TOUT EST DIT

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mercredi 29 mai 2013

Manifestation d’extrême-droite contre la construction d’une mosquée à Athènes


Une centaine de Grecs issus de l’extrême-droite ont manifesté contre la construction d’une mosquée à Athènes, la seule capitale européenne à ne pas accueillir de lieu de culte musulman officiel.

La Grèce compte près de 500 000 musulmans, dont quelque 40 % vivent à Athènes qui est la seule capitale de l’Union européenne à ne pas posséder de mosquée officielle. Dès lors, les musulmans sont obligés de prier dans des lieux de culte improvisés : caves, sous-sols, entrepôts.
Récemment, le gouvernement grec a autorisé la construction d’un lieu de culte musulman, qui serait subventionné par l’Etat. Mais les partisans de l’extrême-droite s’y opposent farouchement. Notamment l’Aube dorée, le parti grec d’extrême-droite qui possède 18 sièges au Parlement, a promis d’enfreindre la construction d’une mosquée à Athènes.
Dimanche une centaine de personnes ont manifesté avec des pancartes pour dire « Non à la mosquée » et « Pas de charia ». Ils jugent inacceptable la construction d’une mosquée avec les deniers de l’Etat, en pleine période de crise économique.


Puissance fantôme : quelqu’un a-t-il encore une idée de ce que l’Europe pourrait faire de son destin ?


Après des mois de tergiversations, les ministres européens des Affaires étrangères ont décidé, lundi soir à Bruxelles, de lever l'embargo sur les armes pour les rebelles syriens. Mais faute de consensus sur une potentielle intervention, les Vingt-Sept privilégient toujours une solution politique. Au-delà de la complexité de la situation, l'indécision européenne dans la gestion de la crise syrienne traduit-elle un manque de vision et de stratégie de l’Europe sur les questions diplomatiques ?

Guillaume Lagane : L'Europe est caractérisée par les divisions de ses États membres. On l'avait vu par exemple sur le dossier libyen en 2011 avec le soutien de la France et l'Angleterre à l’opposition libyenne alors que l'Allemagne avait refusé de voter la résolution de l'ONU qui autorisait l'intervention. La Syrie est un nouvel exemple de ces divisions européennes entre des États interventionnistes comme la France et l'Angleterre et des États davantage neutralistes ou pacifistes comme l'Allemagne et les pays du Nord.
Pierre-Henri d'Argenson : Il y a bien un service européen pour l’action extérieure, autrement dit un embryon de diplomatie européenne, mais ce que l’on nomme "stratégie européenne" n’est, et ne peut être, qu’un compromis entre les visions parfois contradictoires des différents Etats qui la composent, et c’est une excellente chose. Il faut absolument renoncer au mythe d’une Europe puissance qui se serait appropriée l’ensemble des prérogatives des États. Cela ne se produira pas, parce qu’il n’y aura jamais d’armée européenne. Personne ne mourra jamais pour un drapeau européen. Il n’y a pas de cimetière européen. L’Europe doit au contraire agir comme un multiplicateur d’influence et de puissance des États qui la composent, et ses institutions doivent s’employer à faciliter l’adoption d’une stratégie commune durable et cohérente. Il faut bien avoir conscience qu’aucune crise dans le monde ne peut être résolue sur un mode uniquement "diplomatique". En filigrane, il y a toujours la possibilité de la guerre, que seuls les États ont la légitimité de conduire. Ce que l’on peut regretter, c’est effectivement que sur la question syrienne comme sur d’autres, chaque État européen continue de ne réagir qu’en fonction de sa propre vision des choses, et surtout que les puissances responsables, volontaires et agissantes comme la France soient en pratique si peu soutenues dans leur action par ceux-là même qui demandent toujours plus d’intégration européenne… Suivez mon regard vers l’autre côté du Rhin !
François Géré : La solution "politique" ou "diplomatique" n’est qu’une manière, hélas classique, pour masquer le refus et l’incapacité d’un véritable engagement. Dans ces conditions, la Conférence Genève 2 est un échec déjà annoncé. L’UE n’a pas démontré une indécision mais une division profonde et durable qui, une fois de plus s’est traduite par l’incapacité du SAE à agir. Déjà en 2003 l’UE s’était divisée sur l’engagement en Irak. Les Etats-Unis recevaient le soutien des Britanniques, des Polonais, des Tchèques tandis que la France et l’Allemagne rejoignaient la Russie dans leur opposition à l’invasion de l’Irak.
Aujourd’hui dans le cas syrien, on constate une division dont la nature est nouvelle et bien plus complexe. La Grande Bretagne pousse à l’action de soutien. La France qui a été la première à reconnaître la nouvelle entité syrienne a déclaré vouloir soutenir militairement l’Armée syrienne tout en conditionnant ce soutient à l’aval des Nations Unies et à celui de l’Union européenne. L’Allemagne est constante dans son refus de tout engagement extérieur (à l’exception de sa participation en Afghanistan critiquée et aujourd’hui regrettée comme fort peu utile). Quant à la Russie, loin d’être abstentionniste, elle est devenue un acteur majeur dans la guerre civile, en soutien de Bashar el Assad. Les cartes diplomatiques sont donc brouillées en sorte que l’UE en fait les frais.

La véritable question est de savoir si les différents Etats occidentaux concernés disposaient et disposent encore des capacités d’une intervention ne parlons même pas au sol mais simplement d’une capacité à soutenir efficacement ceux dont ils approuvent la légitime rébellion, notamment par l’envoi d’armes et d’instructeurs. Les Etats-Unis sont encore les seuls à disposer de moyens mais ils ne veulent plus s’engager sur le terrain, pas même établir une "no fly zone" (espace d’interdiction aérien) comme ce fut le cas en Lybie.
Par ailleurs, les Etats européens montrent une grande prudence à l’égard de l’opposition syrienne. Force est de tenir cette réserve pour justifiée quand on analyse les composantes de l’opposition dont la force principale sur le terrain, Le groupe jihadiste Al Nosra s’est déclaré membre d’Al Qaida. On vérifie à nouveau qu’il n’existe pas de politique européenne commune et que le Service d’Action Extérieure ne peut agir comme un ministère européen des affaires étrangères.

Cette Europe qui est la première puissance économique mondiale semble n'être au service de rien. Quelles sont les causes profondes de ce vide intellectuel ?

Guillaume Lagane : L'Union européenne est une puissance économique majeure : elle représente le tiers du PIB mondial et c'est la troisième population mondiale. A travers ce poids, elle a voulu peser sur les relations internationales en exerçant une influence, ce qu'on nomme en anglais un "soft power". Il y a un relatif consensus autour de ce "soft power" : l'Europe, qui a obtenue le prix Nobel de la paix en 2012, s'engage en faveur de la démocratie et du développement. Mais au-delà de ce consensus mou, elle a des difficultés à prendre des positions pertinentes et précises sur la plupart des dossiers " chauds". Dans les années 2000, circulait l'idée selon laquelle il y avait une répartition mondiale de la puissance : les États-Unis bombardent, les Nations unies nourrissent et l'Union européenne paie. Finalement, le carnet de chèques est la solution la plus consensuelle, à défaut d'être la plus courageuse.
Pierre-Henri d'Argenson : L’Europe n’est la première puissance économique mondiale que par agrégation des PIB qui la composent. Mais c’est une fiction statistique : allez demander aux Grecs s’ils ont le sentiment de faire partie de la première puissance économique mondiale ! Ne soyons pas dupe : l’Europe en tant que telle n’est pas une puissance. Si demain la Chine décide de fermer militairement trois ou quatre détroits, l’Europe ne disposera que d’instruments commerciaux bien minimes pour réagir, et seuls les États armés de l’UE représenteront une menace crédible. L’Europe actuelle est une coalition, sans aucun doute la coalition la plus soutenue et la plus durable qu’elle ait connu dans l’histoire. Il faut tout faire pour la préserver et la renforcer, mais il ne faut pas se tromper de combat : pendant 50 ans, on a fait l’Europe contre les Nations. Cette dynamique appartient au passé. Il faut aujourd’hui réapprendre à aimer les Nations, à faire l’Europe avec les Nations, comme on a fait pour la démocratie, avec le peuple. Ceux qui rêvent d’une grande Europe supranationale rêvent d’Empire. Ils en ont le droit, mais qu’ils assument vouloir en finir avec le modèle démocratique, qui est viscéralement lié au cadre politique de l’État-nation. Je mesure bien qu’il ne faut pas revenir à la tragédie européenne des guerres intestines, mais ce n’est pas en coupant ses racines qu’on fait pousser l’arbre. L’équilibre est subtil, et l’Europe est toujours sur le fil du rasoir, mais c’est son destin, qu’elle doit affronter en se gardant bien du traître secours des utopies.

Après la chute du mur de Berlin, l’Europe s’est-elle laissée endormir en croyant au mythe de la fin de l’Histoire alors même que les autres pays n’avaient pas renoncé à leur volonté de puissance ?

Guillaume Lagane : L'Europe a sans doute anticipé une fin de l'Histoire qui n'est pas arrivée aussi vite que prévue. Elle s'est construite sur l'idée qu'il faut refuser l'affrontement entre États. Une intention louable surtout lorsqu'on sait que ce type d'affrontements nous a mené à deux guerres mondiales. Le problème c'est que l'Union européenne a un peu vite oublié que les autres États, en particulier dans son pourtour immédiat en Méditerranée, n'étaient pas nécessairement dans la même croyance. Le pourcentage du PIB affecté à la défense est extrêmement faible, trois fois moins important qu'aux États-Unis ou en Russie, beaucoup moins important également qu'en Chine qui a considérablement augmenté ses dépenses militaires ces dernières années. L'Europe s'est trop appuyée sur son "soft power" et pas assez sur son "hard power" qui reste nécessaire si on veut exercer une quelconque influence. 
Pierre-Henri d'Argenson : L’Union européenne s’est construite sur le dépassement de la puissance et de la "Machtpolitik". Cela est cohérent avec son histoire. Quand on se promène dans l’Est, dans les cimetières de la première guerre mondiale, avec ses croix françaises et ses croix allemandes, il y a de quoi le comprendre. Personne ne veut cela à nouveau, et il faudra encore des dizaines d’années pour surmonter, existentiellement, l’ampleur du crime de tous ces massacres. L’histoire européenne du XXe siècle est pavée de morts. Mais, malgré l’horreur, il ne faut pas céder à la facilité de l’utopie. Les lois de l’Histoire ne seront pas changées par l’Europe, et si elle veut survivre dans un monde hostile et assurer sa paix, il lui faut préparer la guerre. C’est éprouvant, et cela fait inévitablement remonter à la surface certains cauchemars de l’Histoire, mais il faut le faire. Autrement nous disparaîtrons. N’oublions pas que s’il y a bien une leçon à tirer de l’histoire du XXe siècle, c’est celle du crime dont se rend toujours coupable la faiblesse : celle, en particulier, ne n’avoir pas osé renverser Hitler quand il était encore temps. Les États-Unis ont empêché la France d’exiger le paiement des dettes allemandes de la guerre. L’Angleterre a empêché la France d’intervenir au moment de la remilitarisation de la Rhénanie, puis l’a poussé aux accords de Munich. Et nous avons cédé à tout cela, nous n’avons pas eu le courage de secourir la Pologne en 1939. Le pacifisme a montré durant ses années toute l’étendue de son impuissance et de sa complicité avec la guerre.
François Géré : La fin de l’histoire est une idée américaine qui correspondait à l’effondrement de l’Union Soviétique. Les neo cons américains ont pensé pouvoir réorganiser le monde conformément aux valeurs et aux intérêts des Etats Unis et certains de leurs Alliés. Ce rêve est mort dans les sables de l’Irak et les montagnes de l’Afghanistan.

L’Union européenne a-t-elle péché par naïveté ? Sa prétention à l’universalisme finit-elle par l'aveugler ? En quoi ?

Guillaume Lagane : Je ne sais pas si on peut parler de naïveté. L'Europe est plutôt déchirée entre des choix idéologiques très différents avec trois pôles de puissance.  L'Allemagne, qui est la locomotive économique du continent, s'est construite sur le refus de la guerre et a contaminé l'ensemble des pays de la "Mitteleuropa". L’Angleterre, de par son lien avec les États-Unis, est davantage tournée vers les interventions et la nécessité de défendre un certain nombre de valeur, y compris par la force. Mais le problème, c'est qu'elle est un peu à l’extérieure l'Europe et voit davantage l'Union européenne comme une zone de libre-échange renforcée que comme un acteur politique. La France propose une bonne synthèse : une Europe carolingienne capable d'avoir une influence politique mondiale. Mais si la France a les mêmes options que l'Angleterre, elle n'a pas les mêmes moyens que l'Allemagne. Aujourd'hui, avec le déclin économique dont est victime la France, sa crédibilité à porter ce type de position est affectée.
François Géré : L’UE a fait preuve d’un extraordinaire manque de réalisme. En Bosnie, au Kosovo, elle a du mendier l’aide des Etats-Unis. Mais Milosevic le dictateur serbe a finalement été vaincu, arrêté et jugé. Alors l’Europe a publié ses faiblesses antérieures. Elle a écouté les sirènes de la « post modernité » qui assuraient que la guerre était devenue obsolète et ne pouvait plus servir les buts de la politique. A quoi bon dans ces conditions maintenir des armées inutilement couteuses ? A l’inverse elle a aussi écouté les mauvais augures du « devoir d’ingérence » préconisant l’intervention militaire humanitaire sans trop se soucier des capacités militaires réellement disponibles. De ce point de vue l’intervention en Libye réalisée dans l’improvisation laisse ce pays totalement déstabilisé, sans gouvernement avec un immense Sud qui tend à devenir le refuge des jihadistes et un entrepôt d’armes.
On a cherché à créer une Europe de la Défense qui ne soit pas redondante avec l’OTAN. Résultat elle n’existe toujours pas. Les programmes d’armement européens restent peu nombreux. Le transporteur lourd « européen » A 400 M n’est toujours pas disponible au bout de vingt ans depuis sa conception initiale. Les accords de Lancaster House conclus il y a deux ans entre la France et le Royaume-Uni ont bien du mal à s’inscrire dans la réalité de deux pays dont les budgets de défense diminuent fortement.
La tentation européenne pour la solution idéale, teintée de morale, condamne-t-elle l'Union à la paralysie ? Quel est le coup politique de cette incapacité à faire des choix ?

Guillaume Lagane : Si il n'y a pas une coopération plus étroite entre les pays européen la disparition de l'Histoire est une possibilité réelle. Soit, il y a trop d'intégration européenne et dans ce cas-là il faut que les États reprennent leur autonomie et agissent seuls comme la France et l'Angleterre en 2011 en Libye. Soit, il faut aller vers davantage d'intégration européenne ce qui signifie renoncer à la marge de manœuvre dont disposent les États aujourd'hui. On en revient toujours à la question que posait Henry Kinssinger dans les années 70 : "l'Europe, quel numéro de téléphone ?". Qui est la personne qui détermine la politique européenne et a une position clair sur ce que pense et veut l'Europe ? Malgré les progrès du traité de Lisbonne, qui a tout de même renforcé la politique étrangère européenne avec la nomination d'un haut représentant en la personne de Catherine Ashton, la diplomatie européenne n'est toujours pas opérationnelle. Je vous rappelle la plaisanterie qui a beaucoup circulé après la nomination de Madame Ashton. Lorsqu'on appelle cette dernière, on dit qu'on tombe sur un répondeur qui dit : "Je suis absente. Pour avoir la position de la France, tapez 1 ;  pour avoir la position de l'Allemagne,  tapez 2 ; etc."
Pierre-Henri d'Argenson : Le problème du choix, ce n’est pas quoi choisir, mais qui a le droit de choisir. En d’autres termes : qui est le chef. On voit bien que l’Allemagne cherche à s’imposer dans les affaires économiques, et que la France voudrait conserver une influence importante en matière diplomatique. Au milieu, nous avons les institutions européennes (surtout communautaires) qui exploitent ces divisions pour faire avancer leur propre agenda. Je crois que nous ne sortirons de ce système que si nous recentrons les institutions européennes sur le mode intergouvernemental. Le logiciel "communautaire" a été indispensable pour construire l’Europe actuelle, mais il contribue aujourd’hui à fragiliser l’Europe, parce qu’il empêche les États de pouvoir exercer un leadership commun, concerté, que les institutions européennes auraient pour fonction de consolider et de faciliter. Concrètement, il faudrait notamment rapatrier tous les éléments de la politique extérieure et étrangère (action extérieure, développement, commerce, etc.) de la Commission au Conseil, en transférant les administrations correspondantes, et ne laisser sous l’autorité de la Commission que les seuls services relevant des politiques internes. Cela permettrait aux États de se réapproprier ces sujets, et de dialoguer dans la perspective de construire des positions communes fortes, qui ne soient pas issues de constructions bureaucratique mais du consensus d’Etats puissants, prêts à agir de concert dans le monde. Là, nous pourrons commencer à parler de stratégie européenne…

Peut-elle conduire à un effacement de la scène internationale ? Comment l'Union peut-elle parvenir à se doter d'un logiciel de pensée diplomatique opérant ? Et à quoi pourrait-il ressembler ?

Guillaume Lagane : Sur le plan géopolitique, face à des États comme la Chine aujourd'hui ou l'Inde demain, on a tout intérêt à construire un ensemble européen aussi fort qu'eux. La France, qui représente moins d'1% de la population mondiale, ne pourra pas peser seule dans le monde de demain.  Chacun doit faire des efforts dans la direction de l'autre. Cela suppose que l'Allemagne soit davantage portée vers les interventions extérieurs. Cela suppose aussi que les Anglais fassent le choix de l'intégration européenne plus que celui du grand large. Enfin, cela suppose que la France accepte les réformes économiques qui lui permettront de retrouver sa crédibilité en Europe.
François Géré : Militairement, en dehors de l’OTAN, l’Europe n’a jamais compté, sauf la France en raison de son autonomie nucléaire. L’UE n’a jamais été considérée comme une puissance autre qu’économique et commerciale. La France a rêvé d’une Europe de la Défense qui paraît de plus en plus improbable eu égard à la situation socio-économique.
L’UE est entrée dans une phase de latence en raison de la crise économique et financière qui l’ébranle jusque dans ses fondements. Elle doit récupérer. Quand ? Nul ne le sait encore. C’est seulement alors qu’elle pourra définir les éléments de cohérence afin de réorienter complètement sa stratégie à l’égard du monde. D’ici là on ne fera que balbutier. Sans doute pendant longtemps. Mais il y a plus grave : à force de réduire leurs capacités d’intervention extérieure les Etats européens limitent leur périmètre de sécurité. Quand on ne peut plus projeter les forces on voit forcément se raccourcir la profondeur stratégique. Dans le cas de la Syrie c’est absolument évident. Dans le cas du Mali on a pu constater la lenteur du soutien à une intervention française que tout le monde –maintenant qu’elle a réussi- reconnaît aujourd’hui comme indispensable.
Pour peser à nouveau l’UE devra d’abord reconstituer son potentiel économique, retrouver un taux de croissance et résorber son chômage. Et ensuite on verra quels moyens militaires on pourra aligner. Espérons que d’ici là nous n’aurons pas été pris de vitesse par les événements.


Hollande condamne le mot fascisme, pas l'idée


Oui, les mots ont un sens. Le mot "résistance" évoque immédiatement les quelques Français qui ont lutté contre l'occupation nazie, et il est maladroit de l'utiliser pour protester contre l'adoption d'une loi ouvrant le mariage aux homosexuels. François Hollande condamne d'ailleurs la dénonciation d'un État fasciste par ceux qui souhaitent que l’État ait son mot à dire dans les unions que les individus veulent consentir entre eux, et qu'il ne donne sa bénédiction qu'à certains types de couples.
Pour autant, l'étonnement de notre cher président est surprenant. Où étaient ses condamnations, vives à l'encontre de la Manif pour Tous, lorsque Jean-Luc Mélenchon se revendiquait d'une résistance contre la dette, contre la tyrannie du grand capital apatride et de ceux qui avaient prêté à un État toujours plus gourmand ? Mais surtout, comment oser s'offusquer qu'on puisse utiliser les mots dans le sens qu'ils recouvrent ?
La base de la doctrine fasciste est la conception de l'État. Pour le fascisme, l'État est un absolu en face duquel l'individu et les groupes sont le relatif. Sans l'État, il n'y a pas de nation. Pour le fasciste tout est dans l'État et rien d'humain et de spirituel n'existe hors de l'État, pas d'individus, pas de groupes […] l'État fasciste s'attribue aussi le domaine économique. Le corporatisme dépasse le libéralisme, il crée une nouvelle synthèse où tous les intérêts sont conciliés dans l'unité de l'État. (Mussolini, "Œuvre et discours" via Wikiberal)
Quelle conception de l’État notre cher président défend-il ? Quelle place occupe l'individu dans sa vision de l’État ?
Je ne me souviens pas de l'avoir entendu défendre les libertés individuelles lorsqu'elles ont, sous sa présidence, été menacées. La propriété privée, par exemple. Comment un président peut-il accepter que des citoyens paient plus de 100% de leurs revenus en impôts ? Et comment peut-il accepter qu'un membre du gouvernement qu'il a lui-même choisi évoque ces contribuables comme des tricheurs, riches donc forcément coupables ?
L'optimisation n'est pas un crime face à une fiscalité confiscatoire. Il semblerait d'ailleurs que la situation fiscale des hauts fonctionnaires soit largement optimisée, ce que François Hollande sait assez bien pour être non seulement expert en fiscalité mais également bénéficiaire de ces mécanismes avantageux. Il ne doit d'ailleurs pas être lui-même sans savoir que sa situation fiscale est pour le moins surprenante.
Quelle place laissent aujourd'hui à l'individu les interventions incessantes de l’État dans tous les domaines de la vie des citoyens, de leurs échanges volontaires à leurs choix alimentaires ? À force de proposer un nouveau modèle pour la société, de nouvelles habitudes de consommation, de nouveaux modes de vie, il faudra bien qu'un jour les constructivistes français reconnaissent que c'est bien un homme nouveau qu'ils cherchent à construire.
Et cet homme nouveau, lui, ne connait pas le sens des mots, n'accepte pas la réalité pour ce qu'elle est. Cet homme nouveau accepte la réalité telle qu'on la lui présente.
Il accepte l'esclavage comme un tort de l'homme blanc, cet éternel colon esclavagiste raciste. Mais pas celui des arabo-musulmans, pour éviter que les descendants d'immigrés ne portent sur leurs épaules ce fardeau. Le blanc devrait porter sur ses épaules un fardeau issu d'une responsabilité collective transmise de génération en génération, mais pas les autres. Si les mots ont un sens, il faudrait sans doute qu'ils aient le même sens pour tous, en toutes circonstances.
Il faudrait également, pour que les mots aient un sens, qu'on accepte de les prononcer. En considérant que la dictature et le totalitarisme relèvent de l'histoire, François Hollande nie la possibilité qu'ils existent aujourd'hui, comme si refuser de prononcer les mots permettait d'éviter que la réalité qu'ils décrivent ne soit ce qu'elle est.
Comment appeler, pourtant, un pays où la propriété privée n'est pas garantie par l’État, mais menacée par lui ? Où ce qu'un individu produit revient avant tout à l’État ? Où l'éducation, la culture, les médias sont sous le contrôle ou dépendants de l’État ? Où l’État est une nouvelle religion, enseignée dès le plus jeune âge, une religion laïque et environnementaliste qui ne laisse pas la place aux avis divergents ?
Certes, ceux qui dénoncent l'oppression fasciste pour protester contre le mariage homosexuel n'utilisent sans doute pas les mots dans leur acception exacte, et ont sans doute eux-mêmes le fascisme facile. Mais, monsieur le Président, n'ayons pas peur des mots. Je vous propose, pour que leur sens soit respecté, que nous laissions la parole à ceux qui les ont forgés. Qui mieux que Mussolini pourrait nous parler du fascisme ?
Le fascisme est absolument opposé aux doctrines du libéralisme, à la fois dans la sphère politique et dans la sphère économique. L’État fasciste veut gouverner dans le domaine économique pas moins que dans les autres ; cela fait que son action, ressentie à travers le pays de long en large par le moyen de ses institutions corporatives, sociales et éducatives, et de toutes les forces de la nation, politiques, économiques et spirituelles, organisées dans leurs associations respectives, circule au sein de l’État.
J'ai le sentiment, monsieur le Président, que nous n'en sommes finalement pas si loin.

Sauve qui peut ! d’Éric Brunet

Dans son dernier ouvrage, le journaliste Éric Brunet nous explique quelles sont les bonnes raisons d'émigrer de ce pays encroûté qu'est devenu la France.

Derrière l'expression Sauve qui peut !, employée par Éric Brunet pour son livre, se cachent toutes les bonnes raisons d'émigrer d'un pays encroûté, la France, où il n'y a plus de salut pour ceux qui veulent vraiment vivre, c'est-à-dire vivre libres, et qui, de surcroît, ne s'y sentent pas aimés.
Qui peut quitter la France sans pour autant cesser de l'aimer ? Tout le monde :
Ces Français qui résistent au déclin programmé de leur pays, veulent embrasser d'autres possibles et se frotter au monde réel, à l'entreprise, aux économies dynamiques, aux enjeux du futur. Ils veulent découvrir des modèles vivants, s'imprégner d'autres ailleurs.
Cela n'est pas réservé à une élite, loin de là. Il faut seulement le vouloir et ne pas se laisser intimider par ceux qui jettent l'opprobre sur les exilés. Certes tous les exilés ne reviendront pas, mais il suffit qu'il en revienne : "Enrichis de leurs expériences dans le monde réel, ces exilés donneront une inflexion nouvelle à notre pays engourdi." C'est pourquoi n'en déplaise aux fauteurs de déclin et de servitude, socialistes et compagnie, "partir n'est pas une lâcheté, mais un acte de résistance et de courage."
Les bonnes raisons de partir ?
La fiscalité étouffante
Selon l'OCDE, la France est au troisième rang pour les recettes fiscales (44,2% du PIB), derrière le Danemark (48,1%) et la Suède (44,5%). Mais, surtout, elle est championne en matière de dépenses publiques (56,5% du PIB), derrière, il est vrai, la République démocratique du Congo, l'île de Kiribati, l'Irak, le Lesotho et le Danemark. Alors que les PME, ces poules aux œufs d'or, sont les seules vraies créatrices d'emplois (600.000 en dix ans), elles sont littéralement matraquées fiscalement : "En France, la fiscalité d'une PME représente 65,7% de son résultat commercial. En examinant le classement mondial, on constate que notre pays est un des plus gourmands du monde avec ses PME : il occupe le 169e rang sur un total de 185 États étudiés."
Ce matraquage fiscal a des répercussions sur la compétitivité de la France, qui occupe désormais la 21e place au classement du Forum économique mondial : "La pression fiscale a pour conséquence de rendre le travail cher et donc rare." Avec pour conséquence un fort chômage des jeunes et une grosse proportion de seniors inemployés. Et l'avènement de François Hollande s'est immédiatement traduit par un nouvel accroissement de cette pression fiscale, qui était déjà insupportable...
L'égalitarisme
En France, certains sont plus égaux que les autres, les fonctionnaires. Ils jouissent d'un privilège exorbitant, l'emploi à vie. Aussi l'égalitarisme revendiqué ne les vise-t-il pas :  "L'égalité prend chez nous une forme singulière : l'aversion pour celui qui réussit, qui génère de la croissance, qui fait fortune ; en d'autres termes la défiance du riche." Un pays ne serait démocratique que s'il permet non seulement l'égalité en droit mais l'égalité en revenus... Alors, pour égaliser, on taxe les riches et on s'étonne qu'ils prennent la fuite. Mais on est sélectif dans la stigmatisation des exilés fiscaux :  "Sur les milliers d'exilés fiscaux célèbres, les seuls que les médias harcèlent sont ceux dont on connaît les engagements de droite, et les chefs d'entreprise qui par nature sont des salauds."
L'exécration des patrons et l'éloge des fonctionnaires
Il ne fait pas bon être patron en France : "Le seul chef d'entreprise sympathique est celui qui ne gagne pas d'argent." Les Français ont une piètre opinion des patrons : "Selon un sondage IFOP publié dans le JDD en octobre 2012, seuls 21% ont une bonne opinion de leur patron. Cette faible proportion descend à 15% quand il s'agit de juger les dirigeants de PME en général et plonge à 5% pour les chefs de grandes entreprises." Il est même possible, en France, sans faire de vagues, d'écrire un livre intitulé Je hais les patrons (l'auteur est Gisèle Ginsberg, journaliste syndicaliste...) : "Imaginez les réactions qu'auraient suscitées ce titre si on avait remplacé le mot "patrons" par "artistes", "syndicalistes", "journalistes", "pauvres", "fonctionnaires", "chômeurs"..."
Il n'en va pas de même avec les fonctionnaires :
Les deux tiers des Français jugent les fonctionnaires honnêtes, compétents, au service du public, à l'écoute et même accessibles et disponibles, selon un sondage réalisé par TNS Sofres. La majorité des sondés pensent aussi que les fonctionnaires sont maltraités par l’État et vont jusqu'à se dire solidaires de leurs protestations contre la dégradation de leurs conditions de travail.
Une stupide guerre civile idéologique
Dans le passé, la guerre civile n'a épargné aucune nation : "Peut-être faut-il y voir là un processus anthropologique indispensable à l'émergence des nations modernes. La France n'échappe pas à cette règle. À cela près que notre spécificité à nous, c'est que la guerre civile est la  ligne éditoriale de notre pays, une sorte d'azimut national." La guerre civile permanente semble en effet consubstantielle à l'Histoire des Français (le regretté Jacques Marseille avait pu intituler un de ses livres Du bon usage de la guerre civile en France). Éric Brunet n'est pas à court d'exemples et peut conclure : "Le clivage, la faille, le fossé sont patrimoines nationaux, à telle enseigne que, pour mieux étiqueter les factions ennemies, les Français ont inventé les concepts de gauche et de droite."
Cette mentalité ne conduit évidemment pas au dialogue et à la concertation, mais à la confrontation et au rapport de force. Le mode de scrutin uninominal à deux tours, qui exclut de représentation les minorités, et l'impossibilité d'une véritable liberté d'expression en sont les illustrations insignes :
Notre hostilité à l'idée que des opinions extrémistes ou marginales puissent être publiquement exprimées est si profonde que nous avons tout simplement décidé de les interdire, en punissant leurs auteurs de peines pouvant aller jusqu'à la prison ferme.
Éric Brunet fait allusion là aux lois liberticides que sont la loi Gayssot et les lois mémorielles... Il n'est pas étonnant dans ces conditions que la France se situe au 44e rang du classement international de Reporters sans frontières en matière de liberté de la presse :
Ce climat permanent de guerre idéologique larvée, de chasse aux sorcières, de censure ou d'autocensure quotidienne et de refus de débattre concourt à faire de la France l'un des derniers pays en termes de liberté de la presse.
Fainéantise, assistanat et népotisme
Les Français n'aiment pas bosser et, d'ailleurs, ils ne bossent pas, parce qu'ils considèrent depuis des siècles que le travail est un fardeau (ils ont même eu, exception française, des rois fainéants...) :
Chez les salariés à plein temps, la France figure à l'avant-dernière place de la durée effective de travail, ne devançant que la Finlande. Les salariés français ont travaillé en moyenne 1 679 heures en 2010, soit 129 heures de moins que les Espagnols, 134 heures de moins que les Italiens, 177 heures de moins que les Britanniques, 224 heures de moins que les Allemands, sans parler des pays de l'Europe de l'Est qui occupent la tête du classement. (Étude parue en janvier 2012, réalisée par l'institut Coe-Rexecode dans les 27 pays de l'UE).
La France est peut-être la patrie des droits de l'homme mais elle n'est en tout cas pas celle des devoirs : "Les devoirs sont souvent considérés chez nous comme une contrainte réactionnaire, un archipel de règles surannées, l'ADN des régimes autoritaires..." La France est donc peuplée de citoyens ayants droit et d'assistés, ce qui n'incite pas vraiment au travail : "En France le combat contre la pauvreté ne consiste pas à favoriser la création d'emplois mais simplement à augmenter les minima sociaux, à l'instar des dames patronnesses du siècle dernier." Il est souvent intéressant de ne pas franchir un seuil social : cela permet de gagner davantage... en ne faisant plus rien du tout. Ce qui n'encourage pas non plus à travailler, c'est le népotisme généralisé : "Depuis toujours, les élites françaises ont favorisé l'ascension de leur progéniture au détriment, on le suppose, de citoyens plus méritants. Un constat démoralisant pour tous les Français qui ne sont pas des fils et des filles de..." Là encore, Éric Brunet ne tarit pas d'exemples...
L'enseignement est naufragé et la créativité au point mort
En 20 ans les apprentissages fondamentaux, lire, écrire, compter, ont régressé en France dans de fortes proportions. En matière scolaire, la France souffre mal la comparaison internationale, comme le révèlent les études sur la lecture, PIRLS, ou sur les performances des lycéens, PISA, notamment en mathématiques. La France régresse là encore fortement par rapport aux autres pays... Pourtant le coût d'un élève est passé en 30 ans de 4.400 à 8.000 euros et les élèves par classe sont nettement moins nombreux. Alors pourquoi cette baisse de niveau ? "Si le niveau baisse drastiquement chez nous, c'est surtout parce que les heures d'enseignement ne cessent de diminuer. En 1968, les écoliers français avaient 175 jours de classe par an et 1 050 heures de cours. Aujourd'hui c'est 140 jours et 840 heures, soit un cinquième de moins." Et il y a également plus de cours différents...
Le baccalauréat n'a plus aucune valeur, mais c'est le sésame pour entrer sans sélection dans les universités, qui fabriquent des chômeurs et qui ne brillent pas dans la compétition internationale: l'ENS, la première d'entre elles, ne figure qu'au 34e rang du QS World University Ranking (trois autres universités françaises seulement figurent dans le top 200) et Orsay Paris-Sud, la première université française, figure au 37e rang du fameux classement de Shangaï.
Quant au travail manuel, il est dénigré. Un chiffre éloquent le montre : il y a 600.000 apprentis en France et 1,6 million en Allemagne... On doit donc dans les métiers se tourner vers l'étranger pour recruter : "On manque en France cruellement de maçons, soudeurs, tourneurs, chauffeurs de poids-lourd, bouchers, infirmiers, médecins, chirurgiens, techniciens de maintenance, informaticiens. Or et contrairement à ce qu'on croit, du fait de la demande, la plupart de ces emplois sont très bien rémunérés." Dans les domaines de la création artistique, de la gastronomie (eh oui), la France roupille, se réfugie dans le passé ou le plagiat. Pas de quoi pavoiser là encore.
En matière d'innovation, la France occupe dans le classement mondial effectué en 2012 par l'INSEAD et l'OMPI la 24e place sur 141, tandis que la Suisse, comme en 2011, y occupe le 1er rang... En France, la législation du travail trop tâtillonne et le manque d'investissement dans la recherche et développement en sont la cause.
Conclusion
Ce bilan désastreux de la France explique peut-être pourquoi les Français, qui y résident, sont "les premiers consommateurs d'anxiolytiques et autres antidépresseurs de la planète", mais il explique certainement pourquoi tant d'entre eux, parmi les meilleurs dans leurs catégories, la quittent, faute d'y avoir des perspectives d'avenir. Ce faisant, ils emportent tout de même avec eux un peu de leur pays :
N'en doutons pas, ceux qui ont fait le choix de partir s'attachent chaque matin à faire vivre l'esprit français loin de l'apathie hexagonale. À des kilomètres de nos frontières, ces expatriés sont une multitude de petits morceaux de France. À leur façon, ils résistent en poursuivant, consciemment ou pas, leur rêve d'une France différente, conquérante, et vivante...
Cette avant-garde de résistants est pourtant systématiquement stigmatisée par les médias et les politiciens français... Éric Brunet ne fait, heureusement, pas partie de ces commentateurs myopes : "Si demain, pauvres ou riches, ces émigrés acceptaient de rentrer au pays, ils seraient notre meilleur atout pour sonner le réveil de la France." Ce n'est cependant pas demain la veille...
• Éric Brunet, Sauve qui peut !, Albin Michel, 2013, 304 pages.

En Chine, le mousseux ne s'appellera plus "champagne"


Pékin vient de reconnaître l'appelation d'origine du champagne. Le prestigieux vin français espère y voir ses ventes augmenter.
Les Chinois ne seront plus déçus par le “champagne”. En tout cas, ils ne devraient plus boire un simple mousseux derrière cette appellation. Pékin vient de reconnaître officiellement “champagne” comme une appellation d’origine. Cette avancée a été obtenue à l'occasion de la visite d'Etat de François Hollande en Chine le mois dernier, mais l'annonce n'en a été officialisée que lundi à l'ambassade de France, dans une ambiance de fort optimisme sur les ventes.
Concrètement, le Comité interprofessionnel des vins de champagne (CIVC), qui lutte dans le monde entier contre les copies ou les détournements de notoriété de cette appellation d'origine, va désormais pouvoir saisir la justice chinoise de façon plus efficace.
Deux millions de bouteilles vendues en 2012

Les expéditions de champagne en Chine suivent une courbe ascendante impressionnante : 50.000 bouteilles en 2001, 500.000 bouteilles en 2006, un million en 2010, deux millions en 2012. Une tendance qui s'accélère : on note plus de 50% de hausse de 2011 à 2012.
La Chine est désormais le cinquième marché du champagne en dehors de l'Union européenne, a résumé Jean-Luc Barbier, directeur général du CIVC, rappelant que l'indication géographique (IG) constituait un droit de propriété intellectuelle spécifique.
Des jouets pour chiens...
Le champagne devient le quatrième grand nom du secteur des vins et spiritueux à bénéficier d'une telle reconnaissance en Chine, après le cognac, le whisky écossais et la région viticole américaine de Napa Valley, a expliqué Mme Pei Xiaoying, directrice générale adjointe de l'Administration générale du contrôle de la qualité, de l'inspection et de la quarantaine (AQSIQ).
Les agences locales de l'AQSIQ vont désormais oeuvrer à détecter les faux champagnes, a-t-elle promis. Dans un pays passé maître international de la contrefaçon, il y a du pain sur la planche. Les responsables du CIVC ont diffusé lundi des photos de mousseux, de sodas, de bougies et même de jouets pour chiens, des articles tous labellisés "champagne" que l'on peut trouver dans les boutiques chinoises.
Mais là aussi, l'optimisme est de mise. "La législation chinoise nous apporte une protection que la Russie et les Etats-Unis ne nous apportent pas", a assuré à l'AFP Thibaut Le Mailloux, porte-parole du CIVC. Ces deux pays continuent d'appeler "champagne" leurs vins mousseux produits localement, un "comportement anachronique et sans avenir" selon le CIVC.

Grèce: controverse autour de la vente de l’île d’Aristote Onassis à la fille d'un milliardaire russe

L'Etat grec est en train de vérifier si l'île Skorpios, où est enterré l'armateur grec Aristote Onassis, peut être vendue à la fille d'un milliardaire russe, ou bien si elle doit revenir à l'Etat, pour respecter les volontés du défunt.


C'est au mois d'avril dernier que l'unique héritière du magnat grec, Athina Onassis, a cédé un groupe de sociétés, dont l'actif comprend les îles de Skorpios et de Sparti. Le bénéficiaire de la transaction est la fille d'un milliardaire russe.
Mais, suite à la question soulevée par un député grec conservateur, le conseil juridique de l'Etat grec s'est emparé de l'affaire. En effet, le député en question invoque l'article 9 du testament d'Aristote Onassis qui stipule que, si ses descendants ne peuvent assurer les frais d'entretien de l'île, d'environ 75 000 euros par an, ils doivent en faire don à l'Etat ou à la compagnie aérienne Olympic Airways, fondée par le magnat.
Aristote Onassis repose sur l'île de Skorpios, un écrin de verdure en mer Ionienne, où sont également enterrés ses enfants prématurément décédés, Alexandre et Christina, la mère d'Athina Onassis. Celle-ci, âgée de 28 ans, a été élevée en Suisse et ne s'est jamais installée en Grèce, elle est mariée et vit au Brésil. Asphyxié financièrement par la crise, l'Etat grec pourrait être tenté de s'approprier l'île de Skorpios.

Banque de France : petit manuel de libéralisation à l'usage de Hollande

La Banque de France a dessiné un véritable programme de gouvernement mercredi. L'occasion pour le président de définir son "socialisme de l'offre" ?


François Hollande veut-il vraiment mettre en oeuvre un socialisme de l'offre ? Veut-il vraiment "faire dans les moments difficiles des choix courageux pour préserver l'emploi, pour anticiper les mutations industrielles (...), ce qu'a fait Gerhard Schröder", comme il l'a affirmé devant Angela Merkel au congrès du SPD allemand ? Eh bien, il n'a plus qu'à suivre le véritable programme de gouvernement économique que lui a adressé le gouverneur de la Banque de France, dans sa traditionnelle lettre annuelle, à l'occasion de la présentation de son rapport. Réforme profonde du marché du travail pour lutter contre le chômage ; réduction maîtrisée des dépenses publiques, notamment via une nouvelle réforme des retraites ; restauration de la compétitivité des entreprises ; choc d'offres de logements, telles doivent être les lignes directrices de l'an II du quinquennat de François Hollande, selon Christian Noyer. Un parfait manuel de libéralisation de l'économie française, jamais essayé auparavant. "Le monde a changé, et donc il faut changer le modèle de croissance", a expliqué le gouverneur. Et abandonner le vieux modèle de croissance français fondé sur "la consommation" et "la demande intérieure", financé à crédit.

Libéralisation du marché du travail

Le constat : "Parmi les pays développés, la France fait partie de ceux qui consacrent à la politique de l'emploi les ressources financières les plus importantes, mais enregistre aussi un taux de chômage parmi les plus élevés, en particulier chez les jeunes."
Le remède : Mettre fin à la "complexité", la "multiplicité" et le "saupoudrage" des aides à l'emploi. "Ne visent-elles pas à compenser des rigidités qu'il serait plus efficace - et moins coûteux - de corriger directement ?" L'accord interprofessionnel du 11 janviersigné par le patronat et une partie des syndicats contient des "avancées considérables", aux yeux de la Banque de France. Les droits rechargeables à l'assurance chômage, notamment, incitent à la reprise plus rapide d'un emploi, puisqu'ils permettent de conserver les droits à indemnisation accumulés antérieurement en cas de nouvelle perte d'emploi. Mais "l'effort doit être poursuivi". L'assurance chômage devrait être réformée elle aussi pour inciter à la reprise d'emploi. "La réduction de la durée d'indemnisation devrait être envisagée dès que la conjoncture s'améliorera significativement." Mais la réduction du taux de remplacement, particulièrement favorable pour les revenus les plus élevés, devrait être entamée "dès maintenant". Cela tombe bien, puisque les paramètres de l'assurance chômage doivent être rediscutés dans les prochains mois par les partenaires sociaux. Autre chantier, d'ailleurs s'inscrit à l'agenda 2013 par François Hollande, la réforme de la formation, qui n'est pas assez centrée sur les chômeurs.

Réduction du déficit public

Le constat : "Les efforts ont reposé dans un premier temps sur des mesures de prélèvements obligatoires pour obtenir des résultats rapides."
Le remède : "Concentrer les efforts sur la dépense publique, compte tenu du niveau élevé de pression fiscale atteint et de l'impossibilité d'augmenter les charges des entreprises sans dégrader à nouveau l'activité et l'emploi." Pour y parvenir, Christian Noyer a identifié trois axes. D'abord, "infléchir la progression de la masse salariale dans la fonction publique" : les fonctionnaires devraient accepter une baisse de leur GVT, c'est-à-dire du "glissement vieillissement technicité" - un indice qui fait progresser les salaires des fonctionnaires chaque année -, en plus du gel du point d'indice, et ce pour tenir compte de l'allongement de la durée de vie au travail. Ensuite, mener à bien la réforme des retraites. Avec une proposition-choc : désindexer les pensions de l'inflation, au moins temporairement (et au passage une désindexation "partielle temporaire" des prestations sociales aux ménages), en plus d'un nouvel allongement de la durée de cotisation. Car, "utilisé seul", le seul allongement de la vie au travail "conduirait à faire porter toute la part de l'effort sur les actifs et les jeunes générations". "Pour l'instant, on n'a rien demandé aux retraités", alors qu'ils "disposent de ressources largement égales à celles des actifs. C'est une question d'équité intergénérationnelle", a estimé le gouverneur de la Banque de France, en répondant aux questions des journalistes. Enfin, Christian Noyer veut "une simplification radicale des structures administratives", avec, pour chaque structure, une "compétence exclusive dans un domaine particulier".

Redressement de la compétitivité des entreprises

Le constat : "Depuis dix ans, la France perd des parts de marché à l'exportation (...) et creuse son déficit extérieur."
Le remède : Ne ne pas augmenter le smic de façon discrétionnaire, ne pas augmenter les cotisations sociales pour les entreprises. Y compris pour financer la réforme des retraites ! La progression des salaires, elle, doit ralentir pour ne pas dépasser le rythme de progression de la productivité. Car, pour Christian Noyer, la compétitivité-coût, celle qui sous-tend le prix de vente, est essentielle dans la dégradation des marges des entreprises. Le gouverneur de la Banque de France refuse de faire une différence nette avec la compétitivité-hors coût (qualité des produits, gamme...). Son raisonnement est simple : l'augmentation du travail a entraîné une compression des marges des entreprises pour maintenir les prix, ce qui a provoqué une baisse de l'investissement, de la recherche-développement et, par ricochet, de la compétitivité-qualité des produits français. Autre recommandation : faire baisser le coût du travail dans les services, le premier gisement d'emplois non délocalisables, "dans lesquels l'écart salarial avec nos concurrents s'est creusé le plus rapidement". Cela passe par une libéralisation des professions protégées, comme l'avait demandé la commission Attali, surtout si elle est menée en même temps que celle du marché du travail. Car le prix excessif des services pèse fortement sur la rentabilité des entreprises industrielles. S'il reste donc beaucoup à faire, Christian Noyer décerne tout de même un bon point au gouvernement pour son "pacte de compétitivité" et notamment le crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) de 20 milliards en faveur des entreprises. Mais ce n'est qu'"un premier pas essentiel".

Le programme du parti grec Drachma 5: le retour de la drachme

Début mai, un nouveau parti grec, formé par le professeur d’économie Theodoros Katsanevas et baptisé « Mouvement démocratique grec cinq étoiles », ou « Drachma 5 », prône un retour à l’ancienne monnaie grecque.

La formation d'un nouveau parti politique grec, avec pour principal point programmatique l'abandon de l'euro et le retour à la drachme, a été approuvée par la Cour suprême grecque. Ce nouveau parti, le « Mouvement démocratique grec cinq étoiles », ou « Drachma 5 », défend cinq principes fondamentaux : le non-respect du Memorandum de la troïka, le retour à la drachme, le développement autonome, la dignité nationale et la justice sociale.

Une alliance avec les pays du sud de l’Europe

Dans un manifeste de deux pages, le parti déclare qu’il « coopère avec les instances politiques, les mouvements, les initiatives et les particuliers, en mettant l'accent sur ​​le retour à la monnaie nationale et à cet effet soulève la question du référendum ».
Le nouveau parti politique promeut aussi la coopération aux niveaux européen et international, dans le but de constituer une alliance des pays du sud de l'Europe : il propose ainsi la formation d’une alliance entre l’Italie, l’Espagne, le Portugal, Chypre et la Grèce pour une sortie de l’euro.

« Le socialisme patriotique à visage humain »

« Le parti Drachma 5 est représenté par des citoyens actifs de tous les domaines professionnels et politiques, par des gens qui n'ont aucune implication dans la servitude au Memorandum. Il est l’expression d'un socialisme patriotique à visage humain, qui s'appuie sur la solidarité sociale, l'efficacité, l'honnêteté, la transparence et la méritocratie, sur une sensibilité à l'environnement et aux citoyens non-privilégiés, engagés dans le développement autonome du pays dans la production nationale, et sur la fin de la servitude aux prêts », poursuit le manifeste.

Une séparation des banques

Le parti appelle également à rejeter le « capitalisme de casino », grâce au « contrôle du système bancaire, des flux de capitaux et des transactions spéculatives », ainsi qu’à une « séparation entre les banques commerciales et les banques d’investissement ». Il propose enfin la création d’une banque d’investissement « pour la diaspora grecque et les amis du pays », tout en préservant la Banque de Grèce et maintenant la Banque nationale sous le contrôle du gouvernement.
Le manifeste a été signé par 25 membres fondateurs du parti – professeurs, économistes, hommes d’affaires et journalistes –, dont Theodoros Katsanevas, professeur d’économie à l’Université du Pirée, qui a également siégé au Parlement grec.

Fractures en chaîne

Fractures en chaîne


Redessiner la carte du Proche-Orient. C'était, il y a dix ans, le but déclaré des faucons de l'administration Bush, au moment de l'intervention en Irak. Le récit officiel de l'époque nous disait que les autocrates avaient les jours comptés, que la démocratie pointerait, enfin, dans la région.
George Bush avait raison sur un point : la carte du Proche-Orient est effectivement en train d'être redessinée, mais de la pire des manières. Par les armes, le feu, le sang. Même aux pires heures des conflits israélo-arabes ou de la guerre du Liban, on avait rarement vu un massacre tel que celui que subit, depuis deux ans, la population syrienne.
Cette nouvelle carte, ce ne sont plus tant les frontières des États qui la dessinent que l'identité des protagonistes du conflit en cours entre chiites et sunnites. Ce clivage court dans toute la région. Le long d'un arc de crise qui va du Liban à l'Irak et dont la Syrie est l'épicentre, mais aussi au coeur même du Golfe Persique, dans des États comme Bahrein.
Les solidarités et les soutiens en armes suivent cette fracture. Avec d'un côté les monarchies du Golfe qui soutiennent la rébellion syrienne tout en réprimant la contestation à Bahrein. De l'autre, Téhéran et le Hezbollah qui prêtent main-forte à Assad. Cet arc de crise est identifié par les spécialistes depuis plusieurs années comme moteur des évolutions de la région. Ce qui est nouveau, c'est que la réaction en chaîne paraît au grand jour et semble, aujourd'hui, difficilement contrôlable.
Car depuis quelques semaines, le rapport de force en Syrie a changé. Assad contre-attaque et vient de marquer des points dans la ville stratégique de Qousseir.
Tout l'Irak est désormais parcouru par le conflit chiite-sunnite. Le Liban est chaque jour davantage au bord du précipice. Surtout depuis que le Hezbollah, la force chiite qui contrôle le sud-Liban, vient de tomber le masque en dépêchant en Syrie près de deux mille combattants en soutien du régime Assad.
Initialement fragilisé, l'axe Téhéran-Damas profite ainsi de plusieurs facteurs : soutien militaire de Moscou, divisions d'une opposition syrienne infiltrée par des réseaux djihadistes, hésitations du camp occidental, refus d'Obama d'entrer ouvertement dans le conflit.
Fallait-il armer massivement la rébellion ? La question était quotidienne il y a quelques semaines. Elle n'a plus le même sens aujourd'hui, depuis qu'Assad vient, peut-être, de sauver sa tête.
Alors, on parle diplomatie. On est prêt à reparler au tyran qu'on prétendait chasser il y a deux ans. On prépare un sommet international à Genève, pour début juin. Il était au coeur des conversations qu'ont eues, hier soir, à Paris, MM. Kerry, Lavrov et Fabius, respectivement chefs des diplomaties américaine, russe et française.
On aimerait y croire, mais trop d'indices contredisent les belles formules diplomatiques. Assad, s'il accepte comme on le dit à Moscou, de dépêcher à Genève ses représentants, n'a aucune raison de faire des concessions. Non seulement parce qu'il a davantage l'âme d'un tortionnaire que d'un négociateur, mais parce que la réalité du terrain lui est, aujourd'hui, moins défavorable. Le temps, que les Occidentaux cherchent à gagner dans l'espoir d'éteindre l'incendie, joue en fait en sa faveur. Cruelle prime au tyran.