TOUT EST DIT

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dimanche 9 juin 2013

BIEN VU...ON SE CALME


FRAPPÉ AU COINS DU BON SENS


Des milliers de cyclistes nus manifestent contre les voitures

Des milliers de cycliste mexicains nus ont participé samedi à Mexico et à Guadalajara à la Manifestation internationale cyclo-nudiste, organisée pour protester contre l’hégémonie des voitures, et contre le conservatisme de la région de Jalisco dont Guadalajara est la capitale.

Selon des chiffres donnés par les organisateurs, près de 3 000 cyclistes, dont certains entièrement nus et d’autres vêtus de maillots de bain ou de sous-vêtements, ont pédalé 19 kilomètres jusqu’à Guadalajara, dans l’ouest du pays, provoquant stupeur et sifflements parmi les habitants.
Dans le centre de la ville de Mexico, près de 2 000 cyclistes ont aussi paradé, nus ou très peu vêtus. Certains avaient peint sur leur peau des messages comme «Plus de bicyclettes, moins de pollution» ou «La ville est à tous, laissez passer les vélos».
En pédalant nus, les participants à la Manifestation internationale cyclo-nudiste souhaitaient rappeler la fragilité des cyclistes sur les routes et le danger qu’ils courent.
Mais pour ceux participant à la manifestation cyclo-nudiste à Guadalajara, c’était aussi l’occasion de faire un pied-de-nez au conservatisme ambiant de l’État de Jalisco, dont Guadalajara est la capitale.

COMMENT CE FAIT-IL QUE 
DELANÖE N'Y A PAS PENSÉ ?

Convertis au libéralisme ? Et si la crise était en train de changer la vision que les Français ont de l’Etat...

Selon un sondage BVA réalisé pour le Forum "changer d'ère", qui s'est tenu à la Cité des sciences à Paris ce mercredi, les Français seraient en demande de réformes. Pour sortir de la crise, ils appellent de leurs vœux en priorité une grande réforme de l’État, avec une réduction drastique de la dépense publique (59 %), et une valorisation de l'innovation et de l'esprit d'entreprise (46 %).

Selon un sondage BVA réalisé pour le Forum "changer d'ère" qui s'est tenu à la Cité des sciences à Paris ce mercredi 5 juin, les Français seraient en demande de changement et de réformes (voir ici). Pour les Français, c'est le citoyen (75 %) et dans une moindre mesure l'entreprise (55 %) qui est le meilleur vecteur du changement. C'est vers sa propre famille (50%) et pas vers l'Etat (1% et 6% services publics et protection sociale) qu'un Français se tournerait pour l'aider en cas de difficulté. Comment interprétez-vous ce résultat ?

Mathieu Laine : Ce sondage tord le cou aux idées reçues et à tous ces politiques qui adhèrent totalement au discours réformiste dès qu'ils discutent en off, mais ajoutent aussitôt que les Français n'en veulent pas pour justifier leur manque d'action dans ce sens. Il met aussi des chiffres sur une réalité silencieuse que nous sommes nombreux à avoir perçue et invoquée depuis longtemps. Et comme les politiques ne réagissent quasiment qu'aux sondages, il nous offre enfin l'occasion d'espérer l'avènement d'un discours alternatif.
Nos dirigeants ne sont pas des surhommes. Comme l'ont démontré les universitaires de l'école de Chicago, Buchanan et Tullock en tête, ils poursuivent, comme tout un chacun, leur intérêt personnel. Ils sont donc en quête de clientèles électorales et prêts à faire évoluer leurs discours et leurs actes pour épouser l'air du temps. Tout ce qui permettra de mesurer la montée en puissance des désirs réformistes de la société civile ira dans le bon sens et incitera les politiques à porter et incarner un authentique changement de cap. Les vertus de la solidarité privée et l'échec de l'Etat providence sont désormais pleinement intégrés par des Français désireux de retrouver une véritable société de confiance. Plus que jamais, la révolution, c'est nous.
William Genieys : Les résultats de ce sondage sont certainement le plus bel hommage posthume qui pouvait être rendu au grand sociologue français théoricien de l’Etat modeste, Michel Crozier. Toutefois prendre au sérieux les résultats de ce sondage et en conclure que les Français sont convertis à la valeur de l’individu-citoyen, de l’entreprise et de la famille est aussi stupide que de croire que ces mêmes Français s’étaient convertis sous Vichy aux vertus du célèbre triptyque : "Travail, famille, patrie".
Au mieux, on doit comprendre ce sondage comme une déception des Français face à une de leur passion préféré, leur Etat. Ce n’est pas l’Etat en tant que tel qui est rejeté, car depuis le jeune Louis XIV qui prétendrait "l’être", la révolution de 89 et ses jacobins, les bonapartes et enfin les élites républicaines, il n’a cessé d’être considéré sur le mode de l’attraction et de la répulsion. Il est toujours sorti plus présent voire renforcé. Ne sommes-nous pas un des rares pays à avoir un Chef de l’Etat qui a plus de pouvoir que le chef de gouvernement tout en étant une démocratie ? L’Etat est le miroir réfléchissant notre identité nationale et malgré tous ce que l’on peut dire ou penser c’est certainement la dernière chose avec laquelle les Français souhaitent rompre. Par contre, il est clair que l’action de l’Etat, le volume des personnels de l’Etat font aujourd’hui l’objet d’une critique plus forte que par le passé.
Alexandre Melnik : En ce début du nouveau millénaire, l’Humanité toute entière, dans son indissociable ensemble, vit un véritable changement DE monde qui explose les notions de temps, d’espace et de relations humaines (à ne pas confondre avec un changement DU monde qui se produit assez régulièrement au cours de l’Histoire). L’ampleur de cette métamorphose civilisationnelle n’est comparable, sans doute, qu’avec la Renaissance de la fin du XV siècle, préfigurée par l’invention de l’imprimerie.
C’est dans ce contexte transversal, global qu’il faut inscrire les résultats du sondage BVA réalisé pour le Forum "Changer d’ère"  – une magnifique et audacieuse initiative qui je soutiens entièrement, car elle ouvre l’avenir et trace les premiers traits, émergents, encore flous, du portrait - robot d’une France de demain. Une France qui rejette le statu quo que lui imposent d’en haut les fonctionnaires qui se prennent pour des politiques – éclaireurs du futur, alors que, cloîtrés dans leur vase clos, ils ne comprennent plus le monde dans lequel ils vivent, après avoir perdu leur boussole, celle du socialisme idéologique sorti des tréfonds du "Capital" de Karl Marx.
Ce sondage révèle le bouillonnement (hélas, trop souvent latent, pour le moment) d’une France volontariste, portée par une forte motivation individuelle des Français qui la composent. Une France dynamique, généreuse et génératrice d’idées, "hungry for success", farouchement désireuse de sortir de la posture d’un "loser" de la globalisation du XXI siècle – dans laquelle l’enfonce son establishment actuel, en retard d’une époque. Une France jeune (bien naturellement, ma vision de la jeunesse n’est pas fonction de l’âge, mais de l’état d’esprit), celle qui a compris que le monde nouveau peut rendre possible, voire banal ce qui était inimaginable, inconcevable il y encore quelques années.

Pour sortir de la crise, les Français appellent de leurs vœux en priorité une grande réforme de l’État, avec une réduction drastique de la dépense publique (59 %), et une valorisation de l'innovation et de l'esprit d'entreprise (46 %). La crise est-elle en train de modifier le regard des Français sur l’Etat ? Comment et dans quel sens ? 

Mathieu Laine : Les Français en appelaient déjà à la rupture avant la crise. C'est ainsi que l'on comprend les 53% d'un Nicolas Sarkozy portant, en 2007, un discours alliant sécurité et récompense du travail, du mérite et de l'effort. Si de mauvaises idées, d'inspiration keynésienne, ont émergé d'une lecture tronquée de la crise (plans de relance et creusement magistral de la dette), le désir de rupture est à nouveau très fort chez une majorité de Français.
Ils ont compris les effets pervers et désincitatifs de la double peine fiscale de Nicolas Sarkozy puis de François Hollande, de leur incapacité à tous deux à couper audacieusement dans les dépenses publiques comme dans le magma réglementaire, et des dégâts causés aux entrepreneurs comme aux auto-entrepreneurs (des pigeons aux poussins).  Nombreux sont ceux, souvent orphelins politiques, qui aspirent à une autre politique, que personne, pour l'heure, ne leur propose. La nouvelle génération politique a un boulevard devant elle. Ce sondage assez contre-intuitif, mais allant clairement dans le bon sens, ne sera sans doute pas sans effet.
William Genieys : Certes, le fait que les Français perçoivent que l’Etat a un coût relativement élevée en période de crise est plutôt rassurantD'autant que l'on a toujours eu tendance collectivement en France à oublier qu’il est financé par l’impôt et que nous n'avons aucune idée de ce qui est financé concrètement avec celui-ci contrairement à d’autres pays. Par exemple aux Etats-Unis, où certes l’impôt est historiquement moins bien "consenti" qu’en France, les contribuables reçoivent en même temps que leur feuille d’impôts le détail de ce à quoi il est utilisé, ce qui permet quasiment en tant annuel de se rendre compte vers quelles politiques publiques il est affecté.
Actuellement, étant donné que la pression fiscale augmente fortement, les Français ont une prise de conscience plus forte du coût de l’action publique étatique. Mais il ne faut pas oublier que c’est le même Etat, donc couteux, qui a permis à la France et aux Français de vivre moins mal collectivement la crise de 2008. Il ne faut pas oublier également que l’argent public collecté par l’impôt est réinjecté dans la société de façon directe en matière pouvoir d’achat, mais également à travers de multiples dispositifs qui affectent tous les secteurs et les niveaux du tissu économique.
Alexandre Melnik : A la lumière de ce sondage, on comprend mieux que la France est un pays intrinsèquement créatif, innovant, mais trop souvent bridé par une gouvernance politique qui a tendance à se rigidifier, à fonctionner dans le vide, en perdant ainsi sa raison d’être, à savoir – être au service de ses citoyens. Servir, au lieu de se servir. D’où le désenchantement, toujours croissant, confirmé par quasiment tous les derniers sondages, des Français par rapport à leur Etat qui est, à cause de ses lourdeurs, est de plus en plus souvent considéré par l’opinion publique comme un problème, presque un fardeau à supporter, au lieu d’être une part de la solution.
Dans ces conditions, le meilleur – je dirais même le seul – vecteur du changement devient un individu lui-même, en osmose avec sa société, en d’autres termes, un citoyen qui se prend en charge, en réalisant qu’il ne peut compter, en dernier ressort, que sur lui-même. Ce phénomène d’individualisation, d’atomisation de la société française est irréversible. Il a vocation à s’accélérer dans le monde global en devenir, aplati par les réseaux sociaux, qui balisent le basculement de "nous" (un projet collectif) vers "moi" ("race to the top" individuelle, celle-ci n’étant pas forcément une démarche égoïste, ni un jeu à somme nulle, car elle peut tirer vers le haut l’ensemble de la société et devenir par conséquent bénéfique pour l’Autre ; les exemples de la plupart des récentes innovations, issues au départ d’une initiative privée mais qui changent in fine la face du monde, vont dans ce sens-là). 
Ce n’est donc pas une crise, mais un véritable changement de monde, qui oblige les Français à modifier en profondeur leur perception de l’Etat, tel qu’il existe actuellement – inopérant, aboulique, gangrené par l’obésité bureaucratique. Un Etat qui n’est plus un allié des Français, mais une entrave pour leur évolution.

Quelles conséquences ce changement de vision peut-il avoir concrètement ? Pourrait-il avoir un effet salutaire en obligeant les politiques à faire les réformes indispensables au pays ?

Mathieu Laine : Souhaitons-le ! La situation est telle que tout ce qui pourra contribuer à renverser la table sera bienvenu. Il faut en parallèle de ce sondage diffuser des messages très positifs. Par exemple, libérer une économie ne signifie en rien abandonner les plus démunis et les plus fragiles mais leur donner, au contraire, 100 fois plus de chance de réussir.
William Genieys : Oui certainement certaines réformes vont être accélérées parce que l’opinion publique y est favorable, ce qui permettra au pouvoir politique d’espérer faire face aux réactions corporatiste ou sectorielles inévitables. Celles qui sont sur l’agenda politique du gouvernement et poussées par l’Union européenne sont inévitables. Ce qui ce joue à l’heure actuelle, c’est leur rythme et leur niveau. Il est nécessaire d’éviter le subrepticisme à la française qui consiste à faire des réformettes qui reviennent sur l’agenda politique tous les changements de gouvernement, comme par exemple le dossier des retraites. Par contre, il est vain de faire croire que l’on peut réformer de façon rapide et radicale de l’Etat parce que quoi qu’il arrive son action s’inscrit sur la durée. Les Etats, et pas que seulement celui de la France sont aussi manœuvrables que des paquebots en pleine mer. Ce qu’il faut, c’est modifier la trajectoire d’action pour qu’elle soit durable.
Alexandre Melnik : L’Etat français, peut-il se réformer de l’intérieur, sous la gouvernance actuelle ? Ma réponse est non, car les concepts du  socialisme et même de la social-démocratie, incarnés par les politiques aux manettes décisionnelles du pays, n’ont plus de raison d’être, confrontés au changement de paradigme civilisationnel que vit actuellement l’Humanité. S’accrocher au socialisme en 2013, c’est à peu près la même chose que préconiser la traction animale à l’époque de la machine à vapeur. Ou rejeter l’idée de l’imprimerie à la faveur des manuscrits. Ou encore - claironner, "à la Gorbatchev", sur la faisabilité de la réforme du système soviétique à quelques mois de l’effondrement de l’URSS, déjà moribonde depuis longtemps, pour ne pas dire depuis sa genèse, en raison de la défaillance chromosomique de son ADN. Bref, se tromper de siècle. S’égarer dans les labyrinthes de l’Histoire.
Cependant, ces blocages qui viennent de l’Etat dans un pays gouverné, historiquement, d’un haut, peuvent être, à mon avis, progressivement résolus via une prise de conscience des réalités du monde du XXI siècle par les nouvelles générations des décideurs pragmatiques et modernes, exempts d’étiquettes idéologiques, débarrassés des œillères des "ismes" du siècle précédent, et surtout porteurs d’une vision réellement réformatrice qui ouvre une nouvelle perspective et donne du sens à la vie des citoyens, au-delà de tout calcul électoraliste à court terme.

Les Français reprochent à tous nos dirigeants passés de n'avoir jamais eu le courage de faire les réformes indispensables (80 %), parce que ceux-ci penseraient plus à la conquête du pouvoir qu'à l'intérêt du pays (88 %). Les citoyens ont-ils également une part de responsabilité dans les blocages ? Les Français ont-ils été trop conservateurs ? 

Mathieu Laine : Quel beau choc de lucidité ! La France meurt de son conservatisme excessif, de sa résistance à la rupture. Il est urgent de passer de l'indignation à l'action pour tous ensemble la remettre à l'heure du monde. 
William Genieys : C’est un peu l’histoire du piégeur-piégé car si la classe politique depuis les années quatre-vingt a dans son ensemble fait œuvre de largesse, c’est à l’encontre de ces citoyens administrés. Le système de redistribution a tourné à plein et malgré les quelques "affaires politiques" cela n’a pas eu comme seul objectif d’enrichir les membres de classe politiques. Par contre, si l’on prend en compte le nombre de réformes structurelles engagées, par les gouvernements successifs, et tuées dans l’œuf par différentes mobilisations catégorielles X ou Y vêtues de l’apparat du "mouvement social", on comprend que les citoyens français donnent mandat à leur représentant pour ne rien changer quand cela peut se traduire par la perte d’avantages considérées comme acquis. Le problème c’est le conservatisme des Français relayé par celui de ces citoyens. Et le pire dans tout cela c’est que l’on fait porter le chapeau à la technocratie, j’entends par là les élites d’Etat qui font tourner la machine et qui via les rapports divers, de la Cour des Comptes notamment n’ont pas cessé de tirer la sonnette d’alarme sur la dépense publique. Pourtant leur écho est resté sans suites.
Alexandre Melnik : Non, les Français ne sont pas trop conservateurs : le sondage montre que 80 % de nos citoyens sont en principe prêts au changement, quitte à accepter les sacrifices dans l’immédiat (et donc mettre en cause leurs fameux "acquis sociaux"), mais seulement à condition que le cap proposé par les élites dirigeantes soit parfaitement clair et la feuille de route encadre les efforts justement répartis. Pour cela, il faut réduire de façon drastique l’obésité de l’Etat – Providence, devenu le contraire de sa vocation initiale, réduire les fondamentaux de la fonction publique à ses paramètres régaliens et géostrategiques, et, enfin, renoncer à la tentation de l’interventionnisme étatique tous azimuts dans la vie économique qui est aujourd’hui rythmée par les acteurs privés.
Dans cette indispensable réinvention de l’Etat face aux impératifs de la globalisation en cours, la France dispose des atouts importants, ancrés dans son histoire, car rares sont les pays au monde qui peuvent se prévaloir d’une notion aussi aiguë et aussi exigeante du bien public et de l’intérêt général. Un avantage comparatif qui s’est révélé crucial à bien des tournants historiques auxquels la France était déjà confrontée, notamment pendant les Trente Glorieuses. L’Etat efficace, au diapason des attentes de la société, a pu insuffler, en cette période-là, une dynamique salvatrice à une France meurtrie par une guerre, alors aujourd’hui aucune menace de guerre (à l’exception d’un danger terroriste) ne plane plus sur le pays. Pour renouer avec l’esprit gagnant, il faut tout simplement réactualiser notre lecture du monde dans lequel fonctionne déjà et continuera à fonctionner la France dans les décennies à venir, et sortir de la peur du changement qui tétanise son pouvoir électif. Bref, oser la liberté – s’adapter au changement de monde.

80 % des Français seraient prêts à accepter des sacrifices à condition que les efforts soient justement répartis et que la direction proposée soit claire. Peut-on croire en leur sincérité sur ce sujet ? Les Français sont-ils prêts au changement ?

Mathieu Laine : Bien entendu que oui. Cependant, n'associez pas nécessairement réformisme et sacrifice. Il n'y a pas que la voie churchilenne. Si vous libérez le pays de ses contraintes fiscales, réglementaire et sociale, que vous supprimez les rentes et réapprenez le "bon sens", vous ne sacrifiez rien, et vous changez la face du pays. En politique aussi c'est l'offre qui crée la demande... Nous l'attendons avec impatience.
William Genieys : Là, c’est une réponse bien française que l’on doit traduire autrement : 80% des Français sont prêts à accepter de faire des efforts surtout si c’est sont voisin qui est concerné et qui commence. L’individualisme français est d’une forme rare car il consiste toujours à maximiser les profits qu’il s’agisse du secteur privé ou du secteur public en se masquant derrière la litanie du "on la joue collectif" et de la culture du service public. On oublie que le service public est avant tout un service aux publics et on oublie encore plus que ces publics sont composés en grande majorité d’individus très individualistes. Nous allons bien voir lorsque les réformes structurelles à venir vont être sur l’agenda politique si le pourcentage ne s’inverse pas radicalement.
Alexandre Melnik : Nous sortons d’un monde pyramidal, cloisonné par les frontières et les idéologies, façonné par le modèle managérial "top-down", avec son simulacre de stabilité, et nous épousons la trajectoire d’un univers horizontal, plat (où les seules frontières qui existent sont celles qui perdurent dans des esprits qui n’évoluent pas).  Nous cheminons vers un nouvel écosystème numérique d’un monde décloisonné, interconnecté en permanence en "lifestreaming", boosté par la seule méthode de communication qui fonctionne aujourd’hui, à l’échelle globale – celle de "bottom – up", celle de "connect and collaborate", autrement dit, l’intelligence collaborative, connective, instantanée, organisée en réseaux. Un monde où la seule certitude qui demeure, réside dans l’absence de toute certitude, hormis celle que l’avenir ne sera, en aucun cas, une simple reproduction du présent. L’avenir est désormais à bâtir, à chaque instant, par chaque individu, qui devient pilote de son destin, indépendamment de sa résidence géographique, son terreau culturel initial, son statut social, et ce, souvent face à des institutions sclérosées, issues d’une époque révolue.   
Il s’agit donc d’intégrer le changement permanent et la constante remise en cause dans notre "logiciel mental"  ("software of the mind"). Changer de mentalité. Clôturer le passé, tourner la page des certitudes d’antan qui ne correspondent plus aux réalités de notre monde, s’adapter à la situation présente et, surtout, se projeter résolument dans l’avenir en tant qu’acteur proactif du changement.
Bien entendu, aucun individu, aucun pays ne saurait y  échapper. Surtout quand il s’agit des pays comme la France qui ont été, à un moment donné de leur évolution historique, à la fine pointe de la modernité et de l’innovation, en position de pays - phare de la civilisation humaine : Descartes et sa méthode cartésienne ; Louis XIV ayant fait rayonner l’Hexagone à travers Versailles ; les Lumières françaises qui ont révolutionné le concept de la dignité humaine ; Napoléon qui a rédigé, dans son élan d’une inspiration solitaire, un Code civil que mes (meilleurs) étudiants chinois, brésiliens, russes, sénégalais, algériens me demandent, actuellement, à leur procurer – tant ils ont besoin de cette expression du génie français pour mieux comprendre le monde du XXI siècle… Et cette liste n’est exhaustive.

Si les Français estiment que l’État doit être réformé en profondeur, ils pensent aussi que la qualité de nos services publics et de notre modèle social sont un atout pour l'avenir (44 %). Quel modèle d'intervention étatique ces priorités dessinent-elles ? Un resserrement sur l’Etat providence avec davantage d'autonomie laissée aux acteurs privés dans les autres domaines ?

William Genieys : Cette réponse est intéressante car elle permet de pointer le rapport contradictoire des Français à leur Etat que je mentionnais plus haut. Cela rappelle un peu le débat autour de la crise de la Sécurité sociale dans les années quatre-vingt dix. Le fameux "trou de la sécu", les dérives de la "baleine" bien des mots existent pour qualifier les maux de notre système d’assurance maladie. Néanmoins, lorsqu’il s’est agi de remettre en question ce modèle, une forte mobilisation collective naquît sur le mode de "Touche pas à ma Sécu".
Dans un autre registre, bien des réformes engagées sous la présidence précédente qui ont introduit les valeurs mises en exergue dans ces sondages ont été clouées au pilori lors des élections de 2012 par les citoyens électeurs. Par contre, il est claire que le périmètre de notre système protection sociale, le système de redistribution qu’il génère doit être recalibrer aujourd’hui, car non content de raté certaines de ces cibles en termes de justices sociales, il génère un sentiment d’injustice de plus en plus partagé dans la société française.

L'économie à la godille

L'économie à la godille


Un coup dans un sens, un coup dans l'autre, la France fait des réformettes à la godille. Les grands chantiers sont pourtant devant elle
François Hollande l'affirme lui-même : il sait où il va. Il dispose même d'une boîte à outils avec laquelle, mais si c'est bien sûr, il va réussir à retourner la courbe du chômage avant la fin de l'année. Sur une semaine, il laisse surtout l'impression d'avoir un seul outil en main : la godille. Le mercredi le voilà renvoyant vertement la Commission européenne à ses chères études quand cette dernière ose indiquer à la France la voie des réformes à prendre. Le jeudi, la voilà sur le perron de l'Élysée, main dans la main avec Angela Merkel, se vantant des progrès accomplis vers la création d'un gouvernement économique européenne. Souverainiste un jour, européiste le lendemain. On parle pourtant toujours de la même chose, à savoir de la contrainte que la structure européenne doit réussir faire peser sur les États membres.
Ce lundi, nouveaux coups de godille. Après avoir annoncé publiquement la fin de l'universalité des allocations familiales, un acquis de la Libération, le voilà y renonçant au profit d'une hausse d'impôt généralisée sur les familles. Encore un coup sur le quotient familial, le deuxième en deux ans. Pour le coup, c'est plutôt moins grave, mais cela donne quand même le tournis.
D'autant que son gouvernement le suit du même mouvement. Un jour, il faut encadrer le régime des auto-entrepreneurs (et il le faut !), le lendemain, il ne faut pas toucher aux « poussins » si ce n'est éventuellement chez les seuls artisans du bâtiment. Le surlendemain, ce sont toutes les professions réglementées qu'il faut protéger des ravages de la concurrence des auto-entrepreneurs.
Une pratique de la godille d'autant plus inquiétante que les vrais sujets sont toujours en plan. Faute d'agir sur la contrainte européenne, les réformes des retraites et du marché du travail pressent. Et que le chômage monte inexorablement. La réalité ne godille pas.


L’idéologie invisible


Cette semaine, une information stupéfiante aura été éclipsée par quelques faits divers et procès tragiques. Mercredi dernier (le 6 juin), dans un communiqué, le Fonds monétaire international (FMI) a reconnu s’être lourdement trompé sur la crise financière, la confiance des marchés, l’aide à la Grèce, etc. Ce ne sont pas seulement ses anciennes « prédictions » qu’il remet en cause. De manière implicite, c’est aussi la vision du monde et de l’économie qui les sous-tendait. Bien d’autres analystes, il est vrai, reconnaissent aujourd’hui s’être trompés en tablant sur ce qu’ils appelaient la parfaite « efficience » du marché. Bravo d’avoir cette modestie ! Mais il faudrait ajouter qu’on a trompé du même coup des millions de citoyens. Et gravement. Que de sottises auront été proférées au sujet de la crise ! Que d’approximations récitées du matin au soir dans les médias !
Jacques Ellul, jadis, nous avait montré que la propagande n’était pas l’apanage des régimes totalitaires mais pouvait affecter les démocraties elles-mêmes. Il n’avait pas imaginé qu’elle pourrait devenir quasi indétectable, inodore comme certains gaz dangereux. Au-delà des points de vue et des polémiques ordinaires, une espèce d’imprégnation culturelle colonisa l’espace politico-médiatique, ces cinq ou six dernières années. Cette « pensée » était si enracinée qu’elle tordait le vocabulaire lui-même, fabriquait des « éléments de langage », influait sur les préférences inconscientes de tous ceux qui parlent, récitent, crient ou chantent du matin au soir dans l’Hexagone.
Quel mot employer pour désigner cela ? Celui d’idéologie, certes, est trop passe-partout, mais c’est pourtant lui qu’il faut retenir, à condition de lui adjoindre l’adjectif « invisible ». Dans l’air du temps fonctionnait bel et bien une idéologie invisible. Comme à l’insu d’eux-mêmes, les commentateurs béni-oui-oui, ces perroquets des ondes, se faisaient les serviteurs dociles et même les griots de stratégies communicationnelles, celles du FMI ou d’autres.
Il faudra réexaminer après coup comment des médias aussi différents que la télévision, le cinéma, la publicité ont pu devenir les vecteurs de mille et un jeux d’influences, de ruses sémantiques et de raccourcis mensongers. Si on dépiautait tout cela, alors apparaîtrait en filigrane un catéchisme qui, mine de rien, aura bel et bien gouverné la vie démocratique. Il aidait à légitimer certaines dominations, parmi lesquelles celle de la finance. On trouverait trace de cette imprégnation culturelle jusque dans les séries policières, les émissions de variétés ou les publicités commerciales.
Rien de neuf, dira-t-on. Certes, mais un détail, cette fois, changeait la donne. Dans un contexte de postcommunisme (la « fin de l’Histoire ») et de mondialisation (la « fin du politique »), la ruse imparable consistait à nous convaincre que l’idéologie en tant que telle avait - enfin ! - disparu. On nous assurait que des « choses » comme la propagande ou l’idéologie appartenaient à un passé révolu et que l’univers démocratique était enfin décontaminé. Bien entendu, rien n’était plus faux. L’air du temps restait chargé d’une idéologie d’autant plus redoutable qu’elle était déguisée - les chrétiens ne disent-ils pas que la ruse suprême du diable consiste à faire croire qu’il n’existe pas ?
C’est au chapitre de ce discours manipulateur qu’il faut classer toutes ces célébrations un peu bêtasses de la taille, du gigantisme, de la maîtrise du monde, du classement planétaire, des gros salaires du CAC 40 vénérés comme ceux des rock stars. Tout cela est-il médiatiquement derrière nous ? Sans doute pas, hélas ! Reprenant Georges Bernanos, je dirais que la propagande est toujours capable de « changer de répertoire », sans cesser pour autant de nous mentir. La Commission de Bruxelles, déjà, prend d’ailleurs ses distances avec l’aveu inattendu du FMI. Aïe !
Il nous faut rester - démocratiquement - en alerte rouge…

En Turquie, rien ne sera plus jamais comme avant

La crise profonde qui oppose le gouvernement et les jeunes traduit un vrai fossé dans la société turque. Entre citadins et ruraux, entre laïcs convaincus et partisans d’un islam plus dur.


« Le sujet n’est pas un parc, le sujet, c’est la démocratie ». Quelques heures seulement après les affrontements qui avaient la semaine dernière fait trois morts et des centaines de blessés dans les grandes villes du pays, le collectif de sauvegarde du parc Gezi avait rapidement annoncé la couleur. Bien sûr, la question écologique et la sauvegarde d’une centaine d’arbres interpellaient, mais d’autres questions sont venues se greffer au débat.

Car la société turque est en mutation, écartelée entre le poids des traditions, un islam reconquérant, et les désirs économiques d’un pays émergeant et les aspirations de sa jeunesse. Cette dernière les a rappelées bruyamment tous les soirs depuis douze jours au Premier ministre Recep Tayyip Erdogan qui cristallise la rancœur après l’intervention trop musclée de la police, et des lois qui « restreignent les libertés individuelles », selon Ozlem, l’une des premières à s’être mobilisée au parc au sein de « Taksim plateform ». Sur l’alcool interdit après 22 heures, l’avortement, l’enseignement de la religion à l’école. Sur l’attitude des principaux médias du pays, visés aussi par les manifestants pour avoir totalement occulté la révolte grandissante.

Atatürk, le « phare », même chez les jeunes

Depuis douze jours, c’est donc le même refrain, après les heurts des premiers jours, d’une parenthèse enchantée pour la communauté de Gezi. Un no man’s land. Les barricades comme remparts dans les grandes avenues. Infranchissables. Un incroyable village solidaire, comme Christiania au Danemark, s’est constitué au milieu des tentes. Tout est gratuit (hôpitaux de campagne, alimentation, vêtements, livres et même cigarettes) parce que donné par des proches, ou des soutiens. Une république autonome qui traduit aussi les fractures actuelles de la société turque. Ses paradoxes aussi, comme chez ses jeunes biberonnés de technologie et de culture occidentale mais qui revendiquent haut leur « anti-impérialisme », et leur nationalisme via un attachement inconditionnel à Atatürk, le père de la République.

À la tombée de la nuit, lorsqu’ils sont sortis du travail, les Stambouliotes apportent par milliers leurs voix à la contestation. C’est là que la politique s’invite sur le tapis vert des débuts. L’extrême gauche en pointe, mais pas seulement. Le CHP, principale force d’opposition du pays, a lui aussi tenté une incursion, « au désarroi » d’Ozlem. Non à la récupération. « Dès qu’ils ont fait des discours, on leur a demandé d’arrêter… » Et tout est rentré dans l’ordre, dans un incroyable patchwork festif et bruyant de forces politiques et syndicales hostiles au pouvoir.
Tous ne demandent pas la démission d’Erdogan. « Car qui y a-t-il derrière ? », s’interroge Elifinal, thésarde en sociologie et histoire, qui distribue des tracts pour « Taksim Comunu », organisation d’extrême gauche. Pour autant, pas question de céder, de déserter Gezi. Encore hier, des centaines de milliers de personnes ont défilé dans le calme. « Erdogan fait sa propagande, on la fait aussi ». Le combat continue à « Resistanbul ».

Buisson : "Sarkozy s'imposera comme l'unique recours"


Artisan de la droitisation de l'UMP, ancien directeur de la rédaction deMinute puis de Valeurs actuelles, le politologue Patrick Buisson, 64 ans, inspira le virage de la fin de campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 sur le thème de l'identité nationale et voulut faire de même en 2012. Cette stratégie a été vivement critiquée par une partie de l'UMP et vaut à M. Buisson – qui continue de conseiller M. Sarkozy – d'être une des personnalités de droite les plus controversées.

La mort de Clément Méric est-elle le symptôme du basculement dans la violence d'une partie de l'extrême droite ?
Patrick Buisson C'est un acte abominable, mais heureusement isolé, qu'on ne peut pas rattacher à un contexte de violence globale. Pour le reste, le climat de tension que la gauche dénonçait sous Sarkozy n'a pas disparu, c'est le moins qu'on puisse dire, avec l'élection deFrançois Hollande.
Comment interprétez-vous la mobilisation massive de La Manif pour tous ?

La France des invisibles est devenue visible. A travers La Manif pour tous, cette France a accédé à une conscience civique et politique. Nul ne peut mesurer l'impact qu'aura cette révolution culturelle. Nous sommes dans cette phase que décrivait Lénine de politisation de catégories jusque-là réfractaires ou indifférentes à l'égard de la chose publique. Regardez ce qui s'est passé avec les catholiques qui, en opposant la loi morale reliée à la transcendance comme légitimité supérieure à la loi, se sont redécouverts pleinement chrétiens et pleinement actifs contre la prétention de César de se substituer à Dieu. Il y a là incontestablement comme un écho à l'appel lancé par Nicolas Sarkozy lors de son discours du Latran en 2007 : "La France a besoin de catholiques convaincus qui ne craignent pas d'affirmer ce qu'ils sont et ce en quoi ils croient." D'une certaine manière, ce mouvement aura été la première manifestation de ce qu'on peut appeler un populisme chrétien.
Dans une crise économique aussi grave, la mobilisation de la droite n'est-elle pas outrancière ?
La place symbolique accordée par le pouvoir à cette réforme a été perçue par beaucoup comme un non-sens. La faible consommation du pacs par les homosexuels aurait dû interpeller le législateur sur la réalité d'une quelconque demande en ce domaine. Malgré cela, François Hollande a voulu en faire un marqueur politique. Du coup, il a mis simultanément en évidence l'activisme sociétal de la gauche et sa faillite sociale. Un fort ressentiment s'est développé dans les catégories populaires à l'égard de l'exécutif, qui est apparu avant tout préoccupé de donner satisfaction aux revendications purement idéologiques d'une minorité de privilégiés appartenant à la classe urbaine dominante. La fracture sociale passe aussi par là.
Quels enseignements la droite doit-elle en tirer pour revenir aupouvoir ?
Il y a un continuum parfait entre la campagne de Nicolas Sarkozyengagée en février 2012 sous la bannière des valeurs et la mobilisation, un an plus tard, de centaines de milliers de Français sur des questions sociétales dont on disait qu'elles ne passionnaient personne. La synergie dialectique créée par le candidat Sarkozy a rendu à ce peuple la fierté de se battre pour autre chose que des intérêts catégoriels. Elle lui a du même coup redonné une suprématie morale. En ce sens, la présidentielle n'a pas été un échec, mais une défaite fondatrice.
Cette ligne droitière est contestée à l'intérieur même de l'UMP. Est-elle la seule efficace pour battre la gauche ?
Une récente enquête de l'IFOP pour la Fondation Jean-Jaurès atteste de l'émergence de cette droite des valeurs portée par un haut niveau d'adhésion de l'opinion. D'aucuns persistent à garder les yeux grand fermés sur ce mouvement de fond. Ils voudraient vite refermer la parenthèse du sarkozysme et de La Manif pour tous. Ils rêvent d'un retour à ces temps où la droite n'était qu'une moindre gauche ou, pourreprendre le mot de Muray, une "petite gauche de confort". Avec cette mécanique implacable si bien décrite par Mark Twain : "Les gens de gauche inventent des idées nouvelles ; quand elles sont usées la droite les adopte." Ce ressort-là est cassé. On ne reviendra pas à la case ante Sarkozy. Ceux qui voudraient à nouveau faire de la gauche et desmédias les arbitres de la stratégie de la droite mènent un combat d'arrière-garde
N'est-ce pas courir encore et toujours après le Front national ?
J'invite ceux qui prétendent combattre mieux que d'autres le FN à un peu de modestie. Car enfin la seule stratégie qui a fait reculerélectoralement le FN, c'est celle du candidat Sarkozy en 2007 quand il s'est réapproprié les thèmes de la nation, de l'identité et du travail. La droite ne peut espérer reconquérir durablement le pouvoir que si elle parvient à construire une offre politique qui prenne en charge la souffrance sociale. Nous en sommes à ce point décrit dans les années 1970 par le Prix Nobel d'économie Georges Stigler, dont les travaux ont montré que l'autorité régulatrice – l'Etat-providence – sous l'emprise des groupes de pression, n'était plus garante de l'intérêt général. Et que les pauvres étaient plus désarmés encore sur le marché politique où se distribue la manne des fonds publics que sur le marché économique. C'est à cette France du travail et de la relégation, sous-consommatrice de prestations sociales, que la droite doit s'adresser en priorité. Sans se laisser intimider par ceux qui voudraientfaire des légitimes aspirations des catégories populaires la propriété du seul Front national afin de les disqualifier. Le patriotisme, le protectionnisme, le conservatisme en matière de moeurs sont des valeurs historiques de la tradition ouvrière.
Le discours économique traditionnel de la droite est-il toujours pertinent ?
La crise doit amener la droite à repenser son rapport à l'économie. Il n'y a pas d'économique pure. L'économique est toujours le reflet d'une métaphysique. On est passé d'un capitalisme entrepreneurial qui, en osmose avec l'éthique chrétienne, conférait une valeur morale au travail, à l'investissement à long terme, à l'ascétisme et la satisfaction différée à un capitalisme financier qui privilégie la pulsion et la compulsion, le court-termisme et la jouissance instantanée. La crise économique actuelle est en réalité une crise de civilisation, celle d'une forme de capitalisme qui favorise des comportements humainement, socialement et économiquement destructeurs. C'est la réflexion qu'avait amorcée Nicolas Sarkozy dans son discours de Toulon en septembre 2008. Elle doit maintenant être menée à son terme.
Qui, à droite, peut tenir ce discours ? François Fillon, Jean-François Copé ou Nicolas Sarkozy ?
Aujourd'hui, il n'y a en France qu'un homme d'Etat, c'est Nicolas Sarkozy. Face à la dynamique du FN, toute autre candidature que la sienne exposerait la droite au risque d'une élimination au premier tour. Il est le seul en capacité de rassembler. C'est pourquoi sa candidature s'imposera naturellement comme l'unique recours. Pour peu qu'il sacherenouer son dialogue singulier avec le peuple français et avec son histoire. Et sur ce point, je n'ai aucun doute.
Pensez-vous, comme une majorité de sympathisants de l'UMP, qu'il faille s'allier avec le FN ?
La question qui se pose n'est pas celle des alliances mais de l'attractivité électorale. L'homogénéité croissante des électorats-cibles, notamment dans la "France périphérique" fait que l'UMP et le FN sont plus que jamais en situation de concurrence.
Pourquoi avez-vous pronostiqué un échec de Nathalie Kosciusko-Morizet aux municipales à Paris ?
Ce n'est pas un pronostic, c'est un constat. Londres et Rome ont été reprises à la gauche en 2008 par des candidats incarnant une franche alternative.

JE NE PENSE PAS QUE CE SOIT LE MIEUX INSPIRÉ POUR CONSEILLER 
QUICONQUE, IL DVRAIT LA METTRE EN VEILLEUSE

Démographie médicale : les nouvelles données du CNOM au 1er janvier 2013


Lors de la conférence de presse organisée le 4 juin 2013  par le CNOM (Conseil national de l'Ordre des médecins), les Drs Michel Legmann, président  de l’Ordre, et Patrick Romestaing, président de la section Santé publique et démographie médicale, ont présenté les données de la situation démographique en France au 1er janvier 2014.
L’analyse des chiffres du Tableau de l’Ordre fait état d’un nombre de médecins jamais encore atteint avec 271 970 inscrits au tableau au 1er janvier 2013, dont 215 865 actifs et 56 105 retraités.
"Bien que la France n’ait jamais recensé autant de médecins, ce sont les retraités qui augmentent les effectifs" précisait le Dr Legmann. 
En effet, en 1 an, l’effectif de ces retraités actifs a augmenté de 8 % alors que l’effectif total de médecins inscrits en activité accusait une baisse 0,13 % sur la même période. 
Retraite active : une variation spectaculaire des effectifs
Au 1er janvier 2013, le nombre de médecins retraités actifs était de 10 952 médecins, chiffre qui correspond à une croissance de 300 % en 6 ans (2007 – 2013) ! 
Le Dr Legmann, qui s'est beaucoup impliqué sur la question des médecins retraités, pense qu'ils peuvent "permettre de palier le problème de démographie médicale dans certains territoires et rendre une meilleure accessibilité et des soins plus équitables aux patients. Ils sont parfaitement aptes à exercer les fonctions de maître de stage grâce à leur expérience [...] leurs consultations sont plus longues, leurs prescriptions sont donc moindres et donc, au total, leur exercice est plus économique pour la société".
Et, selon les études prospectives, leur nombre est amené à progresser de manière spectaculaire dans les prochaines années pour atteindre 29 389 d’ici à 2018, ce qui représentera 40 % des effectifs des médecins retraités.
En grande majorité représentés par des hommes (80,2 %), les médecins retraités actifs sont en moyenne âgés de 68,6 ans et plus de la moitié d'entre eux déclare exercer une activité libérale/mixte (64 %).
Diplômes européens et extra-européens : 24 % des nouveaux inscrits
L’arrivée de médecins à diplômes européens et extra-européens participe également pour une large part  à l’importance du nombre de médecins inscrits au tableau au 1er janvier 2013.
Le Dr Romestaing précisait que "le quart des médecins nouvellement inscrits sont détenteurs d’un diplôme soit européen ou soit extra européen"
 
Au nombre de 17 835, les médecins titulaires d’un diplôme européen (7 958) et extra-européens (9 877), en activité régulière sur le territoire français, ont vu leur effectif croître de 43 % entre 2008 et 2013 ; cette augmentation est amenée à continuer, le nombre de ces médecins devant atteindre 23 971 d’ici à 2018 (+ 43 %).
 
Ce sont des hommes pour 62 %, âgés de 49,3 ans en moyenne, qui viennent principalement  du Maghreb pour le 1/3 d’entre eux (Algérie : 22,2 %, Maroc : 5,8 %, Tunisie : 2,7 %), de  Roumanie (17,7 %) et de Belgique (8,9 %). Ils exercent majoritairement une médecine salariée (63,5 %) alors que les médecins à diplôme français pratiquent pour 46,6 % d'entre eux en mode libéral et pour 43,1 % en exercice salarié.

Attractivité des régions : la donne change
Certaines régions voient diminuer le nombre de médecins inscrits au tableau de l’ordre en activité régulière entre 2007 et 2013. Ce sont en premier lieu l’Ile-de-France avec – 4,8 %, suivie par la région Champagne-Ardenne (- 3,4 %) et la région Centre (- 3,4 %), comme l'illustre la carte ci-dessous sur les variations entre 2007 et 2013 du taux de médecins inscrits au tableau de l'ordre en activité régulière à l'échelle régionale.
 

Parallèlement, l’attractivité des régions à forte densité médicale est en net recul, notamment les régions Provence-Alpes-Côte d’Azur et Ile-de-France.
A contrario, 3 régions font montre d’une hausse significative des effectifs, les Pays-de-la-Loire occupant la 1re place (+ 5,2 %), suivis de l’Alsace et de la région Rhône-Alpe, avec + 4,5 % et + 4,2 % respectivement. 
Seuls les effectifs de la région Lorraine sont stables sur cette période 2007-2013. 
Exercice libéral : encore attractif pour les jeunes générations
Entre 2007 et 2013, les modes d’exercice des médecins inscrits au tableau de l’Ordre sont quasi stables avec :
  • une légère baisse pour l’exercice libéral (47,6 % versus 46,6 %) ;
  • et une hausse modeste pour l’activité salariale (41,7 % versus 43,1 %).
Concernant le mode d’exercice des jeunes générations de médecins, le Dr Romestaing indique que, "si seulement 9,8 % d’entre eux choisissaient l’exercice libéral en 2007 lors de leur 1re inscription à l’Ordre, 35 % exerçaient en libéral/mixte après 5 années de pratique".
"C’est une note d’optimisme dans les constats généraux, c’est plutôt rassurant pour les années à venir" soulignait le Président de l’Ordre.
Et demain…
Comme l’indiquait le Dr Michel Legmann, "le nombre de médecins inscrits à l’ordre va continuer de croître d’ici à 2018", mais toujours à la faveur des médecins retraités et des médecins détenteurs d'un diplôme européen ou extra-européen.
Dans son communiqué de presse, le CNOM souligne  l’importance de faire connaître aux jeunes générations l’exercice libéral au cours de leur cursus universitaire, grâce aux stages et au compagnonnage.
Sources et ressources complémentaires