TOUT EST DIT

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jeudi 21 février 2013

Un repaire de paresseux revendicatifs ? Radiographie des véritables points forts et points noirs de la France


Dans une lettre adressée au ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, le PDG de Titan International, qui a renoncé à reprendre l'usine de pneus Goodyear d'Amiens-Nord, raille "les soi-disant ouvriers" qui "ne travaillent que trois heures".

Dans une lettre adressée au ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, le PDG de Titan International, qui a renoncé à reprendre l'usine de pneus Goodyear d'Amiens-Nord, raille "les soi-disant ouvriers" qui "ne travaillent que trois heures". Au-delà de cette vision caricaturale, quels sont les réels ponts forts et points faibles de la France ? De quels autres pays européen peut-elle s’inspirer ?

  • Infrastructures 

Éric Verhaeghe : La France a, comme c'est sa tradition pluriséculaire, investi dans un réseau routier de grande qualité, globalement efficace, qui garantit une bonne desserte du territoire. En outre, toute entreprise qui s'installe en France dispose d'une organisation administrative, d'un accès à des équipements collectifs, à des réseaux, à des approvisionnements de qualité, qui expliquent globalement l'attractivité du territoire français pour de nombreux investissements directs à l'étranger.
 
En revanche, là aussi pour des raisons historiques, la France est une puissance maritime et fluviale secondaire, alors qu'elle est la seconde puissance mondiale en superficie des eaux territoriales. Aucun port maritime français ne peut rivaliser avec ses voisins belges ou hollandais. C'est un grand mystère, car la France dispose d'atouts colossaux pour s'imposer comme une puissance de première ordre. Les situations géographiques de Marseille, du Havre, de Dunkerque sont idéales pour accueillir en France le trafic maritime qui fait la prospérité de la Belgique (10% du PIB belge est apporté par les ports) ou des Pays-Bas.
 
Qui peut expliquer que les transporteurs mondiaux préfèrent dépasser Marseille et accoster à Rotterdam pour livrer des marchandises destinées au sud de la France ?
 
  • Dialogue social

Éric Verhaeghe : Historiquement, la France n'aime pas le dialogue social, car elle y voit du corporatisme. C'est l'héritage de la loi Le Chapelier de 1790, qui avait interdit en son temps tous ces fameux corps intermédiaires, et qui avait fait place nette pour l'omnipotence législative. Depuis une trentaine d'années, la France tente d'inverser la tendance en disséminant le dialogue social. Mais il contrevient à la culture du management français, éduqué dans une vision aristocratique des responsabilités : il y a ceux qui décident, et ceux qui travaillent. Les deux catégories n'aiment pas se rencontrer pour partager une stratégie commune.
 
  • Droit du travail 

Éric Verhaeghe : Incontestablement, le droit du travail est devenu une immense faiblesse, mais pas forcément parce qu'il est trop protecteur. Le premier problème du droit du travail en France est celui de sa complexité. Quel chef d'entreprise normal peut faire son métier raisonnablement, et sans risquer en permanence la mise en cause pénale ou le procès-verbal d'un inspecteur du travail, avec des milliers de pages de Code, qui portent sur une multitude de points de détails. Le drame français tient largement au synonyme qui règne dans les esprits entre politique et loi. Quand un problème politique se pose, on fait une loi. L'empilement des lois depuis 50 ans a rendu le droit du travail impraticable.
 
  • Coût du travail

Éric Verhaeghe : Là encore, j'irai à contre-courant de l'opinion dominante en n'incriminant pas directement le coût du travail en France, mais en soulignant la complexité du coût du travail. L'empilement de cotisations sociales en tous sens est tout simplement ingérable pour un chef d'entreprise. Le moindre salaire payé se traduit par des formalités à n'en plus finir. La simplification des contributions sociales est une urgence plus grande que la baisse de ces contributions.
 
Si l'on aborde la question du coût proprement dit, il me semble qu'il faudrait un débat non-idéologique. Car si le coin social, comme on dit, c'est-à-dire le poids des cotisations, est élevé, il s'agit plus d'un investissement que d'une charge pour les entreprises. Il est quand même très sain pour l'économie française de disposer d'amortisseurs sociaux qui permettent, comme disait Marx, de reconstituer la force de travail sans mise en péril de l'ordre social.  
 
 
  • Productivité

Éric Verhaeghe : Incontestablement, c'est la très grande force de l'économie française et de son circuit de production. Les Français sont de piètres managers. Ils sont en revanche de bons assembleurs de processus complexes et le système éducatif français forme des ouvriers à haute qualification. Ce mélange des genres permet aux entreprises françaises, en tout cas dans le secteur industriel, de dégager une forte productivité. 
  • Innovation 

Éric Verhaeghe : un point faible. La France peine à déposer de nouveaux brevets industriels. La recherche n'occupe pas le poids qu'elle devrait occuper. Et l'intelligence française n'a pas encore intégré le modèle d'innovation sociale qui fait la prospérité des pays qui maîtrisent les technologies du Net. Le modèle français d'intelligence est fondé sur une ascèse solitaire, rationnelle, pyramidale. Le monde contemporain fonctionne avec des processus horizontaux, intuitifs, collectifs. La France est restée attachée à l'idée que le modèle de l'intelligence, c'est la physique. Alors que le Net est un modèle fondé sur le primat de la biologie. D'un côté l'approche mathématique. De l'autre l'approche virale. D'un côté le mouvement mécanique, de l'autre le grand élan de la vie.
  • Formation 

Éric Verhaeghe : La formation en France est un mélange de plus en plus précaire. L'enseignement professionnel est d'excellente qualité, l'enseignement général vit un naufrage, et l'orientation est en déroute. Ce vaste sujet ne peut être abordé en quelques lignes. En revanche, une chose est sûre: le dispositif d'alternance, qui est l'avenir de l'égalité des chances et de l'insertion des jeunes dans l'entreprise n'est plus adapté. Il faudrait entamer une réforme en profondeur de ce sujet, notamment en simplifiant l'apprentissage. 
 
  • Financement des entreprises

Éric Verhaeghe : Un point noir français. Les entreprises françaises sont sous-capitalisées. Cette lacune se vérifie particulièrement dans les TPE, les PME et les ETI. Le financement à long terme se fait rare, et l'intermédiation bancaire est étouffante. Il faut d'urgence développer le crowdfunding, qui constitue une solution simple pour rapprocher les petits porteurs d'épargne et les porteurs de projets à petits besoins de financement, sans l'intermédiaire des banques dont les commissions alourdissent le coût du capital.
Dommage que la loi sur la séparation des activités bancaires n'aborde pas ce sujet en supprimant le monopole des banques sur l'appel à l'épargne - point réglementaire qui bloque le développement du crowdfunding en France.
  • Fiscalité 

Éric Verhaeghe : Ce point ne mérite pas vraiment d'être relevé s'agissant des grandes entreprises de dimension internationale. Celles-ci pratiquent couramment la mondialisation fiscale et jouent sur les comptes de leurs filiales pour diminuer leur imposition. Le problème se pose en revanche pour les autres entreprises, qui ne peuvent ignorer, même lorsqu'elles sont de petite taille, la proximité d'un pays comme la Belgique où la fiscalité est bien plus favorable...
 
 
 
 
Alain Fabre : Le courrier du PDG de Titan vient une fois de plus, souligner l’éloignement de la France de la réalité entrepreneuriale et la dégradation de son image auprès du monde économique international. Après Mittal, après tant d’autres exemples. Elle prend même la forme désormais d’un discrédit total. On a vu récemment le groupe ARKEMA jeter l’éponge d’un projet d’investissement de 70 M€ par suite des surenchères de la CGT.
Des signaux bien fâcheux à un moment où la France confirme son incapacité à respecter ses objectifs de déficit budgétaire alors que l’Italie a respecté les siens malgré un recul de son PIB. A un moment où la France affiche 67 Md€ de déficit extérieur quand l’Italie récolte 11 Md€ d’excédents, le sentiment gagne que la descente aux enfers pourrait bien s’accélérer alors que la croissance dévisse.
Et pourtant la France jouit d’atouts considérables que constitue sa position centrale en Europe et la qualité reconnue de ses infrastructures (TGV, autoroutes, parc nucléaire, réseaux télécoms, etc...) La France peut aussi attirer les investisseurs internationaux du fait de son système de formation qui demeure en termes absolus et relatifs reconnu. La qualité de la main d’œuvre lui permet de se prévaloir de niveaux de productivité significatifs même si ses performances résultent pour une bonne part d’un marché du travail qui ne s’ouvre qu’aux éléments les plus qualifiés ou les plus productifs. On peut même s’imaginer que le pire n’est pas sûr comme le montre la capacité des syndicats réformistes d’accepter la possibilité d’accords de compétitivité dans les entreprises avec l’accord signé le 11 janvier dernier, sur le modèle de ce qu’ont pu réaliser l’Allemagne de Schroeder ou l’Italie de Monti.
Pour le reste, tous les feux passent progressivement du vert à l’orange, de l’orange au rouge. Nous restons englué dans un droit du travail dissuasif, avec comme figure emblématique de nos paralysies les 35 heures dont Jean Peyrelevade a pu dire qu’elles étaient synonymes de sabordage de l’économie. Du fait de l’effet combiné de l’explosion des charges sociales et des 35 heures, les coûts horaires ont progressé dans des proportions telles qu’elles excluent les entreprises françaises de bien des marchés internationaux comme le montre la fonte de nos parts de marché mondiales. Incapables de soutenir la concurrence internationale, les entreprises françaises s’accrochent à leurs parts de marché en sacrifiant leurs marges qui alimentent mécaniquement un processus d’affaiblissement de l’innovation et de la capacité à investir. Le rapport Gallois a-t-il vraiment signifié une prise de conscience, une inversion de tendance, alors qu’il indiquait que notre pays détenait un parc de robots inférieur de moitié à celui de l’Italie et de moins du quart de celui de l’Allemagne ? Nos dépenses de R&D patinent, notamment celles du secteur privé, ce qui augure mal de la possibilité de redresser une compétitivité fortement entamée.
Les entreprises françaises s’avèrent financièrement vulnérables. 2012 a établi un record de faillites d’entreprises (62.000) ; en particulier les grosses PME – entre 250 et 5.000 personnes – ont particulièrement souffert : 45 d’entre elles ont disparu, ce qui représente 26.000 emplois. La base productive française déjà fortement érodée depuis une dizaine d’année donne de nouveaux signes d’affaissement. Nous avons moins de 90.000 entreprises exportatrices contre 110.000 il y a dix ans alors que l’Allemagne en compte trois fois plus. La France ne compte que 4.200 entreprises de 250 à 5000 personnes et seulement 185 de plus de 5.000. Le taux de profitabilité est un des plus faibles de la zone euro : 6,8%. Alors qu’il est de 9,5% en Italie, de 10% en Allemagne et de 14 % en Espagne.
L’option française chronique qui consiste à reporter le poids des crises depuis le premier choc pétrolier sur les entreprises, tendance qui s’est renforcée depuis 2008 et plus encore depuis 2012, s’avère meurtrier. Avec 18% de prélèvements sur la valeur ajoutée des entreprises, la France figure en tête du classement européen alors qu’ils ne dépassent pas 11% en Allemagne, voire 14% en Italie.
Ce choix n’est ni anodin ni subi : il repose sur la volonté continue mais fortement réaffirmée depuis l’élection de François Hollande de sanctuariser les rentes du secteur protégé ; son poids politique représente de l’ordre des deux tiers des suffrages exprimés, ce qui interdit ainsi toute remise en cause en profondeur par des réformes. Car comment comprendre alors que la croissance dérape, que les déficits dérivent, que le gouvernement en soit encore à rétablir la retraite à 60 ans pour certaines catégories de salariés, à stopper la réduction des effectifs publics et au contraire à recruter des enseignants supplémentaires par milliers et même à envisager des augmentations de traitement ?
La France peut bien miser sur la clémence de la Commission, ou sur le répit dont elle jouira encore jusqu’aux élections allemandes de septembre. Et après ? Continuerons nous dans le rêve éveillé du déni de réalité ? En s’exposant à l’éventualité d’une brusque remontée des taux, la France risque bel et bien de redécouvrir l’économie de marché grâce aux claques de la main invisible.

"Et si la presse papier revivait grâce à la mode du rétro?"

Alors que le secteur de la presse écrite connaît un fort recul des ventes, notre contributeur Benjamin Bousquet pousse un coup de gueule et appelle les lecteurs à défendre le papier à l'heure du tout numérique. 

Durant près de quatre cents ans, la presse fut le principal moyen d'information et de connaissance en France. Un précieux outil de culture, d'ouverture et de découvertes qui, très tôt, s'est ouvert aux différentes classes sociales. Si elle peine aujourd'hui à trouver un nouveau souffle et un réel modèle économique face à la montée en puissance d'Internet, des réseaux sociaux et de toutes les nouvelles technologies de manière générale, elle n'en reste pas moins très "noble" et attirante pour certains.  
Le papier. L'art de le toucher, de le froisser, de le poser au beau milieu du salon, pour plus tard le reprendre. De l'arracher aux mains de ses frères et soeurs, uniquement dans le but d'être le seul à sortir l'exclu au déjeuner du dimanche... La presse papier bénéficie aujourd'hui d'un attachement particulier des Français tant elle est chargée d'histoire et unique en son genre. D'après le baromètre REC de l'institut GfK, sur un échantillon de mille internautes âgés de 15 à 65 ans, seulement 42% des lecteurs de presse en France ont téléchargé ou lu des contenus journalistiques en ligne, au cours du dernier trimestre 2011. Résultat étonnant, révélateur d'un attachement fort des Français à la presse papier. Encore plus surprenant, selon la même enquête menée par Philippe Person, seulement 11% des férus d'actualité en ligne y consacreraient la totalité de leur temps de lecture.  
Cet attachement est directement lié au facteur social que représente aujourd'hui la presse papier. À un voisin de train inconnu et totalement étranger à notre propre entourage, il est beaucoup plus facile de lui quémander son journal, une fois fini, que de lui demander un prêt temporaire de son smartphone. Cet échange, qui tend à se perdre depuis l'expansion des téléphones portables, tablettes et autres ordinateurs portables avec connexion 3G, est pourtant primordial dans l'aspect conversationnel d'une personne. Comme dans beaucoup d'autres cas, notre attachement aux outils informatiques et technologiques empiète fortement sur notre relationnel et notre capacité à s'ouvrir et à partager avec autrui. En exagérant, on pourrait attribuer Internet à un monde plus individualiste, et la presse papier à un monde plus ouvert, à commencer par ce premier échange, non négligeable, entre l'acheteur de journaux et son vendeur.  

Impact visuel

Une qualité qu'on ne peut enlever à la presse papier réside en son pouvoir d'attraction purement visuel. Les polémiques -nombreuses- nourries autour de l'affaire Bernard Arnault et des fameuses unes de Libération en septembre dernier en sont le parfait exemple. Les unes de nos principaux journaux attirent l'oeil car elles se démarquent par leur (im)pertinence et leur présence dans nos rues, à la vue de tous et à des endroits stratégiques bien déterminés à l'avance par les agences de publicités oeuvrant pour ces médias.  
Cet aspect, purement marketing et hautement travaillé par les rédacteurs en chef la veille de la distribution permet, quand elle est bien maitrisée, de posséder un avantage certain sur des médias plus modernes comme Internet. Le fouille-tout présent sur la Toile ne permet pas toujours de mettre autant en avant une idée à travers un simple visuel, comme le fait si bien la presse écrite.  
Voilà bien un domaine qui finalement nous intéresse plus que tous les autres: la qualité des articles. Qu'on soit sur presse papier ou sur la Toile, nous aurons de tout. Du bon comme du moins bon. De l'intéressant, comme du superflu. Les goûts et les couleurs ne se discutent pas, et les centres d'intérêt de chacun encore moins. En revanche, une constation s'impose: les journalistes présents sur la Toile sont en moyenne beaucoup plus jeunes que leurs confrères de la presse papier. En 2008, la moyenne d'âge du journaliste est de 42,2 ans. Celle-ci était de 40,5 ans en 2000. Plus du tiers des journalistes (39,2% en 2008) ont plus de 45 ans. Ce vieillissement général de la profession masque cependant des disparités, notamment liées au sexe et au type de contrat. Cette tendance laisse à penser qu'un journaliste d'expérience, ayant fait ses armes depuis bien longtemps, sera davantage présent sur la presse papier que sur Internet. Même si cette vision est limitée et abstraite, elle peut néanmoins compter dans l'esprit de certains consommateurs.  

L'art de la reprise en main

D'un point de vue purement pratique, les grandes enquêtes, interviews et autres témoignages sont plus facilement présentables sur des grands formats, à travers des doubles pages plutôt que sur nos sites Internet préférés. Il est d'ailleurs prouvé que grands nombres de consommateurs d'Internet et de sites d'informations en ligne abandonnent la lecture d'un article ou d'une enquête, à la simple vue de sa longueur. L'intérêt de détenir chez soi un journal papier réside dans l'art de la reprise en main. Aujourd'hui, une personne reprendra beaucoup plus facilement un journal laissé entrouvert sur la table du salon qu'il ne se rendra à nouveau sur un site d'actualité pour reprendre sa lecture entamée plus tôt. La reprise en main d'un support papier est d'ailleurs devenue un élément marketing essentiel lors de la mise en place de plans médias, en amont d'une grande campagne publicitaire d'un annonceur.  
Si une sortie de crise peut voir le jour ces prochaines années, ce seront des centaines d'entreprises absentes des marchés publicitaires qui pourraient petit à petit refaire surface et ainsi donner une dynamique certaine à la presse papier. Nul besoin d'avoir fait moult années d'études en marketing pour savoir qu'une communication 360 (comprenez ici une communication à travers tous les médias, presse, télé, internet, radio...) est bien plus efficace pour une grande société que de se contenter d'un seul et unique média. Par choix avant-gardiste et par souci d'économie, nombreuses sont les entreprises à avoir fait une croix sur la presse papier, le temps d'une crise sans réels précédents. Une reprise de l'activité pourrait suffire à convaincre certains grands groupes de redonner une chance aux journaux.  

Des solutions peu efficaces...

Aujourd'hui, nombreux sont les sites spécialisés à avoir voulu défendre leur branche liée à la presse papier, en proposant notamment des contenus payants sur leur site Internet, et ce avec en ligne de mire deux objectifs: contrarier un utilisateur de ne pouvoir avoir accès à l'information et le détourner astucieusement vers la presse papier, accessible en déboursant quelques euros, plutôt qu'une inscription payante -et longue- sur Internet. Certains sites comme Médiapart, attirent aujourd'hui plusieurs dizaines de milliers de personnes en proposant leurs enquêtes par le biais d'un abonnement payant, faisant ainsi une croix sur une quelconque volonté de faire perdurer la presse écrite. Rendre payant certains contenus auraient pu faciliter un retour des consommateurs vers la presse papier, peu chère pour grand nombre de consommateurs. Pour autant, il n'en est rien.  
Autre fait: des campagnes publicitaires pour favoriser la presse papier et louer ses avantages n'ont cessé de circuler sur nos différents médias. Pour autant, vu le nombre de jeunes journalistes bloqués sur le marché du travail au sortir des grandes écoles, et des difficultés financières présentes dans les grandes rédactions, le problème reste aujourd'hui présent.  

Des raisons de croire à une amélioration

Selon le site du gouvernement, qui vient de publier les chiffres 2011-2012 de la presse écrite, il y a tout de même des raisons d'y croire. En effet, si le chiffre d'affaires global de l'ensemble de la presse écrite en 2011 (9,150 milliards d'euros) est en légère diminution par rapport à celui de 2010 (-1,9%), ce recul est sans commune mesure avec celui constaté en 2009 (-7,8%). Une baisse qui tend à s'essouffler et qui laisse présager des jours plus éclairmeilleurs.  
La mode du rétro, que ce soit dans les objets du quotidien ou dans la philosophie de vie chez une personne, est en plein retour en grâce. Pourquoi ne pas profiter d'un tel rebond pour donner une seconde chance à cette presse papier? Au vu des articles de qualités, des photos toutes plus sublimes les unes que les autres, des mots-croisés commencés par le père de famille et conclus brièvement par les jeunes enfants, et des vieux papiers qui, une fois lus, trouveront une nouvelle fonction utile en tant que combustible de feu de cheminée, nous aurions tort de nous en priver...  
Dire que la presse est en train de mourir est une bêtise. La presse ne meurt pas, elle change de visage, et nous en sommes tous les chirurgiens. Certains aiment le rétro, d'autres ne font pas de sentiments... choisis ton camp, camarade!