue de manière disproportionnée. L’absence de maîtrise des dépenses oblige les gouvernements successifs à rechercher des ressources financières supplémentaires en levant de nouveaux impôts. Et pour le coup, les éminences grises de l’Élysée, Matignon ou Bercy ne manquent pas d’imagination. Leur dernière invention en date est une merveille de machiavélisme : taxer les loyers fictifs. En clair, le gouvernement chercherait à imposer des loyers que vous percevriez si vous mettiez votre logement à la location. Une fois ce nouvel édifice fiscal mis en place, pourquoi ne pas continuer sur cette voie en taxant l’essence que vous utiliseriez même si vous ne vous déplacez qu’à vélo ?
Autant dire que pour en arriver à de telles idées, les services fiscaux doivent être sérieusement en manque d’argent frais [1]. Il est vrai que le budget présenté la semaine dernière est loin de rassurer nos partenaires : avec un déficit estimé à 4,1% du PIB pour l’année 2014, nous sommes classés parmi les mauvais élèves. S’ajoute à cela l’irresponsabilité des comptables de l’État : pour eux, les nouvelles recettes – à supposer que la ponction soit à la hauteur des espérances, ce qui est de moins en moins probable – ne servent pas à boucher les trous béants déjà existants mais à en creuser de nouveaux… Plus d’impôts appellent plus de dépenses. Hilarant pour l’observateur de passage, plus inquiétant pour le contribuable qui n’en finit plus de donner son argent.
Au-delà des nouvelles taxes, impôts et cotisations plus ou moins volontaires, Bercy n’hésite pas à donner un tour de vis conséquent à ce qui existe déjà : impôt sur le revenu, CSG, TVA… D’ailleurs, il demeure que l’ensemble produise un effet pervers : une même richesse peut être imposée, taxée à plusieurs reprises [2]. Cela pourrait s’apparenter à une atteinte à la propriété privée non ? Et pourtant, le plus souvent, sans que les gens s’en rendent compte, un tel mécanisme est déjà en place. Prenons un exemple.

Un jeune couple décide d’acheter un logement. Le mari et la femme travaillent tous les deux : lui est cadre supérieur dans une société pétrolière tandis qu’elle est chirurgien dentiste dans un cabinet. Leurs revenus leur permettent de vivre relativement confortablement, mais l’arrivée de ce bébé les obligent à changer de logement. Leur choix s’est orienté vers une maison de banlieue, 200 m2 habitable, disposant d’un vaste jardin. Le vendeur leur demande un prix de 550 000 euros. Là commence la grande aventure de l’accession à la propriété foncière.
Le couple dispose de quelques économies provenant à la fois de leur travail et d’un héritage [3]. Cet apport initial est de 100 000 euros. Le reste de la somme – 450 000 euros – proviendra d’un prêt sur 20 ans à 4% [4]. Une fois acquise, les jeunes parents commencent à s’installer, achetant du nouveau mobilier et faisant quelques aménagements d’intérieur. Les voilà donc à la tête d’un « capital » s’élevant à 550 000 euros. Dans sa grande mansuétude, l’État ne tarde pas à se rappeler à leur bon souvenir : tous les ans, les taxes locales – taxe foncière et taxe d’habitation – vont venir s’ajouter au prêt à rembourser. Prêt qui rappelons-le est pris sur leurs salaires, déjà taxés au titre de l’impôt sur le revenu. Sans compter l’entretien inhérent du logement.
Avec le temps, les revenus du couple augmentent : le mari est passé directeur du marketing sur l’ensemble de la France tandis que sa femme est devenue associée dans son cabinet de dentiste à hauteur de 25%. Désormais parents de trois enfants, leur maison a aussi pris de la valeur et le foyer fiscal en vient à posséder suffisamment de biens pour être assujetti à l’ISF, l’impôt de solidarité sur la fortune. Alors certains me diront qu’avec leur niveau de vie, donner cet argent ne met pas ce couple en difficulté, qu’ils ne risquent pas de se retrouver à la rue, et c’est effectivement le cas. Cependant, le principe même de taxer encore une fois un capital déjà passablement essoré par des ponctions successives, toujours plus importantes vient à poser une question  : est-ce moral de procéder ainsi ?
Les partisans du « le capital est mal réparti » diront que oui. Les riches accumulent trop de richesses – qui est un vol – et par conséquent, ils doivent participer plus que les autres à l’effort de solidarité envers les plus démunis. Ce raisonnement leur fait oublier, au passage, que sans ce capital, aucun emploi – et donc par conséquent aucune richesse – ne pourrait être créé. Les défenseurs de la propriété, comme moi, croiront que la taxation du capital est une atteinte à l’un des droits imprescriptibles jadis inscrits dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen [5]. Mais il est vrai que celle de 1948 est passée derrière…
Notes :
  1. On s’en doutait déjà depuis un moment… Chaque fois qu’un gouvernement arrive et voit les vrais chiffres des comptes publics il se rend compte que le pays serait en faillite s’il fonctionnait comme une entreprise. 
  2. L’exemple du fonctionnement de la TPS et de la TVQ (taxes sur la valeur ajoutée au Québec) est assez parlant. 
  3. Déjà passé à la moulinette des frais de succession… 
  4. Les mensualités seront de 2726,91 euros, soit à terme une somme de 654458,4 euros à rembourser, selon ma simulation. 
  5. Voir l’un de mes précédents billets sur mon blog : La Déclaration oubliée



La pause fiscale reportée à 2015… enfin, si tout va bien !

C’est Jean-Marc Ayrault qui vend la mèche ce matin dans une interview à Metronews en affirmant que la pause fiscale ne sera effective qu’en 2015. Et pourquoi pas 2014 comme annoncé par le Président ? Réponse de Matignon, en 2014 « nous ne pourrons qu’amorcer le ralentissement de la pression fiscale ». Comme ces choses-là sont bien dites…

 De toute façon, il ne pouvait pas en être autrement. Le budget 2014 est pratiquement bouclé  avec,  quoi qu'on dise des hausses de prélèvement obligatoires qui n’ont échappé à personne: La TVA, la cotisation retraite et le rabotage du quotient familial qui revient à augmenter la pression sur l’IRPP. Après la fuite hier sur l’ampleur probable de la dette en 2014, le gouvernement ne pouvait s’accrocher à cette idée qu'il allait pouvoir faire baisser les impôts. Jean-Marc Ayrault a donc corrigé le tir.  Tout le monde le savait, tout le monde le disait mais en dépit des calculs des uns et des avertissements des autres le président de la République n’a pas cesser d’annoncer, puis de répéter depuis la fin août, qu'il allait organiser une pause fiscale plus tôt que prévu… dès 2014.L’objectif était purement politique. Il s’agissait de calmer le climat de la rentrée dominée par un ras-le-bol partagé par toutes les couches de la société, des classes moyennes  aux  classes les plus favorisées. Des cadres supérieurs aux ouvriers qui rentraient dans le barème pour la première fois en passant par les artisans, les commerçants et les petits patrons qui préparaient sans trop se cacher, des manifestations d’envergures.

Le mécontentement était suffisamment sérieux pour amener le Président à faire cette promesse et à la répéter jusqu’à dimanche soir dernier, lors de cette émission de télévision au cours de laquelle, il a expliqué que tout allait bien et qu’il fallait être optimiste. Le ton était tellement déterminé que certains au PS commençaient à rêver de cagnotte fiscale. Si ça va mieux, s’il y a de la croissance, les recettes fiscales seront plus importantes que prévues donc il y aura une cagnotte. Le syndrome Jospin - Strauss-Kahn qui, on l’a oublié, voyaient tous les deux des cagnottes fiscales partout. Aujourd’hui certains ont cru revoir des marqueurs. On rêve !  Comment peut-on être aussi mal informé de la chose économique pour espérer bénéficier d’une cagnotte fiscale. La croissance est ultra faible et il est probable que le système français va retomber sur des encéphalogrammes plats à la fin de l’année. D’autant qu’il faudra évidemment gérer l’endettement colossal.
Donc s’il n’y a pas de recettes fiscales supplémentaires, pas de pause fiscale possible. La seule décision qui aurait permis d’espérer un desserrage de la pression fiscale, c’est la décision de baisser de façon significative les dépenses sociales et les dépenses publiques. Or, aucune décision n’a été prise dans ce sens. On en a parlé. On a dit qu'on allait le faire. Le président de la République a tenu cette promesse encore dimanche soir, sauf que cette fiction devenait intenable. C’est d’ailleurs assez incroyable mais la gouvernance française est désormais incapable de tenir une  promesse forte plus d’un mois. Le projet de pause fiscale lui, avait moins d’un mois.
Le Président n’est pas revenu lui-même sur son engagement. C’est donc Jean-Marc Ayrault qui est allé au charbon pour présenter la vérité. Il aurait pu expliquer l’ensemble de l’équation très simple qui s’impose à lui : 

- 1er point, il n y aura pas d’amélioration de la croissance sans une baisse des dépenses publiques et sociale. Tout euro économisé dans la sphère publique se retrouve mécaniquement dans la sphère de production en investissement et en emploi. Si on n’admet pas ce phénomène de base, on ne s’en sortira pas. L’Allemagne, qui a en gros les mêmes caractéristiques que la France, dépense 100 milliards de moins au niveau de l’Etat et des collectivités. Et ce, pour une qualité de service public équivalent voire supérieure. Il y a quand même matière à réflexion. 100 milliards de moins dépensés par an dans la fonction publique, c’est 100 milliards de plus dépensés dans la sphère de production en investissement, en innovation et en compétitivité. D’où la performance des entreprises allemandes. Donc pas de croissance sans baisse des dépenses publiques. Pas de pause fiscale sans recul des dépenses et sans croissance. Cette équation est en France politiquement insoluble. Le président de la République a des engagements forts auprès de tout un pan de son électorat qui vit des revenus de redistribution. Les fonctionnaires, le personnel enseignant et même les militants écologistes qui plaident pour un renforcement du rôle de l’État.

- 2ème point, la dette publique représente une véritable bombe à retardement. Cette dette est supportable à court terme, dans un univers d’argent facile avec des taux d’intérêt très bas comme actuellement. Mais à moyen terme quand les taux d’intérêt remonteront d’abord aux États-Unis compte tenu du changement inéluctable de politique monétaire, la dette française deviendra insupportable. Il faudra alors ré-augmenter les impôts pour la rembourser ou ruiner les épargnants qui ont, avec leur épargne, financé cette dette. L’économiste Marc de Scitivaux explique très bien ce risque. Sans baisse des dépenses publiques et sociales, les gouvernements se mettent dans une situation impossible. Pas d’activité, pas d’emplois, pas de baisse d’impôts. Pour garder le pouvoir, les gouvernants ont pris la fâcheuse habitude de faire des promesses qu’ils ne peuvent pas délivrer. Tous les gouvernants, de droite et de gauche. La droite française est en pleine déliquescence parce qu’elle est incapable de proposer une  alternative libérale à la politique actuelle. D’où leur discrédit. Faute de croissance qui leur permettrait de financer les promesses électorales, ils mentent. Et comme dit le proverbe Yiddish, « le mensonge peut permettre  d’aller très loin… mais il ne permet pas de revenir ».   

L'UMP dans le piège du FN


Quelle mouche a donc piqué François Fillon pour aller jusqu’à placer le PS et le FN sur le même plan du sectarisme ? Qu’est-ce qui peut le pousser à apporter, le cas échéant, ses voix à Marine Le Pen, lui qui était peu suspect de manigancer des alliances diaboliques ? 
Première explication : pour concourir en 2017, François Fillon doit gagner la primaire. Il mesure la porosité croissante entre les électorats de droite et d’extrême droite. Pour avoir manqué la présidence de l’UMP, l’ex-Premier ministre sait qu’il doit d’abord séduire les militants et sympathisants. Les sondages l’y encouragent : les troisquarts souhaitent normaliser la relation avec le FN. 
Concurrencée par un centre qui se requinque et un FN qui engrange, l’UMP n’a en outre ni bilan ni projet assez convaincant pour reconquérir seule le pouvoir. Pire, menacée d’implosion, elle court le risque de devenir un partenaire minoritaire. 
Autrement dit, de la même manière qu’un socialiste gauchit son discours au premier tour, avant de l’élargir au second, l’ancien Premier ministre dramatise le sien pour franchir les éliminatoires, avec sans doute l’idée de se recentrer ensuite pour rassembler. 
Seconde explication : François Fillon a coutume de rappeler qu’en 1940 le général de Gaulle ne demandait ni leur CV ni leur couleur politique à ceux qui voulaient s’engager pour la France. Manière de dire qu’il s’adresse aux électeurs, non aux appareils. 
Qu’il s’agisse des déçus de François Hollande ou de Nicolas Sarkozy, des populistes de tout poil ou des résignés de la politique, il veut canaliser les colères et relever les défaitismes, en dépassant les clivages classiques. 
Noble intention. Mais la fin, même validée par sa base, justifiet- elle les moyens ? 
Première erreur, on ne répond pas à une question idéologique par un trait de caractère. Des personnes sectaires, il en existe partout, même à… l’UMP ! Ca n’a aucun sens politique de préférer un gentil à un intolérant. Un extrémiste souriant serait plus fréquentable qu’un réformiste au sale caractère ? Le parti sarkozyste s’enferre dans un débat déraisonnable. 
Deuxième erreur, cette approche installe le FN au centre du jeu. Marine Le Pen n’en attendait pas tant. François Fillon a beau dire – ce qui est exact – que son projet serait une catastrophe économique pour les Français, cette respectabilité inespérée brise une digue qui menace l’UMP et au-delà. 
Car, troisième erreur, François Fillon prend le risque d’un éclatement de la droite. On n’imagine pas des Européens aussi convaincus que François Bayrou et Jean-Louis Borloo cautionner des valeurs et un projet aux antipodes. On ne conçoit pas que les modérés de l’UMP, les ex- UDF surtout, avalisent pareille dérive. Il a bonne mine, Jean-François Copé, de reprocher à François Hollande de s’allier avec l’extrême gauche ! 
Pour autant, la droite, voire la gauche à cause de la fuite des déçus du hollandisme, n’échapperont pas au problème posé par François Fillon. Auxmunicipales, le FN va imposer la question des alliances là où il empêchera l’un ou l’autre d’obtenir une majorité suffisante. Aux européennes, élection défouloir par excellence, le résultat risque d’être un choc. 
Faudra-t-il perdre son âme pour ne pas perdre tout court ? Certains disent que la réponse devrait être dans la question.

Insécurité sociale

Insécurité sociale

Si cela continue, ils vont y laisser leur santé ! En effet, au gré de leurs différents rapports, les membres de la Cour des comptes n'en finissent pas de jouer les Cassandre. Cette fois, les Sages de la rue Cambon pointent du doigt la spirale de la dette sociale, « anormale et particulièrement dangereuse ». Pour eux, il y a même une « urgence impérieuse » à colmater ce trou de la Sécu redevenu béant. Le déficit du régime général s'élèvera ainsi cette année à 14,3 milliards d'euros. Le diagnostic posé est simple : en cette période d'atonie économique, la Sécu souffre d'une hémorragie de dépenses et d'une carence en recettes.
Le problème est que là, comme dans d'autres domaines, les SOS de la Cour des comptes se heurtent aux pesanteurs d'un système « accro » aux déficits où chacun, y compris le patient, a sa part de responsabilité. Pour Didier Migaud, le président de la Cour des comptes, il existe pourtant, dans l'assurance maladie, des « gisements d'économies considérables », sans compromettre l'égal accès aux soins et leur qualité.
Mais lorsque l'on écoute tous les Diafoirus qui se penchent au chevet de la Sécu, on mesure l'ampleur de la tâche. Pire que de vouloir réformer les retraites ! En vrac, il y a ceux qui dénoncent les fraudes sociales et les largesses d'un système exténué qui couvre les non-cotisants. Il y a ceux qui s'offusquent de ces cures thermales qui ressemblent à des congés payés. Il y a ceux qui pointent les abus de certaines professions (labos, pharmaciens, ambulanciers). Il y ceux qu'exaspèrent la surconsommation médicamenteuse de confort ou les dix molécules par jour administrées aux plus de 80 ans.
Et puis il y a les professionnels qui défendent leur « bifteck » (audioprothésistes, opticiens, industriels du médicament) en affirmant que les charges rognent leurs substantielles marges. En résumé, tout le monde a un peu raison. Et c'est bien là le drame. Il faudra donc un grand courage pour réformer « dans la justice » un système dont nous nous sommes longtemps flattés, sans compter, mais que la dureté des temps a transformé en régime… d'insécurité sociale.

Le buzz vengeur


Hier à 18 h 30, la page Facebook de soutien au bijoutier de Nice ayant abattu, mercredi dernier, l’un de ses agresseurs alors que ceux-ci prenaient la fuite à scooter, comptait 1 635 137 clics de soutien et près de 1,5 million de commentaires. Un buzz médiatique à la mesure de l’émotion suscitée par une affaire qui risque de diviser profondément la société française jusqu’à son épilogue judiciaire, soit au bas mot dans quatre ou cinq ans.
Sur le papier, les faits sont aussi dramatiques que simples. Un commerçant, après avoir été agressé, frappé et volé par deux individus, se fait vengeance en leur tirant dessus – avec un pistolet détenu illégalement – alors que ses braqueurs s’enfuient à scooter. Difficile pour la justice, dans ces conditions, de retenir l’état de légitime défense, puisque Stephan Turk n’était plus menacé par ses agresseurs. Bien sûr, le bijoutier ne manque pas de circonstances atténuantes : la peur, la colère, la douleur… Et puis, qui n’a pas, sous le coup de l’émotion, été tenté, un jour, de se faire justice ? Qui n’a pas, dans un moment d’emportement, espéré retrouver l’agresseur de son fils ou le cambrioleur qui a tout dévasté pour leur rendre la monnaie de leur pièce ? Sauf que des paroles aux actes, il y a, heureusement, une barrière. Celle de la vengeance est infranchissable dans une société civilisée où l’autodéfense n’est justifiée que par la légitime défense. Sinon, c’est la porte ouverte à toutes les exactions, à une société sans justice, aux règlements de comptes permanents, à l’image de ce qui se passe à Marseille dans le milieu de la drogue.
Si l’on peut comprendre les raisons qui ont poussé le bijoutier niçois à se faire vengeance, cela ne peut en rien l’exonérer de répondre de son geste devant la justice. Ce ne sont pas 1 635 137 personnes qui ont cliqué sur Facebook qui le jugeront – et, le cas échéant, l’acquitteront,- mais bien l’institution judiciaire.
Au-delà de la capacité des réseaux sociaux à réagir, voire à surréagir, ce tragique fait divers confirme aussi que la manipulation de l’opinion, sous couvert d’anonymat, et la récupération politique ne sont jamais loin du phénomène internet. C’est aussi pourquoi l’affaire du bijoutier niçois risque de faire le buzz encore longtemps.

Le peuple, le président et la confiance

Le peuple, le président et la confiance
Nous sommes aujourd’hui confrontés à une question décisive sur le fonctionnement de la Vème République. Son équilibre, son efficacité reposent tout entier sur la confiance du peuple envers le chef de l’Etat qui en est la clé de voûte. Le général de Gaulle, qui en était l’inspirateur et le créateur, ne cessait de le répéter. Dans son discours annonçant un référendum sur l’élection du chef de l’Etat au suffrage universel, le 18 octobre 1962, il déclarait : « Même si la majorité des "Oui" ! est faible, médiocre, aléatoire, il est bien évident que ma tâche sera terminée aussitôt et sans retour. Car, que pourrais-je faire, ensuite, sans la confiance chaleureuse de la Nation ? » Le président de la République, dans nos institutions, est un monarque républicain, un guide, qui incarne l’unité du pays et l’autorité, donne l’exemple, fixe une orientation et des objectifs à la Nation. En l’absence d’un « lien de confiance chaleureuse », tout l’édifice institutionnel est paralysé. Dès lors que le peuple cesse de suivre son président et s’en méfie, les réformes fondamentales, les initiatives de politique étrangères, les grands défis collectifs au prix de l’effort deviennent inconcevables.  Avec une cote de confiance de 27% d’opinions favorables selon Ipsos le Point de septembre, dont 3% très favorables, François Hollande est le président le plus impopulaire de l’histoire après 16 mois de mandat. S’il était un homme d’Etat, d’une autre époque, viendrait le moment où il poserait la "question de confiance" au peuple – référendum, ou élections législatives anticipées - en mettant son mandat en jeu. Ce scénario est bien entendu à exclure. Il faut bien reconnaître qu’il n’est pas le premier à subir la disgrâce populaire sans en tirer les conséquences: depuis François Mitterrand en 1984, l’impopularité présidentielle est la règle et la confiance dans le président, l’exception. En vérité, l’uniforme du souverain républicain ne convient qu’à des personnages d’exception, pourvus d’une légitimité historique à l’image du général de Gaulle, qui incarnait la France depuis l’appel du 18 juin. Le prochain quinquennat présidentiel, s’il veut éviter de sombrer à  son tour dans la tragédie et l’impuissance, devra être celui d’un rééquilibrage des institutions avec un chef de l’Etat qui préside, notamment les affaires extérieures, évitant ainsi d’incarner les difficultés, les échecs et les souffrances du quotidien, et de s’exposer à la vindicte populaire, et un premier ministre puissant, maître de la politique intérieure, tenant le gouvernail du pays, avec le soutien d’une majorité et sous le contrôle du Parlement, assez courageux et désintéressé pour risquer l’impopularité, et s’imposer dans l’histoire comme l’homme du pays, s’il réussit dans sa mission. Ce retour aux fondamentaux de la République française aurait une seconde vertu : désamorcer la névrose présidentielle qui ronge la vie politique française et soumet l’intérêt général aux fantasmes mégalomaniaques de  politicard(e)s sans envergure. 

Affaire Thomas Fabius : les juges ordonnent une commission rogatoire internationale


JUSTICE. Déjà visé par le parquet de Paris, qui s’intéresse aux conditions d’achat de son appartement de 280 mètre carré à Paris, acquis en 2012 pour sept millions d'euros, le fils de Laurent Fabius, qui ne paie pas d’impôt sur le revenu en France, attirerait aujourd’hui l’attention de la justice française sur ses pratiques de jeu au casino.
La justice s’intéresse aux raisons pour lesquelles un casino de Monaco, appartenant à la SBM (Société des bains de mer) aurait effacé l’ardoise de Thomas Fabius après une soirée où le fils du ministre des Affaires étrangères aurait perdu beaucoup d’argent.  
Les juges ordonnent une commission rogatoire internationale
Les juges d’instruction Roger Le Loire et René Cros chercheraient à en savoir plus sur les conditions dans lesquelles la dette de Thomas Fabius a été effacée après sa lourde perte aux jeux ainsi que sur les montants qu’il aurait pu gagner par le passé. L’affaire prendrait un nouveau tournant judiciaire cette semaine puisque les deux juges d’instruction auraient ordonné une commission rogatoire internationale à Monaco. Dans une telle affaire, la commission rogatoire internationale pourrait permettre des perquisitions à la SBM ainsi qu’au Département des finances (ministère des finances) de Monaco, par la police monégasque.
Interrogé par la rédaction de Valeurs actuelles, l’avocat de Thomas Fabius, Me Cyril Bonan, n’a pas démenti ni confirmé la procédure en cours, rappelant le principe du secret de l’instruction.
Une ardoise de 700 000€ effacée
Selon les informations de Valeurs actuelles, Thomas Fabius, 32 ans, aurait laissé une ardoise de 700 000 euros après une soirée passée dans un casino de Monaco au printemps 2013. Très inquiète des conséquences que pourrait avoir une telle révélation, la SBM, selon une source proche, aurait préféré tout simplement effacer la dette de Thomas Fabius.
Un joueur invétéré qui a déjà été condamné
Son goût prononcé pour le jeu a déjà été souligné par le quotidien Nice-Matin, qui avait dépeint en main, Thomas Fabius en « flambeur des tables monégasques » : « Il appelle même les inspecteurs des jeux par leur prénom », précise Nice-Matin, qui décrit un Thomas Fabius débarquant « souvent à l'improviste en Principauté, à bord d'un jet privé » pour y « craquer des sommes colossales ». Il n'a jamais fait l'objet d'aucune enquête fiscale, malgré un signalement par Tracfin, le service chargé de repérer les circuits financiers clandestins.
Thomas Fabius a déjà été condamné en 2011 à 15 000 euros d'amende pour « abus de confiance ». Dans cette affaire, deux personnes l'accusaient d'avoir fait disparaître des sommes d'argent destinées à développer une nouvelle forme de carte à puce, pour régler des dépenses de casino.

Un marché du travail à l'agonie


Des jeunes diplômés aux travailleurs plus âgés qui retrouvent un emploi après une période de chômage, les Grecs doivent accepter des salaires de plus en plus bas.
"Beaucoup de jeunes qui nous soumettent leur curriculum vitae pour postuler à un travail sont extrêmement qualifiés. J’ai honte de les lire, surtout quand on sait que parmi des centaines de candidats on doit en choisir un seul !" Les confessions de ce responsable en ressources humaines d’une grande entreprise, requérant l’anonymat, sont symptomatiques.

Il n’est pas le seul dans ce cas. Un jeune diplômé de l’Ecole polytechnique d’Athènes, détenteur d’un doctorat, qui a enseigné quelques mois dans une école technique, fait le même constat, en cachant son identité : "Mon salaire était tellement bas que je me glissais souvent dans la file des étudiants pour manger à la cantine et faire des économies sur mon repas."

Ces deux témoignages projettent une image brute de la réalité du marché du travail actuel. D’un côté, des curriculum vitae très "lourds" et de l’autre un chômage durable ou de très bas salaires. On repense alors à la "génération 700 euros" [nom donné aux jeunes diplômés au début de la crise, en 2007] avec… nostalgie, car les salaires des personnes employées en ce moment sont généralement inférieurs (et de beaucoup) à 700 euros net.

Toutes les générations touchées

En effet, aujourd’hui, nous pouvons parler de plusieurs "générations 700 euros". Il ne s’agit plus des jeunes diplômés, mais de ceux qui ont la quarantaine ou la cinquantaine et qui ont perdu leur emploi. S’ils en trouvent un nouveau, ils ne peuvent espérer demander plus que 700 euros.

Pour chaque annonce d’emploi, il y a un bombardement de CV. "Quand une annonce est publiée, on reçoit parfois jusqu’à 600 CV en une semaine. Un tiers d’entre eux sont envoyés par des jeunes gens hautement qualifiés, diplômés d’études supérieures, et maîtrisant au moins deux langues étrangères. Concourant pour le même poste, il y a des personnes plus âgées, ayant de plus faibles qualifications sur le papier mais disposant d’une expertise et d’une expérience importantes. Il est très difficile de choisir", explique un gérant de personnel de société. Mais pour toute personne recrutée le salaire est de 600 euros brut. C’est une somme insuffisante aujourd’hui pour répondre aux besoins de base, et surtout en totale inadéquation avec le niveau d’études. Bien entendu, dans de nombreux cas, il n’y a pas d’embauche typique, et dans ce cas le salaire dégringole à 300 ou 400 euros.

400 euros payés "au noir", c’est ce que touchait Konstantinos Sp, 27 ans, l’hiver dernier, pour huit heures de travail par jour dans un cabinet d’avocat. Diplômé de droit et d’un master effectué en Allemagne, il lui a été très difficile de trouver ce travail. "La contribution sociale des employeurs est de 150 euros par mois et je dépensais 45 euros en abonnement pour les transports publics. Qu’est-ce qu’il reste pour vivre ? J’ai des collègues jeunes avocats qui travaillent sans compter leurs heures, au bureau jusqu’à minuit, pour gagner 600 ou 800 euros par mois. En fait, ils gagnent moins qu’un ouvrier non qualifié. Malheureusement, le statut d’employé n’a pas été reconnu pour un jeune avocat", dit-il.

"Comment vivre avec un tel revenu ?"

"Quand j’envoie des CV, on me répond par des éloges : 'CV incroyable, doctorat, publications, bravo !' Mais aucune proposition de travail", confie P. K., 30 ans, avec un diplôme d’ingénieur électronique à Polytechnique. Finalement, il a travaillé l’année dernière comme enseignant à l’Ecole des hautes études techniques, puis au deuxième semestre, à temps partiel, à l’Ecole technique de Chalkida [au nord d’Athènes]. Son salaire ? 700 et 300 euros respectivement ! "Ce n’est pas rentable, surtout pour nous les techniciens qui avons une assurance plus chère. La plupart de mes collègues sont déjà partis pour l’étranger."

Georgia, 36 ans, est diplômée de l’Université agricole. Elle possède un master de l’Ecole polytechnique et manie parfaitement trois langues étrangères. Sa déclaration d’impôts affiche un revenu de 5 000 euros par an. "Et c’est vrai, affirme-t-elle, parce que, pour être payée, je fais des factures, j’ai des preuves. Comment vivre avec un tel revenu ?"

Les emplois ont disparu, les salaires chutent. Résultat ? "Il y a quelques années, je percevais 1 200 à 1 400 euros par mois. Au cours des dernières années, mon salaire est tombé à 800 euros. L’année dernière était encore une mauvaise année. Vu mes études, et compte tenu de la technologie que j’utilise, je devrais être payée beaucoup plus. Mais où trouver une telle somme ?"

Malheureusement, la réalité du salaire minimum concerne de plus en plus les personnes plus âgées, et pas seulement les jeunes. P. S., qui a travaillé pendant plusieurs années dans le secteur de l’impression, touchait 1 500 euros environ. Il a été licencié et il est resté un an et demi au chômage. Aujourd’hui, il a trouvé un travail à 650 euros, brut…

Un entêtant parfum de faustérité


Comme je le notais dans un article précédent, le récent tsunami d'impôts et de taxes créatives finit par agacer franchement les Français qui, naïfs qu'ils sont, croyaient avoir voté pour un changement...
On se rappelle en effet que le quinquennat de Sarkozy s'était finalement traduit par une consternanteaccumulation d'impôts et d'actes manqués, et que Hollande avait clairement annoncé la couleur en déclarant vouloir protéger la veuve (encartée PS), l'orphelin (inscrit aux Jeunesses Socialistes) et les classes moyennes (qui votent pour lui). Comme il était prévisible, la crise -- qui n'était pas si anodine que ça, au contraire de ce qu'imaginaient les fines équipes au pouvoir -- eut rapidement raison des modérations fiscales du président qui aura dû trouver rapidement de quoi alimenter l'immense usine-à-gaz administrative qu'est devenue la France bureaucratique, dont les petits moteurs tournent à fond et crament de l'argent public à hauteur d'un peu plus de 1600 millions d'euros à la semaine.
Le brave Moscovici se sera donc retrouvé à redoubler d'inventivité fiscale (sans toutefois parvenir au niveau olympique du premier de ses ministres au Budget, Cahuzac). De bricolages improbables en mensonges éhontés, le ministre de ce qui reste d'économie et de finances dans le pays aura hissé le carpet-bombing fiscal au rang d'art, tout en conservant cette décontraction que seuls les cuistres et les exonérés fiscaux peuvent se permettre.
moscovici est un grand sensible
Il n'est alors pas étonnant que huit Français sur dix commencent à trouver le fond de l'air fiscal carrément glacial, voire mortel, au point de refuser la perspective de payer plus d'impôts pour redresser les comptes publics. Du reste, on peut se demander ce que "redresser" veut dire tant ce petit air de flutiau nous aura été joué sur les 40 dernières années pendant lesquelles non seulement, ces comptes ne furent jamais redressés, mais copieusement aggravés. On notera au passage l'aspect parfaitement apolitique de ce mécontentement puisque cette écrasante majorité d'opposants à toute nouvelle hausse d'impôts se retrouve aussi bien chez les affreux droitards (94%) que chez les gentils gauchistes (70%) : au moins, Hollande sera parvenu à déclencher une belle unanimité (contre lui).
Et il n'est donc pas étonnant que, devant cette grogne maintenant difficile à oublier, on fasse monter au créneau le premier fusible disponible (un certain Cazeneuve) pour lui faire dire qu'en 2015, on allait marcher sur du velours. En langage politicien, cela se dit :
"Le budget de l'État, hors dette et pensions, va baisser de 1,5 milliard d'euros."
oat 10 y FR sept 2013En décodé, cela veut dire que le budget de l’État va continuer d'augmenter et puisque l'impôt est devenu un sujet extrêmement sensible, on va augmenter (encore) la dette ; ça tombe bien, les taux sont bas, ne montent pas de 50% en six mois, le marché prête en toute confiance, l'avenir est parfaitement rose, promet une fin d'année flamboyante et une année 2014 qui va dépoter. D'ailleurs, Ayrault l'a récemment indiqué, la croissance repart, et c'est exact : elle trouvait l'ambiance morose, elle est donc repartie et nous enverra une carte postale.
la croissance est repartie
La réalité est, bien sûr, que nos socialistes de gouvernement n'ont qu'une corde à leur arc : l'impôt. Ils ne voient les problèmes de déficit qu'avec le prisme du "manque à gagner", considérant qu'un écart entre les recettes et les dépenses en faveur des dernières ne pourra se combler exclusivement qu'avec une augmentation des premières. Diminuer les dépenses, c'est diminuer l'influence de l’État, et par voie de conséquence, diminuer leur pouvoir. En attendant, l'austérité (celle qui consiste donc à diminuer un peu la pression fiscale et beaucoup les dépenses de l’État) n'a toujours pas été mise en place.
J'en veux pour preuve la lecture assez édifiante de ce document de Stefan Homburg, de l'université de Hanovre, qui détaille justement cette fameuse austérité européenne pour arriver à la conclusion qu'elle n'a pas été mise en place et que le fait d'équilibrer un budget gouvernemental n'aggraverait pas la récession, au contraire de ce qu'on lit un peu partout dans la presse si bien informée :
The proposition that Southern European countries suffer from austerity policies contains two flaws. Firstly, there is no austerity policy; and secondly, deficit reductions are unlikely to prolong recessions.
L'étude concerne surtout la Grèce, l'Espagne et le Portugal, mais elle se transpose assez facilement à la France, pour aboutir aux mêmes conclusions. Et du reste, il est facile de constater qu'Austérité Il N'y A Pas Au Royaume De François : comment expliquer que l'Etat diminuerait son périmètre alors qu'au final, il augmente le nombre de fonctionnaires qui travaille pour lui ? Comment gober que l'austérité se traduirait par une diminution des services publics alors que sur les six premiers mois de l'année 2013, l’État a embauché davantage de nouveaux agents que sur l'ensemble de l'année 2012 ? Et puis, comment concilier cette augmentation de sa masse salariale avec une austérité qu'on n'arrive pas à définir alors qu'en même temps, les impôts et les taxes augmentent tant(certaines, de 300 à 500%, joli !) qu'ils déclenchent maintenant une forte grogne ?
Non, l'austérité n'est pas en place. Elle n'est même pas dans un carton, prête à sortir et être utilisée puisqu'elle n'est même pas conceptualisée au niveau des élites : pour les fins pipoconomistes du Parti Socialiste et bien malheureusement, pour une assez bonne proportion de Français qu'on aura soigneusement tenu à l'écart de toutes notions fiables d'économie, la seule voie de sortie d'une crise qui prend malgré tout de l'ampleur, c'est justement en augmentant les impôts, en tapant sur les riches, et en redistribuant toute cette belle richesse qu'on aura créée on ne sait pas trop comment (mais peu importe).
Et il suffit pour se convaincre de cette consternante réalité de regarder les multiples articles qui paraissent actuellement pour encenser le dernier pensum de Thomas Piketty, ce semi-habile de l'économie encarté PS dont on se souvient surtout les exactions et les bidouillages de courbes pour arriver aux conclusions qu'il avait déjà choisies : entre les panégyriques de Marianne (qui est au journalisme ce qu'une tournante est à la romance), duNouvelObs ou de Challenges, difficile de ne pas imaginer qu'un si précieux pavé ne va pas alimenter les prochaines réflexions de nos dirigeants avec les conséquences désastreuses qu'on peut déjà imaginer (pour rappel, l'idée récente de surtaxer les propriétaires pour compenser leur absence de loyer n'est pas étrangère au brave Thomas).
En définitive, la locomotive État Français continue d'avancer, toujours plus vite, sur les mêmes rails qu'il y a un an, deux ans, cinq ans, dix ans : ceux de l'augmentation des dépenses et de l'intervention, ceux du Toujours Plus d'Impôts, ceux de la dette. Et on sait tous comment se termine cette voie-là.
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Criminalité : l'islam est-il criminogène ?


Les musulmans sont surreprésentés dans les prisons françaises. On pourrait donc se demander si l'islam n'est tout simplement pas criminogène.
Tous les ans, 18 000 prisonniers demandent en France à pouvoir observer le ramadan. Il y a donc au moins un quart de prisonniers musulmans dans nos prisons. C'est bien entendu beaucoup plus que la proportion de musulmans dans l'ensemble de la population française où ils sont en train d'atteindre les 10%. On pourrait donc se demander si l'islam n'est tout simplement pas criminogène. Hélas, le sujet est, dans notre beau pays, quasiment tabou, sauf à de rares exceptions que les cris d'orfraie de nos journalistes bien-pensants empêchent d'accoucher d'un vrai débat.
Or c'est précisément l'interdiction de discuter sereinement et rationnellement de cette question qui permet à des démagogues comme Mme le Pen de mettre un signe d'égalité entre l'insécurité dans nos banlieues, l'islam et les convulsions du monde arabo-musulman.
Qu'on en juge plutôt. 50% des Maghrébins vivent en France dans des zones périurbaines. Or il y a, dans ces zones périurbaines, 1 policier pour 510 habitants contre 1 pour 119 à Paris intra muros. Autrement dit, il y a quatre fois plus de policiers par habitant dans un centre-ville comme Paris que dans une banlieue comme Garges-lès-Gonesse. Quoi d'étonnant alors si le taux de criminalité est par exemple quatre fois plus important dans le 9-3 qu'à Paris ? Comme les Maghrébins sont, on l'a vu, surreprésentés dans les banlieues comme Garges, il est logique qu'ils le soient aussi dans les prisons puisqu'ils ont quatre fois plus de raisons de devenir délinquants que l'habitant, en général ni Maghrébin ni musulman, de Paris. Le développement de véritables zones de non-droit dans nos périphéries urbaines n'est dès lors plus un mystère : il y avait quatre fois plus de chances qu'il en allât ainsi que dans nos centres-villes chics.
Un rapide calcul montre en outre que si la moitié des musulmans de France, soit 5% de la population totale de la France, vit dans des zones où ils ont quatre fois plus de risques que la moyenne des Français de tomber dans la délinquance, alors il est logique qu'ils représentent un cinquième au moins de la population carcérale.
Il n'est donc nul besoin d'invoquer l'islam pour expliquer la surreprésentation des musulmans dans les prisons françaises.
Mais, inversement, nul besoin non plus d'évoquer une soi-disant " islamophobie " dans la population française pour expliquer cette surreprésentation, pas plus qu'il n'y a lieu de victimiser les musulmans en attribuant les taux de délinquance dans ce groupe à la pauvreté de nos banlieues, car on inverse ce disant la causalité : la pauvreté s'étend dans certaines de nos périphéries urbaines parce qu'aucune entreprise n'a envie de s'installer dans des coins où elle a quatre fois plus de possibilité d'être cambriolée qu'ailleurs en France et les patrons n'ont pas non plus envie d'embaucher des jeunes étant quatre fois plus susceptibles de piquer dans la caisse de l'entreprise.
Qu'on envoie quatre fois plus de policiers dans nos banlieues et l'on verra, comme par miracle, les taux de criminalité y être divisés par quatre, la pauvreté y reculer et la méfiance des Français vis-à-vis de l'islam disparaître de notre pays.
Mais on n'en prend guère le chemin comme le démontre la politique laxiste imbécile de Mme Taubira. Les doctrines erronées de la gauche ruineront aussi sûrement notre pays que la lâcheté de la droite.
Retenons cependant que l'islam n'est pas plus criminogène en France que le fait d'être noir ne l'est aux États-Unis où les Afro-Américains sont également surreprésentés dans les prisons.