TOUT EST DIT

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ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

lundi 18 février 2013

Tesson, en attendant Nicolas Sarkozy...

Il ne parle pas, et pourtant, on n'entend que lui ! Philippe Tesson explique les conditions de l'éventuel retour de l'ancien président.

Toute la semaine dernière, la rumeur Sarkozy a enflé. La rumeur Sarkozy, appelons-la ainsi, c'est-a-dire le bruit confus répandu par certains proches de l'ancien président autour de ses dispositions d'esprit concernant son retour au pouvoir, de ses intentions vraies ou fausses, de ses tentations. Et puis le soufflé retombe, et le silence se fera, et à intervalles réguliers le feu reprendra, et ainsi de suite. Le moment est encore loin d'être venu pour Nicolas Sarkozyde se déclarer, mais il est important pour ses amis d'entretenir sans relâche sa mémoire, comme il est important pour lui de feindre la distance avec les vanités de ce monde. Cette indifférence dont il lui faut donner l'image doit lui être insupportable, lui pour qui le silence est une torture.
Alain Juppé évoquait récemment à propos de l'ancien président son "envie" de se représenter en 2017. Qui en doute un instant ? Mais l'envie est à l'acte ce que la coupe est aux lèvres. Il y a trop de vigueur chez Sarkozy pour qu'il ne soit jamais blasé, trop d'orgueil pour qu'il ignore la revanche, trop d'assurance de soi pour qu'il se résigne. Cependant, les traverses qui jalonnent le chemin du pouvoir dans les quatre années à venir sont trop nombreuses pour qu'il affiche aujourd'hui son ambition. Le bon sens élémentaire le condamne à l'effacement et la tactique élémentaire à laisser planer le doute le plus longtemps possible. La question n'est pas celle de son envie, elle est celle des obstacles qui contrarient son envie.

Il ne suffit pas qu'une politique soit médiocre

Le premier de ces obstacles échappe, à l'évidence, à sa volonté : c'est la sanction que les faits apporteront à la politique de François Hollande. Mis en perspective, le bilan de la première année du mandat de l'actuel président ouvre tous les espoirs à Nicolas Sarkozy. Mais toute perspective est aléatoire, surtout à l'échéance de quatre années. Et il ne suffit pas qu'une politique soit médiocre, il faut en démocratie qu'à cette médiocrité soit opposée une alternative, celle-ci devant être alimentée par une lecture critique continue de l'action gouvernementale, assortie de contre-propositions constantes et publiques. Tel n'est pas le cas aujourd'hui.
La faiblesse de Nicolas Sarkozy est à cet égard dans sa solitude. Sauf à penser que le jour venu il apparaîtrait comme un recours, comparable à ce que fut de Gaulle en 1958, hypothèse incertaine, l'avenir de Sarkozy repose sur une réaccréditation de sa légitimité. Cette condition dépend d'une assise populaire et des moyens de la développer. L'assise est là, s'il est vrai que 67 % des électeurs de droite souhaitent son retour. Encore faut-il renforcer ce pourcentage et convertir une partie des 62 % des Français qui ne le souhaitent pas.

Il faudra que Sarkozy sorte de son silence

Ce sont les moyens qui font défaut à Sarkozy, les relais, et au premier chef un soutien structurel. Cela pose le problème de l'UMP, second obstacle et non le moindre qu'il a à affronter. Paradoxalement, il a besoin de l'UMP et il ne trouvera pas dans l'UMP l'appui souhaitable. Non seulement, en effet, l'UMP a perdu de sa crédibilité, mais ses leaders sont en concurrence avec lui. Se soumettront-ils jamais au leadership que son passé légitime ? Et le voit-on, lui, accepter un jour la procédure des primaires ?
Pour toutes ces raisons, il semble nécessaire qu'à moyen terme Sarkozy sorte du silence auquel l'oblige pour l'instant son statut de président sortant en rupture de fait avec le parti politique qui lui assurait la majorité durant son mandat. On comprend qu'il attende l'échéance électorale municipale pour se tenir à l'écart du jeu. Mais c'est dès cette échéance survenue qu'il devra pour le moins faire entendre sa voix. Celle-ci fait défaut en effet au sein d'une opposition discréditée dont il est le leader légitime et qui, lorsqu'elle était majorité, ne l'a pas soutenu comme elle le devait lors de l'élection présidentielle de 2012. La revanche de Nicolas Sarkozy, ce n'est pas seulement sur la gauche qu'il devra la prendre en 2017, mais également sur la droite. 

Hollande ne s’en sortira pas


Cette semaine François Hollande est arrivé au bout du bout du mur des réalités. Le voyage commercial qu’ il a fait en Inde , les discours et la conférence de presse ont bien montré qu’il était arrivé au cœur de ses contradictions.
Il a tenu des propos hyper réalistes que n’importe quel chef d’État sérieux aurait tenus. Il s’est montré pragmatique, responsable, assumant la réalité de la mondialisation de laconcurrence internationale et promettant aux Indiens l’accès libre au marché français et aux échanges de technologie. C’était du Pascal Lamy pur sucre. Pascal Lamy étant encore aujourd’hui le directeur de l’OMC, grand architecte et grand régulateur de la mondialisation. Bref Angela Merkel , Mario Monti , David Cameron ou même Nicolas Sarkozy n’auraient pas fait mieux. Les chefs d’entreprise français qui étaient du voyage sont rentrés ravis. Ravis, oui sauf qu’’à Paris changement de décor. Ce discours est en parfait décalage par rapport à ce qu’ il a toujours dit en France, décalage aussi par rapport aux propos de ses ministres.
Il ne faut quand même pas prendre les autorités indiennes pour des autistes. Ils savent bien que le discours dominant toute la campagne présidentielle a été un discours protectionniste.
Ils savent bien que le président s’est fait élire sur un programme de combat contre la finance internationale, contre le capitalisme étranger. Ils savent aussi qu’en France le ministre de l’Industrie a condamné les délocalisations, prôné le nationalisme industriel et, cerise sur le gâteau, les Indiens ont quand même bien su qu’on avait quasiment traité l’un des leurs de voyou incapable de tenir ses engagement. « Plus jamais de Mittal en France » avait on dit à Florange.
Alors les Indiens comme les Occidentaux savent bien que la démocratie oblige parfois à tenir deux langages différents mais pas à ce point. Et même si la politesse indienne et les intérêts sous-jacents leurs ont fait accepter ce cinéma, que peuvent dire et penser les électeurs socialistes qui ont voté et espéré le programme de Hollande. Depuis, le président de la République se contorsionne verbalement dans tous les sens pour essayer d’expliquer qu’il faudra désormais faire le contraire de ce qu’il avait annoncé. Et bien ça ne passera pas .
François Hollande ne peut plus se cacher ou gagner du temps. La situation française va devenir intenable. Économiquement c’est désastreux. Politiquement c’est la révolte assurée. Trois raisons :
La première raison nous est donnée par les indicateurs économiques. Pas de croissance, de la dette et du chômage. L’entreprise France est au bord de la cessation de paiement. Le business plan n’existe plus. D’abord parce que le pays comme toute l’Europe est au cœur d’une crise économique et financière historique. Ensuite parce que le gouvernement n’a pas engagé les reformes structurelles qu’il aurait fallu engager pour éviter de s’effondrer et avoir une chance de se redresser. Enfin parce que le pays est bloqué. Tous les acteurs capables de produire de la richesse, donc de la croissance, donc des outils de sortie de crise sont complètement paralysés depuis juillet 2012. Ils ont été matraqués fiscalement et injuriés socialement. Dès la campagne présidentielle, les cadres du Parti socialiste et François Hollande se sont mis en tête de faire payer les riches, d’accuser les patrons de s’enrichir indûment, de bannir les chercheurs, les artistes, les cadres, les investisseurs, les créateurs d’entreprises et même les jeunes diplômés de grandes écoles. On a diabolisé tous ces acteurs qui sont logiquement les locomotives économiques du système en les considérant comme des voyous profiteurs. Qu’il y ait des voyous parmi le patrons sans doute, mais il y a surtout des maladroits. Pour un Carlos Ghosn qui n’est pas très habile dans sa communication mais qui répond comme il peut au harcèlement de Arnaud Montebourg qui veut des exemples, il y a énormément de patrons qui n’osent même plus aller au bureau avec leur voiture parce que c’est une Audi ou une Mercedes.
Le résultat  de cette chasse aux  pseudo riches, en les accusant de tous les maux de la Terre,  c’est qu’on les a découragé.
Les plus malins, les plus riches et les plus cyniques sont partis travailler à l’étranger. La grande majorité des autres ont bloqué les projets et arrêté les machines. Dès l’été 2012, ils ont commencé à préparer des budgets 2013 à la baisse. D’où la récession. D’où la descente aux enfers dans les indices de 2013. L’activité s’est aujourd’hui arrêtée dans un climat complètement plombé. Les deux secteurs qui sont des vrais marqueurs de climat se sont arrêtés les premiers. Le bâtiment et l’immobilier d’un côté, l’automobile de l’autre.
Le gouvernement a dit que la situation était mauvaise, (c’était vrai ) mais plutôt que de faire immédiatement un diagnostic et prendre des mesures de redressement, il a préféré lister les coupables et chercher les bouc-émissaires. Ce faisant les membres du gouvernement ont accusé de la gravité de la crise tous ceux qui étaient capables de redresser la situation. Les chefs d’entreprise ont donc baissé les bras pensant que l’orage allait passer. L’orage a grossi pour ressembler à un cyclone. Du coup la situation s’est détériorée encore plus.
La 2e raison de l’incapacité de François Hollande à reprendre la main tient à son positionnement politique. La situation d’aujourd’hui est aggravée par une déficit de confiance, par ces discours débiles et radicaux  qui ont démoli l’équilibre des modèles économiques. Si le raisonnement tient la route, il suffirait de peu de choses pour redresser la situation. Il suffirait que François Hollande change de discours et de comportement. Si François Hollande parlait à Paris aux chefs d’entreprises français le même langage que celui qu’il tenait à Delhi à l’adresse des dirigeants indiens, les choses évolueraient très rapidement parce que quoi qu’on dise les fondamentaux sont bons. Tous les chefs d’entreprises ne se sont pas exilés. Beaucoup  d’étudiants de grand talent sont prêts à revenir à Paris si on leur reconnaissait un droit à la compétitivité, à la création d’entreprise et à la liberté d’agir.
La 3e raison est la conséquence des deux précédentes. François Hollande ne pourra pas faire et assumer ce revirement.
Il essaie avec des gens comme Louis Gallois ou Didier Migaud de la Cour des comptes, mais il est sans doute un peu trop tard. Le mécontentement au sein de ses partisans est tel, qu’il est obligé de composer. Sinon il perd sa majorité et ses appuis. Il a déjà commencé à les perdre. Le problème c’est qu’il n’a pas de solutions politiques. La situation est devenue non seulement difficile mais potentiellement dangereuse. Le peuple de France est régicide. François Hollande passe l’heure de vérité et ça passe mal.

France éternelle

France éternelle



A nous les républicains et les patriotes qui sommes tentés de perdre courage, devant la tragédie française sous ses mille et une facettes, l’impuissance chronique de l’Etat, une classe dirigeante qui d’un extrême à l’autre de l’échiquier politique, n’est évidemment pas à la hauteur de la situation, je voudrais lire cette belle citation du professeur et écrivain Jean Guéhenno, puisée dans son chef d’œuvre, leJournal des années noires (Gallimard) : « Mon métier est de leur enseigner la France, la pensée française, c’est-à-dire une chose aussi solide que les Alpes ou les Pyrénées, qu’il ne dépend de rien ni de personne que la France soit autre chose que ce qu’elle est, qu’on ne peut heureusement pas changer son histoire, et que Montaigne, Voltaire, Michelet, Hugo, Renan, la gardent. » Je sais que cela ne règle rien à court terme, mais  franchement, est-il plus somptueux  message d’espoir.

Comment rebondir ?

Comment rebondir ?


Désormais le diagnostic ne fait plus de doute : la croissance est atone en France et dans toute l’Europe. Elle a été nulle en France en 2012, et négative pour l’ensemble de la zone euro. Même l’Allemagne a connu une croissance négative au dernier trimestre. 

Que faire ? Il n’y a pas de recette miracle valable pour tout le monde en même temps. L’Europe doit poursuivre sa politique de consolidation de la zone euro qui a permis d’éviter l’explosion de la monnaie unique, dont les effets auraient été dévastateurs pour tout le monde. Mais elle doit aller au-delà pour construire une politique d’investissements communautaires financée par des emprunts européens, notamment dans le domaine de l’énergie. 

Au niveau mondial, il faut stabiliser les relations entre les grandes monnaies afin d’éviter des écarts excessifs qui dégradent la situation économique ici et là sans aucune justification. Cela ne dépend pas seulement de l’Europe, mais aussi des Américains, des Japonais et des Chinois. On a pris du retard dans ce domaine, mais l’Europe peut contribuer à une prise de conscience mondiale. 

En France même, que faire pour sortir de la stagnation ? D’abord récuser de fausses évidences. Par exemple que la fermeture des frontières ou l’accroissement des déficits publics nous sauveraient du chômage. Nous vivons au XXIe siècle ; nous digérons une nouvelle révolution industrielle. Nos marchés se trouvent dans le monde entier, pas seulement en France. Nous ne travaillerons plus toute la vie dans la même entreprise, à fabriquer les mêmes produits, fussent de belles voitures ou des chemises élégantes. 

Priorité à l’investissement 

Nos priorités sont évidentes mais nous avons du mal à les comprendre. Un homme politique, social-démocrate allemand (Helmut Schmidt) l’a dit depuis longtemps : les profits d’aujourd’hui font les investissements de demain qui feront les emplois d’après-demain. 

Notre politique économique doit donc donner la priorité absolue à la formation, à la recherche, à l’innovation (technique et commerciale), c’est-àdire aux investissements. Le plus inquiétant dans les chiffrespubliés récemment est le recul des investissements dans les entreprises. Il faut accepter que certaines ferment ici pour qu’elles-mêmes ou d’autres ouvrent ailleurs. Naturellement cela suppose une politique de l’emploi d’accompagnement, comme cela se fait ailleurs. Certains syndicats l’ont compris, qui négocient des politiques de l’emploi avec leurs employeurs. Pas tous. Dommage. 

Une telle politique d’investissement et de l’emploi suppose une maîtrise de la dépense publique et pas seulement une réduction des déficits par l’augmentation des impôts. Le gouvernement semble prendre conscience de cette nécessité : faire des économies et pas seulement augmenter les charges. Tant mieux. Si c’est le cas, personne ne lui en voudra d’avoir encore un déficit public un peu supérieur à 3 % à la fin de l’année à cause des moindres rentrées fiscales. 

Rien n’est perdu. Nous traversons une crise qui est aussi une transition entre deux âges du développement du monde. Éclairons l’avenir pour ne pas sombrer dans le présent.
Jean Boissonnat

La politique de Hollande n'est plus qu'un plan d'économies

Pour Hervé Gattegno, le recul du président de la République sur les 3 % de déficit est un camouflet. Il a dû abdiquer toute forme de relance. 
Après avoir officialisé le renoncement à l'objectif des 3 % de déficit, le gouvernement s'apprête à prendre de nouvelles mesures de rigueur. Votre parti pris : François Hollande n'a plus d'autre politique qu'un plan d'économies... Pourquoi dites-vous cela ?

Le recul de François Hollande sur les 3 % de déficit n'est pas une surprise, mais c'est un camouflet - devant les Français et l'Europe, où il doit quémander un délai comme un client endetté à son banquier. La conséquence, c'est aussi qu'il a dû abdiquer devant nos partenaires européens toute prétention à une forme de relance - alors qu'il en avait fait sa martingale. Au chapitre des abandons, il y a aussi ses incantations contre la finance (la modestie de la réforme bancaire l'a montré). En vérité, François Hollande avait rêvé d'une autre politique économique ; à présent, sa seule politique est de trouver d'autres économies...
La cause du revirement, c'est que la prévision de croissance du gouvernement était trop optimiste. Est-ce que c'était une tromperie ? Une erreur ?
Un peu des deux : un excès d'optimisme qui permettait de glisser un peu de rose dans un programme déjà assez gris... En politique, il y a souvent peu d'écart entre volontarisme et irréalisme. En économie, on parle de "prophéties auto-réalisatrices" : des objectifs ambitieux créent la confiance et le système repart... Ce n'est pas ce qui est arrivé. On est passé du rose au morose - et même à la sinistrose. Croissance zéro, chômage en hausse, malaise social ; avec la pression de l'Europe et le rapport de la Cour des comptes, tous les ministres tremblent pour leur budget. Au passage, la Jeunesse et les Sports et la Formation professionnelle sont parmi les premiers touchés : deux ministères que François Hollande avait déclarés prioritaires. Un autre signe des reniements en cours...
La ministre Cécile Duflot a adressé hier dans Le JDD une mise en garde contre une trop forte réduction des dépenses. Est-ce que l'austérité pourrait - en plus - provoquer une crise politique ?
Qu'il y ait des dissensions au gouvernement, ça ne fait pas de doute. La politique de rigueur a déjà fait imploser la majorité présidentielle, puisque le Front de gauche se comporte en opposant. Il reste à François Hollande une majorité parlementaire : les Verts en font partie ; s'ils en sortaient, le PS serait encore maître de l'Assemblée, mais pas du Sénat. On n'en est pas là. Cécile Duflot défend son budget comme une politicienne déjà aguerrie, mais on ne peut pas dire qu'elle dramatise l'enjeu. À vrai dire, on devine que dans son interview au JDD la phrase importante était celle sur ses ambitions pour la mairie de Paris - elle procède par sous-entendus, mais elle ne dit pas non... comme sur l'austérité !
La question de fond qui est posée, c'est : y a-t-il encore la possibilité en Europe pour une politique différente dès lors que l'Allemagne l'impose ?
C'est vrai que l'Allemagne dicte ses vues, mais beaucoup de pays sont d'accord pour limiter les déficits. D'ailleurs, l'argument selon lequel cette politique serait imposée par les gouvernements de droite est faux : n'oublions pas ce que les succès allemands doivent aux restructurations conduites par Gerhard Schröder, chancelier social-démocrate... Il n'empêche qu'il est curieux de voir l'Europe s'imposer de l'austérité sur la rigueur au moment où de plus en plus d'économistes dénoncent les insuffisances de cette politique. François Hollande n'a pas choisi d'être à contre-courant. Du coup, c'est toute sa politique qu'il a jetée par-dessus bord.

Affaire Findus : les trois infos qu'on ne donne pas

La viande de cheval qui s'est retrouvée dans les lasagnes Findus vient de Roumanie, est négociée par une trader hollandais et transite via une société française. Un circuit complexe. Et ce n'est pas tout.

C’est évidemment grave cette affaire de viande de cheval dans les plats cuisinés. Pas question de la minimiser. Mais comme dans toutes les affaires graves, où personne ne connait le dossier avec précision, on en arrive à dire n’importe quoi. On a d’ailleurs découvert à cette occasion qu’on avait un ministre de l’Agroalimentaire. Personne ne le connaissait Guillaume Garot, sauf sa famille sans doute, mais c’est un détail. Lui n’a pas encore dit grand-chose. Il a eu raison mais il y a pourtant deux ou trois petites choses incroyables dont on ne parle pas parce qu’elles sont politiquement incorrectes.
Trois remarques très politiquement incorrectes qu’il faut poser : 
1ère remarque : il ne s’agit pas d’une crise sanitaire mais d’une crise alimentaire. Il n’y a en l’état actuel du dossier aucun accident dû à l’absorption des fameuses lasagnes à la viande de cheval. D’ailleurs, la viande de cheval n’est pas mauvaise en soi. Le problème, c’est que pour des raisons culturelles ou autres certains peuples se sont mis à refuser catégoriquement d’en manger. Les Français autrefois ont mangé beaucoup de viande de cheval. Il y a encore trente ans, il y avait presque autant de boucheries chevalines que de boucheries spécialisées dans le bœuf. Pour Balzac, c’était d’ailleurs très chic de manger du cheval. Les médecins eux-mêmes conseillaient la consommation de cheval aux adolescents parce qu’elle contenait moins de cholestérol. Ma grand-mère qui mangeait de la viande de cheval une fois par semaine, ne doit rien y comprendre… D’ailleurs, la viande de cheval valait aussi chère que la viande de bœuf mais passons.
Manger du cheval n’est pas dangereux. Rien à voir avec la crise de la vache folle ou là, il y avait des risques d’empoisonnement. Le problème, c’est que le cheval est devenu au cours des 30 dernières années un animal sacré. La plus belle conquête de l’homme ne pouvait pas se retrouver dans son assiette ! Elle peut passer le reste de sa vie dans des manèges pourris à recevoir des coups de cravaches et à balader des touristes, ça ne gêne personne, mais nourrir des gens qui en auraient besoin, grand dieu non, ce n’est pas possible !
Du coup puisque on s’est mis à ne plus manger de cheval, le prix de la viande est devenu dérisoire. Le scandale aujourd’hui est de l’ordre de la tromperie, de l’escroquerie. Il faut dire que le consommateur des pays riches n’a pas fait preuve de beaucoup d’attention et d’exigence sur l’origine de la viande. Ce qui importe pour le consommateur, c’est le prix. Qu’il soit le plus faible possible. En économisant sur les lasagnes, on finance son iPhone. Il n’empêche, on nous a fourgué de la viande de cheval au prix de la viande de bœuf en nous faisant croire que c’était du bœuf. Problème d’information, de traçabilité, de voyou. Il y a une escroquerie quelque part et des escrocs qui s’en sont mis plein les poches en grugeant les consommateurs occidentaux. C’est évidemment inadmissible.
2ème remarque :  la première victime, c’est Findus. L’entreprise va payer très cher et les 500 salariés qui y travaillent aussi. L’entreprise est sans doute morte aujourd’hui. Elle ne peut plus rien vendre. Or, il est impossible qu’elle ait pu être au courant de cette escroquerie. Impossible qu’elle soit coupable ou complice. On lui a vendu de la viande de cheval à son insu. Des intermédiaires ont changé les étiquettes. Où, quand ? Quel trader ? Quel abattoir ? Quel intermédiaire ? Quel transformateur ? Personne ne le sait et dans cette Europe technocrate où l’on a tellement de logiciels, que le temps qu’on trouve lequel actionner pour découvrir la vérité, toutes les preuves auront été nettoyées. Findus a pris seul les responsabilités, c’est courageux. La seule responsabilité véritable de Findus étant de faire pression sur les prix ce qui oblige les fournisseurs à trouver tous les moyens de gagner leur vie. Y compris pour les moins honnêtes à trafiquer la marchandise.
Il va falloir sauver le soldat Findus. Et d’ailleurs si Mr Montebourg sauve PSA, pourquoi les syndicats de Findus ne réclameraient-ils pas de sauver leur entreprise ?
3ème remarque, et c’est sans doute la plus cocasse. S’est-on demandé pourquoi la Roumanie est devenue le plus gros fournisseur de viande de cheval en Europe, et cela en très peu de temps ? Et bien parce que la Roumanie est entrée dans l’Europe en 2007. Jusqu’à cette date le principal moyen de locomotion, c’était l’hippomobile : des charrettes tirées par des chevaux ! Dans l’agriculture roumaine, les travaux des champs étaient également faits par des engins tractés par des chevaux.
Cette situation fait qu’il y avait, en Roumanie, des millions de chevaux, presque autant que de roumains. Chaque roumain avait son cheval.
Au moment de l’entrée de la Roumanie dans l’Europe, il a fallu que Bucarest se conforme aux réglementations concernant le trainement des déchets animaux, la pollution. Les traitements des excréments de chevaux, leur nourriture étaient devenu un vrai casse tête chinois (ou roumain). Bref, on a commencé à limiter la circulation des hippomobiles puis on l’a interdite dans les villes, puis dans les villages. Résultat, les millions de chevaux se sont retrouvés au chômage sur le chemin de l’abattoir. La mutation a été d’autant plus rapide que les roumains ont découvert le rêve automobile grâce à la Logan, premier modèle de Dacia fabriqué par Renault pour le marché local.
Louis Schweitzer, le PDG de Renault, nous avait bien dit que la délocalisation des voitures lowcost n’était que pour les marchés locaux. Et bien les Roumains ont mis leurs chevaux au rencard pour circuler en voiture à essence. On s’est donc retrouvé avec des millions de carcasses et la viande de cheval, elle, s’est retrouvée dans les lasagnes. Mais rassurez-vous Louis Schweitzer et Renault, dont les voitures font un tabac en Europe de l’Est, n’y sont pour rien. Évidemment.

Du sang, svp !

Du sang, svp !


Edmond de Goncourt (un orfèvre en la matière), assurait que « la médisance est le plus grand lien des sociétés ». Cela n’a jamais été aussi vrai.
Le ragot était un fonds de commerce, c’est devenu une industrie. Les cancans sont montés en grade, on les sort des tabloïds pour les hisser dans les livres (ce qui, soit dit en passant, ne plaide pas pour l’édition). Du coup, pour épaissir la sauce, l’heure n’est plus aux confidences mais aux procès.
La médisance est d’autant plus goûteuse que l’auteur est proche de celui dont il médit. Jadis le linge sale se lavait en famille. C’est démodé, on lave sur la place publique, voyez mes taches comme elles sont trash ! Le divan du psy est ringard, trop proche du confessionnal ; il ne s’agit plus de se décharger de ses tourments (réels ou supposés) en les confiant à un tiers. Non, il importe de se venger. C’est la dernière version du tir au pigeon. « Mon père est un salaud », « Ma première femme était une garce », « Mon ex est un pervers narcissique », voilà qui doit faire vendre.
La star des années 30 était intouchable, on ne la montrait que de loin, baignée dans un glamour d’autant plus efficace qu’il étirait les distances ; le commun des mortels était tenu à l’écart. Aujourd’hui la star est tenue de descendre les marches, de rejoindre les « people », lesquels doivent être « comme tout le monde », à portée de la main, sous-entendu livrés à la corporation des entarteurs vindicatifs.
Casser les images est le sport en vogue. Seul compte l’envers du miroir. Il y a de la férocité dans l’air, des vengeances qui tournent en boucle, des rancœurs qui remontent à la surface, des remugles chargés de faire recette. Quoi de plus jouissif que de brûler ce qu’on a adoré ?
Le « people » n’est plus sur un piédestal ni même sur la sellette mais sur un fil de fer. Pourvu qu’il tombe ! L’air du temps n’est plus à l’admiration mais à la cruauté. Et comme on a déjà eu beaucoup de sexe, ça lasse, on voudrait plutôt du sang ! C’est le grand retour des jeux du cirque.

Misérables Français en prison étrangère

Misérables Français en prison étrangère


Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. Jean de la Fontaine n'aurait pas mieux dit face aux injustices qui frappent les Français emprisonnés à l'étranger... Florence Cassez a certes été libérée après sept années dans les geôles mexicaines. L'ancienne compagne d'un chef de gang a bénéficié d'une évidente faveur médiatique. Elle le méritait peut-être, sinon au bénéfice du doute, au moins pour vice de forme tant ses droits ont été manifestement bafoués. Mais sans l'acharnement de ses puissants soutiens et sans sa formidable énergie personnelle, qu'en aurait-il été ? Elle serait restée dans l'ombre propice à l'oubli...
Le journaliste Nadir Dendoune, envoyé spécial du Monde Diplomatique, retenu dans une prison d'Irak, simplement pour avoir pris des photos, a été soutenu par Reporters sans Frontières et 18 000 personnes ont signé une pétition en sa faveur. Sa liberté lui a finalement été rendue cette semaine. Mais il a été victime d'une force qui ignore le droit...
C'est bien de droit dont il est question. La soumission à l'ordre injuste des dictatures ne doit pas le faire oublier. Ils sont plus de 2 000 Français dans les prisons du monde entier : ils ne sont certes pas tous innocents, mais combien sont-ils à subir des incarcérations indignes de leur condition humaine ? Combien ont bénéficié d'un procès équitable ? Un flou assez dérangeant subsiste.
Tous les motifs de leur rétention ne sont d'ailleurs pas clairement connus. Et les noms des personnes concernées ne le sont pas davantage. On connaît Zacarias Moussaoui que les États-Unis ont condamné à la prison à perpétuité pour complicité dans les attentats du 11 Septembre. D'autres terroristes qui ne sont pas passés à l'acte ruminent sur leurs mauvaises intentions en Italie. Quelques cas de pervers sexuels sont cités dans les geôles asiatiques. On sait aussi que les trafics de drogue reviennent souvent dans les motifs de condamnation. Comme dans les affaires de Serge Atlaoui, condamné à mort en Indonésie en 2007 pour avoir organisé un trafic d'ecstasy, ou de Michaël Blanc condamné à vingt ans dans le même pays bien qu'il clame son innocence... Coupables ou victimes d'erreurs judiciaires, qui se soucie d'eux ? Il y a des silences qui sont des complicités de non-assistance à personne en danger.
En Afrique, Michel-Thierry Atangana est en prison depuis 1997 en compagnie d'opposants au président camerounais Biya. Pour détournement de fonds. Ou bien pour conspiration politique. Peu importe, puisque personne ne l'écoute. Comme personne ne semble guère prêter attention au sort de Loïk Le Floch-Prigent, bientôt 70 ans. L'ancien grand patron, qui a dirigé la SNCF et Rhône-Poulenc, avait déjà connu la prison pour sa conduite des affaires d'Elf. Il pensait sans doute avoir payé ses dettes. Il s'était mis à écrire. La signature d'un roman policier sur ses anciennes terres d'Abidjan l'a trahi en septembre dernier : il s'est retrouvé en prison à Lomé, au Togo voisin. Il est victime d'une incroyable embrouille à plusieurs millions d'euros. Incapable de payer sa caution. Gravement malade et sans soins. N'attendons pas le pire pour regretter de n'avoir rien fait pour obtenir sa libération, ou tout au moins sa défense. Ne lui faisons pas payer d'avoir été puissant et d'être devenu misérable.

Classement de la liberté économique dans le monde : pourquoi aussi peu d'échos ?


Pourquoi la sortie de la 19e édition de l'Index of Economic Freedom (Classement de la liberté économique) n'est-elle pas plus commentée en France ?

Pour la 19ème année consécutive, la Heritage Foundation vient de sortir son fameux Index of Economic Freedom(http://www.heritage.org/index), en collaboration avec le Wall Street Journal. C'est un énorme volume, qui attribue une note reflétant le degré de liberté économique qui règne dans 185 pays. L'indice est calculé à partir de données publiques. Une partie du livre explique en détail comment est fait ce calcul. Dans les premières années, il a existé quelques critiques sur le choix des données et leur traitement, dont la fondation a tenu compte. Mais cela fait pas mal d'années que l'on ne constate plus de dissensions significatives. Chaque pays est analysé sur deux pages, qui montrent et expliquent en particulier les progrès ou les détériorations de l'indice par rapport aux années précédentes. Ce travail est si remarquable que l'on peut se demander pourquoi sa sortie n'est pas commentée par la presse. Nous allons essayer de comprendre pourquoi.
Les indices varient de 89.3 pour Hong Kong à 1.5 pour la Corée du Nord. Entre les deux on trouve la Suisse avec un indice de 80, les États-Unis de 76, le Royaume Uni de 74.8, l'Allemagne de 72,8 et la France de 64,1. Dans la communauté européenne, seuls le Portugal (63.1) et l'Italie (60.6) ont un indice inférieur à celui de la France.
L'indice de la France était de 65 en 1995. Il est ensuite descendu aux environs de 60, où il est resté jusqu'en 2007. Puis il est remonté régulièrement jusqu'à 64,1, où il se trouvait en 2012. Cette relative stabilité dans l'indice masque une perte de place significative dans le classement mondial. Nous étions au 16ème  rang en 1995, au 30ème  en 1998, au 45ème  en 2002 et au 62ème en 2012 !
Ce qui rend le rapport de la Heritage Foundation particulièrement instructif est qu'il établit des corrélations entre la liberté économique, la prospérité, l'emploi, le respect du droit (c'est-à-dire l'absence de corruption), la protection de l'environnement et le niveau d'éducation.

Corrélation entre Liberté économique et prospérité
Toutes ces corrélations sont fortement positives. En particulier, il est frappant de constater que le chômage est d'autant moins élevé que la liberté économique est grande. Il semblerait donc que tous les gouvernements dussent s'inspirer du rapport pour étudier  les mesures qu'ils pourraient prendre pour améliorer le bien-être de leur peuple.
Or il n'en est rien. La sortie du rapport est d'autant moins mentionnée dans la presse d'un pays que ce pays est plus bas dans le classement, ce qui indique que la France n'est pas le seul pays où la presse est majoritairement de gauche et/ou soumise au pouvoir. Elle est certes commentée dans le Wall Street Journal, mais la diffusion de ce périodique dans un pays est elle-même fortement corrélée avec  le degré de liberté économique dont jouit le pays. Il s'agit là d'une fatalité de la démocratie représentative : pour se faire élire, les candidats font des promesses à des groupes de pression variés. Une fois élus, ils se sentent obligés de faire de nouvelles lois et de nouvelles dépenses, de peur de ne pas être réélus. Bien des projets voient ainsi le jour sans aucune étude sérieuse de l'impact qu'ils auront sur notre liberté et notre prospérité.