TOUT EST DIT

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lundi 15 juillet 2013

Tesson : "Hollande, l'enfumeur"

  Tesson : "Hollande, l'enfumeur"

Les seules conclusions que l'on peut tirer de l'intervention du président de la République à l'occasion du 14 Juillet sont qu'il se sent très bien là où il est, qu'il s'y verrait volontiers pour dix ans, qu'il est satisfait de son bilan et que la situation de la France s'améliore ainsi que l'attestent certains signes très encourageants. La reprise, elle est là. La production industrielle, elle repart. La consommation, elle connaît un léger regain. Les embauches, elles commencent à progresser. Le second semestre sera meilleur que le premier.
Nous n'extrapolons pas, nous n'interprétons pas : il a dit cela, en termes clairs. Alors, nous restons confondu. S'il croit ce qu'il dit, il rêve. S'il ne le croit pas, il ment. Qu'il le croie ou non, il est dangereux. Nous penchons en faveur de la première hypothèse, celle de l'hallucination, de préférence à la seconde, celle de la malhonnêteté, qui signifierait une forme de mépris inadmissible. Il y a une telle apparence d'innocence dans sa façon de nier la réalité qu'il semble en règle avec lui-même : par un curieux phénomène mental, il confond celle-ci avec sa conviction.
Certain de lui, fermement assuré que sa politique est bonne, il en anticipe les effets positifs. Ceci est un syndrome socialiste : vu que nous sommes dépositaires exclusifs d'une mission supérieure - la défense des valeurs de justice et d'égalité - et vu que nous avons pour nous la vérité, l'action que nous menons ne peut être qu'efficace. Les résultats en sont donc acquis avant qu'elle soit mise en mouvement. Nous ne pouvons pas nous tromper, nous socialistes, à plus forte raison si nous sortons de l'Ena, temple du savoir. L'inconvénient de cette interprétation est qu'elle tendrait, si elle était vérifiée, à exonérer François Hollande de toute malice politique. Mais on peut rêver sans être complètement idiot, sans négliger totalement ses propres intérêts. C'est le cas.
On ne s'étonnera pas, après avoir entendu dimanche le président de la République, que deux Français sur trois, voire trois Français sur quatre, ne lui fassent pas confiance. Ce sont ceux qui ne vivent pas dans l'illusion, mais qui subissent la réalité. Gageons qu'ils n'auront pas été convaincus par cette anthologie de contre-vérités et par ce festival de pirouettes destiné à enfumer le peuple, et notamment les demandeurs d'emploi, les contribuables et les retraités. Quel était le besoin de cette démonstration sans contenu, sans annonces et sans preuves, faite devant la façade de ce palais où l'on avait juré avec mépris de ne plus s'exposer - "je me suis ravisé", dit-il sans la moindre gêne -, au fond de ce jardin désert ? Tout un symbole : la solitude d'un homme qui parle vide dans un parc vide à un peuple absent.

La classe politique ironise sur "la reprise" de François Hollande


"La reprise économique" annoncée par François Hollande dimanche 14 juillet a suscité l'ironie des autres partis politiques. 
Selon Eric Ciotti, délégué général de l'UMP, le président de la République était "dans le déni de réalité. Je retiens deux messages : la négation de la crise, l'annonce de la reprise. C'est un bonimenteur. Il vend du rêve aujourd'hui, de l'illusion. Le seul message aujourd'hui malheureusement intéressant, c'est l'annonce d'une nouvelle augmentation de la fiscalité. 

"Un président qui se noie"

Pour Marine Le Pen, présidente du Front national, François Hollande est "un président qui se noie" et "qui n'a apporté aucune information supplémentaire aux Français, si ce n'est qu'il n'a pas exclu une nouvelle hausse d'impôts."
L'optimiste de François Hollande n'est pas non plus partagé par les membres de sa majorité. Ainsi, le sénateur EELV Jean-Vincent Placé ironise : "Son optimisme est sans doute renforcé par le beau temps. Je ne vois pas trop ce qui peut lui laisser penser que la reprise est là."

"La reprise économique est virtuelle"


Pour sa première interview télévisée depuis les jardins de l'Elysée, dimanche 14 juillet, François Hollande, s'est montré optimiste sur l'évolution de la situation économique. Selon le président de la République, "la reprise est là". Pour François Lenglet, chef du service économie de France 2, cette reprise est plutôt "virtuelle"
"Ce qui est vrai, c'est que la conjoncture française a cessé de se dégrader. On était en dessous de zéro, et on est aujourd'hui un peu au-dessus. Plutôt qu'une reprise, il s'agit d'un répit", explique François Lenglet. 
Que faudrait-il alors pour relancer la croissance ? "A cause du chômage, la consommation des ménages ne peut pas redémarrer. L'investissement des entreprises non plus. La vraie bonne nouvelle, ce serait une forte baisse de l'euro, qui permettrait de rétablir notre compétitivité."

«Printemps français» : On s’égare en ne voulant voir que des petits crétins fachos détestables

Ce mouvement de masse a trouvé une dynamique. Nous assistons à la mobilisation d’une génération qui dépasse la seule question du mariage homosexuel. Celle-ci ne se fait pas sur des thèmes économiques et sociaux, mais sur la défense de valeurs culturelles et de civilisation. Cette jeunesse, mobilisée dans la rue, rejette un modèle de société légué par leurs parents et leurs grands-parents qui, eux-mêmes en 1968, avaient rejeté le modèle de société bourgeois de leurs ancêtres.
Ce retour de balancier coïncide avec le réveil d’une génération réactive, conservatrice, en opposition à la jeunesse de mai 68. Un phénomène que j’évoquais déjà, en 2011, dans l’ouvrage De l’urgence d’être réactionnaire. Il fallait s’attendre à ce que la jeunesse prenne le relai de la contestation sociale et culturelle, précisément parce que les sondages font apparaître que les 15-30 ans sont en demande des valeurs qui avaient été rejetées par l’idéologie de 68 et son relativisme : la famille, la nation, l’intégration, etc.
La gauche dépossédée de la représentation du peuple, de la contestation et de la jeunesse
Ce « mai 68 à l’envers » est occulté par une gauche dépossédée des trois grandes caractéristiques qui faisaient d’elle « le parti du progrès » : la représentation du peuple, la contestation et la jeunesse. Aujourd’hui, la gauche n’accepte pas que cette jeunesse ait décidé d’écrire, elle-même, une nouvelle histoire réactive rejetant quarante ans de politiquement correct. On s’égare en ne voulant voir que les petits crétins fachos détestables, auteur de dérapages extrémistes et homophobes, qui ne représentent pas ce mouvement de fond, appuyé par une dynamique de masse.
Le mariage homosexuel a simplement joué le rôle de déclencheur, favorisé par les maladresses policières et une certaine violence d’État. Le rapport de force est désormais inversé : l’exécutif s’écroule dans les sondages, et dans le même temps, nous constatons un revirement de l’opinion par rapport à la loi Taubira. 55 % des Français rejettent le mariage et l’adoption pour les couples de même sexe. Au-delà de ce projet de loi, ces jeunes réclament le retour à certaine valeurs. S’il est canalisé par les partis politiques, ce mouvement va amener à reconsidérer les positions de ces quarante dernières années sur la nation, le multiculturalisme, le rejet des frontières, etc. 

Mme Berger et l'idéologie de l'impôt

Mme Berger et l'idéologie de l'impôt


Les métamorphoses que peut connaître une personnalité au cours d'une vie sont souvent étonnantes. Karine Berger, par exemple, économiste de formation et députée socialiste des Hautes-Alpes depuis juin 2012. Difficile de deviner il y a quelques années que la jeune haut fonctionnaire qui, avec l'apparence de la neutralité, de la réserve et de la modestie, dirigeait le très sérieux Bureau synthèse conjoncturelle de l'Insee se transformerait un jour en une élue de choc, hypermédiatisée, au verbe haut et à l'ego plus élevé encore. Difficile d'imaginer alors que cette polytechnicienne et spécialiste de la statistique accorderait il y a trois semaines cette interview culte au journal La Provence, où elle a déclaré sans ambages : "Effectivement, je suis l'un des députés les plus visibles. J'ai le sentiment surtout d'être extraordinairement influente dans l'équilibre croissance-austérité. Ma voix a fortement porté et le président de la République l'a entendue. De même pour la loi bancaire. J'avoue que cette capacité à faire bouger les lignes dès la première année de mon élection a sans doute surpris... C'est aussi le fruit de ma motivation, de mon ambition et de mon énergie."
Le pis est que Mme Berger exagère à peine. Malheureusement, elle a bien eu, depuis un an, une influence non négligeable dans les choix économiques du gouvernement Ayrault. Notamment dans celui, peut-être fatal pour tout le reste du quinquennat, d'avoir préféré les hausses d'impôts (30 milliards d'euros) aux baisses de dépenses (10 milliards), pour tenter de réduire les déficits. Un arbitrage que Mme Berger, qui aime presque autant les prélèvements obligatoires qu'elle-même, c'est dire, qui croit à l'"impôt heureux", n'a pas manqué de justifier à de nombreuses reprises.
"L'effet récessif est plus fort à court terme quand on baisse les dépenses publiques que quand on augmente les impôts. C'est 
simple : réduire de 1 euro la dépense publique, c'est immédiatement retirer 1 euro de marché, de débouché aux entreprises. En revanche, selon l'impôt qu'on augmente de 1 euro, l'impact négatif peut être soit immédiat, soit beaucoup plus retardé. Par exemple, 1 euro de fiscalité sur des ménages à très hauts revenus est prélevé sur leur épargne et pas sur leur consommation, donc à court terme, cela n'a pas d'impact."

Même un Jérôme Cahuzac, pourtant réputé être peu réceptif à l'intelligence féminine, avait repris à son compte cet argumentaire. "À court terme, expliquait-il, monter les impôts est moins récessif que contracter les dépenses." Le problème est que ce que Mme Berger a présenté comme une évidence n'en était une que pour elle. La quasi-totalité des études économiques consacrées à ce sujet arrivent à la conclusion exactement opposée, notamment toutes celles conduites par l'économiste de Harvard, Alberto Alesina, qui a passé en revue 107 plans de rigueur menés entre 1970 et 2007 dans 21 pays de l'OCDE. Son verdict est sans appel. "Les faits démontrent clairement que, lorsqu'un gouvernement entreprend de réduire ses déficits en augmentant les impôts, il a toutes chances de le payer d'une longue et profonde récession ; mais que lorsqu'il s'y attaque en donnant la priorité aux réductions de dépenses, cela se traduit par des récessions d'ampleur relativement limitée et de durée plutôt courte." Réduire les dépenses coûte moins cher en termes de croissance qu'augmenter les impôts.
Pourquoi ? Parce que, explique Alesina, quand les États réduisent leurs dépenses, l'impact récessif est compensé par une hausse des investissements privés. Confiantes dans le fait que la pression fiscale ne va plus augmenter, les entreprises achètent des machines et ouvrent de nouvelles usines. En revanche, ajoute l'économiste, quand la réduction du déficit est recherchée à travers l'alourdissement de la fiscalité, il se passe le contraire : on assiste à une chute de l'accumulation du capital.
Cette loi générale vaut encore plus dans un pays comme la France, où le taux des prélèvements obligatoires et des dépenses publiques est l'un des plus élevés au monde et continue de progresser. Elle vaut encore plus dans un pays où le gouvernement lui-même reconnaît que le niveau d'imposition atteint les limites du supportable. Elle vaut encore plus dans une France où le niveau des dépenses publiques dépasse de 11,6 points de PIB celui observé en Allemagne. Où on peut donc couper dans le gras sans provoquer de drames économiques ou sociaux. Alesina le dit à sa façon : "Il y a de la marge pour faire d'importantes économies sans pour autant porter préjudice aux plus pauvres et aux plus vulnérables."
La prouesse du gouvernement de M. Ayrault, directement inspiré par les belles théories de Mme Berger, est d'avoir échoué sur les deux tableaux. Le déficit public dérapant, il est contraint aujourd'hui d'annoncer dans la panique des coupes claires dans les dépenses sans pour autant convaincre sur le fait que les impôts ne vont plus monter. C'est la double peine, avec un impact doublement récessif.
Pour terminer sur une note plus joyeuse, on citera un autre extrait de l'interview accordée àLa Provence par Mme Berger, la Jean-Claude Van Damme de l'économie : "Je suis une vraie intellectuelle, alors le plaisir de découvrir de nouvelles choses est enraciné en moi. En ce moment, je lis un livre en italien et, sur ma table de chevet, j'ai le mensuel Tangente , consacré aux mathématiques. J'aime pouvoir découvrir les facettes du génie humain(...). Cet été, je prendrai un peu de repos car j'en ai besoin. Il y a quelques jours, j'ai eu un malaise, dû au surmenage sans doute..." Un peu de repos, en effet, à l'évidence, n'est pas superflu.

Bac : il faut que le taux de réussite tombe à 50 % !

Charles Consigny pousse un cri d'alarme : plutôt que de se gargariser du taux de réussite à l'examen bac, on ferait mieux de s'en inquiéter.


Dans notre pays soviétique où les statistiques ne servent qu'à masquer la réalité, le niveau monte. Sur toutes les antennes, et sans qu'aucun esprit critique ou presque ne vienne atténuer la réjouissance, on s'est gargarisé des résultats du bac, soulignant que la proportion d'admis était "en hausse" par rapport à l'année dernière. Si vous en déduisez que c'est parce qu'on a mieux formé les lycéens en 2013 qu'en 2012, vous êtes mûr pour un stage à Terra Nova.
Personne ne peut dire aujourd'hui que les bacheliers parlent bien, sont conscients d'appartenir à une terre plus vieille qu'eux et ont un désir hurlant d'y faire un détour, d'aller voir chez les morts, entre les livres, entre les pins, entre les tombes, ce qu'il est d'eux-mêmes, du monde et de la vie. Je reprends ici la définition de la culture donnée par l'écrivain Renaud Camus (à travers une subtile allusion auCimetière marin), qui préconise un relèvement tel du niveau de l'examen que ses taux de réussite tombent à 50 % (je crois qu'il a raison).
De ces chiffres on ne devrait pas se féliciter, mais s'inquiéter. Ces enfants-là quittent le système scolaire sans instruction, sans lettres, sans connaissance de l'histoire, presque comme ils y étaient entrés, ne s'étant améliorés en divers domaines que par l'action de leur environnement. L'université, ensuite, pour ceux qui y vont en plus de s'y inscrire, n'apporte pas tellement davantage, puisqu'elle a compté sur le collège et le lycée. On peut aujourd'hui suivre un brillant parcours universitaire sans jamais avoir lu, voyagé au sens propre ou au figuré, on peut être docteur en toute sorte de matières en étant par ailleurs tout à fait illettré.

Penser à l'intérêt supérieur de l'enfant

L'Europe, suivant le modèle anglo-saxon, est dangereusement entrée dans l'ère des spécialistes. Pour ne prendre l'exemple que de ce qui m'intéresse directement, le droit, je peux témoigner du fait que les avocats de demain seront certes des experts de tel ou tel domaine, et parfois des experts de haut vol, mais ils promettent des plaidoiries sans pensée, sans art et sans références, qui amèneront des jugements similaires - et les juges ou les jurés ne serviront plus à rien et, si j'ose dire de façon un peu grandiloquente, le monde sensible finira par déserter le monde. Le grand avocat suisse Marc Bonnant qualifie le droit de "science dérisoire", moque ceux qui y persévèrent et recommande à ses confrères de lire (je crois qu'il a raison).
Je n'ai guère compétence pour dire ce qu'il faudrait changer à l'école pour que ses élèves y apprennent quelque chose. Je suggère simplement qu'on écoute Finkielkraut, qu'on fasse comme si les syndicats d'enseignants et de parents d'élèves n'existaient pas et qu'on pense, pour une fois, à l'intérêt supérieur de l'enfant.