TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

mercredi 6 mars 2013

Avec 56% des sympathisants UMP qui souhaitent le voir candidat en 2017, Nicolas Sarkozy écrase ses concurrents potentiels à droite

Un sondage Ifop pour Atlantico place Nicolas Sarkozy loin en tête des candidats préférés à la présidentielle de 2017 parmi les sympathisants UMP (56%), devant François Fillon, distancé à 17% et Alain Juppé à 9%.

Question : Parmi les personnalités suivantes, laquelle souhaitez-vous voir représenter l'UMP lors de la prochaine élection présidentielle en 2017 ?

(Cliquez pour agrandir l'image)

 

Atlantico : Quels enseignements peut-on tirer de ce sondage ?

Jérôme Fourquet : Le but de ce sondage était de disposer d’un état des lieux des souhaits des sympathisants de l’UMP – et non pas des militants - concernant la prochaine élection présidentielle. En toile de fond, il s’agissait d’essayer d’obtenir une mesure assez objective du souhait de retour de Nicolas Sarkozy. Cette hypothèse a été testée pour la première fois en concurrence avec d’autres scénarios, avec d’autres personnalités potentiellement choisies comme candidates à l’élection présidentielle. Il y a une hypothèse où il s’agit de François Fillon, une autre avec Alain Juppé, etc.
Jusqu’à présent, plusieurs sondages avaient été faits sur Nicolas Sarkozy et le souhait qu’il revienne, mais le retour de Nicolas Sarkozy n’avait jamais été mis en concurrence avec d’autres scénarios possibles.
La réalisation de ce sondage avait un autre intérêt lié au contexte, et à la séquence favorable à François Fillon ces derniers jours. Il a tenu un meeting à la mutualité, il a donné une interview au Monde, il est apparu sur le plateau d’un JT de TF1. Il s’agissait donc d’avoir un état des lieux, après la bataille interne entre Jean-François Copé et François Fillon, suite à différentes rumeurs au sujet d’un retour de Nicolas Sarkozy, et alors que différents quadragénaires de l’UMP étaient tentés de jouer leur carte personnelle, comme NKM qui souhaite se présenter à Paris aux élections municipales de 2014 ou Laurent Wauquiez qui pourrait se positionner pour la prochaine élection interne à l’UMP. Le but de l’enquête était de visualiser le rapport de forces au sein de l’électorat UMP, dans une perspective de premier tour, de primaires.
Les résultats sont assez limpides. Neuf personnalités ont été testées. Nicolas Sarkozy, bien qu’étant en concurrence avec huit autres personnalités de son camp, rallierait aujourd’hui largement la moitié des suffrages des sympathisants UMP (56%). C’est l’élément central du sondage. Même avec une offre très très élargie, Nicolas Sarkozy continue d’être souhaité comme candidat pour la présidentielle de 2017 par plus d’un électeur UMP sur deux, et ce presque un an après la dernière élection et à quatre ans de la future élection.
Le second enseignement concerne l’autre personnalité qui pourrait éventuellement lui contester cette prééminence dans le cœur des électeurs de droite : son ancien Premier ministre François Fillon, qui a la semaine dernière essayé de tourner la page et de se mettre au même niveau que son ancien président, invitant à remettre les compteurs à zéro et suggérant que chacun doit se remettre en question. Il apparait certes comme le compétiteur le plus sérieux face à Nicolas Sarkozy puisqu’il arrive en deuxième position, mais il reste 40 points derrière : la marche est très haute entre les deux personnalités.

Ce sondage a été fait auprès des sympathisants. Disposez-vous d’études du même type auprès des militants et auprès des Français en général ?

Nous n’avons pas fait de sondage auprès des militants car nous ne disposons pas des fichiers, qui sont très difficiles à trouver. Nous n’avons jamais testé cela auprès des Français. Avant de s’intéresser aux Français, il faut regarder d’abord ce que souhaite le cœur de l’électorat de droite, avoir de s’adresser à d’autres électorats tels que l’électorat de centre droit.
Au sein de l’électorat UMP en tout cas, en dépit du nombre très important de candidats que nous avons testé, Nicolas Sarkozy fait très largement la course en tête, devançant de 40 points son Premier ministre qui est à 17%, à 8 points devant Alain Juppé. Fillon arrive à se décrocher des autres candidats mais n’arrive pas à s’approcher de Nicolas Sarkozy. Peut-être les résultats auraient-ils été meilleurs pour lui il y a quelques mois, nous n’avons pas hélas de mesures. Mais on peut faire l’hypothèse que la campagne interne ait pu abimer son image de candidat potentiel, à cause des laissées par sa bataille contre Jean-François Copé.
Quelle que soit sa décision concernant le fait de concourir ou non une nouvelle fois à la présidence de l’UMP, il serait judicieux pour lui de partir très tôt en campagne afin de reconstruire une relation avec les Français de droite, avec un tour de France amorcé récemment « à la rencontre des Français », et une période réflexion et de mise en avant d’un certain nombre de propositions pour le redressement du pays.

Le sondage montre aussi que Jean-François Copé se situe encore plus loin. Subit-il encore davantage le contre coup de la campagne interne à l’UMP ?

Absolument. Jean-François Copé est crédité d’un score très très faible (4%), qui le place au même niveau que NKM, Bruno Le Maire et Xavier Bertrand. En tant que leader potentiel de son camp, il ne se distingue pas aujourd’hui.
Toutes les enquêtes auprès des sympathisants UMP avant le vote interne, et même après ont montré que François Fillon avait une véritable avance sur Copé en termes d’image, comme nous l’avons mesuré dans nos sondages auprès des sympathisants, qui donnaient la préférence à Fillon à 70% contre 30% pour Copé, voire à 80% contre 20%. Ces résultats avaient fait réagir Jean-François Copé, qui faisait valoir que ces sondages auprès des sympathisants n’étaient pas représentatifs que l’opinion des militants, qui pourtant seraient les seuls à voter. Mais on voit bien ici que l’image personnelle de Copé est moins bonne que celle de François Fillon, et plus abimée.
François Fillon a été très fortement associé à Nicolas Sarkozy pendant les cinq années passées, en tant que Premier ministre et co-gestionnaire de la France et des politiques menées. Mais pour autant, en termes de profil et d’image personnelle, François Fillon est assez différent de Nicolas Sarkozy. Le faible score de Copé ne s’explique pas seulement par le fiasco des élections internes à l’UMP, mais aussi par le fait que son positionnement et son style se rapprochent de ceux de Nicolas Sarkozy. Cette ressemblance peut certes être stratégiquement intéressante dans le cas où Copé s’adresserait à des sympathisants nostalgiques et orphelins de Nicolas Sarkozy. Mais dans l’hypothèse où Nicolas Sarkozy ne tire pas sa révérence et reste un concurrent, et bien des sympathisants sont fidèles au célèbre adage et préfèrent « l’original à la copie ».

Hormis les deux premiers, ce sondage révèle-t-il quelques surprises ?

NKM se place devant Copé et Le Maire à un point près, ce qui reste dans la marge d’erreur. Ce résultat n’est donc pas nécessairement significatif. NKM a capitalisé auprès de l’électorat de droite lors de la campagne électorale présidentielle, où elle était la porte-parole de Nicolas Sarkozy. Elle a récemment marqué des points, avec l’annonce de sa candidature à Paris et son occupation méthodique de l’espace médiatique, mais cela reste timide, elle n’est pas en position de challenger. Elle se place au même niveau que Bruno Le Maire et Jean-François Copé.
Cette situation des quadragénaires de l’UMP n’est pas sans rappeler celle des quadras du PS au lendemain de la défaite socialiste de 2007, qui avait favorisé le retour potentiel de DSK. Les enquêtes de ce type que nous avions menées montraient que les quadras qu’étaient Vincent Peillon, Arnaud Montebourg, Julien Dray, Manuel Valls avaient tous une carte à jouer après l’échec de Ségolène Royal. DSK était à Washington, Hollande était encore englué dans les affaires internes du parti, Aubry hésitaient à y aller, et les enquêtes montraient que les autres étaient tous dans un mouchoir de poche et très faiblement montés dans leur électorats respectifs. De la même façon aujourd’hui, les quadras de l’UMP ne sont pas parvenus à s’imposer en dépit de l’absence peut-être provisoire de Sarkozy et du duel fratricide entre Copé et Fillon. Leur hypothèse de travail est peut-être que le fiasco de l’élection interne pourrait produire un saut de génération, et qu’ils pourraient alors tenter leur chance, comme se le disaient à l’époque les quadras au PS.
Personne n’a vraiment fait son trou par rapport à ses petits camarades de la même génération, et ils ne sont pas en mesure de s’imposer face à un Juppé qui fait figure de recours.

Méthodologie :




Inflexibles

Inflexibles


François Hollande et le gouvernement auraient, sans nul doute, aimé célébrer sans réserve une victoire inédite sinon « historique » de la « démocratie sociale » à mettre au crédit de la gauche au pouvoir. Longtemps estimé improbable, l'accord sur l'emploi, scellé le 11 janvier dernier entre le patronat et trois syndicats, justifiait pleinement ce sentiment d'autosatisfaction. Pourquoi a-t-il fallu que la CGT, FO, la FSU et Solidaires, avec le soutien du Front de gauche et de quelques députés socialistes, viennent troubler la fête, à la veille de la présentation du projet de loi en Conseil des ministres ? Hier, avec les 170 manifestations organisées à travers la France, ce sont des slogans cinglants qui ont résonné aux oreilles du pouvoir.
Malgré une mobilisation hésitante, les participants ont vilipendé un accord « scélérat », « minoritaire », « made in Medef » et dénoncé la « trahison » de « Auraullande » ! Il y a évidemment un paradoxe dans cette contestation par des votants de gauche d'un projet impulsé par un pouvoir socialiste.
À y regarder de plus près, il ne faut pas être surpris. L'accord sur la flexisécurité entérine définitivement le réalisme social-démocrate. Cet accord sur l'emploi prend valeur de symbole et marque la rupture entre syndicats réformistes (CFDT, CFTC, CFE-CGC) et syndicats… inflexibles voyant une compromission derrière tout compromis. Une autre fracture, politique celle-là, s'y ajoute. Les députés de la gauche radicale s'apprêtent à mener bataille à l'occasion de la prochaine transcription législative du texte. Parce qu'ils n'ont pas élu Hollande pour cela.
Voilà qui, avant d'autres réformes douloureuses comme celle des retraites, préfigure la fin d'une ambiguïté entretenue par des discours électoraux utopiques. Cruelle désillusion pour les dogmatiques qui, déconfits, découvrent à quoi sert l'alternance. Elle permet à la gauche de faire ce que la droite, en son temps, avait été empêchée de faire. 
Devinez par qui ?

Les lieutenants du Mouvement Marc Bloch mettent les rangers dans le plat


Qui préconise les 5 mesures suivantes:
1. Augmentation significative du budget de la Défense. Financement d’équipements individuels tactiques efficients. 
2. Suppression de la 2e section. 
3. Création d’une commission parlementaire de révision des primes et indemnités des militaires. 
4. Maintien de tous les postes de militaires du rang et de sous-officiers qui s’apprêtent à être supprimés. Maintien des régiments. 
5. Diminution du nombre d’officiers.

Réponse: une dizaine de jeunes lieutenants de l'armée française qui ont diffusé une tribune sur le site Francetvinfo pour alerter sur "l'état critique de l'armée française" qu'ils estiment "menacée de déclin" en raison d'une mauvaise gestion budgétaire.
Qui sont-ils? Ils restent anonymes mais se déclarent de Marc Bloch, officier de réserve et universitaire. Un signe? 
Pour lire leur texte, cliquer sur le lien ci-dessous.

Marc Bloch, dans L’Etrange Défaite, a dénoncé les dysfonctionnements administratifs de l’armée et l’abandon moral des élites françaises des années 1930. Marc Bloch fut aussi un officier exemplaire pendant deux guerres mondiales, et un résistant de la première heure fusillé par les nazis. Nous nous réclamons de lui car il était un vrai soldat et un analyste lucide des travers qui avaient précipité la France dans la défaite.
Nous sommes de jeunes officiers de l’armée française, issus de différents recrutements et appartenant à différents corps. Nous nous sommes tous engagés pour défendre nos compatriotes, les intérêts et les valeurs de la France. A l’heure où l’on demande à la Patrie des sacrifices financiers pour essayer de ralentir la faillite de l’Etat, à l’heure où l’armée française au Mali, pour la première fois depuis des décennies, défend à la fois les intérêts économiques de la France, les valeurs universelles de notre Patrie, et l’immense majorité de la population d’un Etat contre une minorité alliée à des islamistes étrangers, à l’heure où le monde entier réarme, à l’heure où nos ennemis, dissimulés ou agissant en pleine lumière, menacent la paix d’Etats légitimes, à l’heure où l’armée est professionnelle, performante, respectueuse des conventions internationales et des lois, à cette heure, aujourd’hui, l’armée française est menacée de déclin.
De l’extérieur, des forces étrangères, qui manipulent nos gouvernements, diffusent dans l’opinion française l’idée que l’armée n’est plus nécessaire, que ses effectifs peuvent être réduits, que ses moyens peuvent diminuer, que son matériel et son armement peuvent être désuets.
A l’intérieur, des hommes, des officiers supérieurs et de prétendus "hauts" fonctionnaires bloquent la nécessité d’une réforme juste, nécessaire, qui nuirait aux intérêts de généraux, de colonels et d’énarques, mais qui serait néanmoins salutaire et dont les seuls prémices suffiraient à lancer le signal d’un redressement. Les faits que nous souhaitons porter à l’attention du peuple sont connus, publics, issus des travaux de la Cour des comptes, du Conseil supérieur à la fonction militaire ou de simples blogs de militaires ou d’anciens militaires.
Nous souhaitons que ceux qui, sans bien connaître le fait militaire, ont néanmoins de l’estime pour leur armée, s’intéressent au sort qui lui est fait, et que ceux qui la connaissent apprennent que des lieutenants et des capitaines, n’ayant aucun intérêt financier à se manifester comme nous le faisons, veulent se faire entendre et veulent que le peuple français décide souverainement du comportement que doit adopter l’armée française. Aujourd’hui dans cette armée, 5 500 généraux qui devraient être à la retraite sont artificiellement maintenus en activité dans un statut appelé la "2e section". Dans le même temps, des dizaines de milliers d’emplois de militaires du rang et de sous-officiers sont supprimés. Aujourd’hui, trop d’officiers sont toujours recrutés, alors que, déjà, des centaines de colonels n’ont pas de commandement. Pour les occuper avant leur retraite (où ils partiront travailler dans le secteur privé, après que leur sera versée une juteuse prime de départ), ces officiers supérieurs sont remisés à des postes administratifs qui deviennent autant d’obstacles bureaucratiques à l’efficacité opérationnelle.
La troupe n’est pas exempte de reproches. Un système très complexe d’indemnités et de fausses contreparties dissimule mal des iniquités qui nuisent au moral des soldats. Le système de solde doit être réformé en profondeur, et simplifié. Les acteurs privés de la Défense sont essentiellement français. Au lieu d’effacer les dernières traces de notre autonomie industrielle, il faut augmenter le budget de la Défense, et réarmer. Les emplois civils concernés se comptent par milliers. Les répercussions financières, par milliards. Contester cela, c’est contester que Total et Areva n’ont pas d’intérêt à exploiter des gisements de matières premières.
Ce réarmement doit prioritairement concerner l’équipement individuel des soldats. Il ne s’agit pas du programme Félin, qui les alourdit de dizaines de kilos, mais de gilets pare-balles, de chaussures, de robots, de drones, de munitions, de fusils d’assaut, de treillis de qualité. Ce choix stratégique doit être imposé par le Parlement aux groupes du complexe militaro-industriel. La France a besoin de capacité opérationnelle. Pour retrouver une réelle capacité de projection, l’armée a besoin de transporteurs blindés, d’un deuxième voire d’un troisième porte-avions, d’hélicoptères et d’un deuxième groupe aéronaval. Elle a besoin de blindés sur roues, de matériel chirurgical. A court terme, bien sûr, tout cela est cher. Mais le prix de l’indépendance est bien inférieur au coût du déclin.
Nous, jeunes officiers du mouvement Marc Bloch, inquiets des gaspillages et des coupes budgétaires commis au détriment de la capacité opérationnelle, n’avons pas la prétention de tout savoir ni de tout bouleverser, car c’est au peuple de le décider.
Cinq mesures peuvent lancer le signal d’un redressement qui pourra préserver la place de la France dans le monde, ses intérêts et ses valeurs universelles. 
1. Augmentation significative du budget de la Défense. Financement d’équipements individuels tactiques efficients. 
2. Suppression de la 2e section. 
3. Création d’une commission parlementaire de révision des primes et indemnités des militaires. 
4. Maintien de tous les postes de militaires du rang et de sous-officiers qui s’apprêtent à être supprimés. Maintien des régiments. 
5. Diminution du nombre d’officiers.

Signé: Les jeunes officiers du mouvement Marc Bloch

Le projet de fiscalité numérique, symbole du dirigisme français


Le rapport Colin-Collin sur la fiscalité numérique illustre le dirigisme français et ses impasses.
Collin (Pierre) et Colin (Nicolas) sont les Dupont et Dupond du numérique. Déconnectés de la réalité économique, ils viennent de remettre aux quatre ministres de Bercy un rapport sur la fiscalité de l'économie numérique qui devrait rentrer dans les annales du dirigisme à la française.
Le rapport s'ouvre sur un constat terrible, une blessure qui ne cessera de tarauder les auteurs tout au long du texte : « Alors même que l'économie numérique investit l'intimité de milliards d'individus, sa valeur ajoutée nous échappe. » Nous ? Qui, nous ? Mais l’État, voyons. Le scandale est pourtant visible. Alors que le taux de prélèvements obligatoires doit augmenter de 1,4 % l'an prochain, faisant de la France le pays le plus taxé de l'OCDE, il semblerait qu'une manne ait échappé au fisc.
Pis encore, le numérique introduirait un élément détestable entre tous : la concurrence, qui met à mal les intermédiaires traditionnels. Les auteurs n'hésitent pas à qualifier cette combinaison de manque à gagner fiscal et de pression à la baisse sur les prix, de « spirale mortifère pour l'économie des États industrialisés » : quelle honte, en effet, que le marché s'exerce librement au bénéfice du consommateur !
Est-ce à dire que les grandes entreprises du Net, les Google et les Amazon, ne payent pas l'impôt sur les sociétés ? Non, bien sûr, et nos Col(l)in évitent finement l'écueil qui consisterait à dénoncer exclusivement les stratégies d'optimisation fiscale en proposant de vagues processus d'harmonisation internationale. Car ils se réservent un outil autrement diabolique.
Dans la géniale tradition créatrice des fiscalistes français, les auteurs identifient en effet des « gains de productivité » cachés, fournis par le « travail gratuit » des internautes qui s'inscrivent en ligne et communiquent leurs données privées. Cette masse d'information alimente en effet la stratégie de ciblage marketing et de publicité en ligne des grands groupes. Et voilà le cœur du scandale pour Col(l)in : que le travail puisse être gratuit, qu'il échappe ainsi aux charges sociales et au droit du travail, à la vigilance débonnaire de l’État !
Heureusement, les auteurs proposent une solution simple et juste pour remettre le travail gratuit sur le droit chemin de la fiscalité : déterminer la quote-part des bénéfices liée à l'exploitation de données issues du suivi régulier et systématique des internautes sur le territoire national… Autrement dit, si un Néo-Zélandais a le malheur de remplir un formulaire informatique via un réseau français, son « travail » rentrera automatiquement dans le calcul du fisc. Un jeu d'enfant administratif, on s'en doute. En attendant que la communauté internationale tombe en pâmoison devant cette nouvelle méthode de renflouer les déficits, les auteurs, jamais à court d'imagination, suggèrent d'imposer le principe du « prédateur-payeur » aux entreprises classiques (oui, les vraies entreprises, celles-là même qui ne payent en moyenne, en France, que 65,7 % d'impôts selon une récente étude de la Banque mondiale). Ainsi les entreprises qui s'en tiendraient « à une application formelle du droit en vigueur » (sic) et oseraient utiliser les données personnelles collectées légalement seraient lourdement taxées.
On voit la philosophie qui sous-tend les conclusions de Col(l)in : il est inacceptable que les entreprises du numérique puissent se débrouiller seules. Il faut que ce soit l’État qui oriente leurs efforts de R&D. Et à cette fin, bien sûr, comment ne serait-il pas légitime de « générer les recettes fiscales nécessaires à l'accompagnement de cette transition par la puissance publique » ? Car seule une « politique industrielle volontariste » pourra développer le numérique.
Comme les Dupont et Dupond arrêtant Tintin dans Les Cigares du pharaon, nos Col(l)in se sont trompés de coupable en s'acharnant sur les entreprises.

Le porno de la vengeance : quand publier des photos de son ex dénudé(e) devient un véritable business


Avec le site IsAnyoneUp, l'Américain Hunter Moore est le premier à avoir proposé aux hommes et femmes plaqués de se défouler en postant des photos prises en toute intimité avec leur ex-moitié.
Terminés les mauvais sorts et les poupées vaudous. A l'heure d'Internet, le meilleur moyen de se venger d'un ex passe par la publication de clichés dénudés de la dite personne.  Ce phénomène, appelé outre-manche Revenge Porn, connaît un succès retentissant depuis maintenant quelques années et prend une ampleur XXL, à tel point que le créateur de l'un de ces sites, Hunter Moore, est devenu à 26 ans seulement "l'homme le plus détesté d'Internet".
Cet Américain a en effet lancé en 2010 le site web IsAnyoneUp. L'idée lui est venue quand une femme lui envoya à plusieurs reprises des photos d'elle nue. Après avoir publié ses clichés pornographiques sur sa nouvelle plateforme Internet, il encouragea alors le reste des internautes à faire de même avec leurs propres photos. Et les passions de se déchaîner, les cœurs brisés de se venger. Ou quand la vengeance est un plat qui se mange chaud.
Rapidement, le site devient l'un des plus populaires aux Etats-Unis atteignant près de 30 millions de pages vues par mois et rapportant tout de même la modique somme de 10 000 dollars en revenus publicitaires. Et malgré de nombreux incidents – une femme alla jusqu'à poignarder Hunter Moore avec un stylo après avoir figuré sur le site en 2011 – le site est resté opérationnel jusqu'à l'année dernière quand le jeune Américain décida d'y mettre un terme.
Le roi est mort, vive le roi. La fin du site d'Hunter Moore n'a en effet pas sonné le glas duRevenge Porn puisque d'autres petits malins ont repris le flambeau. IsAnybodyDown.com ou encore Texxxan.com ont ainsi succédé au tristement célèbre IsAnyoneUp. Le site PinkMeth a poussé le concept encore plus loin en dévoilant, en plus des photos dénudées, des données personnelles sur la personne représentée en diffusant les noms et prénoms, l'année de naissance, l'adresse e-mail, et même des liens vers les comptes Facebook ou Twitter.
Une question titille généralement les internautes. Pourquoi ces sites ne sont-ils tout simplement pas interdits ? Tout simplement, justement, parce que la loi autorise leur existence et protège même ses fondateurs. Ils sont en effet protégés par la loi 47 USC 230qui indique que les sites internet ne sont pas responsables du contenu de tiers. En effet seuls ceux qui envoient les photos sont susceptibles d'être accusés. Or ils les envoient bien évidemment anonymement. Et la boucle est bouclée, personne n'est condamnée même si les procès contre les fondateurs de ces sites ne cessent de se multiplier un peu partout aux Etats-Unis.
De plus en plus d'avocats expliquent toutefois que le fait de publier sur Internet des photos pornographiques de personnes sans indiquer leur âge est illégal puisque ces hommes ou femmes pourraient très bien être mineurs. Les photos relèvent donc de la pédopornographie. De même, publier des informations aussi précises que la date de naissance et autres sur les personnes représentées pourraient représenter un vol d'identité. Mais même si en passant par certains avocats qui triturent plusieurs lois pour arriver au retrait de la photo gênante, le problème demeure : rien ne s'efface vraiment sur Internet, et cette vengeance pornographique reste, à tout jamais.
Mais entre les "sextos" et les vidéos amateurs, le Revenge Porn ne constitue qu'un triste et nouvel exemple de la pornographie "privée" et de son développement dans notre quotidien. Et ce ne sont pas les initiatives comme EndRevengePorn.com et consorts où des groupes de soutiens sont assurés aux victimes de ces vengeances pornographiques, des pétitions mises en ligne et des noms d'avocats donnés que devraient changer la donne.

Hugo Chavez, le fin d'un provocateur

Arrivé au pouvoir en 1999, il a réussi à s'y maintenir jusqu'à son décès, mardi, des suites d'un cancer du colon.

Hugo Chavez aimait cultiver son image de dirigeant incontrôlable, fantasque, imprévisible comme s'il était entré en 1999 au palais présidentiel de Miraflores par hasard et sans préparation. La réalité est toute différente. Il a très tôt dans sa vie conçu le projet de diriger le Venezuela et n'a jamais perdu cet objectif qu'il a fini par atteindre en 1999. Il venait de se faire réélire à la tête du Venezuela le 7 octobre 2012.
Un cancer dans la région pelvienne détecté à Cuba en juin 2011 a eu raison du leader bolivarien, après quatre opérations chirurgicales infructueuses. «Nous avons reçu l'information la plus éprouvante et la plus tragique que nous puissions annoncer à notre peuple. À 16H25 aujourd'hui 5 mars, est mort notre commandant président Hugo Chavez Frias», a déclaré à la télévision publique le vice-président vénézuelien Nicolas Maduro.
Son ami d'enfance, Federico Ruiz, raconte cette anecdote : «En 1983, nous sommes partis nous promener tous les deux dans un Dodge Dart qui lui appartenait, avec une bouteille de rhum. Il m'a dit : “Sais-tu une chose ? Un jour, je serai président de la République.”» Federico poursuit: «Alors tu me nommeras ministre de je-ne-sais-quoi, ai-je plaisanté… Mais je me suis rendu compte qu'il parlait sérieusement…»

Une vision messianique de son destin

Né le 28 juillet 1954, il évoquait, dès 1977, la vision messianique de son destin dans son journal intime : «Je dois me préparer pour agir… Mon peuple est passif… Les conditions ne sont pas réunies. Pourquoi ne pas les créer…» En 1977 en effet, le pays connaît une situation politique stable et économique florissante qui rendait incongrue toute tentative de renversement du régime.
Il est entré dans l'armée en 1971 pour devenir champion de baseball. Mais très vite son frère aîné Adan, membre du Parti révolutionnaire vénézuélien, lui enseigne les rudiments de la pensée révolutionnaire. Petit à petit, le jeune Hugo entre en contact avec des groupes clandestins de l'armée qui fomentent des projets pour renverser le pouvoir en place. Avec ses camarades, ils rêvent de reproduire l'expérience du général Velasquez au Pérou ou de Trujillo au Panama. Hugo Chavez raconte son voyage à Lima en 1974 pour la célébration de la bataille d'Ayacucho : «J'avais 20 ans, j'étais en dernière année d'académie… J'ai rencontré personnellement Juan Velasco Alvardo (renversé quelques mois plus tard). J'ai lu pendant des années son manifeste révolutionnaire, La Revolucion nacional peruana que le général péruvien lui avait offert.» Hugo Chavez résumait ses influences ainsi : «Torrijos m'a converti en torrijiste, Velasco en velaquiste et Pinochet en antipinochet » et non en allendiste, le président socialiste chilien qui s'est suicidé lors du bombardement du palais présidentiel chilie Un héros national a pris une place privilégiée dans la pensée politique d'Hugo Chavez : Simon Bolivar, dont il n'hésite pas à «interpréter » les théories, pour en faire un nationaliste promoteur de la démocratie et défenseur du droit des plus faibles et des peuples indigènes. Un vrai anachronisme qui transforme el Libertador en combattant prémarxiste. Le 24 juillet 1983, lors du 200e anniversaire de la naissance du héros national, Hugo Chavez fonde au sein de l'armée le Movimiento bolivariano revolucionario 200 (MBR 200). Après une longue préparation, le MBR 200 organise finalement un coup d'État, le 4 février 1992. De nombreuses casernes se soulèvent à travers le pays. Ironie de l'histoire, Fidel Castro, autre grand modèle d'Hugo Chavez, enverra un message de soutien au président Carlos Andres Perez.

«Pour le moment»

À Maracaibo, Valencia ou Maracay, les forces putschistes tiennent les principaux points névralgiques, mais à Caracas, les choses s'avèrent plus compliquées: la tentative de capture du président Carlos Andres Perez échoue et les forces loyalistes font plus que résister. Très vite, Hugo Chavez comprend que la partie est perdue. Il décide de se rendre, alors que ses camarades de province continuent le combat. Car Hugo Chavez a un projet politique personnel et il sent que son heure n'est pas encore venue. Il se rend au ministère de la Défense et dépose les armes. Les autorités lui demandent de faire une allocution télévisée pour appeler ses compagnons à se rendre. Le message devait initialement être contrôlé mais, par manque de temps, il est enregistré sans préparation. Hugo Chavez en profite alors pour dire : «Compagnons, lamentablement, pour le moment, les objectifs que nous nous étions fixés n'ont pas pu être atteints dans la capitale » Pour le moment ! Une fois président, il fera du 4 février le jour de la Dignité nationale.
Il reste deux ans en prison. Le président Perez est destitué en 1993 pour détournement de fonds publics. Le président Rafael Caldera qui lui succède gracie Hugo Chavez, l'estimant moins dangereux hors de prison. Libéré le 26 mars 1994, Hugo Chavez entreprend un long voyage à l'intérieur du Venezuela.

Il vivra deux ans dans une camionnette sillonnant tout le pays pour rencontrer le Venezuela de l'intérieur. Il s'installe ensuite à Caracas dans un petit appartement où vit la famille de son ami Luis Miquilena. Ce vieux communiste réussit à le convaincre que les urnes sont un moyen plus efficace pour entrer au palais de Miraflores qu'un coup d'État. La situation politique est très instable et les partis politiques traditionnels totalement discrédités.

Un an avant l'élection présidentielle de 1998, c'est une ex-reine de beauté qui est en tête dans les sondages. Maintenant qu'Hugo Chavez est convaincu qu'il doit gagner les élections, son discours se fait plus politique, il promet une nouvelle Constitution, la fin de la corruption, l'augmentation des salaires. Il veut incarner l'antipolitique et y parvient.
Il gagne avec 56 % des voix la présidentielle. Prêtant serment le 2 février 1999, il jure «sur la Constitution moribonde qu'il impulsera les changements démocratiques nécessaires ». Il organise ensuite une série de scrutins qu'il emporte haut la main : référendum, constituante, nouvelle présidentielle, législatives. L'opposition semble écrasée, sans capacité de réagir.

 Depuis sa première victoire dans les urnes en 1998, Chavez a toujours conservé une forte popularité grâce, notamment, à ses programmes sociaux qui ont amélioré la vie de millions de Vénézuéliens jusque-là exclus des bénéfices d'une fantastique rente pétrolière. Mais son allié le plus efficace a toujours été l'opposition, qui a accumulé les erreurs. Le 11 avril 2002, un putsch est organisé contre lui. Il suit les conseils de Fidel Castro qui, dans la nuit où le président est arrêté, lui explique au téléphone : « Négocie avec dignité, ne va pas t'immoler… » Les hésitations et les incohérences dans les rangs des putschistes finissent par remettre Hugo Chavez en selle et lui permettent de gagner l'image de garant de la stabilité.
Mais cela ne suffit pas à l'opposition. Une «grève insurrectionnelle » débute en décembre 2002 dans l'industrie pétrolière. Elle est organisée par la Confédération des travailleurs du Venezuela (CTV) et la fédération patronale, Fedecamaras. L'activité de PDVSA, la compagnie pétrolière nationale, est totalement bloquée. Les livraisons de pétrole aux États-Unis sont interrompues. Hugo Chavez utilise la solidarité avec les autres pays producteurs de pétrole pour honorer les contrats internationaux du pays. La grève durera deux mois et son but est clairement la destitution de Chavez. L'opposition en sort laminée. Hugo Chavez licenciera plus de 19 000 salariés de PDVSA, soit la moitié de l'effectif.
L'opposition fera une nouvelle erreur en refusant de se présenter aux législatives de 2005, permettant aux partisans de Chavez d'occuper tous les sièges et laissant le pouvoir chaviste sans contrôle.
Ces années de pouvoir ont révélé un Chavez provocateur, cabot, combatif, surprenant parfois, mais surtout un homme qui adorait se mettre en scène. Chaque dimanche, il apparaissait dans un programme appelé «Alo presidente ». L'émission commençait en général vers 11 heures du matin pour durer plusieurs heures. Sans plan précis, le programme avançait grâce aux talents d'improvisation du président. Il n'était pas rare qu'il pousse la chansonnette ou récite des poèmes. Il pouvait aussi licencier en direct des personnages importants de son administration ou annoncer la nomination de ministres clés, comme il le fit en 2004 en révélant le nom des nouveaux ministres des Relations extérieures et de l'Information. Ces dernières années, il avait habitué les Vénézuéliens à nationaliser des entreprises en direct.

Un pays économiquement affaibli

En février 2010, passant devant l'immeuble La France situé sur la place Bolivar au centre de Caracas, il demande : «Cet immeuble, c'est quoi ?» Un immeuble qui regroupe des bijoutiers, lui répond-on. «Qu'on le nationalise !», s'écrie-t-il. On apprit ensuite que l'immeuble appartenait à l'Université, donc à l'État.
Il multipliait les propos outranciers contre Israël ou les déclarations belliqueuses contre Washington, tout en continuant de livrer son pétrole aux États-Unis. Il s'était montré en compagnie de hauts responsables des Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie), au balcon de Miraflores. Il aimait surprendre aussi, comme lorsqu'il lança à Barack Obama récemment élu, lors du sommet de Trinidad en avril 2009: «Je veux devenir votre ami .» Il lui offrit un livre dénonçant les forfaits commis par les États-Unis en Amérique latine, Les Veines ouvertes de l'Amérique latine, d'Eduardo Galeano. Ce jour-là, il laissa à Evo Morales, le président bolivien, et Daniel Ortega, son homologue nicaraguayen, le soin d'attaquer Washington.
Hugo Chavez laisse un pays économiquement affaibli. La production pétrolière stagne depuis que tous les cadres ont été licenciés, l'exploitation gazière ne décolle pas, les industries de l'aluminium et du ciment, florissantes à la fin des années 1990, sont pratiquement arrêtées depuis leur nationalisation. L'insécurité atteint des niveaux intolérables et l'inflation dépasse allégrement les 20 %.
Hugo Chavez a officiellement appelé à voter pour son vice président, Nicolas Maduro, lors de l'élection présidentielle qui sera organisée dans les semaines qui viennent. Mais le chavisme peut-il survivre à la mort de son mentor? 
Rien n'est moins sûr.