TOUT EST DIT

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jeudi 2 mai 2013

Tensions avec l’Allemagne : Hollande tente de calmer le jeu


La gauche française tente de faire retomber le climat de tension avec l’Allemagne, suscité par la divulgation d’un document interne au PS. François Hollande a assuré mercredi que seule comptait la dernière version du document, où les critiques contre Angela Merkel ont été gommées. 
Quelques jours après la fuite d’un document interne au PS mettant en cause la politique d’austérité d’Angela Merkel, les socialistes jouent l’apaisement. François Hollande a estimé mercredi que l'Allemagne et la France devaient "travailler ensemble quelles que soient les conjonctures", "les personnalités qui les dirigent" et "les sensibilités", lors d'une conférence de presse commune avec le nouveau président du Conseil italien Enrico Letta, à l'Elysée. Avec Angela Merkel "nous avons toujours fait prévaloir ce point de vue", a-t-il ajouté

Évoquant le projet de texte du Parti socialiste qui mettait en cause Angela Merkel en la qualifiant de "chancelière de l'austérité", François Hollande a affirmé que seule comptait la dernière version de ce document où ces critiques ont été gommées. "Le seul qui compte à mes yeux, c'est (le texte) qui vient d'être adopté par ce Parti. Mais il ne vous a pas échappé que je ne suis pas le premier secrétaire du Parti socialiste", a souligné l'ancien leader du PS. "Le texte qui pour moi est le seul qui doit être lu par nos partenaires", c'est celui "qui n'a pas besoin, pour faire prévaloir un point de vue, de mettre en cause un leader en Europe ou un pays en particulier, surtout l'Allemagne", a-t-il insisté.

Désir et Aubry à l’unisson d’Hollande

Même tonalité du côté des caciques de la rue de Solférino. Le texte du Parti socialiste "n'est pas contre" l'Allemagne mais "contre une politique, la politique de l'austérité", ont affirmé mercredi à Tourcoing (Nord) le premier secrétaire du parti Harlem Désir et sa prédécesseur à ce poste, Martine Aubry. "
"Ce que nous souhaitons dans ce texte, ce n'est pas engager un combat contre un pays, encore moins contre une personne, c'est engager un combat contre une politique, la politique de l'austérité qui a été imposée en Europe par les droites européennes", a déclaré Harlem Désir. "Quand nous voyons comment l'Europe a traité la Grèce, et plus récemment Chypre, nous nous disons avec François Hollande (...) qu'il ne faut pas accepter qu'une politique d'austérité européenne nous emmène dans une situation sans croissance et sans emplois", a renchéri Martine Aubry.

Une note peu flatteuse sur la France

Un peu plus tôt dans la semaine, le quotidien Handelsblatt a publié mardi des extraits d'un rapport interne du ministère allemand de l'Economie analysant en termes peu flatteurs la situation économique de la France, en pleine période de tensions entre Paris et Berlin. "L'industrie française perd de plus en plus en compétitivité, la délocalisation à l'étranger des entreprises se poursuit", est-il écrit dans ce rapport compilé par les fonctionnaires du ministère du libéral Philipp Rösler, selon le journal.
Le document en question est "une note à usage exclusivement interne, non destinée à être publiée", compilée par un service "qui analyse régulièrement la compétitivité des pays de la zone euro", a précisé plus tard à l'AFP le ministère allemand, confirmant donc indirectement l'existence de ce rapport. Le document fait état des "coûts du travail en forte hausse" en France, selon le Handelsblatt. Le journal conclut deux pages d'analyse sur la France en notant que "le fier voisin" français "menace de devenir l'homme malade de l'Europe".

SOS entreprises en voie d’asphyxie : ces mesures simples qui pourraient pourtant sauver les PME françaises

Les Assises de l'entrepreneuriat se sont achevées le 29 avril avec de nouvelles promesses gouvernementales pour dynamiser le secteur des PME-TPE. Mais au-delà des propositions de long terme qu'il a formulées, le gouvernement a-t-il conscience que ce dont les petites entreprises ont besoin au plus vite, c'est de mesures simples pour éviter l'étouffement économique ?

Les Assises de l'entrepreneuriat, lancées à l'initiative de la ministre des PME Fleur Pellerin après la fronde des "pigeons", se sont closes hier lundi 29 avril à l’Élysée. L'occasion pour François Hollande de détailler une série de mesures en faveur de l'entrepreneuriat en France. Les propositions de François Hollande, saluées par les entrepreneurs, s’inscrivent dans le long terme mais ne semblent pas répondre à l’urgence dans laquelle se trouvent certaines PME et TPE . Concrètement, quelles sont les difficultés immédiates auxquelles ces entreprises sont confrontées ? Vont-elles devoir faire face à une crise de trésorerie dès septembre ?

Bernard Cohen-Hadad : Chacun a entendu le Président de la République "ce sont les entreprises qui créent la richesse, ce sont les entreprises qui créent de l’activité, ce sont les entreprises qui créent de l’emploi". La mise au point était nécessaire. Ce message s’adresse au-delà des entrepreneurs à la nation toute entière. Mais pour les entrepreneurs ce n’est pas une découverte. Développer une entreprise, créer de la richesse, s’impliquer économiquement sur un territoire, sauvegarder des savoir-faire, maintenir quand c’est possible l’emploi, faire confiance aux jeunes est chaque jour 'le job' des hommes et des femmes patrons de TPE et de PME. Et le qualificatif de patron ne me gêne pas. Ce n’est peut-être pas "tendance ou web" mais beaucoup de celles et ceux qui jouent leur patrimoine pour défendre un projet entrepreneurial y sont attachés. Ont-ils aujourd’hui les moyens d’avancer ? Le dernier baromètre CGPME-KPMG publié en avril 2013 révèle que 53% des patrons sont inquiets pour leur activité dans les mois à venir. Ces inquiétudes portent principalement sur l’accès aux financements, la hausse sur les coûts ou les prix des fournisseurs, la baisse du chiffre d’affaires. Soyons juste, les entreprises en bonne santé n’ont pas de problème d’accès aux financements. Les entrepreneurs jouent la prudence et non pas l’attentisme. 60% d’entre eux ont des besoins de financement pour développer leur activité, exporter ou reprendre une entreprise. Les banquiers communiquent assez sur ce sujet. En revanche les TPE et les PME qui ont eu depuis 2009 à connaître des soucis financiers restent toujours dans des situations de trésorerie délicates car la crise financière dure. Elle est même plus dure dans certains secteurs comme le bâtiment, le petit commerce ou la petite industrie.
Car des difficultés de crédit persistent. Elles touchent principalement l’accès au crédit sur le court terme, le maintien des autorisations de découvert contractuelles, les facilités de crédits, de trésorerie non contractuelles. Souvent il s’agit de petits montants de 2000 euros à moins de 25 000 euros Et c’est maintenant alors que les entreprises sont en période de bilans que les négociations avec les banquiers vont se faire sur les lignes de trésorerie. Encore faut-il qu’un vrai dialogue puisse s’instaurer avec les établissements financiers. Et que l’on ne refuse pas de vous recevoir ou que l’on vous raccroche au nez faute d’arguments. Hélas, le vécu pour beaucoup de professionnels, on a tendance à l’oublier.
Les autres préoccupations sont les délais de paiement et le coût du crédit aux entreprises. Les taux de découverts pour les petits montants restent très élevés 9,73 %. Cela fait des sommes importantes de frais bancaires comptabilisés à la fin de l’année alors que les coûts sont de 2,41% pour les taux moyens pondérés. Pour ces raisons, beaucoup d’établissements de crédit poussent les entreprises à utiliser l’affacturage plutôt que les autorisations de découvert. Ce n’est pas toujours rentable pour les TPE et PME. Enfin n’oublions pas le rôle des assureurs crédits. En France, difficile de connaître exactement le nombre d’entreprises assurées crédit même si l’encours couvert en 2012 peut être estimé à 365 milliards d’euros. Les assureurs crédits jouent un rôle primordial que l’on a tendance à négliger quand on connait mal le monde de l’entreprise. Ils doivent mieux connaître les activités des entreprises et accepter de garantir les risques raisonnables. Des dispositifs comme CAP et CAP + mis en place en 2009 et qui répondaient à une attente ont cessé de fonctionné pour leur partie publique. On les a remplacés par d’autres. C’est donc à surveiller. Trop d’entreprises ont été victimes de refus d’engagement. Enfin pour répondre avec un peu d’humour à votre question, la crise de trésorerie des TPE PME ce n’est pas pour septembre. C’est "ici et maintenant."
Éric Verhaeghe : Mais nous sommes déjà et depuis plusieurs semaines maintenant dans la crise de trésorerie des PME. Les ressorts en sont bien connus : d'abord les comptes des entreprises ont été sévèrement mis à mal par la crise. Les marges ont baissé et souvent le chiffre d'affaires a souffert. Dans le même temps, les banques n'ont rien lâché et ont largement limité les facilités de trésorerie qu'elles avaient accordées par le passé. Depuis janvier, l'activité souffre fortement. Beaucoup d'entrepreneurs ont du mal à payer leurs factures, ou à se les faire payer. Tout le monde comprime les coûts. On retarde les achats, d'un mois, et puis d'un mois supplémentaire, et on hésite à repousser d'un mois encore. Cet arbitrage sur les délais touche tout le monde, y compris les grands comptes qui se font tirer l'oreille. J'ai en tête l'exemple d'un patron qui a subi trois mois de retard de paiement de la part d'une très grande mutuelle qui a pignon sur rue. C'est dire si le phénomène frappe cruellement. Il se répand comme un virus. Celui qui est sain est contaminé peu à peu. Celui qui était affaibli est mis à genoux. 
Les secteurs qui échappent à ce phénomène sont peu nombreux. En réalité, toute l'économie française est sonnée, comme un boxeur au bord du KO. Et comme d'habitude les statistiques n'agissent qu'avec retard: en l'état, personne n'est capable de quantifier le phénomène, mais il est bien présent et il me semble en effet que l'on peut craindre le pire pour la rentrée. Je remarque toutefois qu'il touche moins certaines régions qui sont parvenues à se mettre à l'abri ou à conserver un dynamisme relatif. La région parisienne, en revanche, me paraît lourdement touchée.

Quelles sont les mesures d’urgence dont les PME ont dramatiquement besoin aujourd’hui ? 

Bernard Cohen-Hadad : Il reste à mettre en place un véritable tableau du financement des PME dans notre économie et revoir le système de notation qui concerne les PME. Sans connaissance précise de la réalité économique, nos décideurs ne peuvent effectuer des choix pertinents pour corriger les déséquilibres. L’information première réside aujourd’hui dans les entreprises même les TPE.  Encore faut-il que les patrons de PME en soient les vrais acteurs et non pas les spectateurs. J’ai toujours été surpris d’entendre celles et ceux qui donnent des leçons aux entrepreneurs, qui n’ont jamais dirigé même une TPE et n’ont jamais pris le moindre risque avec leur patrimoine. Il reste donc à donner aux entrepreneurs leur juste place dans les mécanismes de décisions, dans les instances de débats et de contrôle. Et il appartient aux organisations patronales d’y veiller. C’est LA priorité démocratique et représentative.
Il convient ensuite de porter tout notre effort sur les crédits bancaires, les crédits de trésorerie, les besoins de fonds de roulement.  Il n’y pas de honte à connaître des difficultés d’accès au crédit quand on est entrepreneur et que l’on est encore là, à faire vivre son entreprise depuis 2008 ! Nous avons donc besoin d’améliorer le suivi des crédits de trésorerie accordés ou refusés. Surtout ceux qui concernent les petits crédits. On ne doit plus pouvoir refuser 2000 € à 5000 € à une TPE quand vous avez derrière des garanties, même si le bilan comptable, sur une année, n’est pas au top. Il faut faire œuvre de pédagogie et inviter les entreprises à se multi-bancariser afin de répartir les risques. 62% des entreprises de moins de 2,5 millions d’euros de chiffre d’affaires n’ont qu’un seul partenaire bancaire. Dans le même ordre, informer les entrepreneurs sur la possibilité de recourir à des crédits de moyens termes pour financer leurs besoins récurrents de crédits de trésorerie; Mettre en place des crédits glissants sur des critères adaptés, revus et corrigés chaque année avec en appui la garantie de BPI France. Les mécanismes d’Oséo ont été une formidable réussite. La demande reste la même aujourd’hui tant en matière de garantie de trésorerie que de préfinancement du CICE. On peut également étudier la possibilité de réaliser du cautionnement mutuel professionnel pour les crédits de trésorerie. Des initiatives existent, travaillons à les adapter et les généraliser pour toutes les TPE et les PME. Enfin valorisons la médiation nationale du crédit. Elle a montré qu’elle était indispensable et savait accompagner les entrepreneurs dans les moments très difficiles. On peut juste regretter que le changement de médiateur n’ait pas entrainé une ouverture attendue de son conseil d’administration.
En matière d’assurance-crédit, obtenir que les assureurs ne réduisent pas à zéro leur exposition sur un acheteur sans avoir au préalable procédé à des diminutions de couverture; généraliser "les demandes d’engagement" ; faciliter le recours à l’assurance-crédit par le biais d’une syndication des assurés au travers des contrats de filières. Quant aux retraits exceptionnels, chacun peut les comprendre quand ils sont  justifiés par des situations exceptionnelles et non par une aversion permanente au risque.
Enfin, il y a vraiment urgence en matière des délais de paiements. Jean-Hervé Lorenzi, le président de l’Observatoire des délais de paiement a récemment tiré la sonnette  d’alarme. Cela représente 12 milliards d’euros. Il s’agit  non de solutions miracles mais tout simplement faire appliquer les dispositions de la Loi de Modernisation de l’Économie (LME). L’absence de respect de cette loi impacte la trésorerie des entreprises qui ont du mal à se tourner vers des solutions bancaires aux coûts sont raisonnables. On attend des solutions bancaires adaptées, la clarification sur la « computation des délais » et une interprétation définitive du dispositif par les commissaires aux comptes.
Éric Verhaeghe : Je vais radoter, mais je crois que c'est un leurre d'appeler l'État à la rescousse chaque fois qu'il y a une difficulté, sachant que l'État n'a de toute façon plus les moyens de sauver qui que ce soit. La seule chose efficace que l'État puisse faire consiste à laisser les PME en paix, en évitant des mesures suicidaires comme le durcissement des sanctions en matière d'égalité hommes-femmes le temps que la crise passe. Cela ne signifie pas que je nie le problème : il y a probablement des entreprises où les femmes sont durement discriminées et ce n'est pas acceptable. Mais ce n'est vraiment pas le moment de sanctionner... surtout quand on se souvient des chiffres de discrimination au sein du service public. Pourquoi Najat Vallaud-Belkacem ne donne-t-elle pas l'exemple en sanctionnant les administrations qui ne pratiquent pas l'égalité homme-femme ? cC'est-à-dire en redressant les torts calamiteux de l'État employeur... 
Que le gouvernement commence d'ailleurs par instaurer la parité dans les cabinets ministériels, largement financés par le contribuable, avant de s'en prendre aux contribuables eux-mêmes, surtout lorsqu'ils sont à la peine. Un petit mot complémentaire toutefois. Il faudrait probablement réfléchir à un choc de trésorerie, en offrant trois mois de répit aux entreprises sur la TVA interentreprises. Peut-être même faudrait-il brutalement simplifier celle-ci en la supprimant. Cette révolution dans l'impôt aiderait à réduire les dépenses de l'Etat, ne nuirait pas à ses recettes, et permettrait aux entreprises de retrouver de la trésorerie.

Les banques jouent-elles le jeu de l’investissement dans l’économie réelle ? L’Etat peut-il les contraindre à prêter. La Banque Publique d’Investissement peut-elle vraiment prendre le relai ? Sous quelle forme ?

Bernard Cohen-Hadad : Il est de bon ton de dire du mal des établissements financiers et de trouver en eux un facile bouc émissaire. Une telle attitude est l’écume de la réalité économique et financière. Les banquiers ne sont pas à l’origine des politiques publiques ni la grande pieuvre des caricatures marxistes. Et ces discours rapides n’ont jamais servi à crédibiliser les TPE-PME dans leurs besoins de financement. Avec le soutien de Jean-François Roubaud, j’ai toujours veillé à construire et porter le dialogue banques PME qui se fonde sur des chiffres incontestables, des exemples précis et des propositions globales étayées par l’expertise indispensable du terrain. Les banques privées sont et resteront la colonne vertébrale du financement des PME dans notre économie. Nous en avons besoin. Elles sont même indispensables compte-tenu du maillage qu’elles représentent à travers leurs agences dans nos villes et dans nos régions. Les entrepreneurs ont besoin de cette relation humaine de proximité même si la relation banque PME connait des dimensions passionnelles et donc des incompréhensions. Il faut accepter cette une mini révolution. Le métier de banquier a changé. Beaucoup d’entrepreneurs ne le mesurent pas et beaucoup trop de banquiers non plus. Ils ne prennent pas le temps de l’expliquer ou de dialoguer avec les entrepreneurs. En fait de chaque coté très peu acceptent ce nouveau positionnement pour camper sur des schémas anciens. Si vous écoutez les banquiers tous vous diront qu’ils financent l’économie et que les crédits affectés aux PME sont en augmentation sur les douze derniers mois courants. Ils n’ont pas tort si l’on s’attache aux crédits d’investissements. Au mois de mars, Le gouverneur de la Banque de France a néanmoins solennellement attiré l’attention des établissements financiers sur la situation préoccupante des crédits de trésorerie. C’est bien pour cette raison que l’État doit jouer son rôle de contrôle, de rappel des priorités et de garantie à travers des mécanismes adaptés à tous les types d’entreprises. C’est ce qui avait été fait dans un contexte qui n’est pas si différent du notre aujourd’hui à la fin de l’été 2010. Mais l’État ne doit pas perturber les mécanismes du marché car nos entreprises sont soumises à une dure concurrence dans le cadre de la mondialisation des échanges.
La Banque Publique d’Investissement (BPI) est justement là pour accompagner les entreprises et être le point de synergie des mécanismes de soutiens publics jusqu’à présent épars tant sur plan national que régional. Il y a une forte attente de toutes les entreprises tant en fonds propres qu’en quasi fonds propres. Il y a aussi beaucoup d’espoirs même chez les TPE qui mesurent pas toujours comment la BPI va pouvoir les aider d’autant que son directeur général est un entrepreneur qui connaît bien aussi l’univers public que le monde de l’entreprise privée. Pour la plupart des PME, la priorité est bien entendu la garantie automatique que la BPI doit apporter aux banques, comme le faisait Oséo, pour les crédits de moins de 100 000 euros. Ceci n’est pas remis en cause mais il faut sans doute doubler ce plafond pour répondre aux attentes des TPE et des PME qui doivent faire face subitement à des commandes ou qui ont des besoins de financement urgents pour passer un seuil. Le partenariat avec les établissements financiers doit aussi être pensé et tissé sur la longue durée comme la visibilité de la BPI dans les territoires. Participant exceptionnellement au premier Conseil National d’Orientation de la BPI à Caen, j’ai pu me rendre compte que la machine se mettait en route. Nous sommes sans doute à un tournant.
Éric Verhaeghe : Je ne poserais pas la question de cette façon. Il y a vraiment le sujet "trésorerie", qui ne relève pas de l'investissement. Pour une banque, accorder une facilité de trésorerie à une PME qui boit la tasse, c'est une prise de risque que j'entends. Quand le banquier accorde la facilité de trésorerie, il prend le risque de ne pas revoir son argent. Quand il la refuse, il prend le risque de couler son client. La situation est compliquée et chacun peut entendre cette complication, même si l'on peut reprocher aux banques de nourrir les difficultés économiques en se montrant inflexibles. 
A côté de cela, il y a un sujet "investissement". Là encore, avec Bâle 3, les banques ont réduit l'accès à l'investissement et ne facilitent pas la sortie de crise. Les entreprises ont besoin d'investir pour améliorer leurs produits et mieux vendre. Si les banques freinent cet investissement pour des calculs de court terme, elles hypothèquent d'autant la compétitivité de nos entreprises et notre capacité à affronter la concurrence. 
Sur ce sujet, la Banque Publique d'Investissement a probablement un rôle à jouer, mais elle paraît aujourd'hui engluée dans des raisonnements politiciens qui ne peuvent qu'effrayer les entrepreneurs. La BPI, quand on écoute sa porte-parole Ségolène Royal, c'est Marie-Antoinette qui veut faire la promotion de l'agriculture de demain. Je trouve cela sympathique, à la limite, même si Ségolène Royal, qui n'a jamais mis les pieds dans une entreprise, a la fâcheuse manie de donner des leçons absurdes sur des sujets qu'elle ne maîtrise pas. Après tout, c'est la loi de la Cour telle que nous la pratiquons depuis des siècles. 
Sur ce point, je regrette qu'on ne réfléchisse pas à une autorisation pure et simple du "crowdfunding" qui permet une diminution du coût du capital pour les PME. Le crowdfunding, c'est l'appel direct à l'épargne des particuliers pour financer des projets d'entreprise. Cette formule évite l'intermédiation bancaire et se révèle très économique. Je comprends, évidemment, que les banques lobbyient très fortement le gouvernement pour interdire ce système qui leur fait concurrence. Mais je suis convaincu que c'est une vraie voie d'avenir pour financer les entreprises.

Quelles sont les difficultés plus structurelles que connaissent les PME/TPE aujourd’hui ? Les mesures proposées par François Hollande y répondent-elles complètement ?

Bernard Cohen-Hadad : En  matière de financement, il faut diversifier nos sources. Les annonces du Président de la République ont indiqué une nouvelle orientation. Il y a quelques mois nous étions un peu seul à attirer l’attention de nos dirigeants sur la nécessaire prise en considération du mécanisme de désintermédiation qui s’installe compte tenu du poids des normes financières, des normes comptables et des contraintes prudentielles tant pour les banquiers que pour les assureurs. Le recours aux modes de financements alternatifs est maintenant devenu une évidence. Cela ne veut dire pas que l’on va répondre à toute la demande mais plutôt qu’il faut faire sauter un certain nombre de verrous réglementaires pour favoriser les modes de financements participatifs (crowfunding, business angels…) et qu’il convient de veiller à une orientation de ces financements vers toutes les catégories de PME. La bourse des PME que nous appelions de nos vœux a été affirmée. Il reste à voir dans quelle mesure l’opérateur historique associé à d’autres partenaires peut  garantir une nouvelle donne, s’engager sur des coûts responsables, valoriser clairement les valeurs PME et associer à sa gouvernance toutes les parties prenantes qui comptent pour redonner à la place de Paris le rôle qui lui revient historiquement et économiquement. Enfin, le capital investissement. Evidemment, nous n’attendions pas que l’Élysée en fasse explicitement la promotion. Nous avons bien travaillé sur ce sujet et des propositions concrètes existent dans le rapport des Assises de l’Entrepreneuriat.  Les TPE et les PME ont besoin de tickets d’investissements à leur mesure en création, en phase de développement, de transmission ou de reprise. Il reste à faire tomber cette barrière économique et ne pas hésiter à jouer la transparence sur les coûts.
Plus globalement favoriser la croissance des PME passe aussi par des mesures fiscales, même si la dette est là. Une des pistes que nous défendons est de diviser par deux le taux d’impôt sur les sociétés pour les PME qui remontent leurs profits en fonds propres. C’est en renforçant les fonds propres que les TPE-PME pourrons disposer de moyens nouveaux pour investir, créer de la richesse et donc de l’emploi.  Faire sauter le frein au franchissement de seuil pour les PME. Le franchissement du seuil de 49 salariés à 50 salariés alourdit de 4,2% la masse salariale. A-t-on vraiment besoin de cette spécificité française ? Enfin arrêtons de culpabiliser les entrepreneurs qui utilisent raisonnablement les Contrats à durée déterminée (CDD). Cela n’encourage pas l’emploi. Faute de visibilité les patrons de TPE et de PME ne peuvent pas s’engager.Regardons comment autoriser le renouvèlement des CDD  au moins jusqu’à 18 mois.   
Éric Verhaeghe : Les TPE/PME sont soumises au carcan réglementaire qui s'est développé en France continûment depuis 50 ans, avec la participation active des grandes entreprises, heureuses de créer des barrières réglementaires à l'entrée sur les marchés. Parlons concrètement: l'expansion constante du Code du travail, la hausse régulière des cotisations sociales, ont été autant l'oeuvre de quelques mouvements patronaux comme l'UIMM que des gouvernements, de droite comme de gauche, qui se sont succédés. Il est d'ailleurs significatif de voir avec quelle obstination, jusque dans l'ANI du 11 janvier 2013, les mouvements patronaux se sont battus pour conserver les grands bidules paritaires extrêmement coûteux, comme l'AGIRC-ARRCO ou les institutions de prévoyance, au moment même où l'on parlait de flexibilité.
Cette mise en scène est probablement le principal problème structurel des TPE et des PME : comment voulez-vous que l'entreprise se développe sur un terrain aussi miné que celui de codes qui ressemblent à des bibles? Il faut réduire fondamentalement le poids de la réglementation dans l'économie française. Cela ne veut pas dire qu'il faut moins de droits pour les salariés. Mais il faut un droit de meilleure qualité, et il faut qu'il soit négocié localement plutôt qu'imposer par le législateur. 
Les syndicats de salariés font vivre le mythe selon lequel le droit législatif est plus protecteur pour les salariés que le droit négocié dans l'entreprise. C'est évidemment un mensonge. Je prends l'exemple de la généralisation de la complémentaire santé: cette mesure imposée par la loi contribuera très vite - on refera le point sur le sujet dans deux ans, et je prends date, à la dégradation de la protection sociale des salariés. 

La bonne santé industrielle de l’Allemagne est en partie liée à son réseau de PME. La France peut-elle rattraper son retard ? Comment ?

Bernard Cohen-Hadad : Cette référence permanente à l’Allemagne, cette obsession de l’Allemagne, cette phobie même parfois de l’Allemagne est devenue aujourd’hui maladive. Et l’on a vu récemment avec quelle méconnaissance des réalités économiques, de notre histoire et avec quels dérapages verbaux pour des raisons conjoncturelles de politiques partisanes, on pouvait faire accroire n’importe quoi. L’Allemagne est un modèle en Europe. Elle a réussi sa réunification. C’est un facteur de stabilité économique. Et le couple franco-allemand doit rester le moteur de l’Europe. Soyons clairs, je ne suis pas sûr que ce soit le modèle allemand qui préoccupe prioritairement les patrons de TPE ou de PME dans leur gestion quotidienne. Gardons les pieds sur terre. Et je ne suis pas non plus convaincu que dupliquer le modèle allemand en France sera une réussite. Nous avons deux cultures entrepreneuriales, deux cultures financières, deux cultures institutionnelles très différentes. Surtout un autre rapport à l’argent. Je le mesure d’autant plus que, germaniste, je vais régulièrement en Allemagne avec toujours la même fascination pour leur façon de fonctionner, de valoriser naturellement l’entreprise et la réussite individuelle. C’est une erreur de parler de retard de la France. Sommes-nous vraiment si loin d’eux ? Je vous rappelle que si vous regardez attentivement les chiffres publiés par la Banque de France au dernier trimestre 2012, 83% de demandes de crédit PME à l’investissement ont été satisfaites en totalité. Ce taux est comparable à ce qui est observé en moyenne en Allemagne. Le taux d’endettement externe (emprunts bancaires et titres émis sur le marché) par rapport au PIB des sociétés non financières est de 43 % en Allemagne (hors prêts et emprunts intra groupes) contre 67% en France. Bien entendu nous sommes différents. C’est ce qui justifie notre complémentarité. Si l’on donne les moyens aux entreprises  françaises et si on laisse les TPE et PME jouer leur rôle de moteurs dans l’économie, je ne vois pas ce qui pourrait nous empêcher de valoriser notre modèle. Nos véritables freins se trouvent d’abord chez nous dans notre façon de voir l’entreprise et l’industrie. Mais j’ai cru entendre, lundi 29 avril, des mots nouveaux…
Éric Verhaeghe : Le fameux Mittelstand allemand repose sur deux principes majeurs: d'abord un financement très diversifié, ensuite un développement des relations avec les grandes entreprises qui ne se fait pas dans une logique de subordination. Les PME allemandes n'ont pas un accès au capital à des coûts exorbitants, et elles ne servent pas de variables d'ajustement aux ex-nationalisées. 
En France, la logique industrielle est différente : les grandes entreprises utilisent les PME comme des sous-traitants totalement dépendants de leurs volontés. De ce point de vue, le développement de la PME en France n'est qu'indirectement un problème étatique. L'État aime bien se faire le relais de réglementations d'abord conçues pour servir les grandes entreprises. La dépense publique est dédiée aux grandes entreprises. Les niches fiscales, comme le crédit impôt recherche, favorisent les grandes entreprises. L'impôt sur les sociétés aussi. Mais la logique de cet ordonnancement tient d'abord à l'incapacité de l'aristocratie qui dirige les grandes entreprises à comprendre la nécessité d'un Mittelstand français. 
De ce point de vue, je crois beaucoup à la transparence comme remède aux maux que nous connaissons : faisons connaître clairement quels sont les transferts financiers entre l'État et les grandes entreprises. De quelle facilité fiscale, de quelle dépense fiscale les grandes entreprises bénéficient-elles au juste aujourd'hui ? Faisons la somme de tout cela, et l'on s'apercevra que si la France ne dispose pas d'un tissu de PME indépendantes avec une taille critique suffisante, c'est d'abord parce que les grandes entreprises françaises vivent dans une connivence étonnante avec un État qui les protège.

LES INROCKS SE LASSERAIENT-ILS ?


Vacances d'été: la rigueur se fait sentir selon un sondage

Les intentions de départ lors des congés d'été n'ont jamais été aussi basses depuis cinq ans. Crise oblige, 47% des Français ont abandonné tout projet loin de chez eux et les jeunes seraient les plus touchés.

Moins de départs, moins d'argent, plus d'incertitude... les vacances d'été des Français s'organisent plus que jamais sous le signe de la rigueur cette année, en particulier pour les plus jeunes, selon un sondage réalisé par l'institut OpinionWay pourVoyagerMoinsCher.com.  
"Jamais les intentions de départ n'ont été aussi basses depuis cinq ans", indique l'étude. Seuls 53% des internautes sondés ont prévu de partir en vacances cet été, contre 63% en 2012, 66% en 2011 et 73% en 2008. 25% des personnes interrogées savent déjà qu'elles ne partiront pas, contre 16% l'an dernier à la même époque, selon ce sondage réalisé du 10 au 14 avril auprès d'un échantillon de 1.111 personnes représentatives de la population française des internautes. Et l'incertitude est forte à deux mois du début des vacances: 22% des sondés ne savent pas s'ils partiront ou non.  

Un budget de 588€ par personne

Par catégorie d'âge, les jeunes semblent les plus touchés: moins de la moitié des 18-24 ans ont prévu de partir en vacances (47%), contre 52% des 25-34 ans, 57% des 35-49 ans, 53% des 50-59 ans et 54% des 60 ans et plus. Côté finances, le budget moyen des vacances d'été est en baisse, à 588 euros par personnecontre 599 euros à l'été 2012 et 605 euros en 2008, et 15% des répondants ne savent pas encore combien ils pourront consacrer à leurs vacances (contre 8% en 2012). C'est parmi les 18-24 ans que ce budget est le plus bas (481 euros en moyenne par personne), alors qu'il culmine pour les plus de 60 ans (813 euros).  
A noter que 47% de ceux qui prévoient de partir en vacances cet été comptent "faire des sacrifices" pour réduire leur budget. Une proportion croissante prévoit d'être hébergée gratuitement chez des amis ou de la famille (17% contre 15% l'an dernier) ou de baisser le standing et le coût de l'hébergement (14% contre 16% l'an dernier).  

Plus de vacances pour les Parisiens

En revanche, la durée des séjours prévus ne régresse pas. Les vacances seraient de 14,7 jours en moyenne contre 14,1 jours en 2011 et 2012. Mais les plus jeunes devraient partir moins longtemps (12,8 jours en moyenne pour les 18-24 ans) et les plus âgés plus longtemps (19,6 jours pour les plus de 60 ans).  
Les habitants de la région parisienne prévoient 17,5 jours en moyenne, contre 13,8 pour la province. Globalement, 36% des vacanciers potentiels ne prévoient qu'une semaine de vacances ou moins (contre 34% l'an dernier), 37% environ deux semaines, 16% environ trois semaines, 5% environ 4 semaines et 5% un mois ou plus.  
Et un sur cinq (19%) attendra la dernière minute pour réserver (moins de deux semaines avant le départ), en particulier les moins de 25 ans (23%). "A l'évidence, les Français font le maximum pour préserver leurs vacances mais sans être sûrs d'y parvenir", commente Pierre Brisset, cofondateur de VoyagerMoinsCher.com

La charia à géométrie variable

Une grande majorité des musulmans se disent favorables à l'application de la loi islamique, tout en étant divisés sur ce qu'elle doit contenir.Illustration : la police indonésienne chargée de l'application de la charia "rééduque" des jeunes punks.

Le centre de recherche américain sur les religions Pew forum vient de publier les résultats d'une vaste étude sur le thème "Religion, politique et société" dans la communauté musulmane.
Cette enquête a été réalisée de 2008 à 2012 auprès de 38 000 personnes dans 39 pays.
Cliquer ici
Une majorité des musulmans notamment en Asie, Afrique et Moyen-Orient, veulent l'établissement de la charia (loi islamique), mais avec d'importantes disparités géographiques : ils ne seraient que 8% en Azerbaïdjan, contre 99% en Afghanistan, affirme Pew.
L'étude montre que l'application de la charia est surtout souhaitée dans la sphère privée, pour régler les affaires familiales ou foncières, par les musulmans habitant des pays où siègent déjà des cours religieuses de ce type.

L'exécution de musulmans convertis à une autre religion ou les supplices des coups de fouet ou des mains coupées pour les voleurs recueillent une minorité d'avis favorables sauf pour une forte majorité en Afghanistan et Pakistan et un peu plus d'une personne sur deux au Moyen-Orient et Afrique du nord.

Ils sont aussi majoritaires à vouloir accorder la liberté religieuse aux autres religions. Ainsi au Pakistan, 84% veulent voir la charia inscrite dans la loi du pays et 96% estiment que la liberté des cultes est "une bonne chose".

La moitié des musulmans sont préoccupés par l'extrémisme religieux dans leur pays, dont une majorité en Égypte, Tunisie ou Irak.

Dans la plupart des pays, une majorité de femmes comme d'hommes estiment que la femme doit obéir au mari, notamment en Irak, Maroc, Tunisie, Indonésie, Afghanistan et Malaisie, mais une majorité aussi estiment qu'une femme doit pouvoir décider toute seule de porter ou non le voile.

La plupart des musulmans ne ressentent pas de tensions entre leur religion et la vie moderne, préfèrent un régime démocratique, aiment la musique ou les films occidentaux même s'ils pensent que cette culture sape la moralité.

Une très forte majorité considère comme immoraux la prostitution, l'homosexualité, le suicide ou l'alcool, mais le regard sur la polygamie diverge (4% l'estiment moralement acceptable en Bosnie-Herzégovine contre 87% au Niger).

Seuls l'Afghanistan et l'Irak excusent majoritairement les "crimes d'honneur".

La violence au nom de l'islam est largement rejetée, mais approuvée par des minorités substantielles au Bangladesh, en Égypte, en Afghanistan et dans les territoires palestiniens.
81% des musulmans américains estiment qu'elle n'est "jamais" justifiée contre une moyenne médiane de 72% dans le reste du monde, ajoute l'étude.

Le PS, l'Allemagne et l'Europe

Le PS, l'Allemagne et l'Europe


Récemment, un commentateur britannique se demandait pourquoi François Hollande avait autant de mal à imposer ses réformes, alors que le Parti socialiste contrôle le gouvernement, les deux assemblées et la majorité des Régions. L'étonnement révélait une ignorance sur la réalité du PS qui n'a jamais tranché entre deux orientations : être un parti social-démocrate pro-européen ou, au contraire, l'héritier du socialisme national anticapitaliste. Ses déchirements des derniers jours sur l'Europe et l'Allemagne ont fait resurgir ce défaut de ligne.

François Hollande et Jean-Marc Ayrault, mais aussi Manuel Valls et Pierre Moscovici, incarnent une ligne sociale-démocrate qui, dans le sillage de Jacques Delors et Michel Rocard, assume une orientation réformiste et européenne. Prenant au sérieux l'interdépendance économique, ils ont compris que la France devait réduire son déficit et opérer des réformes structurelles compatibles avec la zone euro.
À l'opposé, le courant « Maintenant la gauche », mais aussi Arnaud Montebourg et certains fabiusiens, continuent de penser que la France devrait relancer l'économie par les déficits des budgets publics. Pour eux, toute idée de réforme des dépenses sociales revient à se transformer en ennemi du peuple et en cheval de Troie de la mondialisation néolibérale.
Pour le Président et son Premier ministre, cette situation est une vraie difficulté. En tant que responsables gouvernementaux, ils savent que la France n'a aucun intérêt à se brouiller avec l'Allemagne et que le contrôle des finances publiques n'équivaut pas forcément à soutenir l'austérité. De l'autre, ils ne peuvent pas rester indifférents, dans la perspective des élections de 2014, aux pressions de l'aile gauche du PS qui voudrait laisser filer les déficits et, chez certains, claquer la porte au nez d'Angela Merkel et de l'euro.
Que voudrait dire, d'ailleurs, engager une « confrontation » avec l'Allemagne, comme Claude Bartolone l'a appelé de ses voeux ? Être le leader des pays du Sud qui, tels l'Espagne, la Grèce et le Portugal, atteignent une dette de près de 100 % de leur PNB ? Au contraire, il faut sortir de cette polarisation Nord/Sud en favorisant la négociation entre les pays dont les économies vont mal et ceux qui, comme l'Allemagne, la Pologne ou le Danemark, se portent mieux.
François Hollande et Jean-Marc Ayrault doivent maintenir le cap du dialogue avec l'Allemagne tout en continuant les réformes internes. François Mitterrand et Pierre Mauroy furent confrontés au même défi qu'eux, en 1983, lorsqu'une partie du PS de l'époque (le Ceres de Jean-Pierre Chevènement, mais aussi Laurent Fabius) voulait que la France laisse filer sa monnaie et quitte le mécanisme de change du Système monétaire européen. La suite a donné raison à Mitterrand. Il avait, il est vrai, deux avantages sur Hollande : son leadership au sein du parti était plus affirmé et l'Europe était moins décriée par les opinions publiques.
Les partisans de l'Europe au sein du Parti socialiste devraient d'ailleurs se demander s'il ne serait pas temps de se séparer de leur aile gauche, qui les empêche d'assumer une modernité politique, et s'entendre avec le centre-droit, celui qui ne s'est pas toujours retrouvé dans la contestation du « mariage pour tous » et qui gagnerait à s'émanciper de sa droite.

Mur des cons : France 3 ouvre une procédure disciplinaire contre l'auteur de la vidéo

Dans un communiqué, la chaîne France 3 annonce l'ouverture d'une procédure disciplinaire envers Clément Weill-Raynal, qui a filmé le "mur des cons" avec son téléphone portable.

France 3 a annoncé ce lundi l'ouverture d'une procédure disciplinaire, "suite aux premiers éléments de l'enquête interne menée à propos de la vidéo dite du mur des cons", à l'encontre de son journaliste Clément Weill-Raynal, qui "après avoir tourné cette vidéo au cours d'un reportage pour sa rédaction, a fait le choix d'en dissimuler l'existence à sa hiérarchie".

Ce n'est qu'au terme de cette procédure "que la direction décidera ou non d'une sanction disciplinaire", a précisé la chaîne, qui a assuré lancer ce processus "hors de toute polémique, sans se prononcer sur l'opportunité de la diffusion de ces images, ni moins encore sur le fond du dossier". Et d'ajouter que "cette procédure (...) doit permettre de faire toute la lumière sur les circonstances précises de cette affaire, dans la rigueur et la sérénité".
Clément Weill-Raynal, journaliste judiciaire chez France 3, a confirmé ce lundi qu'il est bien l'auteur de la vidéo du "mur des cons" et expliqué ses motivations. "J'assume parfaitement être l'auteur de cette vidéo et j'en suis fier", a-t-il déclaré à Atlantico. Mis en cause par le Syndicat national des journalistes-CGT, il a par ailleurs raconté les pressions subies.

HONTE AUX DIRIGEANTS DE FRANCE 3
  • Bravo Monsieur Clément Well-Raynal 


    • d'assumer votre gestion. Vous avez mon 



    • soutien, vous avez fait votre travail, 


    ceux qui veulent vous condamner, 


    • veulent votre tête, pour ma part je les 



    • considère comme des complices de ce 



    • mur de la honte, comment peut on 



    • cautionner cette honte ? Soyez fière de 



    • vous, je suis une anonyme qui ne vous 



    • connait pas, une maman de 62 ans 



    • bientôt, qui est fière de vous. Si ceux qui



    •  vous reprochent avaient retrouvé leurs 



    • noms sur ce mur de la Honte, soyez sûr 



    • qu'ils ne protégeraient pas cette 



    • fractions de magistrats, heureusement 



    • qu'ils ne sont pas tous pareils. Le 



    • respect de la Liberté de la Presse c'est 



    • aussi pour les magistrats, les syndicats 



    • de tous bords, je suis désolée. Les 



    • magistrats défendent leur 



    • indépendance, qu'ils respectent eux 



    • aussi l'indépendance et la Liberté de la 



    • Presse et les journalistes.

"Je dois être un peu con" : lettre ouverte à Anthony Bellanger, premier secrétaire général du Syndicat National des Journalistes


Monsieur Bellanger, je dois être un peu con.
C’est en tout cas ce que je ressens en lisant le communiqué du Syndicat National des Journalistes dont vous êtes le secrétaire général et dans lequel vous expliquez que votre organisation "s’élève contre le mauvais procès fait au Syndicat de la Magistrature" dans ce qu’il faut bien appeler désormais "l’affaire du mur des cons".
En effet, je ne comprends pas que le SNJ y dénonce "l’utilisation d’images volées dans un lieu privé, en l’occurence les locaux du SM" (Je cite votre communiqué à la lettre près et donc en respectant les fautes d’orthographe…)
Je crois que, comme vous, je conçois assez clairement le concept de "lieu privé".  Je tiens également à vous témoigner ici ma conviction qu’il est nécessaire de respecter le droit, et donc le droit syndical. Cependant, si vous recevez dans les locaux du SNJ de la rue du Louvre, Monsieur Bellanger, non pas un journaliste mais une équipe de trois personnes (un journaliste, un journaliste reporter d’images et un preneur de son) qui ne vous ont absolument pas dissimulé leur identité, que ces trois personnes vous ont informé être là pour réaliser un reportage et enregistrer une interview et que vous accueillez cette équipe de journalistes dans une pièce, ce lieu reste-t-il "privé" ?
De la même façon, votre concept "d’images volées" me turlupine. Lorsque l’une de ces personnes, que vous savez toutes les trois travailler pour la télévision, se met à tourner des images, sont-ce des images "volées" ? A vous lire, j’ai l’impression que ne seraient pas "volées" que les images qui seraient tournées avec votre autorisation expresse et de préférence avec de bonnes vieilles caméras d’épaule Bétacam, bien repérables et reconnaissables.
Je ne doute pas qu’avec vos nombreuses années de reportage d’investigation et de journalisme de terrain, vous savez aussi bien que moi, Monsieur Bellanger, qu’il est parfois nécessaire, pour faire correctement notre métier, de regarder dans d’autres directions que celle que nos interlocuteurs nous désignent et de montrer à nos lecteurs, auditeurs ou téléspectateurs d’autres tableaux que ceux, toujours joliment peints, qu’entreprises, partis politiques ou syndicats nous présentent de prime abord.
Je ne comprends pas non plus votre différence d’appréciation entre cette vidéo du "mur des cons" mise en ligne par Atlantico et les images "off " de Nicolas Sarkozy volées à la chaîne France 3 et révélées en 2008 par le site d’information Rue89.  Le non-lieu en faveur du site Rue89 vous avait inspiré l’année dernière un communiqué titré "victoire pour la liberté d’information".
Interrogé hier par notre consœur Camille Polloni du même site d’information Rue89, vous expliquez que la différence avec la vidéo d’Atlantico sur le "mur des cons" consiste en "un vrai travail de journaliste, avec une enquête derrière".
Là je deviens encore plus con : je ne vois pas où est "l’enquête journalistique" dans le fait de piquer des images à son employeur et de les filer à autre média pour que ce dernier les diffuse. (Remarquez en passant que jamais Atlantico n’a prétendu avoir réalisé une "enquête" en diffusant la vidéo du "mur des cons". Notre démarche a été de rendre public un document qui nous a été remis par un magistrat)
En préparant cet éditorial, Monsieur Bellanger, j’ai lu un article publié la semaine dernière,  qui s’interroge sur la déontologie et les conditions d’exercice de notre métier. Le papier exprime notamment le point de vue suivant : "Peut-on mettre en cause (…) des journalistes (qui ne sont pas au-dessus des lois par définition) quand ils ont révélé des informations d’intérêt public et seulement d’intérêt public ? Peut-on les accuser d'être des receleurs pour avoir simplement détenu les preuves de leurs informations ? Si la cour (…) devait répondre “oui” à ces deux questions, ce serait à l'évidence une défaite pour le journalisme."
Cette analyse que je soutiens pleinement devrait vous faire bondir, Monsieur Bellanger, puisqu’elle est en contradiction avec la charte de déontologie du SNJ qui précise qu’un journaliste "digne de ce nom proscrit tout moyen déloyal et vénal pour obtenir une information".
Mais je ne sais pas si vous allez vous fendre d’un communiqué de condamnation cette fois. Il est vrai que l’article est publié par Médiapart, qu’il concerne le procès fait à ce site d’information dans le cadre de son enquête sur l’affaire Bettencourt et qu’il est signé de notre confrère Fabrice Arfi… Je dois vraiment être un peu con.