Le patron de la télévision publique en France, Rémy Pflimlin, a dit vouloir «passer la proportion des femmes dans l’encadrement des journalistes d’un quart en 2012 à un tiers en 2015», lors du colloque «En Avant Toutes», organisé au siège de la télévision publique à Paris.
En outre, «pour développer la parité et renforcer la place des femmes dans l’entreprise, il sera rendu obligatoire de considérer au minimum une candidature féminine pour tous les postes de cadres à pourvoir». Il a également souligné qu’en tant que média, France Télévisions allait «orienter tous les programmes vers une plus juste représentation des femmes».
Des mesures concernant la lutte contre les stéréotypes et la place des expertes dans les programmes ont également été annoncées.
Ces annonces interviennent après l’appel lancé fin avril aux chaînes de télévision françaises par le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) à faire des progrès dans la représentation des femmes «dès cette année».
M. Pfimlin prévoit également «une action volontariste sur la question des expertes dans les programmes du service public». Le taux d’expertes intervenant dans les émissions est aujourd’hui de 18 % dans les journaux télévisés et les émissions telles que «Complément d’enquête», «Pièces à Conviction» et «C dans l’air», a-t-il déploré. Il s’est engagé à atteindre 30 % «au plus tard à la fin de l’année 2014», soulignant que ce taux devra s’appliquer aussi aux émissions «Envoyé Spécial», «Mots Croisés» et «Ce Soir ou jamais».
Il en va de même pour la fiction, où la gent féminine est sous-représentée. En particulier dans les émissions destinées au plus jeunes.
Une dictature des taux ?
À la direction de France Télévisions, on reconnaît que le fait de «compter» avait provoqué quelques remous dans la chaîne, certains y voyant une sorte de «dictature» des taux.
Mais le résultat a été sans appel : dans les séries à destinations des plus de 6 ans, 50 % des héros sont des garçons, contre 25 % d’héroïnes filles.
Pierre Siracusa, directeur délégué à l’animation de France Télévisions, s’est dit «déçu» de ces chiffres, s’attendant à un bien meilleur résultat. Seul lot de consolation, le résultat est bien pire dans les livres de jeunesse : en France, 78 % des couvertures sont consacrées à des héros masculins.
Des animations corrigeant cette tendance chez France Télévisions ont été diffusées, de même que des émissions suédoises. Parmi ces dernières, mettant l’accent sur la diversité, l’une avait comme présentatrice une fille handicapée et l’autre, appelée «Sam s’en occupe», présentait un proviseur travesti.
Pour obtenir une plus grande diversité, «chiffrer, c’est indispensable», a souligné lors du colloque la sénatrice Chantal Jouanno. Avant d’ajouter : «Légiférer? C’est délicat. Je crois plus à l’information et à la formation».