TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

jeudi 12 septembre 2013

Palmarès des cumulards: la réponse habile, mais incomplète, de Michel Delebarre avec l'express


Champion national du cumul des mandats et fonctions selon le palmarès de l'Express, le sénateur maire PS de Dunkerque Michel Delebarre a dû se résoudre à sortir de son silence. Un message qu'il n'est pas inutile de décrypter. 

On dira ce que l'on voudra, mais cet homme est décidément un malin. Ayant réalisé "l'exploit" de terminer champion de France descumulards - à partir d'un classement portant sur les 1573 plus grands élus du pays - Michel Delebarre a dû se résoudre à sortir de son silence. Lui qui avait refusé de recevoir L'Express s'est finalement résolu à communiquer. Reconnaissons-le: Il l'a fait avec un talent certain. Et une mauvaise foi totale. Décryptage. 
simplet et grincheux 



Découvrez en infographie tous les résultats de notre palmarès des cumulards 
Premièrement, notons-le, Michel Delebarre ne conteste à aucun moment les résultats de l'enquête de L'Express le concernant. C'est plus sage: toutes les informations ont été établies et recoupées. Aussi préfère-t-il se placer sur un autre terrain. 
"Le cumul, utile au Dunkerquois": le titre de son message posté sur son blog dit tout. C'est en flattant la fibre locale que le patron de la cité de Jean Bart a choisi de se défendre. Car Delebarre le sait mieux que quiconque: les Français, en la matière, sont schizophrènes. S'ils condamnent le cumul en général, ils y sont favorables quand il s'agit de leur maire, persuadés qu'il sera ainsi plus influent. Il en est des Dunkerquois comme des autres. Dès lors, Delebarre joue sur du velours et présente son goût névrotique pour le pouvoir comme une forme de sacrifice au profit de ses administrés. "Je cumule, oui, mais je le fais pour vous." Chapeau l'artiste! 
Or, les problèmes sont ailleurs. Citons en deux. Le premier, c'est que Delebarre siège aussi au Sénat -ce qu'il évite opportunément de rappeler- et qu'il n'y fait pas correctement son travail (il en était de même quand il était député). Or, petit rappel: il perçoit en tant que parlementaire une indemnité mensuelle de 5514,68 euros... 
Le second problème est celui de l'inégalité des territoires.Delebarre profite de ses multiples fonctions pour avantagerDunkerque. Il le revendique sans fard sur son blog, d'ailleurs, en évoquant son dernier poste: la présidence de l'Agence nationale de la rénovation urbaine (ANRU). Pourquoi, lui qui croule sous les responsabilités, l'a-t-il acceptée? "L'idée que cette fonction pouvait être utile au Dunkerquois et à nombre de territoires que je connais, ne m'est pas apparue saugrenue", écrit-il. Là encore, tout est dit: il compte utiliser cette agence publique pour avantager sa ville et "les territoires [qu'il] connaî[t]". Mais les autres? Ces quartiers en difficulté qui, pour ajouter à leur malheur, n'ont pas la chance d'être "connus" par Michel Delebarre? Tant pis pour eux!  
Delebarre s'en moque. Le système électoral est ainsi fait que les habitants des quartiers nord de Marseille, de Vénissieux ou de Clichy-Montfermeil, s'il sont oubliés par l'ANRU, n'auront jamais les moyens de le sanctionner dans les urnes. En revanche, dans sa bonne ville de Dunkerque, les bénéficiaires de ces crédits publics, eux, se sentiront redevables envers leur "bienfaiteur". Et Delebarre aura toutes les chances d'être réélu... 

Du "Hollande bashing" …et de ses raisons (les miennes)

Du "Hollande bashing" …et de ses raisons (les miennes)


Il m’est parfois fait reproche (notamment sur Twitter) d’une trop virulente acrimonie envers l’actuel président de la République. Je me livre en effet volontiers à ce qu’on est convenu d’appeler, dans le parler globish en vigueur, au “Hollande bashing”, que je pratique, c’est vrai, sans modération.
Sans modération, et sans suffisamment argumenter les raisons d’une détestation qui est allée croissante depuis les premiers renoncements, reculs et trahisons de toute nature qui ont marqué et continuent d’émailler les bientôt quinze premiers mois de ce quinquennat calamiteux.
D’où cette tentative d’éclaircissement d’une position jugée excessive à la Cour (ce dont je n’ai cure), mais aussi par quelques braves gens, miens lecteurs, pour qui j’ai respect et considération.
Disons tout de suite que je n’ai pas l’ombre d’un différent personnel avec le citoyen François Hollande, que je connais un peu [1], que j’ai longtemps trouvé plutôt sympathique, et pour qui j’ai voté au second tour de la présidentielle.
Il fut élu, sans trop de marge, mais remplissant ainsi le contrat implicite que bien des citoyens comme moi lui assignaient : sortir le sortant, de triste mémoire. Dont acte.
Pour le reste, j’étais de ceux qui ne nourrissaient aucune illusion : ceux que, depuis de longs mois, et bien avant Mélenchon, je n’appelais déjà plus que « solfériniens », avaient déjà largement démontré qu’ils n’avaient plus grand chose de « socialistes » , si toutefois les mots ont un sens. Et Hollande était leur chef, leur tête d’affiche — certes souvent brocardé et contesté à l’intérieur même d’un parti qui n’est plus, depuis longtemps, qu’une « fédération de bourgs pourris » [2] : qu’on se souvienne de “Flanby”, de “Fraise des bois”, de “Monsieur petites blagues”, et autres amabilités de camarades et néanmoins rivaux.
Mais la politique étant ce qu’elle est (et l’état de la démocratie ce que nous savons), la seule chose qui compte pour ceux qui en font profession est de parvenir à s’installer au pouvoir et d’y rester le plus longtemps possible ; et bénit soit celui, aussi détesté soit-il, qui aura su mener le troupeau aux gras pâturages des champs élyséens.
Il a su.
Telle est sa puissance et sa gloire. Et si nul ne peut contester la validité de sa victoire (celle d’une pratique électorale largement dépourvue de sens, si !), il est permis de juger qu’elle débouche sur une pratique du pouvoir au moins aussi détestable que celle de son prédécesseur.


Dès les premières semaines, on comprit que quelque chose ne tournait pas rond.
Le nouveau Président nous la jouait bonhomme : « Je suis un Français comme vous, faut pas croire. Je vais le matin au bureau et rentre chez moi le soir, et c’est pas parce que le bureau s’appelle Elysée que je vais me la péter ! Quand j’aurai à faire au-dehors, finis ces déplacements dispendieux — avion, hélico, rues bloquées, cortège de motards, tout ça : l’apparat du pouvoir, qui ne sied point en ces temps difficiles. Comme tout le monde, nous prendrons le train ; et sans oublier de composter, hein ! »
Sympathiques mômeries qui durèrent le temps d’un froncement de sourcils des services de sécurité et qu’on s’avise que faire simple était tous comptes faits plus compliqué qu’on avait cru et au moins aussi cher. On revint en douceur à la norme, premier renoncement symbolique qui en annonçait d’autres : rien de bien grave au demeurant.
Plus ennuyeuse fut l’affaire du "tweet" de la concubine, que bien des Français, au vu de ses comportements publics, avaient jugée d’emblée prétentieuse et envahissante ; et qui se révélait en outre, par ce message électronique de soutien au rival de sa … rivale (oui, la situation était un peu compliquée), à la fois mesquine, jalouse et d’une maladresse insigne.
Le Président était furieux, sa famille en pétard et toute la France esbaudie de voir s’étaler ainsi des querelles intestines qui auraient dû rester privées.
Mais là non plus, rien d’irréparable pourvu qu’on gouvernât bien. Or il apparut vite qu’on gouvernait mal : dans un pays rongé par le chômage, inquiet pour son avenir et de plus en plus réceptif au discours d’une extrême droite en cours de rénovation (et pourquoi on n’essayerait pas la Marine, hein ?), c’est l’indolence qui semblait camper au sommet de l’Etat.
normal, quoi.
Pire : l’absence. Tels les Bidochon, François et Valérie partirent en vacances, le pouvoir parut en vacance. Première chute de popularité pour un Président fraîchement élu, dès lors engagé sur un toboggan sans fin.
Il y avait bien un Premier ministre, mais il avait le charisme d’une huître ; et le gouvernement était d’emblée en proie à des rivalités, notamment dans cette pétaudière de Bercy, où était censé se jouer le « redressement productif » d’une économie française en capilotade : des deux principaux co-locataires, l’un la jouait doucereux, était perçu faux-cul ; l’autre ne ménageait pas sa peine, s’ébouriffait les plumes et jetait au ciel plus de cocoricos qu’il n’en fallait pour réveiller le pays. Mais ses efforts s’étouffaient l’un après l’autre dans la dure réalité des annonces incessantes et successives de nouveaux “plans sociaux” (ce qui, en novlangue, signifie licenciements).
Il y en avait bien un troisième, qui semblait brillant, compétent et promis à un bel avenir. On l’avait mis au budget, poste clé. On ne savait pas encore dans quelle mélasse le sien propre (de budget) allait foutre sa carrière en l’air et précipiter la chute de l’empire hollandais … (A suivre).

Austérité : la machine à broyer


Dans un rapport glaçant, l’ONG Oxfam alerte sur les répercussions désastreuses des politiques d’austérité en Europe : pauvreté, chômage…et creusement de la dette.
« Si les mesures d’austérité se poursuivent en Europe, 15 à 25 millions de personnes supplémentaires pourraient se retrouver en situation de pauvreté d’ici 2025. » C’est par cet avertissement, sibyllin mais limpide, que s’ouvre le rapport d’Oxfam. Intitulé « Le piège de l’austérité »,le texte que l’ONG publie aujourd’hui sur son site, devrait faire date tant il fait froid dans le dos. Cette austérité, inoculée par la Troïka (FMI, BCE, Commission européenne), n’est autre qu’un « médicament qui cherche à guérir la maladie en tuant le patient », estime l’ONG, qui exhorte les gouvernements européens à « s’éloigner » d’urgence de ces mesures d’austérité.

Une pauvreté qui explose…comme la dette !

Car les coûts sociaux du remboursement de la dette sont lourds. Très lourds. En une quarantaine de pages, glaçantes, Oxfam compte les victimes. La réduction des dépenses publiques (de 40 % en quatre ans en Irlande, et d’environ 12 % en Espagne et Grande-Bretagne) a supprimé des millions d’emplois et fait fondre les services publics, « rendant la pauvreté bien plus compliquée à surmonter ». Tandis que le chômage longue durée atteint des valeurs record depuis 2000, celui des jeunes continue de flamber (56 % en Espagne, 59 % en Grèce, 42 % au Portugal). Mais les Etats, Grèce et Italie en tête, continuent « à affaiblir la sécurité du travail en promulguant des politiques qui suppriment les protections contre les licenciements injustifiés ». Les travailleurs pauvres se multiplient et les salaires réels chutent, notamment « dans les pays ayant opté pour une réduction agressive des dépenses » : dégringolade de 10 % en Grèce, de 3,2 % au Royaume-Uni et au Portugal. De l’autre côté, la hausse de la TVA, mesure essentielle des plans d’austérité, conduit à une « imposition régressive qui affecte de manière disproportionnée les personnes à revenus plus modiques ». Pendant ce temps, « les plus riches ont vu leur part de revenus totaux augmenter », poursuit l’ONG, qui pointe le creusement des inégalités qui, non contentes de faire augmenter la criminalité, l’échec scolaire, etc., « augmente le risque de crises économiques majeures ». Pis, après trois ans de mise en œuvre,« l’austérité ne respecte même pas ses propres engagements […]. La majorité des pays de l’UE ont vu leur rapport endettement / PIB augmenter ces quatre dernières années ».

Cauchemar

De là à imaginer une Europe, demain, aussi exsangue que l’Afrique ? Oxfam n’est pas loin de le penser : « L’expérience européenne est étonnamment similaire aux politiques d’ajustement structurels imposées à l’Amérique latine, à l’Asie du Sud-Est, et à l’Afrique subsaharienne dans les années 1980 et 1990. » Des pays eux aussi « aidés » par le FMI et la Banque Mondiale. Et qui ont mis des années (25 ans en Amérique Latine, plus de 10 ans en Asie du Sud-Est) pour – à peu près ! – s’en remettre.
Sur combien de générations les politiques d’austérité mises en place en Europe auront-elles des répercussions ? « Au mieux, les pays les plus touchés par l’austérité deviendront les plus sujets aux inégalités du monde occidental. Au pire, ils se classeront parmi les plus inégaux du monde entier.  » Sombre prophétie d’un monde où « les travailleurs lutteront de plus en plus pour trouver un emploi suffisamment rémunérateur, ou dont le temps de travail est suffisant, pour se hisser au-dessus du seuil de pauvreté ».
Se réveiller maintenant ou continuer le cauchemar… Oxfam avance ses solutions. Donner la priorité à un programme de relance, renforcer des politiques d’emploi « proactives », investir dans les services publics et dans la lutte contre la fraude fiscale, créer une taxe sur les transactions financières, mais aussi, renforcer la démocratie institutionnelle, avec la mise en place d’une « budgétisation participative ». Des pistes connues de tous, mais superbement ignorées. Dont Madame Merkel serait bien inspirée de se rappeler…