Les rentrées françaises ont elles aussi leur charme, leurs couleurs et … dès cette année, leur nouveau goût de mixité. Non, bien sûr, je n’entends pas par là la mixité des écoles que j’ai toujours applaudie. Par mixité, nous entendons aujourd’hui, fondamentalement, la confusion anthropologique des catégories du genre qui fait que toute identité sexuelle est a priori discutable.
Telle petite fille ramène en classe sa poupée et se montre toute fière de porter un magnifique serre-tête surplombée d’une rose. Cette pauvre enfant ignore en fait qu’elle est la victime innée d’un modèle patriarcal répressif qui lui a inculqué ce goût essentiellement culturel, donc, en partie contre-nature, des poupées ou des serre-tête. Certes, la culture est une deuxième nature, on le sait depuis voilà trois cents ans, mais il s’agit bien de traiter les préférences de la petite sous un angle préférentiellement et surtout partialement culturel, donc, relativement artificiel.
Quel genre de théorie ? 
Imaginons à présent un petit garçon qui persiste à vouloir jouer à la dinette en essayant, en cachette, les robes ou les escarpins de maman. Non, il ne fait pas le pitre, une simple observation pédagogique s’avère insuffisante, puisque, en réalité, il désire ressembler à maman en tout point, il s’agit pour lui d’un besoin vital. L’identification père-fils (le père, précisons-le, étant présent) a échoué. Que feriez-vous, chers auditeurs ? Au risque de paraître intolérante, j’aurais conseillé aux parents du petit un bon pédopsychologue susceptible de leur donner quelques édifiants conseils en matière d’éducation. Or, dès aujourd’hui, ma volonté de consulter une personne compétente avoisinerait presque le crime. Mais comment donc ! Je viole le droit du garçon à s’identifier, donc, à se former en tant que fille. Mais comment donc ! Je fais montre d’homophobie, préventive en ce cas, puisqu’il n’est pas dit que ce gamin, une fois pubère, n’optera pas pour des relations de type homo au sein desquels il adoptera une attitude passive.
Je dois par conséquent, si on pousse le raisonnement à plus loin, abdiquer en tant que parent dans mon rôle d’éducateur abandonnant l’enfant qui m’est confié(e) à ses représentations déformées sans oser les dénoncer comme telles.
Je dois par conséquent, restant dans la logique dudit raisonnement, en déduire que la maternité ou la paternité ne sont rien moins que l’obscur résultat d’un conditionnement social détestable, m’insurgeant automatiquement contre leurs aspects injustes. Pourquoi enfanter si je peux m’en dispenser au même titre que les hommes qui sont physiologiquement privés de cette faculté ? Pourquoi irais-je faire l’amour à une femme si la possibilité de louer un ventre féminin m’est grande ouverte ? C’est précisément de cette façon que la problématique de l’adoption de la PMA (Procréation médicalement assistée) et de la GPA (Gestation médicalement assistée) secoue de plus en plus intensément les milieux médicaux.
Il existe deux fondements à ces pratiques dont on projette d’empoisonner nos enfants. Primo, le fondement consumériste, ce dernier ayant deux volets. Le volet capitaliste débridé, car consommer les ventres d’autrui revient à consommer n’importe quel autre produit du moment qu’il est reconnu commercialisable. Le volet moral, si je puis me permettre, car il y une tentative certaine, via les PMA et GMA, de mécaniser le sacré. Je ne dis pas rationaliser, car l’insémination artificielle assistée qui intervient en cas d’impasses physiologiques ou sociales ne fait que rationaliser le processus de fécondation. En revanche, la mécanisation de la conception et de la maternité au nom des minorités concernées dévalorise dans l’absolu le statut de parent. Or, le noyau d’une société, n’est-ce pas la famille ? Navrée, mais ce n’est pas une paire de seins louée par un couple homo masculin pour allaiter le bébé qu’ils ont commandé comme on commande une couette aux 3 Suisses.
Secundo, l’aspect consumériste évoqué se double d’une approche à la fois curieusement laxiste et totalitaire. Oui, le laxisme peut être totalitaire du moment qu’il est imposé comme seule norme envisageable. Si je veux, je peux. Je ne dois rien à la société, mais elle me doit tout. Du moment que je me permets de rappeler que toute relation sociale est régie par un code déontologique défini, on me reproche de porter atteinte à la République, à l’esprit démocratique qui en est l’essence, aux droits les plus élémentaires qui la cimentent. La théorie du genre sous-tend une politique anti-déontologique, et, en conséquence, déconstructive. Le nihilisme verbal est dépassé. Nous en sommes à un nihilisme en acte, à un nihilisme effervescent, à un nihilisme totalitaire.
Certains psychiatres, M. Serge Hefez en est l’exemple le plus typique, ont tendance à édulcorer ce qu’ils appellent Le nouvel ordre sexuel, comme s’il pouvait y avoir un nouvel ou un ancien ordre dans ce que la nature a conçu comme étant immuable. Il n’est pas question de répartition sociale des rôles, ce qui serait une chose, mais bel et bien de la sexualité pure et dure. Inutile de citer Simone de Beauvoir sans tenir compte du contexte historique et sociale qui l’avait poussé à écrire ceci : on ne naît pas femme, on le devient. Doit-on rappeler que, jusqu’en 1970 grosso modo, les Françaises étaient considérées comme étant d’éternelles mineures ? Pourquoi s’étonner qu’une intellectuelle formée à une époque où les femmes n’avaient même pas le droit de voter ait pu énoncer cette thèse aujourd’hui archaïque qui a motivé l’écriture de son essai clé, le Deuxième Sexe? Mais M. Hefez joue sur les termes les arrachant à leur véritable contexte. C’est ainsi, malignement, que l’on procédera dans les écoles mais avec encore plus de franchise. Si papa porte une robe et Jean a deux mamans, alors, pour paraphraser Dostoïevski, tout est permis. Si on veut insérer un étrange cocktail de psycho et de socio dans les programmes de biologie, alors il n’est plus question d’enseigner à l’école des matières bien différenciées, mais d’y prêcher une idéologie. Je vous renvoie au témoignage de Mme. Isabelle Ami, professeur d’SVT, témoignage que vous pouvez consulter sur youtube.
La révision du genre s’inscrit dans une longue tradition de remodelage éthique ambiant. Rappelez-vous les débats encore tout récents sur l’euthanasie, car le principe, au fond, est le même. On lègue le droit à l’individu de disposer de son corps comme bon lui semble, cela en vertu d’une liberté de conscience sans frontières. Or, cette liberté est une liberté acquise face à la mort (euthanasie), face au dépérissement progressif du genre humain (identité sexuelle discutable). Laissera-t-on l’Education nationale enseigner à nos enfants cet espèce de nécro-humanisme ?