TOUT EST DIT

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dimanche 2 juin 2013

La cigarette électronique et les puritains

Pour le professeur Didier Raoult, l'interdiction de la cigarette électronique dans les lieux publics est un geste hygiéniste qui contraint la population.

Le contournement de l'interdiction du geste de fumer ne pouvait que déchaîner les foudres des puritains, lesquels se sont transformés au fil de l'histoire en hygiénistes. Depuis fort longtemps, les règles d'hygiène de vie sont utilisées par les puritains pour imposer des comportements, par la contrainte, à leurs contemporains. Certaines règles hygiénistes présentes dans les textes anciens comme la Bible sont basées sur des observations réelles, d'autres ne reposent sur aucun élément tangible. Avec la quasi-disparition sous nos latitudes des rites au caractère obligatoire des grandes religions, les puritains religieux ont été remplacés par des puritains laïques que sont les hygiénistes. Ces hygiénistes utilisent des faits démontrés dans certaines conditions, pour étendre des contraintes à toute la population.
Deux exemples viennent à l'esprit : l'alcool et la cigarette. Pour l'alcool, il est clairement démontré, dans toutes les études réalisées sur le sujet, que la consommation majeure d'alcool est dangereuse et désocialise. En revanche, il est tout aussi démontré qu'une consommation modérée d'alcool n'a aucun inconvénient pour la santé, au contraire. Dans ces conditions, la lutte féroce menée contre la consommation modérée, y compris celle du vin à table, ne s'explique que par une volonté puritaine de contrôle. 
Concernant la cigarette, nul n'ignore que le tabac a un effet désastreux sur la santé et qu'il est la pire drogue jamais commercialisée. Cette toxicité du tabac a justifié une lutte qui est normale. La fumée qui s'échappe des cigarettes peut avoir une toxicité indirecte pour les non-fumeurs, qui se retrouvent à inhaler de la fumée, en quelque sorte à fumer malgré eux. Cet effet a justifié l'interdiction du tabac dans les lieux publics. 

Désespoir des puritains

Actuellement, des propositions se font jour conte la cigarette électronique, au principe que l'émission de vapeur d'eau entraînerait le goût de fumer chez les non-fumeurs. C'est une approche totalement et uniquement puritaine, qui ne repose sur aucun substrat scientifique et qui traduit le désespoir des puritains à ne pouvoir empêcher les gens d'avoir l'air de fumer. Ayant perdu le substrat scientifique qui justifiait la contrainte, ils espèrent avoir trouvé là le moyen de continuer à faire obéir leurs contemporains.
La médecine n'a pas à servir d'alibi à des puritains qui cherchent essentiellement à contrôler le comportement des autres. Surtout que la coalition d'intérêts commerciaux (les marchands de tabac, de patchs, l'État, les buralistes...) et des puritains risque de mettre en échec la seule arme efficace contre le tabagisme, un fléau, lui, bien réel.

Et pendant que l'UMP s'écharpe et que le PS se félicite de son bilan... y a-t-il encore un Paris pour Parisiens normaux ?

Guerres fratricides à droite et autosatisfaction à gauche, les différents prétendants à la Mairie de Paris s'attribuent une considération de façade des quartiers populaires. Restent les questions de la pertinence de ce mot, de la définition qu'il a pris aujourd'hui et sa présence géographique si elle existe encore.

Guerres fratricides à droite et autosatisfaction à gauche, la course à la Mairie de Paris semble bien peu se préoccuper vraiment des quartiers populaires de la capitale. Peut-on dire que ces fameux quartiers que furent Belleville, Mouton Duvernet, Ménilmontant ou "La Mouffe" soient toujours "populaires" dans leur composition ? Comment pourrait-on les définir aujourd'hui ?

Yankel Fjalkow : Le mot « populaire » est ambigu car il désigne à la fois une composition sociale et une ambiance.  S’il exprime la part d’ouvriers dans la capitale celle-ci a considérablement chuté à Paris ainsi que dans les Une certaine mixité sociale est à l’œuvre qui n’est pas le fait des politiques mais de la rencontre entre les lois du marché et la structuration du parc immobilier. Mais elle n’est pas forcément tranquille et harmonieuse. Ces quartiers ont donc encore une ambiance populaire dans le sens où l’espace public, les commerces, les marchés, sont accessibles aux pauvres. Mais le fossé se creuse avec l’espace résidentiel qui est chèrement payé.
arrondissements du Nord et de l’Est. C’est un phénomène général en France qui se traduit plus fortement dans la capitale. Pour autant, Paris contient encore des populations ayant un faible niveau de revenu. Ainsi l’écart de revenu entre les populations s’est considérablement accru même dans les quartiers dits populaires. Dans les lieux mythiques, l’écart entre les revenus les plus faibles et les plus élevés à même tendance à augmenter.
Claude Dubois : Ces quartiers ne sont plus populaires du tout. J’en veux pour meilleur exemple l’année 2005 et le référendum pour la Constitution européenne. La France dans son ensemble a voté « non », s’opposant ainsi à l’adoption de ce texte dans sa forme actuelle alors que les 20 arrondissements de Paris ont tous voté « oui ». A l’époque, les journalistes ont parlé de climat révolutionnaire, de déconnexion, mais on attend toujours pour la révolution.
Dans mon livre Ça c’est Paris, j’avais dit que si nous étions en situation révolutionnaire, Paris serait aujourd’hui le Versailles d’hier, or à l’époque Paris s’opposait à Versailles, et la Commune témoigne bien de ce que fut Paris et ce qu’il n’est plus. Qui plus est, on trouvait dans ce « oui » parisien la droite et la gauche, seuls les extrêmes ont voté contre. Comme l’a dit un grand homme, feu Louis Chevalier, historien et professeur au Collège de France, l’assassinat de Paris ne fut autre que le déplacement des Halles vers Rungis, et toutes les conséquences qui en ont découlé. De cet événement, Paris s’est embelli, le visibilité et la mise en valeur du patrimoine ont été renforcées entraînant des destructions et des reconstructions et surtout expropriant et expatriant les populaires en dehors des frontières de la ville.  
Il y a deux nouveaux "populaire" à Paris, les bobos, qui « votent dans le bon sens »  mais dont le discours ne correspond pas à leur style de vie bourgeois, technologique et pleine de gadgets. De l’autre côté, la nouvelle couche populaire de Paris est constituée par les populations immigrées ou d’origine étrangère, en tout cas sur le plan économique et social. A la différence des premières générations d’arrivant, parmi lesquels j’avais de nombreux amis, qui finissait par prendre l’accent parisien, de ces couches s’est créée une forme de nouvel argot qui s’est répandue dans toutes les couches parisiennes, bien loin du langage des argotiers. Ainsi, il y a une forme de « populaire » mais qui ne correspond plus à ce que l’on appelait « le Paris populaire ».

Quels sont encore les derniers espaces réellement populaires s'il en existe ?

Yankel Fjalkow : L’expression « réellement populaire » m’est un peu étrangère car elle fait référence à la nostalgie, à l’authenticité du « peuple », que l’on trouve plus souvent dans les vieux films sur Paris que dans la réalité sociale d’aujourd’hui. Ceci dit, il existe à Paris des fractures sociales fortes c’est-à-dire des îlots composés essentiellement de très bas revenus qui vivent dans du logement social ou dans des logements très dégradés. Ils sont peu nombreux, spatialement réduits et situés au nord et à l’est de la capitale. Ces espaces et ces populations sont des enjeux importants pour la ville de paris.
Claude Dubois : Je pense qu’il n’y en a plus, plus aucune enclave géographique clairement définies en tout cas. Au-delà de quelques bistrots avec des patrons marrants et des gens qui font le spectacle, ce Paris-là n’existe plus. On ne voit plus les petits commerçants de quartiers qui allaient prendre l’apéritif ensemble, jouer aux cartes après le boulot etc. Le langage, l’argot sauvage des films à la Gabin qui s’entendait partout a disparu. Pendant 18 ans, j’ai eu une chronique au Figaroscope, Claude Dubois le titi, et dans ces papiers, en totale liberté, je dénonçais la colonisation des bobos.  
Ce qui est intéressant c’est qu’on a voulu créé ces nouveaux quartiers bourgeois du côté des Halles, notamment en y ouvrant un café Coste. Cependant, le fait de choisir ce même endroit pour y faire arriver de nombreux RER  n’a pas permis que les populations bourgeoises s’y sentent à l’aise, elles se sont alors déplacées vers le quartier de la Bastille puis Ménilmontant, la rue d’Oberkampf et ainsi de suite. Enfin, sous Jacques Chirac, il y a eu ce que l’on appelait le « rééquilibrage de l’Est parisien » qui a également embourgeoisé toute une série de zones dont celle désormais très appréciée du canal Saint-Martin.

La "gentrification" de la capitale n'est-elle pas en train de s'étendre aussi à la proche banlieue ?

Yankel Fjalkow : Le terme de gentrification est trop souvent galvaudé. Il suppose que tout Paris est conquis par une catégorie sociale, sociologiquement mal définie : la « gentry ». En fait, le processus n’est pas univoque, il y a des quartiers où le processus est considérablement ralenti voire freiné tant par les populations qui cherchent à se maintenir que par la construction de logements sociaux. La proche banlieue que vous citez s’est considérablement recomposée sociologiquement ces dernières années, mais le début de gentrification à laquelle on assiste est surtout le fait de couches moyennes qui n’arrivent plus à se loger dans Paris. Mais le problème est alors celui des couches les plus pauvres qui vivent dans de l’habitat privé inconfortable et qui voient celui-ci se réhabiliter. Le marché de logement qui leur est accessible se réduit. Soit ils acceptent de plus mauvaises conditions de logement pour se maintenir en zone centrale, soit ils partent plus loin.
Claude Dubois : La gentrification de la banlieue est un phénomène clair, bien que ce ne soit pas mon domaine de connaissances géographiques, je crois que les prix plus bas, les anciens ateliers qui se transforment en loft, ont permis de conserver un peu de populaire qui attire d’autant plus les nouveaux bourgeois. C’est aussi le désamour de Paris en tant que tel qui a provoqué ce phénomène en y poussant un profil sociologique de bobos à s’en éloigner pour les raisons pour lesquelles ils voulaient y vivre. Il y a donc peut-être paradoxalement plus de restes de la culture populaire mais pas tout à fait celle du Paris qui en est la source initiale.

Ce phénomène s'explique t-il par la seule montée des prix immobiliers ?

Yankel Fjalkow : Non, il y a aussi pour ces couches moyennes une certaine appétence culturelle, un gout d’histoire, une recherche de l’authenticité du « peuple » (nous y revoilà !) et de l’exotisme, qui les attire dans ces endroits. Mais il y a aussi la recherche de la localisation en zone centrale à proximité des moyens de transports, des lycées prestigieux, des lieux culturels. Aujourd’hui, le logement est devenu, aux yeux des individus, un outil de production de soi. La localisation conditionne et symbolise le succès scolaire, l’accès à l’emploi voire les liens affectifs. Les couches moyennes qui sont sous l’emprise de cette attraction centrifuge vont jusqu’à la première couronne. 

Dîner de cons – Copé serait homosexualiste

Je n’ai rien contre les dîners en ville à la sauce parisienne. Dans le passé, j’ai participé à ce type de happening politico-culinaire et je n’en suis pas mort. J’y ai parfois appris des choses très amusantes sur la face cachée de certains personnages publics. Cela dit, il ne faudrait pas non plus que ces sortes-là de dîners se résument à d’hypocrites exercices tels que Balzac les décrivait dans ses romans au 19ème siècle. Dernier exemple en date : au restaurant Nolita, avenue Matignon, Coppé aurait confié à ses voisins de table qu’à titre personnel, il était favorable au mariage gay.

J’ai écrit « hypocrites », car dans le cas précis, soit Copé a menti aux électeurs de droite, en participant à La Manif Pour Tous ; soit il a menti, lors de ce fameux dîner, à ses convives gauchistes, libertaires, et, pour certains d’entre eux, homosexuels, en se déclarant homosexualiste à titre personnel ; soit il n’a pas dit lors du dîner susmentionné qu’à titre personnel, il serait favorable au mariage gay ; et dans ce cas, ce sont les personnalités qui relatent l’anecdote qui sont des menteurs.

A ce propos, on peut lire sur le site Internet de l’hebdomadaire parisien d’extrême-gauche « Le Nouvel Observateur » que Jean-François Copé, président de l’UMP, s’est dit favorable à titre personnel au mariage pour les personnes de même sexe, selon l’animateur TV Stéphane Bern, homosexuel assumé, qui affirme cela dans « Salut les terriens » (extraits adaptés ; voir 1er lien en bas de page).
Côté face, dans la rue, Jean-François Copé manifeste contre le mariage pour tous et promet de réécrire la loi dès que la droite reviendra au pouvoir. Côté pile, dans un dîner privé, le président de l’UMP se déclare favorable au mariage gay, lit-on dans la presse parisienne de ce jour.
La prochaine édition – diffusée demain samedi 1er juin – de « Salut les terriens » (ndmg – sur la chaîne gaucho-libertaire parisienne Canal+ ; émission enregistrée jeudi 30 mai car ce n’est pas du direct) promet de relancer la polémique, affirment « Le Point » et « Ozap », aujourd’hui, vendredi 31 mai.
Invité de Thierry Ardisson (ndmg – animateur, que j’aime bien, de « Salut les terriens »), Stéphane Bern y relate un dîner avec Jean-François Copé auquel participaient aussi Dominique Besnehard, Marc-Olivier Fogiel, Frédéric Mitterrand, Bruno Le Maire, Nadine Morano, Bruce Toussaint et Audrey Pulvar. A cette occasion, Jean-François Copé a affirmé qu’il était pour le mariage pour tous, selon Bern.
« Je me souviens très bien de ce dîner », déclare Stéphane Bern : « Nous étions une dizaine de convives, du monde des médias, il y avait notamment Bruno Gaccio et Guillaume Durand. Jean-François Copé était venu avec sa compagne. C’était quelques semaines avant leur mariage, au restaurant Nolita, avenue Matignon. Le dîner était organisé par le programmateur de l’émission de Thierry Ardisson, Jacques Sanchez. Ce fut un dîner fort convivial et sympathique. On a soulevé la question du mariage homo. Autour de la table, tout le monde était pour. Jean-François Copé également, à titre personnel. C’était clair et net ».
L’animateur Stéphane Bern revient sur les raisons de son coup de gueule (ndmg- hier jeudi) dans l’émission d’Ardisson, qui sera donc diffusée demain samedi : « Je suis aujourd’hui très remonté contre les caciques de l’UMP, qui en privé se prononcent pour le mariage homo, et qui en public font descendre dans la rue les gens contre ».
Joint par « Le Nouvel Observateur », le comédien Dominique Besnehard confirme les propos tenus par Jean-François Copé. Le comédien situe le repas avant l’élection de François Hollande, dans un restaurant italien de l’avenue Matignon : « Pour moi il n’y a aucun doute, aucune ambiguïté sur ses propos. Jean-François Copé s’est prononcé clairement, en son nom personnel, en faveur du mariage homo », raconte Dominique Besnehard.
Il ajoute : « J’en ai justement parlé récemment à Stéphane Bern. On était assis à ce même restaurant, mercredi 29 mai. On s’est dit : c’est incroyable. Dans ce même restaurant, il y a moins de deux ans, avant le vote et toutes ces polémiques, Jean-François Copé nous disait qu’il était pour le mariage homo ». Stéphane Bern acquiesce : « effectivement, c’est Dominique Besnehard qui m’a rappelé ce dîner avec Jean-François Copé et ses propos d’alors ».
Lors du rassemblement de dimanche 26 mai, Jean-François Copé a indiqué que cette marche était sa dernière participation à une manifestation contre le mariage homosexuel : « Face à la loi désormais promulguée, il ne faut pas dire simplement qu’on doit tout casser ». Il expliqua : « Cette question du mariage homosexuel et de l’adoption touche aux consciences, à une certaine idée de la société ».
Sur le site Internet de 20 minutes on peut lire la confirmation que dans l’émission enregistrée jeudi et qui sera diffusée samedi sur Canal+, Stéphane Bern raconte qu’il a participé à ce dîner au cours duquel le président de l’UMP, Jean-François Copé, a assuré à ses voisins de table qu’il était favorable au mariage homosexuel, mais que pour des raisons politiques il avait décidé de dissimuler ses opinions, et même de battre le pavé aux côtés des opposants au mariage pour tous (extraits adaptés ; voir 2ème lien en bas de page).
Stéphane Bern réitère sur 20 minutes : « M. Copé nous a bien dit, devant Dominique Besnehard et Guillaume Durand : à titre personnel, je suis pour le mariage pour tous. Marc-Olivier Fogiel m’a confirmé par SMS ce vendredi qu’on était bien au même dîner ».
Au fait, qu’en dit Copé ?

Les nouvelles phobies que créent les grandes villes

Plus de dix millions de personnes dans le monde souffrent de diverses phobies. Les habitants des grandes villes sont deux fois plus susceptibles de développer ce type de maux que les personnes vivant dans des villes plus petites.

C’est tout au moins la conclusion à laquelle sont arrivés les experts du Fonds britannique pour la préservation de la santé psychique Mind. Toutefois, selon les spécialistes, l’ampleur du phénomène pourrait être beaucoup plus importante, car beaucoup cachent soigneusement leurs phobies.
Ca fait près de 50 ans que les habitants de la ville de Reeves lancent des appels à l’aide. Au début des années 1960, cette ville a reçu comme indicatif téléphonique le numéro 666. Par la suite, il s’est avéré qu’un nombre massif d’habitants souffraient d’une peur panique face au « chiffre du diable ». Et ce n’est que récemment que les opérateurs téléphoniques ont donné aux habitants la possibilité de changer le code de Reeves en 749, ce qui a grandement soulagé la population de la ville.
Ce que l’on nomme phobie, ce n’est pas une peur ordinaire qui nous est donnée par la nature comme moyen de défense, mais c’est une peur irrationnelle. Par exemple, si une personne souffre de claustrophobie, elle ressent une peur très forte à chaque fois qu’elle prend l’ascenseur ou quand elle se trouve dans un espace confiné. Elle est prise de tremblements dans tout le corps, souffre d’asphyxie. Elle peut aussi être prise de spasmes, de palpitations et d’une sensation de faiblesse. Toutefois, la personne se rend compte qu’elle n’est pas face à un réel danger, mais elle n’arrive pas, hélas, à contrôler sa peur.
Selon les experts, ces derniers temps, toutes sortes de phobies sont apparues dans le monde. Certaines personnes essaient de ne pas traverser de pont à pied ou de ne pas s’engager sur un escalator vide ; d’autres ressentent une peur panique face à un camion de dépannage, face aux stalactites de glace qui pendent des toits, ou encore face aux forces de l’ordre. Toutefois, depuis de nombreuses années, la peur la plus répandue est celle de prendre l’avion selon Sergueï Enikolopov, psychologue de l’Académie russe des sciences médicales :
« Beaucoup de gens boivent de l’alcool à bord des avions. Ils boivent parce qu’ils ont peur de voler, et pour se calmer. Cette crainte est associée à la peur des espaces clos. Il est important de noter que ces craintes sont de loin supérieures à ce qu’il est nécessaire de craindre en réalité. La probabilité d’accident est beaucoup plus faible en avion qu’en voiture. Mais les gens ont davantage peur des avions que des voitures.»
Comme le dit justement un conte populaire russe : « La peur a de grands yeux : elle voit ce qui n’existe pas. » Il est intéressant de noter que 30% à 50% de la population russe souffre de phobie du climat. Les prévisions météorologiques informant d’un « avis de tempête » se confondent souvent dans l’esprit des gens avec les reportages de télévision montrant les ouragans dévastateurs que connaissent les États-Unis. En conséquence, les personnes sensibles projettent de telles images dans leur vision de l’avenir.
Et les Allemands, curieusement, ont peur ... des ampoules à économie d’énergie. Et c’est à nouveau la faute d’une émission de télévision qui a évoqué les dangers et les risques liés à leur utilisation. Selon ce reportage, les lampes à économie d’énergie, que doivent utiliser les Européens, diffusent des substances chimiques dangereuses, qui peuvent causer le cancer. Les experts conseillent de ne pas utiliser ces lampes pour lire, et de ne pas les laisser à la portée des enfants car elles contiennent du mercure. Parole jetée prend sa volée, surtout à la télévision. Et les Allemands qui ne sont pas particulièrement sujets à de telles phobies, sont réellement effrayés. Mais dans la mesure où les lampes ordinaires ne sont plus fabriquées par l’industrie allemande, il est possible que bientôt la demande de bougies augmente de façon substantielle.
Pour les gens ne souffrant d’aucune phobie, tout cela peut sembler très étrange, voire farfelu. Cependant, pour les personnes atteintes de phobies, ce n’est pas du tout un caprice, mais une maladie qui les emprisonne au quotidien. Mikhaïl Kamelev, psychologue clinicien nous a expliqué comment sortir de ce cercle vicieux et se sentir enfin libre :
« Si nous parlons de phobies légères, dans la plupart des cas, elles passent toutes seules. Mais en général, la meilleure façon de se soigner est, bien sûr, de se tourner vers un psychothérapeute. Il ne faut pas attendre que la phobie atteigne un stade où le malade ne va plus réussir à se lever de son lit afin que rien ne lui arrive. Le plus efficace est de combiner psychothérapie et psychopharmacologie. »
 Le vieil adage « Combattre le feu par le feu » est particulièrement pertinent dans le traitement des phobies, de sorte que la plupart des psychiatres ont recours à la thérapie cognitive. Autrement dit, le patient s’habitue peu à peu à faire face à la situation ou à l’objet source d’angoisse, tout d’abord en l’imaginant puis en s’y confrontant concrètement. Les experts recommandent de ne pas éviter la peur, mais plutôt de la regarder droit dans les yeux.
Si vous êtes malgré tout atteint par cette maladie, ne vous inquiétez pas. De grands hommes étaient dans le même cas, comme Jules César qui avait une peur panique des orages, Joseph Staline qui souffrait d’aviophobie, et bien d’autres. Selon les scientifiques, la phobie touche les personnalités créatives et talentueuses, et son apparition est une bonne raison pour améliorer votre vie au quotidien.  N

Les indécents

Les indécents


On n’habitue à tout, paraît-il et on finit par ne plus voir les choses les plus lamentables. Le monde politique actuel dans son ensemble (je ne parle pas seulement des gouvernants) semble de plus en plus enfermé dans sa petite bulle de vanités, d’ambitions nombrilistes et de bêtise. Les exemples foisonnent : chamailleries débiles, humour dérisoire quand le pays s’enfonce dans le supplice du chômage de masse, auto proclamations prétentieuses, course effrénée aux honneurs etc. Dans l’histoire de la démocratie française, les choses étaient, me semble-t-il différentes. Les hommes d’Etat ne couraient pas après les places et les honneurs. Quand le pays avait besoin d’eux, ils répondaient à son appel, surtout en période de crise. Etre président du Conseil par exemple, avec les responsabilités que cela impliquait, n’avait rien d’une partie de plaisir et il fallait bien souvent se faire beaucoup prier pour accepter le poste. Aujourd’hui, de A à Z, nous voyons gesticuler des bandes de nano-politiciens sans esprit, sans envergure, sans caractère, bêtement agressifs, obnubilés par leur nombril (pour être poli), de purs communicants sans idées et sans volonté. Avec la décentralisation, le transfert des compétences aux juridictions et à la bureaucratie, notamment bruxelloise, les fonctions politiques nationales se présentent de plus en plus comme une coquille vide. Le « pouvoir » sert à pérorer et à se pavaner plutôt qu’à agir et prendre ses responsabilités. Les Français l’ont bien compris et ne manifestent aucune indulgence envers eux. Il faut voir le dernier classement des personnalités dans le Figaro Magazine. Pas une ne franchit la limite des 40% d’opinion favorables!  Pour casser cette logique de l’impuissance publique et du rejet de la politique, il faudrait une nouvelle génération de personnalités, unissant le caractère, l’intelligence de l’histoire, le désintéressement personnel, trois vertus fondamentales qui font si cruellement défaut aujourd’hui. Ceux qui existent avec ce profil –  j’en connais quelques-uns personnellement – sont condamnés à rester dans l’ombre car ils déplaisent à l’univers médiatique. S’il reste un espoir, c’est dans la démocratie,  le peuple, dans l’usage qu’il fera du suffrage universel à l’avenir, en imposant à grande échelle du sang neuf, en dehors des grands partis du système médiatique (ps-fn-fdg-ump), des personnalités nouvelles, anonymes, intègres, sans haine, sans cette démesure de l’ego qui caractérise les politiciens d’aujourd’hui, enfin simplement désireux de travailler ensemble pour sortir le pays du marasme.

Cave de l'Elysée : la vente rapporte 718.000 euros au total





La vente aux enchères d'une partie de la cave de l'Elysée, 1.200 bouteilles de grands crus, cognac et champagne jeudi 30 et vendredi 31 mai à Drouot a atteint 718.800 euros frais compris, soit plus du double de son estimation, a annoncé la maison de vente dans un communiqué.

Parmi les plus belles enchères, une bouteille de Petrus 1990 estimée à 2.200/2.500 euros a été adjugée 7.625 euros (frais compris). Deux bouteilles de Château Latour, 1er grand cru classé, Pauillac, 1982, estimée 2.000/2.200 euros a été emportée à 4.625 euros.
Dès jeudi, la première partie de la vente avait rapporté 295.663 euros, avec notamment deux Petrus 1990 adjugés à 5.500 et 5.800 euros.

Vente d'un dixième de la cave présidentielle

Les acheteurs proviennent "du monde entier", selon le commissaire-priseur Ghislaine Kapandji, de la maison Kapandji-Morhange, en charge de la vente.
C'est la première fois que l'Elysée vend ainsi une partie de ses vins, 1.200 bouteilles, soit environ un dixième de sa cave, constituée aujourd'hui de 12.000 bouteilles et créée en 1947, sous la présidence de Vincent Auriol.
L'Elysée a choisi d'en vendre une partie, afin de "permettre un renouvellement de sa cave par autofinancement", selon Drouot. "Dans un souci de saine gestion, le produit de cette vente sera réinvesti dans des vins plus modestes et l'excédent sera reversé au budget de l'Etat", précise la maison de vente.
ENCORE UNE IDÉE 

LUMINEUSEMENT FOIREUSE,

 D'UN PRÉSIDENT TOUT AUSSI 

FOIREUX.

TOUT ÇA POUR ÇA ? 

QUEL GÂCHIS, QUELLE 

CONNERIE !

IL AURAIT ÉTÉ PLUS 

SIMPLE DE TOUT VENDRE

POUR

RACHETER DES PETITES RÉCOLTES DE CHEZ NICOLAS !

Le monde est saturé de l'Islam

Selon un récent sondage d’opinion, le rejet de l’islam est aujourd’hui un phénomène commun à l’ensemble du monde occidental. Le sentiment d’une menace liée à la présence et la propagation de l’islam est partagé par tous, des Etats-Unis à l’Asie.

« L’islam reviendra en Europe, en conquérant et en vainqueur, après avoir été expulsé à deux reprises du continent ». Cette déclaration avait été faite par un leader islamiste radical, suite à la mort du pape Jean-Paul II. Il avait promis aux chrétiens de ne leur laisser qu’un « seul choix : se convertir à l’islam ou s’acquitter de la Jizya » (taxe imposée aux non-musulmans pour obtenir le droit de vivre en terre islamique). Il est clair qu’un tel scénario, qui semblait autrefois du domaine du fantastique, paraît aujourd’hui tout à fait réaliste. Dans un futur proche, le premier pays musulman d’Europe occidental pourrait bien être la France, où l’on compte près de 50 000 musulmans français de souche.
Les Européens eux-mêmes sont conscients de la situation. Une étude récente réalisée par la Fondation Bertelsmann montre que le rejet de l’islam est aujourd’hui devenu une caractéristique du monde occidental. Un sentiment de menace quant à la présence et à l’extension de l’islam est perçu par plus de la moitié des Espagnols et des Israéliens, ainsi que par 42% des Américains. En Europe, le niveau le plus élevé de rejet de l’islam a été enregistré en Espagne et en Suisse – et le plus bas au Royaume-Uni (45%). Dans le cas du Royaume-Uni, ce résultat peut être expliqué par le fait que l’étude n'a été menée qu’auprès de la moitié de la population – principalement des personnes issues de l’immigration ou de minorités ethniques. D’ailleurs, au cours des dix dernières années, 620 000 Britanniques de souche ont quitté la ville de Londres.
Selon certains, l’islam déferle actuellement sur le monde occidental grâce notamment à la force de ses traditions et de sa foi, alors que les Européens sont face à une crise de leurs valeurs familiales et à une situation de soif spirituelle. Yuri Tabak, écrivain et spécialiste des religions, estime que les ressources financières de la communauté musulmane jouent un rôle important dans cette conquête du monde par l’islam.
« Contrairement à d’autres religions, comme le christianisme ou le judaïsme, l’islam est actuellement une religion en expansion. Et conformément à ses préceptes et pratiques, les représentants de l’islam cherchent à étendre leur sphère d’influence à différents niveaux. Au niveau de l’installation des migrants et au niveau des mouvements islamiques beaucoup plus agressifs qui cherchent à appliquer le Coran et ses sources sacrées en conquérant le monde pour construire un califat mondial ».
Depuis plusieurs décennies, les difficultés démographiques et économiques ont conduit les pays de l’Union européenne à légaliser et même à promouvoir l’immigration en provenance des pays musulmans. Les hommes politiques européens ont même été jugé indécent de s’interroger sur la compatibilité des principes de l’Europe contemporaine avec ceux de l’islam. Ils ont prôné les idées de tolérance et de multiculturalisme. Malgré Samuel Huntington et son célèbre ouvrage Le Choc des civilisations, qui a souligné que l’islam et l’Europe étaient aux antipodes l’un de l’autre et qu’ils constituaient deux civilisations antagonistes intrinsèquement hostiles l’une à l’autre. En Union européenne, au contraire, l’idée d’intégration de la communauté musulmane, permettant à terme un rapprochement des civilisations chrétienne et musulmane, a prévalu.
Les exemples de travailleurs immigrés ayant fait des carrières exceptionnelles en Europe, voire même devenus députés européens, ont permis de soutenir ces thèses optimistes. Mais ces cas de réussites ne sont en réalité que des exceptions qui ne sont pas représentatives de la réalité des sociétés européennes désorientées et de ses élites politiques.
Néanmoins, selon Anatoly Krassikov, politologue, théologien et directeur du Centre d’étude de la religion et de la société de l’Institut Européen de l’Académie des Sciences de Russie, si l’Europe agit avec sagesse, le monde musulman peut devenir non pas un ennemi juré, mais un allié fidèle.
 « L’islam n’est pas en lui-même dangereux pour l’Europe. En son sein, il y a de nombreuses tendances différentes, dont bien sûr la charia. Et la conversion de l’islam à une autre religion peut être passible de mort. Le destin de l'Europe dépend de la façon dont les Européens réagissent à ces nouveaux colons installés sur leur territoire. Seront-ils capables de trouver une langue commune ? Cela ne pourra pas se faire par la répression, ce qui ne signifie pourtant pas que l’on doive se rapprocher des terroristes. Mais le terrorisme peut et doit être combattu en collaboration avec les musulmans. Car autrement, on va assister à une vague croissante de méfiance et d’aversion mutuelle qui risque de bouleverser gravement la situation en Europe, mais aussi des autres continents ».
Une interrogation préoccupe beaucoup l’Europe aujourd’hui : la croissance de la population musulmane va-t-elle conduire à l’islamisation du continent ? Beaucoup de dirigeants islamiques radicaux répondent déjà par l’affirmative. Les hommes politiques européens cherchent à ignorer cette question. Cependant, une telle attitude ne résoudra pas les problèmes. Cela conduit seulement à isoler la population musulmane locale et à augmenter l’influence de l’islam politique, et pourrait bientôt devenir une véritable menace à l’existence même de la civilisation européenne contemporaine. Pour l’instant, un tel scénario paraît encore possible à éviter, mais nous espérons que l’Europe, comme l’ensemble de l’humanité, ne va pas retomber au temps des guerres de religion.

Marine Le Pen pourrait perdre son immunité parlementaire


Une Commission du Parlement européen s'est prononcée cette semaine, lors d'un vote à huis clos, pour la levée de l'immunité parlementaire de la présidente du Front national français, Marine Le Pen, a annoncé samedi 1er juin un porte-parole de l'institution, confirmant une information de la BBC.
Le vote de la commission des Affaires juridiques du Parlement européen a valeur de recommandation. La décision finale sera prise le 11 juin en session plénière, a précisé Jaume Duch, le porte-parole. Les membres de cette commission "ont voté pour lever l'immunité" de l'eurodéputée d'extrême droite. "La plénière doit prendre la décision définitive le mardi 11 juin à Strasbourg", a-t-il déclaré. D'après une source proche du dossier, le vote a été "très défavorable" à la présidente du FN.
La France avait demandé en novembre 2012 au Parlement européen de lever l'immunité parlementaire de Marine Le Pen, après des propos tenus en 2010établissant un parallèle entre les prières de rue des musulmans et l'Occupation allemande. La commission des Affaires juridiques du Parlement devait examiner le dossier et donner un premier avis consultatif. Son rôle n'était pas de se prononcer sur le fond mais sur les motivations qui ont conduit les autorités françaises à engager ces démarches.
Les prières de rue, "une occupation du territoire"
Le 10 décembre 2010, s'exprimant devant des adhérents du Front national, Marine Le Pen, alors candidate à la présidence du parti fondé par son père, avait dénoncé les prières de rue des musulmans: "Je suis désolée, mais pour ceux qui aiment beaucoup parler de la Seconde guerre mondiale, s'il s'agit de parler d'occupation, on pourrait en parler, pour le coup, parce que ça c'est une occupation du territoire".
Ces propos avaient soulevé un tollé politique et le parquet de Lyon avait ouvert une enquête préliminaire pour "incitation à la haine raciale", après le dépôt d'une plainte du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap). Marine Le Pen avait ensuite affirmé que cette enquête avait été classée sans suite par le parquet.
Mais une plainte avec constitution de partie civile pour "provocation à la discrimination, à la violence et à la haine envers un groupe de personnes en raison de leur religion", émanant cette fois du Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), a déclenché l'ouverture d'une information judiciaire.
Pour Philippot, Marine Le Pen "dit la vérité"
Interrogé par l'AFP, Florian Philippot, vice-président du FN a fait valoir qu'il fallait "attendre le vote (définitif) du Parlement européen". Il a toutefois jugé que ce serait inouï si Marine Le Pen perdait son immunité "pour avoir dit la vérité sur les prières de rue qui existent toujours". "Les Français n'aiment pas qu'on leur cache la vérité", a-t-il prévenu.
Si Marine Le Pen perdait son immunité parlementaire, elle connaîtrait donc le même sort que son ancien rival pour la présidence du FN, Bruno Gollnisch. Ces dernières années, ce dernier, lui aussi député européen FN, s'était vu privé de son immunité parlementaire à deux reprises, après des propos qui avaient donné lieu à des poursuites en France. Cette procédure avait aussi touché Jean-Marie Le Pen en 1998, après ses propos, un an plus tôt à Munich, où il avait assimilé les chambres à gaz nazies à "un détail de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale".

Fractures politiques, coups bas et haines personnelles : les primaires parisiennes sont-elles en train de signer l'incapacité de l'UMP à vivre ensemble ?


Alors que Jean-François Copé et François Fillon semblaient prêts à tourner la page de l'élection contestée à la présidence du parti, François Baroin évoque "une querelle doctrinale profonde" avec les primaires parisiennes - dont Pierre-Yves Bournazel a demandé l'annulation - et une ambiance délétère, saumâtre comme toile de fond.

L'interview accordée par François Baroin à L'Express vient à nouveau semer le trouble au sein de l’UMP alors que Jean-François Copé et François Fillon semblaient prêts à tourner la page de l'élection contestée à la présidence du parti. Comment interpréter le timing de cette sortie médiatique ? Peut-elle avoir un lien avec les craintes des partisans de la candidature de NKM à la mairie de Paris de voir la primaire - dont Pierre-Yves Bournazel a demandé la fin du scrutin - prise en otage par les opposants au mariage homosexuel, plutôt proches du corpus idéologique de la droite forte ?

David Valence : Il faut voir cette intervention de François Baroin comme un symptôme. L'attention des médias est volontiers accrochée par le "duel" entre François Fillon et Jean-François Copé. Et ce traitement médiatique correspond à une certaine réalité : aujourd'hui, l'UMP est dirigée par une sorte de "Congrès de Vienne" permanent, où toute décision d'importance fait l'objet de négociations âpres entre Fillonistes et CopéistesFace à cette situation, l'ancien ministre de l'Economie exprime un double ras-le-bol

Comme Bruno Le Maire ou Laurent Wauquiez, il estime que l'UMP connaît actuellement une grave crise de leadership et qu'il faut, rapidement, que ce mouvement se remette à travailler sur le fond, et incarne un vrai projet alternatif pour la France. D'autre part, François Baroin nous dit qu'au fond, la lutte entre Copéistes et Fillonistes est un trompe-l'oeil, et qu'à ses yeux le vrai débat se joue ailleurs, et ne recoupe pas complètement ces questions de personnes. Ce débat de fond oppose, pour faire court, les partisans d'une droite très musclée, pour qui le combat politique se joue principalement sur des "valeurs" entendues dans leur sens le plus conservateur, et une droite qui veut plutôt mener la bataille sur le terrain économique et social, et qui se méfie des coups de menton autoritaires sur l'immigration, la sécurité ou la famille. 
Guillaume Bernard : Les partis politiques ont tous été dépassés par le mouvement de « La Manif Pour Tous ». Mais, au sein de la droite, l’aile modérée de l’UMP l’a été encore plus. Il est effectivement possible de penser que cette prise de position a pour premier objectif d’occuper à nouveau le terrain médiatique à un moment où il est généralement considéré (ce qui est très loin d’être certain) que l’opposition au mariage homo et à l’adoption par des duos de même sexe va s’étioler. Il s’agit de reprendre la main en lançant l’attaque. En terme d’échecs, d’aucuns diraient « avoir les blancs ». 
Marika Mathieu : L’UMP n’est en ordre qu’en apparence. Sa direction dite « paritaire » ne se définit qu’en fonction de l’équilibre entre Copéistes et Fillonistes, et non en fonction d’une ligne commune. Derrière cette parité entre « soutiens » de l’un ou de l’autre, la marmite des divisions de fond continue à chauffer. L’apparence figée du parti sous la présidence de Jean-François Copé ne semble qu’un mince couvercle pour ce que certains nomment « la balkanisation » de l’UMP. 
Les propos tenus par François Baroin dans son interview à L’Express ne sont pas nouveaux.Dès juin 2012, à la suite de la défaite de l’UMP aux législatives, l’ancien ministre de l’Economie et quelques autres, dont Roselyne Bachelot ou Jean-Pierre Raffarin, ont remis en cause le « ni-ni » (ni PS, ni FN). La ligne sous-tendue par cette stratégie électorale mise en place par Nicolas Sarkozy et Jean-François Copé était alors considérée par Baroin comme « troublante » pour les électeurs, et confuse quant à la nature de l’opposition de l’UMP au FN. Car que signifie le « ni-ni » ? PS-FN : même combat ? Où est passé le « front républicain » mis en place par Jacques Chirac ? Baroin s’est depuis montré plusieurs fois très critique à l’encontre de Jean-François Copé, l’appel de ce dernier à manifester le 26 juin lui ayant fait dire: « Est-ce là la nouvelle ligne du parti ? Si c’est le cas, je souhaiterais être tenu au courant car je ne suis pas d’accord. » (propos rapporté dans le Canard Enchaîné).
Cette dernière interview confirme donc l’opposition du député de l’Aube au style Copé, et plus profondément, rappelle les inquiétudes des anciens chiraquiens, les « néogaullistes », face au tournant idéologique du parti. Les primaires parisiennes ne sont qu’une nouvelle illustration de ce qui n’est en rien réglé à l’intérieur du parti : la question du leadership, de la ligne politique et de sa porosité vis-à-vis du FN.
L’UMP, plongée dans l’organisation de primaires, aujourd’hui municipales, demain présidentielles, se retrouve face à ses contradictions. Parcourue de courants, des Humanistes de Raffarin à la Droite forte de Peltier, leurs différentes expressions s’affrontent au sein des primaires alors même que leur terrain commun n’est pas visible, en dehors de leur appartenance à un même parti, plus proche de la machine électorale que de la maison-mère. Les primaires se transforment ainsi en théâtre de divisions lâchées en pleine nature (disons, dans chaque commune), et chacun tente d’y jouer sa carte personnelle, de Nathalie Kosciusko-Morizet à Guillaume Peltier, en passant par François Baroin.
Le corpus idéologique de la droite s’y révèle dispersé et contradictoire, sur les points notamment que cite Baroin : le protectionnisme, les sujets de société, l’Europe. Ce désordre n’est pas nouveau mais le système des primaires, comme le congrès interne de l’UMP en novembre 2012, oblige à s’en rendre compte. C’est un peu comme l’effet d’une loupe tournée vers un corps malade.
 

L'ancien ministre de l'Economie estime qu'il y a aujourd'hui "une vraie ligne de fracture entre ceux qui veulent déplacer le centre de gravité vers la droite et ceux qui, comme Alain Juppé, François Fillon et moi-même, souhaitent conserver l'esprit du pacte des fondateurs. Nous sommes face à une querelle doctrinale profonde." La fracture décrite par François Baroin existe-t-elle ? Par quelles lignes d'affrontement se matérialise-t-elle ? 

David Valence : Oui, de toute évidence. Je parlerais de fortes tensions plutôt que fractures pour le moment.  Ces tensions ne datent pas d'hier. Elles étaient très sensibles déjà dans les deux dernières années de la présidence de Nicolas Sarkozy. De 2010 à 2012, il y a eu deux Nicolas Sarkozy. Celui qui tenait des discours très rigoureux, très européens, sur la crise économique et le nécessaire esprit de sacrifice et d'effort que les Français devaient manifester pour y faire face. Bref, un Sarkozy très installé dans ses fonctions, habitant mieux le costume de chef de l'Etat qu'à ses débuts. Et, de l'autre, le Sarkozy du discours de Grenoble, le 30 juillet 2010. Les Juppé, Accoyer, Le Maire, Wauquiez, NKM et Baroin se retrouvaient bien dans le Sarkozy grave et présidentiel, moins dans celui de Grenoble. Alors qu'un Thierry Mariani, un Jean-François Copé ou un Patrick Buisson souhaitaient que Sarkozy appuie au contraire sur l'accélérateur droitier après Grenoble. Tous pensaient que la campagne présidentielle permettrait de trancher les choses. Mais Sarkozy a semblé vouloir y ménager les uns et les autres, ne satisfaisant personne.
Moralité? Ce débat très profond sur la vocation de la droite en France, ses références, sa politique, son discours et son système d'alliances n'a pas été tranché. Il faudra bien qu'il le soit un jour !
Guillaume Bernard : Il existe plusieurs fractures au sein de l’UMP. Il y a, bien entendu, des divergences idéologiques qui sont, ici, mises en avant. Mais il existe aussi des querelles de personnes, des enjeux liés aux stratégies de carrière. Il n’est pas certain que les prises de position des uns et des autres soient uniquement dues à des convictions. A l’automne dernier, les deux candidats à la présidence de l’UMP avaient, en règle générale, des soutiens dans toutes les motions, et ce d’autant plus que leurs programmes étaient proches. Les alliances internes peuvent donc aussi être fondées sur des amitiés, des proximités (par exemple géographiques quant aux circonscriptions électorales) ou des collusions d’intérêts. La dénonciation du déplacement vers la droite du centre de gravité de l’UMP relève sans aucun doute d’une certaine conviction mais pouvant converger avec la crainte de certains de se voir ringardiser et finalement remplacés dans les investitures et les postes de direction de l’UMP. 
Sur la question des lignes, l’actuelle composition de la droite est le résultat de deux siècles de ce qu’Albert Thibaudet a appelé le mouvement sinistrogyre : c’est-à-dire que les nouvelles tendances politiques sont peu à peu apparues par la gauche de l’échiquier politique et ont repoussé, sur leur droite, les mouvements et idées nés antérieurement. Ainsi, hormis la droite réactionnaire, les diverses tendances classées à droite sont-elles d’anciennes mouvances de gauche. Il existe donc, au sein de la droite, une droite « classique » et une droite « moderne » qui ne peuvent pas être identifiées aux différents partis puisque ces deux sensibilités sont présentes dans la plupart des formations (même si les proportions ne sont pas les mêmes). Plus concrètement, un thème permet de déterminer la ligne de fracture fondamentale : le corps social (la famille, la nation, l’Europe) est-il une donnée de l’ordre des choses (position classique) ou est-il une construction artificielle (théorie moderne) ? Pour résumer (alors que cela nécessiterait quelques développements), le classique est contre le mariage homo, le multiculturalisme et la construction européenne (du moins telle qu’elle se fait actuellement) tandis que le moderne y est favorable. 
Marika Mathieu : La division au sein des familles de droite est une vielle histoire. Ce sont les trois droites (Orléaniste-libérale / Bonapartiste-autoritaire / Légitimiste-conservatrice) telles que définies par l’historien René Rémond. Mais ce schéma a du plomb dans l’aile selon tous les observateurs du jeu actuel, et un historien comme Nicolas Lebourg vous dirait que la droite est à l’heure actuelle « dénuée de colonne vertébrale idéologique ». Les vieilles familles ne retrouvent plus leurs petits. Une ligne de démarcation peut cependant apparaître dans la confrontation entre deux « pôles » de droite. L’historien Michel Winock pourrait parler de néo-gaullisme d’une part et de national-populisme d’autre part, un politologue comme Jean-Yves Camus définirait plutôt les choses comme le libéral-centrisme confronté à la droite nationale-conservatrice ou identitaire. En des termes plus basiques, moins clairs, plus sarkozystes aussi, on peut parler de droite modérée et de droite décomplexée. Que le FN et la droite de l’UMP se fondent dans l’un des pôles semble de plus en plus acquis sur le plan des idées partagées.
Concrètement, c’est la nature de la « rupture » instiguée par le sarkozysme qui s’interroge ici. Nicolas Sarkozy est élu en 2007 après s’être emparé de l’UMP contre la volonté de Jacques Chirac. L’UMP a pour objectif d’origine celui d’unifier droite et centre droit et donc de sortir des divisions UDF-RPR. En rompant avec le chiraquisme, en créant le ministère de l’Immigration et de l’identité nationale, dans quelle mesure le sarkozysme n’est-il pas une rupture avec le pacte fondateur de l’UMP ? Dans quelle mesure n’a-t-il pas renversé l’ambition de l’UMP en assumant une droitisation comme condition de possibilité de sa victoire ? La ligne de démarcation est là : l’allié est-il au centre, ou à droite ?
L’Europe est l’enjeu symptomatique par excellence. On y trouve l’expression de la division sur la ligne qui sépare les humanistes (Raffarin, Châtel) partisans d’une Europe fédérale à l’intégration renforcée sur la base franco-allemande, et la droite populaire (Thierry Mariani) qui souhaite le réveil de « l’Europe des Nations » freinant toute nouvelle intégration. Des députés de La Droite populaire ont déjà menacé d’une liste dissidente si leur position n’était pas prise en compte. On remarquera le silence de la Droite forte sur cet enjeu. Alors que les élections européennes s’annoncent comme le lit d’une victoire pour les partis extrémistes et/ou eurosceptiques, l’UMP est confrontée au premier enjeu de devoir exister sur cette scène tourmentée. Les appels au débat se multiplient, ultime tentative pour trouver, dans l’urgence, une ligne commune crédible.

François Baroin critique Patrick Buisson, l'un des conseillers de Nicolas Sarkozy, "qui n'a aucune légitimité pour parler au nom d'un peuple qu'il n'a jamais rencontré" et dit donc que "l'influence nocive" doit être combattue. Il vise également Guillaume Peltier, l'un des leaders de la Droite forte, dont il rappelle qu'il a combattu l'UMP "quand il était à l'extrême droite ou avec Philippe de Villiers". Quelle est aujourd’hui l’influence de la droite forte sur l’UMP ? Quelle force représente cette ligne au sein du parti ?

David Valence : La légitimité d'un Patrick Buisson ou d'un Guillaume Peltier n'a, en effet, pas été éprouvée sur le terrain électoral, puisqu'ils ne détiennent aucun mandat national. L'un et l'autre n'étaient, jusqu'à une date récente, que des "conseillers du prince" qui, lorsqu'ils avaient fait l'épreuve du feu électoral, comme Guillaume Peltier à Tours, n'avaient pas recueilli l'assentiment des électeurs pour défendre leurs idées dans les palais nationaux. Depuis lors, M. Peltier a gagné une légitimité "militante". La motion qu'il a portée avec Geoffroy Didier, "La Droite Forte", a rassemblé un peu plus d'un adhérent UMP sur quatre (27,8%), c'est un résultat qui lui donne du "poids" au sein du Parti. D'autant qu'il semble que Patrick Buisson et Guillaume Peltier aient l'oreille de Jean-François Copé. Leur pari est désormais, à travers la primaire parisienne, de montrer leur pouvoir de nuisance : s'ils font échouer NKM en invoquant son abstention sur la légalisation du mariage gay, ils pensent qu'ils auront fait la preuve que rien, à l'UMP, ne pourra plus se faire sans eux.  
Guillaume Bernard : Tout dépend du point de vue adopté. Plus on s’éloigne de la tête du parti, plus sa représentativité progresse. Il suffit de regarder les résultats du vote sur les motions pour le constater. De même, les enquêtes d’opinion semblent montrer que les sympathisants et électeurs potentiels de l’UMP partagent, pour beaucoup, les prises de position de la Droite forte. Au sein de la base, celle-ci ne dispose peut-être pas (encore ?) d’une majorité absolue mais bien d’une majorité relative. 
Marika Mathieu : Patrick Buisson est un homme de sondages. C’est un conseiller dont l’influence politique ne peut se comprendre qu’à ce titre. Comme le rappelle François Baroin,il n’a aucun pouvoir autre que celui d’être écouté par un nombre considérable de dirigeants politiques à droite, de l’UMP au FN. En 2005, c’est son travail sur le référendum sur la Constitution européenne dont il a « prédit » le non à 55% qui lui a attiré les faveurs, pour ne pas dire la fascination de Nicolas Sarkozy. Ce qui s’est mis en place depuis, dont Patrick Buisson participe sans pour autant l’avoir inventé, c’est « la démocratie de l’opinion » dirait Michel Winock, la décision politique sur base d’analyse de l’opinion. Cette gouvernance se met en place sans égard pour les lignes de fractures idéologiques traditionnelles. C’est une navigation au gré des études qui explique en partie la difficulté à situer Nicolas Sarkozy dans une famille de droite en particulier.
Cette démocratie de l’opinion est aujourd’hui le terreau fertile de la Droite forte, dont Guillaume Peltier, son leader, s’est arrogé le statut d’homme politique non en tant qu’élu, mais en tant que spécialiste des sondages, d’abord au MPF, puis comme chargé des études d’opinion pour l’UMP. Il en a fait son métier et dirige une société spécialisée dans ce domaine. C’est ainsi qu’il a gravi les échelons et s’est constitué un réseau allant d’un bout à l’autre de l’UMP. C’est un symptôme parmi d’autres d’un phénomène dont l’emprise est massive sur les leaders mais aussi sur les militants, par le biais d’une sur-présence médiatique et d’un discours élaboré « en continu ».
Au-delà de la démocratie de l’opinion, on ne peut nier l’existence d’un dessein politique, celui-ci là aussi fondé sur une étude minutieuse de la carte électorale. Patrick Buisson et dans sa foulée Guillaume Peltier sont persuadés d’un glissement des valeurs traditionnelles de l’électorat vers la droite nationale et identitaire, glissement auquel il faut répondre sur le terrain des fonctions régaliennes de l’Etat, du rejet de l’immigration à celui de l’Europe fédérale, pour assumer le besoin d’autorité, de sécurité et de protection exprimé par « la base ».

La Droite forte est-elle compatible avec une ligne plus traditionnelle ?

Guillaume Bernard : Tout dépend de ce que vous appelez une ligne « traditionnelle ». Le discours dominant du parti de droite modérée (RPR puis UMP) a plus que sensiblement évolué au fil du temps. Qu’ont en commun l’appel de Cochin de Jacques Chirac en décembre 1978 et les prises de position de ce dernier en faveur du « Traité établissant une constitution pour l’Europe » à l’occasion du référendum de 2005 ? En tout cas, si vous regardez la plate forme RPR-UDF pour les élections législatives de 1986 – elle a marqué les esprits parce que c’est le programme qui a permis le retournement de l’alternance de 1981 – c’est le discours de la Droite forte qui semble en être, dans l’esprit, le plus proche. 
Marika Mathieu : C’est tout l’ambiguité de la Droite forte dont le succès repose sur un discours "basiste" à connotation anti-parlementariste. La Droite forte est un mouvement qui navigue à l’intérieur de l’UMP, elle joue sur la ligne de ce qui la rend acceptable ou non au sein de la droite de gouvernement. Son succès à l’échelle du congrès interne de l’UMP lui a donné un crédit inespéré, celui de représenter une base militante en colère contre les leaders traditionnels de l’UMP. La Droite forte se targue d’être ainsi devenue incontournable mais ses promesses électorales sont intenables dans la durée. La Droite forte s’est emparée du mariage gay jusqu’à se faire l’emblème des anti au sein de l’UMP, assurant pouvoir revenir sur la loi Taubira en cas de retour aux affaires, appelant à faire battre Nathalie Kosciusko-Morizet à Paris en raison de son abstention. Son programme contient des propositions par ailleurs uniquement destinées à faire parler d’elle, sans égard pour leur caractère applicable. La sanction de cette irresponsabilité pourra se faire par les urnes, les dirigeants de la Droite forte ne sont à ce jour élus nulle part, elle pourra également avoir lieu lors d’une clarification de la ligne idéologique de l’UMP. Le succès de la Droite forte tient à ce jour essentiellement à l’absence de définition et de débat clair sur un programme commun. Tant que certains sujets restent interdits, la « droite sans tabou » continue de faire son lit.

Sommes-nous en train de voir ressurgir l'opposition entre la droite laïque et libérale et la droite catholique et conservatrice ? La droite est-elle en train de revivre, en mode 2013, la lutte entre droite bonapartiste et droite orléaniste ? Avant la création de l’UMP, la droite était divisée entre les gaullistes du RPR, les libéraux et les centristes de l'UDF. Ces divisions sont-elle en train de ressurgir aujourd’hui ou s’agit-il d’un clivage nouveau ?

David Valence : Non, je ne pense pas du tout qu'une grille de lecture inspirée du maître-ouvrage de René Rémond, "Les droites en France", permette de comprendre ce débat, ces tensions. En réalité, la création de l'UMP en 2002, puis l'arrivée de Nicolas Sarkozy à sa tête en 2004 ont marqué la fin d'une époque. Jusque-là, la droite française était un peu une bizarrerie dans le paysage des droites européennes. Les débats s'y faisaient entre une droite décentralisatrice, très "euro-enthousiaste", libérale économiquement et culturellement, mais assez méfiante à l'égard des politiques de redistribution (l'ancienne UDF) et une droite jacobine, plus ou moins eurosceptique, dirigiste, plutôt frileuse en matière sociétale et volontiers sociale (l'ancien RPR), pour faire vite.
Aujourd'hui, la question porte plus sur les priorités : l'économique et social ou les valeurs? Ce débat se double d'un autre, sur les alliances et les stratégies électorales : faut-il aller chercher des voix au centre, voire à gauche, comme Nicolas Sarkozy avait su le faire en 2007 en mettant le "travail" au cœur de sa campagne, ou à la droite de la droite, comme il a cherché à le faire dans les derniers jours de sa campagne de 2012?
Ce débat se retrouve, au fond, dans d'autres partis de la droite européenne. Je pense en particulier au Parti populaire espagnol et au Parti conservateur  britannique. Dans un cas comme dans l'autre, ce sont des leaders "modérés", Rajoy et Cameron, qui leur ont permis de remporter les élections, respectivement en mai 2010 et en novembre 2011...
Guillaume Bernard : Vous faites allusion à la tripartition de la droite proposée par René Rémond (droites légitimiste, bonapartiste et orléaniste). Il est difficile d’y revenir, ici longuement. Cependant, il convient de rappeler que certaines auteurs (Frédéric Bluche en particulier) ont montré qu’elle était discutable (même si elle était brillante) : le bonapartisme et l’orléanisme peuvent être analysés non comme des tendances de la droite mais comme des centres authentiques, le premier par synthèse des extrêmes (la Révolution et la Contre-révolution), le second par rejet des extrêmes (la République et la Monarchie « absolue »). Ces familles politiques ne sont donc peut-être pas aussi facilement utilisables que l’on pourrait le croire pour analyser le système partisan. En revanche, la concurrence entre les droites libérale (au sens européen et non américain du mot) et conservatrice est parfaitement claire (pour ma part je préfère dire « moderne » pour la première et « classique » pour la seconde). Elle avait été étouffée en raison d’un ennemi commun : le régime marxiste de l’URSS et du bloc de l’Est. Depuis l’effondrement de ce dernier, naturellement, elle réapparaît. 
Les sensibilités politiques passées que vous évoquez sur l'avant-UMP existent toujours mais plus sous une forme partisane. En outre, les clivages partisans ne correspondent pas toujours aux clivages idéologiques. Vous aviez, par exemple, à l’UDF des personnes plutôt très à droite mais qui n’étaient pas au RPR parce qu’elles n’étaient pas gaullistes. La création de l’UMP a tourné la page du gaullisme partisan (si tant est que le RPR ait jamais été un parti vraiment gaulliste…) ne serait-ce que pour des raisons de renouvellement du personnel politique (qui n’a pas connu la chute de la IVe République et les événements dans les départements d’Algérie). Hormis certaines personnalités et certains électeurs parmi les plus âgés, le gaullisme en tant que tel n’est plus un critère d’identification et de classification. En revanche, un certain nombre d’enjeux liés au gaullisme historique (comme la défense de la souveraineté nationale) sont toujours d’actualité et peuvent être clivants au sein de la droite. 
Marika Mathieu : La nouveauté tient à l’ancrage avéré du FN dans le paysage politique. Il n’est plus même une exception française. Son modèle est aujourd’hui installé dans toute l’Europe. L’UMP qui devait assurer sa perte n’a fait au contraire que le renforcer au point de s’interroger sur la nécessité d’en faire son allié ou du moins, d’en absorber le contenu.

Au-delà des différences idéologiques, la ligne de démarcation n'est-elle pas également fonctionnelle ?

David Valence : C'est une question difficile. Il faut d'abord se souvenir qu'en France, les partis sont faibles, par rapport aux autres pays d'Europe. Le Parti populaire compte par exemple 700.000 militants, en Espagne, contre 320.000 seulement pour l'UMP, en France. On peut donc dire que la légitimité "populaire" des choix effectués par les formations politiques est moins forte, en France, qu'en Allemagne, en Grande-Bretagne ou en Espagne, par exemple. J'en prends un exemple simple : Jacques Chirac, qui n'a jamais réussi à réunir plus de 21% des Français sur son nom au premier tour d'une élection présidentielle, a pu se maintenir à flots pendant des décennies grâce au soutien de "ses" militants du RPR, et alors même que les échecs cuisants de 1981 et de 1988 montraient que les Français ne voulaient pas vraiment de lui. Aujourd'hui, la Droite forte, forte des 27,8% obtenus lors du vote des militants fin 2012, se revendique du soutien de la base, bref, du "peuple" contre des modérés censés représenter les élites. Mais la "base" de l'UMP est assez différente de l'électorat de droite en général, et la prendre comme mètre étalon de ce que voudrait le "peuple" est à tout le moins hasardeux...
Guillaume Bernard : Il faut quelque peu relativiser l’opposition que vous établissez car il y a tout de même peu de militants dans les partis politiques (quelles que soient d’ailleurs leurs positionnement sur l’échiquier politique) : les partis (et syndicats) de masse n’existent plus.Cela dit, il existe bien une distorsion entre les cadres (peu ou prou parisiens) et les militants (plutôt provinciaux), entre les professionnels de la politique (les cyniques) et les amateurs (les naïfs). Si le décalage devient trop important, les militants s’en vont ailleurs ou agissent en dehors des structures partisanes voire contre elles. Le mouvement de « La Manif Pour Tous » en est un exemple très révélateur. 

Si l'UMP est fracturée aussi profondément que Baroin le dit, comment peut-elle tenir ? Les différentes sensibilités peuvent-elles réellement cohabiter et comment ?

David Valence : Je vais vous faire une réponse très cynique en apparence, mais très sérieuse en réalité. Il ne faut jamais oublier que les formations politiques sont des organisations dont le but est, théoriquement, la conquête et l'exercice du pouvoir. C'est particulièrement vrai pour les partis de gouvernement "naturels" que sont le Parti socialiste, l'UMP ou l'UDI. En conséquence de quoi les clivages s'apaisent souvent à mesure qu'approchent les échéances vraiment significatives, c'est-à-dire les présidentielles et les législatives.
Je pense que donc le débat est assez vain s'il doit se résoudre par une exclusive. La droite dure ne peut rien gagner sans le soutien des modérés, et les modérés sans l'appui de la droite dure en seront réduits à un tronçon de glaive. L'idéal serait évidemment que la droite se découvre un leader capable de faire tenir ses différentes sensibilités ensembles, tout en affichant plutôt un profil rassembleur : car l'expérience de Nicolas Sarkozy en 2012 a montré qu'en clivant exagérément à droite, on perdait les élections. D'ici 2017, en réalité, c'est surtout la question des alliances qui posera problème. C'est à travers elle que le clivage qui parcourt l'UMP sera révélé, et peut-être résolu. En ces matières, il n'y a pas de demi-mesures : ou vous vous alliez avec quelqu'un, ou vous ne le faites pas.
Guillaume Bernard : Le pire serait de faire semblant de croire que les divergences n’existent pas. C’est en les identifiant sereinement qu’un modus vivendi peut être trouvé. Ensuite, il est tout de même possible de se rencontrer sur certaines mesures concrètes. S’il est certain qu’un libéral et un catholique social ne partagent pas la même doctrine, il est cependant envisageable de trouver un accord : par exemple, la liberté de l’enseignement peut être justifié soit par la défense de l’initiative privée soit par le principe de subsidiarité. Il est cependant certain qu’un tel exercice connaît ses limites en particulier sur les questions sociétales. 

Comment les choses pourraient-elles évoluer ? François Baroin demande que soit rétabli "le barrage établi par Jacques Chirac qui a eu pour effet de faire éclater le FN en deux". L'ancien ministre estime qu'il y a "à la droite de l'UMP, une trop grande porosité entre les positions traditionnelles de l'extrême droite." Le débat sur la droitisation et les éventuelles alliances locales avec le FN pourrait-il ressurgir lors des prochaines élections municipales et provoquer un éclatement de l’UMP ?

David Valence : Les tentations d'alliances avec le FN existent, à droite, depuis... 1983. Le refus de la main tendue n'a pas empêché la droite de gouverner de 1993 à 1997, puis de 2002 à 2012. Ce n'est pas si mal, tout de même ! La droite et le centre-droit doivent d'abord chercher à rassembler un maximum de Français autour de leurs propres idées, plutôt que de se résigner à un renversement d'alliances qui serait traumatisant, et rédhibitoire pour une grosse fraction de leur électorat.
Guillaume Bernard : La question des alliances de l’UMP avec le FN ressurgira tôt ou tard parce que si elles sont rejetées par une majorité des Français, elles sont désirées par une très importante part des électeurs de ces deux formations. Il est vrai que les directions de ces deux formations y sont, sans aucun doute, beaucoup moins favorables. A l’UMP, il y a déjà eu une évolution puisque l’on est passé du « Front républicain » contre la FN au « ni-ni » : ni alliance avec le FN, si collusion avec la gauche contre le FN. Mais, la direction de l’UMP craint effectivement l’éclatement. Au FN, les alliances sont souhaitées parce qu’elles permettraient de mettre fin au « cordon sanitaire », mais sans qu’elles soient généralisées car elles feraient perdre à ce parti sa spécificité de formation « hors système ». Cependant, au-delà de la question des alliances avec les partis extrêmes de leurs camps, les grands partis modérés, de droite et de gauche, l’UMP et le PS, vont être confrontés à des problèmes de cohérence idéologique et programmatique interne autrement plus épineux, en particulier à l’occasion des élections européennes de l’année prochaine. Alors que leurs électeurs sont divisés sur la construction européenne, vont-ils présenter des listes « panachées », accepter des listes dissidentes ? Si les élections municipales seront un test pour le parti socialiste, les élections européennes vont l’être pour tous les partis dits de gouvernement. Si l’UMP risque un éclatement, c’est non seulement à propos de ses relations avec le FN mais également à cause de ses propres dissensions internes. 
Marika Mathieu : Le débat sur les alliances est déjà au cœur de la préparation des municipales. Marine Le Pen, fermée à toute idée d’alliance sur le plan national, a cependant laissé la porte ouverte sur le plan local. A Gamaches, dans la Somme, le représentant local de l’UMP a été suspendu par le parti pour avoir ouvert sa liste au Front National pour les municipales de 2014. Cette sanction se veut « exemplaire » et dissuasive face à la tentation frontiste qui monte chez les candidats UMP en difficulté. Mais  l’exemple de ce candidat dans la Somme est parlant : il préfère renoncer à l’étiquette UMP et se présenter en divers droite de manière à préserver ses chances de victoire. Les politologues y voient le modèle reproductible dans le quart Sud-Est, dans le Vaucluse et dans le Gard, particulièrement sous pression du vote FN.
Selon un récent sondage de l’Ifop, un sympathisant UMP sur deux est désormais favorable aux alliances locales avec le FN. Plus globalement, moins de la moitié des sympathisants de droite considèrent désormais le FN comme un danger pour la démocratie.Après l’impressionnante série de sept défaites de l’UMP, dont l’implantation locale est devenue tout aussi problématique que sa représentation nationale, le désir de reconquête peut se révéler plus fort que les digues partisanes.

Mais la droite peut-elle vraiment se le permettre ?

Guillaume Bernard : Des formations politiques peuvent s’éteindre très rapidement (pensons, par exemple, au MRP qui a pourtant dominé presque toute la IVe République) ; de nouvelles peuvent éclore avec la même rapidité. L’éclatement de l’UMP provoquerait une recomposition de la droite qui aurait le mérite de mieux traduire, de rendre plus palpables les enjeux idéologiques profondsLe clivage droite-gauche a été cristallisé par l’élection du président de la République au suffrage universel direct. Mais, les fractures idéologiques réelles passent beaucoup plus au sein de la droite et au sein de la gauche qu’entre elles. A la condition d’être effectivement ouvert à tous ceux – quels que soient leur engagements passés – qui partagent sa « philosophie », un nouveau parti de droite « classique » aurait sans doute des cartes à jouer. Cela s’inscrirait d’ailleurs dans ce que j’ai appelé le « mouvement dextrogyre », c’est-à-dire que, depuis une vingtaine d’années, la novation politique vient par la droite qui reconquiert le terrain perdu sur les idées de gauche qui l’avait peu à peu « colonisé ». 

Finalement, cette déclaration de François Baroin doit-elle être interprétée comme la marque d'une conviction profonde ou comme une réaction liée au contexte politique particulier, un moyen d'occuper le terrain ?

Guillaume Bernard : Je ne peux pas sonder la conscience des personnes. Cela dit, de deux choses l’une : ou bien Monsieur Baroin (puisque c’est à son propos que vous m’interrogez mais la question se pose de manière plus générale) préconise vraiment un éclatement de l’UMP, ou bien il pose, ici, les premières pierres d’un chantage interne : pour l’éviter, il faut conserver les équilibres internes actuels et ne pas laisser trop de place (en particulier dans les investitures) à de nouvelles têtes. En tout cas, sa prise de position me semble confirmer l’un des effets du « dextrogisme » ; les hommes politiques classés à droite sont confrontés à une alternative : adapter leurs programmes pour maintenir leur positionnement électoral à droite ou accepter de glisser sur leur gauche s’ils entendent maintenir leur discours. 
Marika Mathieu : La déclaration de François Baroin souligne deux choses. D’une part, son désaccord avec la droite nationale-conservatrice exacerbée sous la présidence de Jean-François Copé. D’autre part, la question centrale du sarkozysme et de son inventaire. En disant attendre de savoir quelles sont les intentions de Nicolas Sarkozy qui demeure selon lui l’homme de la situation, François Baroin fait du mal un remède. L’échec de Nicolas Sarkozy laisse la droite en proie à toutes les divisions, meurtrie par une série d’échecs. Son retour lui redonnerait la seule cohérence qu’elle semble capable de se donner : celle du chef. C’est une manière de reculer par rapport à l’enjeu du problème. Ce n’est pas tout de dénoncer la porosité entre l’UMP et le FN, encore faudrait-il aller au bout de cette critique en assumant les raisons de cette évolution. Monsieur Buisson n’a jamais été président de la République et ne le sera jamais. Par ailleurs, face à 50% de son électorat prêt à considérer le FN comme un allié, il n’est pas suffisant de s’y opposer pour des raisons morales ou historiques. Le terrain des idées reste à reconstruire pour la droite libérale centriste. Sur les questions de frontières, d’immigration, d’Europe ou de société, la droite modérée est en panne d’idées. Et pour ce qui est d’une vision englobante, capable de restaurer les vertus du modèle gaulliste largement oublié, c’est la panne sèche.
Reste une guerre de positions dans laquelle le pôle modéré dispose d’une influence pour le moins… modérée. Le terrain a de grandes chances de lui échapper, comme ce fut le cas au cours des sept dernières élections.