TOUT EST DIT

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lundi 27 mai 2013

Monsieur le président

Monsieur le président


Le dernier sondage IFOP marque  une amélioration de 4 points de la popularité du chef de l’Etat qui passe à 29% de satisfaits et les commentateurs, se matin, affichent dans l’ensemble leur surprise et leur satisfaction, même si ce niveau reste extrêmement faible. Sur la personnalité et la politique de François Hollande tout a été dit, un milliard de fois, et il ne servirait à rien d’en rajouter ici. Ce n’est pas de cela que je voudrais parler, mais plus généralement, du rôle que l’on entend faire jouer au président en France. Je ne peux m’empêcher de penser qu’il y a quelque chose de mensonge grossier, de manipulation profonde à vouloir  à tout prix faire dépendre d’un seul homme le sort d’un peuple d’une nation. L’illusion est totale. Les sujets de société, sur le plan intérieur comme international, sont d’une complexité inouïe et un homme seul ne saurait avoir aucune prise sur la réalité. L’excessive personnalisation du pouvoir n’est pas un problème de morale politique en soi mais pire, une supercherie favorisée par la médiatisation de la vie politique. L’image du chef de l’Etat est omniprésente, comme dans une sorte de culte de la personnalité mais ce matraquage visuel ne reflète en rien la réalité d’un pouvoir. L’élection du chef de l’Etat au suffrage universel est ainsi détournée de sa signification, aboutissant à faire du président un réceptacle des échecs et des frustrations et non plus le moment privilégié d’un choix positif par la nation de celui qu’elle appelle à guider son destin. Un président peut aujourd’hui s’agiter, gesticuler, communiquer, s’il n’a pas avec lui une équipe, un groupe d’hommes et de femmes, une dynamique de personnalités déterminées et compétentes, ses mouvements tournent dans le vide. Un homme d’Etat doit avant tout savoir s’entourer et susciter une dynamique autour de lui.  Il ne peut pas y avoir de grand président sans un excellent Premier ministre, une équipe de ministres solides et responsables, désintéressés, portés à l’action et non à la frime, un Parlement, des élites éclairées et courageuses et une véritables popularité car rien de durable ni de cohérent ne peut se faire sans la confiance et l’appui du peuple – ce que le général de Gaulle avait parfaitement compris.  On est bien loin de tout cela, sur une autre planète… Ci-jointe l’interview sur ces sujets donnée au quotidien JOLpress.

«Hollande ta mère, elle s'appelle pas Robert!»

Dans quel camp est la peur? Alors que le troisième grand rassemblement contre le mariage pour tous remplit les rues parisiennes, et ce, en dépit de l’adoption de la loi Taubira et de sa validation par le Conseil Constitutionnel, les manifestants ne « lâchent rien ». Et les politiques non plus. Chacun campe ainsi dans son rôle - qu'il joue d'ailleurs fort bien – et qui, poussé, jusqu’à son point d’incandescence pourrait conduire à l'affrontement.   
Mis à mal par les récents heurts au Trocadéro suite au sacre du PSG, puis par les débordements qui ont émaillé chacune des précédentes Manif pour tous, réunissant selon les organisateurs 1 million de personnes le 13 janvier et près d'un million et demi le 24 mars, le ministre de l'Intérieur a choisi, ces derniers jours, la meilleure défense : l'attaque. 

Manuel Valls a donc conseillé « à tous ceux qui voulaient se rendre à cette manifestation de réfléchir, d'être prudents », en raison de « menaces » que font peser des « groupes d'extrême droite » et qui « ont prospéré dans le mouvement contre le mariage pour tous ». Vous avez peur ? 
  


Jean Francois Copé non. Il n’a peur de rien le chef de l’UMP par autoproclamation. Sans attendre, il a dénoncé « les tentatives inacceptables de pression et d'intimidation » du ministre de l'intérieur pour tenter de décourager les opposants au mariage pour tous. 

Contrairement à d'autres responsables de l'opposition, comme François Fillon, François Baroin ou encore Alain Juppé, le président de l’UMP ne désarme pas se rêvant en nouveau Bonaparte. Et à voir la détermination de ceux qui ont battu, aujourd’hui, le pavé, son pari est le bon, au moins à court terme. 
  
Passons en revue ses troupes. Un flot de cheveux grisonnants, de bérets, de lunettes grossissantes frappe tout d'abord. Les « panthères grises » sont dans la rue. 
  
A quelques mètres du cortège, une dame dont l'appareil auditif trahit l'âge peine à monter les escaliers. Elle fera à pied le kilomètre qui la sépare des Invalides, la préfecture ayant donné l'ordre de fermer les stations de métro situées aux alentours du point d'arrivée de la manifestation. 
  
Plus loin, un grand père joue avec ses petites filles. Elles tournent autour de sa chaise roulante, à laquelle le vieillard a attelé sur le devant un guidon et un moteur. Beaucoup de corps chenus, courbés et tout à coup, comme une éclaircie générationnelle : la vingtaine flamboyante, lunettes roses bonbon sur le nez, des jeunes distribuent bracelets, pics, chapeaux et autres accessoires. 

Entre les deux pôles, il semble seulement manquer à l’appel dans cette « grande famille française » qui défile comme un seul corps, une ou deux générations. 
  
Et les slogans qui mènent cette (presque) vaillante troupe ? Certains sont empruntés aux pièces de théâtre de boulevard pour comités d’entreprise tels que « Hollande ta mère elle s'appelle pas Robert ». D’autres sont plus lyriques : « Nous sommes un flot humain se déversant sur les Invalides », voire prophétiques : « On est 1 million 600.000, bravo ! ». 
  
Discrètes, les forces de l'ordre veillent, matraques, bombes lacrymo ou flash ball à la ceinture.« Je pense que ça va être calme » déclare un CRS bien confiant avant de poursuivre « nous sommes plus nombreux à cause de ce qui s'est passé au Trocadéro. Mais je ne peux pas parler, Valls est mon patron. » Devront-elles charger? 

Visiblement pas sur les poussettes, les cannes et autres déambulateurs qui prennent actuellement le goûter devant eux. 

LA MOBILISATION DES EGLISES PARISIENNES 

En ce jour de Fête des mères, alors que les catholiques fêtent aussi la Sainte Trinité, certaines des 123 paroisses parisiennes se mobilisent. Une infime minorité. Seules 11% d’entres elles, soit un peu plus d’un dixième, invitent leurs fidèles à défiler parmi l’un des trois cortèges qui rejoint l’Esplanade des Invalides. 
  
Quatorze paroisses en somme dont les bulletins d’informations hebdomadaires oscillent entre :  
- simple rappel de la manifestation 
- appel à manifester, 
- voire organisent un départ groupé à l’issue de la messe dominicale. Ainsi avez-vous pu pique-niquer dès 11h à Saint-Antoine de Padoue, (XVe) ou vous êtes-vous retrouver à 12h30 à Notre Dame de Lorette ( XIe) ou à Notre Dame de la Salette (XVe). Pour les retardataires, il était toujours possible de se rendre à 13h15 à Notre Dame de Nazareth ( XVe). 

Pour les paroisses les mieux organisées, un service de garderie a été mis en place pour permettre à un plus grand nombre d'adultes de manifester. A Notre Dame de Grâce de Passy notamment, (XVIe). 

La palme du zèle revient néanmoins à la paroisse Saint Jean Baptiste de la Salle d ans le XVe arrondissement, qui pour défendre 1 papa + 1 maman a prévu en plus de la garderie, un « chapelet pour tous », pour prier à défaut de manifester. 
  
Ainsi les arrondissements les plus cossus de la capitale sont aussi les plus mobilisés, le XVe, XVIe et XVIIe arrivant en tête du peloton. Avec une mention spéciale pour la paroisse Saint Charles de Monceau, qui se fait presque menaçante : 

« Sur le site du conseil constitutionnel se trouvent les noms des élus qui ont présenté le recours contre la loi Taubira. Je suis surpris que notre circonscription (sauf erreur) ne soit pas représentée » déclare le curé avant de poursuivre « Alors que déjà se trament des stratégies en vue de notre prochain appel aux urnes. C’est intéressant à noter ! ». 


François Hollande est un radis!

y a quelques décennies, lorsque le communisme existait encore, les communistes adoraient traiter les socialistes de « radis », car disaient-ils, « ils sont rouges dehors et blancs dedans ». (Ils reprenaient là une attaque déjà utilisée contre les radicaux qui se terminait par « et toujours près de l’assiette au beurre ») C’était une manière de renvoyer les adeptes de Léon Blum à leur supposée « collaboration de classe », masquée par un vernis anticapitaliste. A regarder François Hollande, on doit hélas se rendre à l’évidence : l’image éculée, a toujours du vrai ! Souvenons-nous : lors de sa conférence de presse la semaine dernière, le même François Hollande, questionné au vu de ses positions réformistes et pro-européennes sur son orientation « sociale-démocrate » jouait encore sur les mots en répondant : « Je suis un socialiste au service de la France. » Une manière de dire : je suis rouge, regardez ma robe… 

Mais à Leipzig, lors des cérémonies célébrant le 150ème anniversaire du SPD, parti social-démocrate de l’Allemagne, changement de discours. Non seulement Hollande n’a jamais employé le mot « socialiste », ne serait-ce pour marquer sa petite différence, mais en plus il fait l’éloge des ruptures que le SPD avait assumées au grand jour et que le parti français avait,  lui, masqué. 
Le discours de Leipzig, assez court, fait apparaître une étrange relation entre les partis français et allemand. Comme si le premier reconnaissait au second, né effectivement près de cinquante années plus tôt que lui, une prééminence idéologique, une position de guide politique. Ainsi François Hollande se sent-il redevable envers les sociaux-démocrates allemands d’avoir apporté « la démocratie », « le progrès » et « le réalisme » dans  son mouvement. 
Le réalisme surtout ! Ainsi du congrès de Bad-Godesberg de 1959, lors duquel le parti allemand accepte l’économie sociale de marché, quand la SFIO, et même le PS acclameront la « rupture avec le capitalisme » jusque dans les années 80… 
Mieux, ou pire, François Hollande s’est livré a un éloge particulier des réformes antisociales de l’ex-chancelier Gerhard Schröder « Le progrès, c'est aussi de faire dans les moments difficiles des choix courageux pour préserver l'emploi, pour anticiper les mutations industrielles et c'est ce qu'a fait Gerhard Schröder ici en Allemagne et qui permet à votre pays d'être en avance sur d'autres »a fait valoir le président français. 
Voici donc le débat intérieur français étrangement éclairé : faudra-t-il pour imiter Schröder faire chez nous les réformes Hartz ? Introduire le revenu à 1 euro par jour ? Réduire les indemnités de chômage à 12 mois ? Elargir le statut d’auto-entrepreneur ? Faire grossir le nombre de travailleurs pauvres ? 
De retour dans l’Hexagone, il faudra bien que le président s’explique, et un peu plus précisément qu’avec cette phrase lapidaire :  « Ces décisions ne sont pas faciles à prendre, elles peuvent faire surgir des controverses, mais rien ne se construit, rien de solide ne se bâtit en ignorant le réel. » 
Mais le fait est là, en Allemagne, Hollande a dit en substance: « regardez l’intérieur, comme je suis blanc… ». Vérité en-deça du Rhin, mensonge au-delà ?

Un an de présidence Hollande: l'instabilité climatique pour les entrepreneurs


Depuis un an, les relations entre le gouvernement et les chefs d'entreprises ont été à l'image du dérèglement climatique : grêles, pluies, brouillards et embellis, coups de chaud et glaciations n'ont cessé d'alterner. Déjà fin 2012, la rapidité avec laquelle nous sommes passés du rapport Gallois sur la compétitivité aux foudres de monsieur Montebourg sur Florange et Mittal préfigurait une relation en dents de scie et montagnes russes. Depuis, le rythme n'a pas faibli, les signaux se sont encore brouillés et nous cherchons toujours une lisibilité minimale aux injonctions paradoxales du gouvernement et du Président du la République.
Un début de quinquennat calamiteux.
L'orage a commencé, dès le discours du Bourget et s'est accentué avec le vote du projet de loi de finances 2013. Ce dernier prévoyait de taxer les revenus du capital comme ceux du travail. Pourtant, entreprendre, ce n'est pas spéculer, défiscaliser et s'exiler. C'est créer, investir et conquérir. Le gouvernement avait fini, nous semblait-il, par entendre ce message. Mais, le mauvais temps a perduré : il y a eu l'acharnement sur la taxe à 75% avec son lot de caricatures et de stigmatisation des chefs d'entreprises.
Dans ce gros temps, des initiatives positives, comme la création du crédit d'impôt compétitivité ou de la banque publique d'investissement, sont apparues comme des arcs-en-ciel : ils annoncent souvent une éclaircie, mais sont toujours des mirages. Ainsi, le diagnostic établi par le rapport Gallois sur la compétitivité était le bon, mais sa mise en œuvre reste des plus laborieuses. Nos entreprises ont besoin d'un choc de compétitivité, pas d'une réforme à un train de sénateur.
De brèves éclaircies.
Toutefois, "après la pluie, le beau temps" et à cet égard, l'Accord National Interprofessionnel a marqué une rupture très encourageante. Mais, une bonne nouvelle n'arrivant jamais seule, sa transposition douloureuse a été suivi de la proposition de loi d'amnistie. Cette tentative d'absoudre des délits commis par des groupuscules violents au risque de faire perdre toute légitimité aux syndicats réformateurs et au dialogue social, mais surtout l'indécision du Premier Ministre et du chef de l'Etat, nous a indigné.
Avec les assises de l'entrepreneuriat, le chef de l'Etat nous a enfin donné l'impression d'être compris. Les annonces étaient attendues : sensibilisation à l'entrepreneuriat à l'école, création d'un "visa entrepreneur", refonte de la taxation des plus-values de cession... Mais là encore, l'embelli aura été de courte durée puisque suivie d'annonces contradictoires et de nouveaux louvoiements : le projet de loi mal ficelé sur les actions de groupe avec le risque de judiciarisation à outrance et de ruine des PME ; l'affaire Yahoo Dailymotion avec une nouvelle cacophonie gouvernementale et un certain mépris des stratégies de nos entreprises ; la proposition de loi sur la reprise des sites rentables qui sème aussi le doute sur la capacité du gouvernement à comprendre les mécanismes de l'économie.
De la constance.
Ainsi, à l'instabilité économique, le gouvernement a ajouté l'inconstance politique. Or, au terme de cette première année de mandat, le bilan économique de François Hollande rend compte de cette difficulté à assumer franchement et fermement le virage de l'offre et du pragmatisme. L'économie reste atone et les chefs d'entreprise ne savent plus à quel saint se vouer.
A présent, le principal gage que peuvent attendre les chefs d'entreprises, c'est que l'Etat entame véritablement sa réforme et la réduction des dépenses publiques. Les ménages et les entreprises ont largement assumé l'ensemble des efforts face à la crise. Les prélèvements obligatoires représentent plus de 46% du PIB. Ils corsètent notre économie. Les réduire, rendre l'Etat plus efficace, voilà ce qui rendra de la crédibilité au Président de la République et au gouvernement pour les quatre prochaines années. Ce sera le signal que la barre est tenue et qu'un cap est fixé.

La Fête des Mères existe depuis la Grèce antique

La Fête des Mères est à l’honneur aujourd’hui et les premières célébrations remontent à la Grèce antique.

La Fête des Mères est internationale, mais la date varie d’un pays à un autre. Les premières traces remontent à la Grèce antique. Des cérémonies étaient organisées à l’époque en l’honneur de Rhéa, la Grand-mère des dieux et la mère de Zeus. Au 15e siècle, les Anglais célébraient le Mothering Sunday au début du carême puis la 4edimanche. La première fête identique à celle que nous connaissons remonte à 1908. Le Mother’s Day est instauré aux États-Unis.

Une fête instaurée dès 1929

La Fête des Mères va ensuite s’exporter dans de nombreux pays, dont la France. C’est le village d’Artas qui depuis le 10 juin 1906 s’est revendiqué le berceau de la fête des Mères. La ville de Lyon célèbre à son tour cette journée dès 1918 en instaurant la journée des Mères, elle était dédiée à toutes les épouses et les mères qui avaient perdu leur mari ou leurs fils lors de la Première Guerre mondiale. Le gouvernement officialisera la fête des Mères en 1929, la date sera inscrite dans le calendrier dès 1941 sous le régime de Vichy. Le maréchal Pétain voulait redonner au pays les valeurs familiales.

Bonne fête des Mères

Après la Seconde Guerre mondiale, les Français rendent hommage aux Mères. Cette célébration est mondiale et la date varie en fonction des pays. Ainsi en Indonésie, elle est célébrée le 22 décembre,  enBelgique c’est le 15 août et par exemple en Géorgie c’est le 3 mars. Nous souhaitons donc une très bonne fête à toutes les mamans.


Paru dans le POINT


"Monsieur le Président de la République,

D'abord, je me présente : Clara G., 20 ans, étudiante en deuxième année d'histoire à la Sorbonne. Si je vous écris, c'est pour vous expliquer pourquoi j'aimerais faire ma vie ailleurs qu'en France. Comme une majorité de jeunes Français, d'ailleurs, à en croire les résultats de ce sondage Viavoice pour W-Cie publié en avril. A la question : "Si vous le pouviez, aimeriez-vous quitter la France pour vivre dans un autre pays ?", 50 % des 18-24 ans et 51 % des 25-34 ans ont répondu oui, contre 22 % pour les personnes âgées de plus de 65 ans.
Vous voyez, les temps changent. Mes grands-parents soixante-huitards avaient eu la tentation de la révolution, j'ai la tentation de l'expatriation. Mes grands-parents, qui coulent aujourd'hui une retraite heureuse dans leur petite maison de campagne du Limousin, rêvaient de transformer la société française, je ne songe qu'à la fuir.
Cela va sans doute vous choquer, mais d'abord pour des raisons fiscales. Pas les mêmes que Jérôme Cahuzac, je vous rassure, mais simplement parce que je n'ai pas envie de travailler toute ma vie pour payer des impôts dont une bonne partie ne servira qu'à honorer les 1 900 milliards d'euros de dettes que votre génération nous a aimablement légués en héritage. Si ces emprunts avaient au moins servi à investir et préparer l'avenir du pays, si j'avais l'impression de pouvoir en profiter un peu, cela ne me poserait aucun problème de les rembourser. Mais ils ont seulement permis à votre génération de vivre au-dessus de ses moyens, à s'assurer une protection sociale généreuse à laquelle je n'aurai pas droit. A s'offrir des vies, j'allais dire "pépères", mais j'ai peur que le mot vous froisse.
Mon travail et mes impôts vont devoir également payer vos retraites que vous n'avez pas pris la peine de constituer, et puis aussi tous les frais de santé et de dépendance de toutes ces personnes âgées que vous allez devenir et qui, dans moins de vingt ans, seront majoritaires dans le pays. Du coup, que me restera-t-il comme argent pour vivre convenablement et élever mes enfants ? J'ai lu il y a quelques jours une étude de l'économiste Patrick Artus qui m'a fait un peu froid dans le dos : "Avec la faiblesse de la croissance potentielle et compte tenu du vieillissement démographique,écrit-il,les jeunes français ont la perspective de subir une stagnation continuelle de leur pouvoir d'achat pendant leur vie active." Avouez que ce n'est pas un projet de vie très réjouissant.
Mais le plus déprimant, c'est de savoir très exactement de quoi sera faite ma vie si je reste en France. Une fois mes études terminées, une fois mes beaux diplômes inutiles obtenus, je rejoindrai sans doute d'abord les rangs fournis des jeunes chômeurs avant d'enquiller pendant des années les stages et les CDD. Je serai, comme le disent les spécialistes, je crois, la "variable d'ajustement" d'un marché du travail qui a choisi délibérément d'exclure les jeunes pour protéger les salariés en CDI bien en place. Avec ces petits boulots précaires et mal payés, il me sera impossible de convaincre un banquier de m'accorder un prêt immobilier pour m'acheter un appartement à Paris. Et si jamais, par une sorte de miracle improbable, je venais à gagner beaucoup d'argent, je sais d'avance que non seulement je devrais en reverser l'essentiel au fisc, mais que cela me vaudrait aussi l'opprobre général de mes concitoyens et votre mépris personnel.
Voilà pourquoi, Monsieur le Président, je songe à quitter la France. Pourquoi aussi votre - au demeurant charmant - ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, devrait moins se préoccuper des dangers de l'immigration que des menaces de l'émigration de la jeunesse du pays. Je partirai où ? En Allemagne peut-être, dont vous dites tant de mal, mais qui a l'air d'être un pays qui a confiance en lui. Ou alors plus loin, au Canada, en Australie. Ou dans un pays en développement. En Afrique, pourquoi pas ?
Car - c'est aussi ce qu'indiquait le sondage Viavoice - je suis comme l'ensemble des jeunes Français. Je ne vois pas du tout la mondialisation comme une menace, mais plutôt comme une chance. Mais ce n'est sûrement pas dans une France qui fait tout pour s'en protéger, où vos ministres et camarades socialistes passent leur temps à dire qu'elle constitue un mal absolu, que je vais pouvoir en profiter. Alors, oui, j'ai envie d'aller vivre dans un pays où il y a de la croissance, où les salaires augmentent, où être riche n'est pas considéré comme un péché mortel, un pays surtout où l'on a le sentiment à la fois individuel et collectif que demain sera meilleur qu'aujourd'hui.
Vous me direz que je manque du sens le plus élémentaire de la solidarité nationale, que je suis affreusement matérialiste et parfaitement égoïste. C'est sans doute un peu vrai. Mais mon égoïsme n'est rien en comparaison de l'égoïsme dont ont fait preuve vos prédécesseurs et vous-même, qui avez sacrifié notre génération en gaspillant l'argent public pour ne pas avoir à prendre de décisions difficiles.
Je me disais quand même, Monsieur Hollande, que vous alliez faire "bouger les choses", que vous alliez redonner un peu d'espoir à une jeunesse qui ne peut pas s'en passer. Je m'aperçois aujourd'hui qu'en fait, malgré vos grands discours enflammés sur les jeunes, en un an la France a vieilli de dix ans. Qu'elle se rabougrit, se fige, se crispe, s'aigrit à toute vitesse. 
Quel dommage ! Quel gâchis !
Voilà ce que tenait à vous dire, Monsieur le Président, la mauvaise citoyenne que je suis et l'expatriée qu'il me tarde d'être."