TOUT EST DIT

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dimanche 26 mai 2013

L'Europe ou l'enlèvement des Sabines

L'Europe est lancée dans une course folle en avant, qui risque de ne déboucher sur rien de bon pour la liberté de chacun.

Après les coûteuses et surtout monstrueuses expériences national-socialiste et communiste du XXème siècle (provisoirement) closes le 9 novembre 1989 avec la chute du mur de Berlin, j’ai toujours du mal, aujourd'hui, à concevoir que ces terribles leçons du passé n’aient pas rendu les hommes plus réfléchis et peut-être même plus clairvoyants.
Mais il faut aussi se rendre à l’évidence que nombre de nos frères humains paraissent affligés d’une sorte d’infirmité congénitale proprement stupéfiante tant elle est capable, au prix d’incalculables et tragiques conséquences, de les inhiber mentalement jusqu’à retomber sans coup férir dans les schémas de pensée les plus éculés du monde.

Mais le plus grave, dans cette véritable affaire de civilisation, c’est qu’à force de croire, fût-ce même de bonne foi, que l’avenir ne vous réservera jamais plus – plus jamais ça ! - ce que l’humanité a déjà connu de pire dans le passé, on prend à nouveau le risque insensé de recréer, sous des formes inédites, les conditions d’une catastrophe à venir.
Ainsi en va-t-il de l’Union européenne qui, ayant succombé aux sirènes du socialisme, se voit désormais détournée de son noble but initial, la paix perpétuelle entre les nations d’Europe, pour se lancer à corps perdu vers une énième expérience constructiviste menée, sous de vraies-fausses apparences démocratiques, contre l’intérêt supérieur des peuples.
Car c’est bien à partir du traité de Maastricht, d’ailleurs ratifié du bout des lèvres par les Français en 1992, que s’est effectuée la rupture brutale en forme de fuite en avant, aventureusement jugée irréversible dans l’esprit de ses concepteurs, qui va insensiblement mais sûrement jeter l’Europe contemporaine sur la route de la servitude.
“Le traité de Rome fut, en 1957, la principale réussite de la vision libérale-classique pour l’Europe. Le traité instaurait les quatre libertés : liberté de circulation des biens, liberté d’offrir ses services, liberté de mouvement du capital financier, et immigration libre (...) Rien de plus que la liberté n’est nécessaire pour accomplir cet idéal de coopération pacifique et d’échanges florissants”.[[1. Philipp Bagus : “La tragédie de l’euro” (L’Harmattan, décembre 2012)]]
A la suite de la trahison des clercs français qui ont nom François Mitterrand et Jacques Delors, nous avons aujourd’hui quitté cette voie royale tracée par les Pères fondateurs et ne cessons plus, pour notre malheur, de nous en éloigner à la vitesse de l’éclair ! J’en veux pour preuve les événements intervenus coup sur coup tout récemment :
- 1. En date du 16 mai 2013, à Paris, François Hollande a plaidé pour l’instauration d’un gouvernement économique européen qui “débattrait des principales décisions de politique économique à prendre par les États membres, harmoniserait la fiscalité, commencerait à faire acte de convergence sur le plan social, par le haut, et engagerait un plan de lutte contre la fraude fiscale”.
- 2. Le 19 mai dernier, Michel Barnier, commissaire européen au Marché intérieur et aux Services, a accordé, en termes très deloristes, un entretien au Journal du Dimanche portant fondamentalement sur les questions relatives à un fonctionnement idéal de l’UE :
“Un socle fiscal et social commun est aussi une condition pour avoir un marché intérieur juste. Nous devons revenir vers l’économie sociale de marché, que l’on a abandonnée depuis trente ans au profit d’une ligne ultralibérale (...) La convergence fiscale et l’harmonisation sociale, évidemment qu’il faut les faire (...) trop souvent nous nous heurtons à la règle de l’unanimité, qu’il faut changer”.
Quoi de plus naturel, en effet, que l’économie sociale de marché dès lors que la chancelière Angela Merkel elle-même ne jure que par le concept de Soziale Marktwirtschaft forgé par Ludwig Erhard en 1949 ? Quant au reste, Michel Barnier peut toujours rêver d’une révolution copernicienne s’inscrivant en faux des réalités du vrai monde...
3. Le 22 mai dernier s’est donc tenu, à Bruxelles, un sommet sur le thème lancinant, pour les chefs d’État et de gouvernement surendettés ou à tout le moins impécunieux, de la fraude et de l’évasion fiscale sans trop faire de différence entre les uns, qui sont de purs délinquants, et les autres qui s’organisent légalement pour fuir lesenfers fiscaux.
Pour conclure mon propos, je me suis toujours demandé si la Commission européenne était aussi (ultra)libérale que de braves gens comme vous et moi peuvent être portés à le croire; au contraire, ne s’adonnerait-elle pas au double jeu suivant : opérer une libéralisation contrôlée de l’espace intérieur pour mieux ancrer la mainmise du super État en gestation ?
En l’occurrence, ainsi que l’a théorisé un grand esprit libéral français scandaleusement mis au placard en France même : ce qui se voit, c’est-à-dire la liberté en action mais sous caution, et ce qui ne se voit pas, qui est bien pire, la nouvelle tyrannie à visage humain en cours d’élaboration. Mais la théorie du complot, moi, vous savez...

Recul payant ?

Recul payant ?


À première vue, il s’agit d’une reculade. À première vue seulement. Le ministre de l’Économie Pierre Moscovici a admis hier que le gouvernement renonçait à encadrer par la loi les salaires de grands dirigeants. François Hollande en campagne avait pourtant promis la foudre sur les patrons trop gourmands. Il en appelait alors à « limiter les revenus indécents ».
En n’évoquant plus qu’un code d’autorégulation des rémunérations, Pierre Moscovici ne joue pas si mal. D’abord, il évite de trop charger la barque gouvernementale, au moment où l’on voit toute la difficulté du pouvoir à imposer la fameuse taxe à 75 % sur les revenus supérieurs à un million d’euros. Un combat à la fois !
En relâchant un peu la pression sur les chefs d’entreprise les mieux payés, le ministre de l’Économie marque aussi des points, dans la stratégie de rapprochement entre l’exécutif de gauche et le monde de l’entreprise. Il devance et écarte de la sorte certaines accusations de sectarisme de classe, voire d’antipatronat primaire.
Mieux, en renvoyant les grands patrons à leurs responsabilités, Pierre Moscovici renverse en quelque sorte les rôles. Aux gros salaires d’agir, cette fois. Tant sous la poussée des dirigeants de PME dont les revenus sont loin d’être astronomiques et qui refusent l’amalgame, que sous le regard effaré de l’opinion. Alors que la crise émiette le tissu économique et secoue les régimes sociaux, l’affichage de salaires hors de toute proportion dessert la cause des entreprises en général : les discours managériaux sur le partage des efforts de rigueur entre tous et une meilleure répartition des fruits d’un retour à la croissance n’y gagnent pas en crédibilité.
Pierre Moscovici avance de manière tellement calculée qu’il fait mine de menacer : il veut une autorégulation des salaires « exigeante », et sinon passera par la loi. Manœuvre dont il se garde bien pour l’instant. 
L’essentiel est de faire comme si l’on y croyait.