TOUT EST DIT

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dimanche 21 juillet 2013

Dans le village de vos grand-parents, au bled ou n’importe où ? Ce que vos choix de destination de vacances disent de vous


Plus que les autres vacances, la période estivale est l’occasion de retourner dans sa région ou son pays d’origine, même si on n’y a pas grandi. Comment expliquer cette "migration" saisonnière ?

Jean Viard : On a toujours eu des lieux d’origine. On est né quelque part, ou alors un récit familial nous y rattache. Une très grande proportion de la population française (40 à 50%) ne vit pas là où elle est née. Que ce soient eux, leurs parents ou leurs grands-parents qui y sont nés, leur histoire familiale fait qu’ils y retournent. C’est une sorte d’exode rural inversé qui n’a rien de très original. Le retour au village, la présentation du dernier nouveau-né aux habitants qui y sont restés, et le pèlerinage sur la tombe familiale ont toujours existé, et ce depuis la deuxième moitié du 19e siècle. Les congés payés n’ont fait que renforcer ce qui se faisait déjà.
Najac, le "Bariou" 12270

Le retour aux origines géographiques transcende-t-il les cultures et les classes sociales ? Pourquoi ?

Il me semble que oui, cependant il est difficile d’apporter une réponse à cette question, car aucune étude n’a été menée à ce sujet. De façon générale, je pense que peu importe l’origine des personnes, cela fait partie de notre fond anthropologique.

Les Parisiens sont ceux qui fuient le plus leur lieu de vie en été, tandis que beaucoup d’habitants des zones touristiques ne voient pas l’intérêt d’en partir à cette même époque. Les Parisiens sont-ils les plus grands "déracinés" de France ?

On ne peut pas vraiment dire que les Parisiens sont déracinés.  Le besoin de quitter sa ville pour les vacances est surtout proportionnel à sa taille et sa concentration. Plus une ville est grande et dense, plus on la fuit. Marseille est certes une grande ville, mais elle est plus étalée, davantage pavillonnaire, et aussi moins riche. Ses habitants en partent donc moins en été. La vraie corrélation du départ en vacances est la suivante : taille de la ville /richesse du ménage.

Le repli familial et le besoin de se couper du monde contribuent-ils aussi au phénomène de retour sur ses terres d’origine ?

Les vacances d’été sont une transhumance, de la ville à la mer le plus souvent. C’est d’ailleurs ce dont rêve l’essentiel de la population ; il s’agit d’une construction sociale sur un socle qui n’existait pas avant. Toutes les sociétés, à tous les âges, se fabriquent une idée du voyage. Aujourd’hui, ce sont 120 000 français qui tous les ans s’installent définitivement entre Perpignan et Nice. Ils choisissent de vivre au pays des vacances, en somme.

Selon que l’on retourne dans un pays ou que l’on se rend dans une région française, l’approche de ce départ annuel est-elle  différente  ?

Sur le fond, l’idée est la même, mais on peut tout de même rencontrer des variantes. Les personnes originaires du Portugal ou du Maroc sont parties en France en se disant que l’exil n’était pas définitif. D’autres, en revanche, qui ont quitté leur pays pour des raisons économiques mais également politiques, se disent qu’ils ne reviendront pas. Généralement cela tient à la politique migratoire du pays d’origine.

Hollande dans la tragédie du quinquennat


Le quinquennat ? Ils l'avaient tous approuvé lorsque, pressé par Valéry Giscard d'Estaing et Lionel Jospin, Jacques Chirac s'était résolu à organiser, à l’aube du XXIe siècle, un référendum pour réduire la durée du mandat présidentiel de sept à cinq ans.
Aux Français qui ne s'étaient pas bousculés aux urnes mais avaient néanmoins approuvé la réforme à plus de 70 % des suffrages exprimés, ils avaient servi les mêmes arguments : l'usure du pouvoir qu'il fallait combattre, les cohabitations à répétition qu'il fallait chasser parce qu'elles créaient au sommet de l'Etat une dysharmonie préoccupante ou encore le besoin de renouvellement qu'il fallait encourager pour ressembler aux autres démocraties.
Ah comme ils se sentaient modernes dans leur croisade pro-quinquennat ! Mais à présent qu'ils l'expérimentent ou l'ont expérimenté, les voilà malheureux : cinq ans, ce n'est rien ! S'il vous plaît une deuxième chance ! C'est ce que demandent Nicolas Sarkozy et François Fillon qui, après avoir travaillé de concert tout un quinquennat, sont devenus les meilleurs ennemis.
A travers leur appel au sursaut et leur ode à la réforme radicale, c'est leur propre manquement qu'ils pointent : cette révolution que ne l'ont-ils engagée eux-mêmes alors que pendant cinq ans, le président disposait des quasi-pleins pouvoirs et que son premier ministre lui collait à la roue en serrant les dents ?
La première année, les deux hommes avaient expérimenté le pouvoir et appris à se supporte ; la seconde, ils avaient encaissé l'une des plus grandes crises économiques que le pays ait eue à traverser ; à partir de la troisième, ils avaient tenté de surnager dans l'impopularité, le nez sur le guidon, la pression de Bruxelles sur les épaules, sans jamais réussir à donner un cap au pays.
Logiquement, celui-ci se vengea en les renvoyant dans l'opposition. Ce que Nicolas Sarkozy et François Fillon ont vécu en 2012, c'est la tragédie du quinquennat. Et aujourd'hui, c'est au tour de François Hollande de l'expérimenter. A lui aussi, il a fallu une pleine année pour apprivoiser la fonction de président qui ne correspond pas à l'idée qu'il s'en faisait lorsqu'il était dans l'opposition.
Il a eu à subir en prime la crise économique qui était déjà là à son arrivée et ne lui a laissé depuis aucun répit, si bien qu'aujourd'hui le président cumule tous les inconvénients : une impopularité record, des doutes sur sa capacité à sortir le pays de l'ornière à un moment où les échéances électorales de 2014 – municipales, européenne – l'incitent à la prudence.
C'est la plus mauvaise configuration, celle qui conduit à l'asphyxie. François Hollande le sent et tente de se redonner de l'air en invoquant le temps long. Dans son allocution télévisée du 14-Juillet, puis devant les journalistes quatre jours plus tard, il a parlé de la France dans dix ans. Une France qu'il rêve "plus souveraine","plus dynamique""plus écologique""plus solidaire" et capable de "conforter le vivre ensemble".
Dix ans au lieu de cinq, un rêve de président mais avec cet inconvénient que tous les outils du temps long, le plan notamment, ont été sacrifiés sur l'autel du quinquennat. Derrière le slogan, il manque le cheminement, avec si  peu de temps pour le construire et encore moins pour le consolider.

Le mystère Sarkozy

Le mystère Sarkozy


Il y a des explications à la ferveur qui l’accompagne, à la fascination qu’il suscite dans l’opinion, malgré sa défaite, son silence ou ses démêlés judiciaires.
Le patron est revenu à la maison, confiait lundi soir Valérie Debord, l’une des responsables de l’UMP, sur la chaîne LCI. C’est peu dire que Nicolas Sarkozy était attendu par les siens. Pourtant, c’est bien lui qui avait été battu à la présidentielle et désigné comme fautif de tous les malheurs de la France ; c’est sa majorité qui avait sombré aux législatives. En partant, il avait laissé toutes les clés du pouvoir à ses adversaires. Il y avait de quoi lui en vouloir ; la défaite aurait pu l’emporter. Au contraire. C’est le “mystère Sarkozy”.
Il avait su partir avec élégance, en disant aux siens qu’il fallait seulement aimer la France. Puis il s’était retiré de la scène. Mais personne n’en doutait, il restait le recours ; on savait ce qu’il confiait à ses visiteurs, ce qu’il avait en tête — il l’avait dit àValeurs actuelles. Le premier convaincu qu’il aurait à l’affronter à nouveau, c’était François Hollande, même si celui-ci en chassait la perspective lorsqu’il répondait à une petite fille, au Salon de l’agriculture : « Tu ne le reverras plus »… Il était l’homme à abattre, et si possible avant le duel final.
C’est une des ministres de Bercy, Fleur Pellerin, qui a vendu la mèche. Le 13 juin dernier, elle dénonçait au micro de RTL « un système organisé de financement occulte, un système organisé par le précédent pouvoir ». Après avoir cité pêle-mêle les enveloppes de Mme Bettencourt et l’arbitrage pour Tapie, l’argent libyen, les primes Guéant, les rétrocommissions de Takieddine, elle ne s’embarrassait pas de la moindre prudence en posant directement la question : qui était donc le chef de « la bande organisée » mise en cause par les juges dans l’instruction du dossier Tapie (“escroquerie en bande organisée”) ? La dénonciation valait aveu : cette succession d’affaires poursuivait un but exclusivement politique — détruire Nicolas Sarkozy.
Or, malgré sa mise en examen (dans l’affaire Bettencourt) et ces multiples instructions donnant lieu à une vague d’insinuations, il résistait toujours. Lorsqu’il avait été accusé par le juge d’avoir tenté d’abuser de la faiblesse d’une vieille dame fortunée, il avait voulu réagir en public contre une telle indignité ; il y avait renoncé. Mais la décision du Conseil constitutionnel de rejeter son compte de campagne et de taxer, en conséquence, son parti d’une sorte d’amende de 11 millions d’euros, l’a fait sortir de sa réserve. Il s’est brusquement cabré : c’était sa campagne, donc sa responsabilité ; son parti, l’UMP, pouvait être asphyxié, il fallait parler.
Lundi dernier, au siège de l’UMP, il a été accueilli comme le “patron”, soutenu par un puissant mouvement de ferveur et d’émotion, lequel se traduisait par un afflux de dons à la souscription tout juste ouverte. Mouvement qui exprimait à la fois une révolte contre un sentiment d’injustice, et l’admiration des militants pour celui qui décidément ne se laissait pas abattre. Il avait bien fait de ne pas céder, le soir du 6 mai 2012, à la tentation de se livrer, comme Lionel Jospin dix ans plus tôt, à des déclarations définitives sur ses adieux à la politique.
Mais il y a d’autres explications à la ferveur qui l’accompagne, à la fascination qu’il suscite, malgré sa défaite, son silence ou ses démêlés judiciaires. Sa famille a traversé une année de secousses, comme toutes les armées au lendemain de batailles perdues. Elle s’est d’abord jetée dans la désastreuse compétition Copé-Fillon, qui a laissé le parti au bord de l’explosion ; puis elle s’est donnée à fond dans les défilés de La Manif pour tous, qui sonnaient comme une reconquête de la rue sans pour autant faire plier le pouvoir ; enfin, elle a voté massivement pour tourner la page : elle a installé Copé, tout en respectant Fillon, Le Maire ou Juppé, du moment que dans l’ombre demeurait le “patron”.
« Après dix années de défaites électorales — à l’exception de 2007 —, il est temps de renouer avec la victoire », dit Copé en pensant aux municipales et aux européennes de 2014, enjeu plus urgent que la présidentielle de 2017. Déjà, les législatives partielles, et même les cantonales partielles (la plus récente étant celle de Mantes-la-Jolie, ce dimanche), donnent un avant-goût de ce désir de victoire.
Ce “mystère Sarkozy”, qui sort renforcé de ses échecs et toujours plus populaire, se résume en définitive à la combinaison de deux forces propres à sa personnalité : l’énergie et la volonté. Quand il dit que la seule bataille qui vaille est celle du renouvellement des idées, sa famille y trouve ce qu’elle cherche depuis longtemps : un motif d’espoir pour rompre avec le sortilège de la défaite.

l'incapable


Désastre. En échec sur les plans économique, sociétal et moral, alors que la France coule et que les Français dépriment, François Hollande se refuse à changer de diagnostic, de cap et de politique. Enquête sur l’incapacité chronique du président. 
La scène se déroule à l’Élysée, à l’automne 2012. François Hollande, élu depuis près de six mois, convie deux journalistes au Château pour un entretien informel. Le président, qui connaît bien les lieux pour y avoir travaillé à l’époque de François Mitterrand, sort d’une réunion dans un bureau attenant, rejoint ses invités, leur indique le chemin, s’approche de son propre bureau et… frappe à la porte, comme pour demander la permission d’entrer ! Abasourdis, ses hôtes ne tardent pas, ensuite, à avoir la confirmation que Hollande n’est pas plus à l’aise dans l’ancien bureau du général de Gaulle, où il a fait installer une table de réunion pour éviter de recevoir en majesté : il ne touchera ni aux boissons ni aux biscuits mis à disposition, restant assis au bord de son siège, recroquevillé, comme s’il ne demandait qu’à partir…
Incapable. Le mot est prononcé, depuis plusieurs semaines, par un nombre croissant d’élus, de gauche ou de droite, de commentateurs et de Français, proprement atterrés par le spectacle offert depuis l’Élysée. Incapable, Hollande l’est, pour l’heure, dans tous les attributs de sa fonction. Incapable de rentrer dans le costume présidentiel. Incapable de saisir la réalité. Incapable d’imposer son autorité…
Le chef de l’État distille ça et là des indices de son échec : « Si on ne parvient pas à la signature des 100 000 emplois d’avenir[une de ses mesures phares pour faire baisser le chômage, NDLR], je serai critiqué », a-t-il confié récemment à des proches. Ajoutant, perplexe : « Mais si je parviens à inverser la courbe du chômage, je serai critiqué parce qu’on me dira que c’est grâce aux emplois d’avenir… » À ses conseillers, il a récemment reproché de l’avoir mis dans une nasse : « Maintenant que vous m’avez fait dire que j’inverserai la courbe du chômage à la fin de l’année, on n’a plus le choix… » Mais les événements, pas plus que son incapacité à résoudre la crise, ne semblent avoir de prise sur Hollande.
Le voilà confronté à sa plus grande incapacité : gouverner. L’éviction de Delphine Batho, son ex-ministre de l’Écologie débarquée avec assaut de sévérité pour avoir osé critiquer son « mauvais » budget, n’a fait que mettre en lumière l’inaptitude de Hollande à exercer la fonction de chef de l’État. Le traitement réservé à Arnaud Montebourg, son ministre du Redressement productif, conservé au sein du gouvernement malgré des incartades autrement plus incisives que celles de Delphine Batho, le confirme : le président gouverne la France comme il a, si longtemps, gouverné le Parti socialiste — arrangements et synthèses censés étouffer les divergences…
En matière d’écologie, le chef de l’État, cette fois, a donné plus de gages qu’il n’en fallait, en déclarant, lors de son interview du 14 juillet, qu’il n’y aurait « pas d’exploitation du gaz de schiste »tant qu’il serait président. Conséquence : les écolos se croient tout permis. Jusqu’au propre compagnon de Cécile Duflot, Xavier Cantat, qui s’est autorisé une vive critique du défilé du 14 Juillet — « Fier que la chaise à mon nom reste vide au défilé de bottes des Champs-Élysées », a-t-il écrit sur Twitter. Sans provoquer la moindre remontrance de la part de Hollande, supposé être le chef des armées…
« Personne n’a peur du président », se désole un cadre du PS. Il n’est que de voir les noms d’oiseau dont il est affublé, de gauche comme de droite, depuis son élection pour s’en convaincre (lire page 11). Président du groupe écologiste au Sénat, Jean-Vincent Placé ne contredira pas ce jugement : celui-ci a été reçu en grande pompe, le 9 juillet, à l’Élysée, pour une réunion de réconciliation. « Si tu ne veux pas parler d’écologie, on se quittera sans se fâcher », a-t-il lancé en guise d’avertissement, avant de réclamer l’inverse : une hausse de 3 % du budget de l’écologie en 2014, faute de quoi son camp en tirerait « toutes les conséquences »
« Il est incapable de voir les choses avec gravité », disait de lui, en privé, Dominique Strauss-Kahn. Derrière ses éternelles petites blagues — ainsi lorsqu’il déclare pour rire que « la France ne présentera pas de candidat » à la succession de Benoît XVI, ou encore quand il s’amuse que la saison touristique des commerçants de Lourdes soit « en croix » à la suite des récentes inondations — se dissimule une réelle incapacité à prendre la mesure de sa fonction, contribuant, par son attitude, à abaisser la France. Tant sur la forme que sur le fond, en ne prenant pas la mesure de la crise. Et encore moins des décisions pour la résoudre…
« Il est convaincu que l’économie est une affaire de cycles et qu’il y a une alternance de phases dynamiques et de ralentissements », confie l’un de ses conseillers. La perte du triple A de la France auprès de l’agence Fitch ? « Un non-événement », juge-t-on à l’Élysée. « Nous sommes en crise depuis 2008, répète Hollande en privé. Il y a des cycles de cinq ans. En 2013, cela devrait donc s’arranger. » Conséquence ? Le chef de l’État se rue sur les plateaux télévisés pour annoncer, un jour, que « la crise de l’euro est terminée », un autre, ce 14 juillet, que la reprise économique « est là » !

Incapable, Hollande l’est donc, d’abord, de voir la réalité en face. De l’accepter. Les chiffres, pourtant, l’accablent : malgré les 30 milliards d’euros de matraquage fiscal imposés aux Français, les recettes supplémentaires n’empêcheront pas un nouveau dérapage du déficit public qui devrait dépasser, selon la Cour des comptes, les 4 % du PIB en 2013 (lire page 10)« Une affaire de cycles », répond encore le président. C’est oublier que, depuis le 8 juin, la France a cessé d’emprunter à des taux bon marché — celui des emprunts à dix ans est passé de de 1,66 à 2,37 %. Les intérêts de la dette vont l’obliger à décider de nouveaux impôts et coupes dans les dépenses, au coût politique indéniablement plus lourd que celui d’une rupture avec les écolos. Mais incapable, le président l’est aussi lorsqu’il s’agit de dire la vérité aux Français…