TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

jeudi 24 janvier 2013

Confiance des Français dans les médias en 2012 : toujours basse


Le baromètre de confiance des Français dans les médias 2012, réalisé par TNS Sofres pour Lacroix, vient d'être rendu public. La confiance dans les médias reste basse, voici quelques explications possibles.
Le baromètre de confiance des Français dans les médias 2013 vient d'être rendu public. Réalisé par TNS Sofres pour La Croix, il offre quelques conclusions intéressantes.
L'intérêt des Français pour l'actualité reste ainsi élevé, à 70%, stable depuis les débuts de la mesure en 1987. De façon étonnante, l'intérêt pour l'actualité croît avec l'âge, de 57% pour les 18-24 ans, à 77% pour les 65 ans et plus.
Selon les sondés, les sujets dont les médias ont trop parlé sont la crise pour la présidence de l'UMP (78%), l'affaire du Carlton impliquant Dominique Strauss-Kahn (76%), l'affaire du tweet de Valérie Trierweiler (56%) ou les débat sur le mariage gay (52%). À l'inverse, les jeux paralympiques ou la crise en Centrafrique n'auraient pas été assez couverts par les médias français. Des réponses qui rappellent l'étude Qualimat de 2011 quand on voit l'audience massive que les premiers ont drainé, et la faible audience des seconds : les Français disaient préférer "la qualité" à la télé-réalité, alors que dans le même temps ils regardent... la télé réalité et non la "qualité".
Toujours selon les sondés, les médias seraient plus critiques envers François Hollande qu'envers Nicolas Sarkozy à la même époque de son mandat (2008 vs 2013). Une conséquence probable du "Hollande Bashing" de l'été, où des médias privés d'un Sarkozy qui vendait bien ont été très loin dans les unes choc sur Hollande :
Plus inquiétant, la crédibilité des médias est jugée faible, aucun des médias, à part la télévision, n'étant jugé crédible par plus de 50% des Français. La télévision, avec 54% de crédibilité, est à un niveau très bas, battue uniquement deux fois dans ce baromètre annuel qui existe depuis 1987. La presse écrite est à 49% de crédibilité, et la radio à 48%. Les médias Internet, comme Contrepoints, qui avaient bénéficié d'une crédibilité en hausse régulière depuis les débuts de la mesure en 2004, stagnent à nouveau à 35%.
Pourquoi une crédibilité si faible ? Nous pensons chez Contrepoints que cela doit beaucoup aux effets pervers d'une subvention massive du secteur, qui bâillonne l'esprit critique de nos confrères. Avec 1,2 milliard € distribués chaque année par l’État (sans garantie d'exhaustivité vues les aides régionales de la PQR), qui peut croire que les journaux sont indépendants de la main qui les nourrit ? De même, quand tous les grands groupes de presse sont aux mains de quelques groupes aux intérêts financiers variés (Lagardère, Dassault, etc.), comment les médias pourraient-ils être réellement indépendants ? Les Français n'en sont en tout cas pas dupes... Vous pouvez d'ailleurs signer notre pétition pour la fin des subventions à la presse ici.
Si la crédibilité d'Internet est encore jugée basse, c'est pourtant là que, de plus en plus, les Français se rendent pour comprendre un sujet de fond ou avoir des explications détaillées sur un événement. Quand on compare 2004 à 2013, de bon dernier, Internet est passé en deuxième place, juste derrière, étonnamment, la télévision.
Enfin, les Français partagent le constat d'une situation globalement mauvaise de la presse en France. Parmi le 53% qui estiment la situation de la presse mauvaise (vs 25% bonne), deux sur trois estiment que cela cause un "risque grave pour la démocratie en France". Un constat juste, et qui devrait amener à cesser de subventionner un modèle à bout de souffle, pour encourager plutôt la recherche d'un nouveau modèle pour la presse. En particulier en se focalisant sur la qualité comme nous tentons de le faire, et non sur les chiens écrasés ou lepeople...

Le Koweït dans la prairie : les changements dans l’économie américaines visibles depuis l’espace


Les photos des Etats-Unis prises de nuit depuis l'espace par la NASA sont très révélatrices de la mutation qui est en train de s’opérer dans ce pays. Tim Fernholz et Ritchie King du site Quartz attirent l'attention sur l’apparition d’une « nouvelle constellation » sur les clichés de la NASA, située dans le Dakota du Nord, juste au sud de la frontière canadienne. Cette région, que ses habitants ont surnommée « le Koweït dans la prairie », est celle dans laquelle le pays exploite ses réserves de gaz naturel et de pétrole de schiste, grâce à la technique de la fracturation hydraulique (fracking).
Cette technologie controversée utilise de l’eau et des produits chimiques pompés dans le sol pour créer des ouvertures et des points de passage dans les couches de roches imperméables dans lequel ce pétrole et ce gaz sont prisonniers. Cette exploitation est continue  24H/24H, ce qui explique qu’elle est visible sur les clichés nocturnes des satellites de la NASA. Comme certains des exploitants ne s’intéressent qu’au pétrole, environ 29% du gaz naturel qui est présent dans les nappes de pétrole s'échappent sans être récupérés, et c’est ce qui occasionne ces torchères spectaculaires qui occasionnent ces points de lumière.
La technique de la fracturation a permis de donner accès à des poches de gaz et de pétrole dont l’extraction avait été auparavant abandonnée en raison de son coût prohibitif, et elle a motivé les experts à prévoir que le Etats-Unis pourraient devenir le premier producteur mondial de pétrole dès 2017. Ce facteur a déclenché une réaction en chaine de conséquences économiques pour le pays: réduction de ses importations d’énergie en provenance des pays de l’OPEP et de la Russie, amélioration de la compétitivité de ses usines, et même entrave de l’élaboration d’une réglementation environnementale en Europe.
Au niveau local, la formation de Bakken a redonné un nouvel essor à la région du Nord Dakota, avec le développement des villes, la baisse du taux de chômage, la hausse des prix et la multiplication des opportunités pour les entreprises.


Hollande, un mariage, deux enterrements

Pour Hervé Gattegno, le mariage gay offre une illustration parfaite de la méthode du président : l'habileté manoeuvrière.

Une délégation de députés UMP hostiles au mariage homosexuel a été reçue hier à l'Élysée ; les leaders non politiques de la contestation seront reçus demain. Mais, pour vous, la cause est entendue. Votre parti pris : Hollande, un mariage, deux enterrements. Que voulez-vous dire ?
L'affaire du mariage gay offre une illustration parfaite de la méthode de François Hollande - c'est-à-dire son habileté manoeuvrière, qui est d'autant plus grande qu'elle n'est pas contrariée par des convictions trop précises. Il y a d'un côté des opposants mobilisés, qui font du bruit ; de l'autre, la communauté gay et l'ensemble de la gauche, qui tient cette cause pour identitaire. Au milieu, un président qui ne peut pas contenter tout le monde, mais qui ne veut braquer personne. Son objectif est de réaliser sa promesse de campagne - ni plus ni moins. Donc, le "mariage pour tous" et le reste pour... une autre fois. Peut-être jamais.
Quand vous dites : "le reste", ça veut dire la procréation médicalement assistée ? Vous pensez que c'est une clause qui va disparaître de la réforme ?
À coup sûr. François Hollande n'en a jamais voulu - le PS l'avait inscrit dans son projet, pas lui. Son adresse a été d'encourager les députés PS à la surenchère en les laissant libres de déposer des amendements en ce sens. Puis la contestation s'est focalisée sur la filiation et la procréation - celles qui créent le plus de troubles, y compris chez les partisans de la réforme - et les députés ont vu qu'ils risquaient de compromettre l'ensemble du projet. Résultat : la question de la PMA est renvoyée au mois de mars, avec le projet de loi sur la famille - où elle a toutes les chances d'être repoussée. Et François Hollande a donné des gages sans reculer.
Le fait de recevoir l'organisatrice de la manifestation contre le mariage gay, Frigide Barjot, c'est aussi une habileté ? C'est pour donner le sentiment qu'il est à l'écoute ?
Évidemment. François Hollande a qualifié la manifestation du 13 janvier de "consistante" ; en vérité, il l'a trouvée rassurante - on était loin du raz-de-marée redouté. Qu'il reçoive son organisatrice est une marque d'attention, mais aussi le moyen de mettre en valeur la porte-parole dont la crédibilité est la moins forte. Frigide Barjot, ce n'est ni Jeanne d'Arc ni Angela Davis : c'est une égérie pathétique à la recherche d'une gloire médiatique ; une provocatrice "has been" qui est passée des boîtes de nuit aux sacristies - pas l'incarnation la plus convaincante des valeurs qu'elle prétend défendre. La choisir comme interlocutrice n'est pas une erreur de casting, mais une habileté tactique.
L'UMP reste décidée à réclamer un référendum sur ce sujet. Est-ce que c'est le dernier obstacle que François Hollande doit contourner ?
Il n'y aura pas de référendum - et c'est bien ainsi. En théorie, la Constitution l'interdit, et même si l'UMP dépose une motion référendaire, la majorité parlementaire socialiste ne va pas se priver d'elle-même du pouvoir de trancher une question qui lui tient à coeur. Du point de vue de François Hollande aussi, le Parlement est le terrain idéal : la gauche va s'y trouver plus unie que sur aucun autre sujet, et la droite, elle, moins unie qu'elle ne l'aurait voulu. À l'arrivée, François Hollande sera en tout cas le seul à n'avoir pas varié d'un iota. Il aura écouté, mais pas plié. Il aura "son" mariage tel qu'il l'avait promis. Il aura écarté la PMA et le référendum. Soit, au total, un mariage et deux enterrements.
Click here to find out more!

L'économie française engluée dans la stagnation, le FMI table sur 0,3% de croissance en 2013


Alors que Pierre Moscovici maintient sans y croire sa prévision de croissance (+0,8%), le FMI ne prévoit plus que 0,3% de hausse du PIB en 2013. En, outre les experts du fonds n'anticipent que +0,9% pour 2014, alors que Bercy table officiellement sur +2%
De père juif Roumain communiste, de mère psy communiste ayant signé les 12, tel est Mosco
Pierre Moscovici n'en démord pas. Ce mercredi matin, sur RMC, il a redit sa confiance dans sa prévision de croissance pour 2013 (+0,8%). « Nous en discuterons fin févier avec la commission européenne, lors de l'élaboration de ses prévisions de croissance » a souligné le ministre de l'Economie. Peut-il avoir raison contre tout le monde ? Le Fonds monétaire international a publié ce jour de nouvelles prévisions de croissance. Pour la France, il ne table plus que sur 0,3% de croissance. « L'activité dans la périphérie de la zone euro a été encore plus déprimée que prévu, avec des signes de retombées plus marqués » sur le noyau dur de la région, souligne le Fonds.L'institution révise donc ses calculs: alors qu'elle prévoyait jusque-là un timide retour à la croissance cette année (+0,2%), elle prédit désormais une deuxième année de récession (-0,2%) pour la zone euro. Selon le FMI, « l'incertitude » demeure par ailleurs sur l'issue de la crise en Europe et une « stagnation prolongée » n'est pas exclue si l'élan réformateur (supervision bancaire, union politique...) tourne court. Du coup, le FMI ne s'attent qu'à une reprise très progressive. En 2014, le PIB français n'augmenterait que de 0,9%, selon le Fonds, soit  moins que la moyenne de la zone euro (+1%), contrairement à ce qui se passe en 2013. Bercy, dans sa programmation des finances publiques adoptée par le parlement à l'automne, table sur +2% pour l'année 2014...
Les dernières enquêtes de l'Insee témoignent, au mieux, de la stagnation
Les dernières enquêtes publiées ce jour par l'Insee, issues de sondages réalisés depuis le début du mois, confirment la situation, au mieux, de stagnation de l'économie française. Le climat des affaires reste stable, à un niveau très faible, indique l'institut de la statistique. Il se situe nettement en dessous de la moyenne de longue période. Quant à l'indicateur de retournement, qui permet d'appréhender le caractère favorable ou défavorable de l'orientation de l'activité, il se situe clairement du côté négatif.
Si l'on jette un œil sur les différents secteurs de l'économie, le diagnostic n'est pas plus rassurant.
Chute des exportations de Renault et PSA
Dans l'industrie, « le climat des affaires se dégrade à nouveau » doit bien admettre l'Insee. L'indicateur synthétique baisse par rapport aux derniers mois. Car les industriels interrogés font par de perspectives personnelles de production en baisse, par rapport aux derniers mois. Alors même que leur analyse de la production passée est sensiblement négative (autrement dit, ils estiment qu'elle a baissé fin 2012). Sans surprise, les industriels de l'automobile se montrent parmi les plus inquiets. Ils notent que leurs carnets de commande étrangers se « détériorent nettement ».Les exportations de Renault et PSA ne se portent pas bien, c'est une confirmation.
Un léger mieux dans les services
En revanche, dans les services, la situation semble s'améliorer. Mais seulement à la marge.
Quant à la construction, après un mieux en 2010 et 2011, l'activité est dégradée, relève l'Insee. Mois après mois, les carnets de commandes ne cessent de se dégrader. Sans surprise, l'emploi ne va pas s'y améliorer.
Cet ensemble d'enquêtes donne à penser que le dernier trimestre de 2012 a été, globalement, mauvais pour l'économie française, relèvent les économistes de Natixis. Et qu'il en sera de même pour le premier trimestre 2013, soulignent-ils.

Union Européenne : progrès sur la liberté et le pluralisme des médias

L'Union Européenne affiche un intérêt nouveau pour les libertés publiques, en particulier sur la liberté des médias et 


Le groupe de haut-niveau présidé par  Vaira Vike-Freiberga, ancienne Présidente de Lettonie  a remis le 21 janvier à Nelly Kroes, commissaire européenne chargée des nouvelles technologies, un rapport intitulé "Des médias libres et pluralistes pour renforcer la démocratie européenne". Il mérite d'être lu, ne serait-ce que parce qu'il témoigne de l'intérêt nouveau de l'Union européenne pur les libertés publiques, illustré par son adhésion à la Convention européenne des droits de l'homme. Ce rapport s'appuie précisément sur l'article 11 § 2 de la Charte des droits fondamentaux qui impose le respect de la liberté des médias et de leur pluralisme.
Entre éclatement des législations et concentration financière
Le rapport repose sur un constat pessimiste. D'une part, un éclatement des législations ne permet guère de développer un véritable standard européen de la liberté des médias. On observe ainsi, et ce n'est qu'un exemple, de grandes disparités dans le droit de la diffamation, utilisé dans certains pays pour garantir la vie privée des personnes, et dans d'autres pour empêcher l'expression des opposants politiques. D'autre part, la concentration des médias conduit souvent à les mettre au service des partis politiques au pouvoir, et à soumettre les journalistes aux puissances financières. Le développement des technologies numériques n'a fait qu'accroître la menace sur le pluralisme, en suscitant une concurrence encore plus grande entre les différents organes de presse, le passage au numérique étant, bien souvent, l'instrument de leur survie.
Affirmer la compétence de l'UE
Entre l'éclatement des législations et la concentration financière, la réalité du secteur de la presse est donc difficile à appréhender au niveau européen, et l'UE ne dispose pas d'instruments d'action très efficaces. La recommandation essentielle de ce rapport réside donc dans la consécration d'une compétence de l'UE dans ce domaine. L'idée apparaît logique, si l'on considère que la compétence européenne en matière de protection des données a déjà permis l'émergence d'un ensemble de principes protecteurs pour les citoyens, plus protecteurs en tout cas que ceux qui existent en droit américain. Sur un plan plus juridique, cette compétence peut reposer sur les Traités qui garantissent la libre circulation, y compris celle de l'information, ainsi que le droit à une démocratie représentative qui ne peut exister que si le principe de pluralisme est garanti. L'article 11 § 2 de la Charte des droits fondamentaux ne fait que reprendre ce principe.
Cette compétence nouvelle inciterait l'UE à rechercher l'harmonisation des législations des Etats autour de principes communs, notamment le pluralisme.
Le droit d'accès à internet, droit d'accès à une information pluraliste
Ce principe de pluralisme guide la réflexion des auteurs du rapport, lorsqu'ils évoquent les médias numériques aujourd'hui de plus en plus présents sur internet. Le libre accès à internet est alors induit par la liberté d'accès à une information pluraliste. Sur ce point, le rapport s'écarte un peu de l'idéologie dominante, largement anglo saxonne, qui prône le principe de "neutralité du net", garantissant l'égalité de traitement de l'ensemble des flux d'information circulant sur internet. Il préfère invoquer, plus simplement, le droit d'accès à une information pluraliste. Pour en garantir le respect, les fournisseurs d'accès doivent offrir un libre accès à internet à tous les internautes, sans aucune discrimination. La neutralité du net n'est donc pas un objectif en soi, mais bien davantage l'instrument du respect de la liberté d'accès à une information pluraliste.
Observons à ce propos qu'une telle conception du droit d'accès à une information pluraliste, reposant sur le libre accès à internet, paraît bien difficilement compatible avec le droit français. La loi Hadopi n'autorise-t-elle pas une coupure totale de l'accès à internet des personnes poursuivies pour avoir effectué des téléchargements illégaux ? Dans ce cas, le droit d'accès à une information libre et pluraliste semble gravement malmené.
Bien entendu, ce type de rapport ne saurait totalement échapper à une bonne dose de "langue de bois". Il envisage ainsi toute une série de programmes de travail pour "renforcer les valeurs de liberté et de pluralisme" dans les Etats membres, ou de "codes de conduite" pour développer la transparence dans les médias. Mais au-delà de ce discours convenu, on voit tout de même se dégager une conception européenne de la liberté de presse. Alors que le droit anglo-saxon intègre la liberté d'accès à l'information dans une approche économique fondée sur la libre circulation des biens informationnels, le droit de l'Union européenne semble s'engager dans une approche plus individualiste.
Reste évidemment à s'interroger sur les suites d'un tel rapport. Remis à la commissaire en charge des nouvelles technologies, il devra sans doute être étudié par d'autres commissaires, avant que la Commission ne donne sa position sur cette question. Si jamais ce rapport parvient à la Commission.

Réformes

Réformes



« Qui a eu cette idée folle, un jour d’inventer… les réformes ? » On pourrait plagier le fameux « Sacré Charlemagne » de France Gall, pour décrire la frénésie française en matière de réforme scolaire. Chaque réforme s’offrant, évidemment, sa contre-réforme. Et la réforme de droite chassant logiquement celle de gauche.
La réforme des rythmes scolaires défrise une partie du monde enseignant, qui l’a brutalement fait comprendre au ministre de l’Éducation. Pauvre Vincent Peillon. N’avait-il pas réussi à mettre en musique les promesses électorales du candidat Hollande ? 60 000 postes d’enseignants ont été accordés, alors que le budget de l’État glisse vers l’abîme. Le ministre multipliait déclarations et mesures pour assurer la paix dans les classes. Dans un premier temps, sa réforme des rythmes scolaires n’avait, semble-t-il, gêné que les élus locaux, quelque peu effrayés par la grosse facture induite. Bref, la turbulente Éducation nationale semblait sous le charme.
Et puis, patatras. Les profs sortent leur arme aussi fatale que l’hiver en janvier : la grève. Pour se rassurer, le ministre met en avant une exception parisienne. Il n’empêche que la lune de miel entre les gros escadrons du « peuple de gauche » et leur ministre de tutelle est bien finie.
François Hollande va même devoir abandonner son uniforme de stratège au Mali pour revêtir, dare-dare, son costume de pédagogue et rassurer le monde enseignant. Le président de la République aura une belle occasion de le faire aujourd’hui, lorsqu’il parlera de la jeunesse.
Il lui faudra aussi remettre de l’ordre dans la classe des élèves socialistes. Jean-Christophe Cambadélis a taclé Vincent Peillon, jugeant qu’il n’avait pas le « doigté nécessaire » pour parler aux enseignants. Une remarque à opposer à celle du ministre en colère, qui aurait déclaré qu’il n’a pas créé 60 000 postes d’enseignants « pour être emmerdé après ».
Ce coup de colère, en forme d’aveu, risque de déchaîner des passions. Les enseignants vont-ils exiger une réforme du vocabulaire ministériel ?

La méthode économique de François Hollande n’est pas la bonne


Augmenter les impôts est la pire des méthodes en période de crise budgétaire. Baisser les dépenses publiques a toujours eu de meilleurs résultats. François Hollande devrait s’en inspirer.
Article publié en collaboration avec l’Institut Turgot, qui, en réponse aux bons voeux de notre Président, nous propose de lire la traduction d’un article signé par Alberto Alesina et publié à la fin novembre (sous le titre « Cutting Deficits by Cutting Spending ») sur l’excellent site d’analyse économique VoxEU.org. Traduction Henri Lepage/Institut Turgot.
Les Etats qui croulent sous les dettes et se débattent dans les difficultés économiques croissantes doivent-il à tout prix donner la priorité à la réduction de leurs déficits budgétaires ?
Les réponses données à cette question sont particulièrement confuses – pas seulement en Europe où c’est une question particulièrement pressante, mais aussi aux Etats-Unis.
Pour ceux qui conseillent une réduction immédiate du déficit, il s’agit là d’une précondition nécessaire au retour de la croissance. Les déficits d’aujourd’hui, disent-ils, sont la dette de demain, ce qui ne peut se terminer que par une crise budgétaire avec une possible faillite à la clé. Les marchés, inquiets de la dégradation de ses perspectives de solvabilité, demanderont à l’Etat de payer des taux d’intérêt plus élevés pour acheter ses obligations, ce qui renchérit le service de sa dette. Le défaut d’un Etat risque d’entraîner l’effondrement des banques dont les bilans sont gorgés de titres de sa dette publique, ce qui à son tour est susceptible de provoquer une réaction en chaîne menant à d’autres faillites. Le retour à la croissance est impossible, disent ces faucons du déficit, tant que l’on ne corrige pas les déficits.
Leur adversaires sont d’accord pour reconnaître qu’il faut bien sûr combattre les déficits, mais, ajoutent-ils, pour l’instant, tant que l’économie mondiale ne ne se porte pas mieux, ce n’est pas le moment. Pour réduire le déficit, expliquent-ils, il faut soit relever les impôts, soit réduire les dépenses budgétaires. Dans les deux cas, le résultat est de réduire la demande, ce qui aggrave les ratés de l’économie déjà vacillante. Le rapport dette/PIB – cet indicateur que tout le monde suit avec attention – gonfle de plus belle parce que la croissance ralentit plus vite qu’on ne réduit l’endettement. Il s’ensuit que cette politique est vouée à l’échec. Pour le moment, mieux vaudrait que les Etats acceptent de rester en déficits et les couvrent avec de l’argent emprunté, en attendant que la reprise économique leur permette enfin de rééquilibrer leurs budgets.

Deux techniques pour réduire les déficits budgétaires

En 2011, les chercheurs du Fonds monétaire international ont dressé la liste de tous les épisodes, entre 1980 et 2005, au cours desquels des pays développés – ils en ont identifié 17 – ont mené une politique agressive de réduction des déficits budgétaires. Ces épisodes ont été classés en deux catégories : d’un côté, ceux caractérisés principalement par une politique de réduction des dépenses publiques, de l’autre, ceux donnant la priorité au relèvement de la fiscalité. Lorsque Carlo Favero, Francesco Giavazzi et moi-même avons étudié les résultats de ce classement, il nous est clairement apparu que ces deux types de politiques débouchaient sur des résultats finaux étonnamment différents : dans le premier cas (action par les économies budgétaire), cela se traduit par des récessions certes (et encore !) mais d’ampleur relativement limitée et de durée plutôt courte, alors que dans le second (action par la hausse des impôts) on obtient des récessions prolongées.
Bien sùr, nous n’êtions pas les premiers à distinguer ces deux types de politiques. Dans le passé, d’autres comme Paul Krugman, Christina Romer et des économistes du FMI se sont posé le même genre de questions, mais ils y ont répondu en observant que leurs résultats n’étaient pas très différents. Si on constate qu’a la suite d’une opération de coupe dans les dépenses budgétaires l’économie se relève, en réalité, expliquent-ils, c’est parce que cela coïncide avec une reprise du cycle conjoncturel, ou bien parce que l’on est passé dans une phase d’expansion monétaire. Dans notre recherche, mes collègues et moi-même avons cherché à tenir compte de ces deux éléments. Les mouvements du cycle économique et de la politique monétaire ont été attentivement étudiés en rapport avec la politique budgétaire poursuivie au cours de chaque épisode entrant dans notre enquête. Notre analyse a confirmé les conclusions auxquelles nous êtions précédemment arrivés. La différence dans les résultats observés entre les deux types de politiques demeure.

Encourager les investissements privés

La grande question qui se pose alors est la suivante : qu’est-ce qui maintient l’activité économique alors que les dépenses de l’Etat, l’une des principales composantes de la demande globale, viennent d’être réduites ? Autrement dit, si l’économie ne tombe pas en récession, c’est nécessairement que les réductions budgétaires se trouvent compensées par l’accroissement d’un autre élément de la demande globale. Lequel ? Réponse : l’investissement privé. Notre travail montre que les investissements privés ont augmenté après que l’on ait procédé aux réductions budgétaires, les entreprises investissant davantage dans des activités productives, comme l’achat de machines où l’ouverture de nouvelles usines. Lorsque la diminution du déficit est recherchée via l’alourdissement de la fiscalité, il se passe le contraire : on assiste à une chute de l’accumulation du capital.
La raison de cette différence est sans doute liée à l’indice de confiance des entreprises dont nous avons observé qu’il s’effondrait lorsque l’Etat jouait en priorité de la fiscalité, mais qu’il augmentait (ou tout au moins restait étale) lorsqu’il préfère agir sur ses dépenses. L’explication vient probablement de ce que lorsque l’Etat réduit ses budgets, ceci est compris comme un signal indiquant qu’à l’avenir la fiscalité ne sera pas appelée à augmenter, ce qui encourage les investisseurs (mais aussi, peut-être, les consommateurs) à se montrer plus actifs. Notre résultat en ce qui concerne le rôle de l’indice de confiance des entreprises est cohérent avec l’argument plus large selon lequel, aujourd’hui, bien que leurs marges restent positives, les firmes américaines n’investissent pas ou n’embauchent pas autant qu’elles le pourraient tout simplement en raison des incertitudes qui pèsent sur l’évolution à venir de la politique budgétaire, fiscale, mais aussi en matière de réglementations.

Coupler les économies budgétaires avec une politique favorable à la croissance.

Mais il y a une seconde raison qui explique que l’investissement privé reprenne après que l’Etat ait coupé dans ses dépenses : le programme d’économie budgétaires fait généralement partie d’un paquet global de réformes économiques qui incluent d’autres mesures , de natures plus structurelles, favorables à la croissance. Dans une autre étude, j’ai montré avec Silvia Ardagna (2009) que les politiques de réduction du déficit budgétaire qui ont effectivement réussi à diminuer le rapport de l’endettement au PIB, sans pour autant provoquer de récession, présentent généralement pour caractéristique de combiner l’action sur la dépense publique avec d’autres mesures comme une action par la déréglementation, la libéralisation du marché du travail (y compris, dans certains cas, un accord explicite de modération des salaires avec les syndicats), et leur accompagnement par des réformes fiscales dont l’objet est d’accroître le taux d’emploi de la population.

Réduire les dépenses coûte moins cher qu’augmenter les impôts.

Soyons clairs : tout ce qui précède ne signifie pas qu’il suffit de réduire les dépenses publiques pour qu’à chaque fois cela suffise à rallumer la croissance. La leçon à en retenir est simplement que réduire les dépenses de l’Etat est une méthode qui revient finalement moins cher que de chercher à éliminer le déficit par la hausse des impôts . Cela signifie aussi qu’une stratégie soigneusement conçue de réduction du déficit, fondée à la fois sur la recherche de coupes budgétaires et sur des réformes structurelles, peut réussir à éliminer complètement les pertes de production que l’on serait normalement en droit d’attendre en conséquence de telles politiques d’économies. Alors qu’à l’inverse, rechercher l’élimination du déficit prioritairement par la voie de hausses d’impôts s’accompagne toujours de conséquences récessives.

Le diable est dans les détails

Avec ces résultats en tête, revenons aux deux points de vue par lesquels nous avons commençé. Les gens qui exigent que l’Etat réduise son déficit ont raison, pour autant que cette réduction est obtenue via la recherche d’économies budgétaires idéalement accompagnées d’autres mesures d’ordre plus structurel favorables à la croissance. Cela n’a rien à voir avec l’idée, beaucoup trop simpliste, que, par définition, toute réduction du déficit serait nécessairement une bonne chose, et que cela suffirait pour ramener à tout coup le calme sur les marchés.
A l’opposé, l’autre idée que toute diminution du déficit ne peut que ralentir l’économie et déboucher sur un échec, est elle aussi tout aussi simpliste. Un programme soigneusement élaboré d’économies budgétaires peut permettre de réduire l’endettement sans pour autant tuer la croissance, il n’y a donc pas lieu d’afficher une attitude aussi protectrice à l’égard des économies aujourd’hui les plus faibles.
Les partisans « modérés » de la réduction du déficit ont raison de s’inquiéter lorsque l’objectif de réduction de l’endettement public est recherché en priorité par la voie fiscale, comme le démontre par exemple l’Italie qui, depuis vingt ans, n’arrive pas à se débarrasser d’un endettement public record. Tous les gouvernements italiens successifs ont essayé de réduire la dette en levant davantage d’impôts, une stratégie qui n’a fait que paralyser l’économie italienne et n’a eu pour résultat que de maintenir le rapport dette sur PIB toujours au même niveau. En Novembre 2011, le gouvernement de Mario Monti a fait passer un programme comprenant une très forte augmentation des impôts . Aussitôt la conjoncture du pays a plongé, et on s’attend à une croissance globalement négative pour 2012. (L’Italie est cependant en train de réaliser son erreur. Depuis lors, le gouvernement de Mario Monti a lancé une opération de rééxamen systématique des dépenses publiques qui devrait déboucher sur un programme à venir d’économies budgétaires détaillées, cependant qu’il mettait également en route un certain nombre de réformes du marché du travail).
Quant aux « faucons » de la réduction du déficit ils ont raison sur un autre point : l’urgence qu’il y a pour l’Amérique a réduire sa dette nationale. Les travaux de Carmen Reinhart et de Kenneth Rogoff (2010) établissent de manière convaincante que la dette devient un handicap pour la croissance dès lors qu’elle dépasse les 90 % du PIB. Or les Etats-Unis en sont aujourd’hui à 80 %, et l’on devrait atteindre les 120 % d’ici pas si longtemps (merci aux dépenses de santé, et notamment à Medicare!).

En Europe une affaire de réelle urgence

En Europe, où le taux d’endettement est en moyenne plus élevé qu’aux Etats-Unis, il est encore plus urgent de réduire les déficits. Si la Grèce, l’Espagne, le Portugal , l’Irlande et l’Italie n’arrivent pas à redresser l’état de leurs finances, il courent le risque de faire défaut – un événement qui entraînerait des conséquences désastreuses non seulement pour eux, mais également pour l’ensemble de la zone euro qui pourrait imploser et entraîner une véritable catastrophe économique mondiale. Ils ne retrouveront jamais la capacité de s’endetter à des taux raisonnables tant qu’ils n’auront pas redressé la barre au plan budgétaire. Bien sûr, on peut discuter de savoir jusqu’à quel point la BCE doit les aider, mais de toute façon il faut qu’ils commencent par mettre leurs propres affaires en ordre. Relever les impôts et réduire la croissance n’est certainement pas la bonne solution. Réduire les dépenses, oui.

Plus les USA attendront, plus cela coûtera cher

Pour le moment, les marchés semblent encore faire confiance aux Etats-Unis et la demande pour les titres du Trésor reste forte, ce qui permet à l’Amérique de continuer à emprunter à bon marché. Mais les USA vont devoir très vite rectifier la trajectoire de leur endettement. L’idée que l’on pourrait continuer sans procéder à un fort redressement budgétaire ne relève pas seulement du wishfull thinking, c’est une faute à l’égard de nos enfants qui se retrouveront un jour écrasés par un fardeau fiscal insoutenable. Plus nous attendrons, plus le prix à payer pour sortir de ce problème sera élevé.
Couper dans les dépenses n’est bien sûr pas chose facile en raison du poids politique que représentent, dans l’arène publique, tous ceux qui bénéficient des subventions et avantages distribués par l’Etat - les fonctionnaires, les jeunes retraités, les grandes entreprises qui bénéficient des coûteuses faveurs de la puissance publique, les collectivités locales sans véritable discipline budgétaire, etc.. – alors que les contribuables restent mal représentés. Il n’en reste pas moins que l’idée reçue selon laquelle tout gouvernement qui mène une politique budgétaire trop prudente court inéluctablement à l’échec électoral semble fausse. Dans une récente étude de 2011, Dorian Carloni, Giampaolo Lecce et moi-même montrons que même les gouvernements qui ont adopté les politiques de réduction des dépenses publiques les plus sévères sont loin d’avoir systématiquement perdu leurs élections. Ce n’est malheureusement pas toujours le cas, mais il arrive parfois que les électeurs reconnaissent l’inéluctable nécessité de réduire la dépense publique et soutiennent l’action de gouvernements qui résistent aux appels des groupes de pression, surtout lorsque ces gouvernement leur parlent clairement et se montrent justes dans la répartition des coupes.

Les coupes budgétaires se font-elle au détriment des pauvres ?

Certainement pas dans des pays comme la Grèce, le Portugal, l’Espagne et l’Italie, où le secteur public est tellement inefficace qu’il pourrait sans difficulté fonctionner avec beaucoup moins d’argent sans pour autant abaisser le niveau et la qualité des services rendus. Même dans des pays qui disposent d’un service public fonctionnant nettement mieux – comme la France, où la dépense publique atteint presque les 60 % du PIB – il y a encore de la marge pour faire d’importantes économies sans pour autant porter préjudice aux plus pauvres et aux plus vulnérables. C’est également le cas aux Etats-Unis où la dépense publique, qui était de 34 % en 2000, est aujourd’hui de 43 %, un niveau qui était encore celui de l’Europe il n’y a pas si longtemps. A condition de mieux cibler leurs systèmes de transferts et de redistribution les Etats occidentaux peuvent faire pas mal d’économies sans réduire le bien être de leurs concitoyens. Il leur faut accepter de réduire les programmes sociaux qui, comme le Medicare américain, sont pour l’essentiel financés par des impôts prélevés sur les classes moyennes et qui servent pour l’essentiel à produire des services publics destinés aux mêmes classe moyennes. Il faudra sans doute progressivement porter l’âge de la retraite à 70 ans. Si les Français croient qu’ils pourront impunément continuer à partir en retraite à l’âge de 60 ans, ils se mettent le doigt dans l’oeil.

Imposer les 1% les plus riches ?

Une fois que l’on a diminué la dépense publique, on peut réduire les impôts. La question devient alors de savoir comment répartir ces baisses d’impôts parmi les contribuables. Notamment de savoir si imposer plus lourdement les gens les plus riches risque de compromettre la croissance. Et si c’est vrai, jusqu’à quel point. Les économistes les plus honnêtes vous avoueront qu’en fait ils n’en savent rien. Ils vous diront même qu’en raison de l’affreuse complexité des systèmes fiscaux modernes, ils ne savent même pas quelle part d’impôt les riches paient exactement. Régulièrement, le New York Times publie des articles très richement documentés qui démontrent qu’en réalité les riches paient proportionnellement moins d’impôts que les classes moyennes. Non moins régulièrement, le jour suivant, le Wall Street Journal publie un autre article, tout aussi rigoureusement documenté, qui explique que les Etats-Unis ont en réalité le système fiscal le plus progressif du monde.

L’essentiel, c’est le taux d’endettement

Mon propre point de vue est qu’en tout état de cause il est plus important de réduire la taille de l’Etat que de défendre ce que les 1 % les plus riches ont dans la poche. Quelle que soit la répartition du fardeau fiscal, l’essentiel est de couper dans les dépenses. Quel que soit celui qui gagnera les prochaines élections présidentielles (article écrit avant que la réélection de Barack Obama soit acquise – NdT), il devra présenter au pays un programme qui modifie la trajectoire d’évolution de son rapport dette/PIB. Il sera alors plus que jamais essentiel qu’il adopte pour cela la bonne manière de le faire.

Références

- Alesina, Alberto, and Silvia Ardagna (2009), “Large Changes in Fiscal Policy: Taxes Versus Spending”, NBER Working Paper, 15438.
- Alesina, Alberto, Dorian Carloni, and Giampaolo Lecce (2011), “The Electoral Consequences of Large Fiscal Adjustments”, NBER Working Paper, 17655, Decembre 2009.
- Alesina, Alberto, Carlo Favero, and Francesco Giavazzi (2012), “The output effect of fiscal consolidations”, Harvard University.
- Reinhart, Carmen M, and Kenneth S Rogoff (2010), « Growth in a Time of Debt« , American Economic Review, American Economic Association, 100(2), 573-78, Mai 2010.

Hommage aux soldats de l’ombre

Hommage aux soldats de l’ombre


La classe politico-médiatique française – les seules balles que ces gens-là ont jamais entendu siffler, ce sont des balles de tennis – a daubé à loisir sur l’opération commando contre les islamistes somaliens.
L’opération n’a, hélas, pas réussi et l’on sait que l’otage que nos soldats venaient sauver, Denis Allex, a été assassiné par ses geôliers. Cet « échec » a été abondamment « analysé » par des « spécialistes » en chambre, des « consultants » en charentaises, des « commentateurs » de plateaux de télé. Car ils savent, eux, ce qu’il aurait fallu faire ou ne pas faire, bien sûr…
Qu’on nous permette, quant à nous, de rendre hommage aux soldats de l’ombre, comme l’a fait, via une lettre ouverte aux sénateurs et aux députés, le lieutenant-colonel Rémy Fleurot, retraité de la gendarmerie nationale. Il écrit notamment :
« Un militaire des services spéciaux était prisonnier en Somalie depuis 2009. Sans qu’aucun élu, de la présidence de la République, du gouvernement, du Sénat, de l’Assemblée nationale, sans qu’aucun journaliste, sans qu’aucun parti politique, sans qu’aucune association, sans qu’aucun people ne s’en soit soucié… du moins jusqu’à ces derniers temps.
« Pour des journalistes ou des humanitaires, ou des civils, on bat le rappel, on va se faire voir dans les médias, on claironne au nom de son parti, on fait des spots à chaque journal télévisé, on écrit, on imprime des affiches toujours plus grandes, on bat le pavé. Rien n’y manque ! Pour des militaires, c’est à peine si on en parle un petit peu, au début, en sourdine. »
Denis Allex. Mais aussi le capitaine Patrice Rebout. Tué, lui, lors de l’opération commando. Président de l’Amicale des Anciens du 8e RPIMa, le général Cann lui rend hommage puisque la nation ne le fait pas : « Notre Amicale déplore la mort au combat de l’un des siens : le capitaine Patrice Rebout est tombé au champ d’honneur en Somalie, en ce mois de janvier 2013, lors de l’opération menée pour libérer un otage français détenu près de Mogadiscio. »
Engagé en 1996 au 8e RPIMa, Patrice Rebout avait intégré l’EMIA de Saint-Cyr Coëtquidan et, après un passage à l’Ecole d’application d’infanterie de Montpellier, était revenu servir au « 8 ».
Sa carrière s’était ensuite orientée vers les Services spéciaux. Ayant rejoint le Service Action de la DGSE (dont dépendait Denis Allex), il avait été affecté au 11e Choc de Perpignan. C’est sous les plis de cette unité qu’il est tombé. Dans l’indifférence quasi générale. Ni lui, ni Denis Allex n’ont eu droit aux flonflons présidentiels. Des soldats de l’ombre. Maintenus dans les ténèbres.
« Notre Amicale déplore la mort de l’un des siens », dit le général Cann. Un des leurs. Un des nôtres. Mais qui se soucie de ces hommes qui donnent leur vie pour la France quand d’autres font de la mauvaise graisse ?
Il y a, sous l’Arc de Triomphe, un soldat inconnu. Allex et Rebout sont des « soldats oubliés ». Un membre des Forces spéciales US, un Marine, Jack Kelley, a dit : « C’est le soldat et non le prêtre qui défend la religion. C’est le soldat et non le journaliste qui garantit la liberté de parole. L’Histoire enseigne qu’une nation qui n’a pas d’estime pour ses soldats sera détruite par celle qui a de l’estime pour les siens. »
Denis Allex, Patrice Rebout, nous ne vous oublierons pas !