TOUT EST DIT

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dimanche 17 février 2013

Benoît XVI et la grandeur d’une démission

Benoît XVI et la grandeur d’une démission


J’ai toujours pensé que la démission était la marque infaillible de l’homme d’Etat, du grand homme. Elle exprime une certaine conception de la responsabilité publique, ou spirituelle dans le cas du Pape, fondée sur la supériorité de l’engagement au service du bien commun sur l’intérêt personnel, la satisfaction individuelle liée à l’exercice du pouvoir et à la jouissance due  aux attributs de celui-ci. Le message est limpide. Pour telle ou telle raison, je ne suis plus en mesure de remplir ma fonction dans les conditions prévues, ma tâche est achevée, ma présence au sommet de l’institution a plus d’inconvénient que d’avantage. Dès lors je me retire, dans l’intérêt général. Les grandes démissions volontaires de l’histoire ne sont pas si nombreuses : le général de Gaulle en janvier 1946, puis le 20 avril 1969, Margareth Thatcher en 1990. Dans des temps beaucoup plus lointains, nous eûmes les démissions des présidents Casimir-Périer, s’estimant dans l’incapacité d’exercer ses fonctions, ou d’Alexandre Millerand, un immense chef d’Etat méconnu de l’histoire de France. J’aime la noblesse qui s’attache au geste de la démission, même à la petite échelle de la vie politique quotidienne : Michel Rocard en 1984, Jean-Pierre Chevènement, à trois reprises, comme ministre, ou Philippe Séguin, de la présidence du RPR en 1998. Un véritable homme d’Etat devrait être prêt à remettre sa démission à tout moment en cas de constat d’échec ou d’impuissance à régler les problèmes. Aujourd’hui, sauf contrainte et forcée, la démission est inconcevable. Les responsables publics s’accrochent à leur poste comme des coquilles d’huitre à leur rocher, puisque justement, ils le considèrent comme une récompense d’un parcours personnel avant d’être un engagement au service de l’intérêt public. D’où la sclérose de notre vie politique : plus rien ne bouge, et, de décennie en décennie la France s’enfonce dans l’immobilisme, un échec politique, économique, financier, qui ne cesse de s’amplifier. Et franchement, dans la classe politique actuelle, d’un bout à l’autre de l’échiquier politique, je n’en vois pas un seul auquel je puisse prêter en imagination, suite à un doute ou un échec, la grandeur du geste de démissionner. Puisse Benoît XVI servir d’exemple, et la Providence, comme disait Giscard d’Estaing lors de son message d’Adieu en mai 1981, « veiller sur la France » et susciter à son service, au service de la France, de véritables vocations.

L’importance du QI dans la réussite


Les différences de quotient intellectuel sont vecteurs d'inégalités. L’État a beau s'y employer, il ne peut diminuer les inégalités de QI, au contraire.
The Bell Curve, 1994, Herrnstein and Murray (graph p. 152)
The Bell Curve, publié en 1994, par Herrnstein et Murray, est un ouvrage dense, aussi riche qu’il a été couvert de critiques venant de toutes parts, attaquant tous les aspects du livre. Que ce soit la question de la pertinence du test de QI, sa valeur prédictive sur les résultats socio-économiques, les différences de QI entre les ethnies, l’héritabilité et les tentatives échouées à stimuler le QI, aucun sujet n’a été épargné par les auteurs qui ont tenté de couvrir autant de sujets que possible.
Peut-être une des raisons pour laquelle le QI est si critiqué serait que le QI est assez peu malléable [c’est-à-dire qu’il est peu influencé par les facteurs extérieurs]. Les auteurs rappellent que la littérature indique que le QI est fortement héritable. Les estimations d’héritabilité tourneraient autour de 40% à l’enfance et à 80% vers l’âge adulte. De telles données rejettent bien sûr le concept de l’égalité des chances, mais seulement parce que les différences individuelles de QI ont des conséquences bien réelles dans la vie. On nous apprend effectivement que la littérature et les méta-analyses existantes indiquent que l’importance relative de l’âge et de l’expérience sur le marché du travail est assez marginale lorsque le QI a été pris en compte. Cette variable est souvent négligée, que ce soit par les économistes ou les sociologues. En bref, dans tous les domaines de la science. C’est pourquoi les auteurs prêtent une attention particulière au QI.
La plupart des analyses effectuées par Herrnstein et Murray proviennent des données du National Longitudinal Survey of Youth (NLSY) et ont pour objectif de mettre en évidence le rôle du QI dans la vie quotidienne. Il en ressort de ces analyses que le QI a une valeur prédictive au moins égale à l’éducation de la mère. Dans la plupart des analyses présentées, néanmoins, l’importance relative du QI de la mère dépasse considérablement celui del’éducation maternelle. Ceci est très vrai en ce qui concerne la qualité de l’environnement familial. Cette donnée est d’une importance cruciale dans la mesure où, bien souvent, les enfants à faible QI grandissent dans des familles instables et chaotiques. Cela indique deux choses. Soit le faible QI de l’enfant est dû essentiellement au QI hérité de la mère, sous-entendant que l’environnement familial n’y est pour rien, soit le développement cognitif de l’enfant a été perturbé par l’instabilité de l’environnement. Dans ce cas, une interrogation persiste : pourquoi le QI de ces mères était faible pour commencer ? L’hypothèse du 60-80% génétique pourrait fournir un début de réponse.
Il y a plusieurs façons de tester cette hypothèse. Pour commencer, il se trouve que le QI de l’enfant dépend en grande partie du QI de la mère. En comparaison, l’éducation de la mère n’exerce pratiquement aucun effet. Ce facteur n’exerce pas non plus un impact très important sur le taux de décrochage scolaire et il se trouve que ce qui est réellement déterminant est le QI de l’enfant. La probabilité d’obtenir un diplôme universitaire dépend plus du QI de l’enfant que du statut socio-économique des parents.
Sur le marché du travail, également, nous pouvons constater l’importance relative du QI. Étonnamment, le QI du sujet est très déterminant dans la probabilité d’avoir été au chômage, mais pas le statut socio-économique (SSE) des parents. Curieusement, la probabilité de se retrouver hors de la population active diminue lorsque le QI du sujet augmente alors que cette même probabilité augmente lorsque le SSE des parents augmente. Même si toutes ces analyses indiquent que le QI est bien souvent plus important que le SSE, et que ces deux variables sont interconnectées, le QI influence le SSE plus que l’inverse.
Un sujet assez sensible, mais tout de même important, est le lien entre le crime et le QI. La probabilité d’avoir été incarcéré, interrogé, interpellé, augmente sensiblement à mesure que les groupes de sujets étudiés montrent des niveaux de QI de plus en plus faibles. L’explication avancée par les auteurs est que le QI serait inversement corrélé à l’impatience et l’impulsivité. Et pour cette raison, les criminels ne réalisent pas tout à fait les conséquences à long terme de leurs actes. Une autre explication, plus indirecte, pourrait être que les gens à faible QI, en raison des échecs répétés à l’école comme sur le marché du travail, tendent à se tourner vers le crime. Enfin, une dernière tentative d’explication serait que les principes éthiques et moraux sont moins accessibles, ou disons moins compréhensibles, pour les individus à faible QI. Une autre possibilité qui n’a pas été relevée directement par les auteurs serait que les parents à faible QI éduquent bien assez mal leurs enfants. Mais ils ne doivent sûrement pas l’ignorer puisqu’ils insistent à plusieurs reprises sur le fait que les enfants qui grandissent dans des familles instables ont plus souvent des problèmes de comportement.
Le chapitre 13, Ethnic Differences in Cognitive Abilities, est celui qui a fait couler beaucoup d’encre, focalisant à lui seul pratiquement toutes les critiques. Les auteurs traitent du sujet sensible des différences de QI entre groupes ethniques. Selon les données du NLSY, le QI moyen des noirs américains (85) est de 1,21 écart-type inférieur à celui des blancs (103). Pour ce qui est des autres ethnicités, le QI moyen des asiatiques est de 106, celui des latinos de 89, et celui des juifs de 112.
Un faible niveau de SSE est soupçonné par la plupart des sociologues comme étant la cause et non l’effet d’un faible QI. Malheureusement, cette déclaration n’a jamais été démontrée par les faits. Les chiffres ne prêtent absolument pas à l’optimisme. Lorsque le SSE est contrôlé (c’est-à-dire, maintenu constant), les différences entre les noirs et les blancs en termes de QI ne sont réduites que de 37%, selon les données du NLSY. Mais il y a une autre donnée encore plus inquiétante. Le coeur de l’argument de la théorie culturelle serait que lorsque l’on grimpe au niveaux supérieurs du SSE, les différences de QI vont rétrécissant. Ceci n’est absolument pas vrai. Le NLSY indique que lorsque le SSE des noirs augmente, leur QI moyen augmente également, certes, mais les différences de QI doublent. Autrement dit, l’écart de QI entre les blancs et les noirs est deux fois plus marqué chez les plus riches que chez les plus pauvres.
Le chapitre 14 est un peu l’extension du précédent. S’appuyant toujours sur les données du NLSY, les auteurs examinent les conséquences des disparités ethniques de QI, notamment entre les noirs, les blancs et les latinos. Les auteurs examinent ici l’impact du QI sur les différences de taux de chômage, de salaires, de criminalité, de taux de mariage, etc. Pour être bref, le QI peut avoir un impact considérable sur les résultats socio-économiques. Le meilleur exemple qu’ils proposent est l’examen des disparités de salaires par type de profession lorsque sont contrôlés (1) l’âge, (2) l’âge et l’éducation, (3) l’âge, l’éducation et le SSE parental, (4) l’âge et le QI. Le tableau ci-dessous présente la situation de façon très claire :
Quand l’âge et le QI sont contrôlés, les différences s’évaporent complètement, pour ainsi dire. Cette donnée ne s’accorde pas bien avec l’idée selon laquelle les noirs gagnent moins de revenus parce qu’il seraient victimes de discrimination.
Contrôler le niveau de QI réduit considérablement les différences du revenu familial. Quand le QI n’est pas pris en compte, les taux de pauvreté étaient de 7%, 26%, et 18% pour les blancs, les noirs et les latinos. Une fois le QI pris en compte, les taux sont de 6%, 11%, et 9%, respectivement. Ce n’est pas tout. Lorsque le QI est contrôlé, les différences ethniques dans la probabilité de donner vie à un enfant de faible poids de naissance sont réduites entre les noirs et les blancs, de même que la probabilité d’avoir un enfant à bas QI, de vivre des aides sociales, ou d’avoir été au chômage. Il faut bien comprendre néanmoins que certaines disparités persistent encore, même après contrôle du QI. Cela ne signifie pas, comme les critiques laissent souvent entendre, que le QI n’est pas un prédicteur important, mais simplement qu’il y a d’autres facteurs explicatifs au-delà du QI.
En revanche, certains détails sont assez exceptionnels et méritent qu’on s’y focalise. Par exemple, une fois le QI contrôlé, les différences entre les blancs et les noirs dans la probabilité d’obtenir un diplôme universitaire ne sont pas tout à fait réduites puisque, à QI constant, les noirs (68%) sont même plus susceptibles que les blancs (50%) d’obtenir un diplôme. La même chose est vraie en ce qui concerne la probabilité d’occuper une profession de niveau supérieur, à 10% pour les blancs, et 26% pour les noirs. Plusieurs explications sont possibles. Soit les noirs font preuve de plus de motivation que les blancs, soit les noirs sont avantagés du fait de la discrimination positive. Cette dernière hypothèse est celle optée par les auteurs, bien que certains chercheurs ne sont pas spécialement d’accord, optant pour la première hypothèse.
Dans tous les cas, l’importance du QI explique pourquoi les autorités publiques ont plusieurs fois tenté de stimuler le QI des enfants pauvres. Le chapitre 17 apporte justement une réponse concrète quant à savoir si le QI est aussi « malléable » qu’on le prétend. Si tel était le cas, les interventions éducatives financées à coût de milliards de dollars produiraient des effets substantiels parmi les enfants de familles défavorisées. Par voie d’introduction, les auteurs mettent en garde sur l’impact des interventions. Même si le QI pouvait être stimulé de cette manière, il ne s’ensuit pas que les différences entre groupes vont se rétrécir. La littérature indique plutôt le contraire. L’explication tient du fait que les enfants à fort QI en profiteraient davantage. Lorsque les ressources supplémentaires sont mises à la disposition de tout le monde, disons une bibliothèque, ce sont les enfants intelligents à être les plus susceptibles de consulter les bibliothèques.
Mais que se passe-t-il si la durée des interventions s’étale sur les années ? La réponse est que le gain de QI s’estompe. Pour preuve, les célèbres Perry Preschool, Head Start, Infant Health and Development Program, etc., n’ont pas réussi à stimuler le QI des enfants pauvres, blancs et noirs, de façon durable. L’explication tient du fait que la variance génétique du QI augmente de l’enfance à l’âge adulte. Les gains de QI s’évaporent naturellement. Il existe un énorme consensus autour de la question de la durabilité des gains de QI. Il se trouve que les années qui suivent la fin des programmes éducatifs, les gains de QI s’estompent rapidement. La méta-analyse de Leak, Is Timing Everything? (2010), parvient à la même conclusion. De façon générale, les interventions sont de purs échecs, et décrits par les auteurs comme un gaspillage en termes d’efforts, d’investissement, et d’argent.
L’échec des politiques inspirées de l’idéal égalitariste repose sur l’idée erronée que les comportements et les environnements peuvent être façonnés indépendamment de la volonté des individus. Comme ils l’ont clairement expliqué, au delà du QI, la liberté d’agir et de se comporter différemment est cela même qui crée les inégalités économiques que l’État-providence tend à supprimer. S’attaquer à ce problème signifie supprimer le libre arbitre, les libertés individuelles étant comprimées dans un uniformisme toujours plus grand.
L’idée que les inégalités soient le reflet du capitalisme dégénéré est assez curieuse, autant qu’improbable. Comme Gottfredson l’a expliqué, dans Why g Matters (1997), il s’avère que la complexité croissante de nos sociétés accentue les disparités sociales simplement parce que l’avantage (désavantage) d’un QI élevé (faible) devient alors plus important. Le même argument a été avancé par Herrnstein et Murray qui, en outre, suggèrent que la stratification sociale, et avec son corollaire la ségrégation sociale des riches entre riches et pauvres entre pauvres, peut aussi avoir été accentuée par la prime au diplôme. Dans la mesure où le diplôme est devenu un passe obligatoire, les individus à faible capacités cognitives ayant échoué à obtenir ces diplômes voient leurs opportunités se réduire. Tout ceci s’accompagnant d’une inflation de la bureaucratisation, les individus à faible QI ont plus de difficulté à gérer cette complexité croissante, comme de contourner la réglementation. C’est pourquoi les auteurs recommandent sérieusement de repenser ce système dépourvu de sens qui ne possède l’avantage que de favoriser les individus à fort QI.
Mais selon les auteurs, les inégalités ne sont pas autant un problème que l’élargissement des disparités culturelles. L’État-providence en aurait une grande part de responsabilité. Quand le gouvernement souhaite étendre sa politique de logements sociaux, de centres de garderie et refuges pour sans-abri, les individus à revenus modestes vont avoir tendance à se regrouper et former des ghettos de plus en plus concentrés. Le regroupement de personnes aux caractéristiques similaires, cherchant les mêmes intérêts dont celui de récipiendaire, conduit aussi à la ghettoïsation d’une culture, celle qui prévaut dans le quartier.L’hétérogénéité au sein d’un quartier diminue alors qu’elle augmente entre différents quartiers. C’est le scénario qu’ils ont prédit, et dont Murray détaille en profondeur dans son récent livre, Coming Apart.
Parmi les recommandations qu’ils ne font pas, mais que les critiques tendent encore à lui prêter, serait le recours à l’eugénisme. Ils ont été très clairs là-dessus : « The government should stop subsidizing births to anyone,rich or poor«  (le gouvernement devrait cesser de subventionner les naissances, que les parents soient riches ou pauvres). En revanche, ils recommandent vivement de repenser l’État-providence qui selon eux serait responsable de l’érosion de la famille, avec pour conséquence l’augmentation des naissances illégitimes et des familles monoparentales ainsi que le déclin du mariage. Bien entendu, le premier coupable serait la révolution féministe, mais l’état-providence décourage clairement la responsabilité à diriger une famille. Cela est un frein à la mobilité sociale. Charles Murray développe en profondeur cette idée dans Losing Ground. L’idée populaire selon laquelle il serait plus difficile aujourd’hui de constituer une famille traditionnelle parce que les gens à revenus modestes ne gagneraient justement pas assez d’argent, n’est pas supportée par les faits. Ce détail est d’importance puisque ces incitations perverses sont vraisemblablement les mêmes que celles qui conduisent à l’augmentation de la criminalité, masquée par la hausse du taux d’incarcération.
Les règles actuelles sont devenues complexes à tous les niveaux parce que l’élite cognitive considère qu’un système de règles complexes est plus efficace, voire supérieur; l’ironie étant qu’il a été conçu pour aider les pauvres. Mais la nécessité de déchiffrer, démêler toute cette complexité est une barrière pour les individus moins intelligents. Cette simplification des règles est nécessaire même en ce qui concerne les notions de justice et d’honnêteté pour ainsi éviter les interprétations maladroites d’un principe moral complexifié. Les auteurs pensent sans doute que l’idéologie selon laquelle tout individu possède le même potentiel cognitif est dangereuse. Cette idée fausse conduit à former des systèmes dommageables pour ceux qu’ils sont censés aider.
Addendum – par Le Minarchiste.
J’ai demandé à M.H. de rédiger cette synthèse sur The Bell Curve car je crois que c’est un sujet fascinant et qui a de nombreuses implications en terme de politiques publiques. Tout d’abord, la complexification du système social qui désavantage les plus pauvres, la « ghettoisation » des pauvres résultant des politiques d’État-providence et le subventionnement des naissances dans les familles pauvres sont à considérer.
Par ailleurs, cet ouvrage apporte des réponses intéressantes aux interrogations soulevées dans mon article sur la mobilité sociale. Aux États-Unis, la mobilité sociale est moins élevées chez les plus riches (voir ce tableau), autrement dit les enfants dont les parents sont dans le premier quintile de revenus ont de grandes chances de se retrouver eux aussi dans le premier quintile de revenus. Pourquoi? Selon The Bell Curve, ces enfants héritent de leurs parents d’un QI plus élevé de la moyenne, ce qui leur permet de demeurer parmi les plus riches. Legraphique ci-bas supporte cette affirmation : les jeunes enfants de parents plus éduqués que la moyenne (et aussi plus riches que la moyenne) réussissent mieux des tests de vocabulaire que les autres, avant même que le SSE n’ait pu avoir un impact significatif. Cet élément explicatif – le QI – a été largement négligé par les chercheurs qui ont étudié la faible mobilité sociale des États-Unis.
D’autre part, la moins grande mobilité sociale des États-Unis pourrait simplement refléter le fait que la structure économique de ce pays est plus méritocratique et qu’une intelligence supérieure y permet d’obtenir un revenu supérieur (i.e. la prime au diplôme y est plus élevée). En fait, un objectif des politiques publiques pourrait être de faire en sorte que les individus à QI élevés nés dans une famille pauvres puissent quand même réaliser leur plein potentiel. Les chiffres montrent qu’aux États-Unis, cet objectif est atteint.
Finalement, l’héritabilité et la non-malléabilité du QI démontrent que les interventions gouvernementales pour favoriser la mobilité sociale ne peuvent être fructueuses, à un point tel que les bénéfices pourraient bien être inférieurs aux conséquences négatives inattendues. Cela me donne envie de rééditer mon article sur la courbe de Gatsby…

Frédéric Bastiat sur la spoliation légale


Bastiat, brillant économiste français du 19ème siècle, a théorisé au fil de ses ouvrages la spoliation de l’État, dénonçant avec brio les travers de l'action étatique et de ceux qui la dirigent.
Si Frédéric Bastiat l’avait rédigée, son Histoire de la spoliation se serait rangée sans peine parmi les plus grands ouvrages libertariens jamais écrits, aux côtés de l’Histoire de la Liberté de Lord Acton et du troisième volume de la Perspective autrichienne sur l’histoire de la pensée économique de Murray Rothbard. Si, de fait, il avait atteint un âge respectable plutôt que de mourir à 49 ans d’un cancer de la gorge, il aurait sans doute achevé sa grande œuvre, Harmonies économiques, une véritable histoire de la spoliation. Il faut noter que Marx publia le premier volume de son magnum opusDas Kapital (1867), alors qu’il était âgé de 49 ans, mais qu’il vécut 16 ans de plus que Bastiat. En mettant à profit ce laps de temps, qui sait si Bastiat n’aurait pas réalisé son prodigieux potentiel en tant que théoricien de l’économie et historien, se hissant dès lors à la stature d’un Karl Marx du libéralisme classique.
Durant les six brèves années où Bastiat fut actif en tant qu’écrivain et homme politique (1844-1850), il produisit pas moins de six grands volumes composés de correspondances, de pamphlets, d’articles, de livres, que le Liberty Fund s’emploie d’ailleurs actuellement à traduire sous le titre Collected Works of Frédéric Bastiat (2011-2015). Ce qui émerge d’un examen chronologique de ses écrits, c’est sa compréhension graduelle que l’État (écrit le plus souvent L’ÉTAT) se résume à une vaste machinerie conçue délibérément dans le but des’emparer de la propriété de certaines personnes, sans leur consentement, afin de la transférer à d’autres. L’autre mot qui revient sous sa plume avec une fréquence croissante durant cette période, toujours pour décrire l’action de l’État, c’est celui de spoliation. On retrouve aussi « parasite », « viol », « vol » et bien sûr « pillage », termes également sans ambages. Dans ses textes éparpillés traitant de l’État et remontant à la période précédant la Révolution de 1848, il identifie les groupes particuliers qui, lors de différentes périodes historiques, accédèrent à la puissance étatique afin de spolier les gens ordinaires. Il cite les guerriers, les esclavagistes, l’Église catholique, ainsi que les tout récents monopolistes industriels et commerciaux. Chacun de ces groupes, leur méthode spécifique d’utilisation du pouvoir étatique afin de tirer profit de l’exploitation de leurs contemporains, devait hériter de sa propre section au sein de l’Histoire de la spoliation. Si on lui avait demandé sa définition de l’État avant les journées de 1848, il aurait sans doute répondu : « l’État est le mécanisme par lequel un petit groupe de privilégiés vit aux dépens de tous les autres ».
Mais l’irruption de la fièvre révolutionnaire dans les rues de Paris en février 1848 changea radicalement la donne, contraignant Bastiat à modifier substantiellement sa stratégie de lutte contre la spoliation étatique. Avant ces évènements, des petites minorités de privilégiés se trouvaient toujours en mesure de prendre le contrôle de l’État afin de se livrer au pillage de la majorité du peuple pour leur propre bénéfice : les esclavagistes exploitaient leurs esclaves ; les aristocrates exploitaient leurs serfs dans leurs domaines ; les monopolistes détenteurs de privilèges exploitaient leurs clients ; ainsi, d’une manière assez fruste, il semblait naturel à la minorité de s’emparer du fruit des efforts de la majorité si elle le pouvait. L’approche de Bastiat avant 1848 consistait donc principalement à identifier les intérêts particuliers qui profitaient de leur accès à l’État, puis de les exposer au public via des articles de presse tantôt acides tantôt satyriques. Il s’agissait, parmi l’élite, des propriétaires terriens bénéficiant de protections douanières, des industriels jouissant de monopoles et de subventions, ainsi que des aristocrates liés à la monarchie, lesquels s’accaparaient les postes au gouvernement et dans l’armée.
La montée en puissance des mouvements socialistes à partir de 1848 signifiait que des groupes plus larges qu’auparavant, peut-être même une majorité des votants si les socialistes triomphaient, se mettraient à employer les mêmes méthodes que les anciennes élites, mais cette fois-ci pour le bénéfice de « tout le monde » plutôt que d’une seule petite élite. Le problème, tel que le perçut aussitôt Bastiat, résidait dans l’impossibilité pour la majorité de vivre aux dépens de la majorité. Puisque tôt ou tard quelqu’un doit régler les factures, la majorité se retrouverait à payer impôts et taxes tout en bénéficiant en même temps de « subventions » de la part de l’État, les fonctionnaires prélevant naturellement leur dîme en amont. Ce paradoxe lui inspira cette année-là sa fameuse définition : « L’État, c’est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde. » Il lui fallait dorénavant s’adapter et tenter de convaincre les travailleurs séduits par le socialisme du caractère vain et impossible à satisfaire des promesses gouvernementales, en matière de postes dans la fonction publique, comme d’assurance-chômage nationalisée et de contrôle des prix.
Bastiat ne fut pas en mesure de remporter ce débat aussi bien intellectuel que politique, du fait de son décès en décembre 1850, tandis que de leur côté, les forces socialistes furent vaincues, quoique temporairement, par une combinaison de répression militaire et policière, et ce alors que le « parti de l’ordre » se rangeait derrière Louis-Napoléon Bonaparte (qui allait bientôt s’auto-proclamer empereur Napoléon III). Néanmoins, Bastiat avait déjà clairement identifié les principales faiblesses de l’État-providence, et nous pouvons constater aujourd’hui les conséquences de ces contradictions économiques et l’effondrement possible, en portant notre regard sur les rues d’Athènes gagnées par l’émeute.
En gardant à l’esprit ce cadre historique, je souhaiterais à présent détailler cette théorie de la spoliation, afin que nous nous représentions plus clairement ce dont Bastiat avait pris conscience du fait de son impressionnante faculté d’analyse. Grâce à la douzaine d’articles et de chapitres éparpillés traitant du sujet, rédigés entre 1845 et l’été 1850, j’ai pu en effet la reconstruire telle qu’il l’aurait sans doute faite figurer dans son Histoire de la spoliation.
Il existe donc une philosophie morale absolue basée sur la loi naturelle. Les lois naturelles sont découvertes en partie grâce à l’observation, empirique et scientifique, des sociétés humaines (au moyen de l’économie et de l’Histoire), et en partie par la révélation divine (car Bastiat puisait dans son déisme et sa morale chrétienne). Cette philosophie morale s’applique à tous les êtres humains sans exception (quoique tout spécialement aux rois et aux politiciens). Il n’y a que deux moyens par lesquels la richesse (la propriété) peut s’acquérir : en premier, au travers de l’activité individuelle et volontaire ainsi que de l’échange librement négocié avec ses pairs (« un service pour un service »), parmi des individus appelés les « producteurs » ; en second, par le recours au vol (coercition ou fraude), du fait d’une autre catégorie de personnes qu’il appelle les « spoliateurs ». L’existence de la spoliation est un fait scientifique, tout à fait empirique, mis en lumière par l’étude de l’Histoire. Les spoliateurs se sont historiquement organisés en tant qu’États, puis ont tenté de soustraire leurs activités aux principes moraux universels en introduisant des lois qui « sanctionnent» la spoliation, ainsi qu’un code moral qui « glorifie » cette dernière. Les spoliateurs trompent également leurs victimes en recourant à « la Ruse » et aux « sophismes » afin de se justifier et de déguiser ce qu’ils font réellement. Il incombe alors aux économistes politiques, tel Bastiat, demettre au grand jour les procédés d’escrocs des spoliateurs à l’égard de leurs « dupes » (les gens ordinaires), afin d’éradiquer pour de bon le pillage organisé au sein de la société.
Examinons plus en détail quelques éléments de cette théorie.
En tant qu’adhérent aux idées de loi naturelle et de droits naturels, Bastiat croyait en l’existence de principes moraux identifiables et formulables par tout être humain, donc d’application universelle. En d’autres mots, il ne saurait y avoir deux principes moraux en vigueur dans une même situation, un pour les gouvernants et le pouvoir souverain, l’autre pour le reste de l’humanité. Un de ces principes universels n’est autre que le droit d’un individu à posséder, d’où découle l’injonction de ne pas violer un tel droit par l’usage de la force ou le recours à la tromperie.
Pour citer Bastiat :
 « Il n’y a que deux moyens de se procurer les choses nécessaires à la conservation, à l’embellissement et au perfectionnement de la vie : la PRODUCTION et la SPOLIATION. » (Physiologie de la Spoliation, dans Sophismes économiques vol. II)
Plus loin dans son essai il développe :
« La véritable et équitable loi des hommes, c’est : Échange librement débattu de service contre service. La Spoliation consiste à bannir par force ou par ruse la liberté du débat afin de recevoir un service sans le rendre. La Spoliation par la force s’exerce ainsi : On attend qu’un homme ait produit quelque chose, qu’on lui arrache, l’arme au poing. Elle est formellement condamnée par le Décalogue : Tu ne prendras point. Quand elle se passe d’individu à individu, elle se nomme vol et mène au bagne ; quand c’est de nation à nation, elle prend nom conquête et conduit à la gloire. »
Il invoque alors les Dix commandements, le Code pénal, ainsi que le dictionnaire de l’Académie française, afin de définir aussi clairement que possible la nature du vol d’autrui, dont il note l’interdiction en tous lieux et en tout temps. Conformément à cette définition, dans l’esprit de Bastiat les politiques du gouvernement français ne sont plus guère que du « vol à la prime », du « vol par les douanes », du « vol mutuel » de tous les Français via les subventions et protections diverses. Pris ensemble, cela forme un système entier dédié à la spoliation, en évolution depuis des siècles.
De ce fait, à cause de l’ubiquité de la spoliation au sein de l’histoire humaine, il devenait essentiel pour l’économie politique de la prendre en compte lors des débats sur le fonctionnement du marché et de ses « facteurs perturbateurs ».
Et Bastiat d’affirmer dans la foulée que :
« Quelques personnes disent : La Spoliation est un accident, un abus local et passager, flétri par la morale, réprouvé par la loi, indigne d’occuper l’Économie politique. Cependant, quelque bienveillance, quelque optimisme que l’on porte au cœur, on est forcé de reconnaître que la Spoliation s’exerce dans ce monde sur une trop vaste échelle, qu’elle se mêle trop universellement à tous les grands faits humains pour qu’aucune science sociale, et l’Économie politique surtout, puisse se dispenser d’en tenir compte. »
Un élément clef de la spoliation qui la distingue de l’acquisition de la richesse par l’échange volontaire, c’est l’usage de la violence conjointement à ce qu’il appelle « la Ruse ». À l’intérieur de la catégorie de la « spoliation », deux types principaux intéressaient Bastiat : la « spoliation illégale », entreprise par les voleurs de grands chemin et autres brigands, et la « spoliation légale », réalisée par l’État sous la protection du système juridique, lequel exempte les gouvernants comme leur administration de se soumettre à l’injonction morale de ne pas s’emparer par la force de la propriété d’autrui. La spoliation illégale suscitait moins d’intérêt chez Bastiat, du fait de sa condamnation générale ainsi que de sa bonne compréhension de la part des juristes et des économistes. À la place, il se concentra sur la seconde forme, car elle était à peine envisagée comme un problème par ses collègues, bien qu’elle ait existé à « une vaste échelle » tout au long de l’Histoire, au point de représenter l’une des forces motrices de cette dernière. Comme il note dans son « dernier et important aperçu », qui termine la « Conclusion » du premier volume des Sophismes économiques :
« La force appliquée à la spoliation fait le fond des annales humaines. En retracer l’histoire, ce serait reproduire presque en entier l’histoire de tous les peuples : Assyriens, Babyloniens, Mèdes, Perses, Égyptiens, Grecs, Romains, Goths, Francs, Huns, Turcs, Arabes, Mongols, Tartares, sans compter celle des Espagnols en Amérique, des Anglais dans l’Inde, des Français en Afrique, des Russes en Asie, etc., etc. »
Dans Physiologie de la Spoliation, Bastiat esquisse les principaux types de spoliation qui avaient émergé au cours des siècles : la guerre, l’esclavage, la théocratie et le monopole. Historiquement, les sociétés et leurs élites dirigeantes, lesquelles vivaient de la spoliation, avaient évolué au travers de périodes successives de conflit. Dans une lettre à Mme Cheuvreux, datée du 23 juin 1850, Bastiat prophétise que :
« Notre histoire ne présentera que deux phases : les temps de luttes, à qui s’emparera de l’État ; et les temps de trêve qui seront le règne éphémère d’une oppression triomphante, présage d’une lutte nouvelle ».
Les origines historiques immédiates de l’État français moderne se trouvaient dans ses élites aristocratiques et théocratiques, lesquelles avaient atteint leur position sous l’Ancien Régime, et dont le contrôle de l’État avait été contesté par les premiers réformateurs d’inspiration socialiste, tel Robespierre durant la Terreur, puis par les militaires sous Napoléon. La défaite de ce dernier avait autorisé un retour temporaire de ces premières élites, jusqu’à ce qu’elles soient à nouveau renversées par une autre révolution, dans laquelle cette fois-ci Bastiat joua un rôle actif en tant qu’élu, journaliste, et théoricien de l’économie.
De son vivant, l’État moderne avait évolué de telle sorte qu’une classe de bureaucrates professionnels, nombreuse et permanente, s’occupe de transmettre la volonté du pouvoir souverain : soit le roi Louis-Philippe durant la monarchie de Juillet (1830-1848), puis le « Peuple » sous la Seconde république, consécutivement à la Révolution de février 1848. Tout cela afin de taxer, réglementer, et subventionner une part croissante de l’économie française. Vers la seconde moitié des années 1840, l’opposition de Bastiat à cette inflation étatique se concentra sur trois de ses aspects : les tarifs douaniers protectionnistes, la politique fiscale, et les Ateliers nationaux où en 1848 le gouvernement plaça des chômeurs, subventionnant leur emploi. Alors que le périmètre de l’État s’accroissait, ce dernier se mit à fournir un nombre toujours plus important de « services publics » financés par le contribuable.
Bastiat voyait d’un mauvais œil de tels développements, et considérait de fait tout « service public » au-delà du strict minimum régalien comme une « forme désastreuse de parasitisme » (les Intermédiaires décrits dans Ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas). Par le biais de son personnage favori, Jacques Bonhomme, Bastiat compare la « vente forcée » d’un « service public » – c’est-à-dire le « parasitisme légal » de la bureaucratie française – aux actions d’un voleur de bas étage qui ne pratiquerait que le « parasitisme légal » ou « extra-légal » en cambriolant la maison de l’infortuné bourgeois (cf. « L’impôt » dans Ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas).
Bastiat pensait également que l’État moderne, bureaucratique et régulateur, son contemporain, reposait d’un côté sur un mélange de violence brute et de coercition, et de l’autre sur un assortiment de tricheries et de mensonges, les fameux sophismes. La violence et la coercition résidaient pour l’essentiel dans l’impôt, les taxes et les règlementations, que devaient subir les contribuables, les commerçants et les producteurs, tandis que la dimension idéologique à l’appui de la classe actuelle de spoliateurs provenait d’un nouvel ensemble de « sophismes économiques » et « politiques », plus aptes à répandre la confusion parmi les « dupes », à les égarer et à les conduire à soutenir le système. La science de l’économie politique, selon Bastiat, consistait à dénoncer les sophismes économiques du présent, afin de les discréditer complètement, et ainsi dépouiller la classe spoliatrice de sa justification et de son pouvoir :
« J’en ai dit assez pour montrer que l’Économie politique a une utilité pratique évidente. C’est le flambeau qui, dévoilant la Ruse et dissipant l’Erreur, détruit ce désordre social, la Spoliation. » (Physiologie de la Spoliation)
Dans l’essai suivant, Deux morales, Bastiat contraste le rôle de la « moralité religieuse » et de la « morale économique » en apportant ce changement dans la pensée :
« Que la morale religieuse touche donc le cœur, si elle le peut, des Tartuffes, des Césars, des colonistes, des sinécuristes, des monopolistes, etc. La tâche de l’économie politique est d’éclairer leurs dupes. » (Dans la pièce de Molière Tartuffe ou l’Imposteur, Tartuffe se révèle un hypocrite comploteur et Orgon un dupe bien intentionné).
Il était dans l’intention de Bastiat, lorsqu’il écrivit les essais rassemblés dans les deux volumes de sesSophismes économiques, d’entamer le long processus de la démolition de la confusion intellectuelle entretenue par l’élite privilégiée dans le cadre de la défense de ses intérêts particuliers et de la justification de son pillage systématique des braves gens.
Cependant, Bastiat éprouvait quelque scepticisme quant aux chances de succès, pour la morale religieuse, de changer les vues de ceux détenant le pouvoir. En effet, combien de fois dans l’histoire de l’humanité, se demandait-il, la classe dirigeante avait-elle délibérément renoncé à son pouvoir et à ses privilèges ? Son choix se porta par conséquent sur une stratégie par le bas, c’est-à-dire ouvrir les yeux des dupes et des égarés grâce aux vérités fournies par l’économie politique, tout en encourageant la défiance à l’égard de la prétendue justice des actions des dirigeants, sans rater une occasion de se moquer des excentricités de l’élite politique par le biais du sarcasme et de la « piqûre du ridicule ». Bastiat résuma ainsi le travail des économistes politiques, qui« dessillent les yeux des Orgons, déracinent les préjugés, excitent de justes et nécessaires défiances, étudient et exposent la vraie nature des choses et des actions ».
Ce qu’il accomplit brillamment dans les écrits des deux dernières années de sa vie, héritage toujours vivant de sa contribution à l’économie politique du libéralisme classique.