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jeudi 23 mai 2013

Éducation, mauvaise gestion

Éducation, mauvaise gestion


Par temps gris de disette budgétaire – et elle est bien placée pour le savoir – la Cour des comptes ose pourtant poser la question de la rémunération des enseignants. Elle met les pieds dans les plats de la refondation de l’école mitonnés par Vincent Peillon. Nos professeurs, dit-elle, restent mal payés et mal gérés. S’il y a une crise des vocations, ne cherchez pas ailleurs. L’Éducation nationale est un piètre employeur qui mène ses troupes, ses 837 000 enseignants, à l’ancienne. 

Bref, le « Mammouth », solidement archaïque, survit à tous les ministres. Le monde enseignant vit un profond malaise, diagnostique la Cour des comptes, et une « inquiétante crise d’attractivité ». Autrement dit, ce métier parmi les plus nobles, sacralisé par la République, mythe national avec ses hussards noirs, ce métier ne fait plus rêver : statut social détérioré, enseignants chichement payés. Leur rémunération nette annuelle est 35 % inférieure à celle d’un cadre non enseignant de la Fonction publique. Mais entre enseignants, l’écart est très net (5 000 €) entre le professeur des écoles débutant et l’agrégé très capé. 

Vincent Peillon affirme partager l’essentiel de l’analyse. Au fond, il se rassure. La Cour, dit-il, règle surtout les comptes de la gestion de mes prédécesseurs. Alors que l’actuel gouvernement, lui, refonde et recrée 60 000 postes quand le quinquennat précédent en a supprimé 80 000. Mais tout cela est vain, assène Didier Migaud, le président de la Cour, si les règles de gestion de l’Éducation nationale demeurent inchangées. 

L’École ne souffre pas d’un déficit budgétaire, d’un manque de moyens, de bras, de cerveaux. Elle dépérit d’être gérée à l’ancienne. Avec les plus jeunes enseignants affectés dans les académies et les établissements les plus difficiles, là où les plus aguerris seraient les bienvenus. Malheureusement, on progresse dans la carrière selon un barème, l’âge, la situation familiale, et non au gré des besoins réels des établissements. 

Tous ces constats, toutes ces critiques, nul ne les ignore dans l’Éducation. Par ci par là, des correctionsont ététentées.Mais,pour l’instant, et depuis longtemps, un conservatisme rassurant l’emporte au détriment des élèves les plus en difficultés et des résultats globaux de l’enseignement français qui recule dans les classements internationaux. 

Nicolas Sarkozy avait fait le choix de l’argent : moins d’enseignants, mieux rémunérés grâce aux heures supplémentaires. François Hollande a fait le choix de l’emploi. 60 000. Mauvais choix ? Insuffisant, si on ne redynamise pas l’Éducation nationale dans ses méthodes, ses principes, ses statuts. C’est la leçon Migaud. Formation, déroulement des carrières, conditions de travail, rémunération… Tout est à revoir, et cela passe bien évidemment par la révision du sacrosaint statut des enseignants, qui date des années cinquante. 

Par crainte de heurter les syndicats, Vincent Peillon a renvoyé à plus tard cette question, et donc celle des heures de présence dans les établissements. En son temps, la candidate Ségolène Royal avait osé parler des 35 heures à l’école. En réalité, ce n’est pas une affaire de chronomètre qui est posée, mais celle d’une réorganisation de l’ensemble du temps scolaire. Peu ou prou, nous en sommes restés à une organisation des classes, des horaires, héritée des vieux lycées napoléoniens. Innovons. Il n’est jamais trop tard.