TOUT EST DIT

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lundi 15 avril 2013

Caroline Fourest dénonce un climat de "quasi-guerre civile"


"Je sais bien qu'à force d'enquêtes sur les réseaux intégristes et ultras-nationalistes, je ne suis pas leur journaliste préférée. J'en suis même flattée". La journaliste Caroline Fourest revient sur une journée agitée, dans une tribune publiée sur le Huffington Post, dimanche 14 avril, intitulée "Les homophobes sont allés trop loin à Nantes".
La veille, Caroline Fourest a passé la journée à jouer au chat et à la souris avec des militants opposés au mariage pour tous, entre Paris et Nantes (Loire-Atlantique). La police a dû intervenir à plusieurs reprises pour la protéger, alors qu'elle était prise à partie par plusieurs centaines de manifestants.

Caroline Fourest dénonce un "climat de quasi-guerre civile"

Connue pour ses enquêtes sur les milieux nationalistes et intégristes, Caroline Fourest, suscite de profondes inimitiés. Elle dénonce toutefois un "excès", sur le Huffington Post, qui "dépasse de loin le cadre d'un acharnement personnel. Il est politique et révélateur d'un climat plus inquiétant, signant la dérive du champ idéologique vers l'extrême droite... la plus décomplexée." Un peu plus loin, la journaliste dénonce un climat délétère et radical. "En venir à harceler, huer, injurier et à se mettre dans de tels états parce que quelques couples vont pouvoir se marier et sécuriser juridiquement leurs enfants, ce n'est pas normal."
Elle s'interroge également sur "l'attitude de la droite républicaine, étrangement passive, voire complaisante" envers "les appels à la guerre civile venant d'une extrême droite qui rêve visiblement de rejouer le 6 février 1934, jour où les ligues fascistes ont tenté de renverser la République". Sur France Info, elle décrit cette stratégie de radicalisation, expliquant que les opposants au mariage pour tous "ont visiblement décidé de créer un climat de quasi-guerre civile parce qu'ils n'acceptent tout simplement pas que le projet pour le mariage pour tous soit voté par une majorité parlementaire élue".

Quelque 450 militants rassemblés en début d'après-midi

Pour comprendre ces déclarations, retour sur les événements de samedi. Caroline Fourest doit animer un débat sur l'islam à Nantes (Loire-Atlantique), dans le cadre des journées du Nouvel Observateur. Attendue par une centaine de manifestants, elle doit quitter la gare en courant, sous la protection d'un cordon policier.
Un peu plus tard, en début d'après-midi, environ 450 militants se rassemblent devant la Cité des Congrès, où ont lieu les journées. Quelque 70 personnes, âgés de 20 à 25 ans, tentent alors de forcer le barrage de CRS pour pénétrer dans le bâtiment. Après des jets de pierre, un tir de gaz lacrymogène et des jets de yaourt, une dizaine d'entre eux accèdent à la salle de conférence où la journaliste anime un débat. Ils y restent une dizaine de minutes, avant d'être évacués par le service de sécurité. 
Le TGV pour Paris retardé d'une quarantaine de minutes
Rebelote au retour, puisque 200 militants l'attendent à la gare de Nantes, selon la police. Des manifestants s'allongent alors sur le ballast. Le train à destination de Paris est retardé d'une quarantaine de minutes. "J'ai dû avancer jusqu'au train avec les policiers, en mode 'tortue' dans les couloirs, avec des manifestants qui allaient au contact",explique Caroline Fourest à France Info.
A son arrivée à Paris, la journaliste est de nouveau accueillie sous les huées par 200 manifestants. Elle quitte les lieux, encadrée par la police. "Ils arrivaient à pousser les CRS, malgré un déploiement policier important. Il y avait un curé en soutane qui brandissait un immense drapeau français", a raconté Caroline Fourest. Un témoin de la scène a posté un cliché, sur Twitter.




Si même la consommation s'effondre, que va-t-il rester à l'économie française ?

L’Insee a marqué les esprits en annonçant une baisse de la consommation des ménages de 0,2%. Cette baisse annonce sans doute une récession, et de nouvelles mesures d'économies dans la dépense publique.

"La consommation est le socle résistant de la demande", nous disent depuis des mois les experts officiels. Et si ce socle se dérobait sous nos pieds ? Avec quelles conséquences ? De fait, l’Insee a marqué les esprits en annonçant une baisse de la consommation des ménages : -0 ,2 %. Même si l’Institut juge, techniquement, que la consommation « recule légèrement », son annonce est très importante, et pour trois raisons.

La faiblesse de la consommation s’inscrit d’abord dans un mouvement plus profond : c’est la première raison pour s’inquiéter. Cette baisse de février (-0,2 %) suit en effet celle de janvier (-0,9 %), essentiellement liée à l’automobile, mais elle s’insère dans une tendance de plus d’une année. En février, l’Insee nous dit qu’il nous faut regarder du côté « des achats de textile-cuir ». Mais si on regarde sur plus longue période, la consommation en biens a décroché, en liaison avec un moral des ménages en berne, un revenu réel net qui baisse et un crédit à la consommation qui, lui aussi, se réduit.  Moral, revenu, impôts, crédit sont ici réunis, pour expliquer une inflexion majeure.

Cette faiblesse de la consommation annonce, sans doute aussi, une récession. La deuxième raison d’inquiétude devant ce chiffre de février est en effet que cette baisse de la consommation va peser sur le premier trimestre. Vraisemblablement, elle va le faire passer à -0,1 ou -0,2 %. Comme le quatrième trimestre 2012 s’est inscrit à -0,3 %, nous sommes en récession.

Cette consommation plus faible que prévu qui annonce un ralentissement plus fort qu’anticipé annonce à son tour de nouvelles mesures d’économies dans la dépense publique. Voici la troisième raison pour s’interroger. Personne n’est dupe en effet du calendrier des chiffres de prévision. La France a attendu le maximum pour annoncer ses problèmes de croissance, autrement dit le fait qu’elle ne pouvait tenir son engagement de réduction du déficit budgétaire pour 2013. Elle a ainsi obtenu un décalage d’un an de la Commission européenne pour se mettre en conformité avec ses engagements, avec l’idée que – cette fois – cette même Commission sera moins compréhensive. Elle voudra des réformes, elle demandera des réductions chiffrées dans la dépense publique. Il n’y a plus grand choix.

Au fond, cette baisse de la consommation marque la sensibilité très forte des Français à la fiscalité dans la conjoncture actuelle. Ce n’est pas une surprise, mais ce n’est pas ce qui était dans les chiffres de Bercy. Et ce n’est surtout pas pour cette raison qu’il faut revenir en arrière. Au contraire. Les économies doivent être poursuivies, la fiscalité stabilisée. Les Français fonctionnent aux anticipations : inquiets, ils consomment moins. Que va-t-il rester à l’économie française ? Une période de croissance faible sans doute, mais aussi une période de réformes intenses, pour alléger la barque de la dépense publique, si on veut éviter une crise plus forte. Jamais les taux longs n’ont été aussi bas (merci aux épargnants japonais), profitons-en pour changer vraiment.

Les vrais handicaps des seniors par rapport aux jeunes sur le marché du travail

Dans son livre, "The Leader’s Guide to Radical Management", le consultant en gestion Stephen Denning explique la préférence actuelle pour les jeunes sur le marché du travail, en soulignant que les managers du 20ème siècle ont été formés pour superviser des travailleurs, mais que les besoins ont changé. En effet, les employés étant de plus en plus qualifiés de nos jours, on a davantage besoin aujourd'hui de managers capables de les inspirer, les motiver, et de s'intéresser davantage au bien-être de leurs équipes. Du coup, les jeunes présentent des avantages objectifs pour les recruteurs:
- Parfaitement rodés aux nouveaux moyens de communication, ils sont plus susceptibles de trouver et d'utiliser les outils les plus adaptés pour gérer les flux énormes d'information auxquels nous avons tous à faire face de nos jours, et ils ne se plaignent jamais de surcharge.
- Habitués à taper des messages depuis leur plus tendre enfance, ils sont rompus aux techniques de communication, spécialement lorsqu'il s'agit de s'adresser à des groupes.
- Ils sont plus mobiles sur le plan sectoriel. Par contraste, les baby-boomers souvent issus de secteurs en perte de vitesse, comme la construction ou l'industrie manufacturière, ne sont généralement pas à l'aise avec les changements sectoriels. De plus, certains des nouveaux métiers sont totalement indifférents au niveau d'expérience, mais réclament davantage de connaissances récentes, ce que les jeunes sont plus susceptibles de détenir.
- La génération Y aurait davantage l'esprit de création d'entreprise, même dans des conditions spartiates. Les jeunes sont aussi moins regardants quant aux conditions d'embauche. Aux titres de fonction et aux salaires, ils préfèrent les expériences intéressantes et enrichissantes.
Dans le monde d'aujourd'hui, où la sécurité professionnelle n'est plus garantie, la discrimination professionnelle par l'âge est de plus en plus évidente. La clé ? Quelque soit votre âge, vous pouvez apprendre à communiquer et à collaborer, à la manière de la génération Y.

    Manifestations et non-violence

    Manifestations et non-violence


    « À la force nous ne voulons pas répondre par la force », a déclaré la porte-parole de la Manif pour tous, Frigide Barjot, au sujet du voteaccéléré du projet de loi pour lemariage et l'adoption homosexuels. Alors que le pouvoir politique est considérablement affaibli par les affaires, la précipitation qu'il manifeste pour faire passer ce projet de loi est inquiétante.

    Tout d'abord parce qu'il n'est pas une priorité au regard de la débâcle économique qui menace le pays. Pour éviter de se trouver demain dans une situation comparable à celle de l'Espagne ou de l'Italie, il est nécessaire de réduire les dépenses de l'État et donc de le réformer. Accélérer le travail des parlementaires en ce sens serait mille fois plus utile que de le faire sur des questions de société qui divisent inutilement.
    Par ailleurs, la décision d'avancer le vote d'un mois sur un sujet aussi sensible avive les tensions. En ce sens, elle ne contribue pas à lacohésion nationale prônée, ces joursderniers, par les chefs de l'État et du gouvernement. Respecter le calendrier initial aurait évité de brusquer une importante partie de la population sans pour autant désavouer la majorité. Ces contradictions risquent d'ajouter au discrédit économique et moral le discrédit politique des institutions garantes du lien avec le peuple.
    Le pouvoir politique a-t-il compris la nature de la contestation de ceux qui se sentent humiliés depuis des semaines et des mois faute d'avoir été entendus ? L'exaspération grandit. Taxés d'homophobes et deviolents à cause des actes inadmissibles de groupuscules, ils ne seretrouvent pas dans cette imagedivulguée par le pouvoir et par les médias. Le vote bloqué de certains partis, puis le vote à main levée du Sénat et l'accélération du calendrier jettent de l'huile sur le feu.
    Cette opposition spontanée, mouvante, rassemble des personnes de tous milieux et de toutes opinions. Ce sont des hommes et des femmes qui s'expriment en conscience, à l'image de ce lecteur : « Jamais, jamais je ne me suis senti autant méprisé dans mes convictions les plus profondes qui ne sont ni de droite ni de gauche, ni religieuses oulaïques, mais ancrées au plusprofond de moi tout simplement par bon sens. Ce bon sens inné qui me dit que nous sommes hommes et femmes et qu'il ne peut en être autrement dans la construction de tout enfant... Cela m'a paru surréaliste de devoir me lever deuxdimanches matins de bonne heure et d'aller manifester pour dire ça ! »
    Face aux provocations de toute sorte, il faut espérer que les opposants à ce projet sauront répondre par leur calme. Et qu'ils se souviendront de l'enseignement de Gandhi ou de la chute du mur de Berlin : seule la non-violence peut faire triompher les justes causes.

    Le doute et la défiance

    Le doute et la défiance


    La rupture est-elle consommée, en France, entre le peuple et les élites ? Assurément, ce n'est pas la publication du patrimoine des ministres, ce matin, qui va éteindre l'incendie allumé par l'affaire Cahuzac. Les Français savent parfaitement que la transparence n'est pas un gage de probité : elle favorise les plus habiles des menteurs et fait le miel des plus malins manipulateurs.
    Dans le meilleur des cas, l'opinion publique restera dubitative sur les intentions et la vérité de la démarche. Dans le pire, assez probable, cet étalage offrira matière à de nouveaux doutes, à des rumeurs, à des jalousies. La plus grande des fautes de l'ex-ministre du Budget, c'est d'avoir, par son mensonge, avalisé l'idéologie du soupçon généralisé, qui dévore comme un cancer le pays et ruine toutes les tentatives de redressement.
    Le soupçon n'est pas né avec l'affaire Cahuzac. Il vient de plus loin et déborde la sphère politique au sein de laquelle il frappe à droite et à gauche. Avec la crise dessubprimes qui a éclaté en 2007 aux États-Unis et a rapidement contaminé la planète, ce sont les élites économiques ¯ acteurs et analystes ¯ qui ont vu s'effondrer leur crédibilité. Les uns avaient pris des risques inconsidérés, fascinés par l'appât du gain, les autres n'avaient rien vu, rien compris.
    La crise bancaire européenne actuelle ne fait qu'aggraver les choses. Les affaires qui ont éclaté dans les industries agroalimentaires et pharmaceutiques s'ajoutent à des niveaux de rémunérations choquants de certains dirigeants ou hauts cadres d'entreprise pour faire tomber le discrédit sur le secteur privé alors que le chômage atteint des niveaux historiques !
    En 2005, l'échec du référendum français sur le Traité européen manifestait que l'Europe était entrée dans une crise de confiance majeure. Le plus grand projet mondial, à la fois politique, économique et culturel, de la seconde moitié du XXe siècle avait perdu sa force d'entraînement ! Le « non » traduisait un doute profond sur la qualité des élites européennes.
    Même les responsables spi-rituels n'y échappent pas. La confiance dans l'Église catholique a été profondément atteinte par les actes pédophiles commis par des prêtres et trop longtemps couverts par leur hiérarchie, jusqu'à ce que le pape Benoît XVI ne redresse la barre. Tout récemment, les raisons, certes moins graves, qui ont conduit à la mise en congé du grand rabbin de France, Gilles Bernheim, font planer un doute sur la sincérité de ceux qui sont en charge non pas des biens, mais des âmes, dont on attend plus encore qu'ils soient irréprochables...
    La méfiance qui s'étend rend plus difficile la lutte contre le chômage, car elle paralyse l'esprit d'entreprise, et privilégie la dénonciation d'éventuels coupables sur la recherche de solutions. Elle divise, là où il faudrait rassembler. Elle pousse à l'affrontement, là où il faudrait réunir les forces et les intelligences, pour coopérer. Son arithmétique irrationnelle est implacable : les doutes ne se retranchent pas les uns des autres, ils s'ajoutent, se renforcent et se multiplient.
    « Tous pourris » ? Certes non. Mais l'ombre du doute ne fait pas le tri des justes et des injustes. Elle moissonne sans discrimination. Dans le passé, de telles situations ont conduit à des déflagrations politiques et internationales majeures. Il faudra bien plus qu'une problématique transparence pour regagner la confiance. Au moins faudrait-il que les citoyens ordinaires aient le sentiment que les élites ne sont pas exemptes du sort commun. On en est loin.
    (*) Éditeur et écrivain.