Les professionnels de l'alimentation vantent sa valeur nutritionnelle, et considèrent qu'elle est plus saine que le bœuf. Riche en protéines, en fer et en vitamines, considérée comme une spécialité pour son goût sucré caractéristique, la viande de cheval est prisée dans beaucoup de pays, notamment au Japon, en Italie ou en Amérique du Sud. Alors pourquoi l'affaire de la viande de cheval retrouvée dans des lasagnes de la marque Findus en Europe suscite-t-elle une telle polémique ?
Parce qu'on le mange à notre insu
Manger du cheval n'est pas forcément un problème en soi. Encore faut-il le savoir... C’est donc la tromperie sur la provenance de la viande qui scandalise les consommateurs. Béatrice de Reynal, médecin nutritionniste, explique surTerrafemina que le problème, c’est la perte de confiance des acheteurs. "Que vous preniez du bœuf du Limousin ou un bœuf des pays de l'Est, vous aurez toujours dans vos lasagnes de la viande hachée, c'est-à-dire les moins bons morceaux qui sont broyés pour pouvoir être consommés. La différence tient à la qualité de l'élevage, la nourriture donnée aux bêtes." Or, la viande provenant des pays de l'Est, comme la viande chevaline en question, serait moins chère mais de qualité très moyenne, affirme Le Parisien.
Parce que c'est un tabou alimentaire
D’après le Daily Record, les chevaux abattus en Roumanie sont maltraités : mal nourris, battus, entassés dans des camions de transport qui les amènent vers les abattoirs où ils sont achevés. Pourtant, ces conditions de transport et d’abattage, ainsi que la maltraitance, ne sont pas spécifiques au chevaux, les vaches ou les moutons destinés à la consommation humaine sont souvent traités de la même manière.
Le refus de consommer la viande chevaline tient à un autre facteur, culturel. Dans les pays anglo-saxons, manger du cheval est presque un tabou. Aux Etats-Unis, la consommation de cheval a été interdite dans plusieurs Etats. Au Royaume-Uni, où c'est un animal vénéré, l'affaire des lasagnes Findus a provoqué de violentes réactions. 
Bien que la situation en France soit plus nuancée, la consommation de cheval – qui d'ailleurs, reste faible –  provoque un débat vif entre les hippophages et leurs détracteurs.  

 "Le statut du cheval a également évolué d’un animal utile vers la sphère du loisir, vers le statut de l’animal de compagnie", interprète Jean-Pierre Digard, dans son livre Une Histoire du cheval.  Déjà en 2008, la Fondation Brigitte Bardot dénonçait la consommation de viande chevaline en posant la question :  "Le cheval, vous l'aimez comment, en ami ou en rôti ?"
Parce qu'il y a un risque potentiel pour la santé humaine
C'est davantage une fraude qu’un enjeu sanitaire, a estimé la ministre de la Santé Marisol Touraine sur Europe 1. Cependant, le ministre britannique de l'Environnement, Owen Paterson, chargé des questions alimentaires, s'est montré plus inquiet. "Si la viande est contaminée, elle pourrait être nuisible à la santé humaine", rapporte le Guardian (article en anglais). Ce qui inquiète, c’est le phénylbutazone, un anti-inflammatoire utilisé pour soigner des chevaux. "Un médicament qui ne devrait jamais entrer dans la chaîne alimentaire des humains", a expliqué Robin Hargreaves, de l’Association britannique des vétérinaires, également dans le Guardian. L’agent anti-inflammatoire et analgésique, interdit en France pourles animaux destinées à la consommation humaine, pourrait provoquer de "graves réactions". Parmi elles, l’anémie aplasique, une diminution de la production de globules rouges qui servent à transporter l’oxygène dans le corps.
D’après The Telegraph (article en anglais), le "sida du cheval", dont semblent infectés certains chevaux en Roumanie, peut s'avérer être une autre source de danger pour la santé. Il y a trois ans, l'importation de chevaux de ce pays a été interdite, au nom du principe de précaution. Même si la maladie ne semble pas représenter un danger pour les humains, on ne sait pas encore si elle pourrait avoir des répercussions sur la santé, estime le journal.