TOUT EST DIT

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jeudi 31 janvier 2013

PS : la rose se fane


Gauche. Inaudible des Français, cantonné au rôle de godillot mais inutile pour le gouvernement, le Parti socialiste est le grand perdant de l’État PS.
Mercredi 19 décembre. Harlem Désir réunit ses plus proches soutiens chez Cru, un restaurant parisien ultrabranché de la rue Charlemagne, dans le Marais, pour un premier bilan des quelques mois passés à la tête de la machine PS. Les critiques fusent : « Tu n’es pas assez visible, le PS non plus », lance un premier. « Il y a trop de couacs à l’Assemblée, trop de jeunes qui cherchent à exister en signant des pétitions. C’est au parti de dire : “Les gars, vous avez été élus grâce à l’étiquette PS. Arrêtez les conneries !” », lâche un autre. « Sur Florange, le PS a été atone », tempête un troisième. En les écoutant, le premier secrétaire du PS noircit les pages d’un carnet.
L’heure est grave. Depuis que son hégémonie s’est étendue, après les grandes villes, les départements, les régions et le Sénat, à l’Élysée et à l’Assemblée nationale, le PS est inaudible. Le pouvoir a déserté la Rue de Solferino en même temps que la quittaient les poids lourds socialistes pour grossir les rangs du gouvernement. Entre ses déclarations lénifiantes et ses communiqués «saluant » les décisions du gouvernement, le parti au pouvoir se comporte comme un parfait godillot. Sur le mariage homosexuel, par exemple, où ses parlementaires ne peuvent voter en conscience.
Les réunions de la Rue de Solferino sont décrites comme « mornes » par leurs participants. Un député : « Désir travaille seul et n’organise pas la riposte. » Un autre : « Je n’entends pas mon parti. C’est une catastrophe, on ne comprend rien. » Conseillère politique de Harlem Désir, Corinne Bord ne dit pas autre chose : « La voiture roule en première, il faut l’amener en cinquième. Mais il faut y aller doucement. » Principale caractéristique du Harlem Désir des années post-SOS Racisme, la “langue de bois massif” doublée du politiquement correct promu par la gauche le contraint à abandonner toute tentative d’émancipation. Soudé au gouvernement, le PS autoréalise la prophétie de Jean-Christophe Cambadélis, candidat malheureux au poste de premier secrétaire, en octobre dernier, qui appelait, après l’élection de Désir, à une « contre-offensive » pour ne pas succomber à la « tétanie postélectorale ».
Pour Harlem Désir, le diable est que l’activisme des “alliés” verts et du Front de gauche, plus que jamais critiques face au gouvernement, ne fait que renforcer l’image d’un parti ankylosé. Nombre d’erreurs lui sont aussi reprochées : « Le PS est complètement subordonné ! Harlem n’est pas un codécisionnaire comme pouvait l’être Hollande sous Jospin. Il vient prendre des notes à Matignon le mardi matin », martèle un cadre de Solferino. « Il a choisi l’alignement pur et simple, sans une once d’autonomie », peste Emmanuel Maurel, représentant de l’aile gauche du PS et adversaire de Désir au congrès de Toulouse, en octobre dernier, où sa motion avait obtenu 13 % des votes des militants. « Le PS est le plus grand parti de France, mais on a pris ça par-dessus la jambe. On est en train de le payer », regrette un conseiller de Hollande. Un ministre : « Sous la Ve République, il faut que l’exécutif, les groupes parlementaires et le parti fonctionnent de manière harmonieuse. Si un moteur manque, il y a déséquilibre. C’est le cas. » Le PS n’est pas la force de propositions et de remobilisation espérée par le couple exécutif, en berne dans les sondages. « François doit s’y coller, relancer la machine », murmure-t-on au gouvernement. Pour pallier ces manques, le président lui-même, qui jurait pourtant qu’il cesserait d’agir en chef de parti (« Moi président… »), a convié à sa table élyséenne les piliers de sa majorité, le 9 janvier dernier : outre Désir, étaient présents Jean-Marc Ayrault, le président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, et celui du Sénat, Jean-Pierre Bel.
Les choses seraient moins compliquées pour Harlem Désir s’il régnait sur un parti uni. Or, selon la formule qui veut que les socialistes arrivent unis au pouvoir et se séparent durant son exercice, c’est un PS balkanisé que doit fédérer le premier secrétaire. Entre son aile gauche et le courant social-démocrate, le camarade Désir marche sur des oeufs. Ses — rares — tentatives d’émancipation lui donnent l’occasion de creuser davantage ce fossé : le 9 janvier, il réclame, dans un entretien aux Échos, que la taxe à 75 % soit appliquée « dans le cadre du foyer fiscal », et ce, contre l’avis du gouvernement. « Je suis content qu’il se soit lâché », le gratifie Jérôme Guedj. À Matignon, les dents grincent… Idem sur le non-cumul des mandats, ardemment désiré par Hollande, mais ouvertement critiqué par les barons socialistes, au premier rang desquels le président du groupe PS au Sénat, François Rebsamen. Les épisodes Florange et pacte de compétitivité auront aussi été l’occasion de braquer les ultras du parti : « Il est où, à la télé, le premier secrétaire, pour dire que l’augmentation des salaires des grands patrons est un scandale ? », fulmine-t-on Rue de Solferino.
« Le parti n’a pas pris ses marques. Harlem n’imprime pas. Il ne fait peur à personne », juge un ministre. Seul Cambadélis, le premier opposant à Désir, conserve une envergure nationale lors des bureaux politiques. « En 2013, les socialistes seront seuls », pronostiquait-il début janvier. Les querelles d’egominent pourtant moins le parti que les affaires qui lui restent à gérer. Du Nord au Sud, de Gérard Dalongeville à Jean-Noël Guérini, en passant par l’Hérault, où le patron de la troisième fédération socialiste de France est visé par la justice pour des frais de bouche et de déplacements injustifiés à la charge du parti… Du temps de Martine Aubry, au moins, personne ne contestait l’autorité de la patronne. Mais Désir, lui, se voit reprocher sa transparence. Surnommé le “timonier timoré” par Libération, il aurait surtout « la préoccupation de ne pas sortir des clous ». On s’inquiète de sa frilosité. « Il a arrimé son destin à celui de Jean-Marc Ayrault. Il ne fait rien qui puisse gêner le premier ministre », regrette Emmanuel Maurel. Explication du sénateur Luc Carvounas, secrétaire national du PS, chargé des relations extérieures : « Hollande voulait une présidence normale, on a un premier secrétaire normal. » Un manque d’autorité qui se vérifie jusque dans le choix des candidats pour les prochaines municipales, où les tensions, comme à Paris (lire page 14), pourraient s’intensifier…
Reste le pire : le profond décalage du parti avec les Français, constaté avec dépit par François Rebsamen : « La droitisation de la société est un phénomène très profond. » Dans la Catastrophe du 6 mai, l’essayiste Jean-François Kahn voyait le score de Nicolas Sarkozy au second tour (48,3 %) comme la preuve de cette droitisation et de jours sombres à venir pour la gauche… Les Français sont en effet favorables à 80 % (sondage Ifop-Atlantico) au “démantèlement des camps de Roms” et sont 75 % (enquête Ifop-le Journal du dimanche) à considérer que “l’islam progresse trop en France”… Au PS, on tente d’endiguer cette tendance en faisant de la surenchère sur les sujets mobilisateurs : outre les campagnes d’affichage, la pétition sur le “mariage pour tous”, la lettre aux parlementaires pour les inciter à soutenir le droit de vote des étrangers, le PS a financé la manifestation des partisans du “mariage pour tous” et grossi les — maigres — rangs de ses zélateurs. Lesquels ont largement, sur le plan des chiffres comme sur celui des idées, perdu la bataille face aux antimariage gay !
Rebaptisé « astre mort » par Jean-Luc Mélenchon, le PS est, à gauche, la première victime de son hégémonie sur les institutions françaises. Et prouve que, lorsque fane la rose, n’apparaissent plus que ses épines…

Des ministres gênés par la grève des fonctionnaires

Le gouvernement souligne l'étroitesse de la marche de manœuvre et renvoie au programme de Hollande. Deux fonction­naires sur trois avaient apporté leurs voix à François Hollande en mai 2012, au second tour de la présidentielle. Huit mois après son arrivée à l'Élysée, le président de la République est confronté à la toute première grande journée d'action des fonctionnaires. Les conditions de travail, les suppressions d'emplois dans les secteurs non prioritaires, la baisse du pouvoir d'achat suscitent la grogne des agents du public. Au fil des mois, ils ont déchanté.

Pour les syndicats de fonctionnaires, l'objectif est clairement de mettre la pression sur le pouvoir socialiste avant la réunion du 7 février consacrée aux rémunérations, prévue avec la ministre de la Fonction publique, Marylise Lebranchu. Pour l'exécutif, il s'agit de tenir, la réduction des déficits publics n'offrant guère de marges de manœuvre. «Il y a forcément une attente qui est forte. Nous sommes attentifs à ce moment », confie un conseiller élyséen, admettant mezza voce que «toutes les marges de manœuvre ne sont pas ouvertes ».
À Matignon aussi, on souligne l'étroitesse des marges de manœuvre budgétaires. «Les syndicats ne sont pas idiots. Ils ont parfaitement conscience de la situation du pays », veut croire un conseiller de Jean-Marc Ayrault, qui relati­vise la grogne syndicale en faisant valoir que seulement «trois syndicats sur huit appellent à la grève » et qu'il s'agit là de «la troisième journée d'action depuis mai ». «Ce mouvement transversal se coagule avec les mouvements au sein des écoles », minimise encore ce conseiller.
D'autres ministres sont plus mal à l'aise sur le sujet, comme gênés à l'égard de cet électorat acquis à leur camp. Aussi préfèrent-ils renvoyer au bilan de la droite. C'est ce qu'ont fait mercredi la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, et la ministre de la Fonction publique lorsqu'elles ont confirmé que le gouvernement planchait bien sur un réaménagement de la rémunération au mérite mise en place sous le précédent quinquennat.
Toujours à jour de la connerie à dire.
La ministre du Commerce extérieur, Nicole Bricq, n'est pas en reste. «Sous Sarkozy, on disait aux fonctionnaires: vous serez moins, mais on va vous payer plus ! C'est quand même pas terrible comme méthode », s'agace-t-elle. Ancien rapporteur général du budget au Sénat, spécialiste des finances publiques, Bricq estime également que le candidat Hollande n'a jamais fait la moindre promesse concrète aux fonctionnaires, si ce n'est celle du «changement »: «Il y a un contrat qui a été passé avec le pays. Personne n'a été pris par surprise. Relisez ce qu'a dit François Hollande ! C'est un contrat précis avec le peuple.»
Au sein du gouvernement, ils sont de plus en plus nombreux à estimer que le pouvoir socialiste ne doit pas lâcher. Qu'il faut réduire les déficits quoi qu'il en coûte aux socialistes dans l'électorat de gauche. À leurs yeux, le redressement du pays est «la» priorité. «Nous devons accepter l'idée de sacrifier les élections locales en 2014 et 2015», confiait récemment un poids lourd de l'équipe Ayrault. Sinon? La gauche ne parviendra pas à se maintenir au pouvoir, affirmait-il. Voilà un discours qui sera peut-être plus difficile à tenir dans quelques mois, à l'approche des municipales.

Politique du pauvre

Politique du pauvre


Qu'un pays comme la France, avec sa dimension économique, en soit réduit à présenter un plan anti-pauvreté, a quelque chose de navrant. Ce n'est pas que la France doive s'y soustraire, bien au contraire, mais que l'on soit obligé d'en arriver là, dans notre société du 21 e siècle, témoigne de dysfonctionnements ou de mauvais choix dans les actions publiques. Un plan anti-pauvreté, c'est une politique que l'on met en 'uvre quand toutes les autres ont échoué : politique économique, politique de l'emploi, politique sociale, politique de santé, politique d'éducation, politique du logement, etc.
Nul ne contestera, donc, la nécessité de lutter contre ce fléau. En 2010, le pourcentage de la population vivant sous le seuil de pauvreté était de 14,1 % (soit 8,6 millions de personnes) contre 12,2 % en 2002. Et, sous l'effet de la crise, le chiffre sera sans doute à la hausse en 2011 et 2012. Le drame est que notre pays consacre pourtant déjà des budgets colossaux (650 milliards de transferts sociaux) à l'aide des plus défavorisés. En pure perte, si l'on considère les résultats.
On mesure ainsi la tâche qui attend le gouvernement. En présentant hier son pacte de solidarité, Jean-Marc Ayrault s'est bien gardé de se fixer des objectifs, comme l'avait fait Nicolas Sarkozy prétendant imprudemment faire baisser la pauvreté d'un tiers et ramener le nombre des SDF à zéro pendant son quinquennat. On ne discutera pas non plus les mesures annoncées. Elles ont repris, pour l'essentiel, celles qui avaient été dévoilées en décembre dernier.
On n'intentera pas davantage de « procès en assistanat » au pouvoir si les nouveaux droits créés sont réellement, et bien, utilisés. En revanche, il manque cruellement un chiffrage à ce pacte de solidarité, estimé à 2,5 milliards d'euros annuels à partir de 2017. On a du mal à croire en un financement par simples redéploiements ministériels. Sans moyens, Jean-Marc Ayrault ne mettra en 'uvre qu'une politique du pauvre !

« La loi du talon »

« La loi du talon »


C'est entendu, Christiane Taubira est une ministre atypique. Voilà une garde des Sceaux adepte, d'une certaine manière, de la « loi du talon ». Nous voulons dire, familière des actes d'autorité énergiquement martelés et dictés par de solides convictions. Ce qui n'enlève rien à sa culture, à ses qualités d'oratrice et d'érudition. Il y a cependant chez elle un côté électron libre qui lui a déjà valu, depuis son arrivée au ministère de la Justice, quelques déboires et quelques recadrages. En ira-t-il ainsi avec l'épisode survenu au lendemain de l'ouverture du débat parlementaire sur le mariage homosexuel et l'adoption ?
« Circulaire… y'a rien à voir ! », ont tenté de déminer la ministre et la majorité, après la révélation de la fameuse circulaire de la chancellerie adressée aux juridictions et leur enjoignant de ne plus refuser la nationalité française aux enfants conçus par gestation pour autrui (GPA) à l'étranger. Il va de soi que les appels au calme du PS n'ont servi à rien. Bien au contraire. Incontestablement, Christiane Taubira a commis une bourde, au moins dans la forme et le timing.
Elle a contribué à envenimer le débat et à gâcher son discours d'ouverture, pourtant solidement charpenté. Elle a surtout offert un angle d'attaque inespéré à une droite que guettait l'enlisement dans des arguments redondants. Rien ne saura désormais convaincre l'opposition que derrière le mariage gay ne se dessinent pas des évolutions inéluctables sur la PMA et la GPA.
Au-delà du problème humain que représentent les « enfants fantômes de la République », il est grave que la ministre ait réglé par circulaire une situation résultant d'une violation caractérisée de la loi française. Certains y verront un encouragement. Peut-être fallait-il offrir un hochet aux « jusqu'au-boutistes » de la cause homosexuelle. En tout cas, les silences de l'exécutif sur le sujet sont inquiétants. On aimerait qu'il revendique la paternité des actes de sa bouillante ministre.

Maladresse et caricature

Maladresse et caricature


Alors que l'automobile, le bâtiment ou l'artisanat broient du noir, le mariage pour tous et son cortège d'interrogations vont-ils devenir l'alpha et l'omega de la politique française ? Au risque de lasser, il faut pourtant y revenir, en raison du vacarme provoqué par cette circulaire Taubira, maladroite mais caricaturée, concernant les enfants nés de mère porteuse.
Cette circulaire vise à permettre à des enfants de père français, nés par gestation pour autrui (GPA), d'obtenir un certificat de nationalité française. Il s'agit d'une disposition strictement administrative, puisqu'il suffit en droit qu'un parent soit français pour que l'enfant bénéficie de cette nationalité. Une quarantaine de ces sans-papiers de l'intérieur seraient concernés par ce vide administratif, quelques centaines assurent les associations homoparentales.
Il n'y aurait donc pas tout ce tohu-bohu parlementaire, ces demandes de démission et de renvoi du débat sur le mariage pour tous, ces menaces de saisine du Conseil d'État, si gouverner n'était qu'affaire de raison. Seulement, la politique est souvent une question de mots et de moment.
Depuis le début du débat sur le mariage pour tous, la droite suspecte la gauche d'avancer masquée, ou lui en fait le procès d'intention, pour mieux combattre le projet. Gênée par un texte qui remue chez certains plus de passion que de réflexion, et divise jusque dans ses rangs, une partie de l'UMP verse dans l'instrumentalisation.
Les mots qui braquent
L'opposition a raison d'exiger des garde-fous pour que la logique égalitaire qui guide le projet ne vienne pas donner des droits en dépit des lois de la nature. Elle fait justement valoir que le droit, sauf à ouvrir la boîte de Pandore, ne peut pas avoir pour objectif d'avaliser des pratiques interdites en France. Mais elle a tort d'attribuer à François Hollande et à Jean-Marc Ayrault une intention qu'ils n'ont pas vis-à-vis de la GPA, interdite par loi et condamnée par la Cour de cassation.
Dans un moment et sur un sujet si sensibles, il faut surtout éviter les mots qui braquent et les décisions qui semblent trahir une bonne foi apparente. La révélation de cette circulaire, dont la ministre aurait dû expliquer les tenants et aboutissants, allait naturellement offrir un angle d'attaque à la droite, au premier jour d'un débat aussi emblématique.
Le PS et les Verts, eux-mêmes, ont offert des verges pour se faire battre par l'opposition, en réclamant l'inscription - finalement repoussée - d'un article étendant la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes. La ministre des Droits de la femme, Najat Vallaud-Belkacem, n'avait-elle pas en outre, dans des tribunes datant de 2010, milité pour une gestation pour autrui, fut-elle encadrée ?
Pour Jean-François Copé, reparti en campagne pour la présidence de l'UMP, l'occasion était trop belle d'y voir un aveu, une incitation, et d'essayer de ressouder ses troupes autour de considérations morales et radicales, même si elles sont hors sujet dans le débat en cours.
Vieux routier de la politique, Monsieur Copé use et parfois abuse d'une règle que Madame Taubira maîtrise encore mal : le message associé à un mot ou à un geste compte autant que le mot ou le geste eux-mêmes.


Syndicalistes, élus, hauts fonctionnaires… les 200 qui bloquent la France

Certains sont célèbres, d’autres inconnus. Mais tous ont le même objectif : torpiller les réformes dont notre pays a tant besoin pour s’en sortir.

La France n’a plus de mineurs. Pourtant, elle possède toujours une Sécurité sociale des mines, avec une administration, des guichets, des médecins, 17 pharmacies, des dispensaires, des cliniques et un siège somptueux, dans les beaux quartiers de Paris. Naturellement, les quelques milliers de retraités affiliés à ce système d’un autre âge ne suffisent pas à le faire tourner et il génère des gaspillages colossaux. En 2011, son déficit a dépassé les 61 millions d’euros. Voilà pourquoi le gouvernement de François Fillon s’est décidé à publier en 2010 un décret programmant sa fusion dans l’Assurance-maladie.
Trois ans après, la Sécu des mines est toujours en place. A peine connue la nouvelle, le syndicat FO des mineurs, la fédération CGT de l’énergie, le député socialiste de Moselle Pierre Lang et celui du Pas-de-Calais Jean-Pierre ­Kucheida (non réélus en 2012), les sections CFTC des bassins houillers, les associations d’anciennes gueules noires et un nombre incalculable d’élus locaux du Nord et de l’Est, tous bords politiques confondus, se sont mis à hurler à la mort. Si bien que le précédent gouvernement n’a rien osé entreprendre pour régler le problème. Et la nouvelle ministre des Affaires sociales, Marisol Touraine, ne semble pas plus pressée d’agir : elle vient de commander un nouveau rapport sur la question. Au cas où il y aurait encore des choses à découvrir…
Réformer la France ? Vu de loin, tout le monde est d’accord ou presque. On le sait, c’est à ce prix qu’elle pourra retrouver un jour son rang dans l’économie mondiale. Mais lorsqu’on entre dans le vif du sujet, c’est une tout autre histoire. «Sur chaque dossier, sur chaque alinéa de projet de loi, il y a toujours des forces prêtes à se battre pour que rien ne change, même lorsque l’intérêt supérieur du pays est en jeu», s’agace l’ancien ­député UMP Yves Bur. «Nous sommes tellement sclérosés par les pesanteurs et les blocages que chaque millimètre gagné est une victoire», confirme Agnès Verdier-Molinié, de l’Ifrap, un think tank indépendant d’obédience libérale. Nicolas Sarkozy, qui s’est cassé les dents sur à peu près toutes ses réformes, à commencer par celles des régimes spéciaux de retraite ou du service minimum dans les transports, pourrait nous en raconter de belles sur ce point.
Soyons donc très humbles : ce dossier ne prétend pas, loin s’en faut, présenter la totalité des bloqueurs qui entravent la modernisation de notre pays. Entre les représentants patronaux crispés dans leurs vieux schémas, les syndicats scotchés comme des chiens d’arrêt sur leurs avantages acquis, les hauts fonctionnaires par nature confits d’immobilisme, les grands corps assis sur leurs privilèges, les innombrables lobbies prêts à mordre pour leurs intérêts particuliers, les ayatollahs de l’écologie pour qui la croissance reste un ennemi mortel et les élus de terrain incapables de planifier le moindre allégement de notre si coûteux mille-feuille territorial, l’Hexagone est sans doute la plus grande fourmilière de conservatismes du monde démocratique. «Pour réussir les réformes, il va vraiment falloir se battre !», prévient le député UDI Charles de Courson.
Fort bien. Allons-y !
Philippe Eliakim

L’incroyable circulaire du Garde des Sceaux sur la « gestation pour autrui »

L’incroyable circulaire du Garde des Sceaux sur la « gestation pour autrui »


Exclue finalement du projet de loi Taubira actuellement en discussion sur le « mariage » gay et reportée à un prochain « débat »au Parlement sur le droit « des » familles, la gestation pour autrui (GPA) revient au galop plus vite que prévu. Mais un galop artificiel qui ravit significativement les Verts ! Affichant la couleur, le Garde des Sceaux a décidé personnellement d’ouvrir illico la voie à la GPA (gestation pour autrui) par tous les moyens, mêmes « illégaux » !
La Chancellerie demande en effet aux tribunaux de ne plus refuser la délivrance de certificats de nationalité française au seul motif qu’ils concernent des enfants nés de mère porteuse à l’étranger, selon une circulaire publiée mercredi par Le Figaro. Cette circulaire diffusée vendredi aux greffiers des tribunaux d’instance demande de « faire droit » aux demandes de certificats de nationalité pour des enfants nés à l’étranger de mère porteuse « dès lors que le lien de filiation avec un Français résulte d’un acte d’état civil étranger probant au regard de l’article 47 du code civil ». Le seul« soupçon » du recours à une gestation pour autrui conclue à l’étranger « ne peut suffire à opposer un refus » aux demandes de certificat, précise encore la circulaire.
Professeur de droit, le député UMP du Pas-de-Calais, Daniel Fasquelle, voit dans cette réponse à une revendication d’« une forme de législation, en douce, de la gestation pour autrui », une reconnaissance anticipée avant même que les instances concernées (éthiques, juridiques, législatives) se soient prononcées. « C’est en tout cas une atteinte très claire au principe de prohibition des mères porteuses », commente Clotilde Brunetti-Pons, maître de conférences à l’université de Reims. Cette spécialiste en droit de la famille explique : « La ministre de la Justice est en train de contourner la jurisprudence de la Cour de cassation du 6 avril 2011. Dans trois arrêts successifs, celle-ci avait refusé que la filiation des enfants soit établie en France à l’égard des intéressés, et notamment du père biologique, parce qu’il y avait violation du principe d’ordre public prohibant laGPA. Normalement le CNF [certificat de nationalité française] intervient après la transcription de l’état civil français, donc après que la filiation est reconnue en droit français. »
Alors que le débat sur le « mariage » des paires homosexuelles s’est engagé mardi à l’Assemblée, le moins que l’on puisse dire, c’est que le calendrier est plutôt mal choisi, comme dit Stéphane Kovacs du Figaro, qui croit apercevoir dans « cette décision surprise » comme un début de marchandage entre le gouvernement et les Verts, dont l’écologie s’arrête paradoxalement là où commence l’humain ! Au ministère de la Justice, face aux protestations de l’opposition, on se défend bien sûr, avec un certain embarras, d’avoir anticipé « en aucun cas » une législation de la GPA. Reste que la pratique de Taubira – avec sa « vente à la découpe » (Daniel Fasquel) – nous rappelle étrangement la fameuse parole de Laignel : « Vous avez juridiquement tort parce que vous êtes politiquement minoritaires. » Quittant pas à pas ce qu’ils appelaient encore « l’Etat de droit », leur impudent arbitraire manifeste un totalitarisme démocratique de moins en moins larvé et de plus en plus ouvert, à la manière des communistes ou des révolutionnaires de 1789 avec leur emblématique « loi des suspects ».
C’est une « femme de gauche », Sylviane Agacinski, philosophe et épouse de Lionel Jospin, qui commence aussi à s’en apercevoir, au point de se dire prête à manifester avec les opposants à la « famille » homoparentale. Extraits de quelques propos qu’elle a tenus au micro de Jean-Michel Aphatie sur RTL ce mardi 29 janvier : « Ce n’est pas la question de savoir qui on rejoint mais de savoir au nom de quel principe on parle. Je pense qu’il y a une grande violence… Quand je réfléchis à des questions graves, je ne réfléchis pas en tant que socialiste, ni en tant qu’épouse ou en tant que femme de gauche… Et la façon dont on veut impressionner en nous disant “si vous n’êtes pas totalement d’accord avec ceci ou cela, c’est que vous êtes de droite, forcément réactionnaire, homophobe, forcément religieux et intégriste, etc.”, c’est extrêmement pénible et infondé. »
VOICI LA CIRCULAIRE 

Trop d'impôt tue l'impôt, et le contribuable


Quand, il y a un an, un architecte se suicidait symboliquement devant un centre des impôts en justifiant son acte, l’État donnait leur journée aux employés du centre et démarrait une enquête. Où en est-elle ?
L'affaire semblait simple : le 26 janvier 2012, un architecte qui devait près de 26 000 euros au Fisc se suicidait devant le centre des impôts de Créteil après avoir laissé un mot plutôt explicite à l'accueil : "Vous avez voulu ma peau, vous l’avez."
«Tous les jours, il recevait des recommandés, des courriers des impôts, il semblait criblé de dettes. » Dans cet immeuble cossu et tranquille de l’avenue du Général-Leclerc à Maisons-Alfort (Val-de-Marne), une voisine revoit les va-et-vient réguliers du facteur. Un peu plus tôt dans l’après-midi, hier vers 14h30, cet architecte de 55 ans s’est rendu au centre des impôts de Créteil et, dans la cour du bâtiment, s’est tiré une balle dans la tête avec un revolver calibre 38 chargé de six balles. Il avait auparavant laissé un mot à une employée de l’accueil : « Vous avez voulu ma peau, vous l’avez. » Selon des sources concordantes, l’homme, marié et père de deux adolescents, devait près de 26000 € au Trésor public.
Sans vouloir remettre en cause la lucidité des serviteurs de l’État ni tirer de conclusions hâtives, il semble que l'architecte se soit suicidé à cause de et en signe de protestation face à la pression que faisaient peser sur lui le Fisc et ses agents. Mais l’État, dont la priorité n'est pas de faire des économies, a décidé de mobiliser des fonctionnaires pour mener l'enquête et de démobiliser pour la journée les salariés du centre des impôts.
Le centre des impôts, qui abrite la Direction départementale des finances publiques, a fermé ses portes pour la journée et une cellule psychologique y a été mise en place. En fin d’après-midi, les employés sortaient au goutte-à-goutte du périmètre mis en place par la police : certains n’avaient « rien vu, rien entendu »; d’autres, comme Florence, venue faire une formation, avaient été mis au courant une heure après le drame. « On a souvent des gens agités qui se présentent à l’accueil, mais on n’avait jamais vu un tel drame. Apparemment, il a demandé à voir une employée en particulier, mais il n’a pas attendu longtemps. Il devait être vraiment désespéré. » « Je l’ai aperçu de loin et j’ai entendu une forte détonation », décrit Kevin, agent au service du courrier. Mes collègues de l’accueil sont choqués, voire traumatisés. » Une enquête « aux fins de recherche des causes de la mort » a été ouverte.
Il ne faudrait pas jeter l'opprobre trop rapidement sur des fonctionnaires qui ne font que leur travail. Leur émotion est compréhensible : ils se sentaient sans doute en partie responsable de la mort d'un homme qu'ils ont, jour après jour, harcelé de courriers menaçant comme seul un État qui sait tout le bien qu'il peut faire avec l'argent des autres et qui a de grands projets à imposer à ceux qu'il est censé servir peut en envoyer. Mais ils ne l'étaient qu'en partie ; comment auraient-ils pu se douter qu'un homme se suiciderait de culpabilité faute de pouvoir accomplir son devoir de solidarité et contribuer comme il se doit au système social français ? Comment auraient-ils pu se douter que ne pas prêter l'oreille à un homme désespéré, ne pas recevoir un homme à qui on envoie pourtant des recommandés chaque jour pourrait le pousser au suicide ? Comment auraient-ils pu se douter que, en plus de tuer l'impôt, trop d'impôt tue le contribuable ?
Sans doute s'agit-il d'un cas isolé. Rares sont ceux que l'acharnement étatique poussera à un renoncement tel qu'ils envisageront le suicide et passeront à l'acte. Bien plus rares que ceux dont les projets ne verront jamais le jour en France ou ne verront pas le jour d'après, ou que ceux qui devront petit à petit renoncer faute de pouvoir s'acquitter des prélèvements et impôts. Il ne faudrait pas faire un cas général d'une exception et remettre en cause le train de vie de l’État et le système de protection sociale et les services publics injustes et inefficaces censés le justifier.
Mais il ne faudrait pas non plus que à 70% l'impôt soit encore jugé supportable par le conseil constitutionnel, ou que la propriété privée soit un droit insignifiant face à l'extension progressive du spectre de l’État-providence. Il ne faudrait pas non plus qu'existent en France deux castes, les producteurs et les parasites, ceux qui ne peuvent rien désirer et ceux qui peuvent tout désirer, ceux qui produisent et n'ont pas le droit de jouir des fruits de leur travail et ceux qui ne produisent pas et ont le droit de jouir du travail des autres. Il ne faudrait pas qu'on offre à certains des droits qui sont autant de devoirs pour les autres.
Si un fonctionnaire du centre des impôts de Créteil venait à se demander comment ce drame aurait pu être évité il y a un an et comment il aurait pu, à son échelle, y contribuer, il pourrait comparer le coût annuel pour le contribuable de son salaire et le montant réclamé par le fisc à ce contribuable. Si un homme politique voulait rendre hommage à ce contribuable désespéré – partisans de l'hommage à la culture communiste s'abstenir – il pourrait mener la même comparaison, que peuvent d'ailleurs mener tous ceux qui bénéficient des largesses de l’État.
Mais d'ailleurs, où en est l'enquête ?

La société des orgasmes multiples


La société de consommation qu'on veut nous vendre tente de nous faire croire qu'il ne faut pas d'efforts pour arriver à l'orgasme.
Pour éviter la prochaine crise économique, ça nous prendra tout un changement de mentalité !
C’est l’impression que j’ai après avoir lu Mastery, de George Leonard. Dans son livre (publié en 1992), ce professeur d’Aïkido trace la voie à suivre pour maîtriser un art, un sport, un métier. Pour atteindre un but.
Le lien avec l’économie ? L’auteur fait l’éloge de la pratique. De l’effort patient, sans préoccupation pour les résultats immédiats. Appréciez le long chemin et les plateaux durant votre apprentissage, explique-t-il. C’est la clé du succès.
Quel contraste avec notre façon de vivre ! Notre société de consommation, écrit Leonard, livre une guerre sans merci contre cette manière patiente de réussir. Notre vie s’organise autour d’un système économique qui exige toujours plus de dépenses. On nous bombarde d’une quantité infinie de biens de consommation, dont le marketing se base sur un climax, un point culminant qu’on atteint rapidement. « La famille réunie qui voit l’adorable enfant souffler les chandelles. L’athlète qui gagne la course. Les beaux et jeunes adolescents qui sautent d’excitation autour d’une canette de cola froide. Des hommes qui travaillent seulement quelques secondes, et ensuite, c’est Miller time ! »
La vie à son meilleur, selon ces publicités, est une série sans fin de climax. D’orgasmes multiples. Au diable l’effort et la patience ! Votre fantaisie la plus folle peut se réaliser tout de suite, et sans effort. Les climax se succèdent. Les orgasmes matériels s’empilent. Vite, une autre shot de gratification instantanée !
Mais les génies du marketing se gardent bien de vous dire que la poursuite de l’orgasme incessant peut mal se terminer…
Coït interrompu
Dans son livre sur la crise économique (Boomerang), le journaliste Michael Lewis cite le maire de San Jose, en Californie, dont la ville frôle la faillite. « Ce n’est pas une coïncidence si les dettes des États et des villes sont devenues hors de contrôle en même temps que celles des citoyens, dit-il. Les Américains, des riches aux plus pauvres, ont été conditionnés à s’approprier le plus qu’ils peuvent, sans penser aux conséquences à long terme. »
La crise financière, celle des hypothèques subprime, l’orgie du crédit, la bulle immobilière, tout ça vient en partie de cette mentalité. S’enrichir en peu d’efforts. En flippant des maisons, en prêtant des sommes immenses à des gens qui n’en ont pas les moyens, ou en maquillant les résultats de l’entreprise. Faire des millions en quelques secondes procure tout un climax… Même si on n’ajoute aucune valeur à l’entreprise, ou à l’économie.
Est-ce un hasard si on apprenait la semaine dernière que deux Canadiens sur trois ne contribuent pas à leur REER ? Que le taux d’endettement des Canadiens a presque doublé par rapport aux années 1980 ? Que de moins en moins de gens épargnent pour leur retraite ? Un hasard si nos gouvernements, poussés par les électeurs, font la même chose depuis 40 ans ?
Coup de barre
Malgré les balbutiements de reprise économique, cette mentalité demeure. Les citoyens et les gouvernements devront la mettre aux poubelles un jour ou l’autre. Sinon une crise attendra l’autre, à des intervalles de plus en plus courts.
Mais que nous changions de cap ou non, dans l’immédiat, il faut payer les excès des dernières années. Pour le Québec, ça veut dire affronter de face les problèmes criants comme les régimes de retraite, ou le financement des soins de santé. Mais aussi de saisir chaque opportunité de revenu supplémentaire. Que ce soit le pétrole en Gaspésie, ou le minerai dans le nord. Et plus généralement, en changeant de mentalité face à la richesse, et sa création.
Car avant de réapprendre à vivre selon nos moyens, à tempérer nos désirs, il faudra accepter de payer la facture de la dernière soirée. Quitte à jouir un peu moins souvent.

Le ministre français du Travail, à propos de la France: 'C'est un Etat totalement en faillite'


« Mais, c'est un Etat totalement en faillite », a répondu le ministre français du Travail, Michel Sapin, au micro de Radio J, alors qu’on lui demandait s’il partageait la vision de l’ex-Premier ministre François Fillon qui avait déclaré 2007 en Corse qu’il « était à la tête d’un Etat en faillite » (vidéo), ou s’il adhérait plutôt au point de vue de Michel Rocard, un autre ex-Premier Ministre, qui avait dit au cours de ce weekend dans le Journal du Dimanche « qu’il y avait le feu ».
Le sinistre des finances
«C'est la raison pour laquelle, il a fallu mettre en place des programmes de réduction des déficits et aucune sirène ne doit nous détourner de cet objectif de la diminution des déficits, c'est fondamental pour le financement de notre économie, et la création d'emplois », a poursuivi le ministre, qui a rétropédalé par la suite. Ses proches ont en effet expliqué qu’il avait employé le mot fatidique de « faillite » non pas « pour décrire la situation actuelle », mais pour « ironiser sur la formule de 2007 de l’ancien Premier ministre de l’UMP ».
Au cours de cette interview rapportée dans le Parisien, le ministre du Travail a tout de même évoqué un état d’urgence de la France : « Nous sommes à la fois dans l’urgence sociale et dans l’urgence économique », a-t-il dit. Mais il s’est montré plus optimiste lorsqu’il a commenté les chiffres du chômage qui ont augmenté de 10% sur l’ensemble de l’année 2012, pour s’établir à 3,13 millions de chômeurs à fin décembre 2012, indiquant que c’était le signe d’une activité économique « pas aussi dégradée qu’on le dit » et qu’il y voyait aussi « le signe d’une politique qui avait retenu un certain nombre de licenciements ». Pour 2013, le ministre s’est dit optimiste, parce qu’il estime que la politique de l’emploi menée par le gouvernement de François Hollande  « nous permet de penser qu'au cours de l'année 2013, peut-être au second semestre 2013, il devrait y avoir un rebond de la croissance en Europe et en France ».
Dans l’interview qu’il a donnée au Journal du Dimanche, Michel Rocard, qui avait été Premier ministre de 1988 à 1991 dans le gouvernement de François Mitterrand, a préconisé une solution au problème persistant du chômage en France : « La première des urgences, c'est de faire baisser le chômage. Comme nous n'avons pas de croissance économique, la seule façon d'y parvenir est de réduire le temps de travail », a-t-il déclaré, précisant : « En France, les salariés travaillent en moyenne 36,5 heures par semaine, contre moins de 33 heures en Allemagne et moins de 31 aux Etats-Unis. Il faut y parvenir par la négociation, en réduisant les cotisations sociales des entreprises ». « Il faut travailler plus tous collectivement pour gagner plus collectivement. Ce qui permettra de réduire un peu la durée de chacun. Si les partenaires sociaux s'en saisissent, Hollande n'ira pas contre », a-t-il ajouté.