TOUT EST DIT

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vendredi 11 janvier 2013

Hollande tente de vendre une stratégie d'investissement sans moyens publics


Pour ranimer la croissance, François Hollande veut développer une nouvelle stratégie d'investissement, public comme privé, sur le long terme. Faute d'argent, l'Etat ne lancera pas de nouveau Grand emprunt à la façon de Sarkozy, mais veut réamorcer la pompe et mettre en place un cadre plus incitatif (déréglementation, libération du foncier) pour convaincre les investisseurs privés d'accélérer leurs projets.
Il peut se le foutre dans le cul son doigt
Pour sortir de la croissance zéro, le président de la République veut reprendre la main. Un séminaire ministériel à donc été organisé ce jeudi à l'Élysée, censé donner un nouveau souffle au programme investissement d'avenir que Nicolas Sarkozy avait décidé à l instigation d'Henri Guaino en 2010.
Problème, il n'est pas question de faire de l'affichage de milliards, au moment ou le gouvernement s'efforce de faire passer le message de la rigueur budgétaire. Pas de nouveau grand emprunt en perspective donc, même si en additionnant des choux et des carottes, ce sont bien quelques dizaines de milliards qui pourront être mobilisés pour soutenir l'activité, dés cette année, dans quelques domaines clefs.
"On ne croit plus du tout à la dépense publique massive pour traiter des sujets d'investissements", avait résumé avant la réunion un conseiller de l'Elysée, faisant valoir que "ce serait complètement incohérent avec les mesures de consolidation et de redressement budgétaire qui sont en cours". La question c'est de savoir "comment on prépare l'avenir de la France, en période de disette budgétaire", a-t-il ajouté. Jean-Marc Ayrault s'est félicité sur le perron de l'Elysée que le gouvernement ait pu faire "un bilan complet de la question" des investissements d'avenir en définissant "une méthode" et "des priorités".
Si un complément d'emprunt n'est pas exclu, selon l'Élysée, pour redonner des marges de manœuvre à la stratégie d'investissement d'avenir, dont Louis Gallois a la charge, c'est surtout une nouvelle démarche que François Hollande veut impulser : l'alliance de l'investissement public et privé.
Un coup de com'
Bien sûr, le séminaire organisé ce jeudi s'inscrit donc surtout dans la stratégie de communication du chef de l'Etat qui tente de compenser son absence de réelle marge de manœuvre par un activisme tous azimuts. Avec cette communication sur les investissements d'avenir, l'intention est bien de redonner aux investisseurs privés plus de visibilité pour les convaincre d'anticiper et d'accélérer des projets d'investissements aujourd'hui gelés en raison des fortes incertitudes qui pèsent sur la conjoncture. Objectif : débloquer des projets programmés pour 2014 et 2015 afin de lutter contre les tendances récessives actuelles.
François Hollande a donc présenté dans la foulée lors d'une visite d'entreprise à Pessac, en Gironde, sa "stratégie pour moderniser la France à l'horizon 2020". Le chef de l'Etat a fixé l'objectif : "il n'y a pas d'avenir possible sans investissements (...) Nous avons besoin d'une vision à long terme d'une ambition collective" et "j'ai demandé au gouvernement de préparer une feuille de route pour dessiner la France des prochaines décennies".
En ce qui concerne la méthode, le président de la République a que "tout l'enjeu, ce n'(était) pas d'aller chercher des investissements nouveaux, nous n'en avons pas à notre disposition sur le plan budgétaire, mais de mieux mobiliser ce qui existe déjà". Il a notamment précisé avoir demandé que "soient redéployés 2 milliards d'euros" prévus pour les investissements d'avenir. Partisan d'une méthode "pragmatique", il a défendu les partenariats publics-privés (PPP) pour investir dans "cinq grands domaines d'investissements essentiels" : le logement, la rénovation thermique et la transition énergétique, le numérique, les transports, l'aéronautique.
Pour la rénovation thermique, "le Premier ministre présentera dès février un programme de financement", a-t-il précisé. Quant au numérique, il a fixé l'objectif que la France soit "couverte en haut débit d'ici 10 ans",
M. Hollande a appelé à utiliser tous les dispositifs existant estimant notamment que la France ne devait pas hésiter à "aller au guichet de la BEI" (banque européenne d'investissement), soulignant qu'elle avait participé à son augmentation de capital". Il a aussi préconisé la "promotion du crédit d'impôt compétitivité emploi".
 
Remobiliser notamment les assureurs
Ce plan d'action du gouvernement vise à relancer plusieurs domaines clefs. S'agissant du logement, d'abord, il s'agit de remobiliser les investisseurs institutionnels notamment les assureurs, en augmentant la rentabilité de l'investissement en immobilier résidentiel tombé à 2% contre 6% pour le commercial et les bureaux. Pour cela, l'Etat va accélérer le programme de libération de foncier et l'allégement des contraintes réglementaires qui rallongent les délais pour les permis de construire. Un allègement des contraintes que, déjà, voulait mettre en œuvre Nicolas Sarkozy....
Le plan de rénovation thermique des logements sera aussi dynamisé, notamment en incitant mieux les bailleurs à engager les travaux. Le crédit d'impôt rénovation thermique devrait aussi être amélioré. Il représente un investissement de sept milliards d euros.
Identifier les priorités en matière d'infrastructures
Deuxième axe, les infrastructures. Le schéma du plan national de transport (200 milliards d'euros) sera revu pour mieux identifier les priorités. Une négociation est en cours avec les sociétés d autoroute pour les inciter à financer des nouveaux tronçons en échange soit d'un allongement des durées de concession, soit d'un réaménagement des redevances reversées à l'Etat. Le Grand Paris relève ainsi de cette stratégie, tout comme le plan numérique.
Redéploiement budgétaire
Les financements encore très flous, viendront du redéploiement de dépenses budgétaires prévues dans le programme pluriannuel, des deux milliards d'euros encore non dépensés par le programme investissements d'avenir, quitte à réabonder en fonction des nouveaux besoins identifiés notamment par les universités, de la mobilisation des fonds d'épargne de la CDC issus de l'augmentation du plafond du livret A (20 milliards seront mis à disposition de projets d investissements publics notamment les hôpitaux) et du pacte européen pour la croissance : l'augmentation de capital de la BEI à laquelle la France vient de participer à hauteur de 1,6 milliard va permette de doubler, à plus de sept milliards, la capacité de tirage sur ses financements.
Des moyens à la hauteur des ambitions?
On se trouve là loin du discours ambitieux de certains élus socialistes qui, comme Karine Berger, plaidaient encore il y a peu pour un Grand Emprunt annuel. Les temps ont changé, même si le bas niveau des taux d'intérêt offre la tentation de financer à bon compte des projets à long terme. Des ajouts ponctuels aux investissements d'avenir ne sont pas exclus mais dans une optique nouvelle inspirée par l'expérience de feu l'agence de l'innovation industrielle promue par Jean Louis Beffa. Ce qu'il faut, indique-t-on à l'Elysée, c'est inviter le secteur privé à augmenter son effort d investissement et pour cela apporter des financements publics ciblés sur les projets de R&D de rupture. On est plus dans le "cousu main" et dans "l'accompagnement de la mise sur le marche de projets innovants".
Quelle peut-être la portée d'un tel plan ? Les experts les plus sérieux, tels que ceux de l'Insee, soulignent que le taux d'investissement est resté particulièrement élevé, en France, s'agissant du secteur privé. Les entreprises privées investissent à hauteur de 18,5% de leur valeur ajoutée, contre 17% en 2009, alors même que les tensions sur les capacités de production se réduisent, logiquement, avec l'affaiblissement de l'activité industrielle. Le risque existe donc d'une chute en 2013, que le plan du gouvernement aura bien de la peine à contrecarrer.

Cameron : être ou ne pas être européen ?

Cameron : être ou ne pas être européen ?


Depuis la rupture britannique, en décembre 2011, sur le traité fiscal instaurant la règle d'or, la Grande Bretagne s'interroge sur sa place en Europe. Face à une zone euro contrainte de se souder pour surmonter la crise, Londres a-t-elle encore des raisons de faire partie du club ? Sa stratégie d'influence de l'intérieur de la machine européenne aurait-elle atteint sa limite ?
Dans la presse, les milieux d'affaires, à la Chambre des Communes, le débat fait rage depuis des mois. Un audit sur deux ans a même été lancé par le gouvernement pour comprendre l'impact de l'Europe sur la société et l'économie britanniques. David Cameron doit, tout prochainement, prononcer un discours très attendu sur le sujet.
L'euroscepticisme, au-delà du Channel, est un sentiment ancien et bien enraciné. De nombreuses raisons l'expliquent : l'histoire, l'économie, la tradition juridique, la culture politique. Depuis l'adhésion de la Grande-Bretagne, en 1973, ce scepticisme a servi de boussole aux Premiers ministres de Sa Majesté sur le chemin de Bruxelles. Tout comme il a fait office de toile de fond évidente pour leurs partenaires sur le Continent.
Cela n'a pas empêché l'Europe d'avancer dans son processus d'intégration. Certes, la singularité britannique a toujours été un paramètre encombrant. Elle a valu des négociations musclées avec Londres, certaines dérogations, quelques retards et une ristourne (le fameux chèque britannique) aujourd'hui injustifiable. Mais après tout, le constitutionnalisme allemand n'a pas été moins encombrant lorsqu'il s'est agi d'aider Athènes. Ou la France moins inflexible en matière de politique agricole.
Poussée eurosceptique
Ce qui est nouveau dans le débat sur la place des Britanniques en Europe, c'est la radicalisation induite par la crise. Sur le front intérieur, les sondages montrent une forte poussée de l'euroscepticisme et avec lui du parti de l'Indépendance britannique, l'Ukip, crédité désormais de 15 % d'intention de vote. Ce parti rogne sur l'aile droite des Tories et sont une menace directe pour Cameron à mi-mandat.
Sur le continent, la peur de l'éclatement de la zone euro a favorisé un sursaut. Et si la sortie de la Grèce, « Grexit », n'est plus à l'ordre du jour, celle de la Grande-Bretagne, « Brexit », n'est plus taboue. À tel point qu'un Jacques Delors, insoupçonnable d'antijeu en matière européenne, imagine sans difficulté une Europe sans les Anglais qui ne resteraient liés que par un accord de libre-échange.
Au même moment, de l'autre côté de l'Atlantique, on s'inquiète, en revanche. De façon totalement inhabituelle, un haut responsable de l'administration Obama vient, mercredi, d'inciter clairement Londres à rester dans l'Union européenne. Pour mieux y conserver une influence, naturellement. Comme si, à Washington, on craignait que le projet de référendum sur l'appartenance à l'Union européenne, caressé par Cameron, ne finisse pas devenir ingouvernable.
Sur le même ton, quelques grands patrons britanniques mettent en garde aujourd'hui contre les répercussions économiques d'une rupture avec la première zone d'échange au monde. De fait, l'Union européenne absorbe plus de 50 % des exportations britanniques. L'intérêt économique est évident. Mais l'intérêt politique ? C'est tout le dilemme de David Cameron dans les prochains mois, lui qui va sans doute jouer sa chance de réélection, en 2015, sur un thème qu'il aurait préféré éviter : être européen ou pas.

Le courrier sera-t-il bientôt plus rapide que l'e-mail?

Chaque année, le temps de réponse aux e-mails s'allonge de plus de 10%, d'après une récente étude. Ce qui fait dire à certains qu'il sera bientôt plus rapide de demander une information par la Poste que par messagerie électronique...


Le nombre d'e-mails échangés a tellement augmenté ces dernières années -surtout au travail- qu'il devient de plus en plus long d'obtenir une réponse à ses messages. D'après une étude de Cue, un concepteur américain d'applications mobiles, le délai moyen de réponse est passé de 2,2 à 2,5 jours entre 2011 et 2012. Face à l'avalanche de 5579 e-mails reçus en moyenne par personne et par an, les internautes sont de plus en plus nombreux à snober leurs interlocuteurs, explique aussi le site TechCrunch qui reprend les résultats de l'étude. 56% des réponses se font dans l'heure qui suit la réception du message, 89% dans les 24h, mais au-delà, les délais s'allongent considérablement. Le site américain Quartz s'est d'ailleurs amusé à calculer quel sera, à ce rythme là, le temps moyen de réponse dans quelques années. Ironiquement, il en conclut que "si le temps de réponse à un e-mail continue de s'allonger de 10% par an, partant du principe qu'une lettre met en moyenne deux jours à arriver par la Poste, autour de 2020, il sera plus rapide d'obtenir une réponse de quelqu'un en lui adressant une lettre que par e-mail". Ca tombe bien: éviter le recours intempestif aux messages électroniques est recommandé pour lutter contre le stress au travail...

"PowerPoint nuit gravement à l'intelligence collective"


Dans les entreprises, on aime organiser des réunions. On se réunit pour un oui ou pour un non, pour un briefing du lundi ou pour une réunion brainstorming, pour le comité bidule ou pour le study caseX ou Y. Bref, on se réunit, surtout parce que ça donne l'air très occupé, et avoir l'air très occupé est un marqueur essentiel de crédibilité professionnelle. 
Depuis une trentaine d'année, l'évolution des pratiques managériales a mis au placard l'organisation hiérarchique verticale qui prédominait jusqu'alors pour laisser la place au fameux "mode projet". Schématiquement, le "mode projet" est un système d'organisation assouplie dans lequel les compétences sont censées se croiser pour le plus grand bénéfice dudit projet. 
Or, pour le pouvoir, il faut organiser des réunions. Des dizaines, des centaines de réunions par mois. Une étude de la London School of Economics et de Harvard Business School menée auprès de 65 patrons de PME internationales a montré qu'un dirigeant passe en moyenne 18h par semaine en réunion! 
Comme il ne se réunit pas tout seul, ses cadres passent certainement au moins autant d'heures que lui à se réunir -d'autant plus qu'ils leur faut bien souvent préparer ladite réunion avec une autre réunion des N-1 et des N-2. C'est ainsi: une réunion en entraîne d'autres (c'est la bien connue "réunionite"). 
Pour rationaliser au mieux ces réunions, les entreprises ont donc rapidement cherché à adopter un outil de structuration des réunions. Dans cette noble mission, un logiciel s'est imposé dans l'imaginaire collectif comme le meilleur outil pour aller droit au but, à l'essentiel, sans perdre de temps en paroles inutiles:PowerPoint
Avec la force supposée de ses bullet points, la séquence rythmique de ses slides et ses inévitables "lois" prétendument efficaces (comme la règle ô combien stupide du "une slide-une minute"), PowerPoint a charmé les apôtres du productivisme. En 20 slides -20 minutes- on allait pouvoir traiter n'importe quel sujet. Grossière erreur, au moins pour deux raisons essentielles. 
1. PowerPoint nuit gravement à l'intelligence collective.PowerPoint stérilise la créativité, tue la communication et enferme la réflexion dans une véritable prison cognitive, aux biais cognitifs très puissants. Même le créateur de PowerPoint, Robert Gaskins, l'avait prédit: "PowerPoint n'encourage guère la discussion et les débats".  
2. Le phénomène de paresse sociale joue à plein lors d'une réunion. Prenez un cheval de trait. Faites-le tirer une calèche. Son effort est à 100%. Ajoutez-lui un collègue cheval, et mesurez son effort: il n'est plus à 100%. Ce phénomène a été découvert par l'ingénieur agronome Maximilien Ringelmann en 1913, qui a reproduit l'expérience avec deux hommes tirant sur une corde. 
En mesurant la force déployée par chacun, il a découvert que chacun ne déployait que 93% de sa force potentielle. Avec trois hommes, l'effort tombe à 85% du potentiel, et au-delà de huit hommes, on atteint les...49%. C'est ce qu'on appelle la "paresse sociale". Ce phénomène tout à fait logique -principe du moindre effort- apparaît dès lors que l'effort individuel est dilué dans celui d'un groupe. En aviron par exemple, alors qu'à l'inverse, dans la course de relais qui met en lumière l'effort individuel, le phénomène n'apparaît pas, chaque coureur donne son maximum puisque son effort est visible. 
Ce qui est intéressant, c'est que la paresse sociale touche aussi l'intellect. Prenez un cadre supérieur. Faites-le réfléchir à un problème. Prenez plusieurs cadres supérieurs. Faites-les réfléchir au même problème, mais ensemble. Non seulement l'effort individuel sera moindre, mais les solutions proposées par le groupe, parce que les responsabilités deviennent dès lors diluées, sont très souvent beaucoup plus risquées que si un individu seul -et responsable identifié- avait décidé. Ajoutez à cela l'illusion de compréhension provoquée par PowerPoint, et vous avez en partie l'explication de ce qui s'est joué lors de l'accident de la navette spatiale Columbia
Double conclusion: un outil qui rend stupide et une assemblée de paresseux ne peuvent pas conduire à prendre de bonnes décisions. Si vous voulez éviter à votre équipe de se transformer en collectif de paresseux, faites en sorte d'améliorer la visibilité des efforts individuels et favorisez la prise de responsabilités. 
Si l'on reprend l'exemple de nos cadres supérieurs, au lieu de les faire réfléchir ensemble à une solution, faites-les travailler chacun de manière autonome puis demandez-leur de présenter leurs idées devant tout le monde. Non seulement vous aurez nettement plus d'idées différentes -voire de rupture- mais en outre, chacun sera plus impliqué et plus motivé. La méritocratie sans PowerPoint, voilà l'avenir du mode projet! 

    Parfum d’immondice…

    Parfum d’immondice…


    Hier, nous avons appris que plusieurs hauts dirigeants de l’opposition réclamaient la démission de Jérôme Cahuzac ou sa mutation. Personnellement, je trouve cette attitude non seulement honteuse, mais débile. Réfléchissent-ils cinq minutes, ces gens là, ont-ils un cerveau? M. Cahuzac n’a pas été condamné, ni même mis en examen. M. Cahuzac - et c’est le seul et unique fondement de l’affaire - fait l’objet d’une dénonciation. Imaginons un instant qu’à bout de nerf, il remette sa démission. Qu’est-ce que cela signifierait à l’avenir? Que tout responsable public ainsi dénoncé (à tort ou à raison) par un organe de presse ou un site Internet à forte audience devrait quitter ses fonctions? Dès lors, outre la monstruosité morale ou sociétale d’une telle évolution, il va de soi qu’il ne pourrait plus y avoir de gouvernement, plus d’Etat, plus d’autorité nulle part, ni aujourd’hui, ni demain!  Que des organes de presse ou des sites Internet fassent leur beurre de telles pratiques, après tout ce n’est pas nouveau.  Mais que des « responsables » politiques s’en saisissent pour tenter d’en tirer un avantage politicien, voilà qui exhale un parfum d’immondice. Bien sûr, certains socialistes, quand ils étaient dans l’opposition, se sont acharnés contre M. Eric Woerth mis en cause dans des situation similaire. Bien sûr. Mais la pourriture ne justifie pas la pourriture. Il y a un moment où il faut savoir s’arrêter. M. Cahuzac aura un jour à rendre compte de sa politique devant les Français, devant l’électorat. C’est tout à fait autre chose.

    Gauche haineuse : l’esprit sans-culotte est-il en train de ressurgir en France ?


    Il faut confisquer les biens des riches émigrés, boycotter leurs œuvres, ce sont des traîtres à la patrie, un procès s’impose... On croit entendre le discours des sans-culottes contre leurs adversaires politiques, royalistes et tenants de l’Ancien régime au moment de la Révolution française.

    1 - Mort aux Gros, aux Riches, aux Emigrés !

    Avec force démagogie, Lui-Président, pour se donner un vernis de gauche lors de sa campagne électorale, avait dénoncé le monde de la finance et agité la menace d’un impôt confiscatoire sur les hauts revenus. Que la République française ne puisse désormais payer ses fonctionnaires qu’en s’endettant auprès de cette finance honnie ne lui posait aucun problème pourvu que cette triste réalité n’affleure pas l’esprit de son électorat.
    Il n’en fallait pas davantage pour faire oublier sa genèse politique : le delorisme bon teint des énarques carriéristes ayant misé sur la gauche au début des années 1980. Cette petite manipulation lui permit de circonscrire efficacement Mélenchon à une embellie sondagière sans prolongement dans les urnes. Une chose était sûre : les diatribes contre les possédants rencontraient un joli succès dans les meetings.
    Mais la boîte de Pandore était entr’ouverte et, confronté à une hausse inexorable du chômage et de son impopularité, Hollande voit croître désormais, parmi ses soutiens de plus en plus déroutés, un sentiment anti-riches qu’il ne contrôle plus. L’affaire Depardieu en est le symptôme évident et l’on aurait finalement tort de ne pas la prendre au sérieux. La haine des "possédants" devient en effet la planche du salut psychologique d’un "peuple de gauche" qui se sent menacé par le monde tel qu’il devient.
    Tout a singulièrement commencé. L’octroi par Poutine d’un passeport russe à l’acteur français était un camouflet pour Hollande mais aussi pour tous les partisans de sa recette miracle, faire payer les riches. Malédiction : ces ploutocrates peuvent vraiment s’en aller ! Alors que, dans un premier temps, le Monde, le Nouvel Obs et Libération avaient tenté de minimiser le symbole et n’avaient placé l’affaire du passeport qu’en sujet annexe, sur leurs sites Internet la marée des commentaires montrait à quel point leurs lecteurs, eux, brûlaient d’en découdre : près de 2737 "posts" sur Libération.fr en quelques heures.
    Il est intéressant d’écumer ce flot de haine et d’acrimonie. Plusieurs thèmes dominent : il faut confisquer les biens de ces émigrés, boycotter leurs œuvres, ils sont gros et gras, dépravés et alcooliques, ce sont des traîtres à la patrie, un procès s’impose.
    Mots pour mots, on retrouve les écrits et éructations des Sans-culottes contre leurs adversaires politiques, d’abord les royalistes et autres tenants de l’Ancien régime puis tous ceux qui ne partageaient pas leurs penchants. Du Monde à Libération, les réactions sont peu ou prou les mêmes : comme en 1793 les "accapareurs", les horribles nantis d’aujourd’hui sont la cause de tous les maux de la France.
    Reconnaissons-le, Poutine est certainement un dirigeant aussi peu recommandable que Chavez, que beaucoup à gauche respectent et même admirent. Il est le chef d’un régime pétro-autoritaire qui se maintient au pouvoir grâce à la rente que les matières premières lui procure abondamment. Ni plus, ni moins.
    Longtemps pourtant, la gauche française n’a guère trouvé à s’indigner du nouveau régime russe. Michaël Khodorkovski, son opposant emblématique, est en prison depuis bientôt dix ans et les protestations sont quasiment inexistantes. Pourquoi se battre pour la liberté d’un homme d’affaires ? Après avoir soutenu ou toléré la dictature communiste en Union soviétique, après tout, il n’y avait que peu de légitimité et d’intérêt à dénoncer l’autocrate du moment. A contrario, il a suffi que Poutine délivre un passeport à Depardieu pour que soudain la longue liste de ses méfaits envahisse les colonnes de la presse bien pensante.
    Ce ne sont que bile et ressentiment d’internautes frustrés, objecterez-vous. Certes. Mais leur masse est insistante et impressionnante. Et surtout on entend, deci delà, des idéologues, dignitaires, hiérarques et bureaucrates du nouveau régime entonner le même refrain. Les exemples abondent et nous n’en prendrons que quelques uns.
    Dans la catégorie des folliculaires, l’inénarrable Bruno Roger-Petit, mordeur de mollets pour le Nouvel Obs, y va de magnifiques dénonciations : " On veut défendre la liberté d'entreprendre, dénoncer le matraquage fiscal et un jour, on se retrouve à défendre un acteur à la dérive béatifié par Vladimir Poutine. La belle affaire, le beau bilan. Et tout cela pour le plaisir de haïr François Hollande et la gauche au pouvoir. S'il s'en trouve encore, après cette irruption de Poutine et son funèbre cortège d'atteinte aux droits de l'homme, des Copé, NKM, Deneuve et autres Elmaleh pour venir, face aux Français, défendre l'indéfendable citoyen Depardieu de la Russie de Poutine, ce sera bel et bien le signe que la droite française n'est plus seulement décomplexée, mais folle. Et bien moins authentiquement française qu'elle le prétend. " L’amalgame le dispute à l’accusation de folie et de trahison à la patrie, à quand l’appel à l’enfermement ?
    Chez les politiciens, on retiendra les vœux de Pascal Cherki, député socialiste et maire du 14ème arrondissement de Paris qui, fin 2011, s’était contenté de faire payer aux contribuables parisiens une carte les appelant à voir la vie en rose, clin d’oeil appuyé aux échéances électorales imminentes.
    Cette fois, il va jusqu’à écarter de ses souhaits de bonne santé et prospérité le Medef et les exilés fiscaux qui ne méritent que son "mépris républicain". Après quelques années passées comme avocat défendant des associations lourdement subventionnées telle Sos Racisme, dont il devint membre des instances dirigeantes, ce brave Cherki fait depuis plus de dix ans une confortable carrière d’élu-bureaucrate socialiste, cumulant désormais les indemnités grâce aux impôts dont on comprend bien qu’il a tout intérêt à les voir entrer dans les caisses de l’Etat et de la ville de Paris. Mais ça, ce n’est pas méprisable, c’est démocratique.
    Le thème de la dépravation de ces sordides émigrés est, quant à lui, repris par l’inoxydable Cohn-Bendit, dont la carrière politique a commencé sous De Gaulle et qui réussit à conserver un vague air juvénile alors qu’il pulvérise tous les records de longévité d’élu professionnel. Chapeau l’artiste ! Pour le très ancien leader de la très lointaine révolte proto-bobo de mai 1968, l’argument de la dépravation des émigrés tombe sous le sens : "S'ils ont envie de dormir tous avec Poutine, qu'ils se mettent dans son lit et puis l'affaire est réglée". Ce sont donc des adorateurs de la virilité russe que ces gens là ! Nous aurions du y penser plus tôt. Ces anathèmes ne doivent pas faire oublier une chose. En 2011, un quart des diplômés des grandes écoles de commerce françaises recherchaient prioritairement un travail à l’étranger, une proportion record.
    L’an dernier, à l’Edhec, le tiers de la promotion a quitté la France. Année après année, c’est vers Londres, Montréal, la Californie, l’Australie, la Chine que se tourne une jeunesse désireuse d’un autre avenir que le service de la rente foncière aux aînés et de la rente fiscale aux fonctionnaires.
    Face à cette fuite des capacités, le malaise s’installe en Socialie. Que le PIB, comme c’est de plus en plus probable, stagne et même recule en 2013 et l’air va y devenir irrespirable. La haine du Riche, du Gros et de l’Emigré prospérera dans une France qu’on finira par ne plus reconnaître.

    2 - Ayrault ne lit pas Hollande !

    Pauvre Jean-Marc. Son "Nouveau modèle français" a fait un bide, avec une audience qui n’a guère dépassé la tribune du Monde où il était publié. Il faut dire que ce texte est une resucée anachronique du discours sur la "Nouvelle société" de Chaban-Delmas. Près de 40 ans sont passés mais Ayrault semble ne pas s’en être aperçu. C’est sans doute un signe de fraîcheur en politique.
    Ce catalogue de formules creuses qu’on croirait produit par un logiciel de fabrication automatique de poncifs politiciens contient un curieux passage avouant que le niveau de la fiscalité et des dépenses publiques est trop élevé en France. Problème : Ayrault doit avoir oublié que cela résulte du programme même de son chef, Hollande, lequel, dans son impérissable ouvrage "Changer de destin" envisage noir sur blanc une hausse de la part des prélèvements obligatoires dans l’ex richesse nationale.

    3 - Démagoplus

    Pour montrer, qu’au contraire de Sarkozy à Gandrange, il est capable de tenir une promesse et revenir devant des salariés menacés de la fermeture de leur usine un an après ses engagements, Super-Normal s’est offert une virée très médiatisée à Petit-Couronne, rencontrant les salariés de la raffinerie Petroplus. La réalité est plus prosaïque et Montebourg a vendu la mèche il y a un mois : il existe un repreneur sérieux, un investisseur souverain libyen et l’Etat lui donnera un solide coup de pouce via le Fonds stratégique d’investissement. Mais rassurez-vous, ce ne sera pas une nationalisation ! A propos, les 470 salariés de Petroplus représentent 10 heures de hausse du chômage dans la France post mai-2012 ...

    4 - Plus démago

    Comme le chômage ne va faire qu’augmenter et touche les salariés des services en zone urbaine, qui votent davantage socialiste que ceux des industries de province, le pouvoir s’inquiète. Si la FNAC vacille après Virgin, le traumatisme sera violent.
    Une parade vient d’être bricolée : Cahuzac a constitué 2 milliards d’euros de réserve budgétaire supplémentaire pour financer davantage d’emplois factices, connus sous le nom de contrats d’avenir ou de génération, qui permettront de maquiller cette hausse. On ne sait jamais, deux ou trois cent mille embauches cosmétiques permettront peut être de vendre aux médias, d’ici la fin de l’année, l’inversion de la courbe du chômage. Le Rimmel va couler sous les cils de Marianne ...

    5 – Jospin a accouché d’une souris

    Pour l’heure, des quelques réformettes suggérées par la Commission Jospin, qui devait proposer une refonte de nos institutions, seule la suppression de la présence des anciens présidents de la République au Conseil constitutionnel est retenue. Elle ne vaudra que pour l’avenir. Bref, cette coûteuse commission permettra peut-être d’économiser un emploi après 2017.


    Pourquoi dans 100 ans nous serons encore dépendants du pétrole


    La fin de l'ère du pétrole n'est pas pour tout de suite : Exxon Mobile va même investir 14 milliards de dollars dans le développement d'un champ pétrolier du Canada pour produire 150 000 barils de pétrole par jour

    Exxon Mobile a annoncé qu'il allait investir 14 milliards de dollars dans le développement d'un champ pétrolier au large des côtes de Terre-Neuve, une province du Canada, afin de démarrer sa production dès 2017. Le monde sera t-il encore dépendant du pétrole dans 100 ans ? Les autres sources d'énergie - renouvelables ou non - peuvent-elles prendre part significative du pacte énergétique mondial ?

    Florent Detroy : Le pétrole est là pour longtemps. La question aujourd’hui n’est pas de savoir si on peut remplacer le pétrole, mais de savoir avec quelle énergie le pétrole va partager le mix énergétique mondial. Car le pétrole reste particulièrement compétitif comparé au gaz ou au charbon. Il est facilement transportable, encore abordable et surtout est particulièrement dense énergétiquement parlant. Comparé aux énergies renouvelables, le pétrole a l’avantage du prix, mais surtout, son quasi monopole est indiscutable dans le transport. Or, les 2/3 du pétrole consommé aux Etats-Unis l’est par le secteur du transport. Et le pétrole n’est pas prêt d’être délogé de ce secteur, car le marché des voitures électriques restera un marché de niche encore longtemps.
    La production de pétrole va donc devoir continuer d’augmenter. L’augmentation à venir sera d’abord le fait des pétroles non conventionnels, sables bitumineux canadiens, huiles extra lourdes du Venezuela, et surtout pétrole de schiste. Nous ne connaissons à vrai dire rien sur l’état des réserves mondiales, il faut s’attendre à de nouvelles découvertes qui pourraient encore faire bouger les lignes. Je rappelle qu’un baril de pétrole non-conventionnel est relativement peu cher, autour de 50-60$. En attendant, nous devrions passer cette année les 90 millions de barils/jours produits. Et l’Agence Internationale de l’Energie s’attend à flirter avec les 100 millions de barils d’ici 2035.

    Outre les automobiles, quels sont les objets dépendants du pétrole ? Quel est le degré de dépendance des économies occidentales au pétrole ?

    Nous ne nous rendons pas compte du degré de dépendance de nos économies. Mis à part l’automobile, le pétrole et le gaz sont à la base de la production de plastiques, de textiles, de produits chimiques, d’engrais ou encore de produits pharmaceutiques…Et la chaine industrielle est tellement lourde, faisant dépendre des milliers d’emplois à partir d’une seule source d’énergie, que la casser pourrait s’avérer catastrophique socialement et économiques pour le pays qui osera le faire.
    De même, notre dépendance au pétrole a contribué à structurer nos société, qui évoluent désormais autour d’une source unique d’énergie, alors que les énergies renouvelables demandent d’individualisé la production énergétique. La structure même de nos économies sont dessinées en fonction du pétrole. 

    Quel est l'Etat actuel des réserves - prouvées, probables ou possibles - de pétrole dans le monde ?

    Selon les chiffres de l’IFPEN, nous aurions consommé 1 200 milliards de barils de pétrole, et il resterait 1 500 milliards de baril en réserves prouvées, soit 40 ans de consommation.Avec la hausse du prix du baril, et le développement de nouvelles technologies d’exploration (sismique 3D et 4D), de nouveaux gisements vont pouvoir être découverts et exploités. De même, les nouvelles technologique vont permettre de récupérer davantage de pétrole des champs existants (seulement un tiers est récupéré actuellement). Certains analystes estiment cependant que nous avons touché un « pic » de la production de pétrole, aux alentours des années 2005-2006.
    L’AIE pense pour sa part qu’il sera touché vers 2015. On constate effectivement que la production de pétrole conventionnel est déjà stagnante. Votre exemple d’ExxonMobile à Terre Neuve illustre bien ce fait, il s’agit d’un champs de 700 millions de barils, c’est à dire non « géant » (plus d’un milliard de barils). On ne découvre plus désormais de champs de pétrole géants.

    La montée des pays émergents accroît considérablement la demande de pétrole. L'offre pourra t-elle vraiment suivre ?

    Tout est fonction de prix. Avec un baril de Brent autour des 110$ en 2012, les compagnies pétrolières ont désormais les moyens d’investir sur des gisements plus complexes à exploiter. Elles vont ainsi investir pas moins de 606 milliards de dollars dans des services parapétroliers en 2013. Donc les barils pour répondre à la consommation des pays émergents seront produits, mais ils seront plus chers. Surtout, l’apparition du pétrole de schiste va permettre de détendre un peu les cours du pétrole.
    Déjà, l’Agence internationale de l’Energie a annoncé que les Etats-Unis n’auront plus besoin de recourir aux importations pour leur pétrole. Il n’est pas sur que Washington veuille devenir complément autonome, mais le simple fait que ce soit possible est un tournant. Comme pour le gaz de schiste, l’exploitation du pétrole de schiste pourrait également se répandre dans le monde entier. Le magazine Forbes à révélé l’année dernière que la Russie aurait des réserves immenses. Pour l’instant, la Russie a tout intérêt à rester discrète sur l’état de ces réserves.

    La pression environnementale contraindra t-elle a trouver d'autres sources d'énergie ?

    La pression environnementale a déjà commencé à jouer un rôle. Le charbon aux Etats-Unis est une première victime de la législation environnementale. De même, les réglementations américaines et européennes ont réussi à améliorer l’efficacité énergétique des moteurs des constructeurs auto. Mais étant donné les difficultés du marché du carbone actuellement, je doute de l’efficacité d’un accord réellement international. Plutôt, je crois davantage à l’instauration de législations environnementales nationales. Et là, c’est au cas par cas. Les politiques à mener s’avéreront de toute façon parfois contradictoire. Je rappelle que si la Chine est le premier consommateur de pétrole au monde, elle possède également le programme éolien le plus important du monde.

    En France, on n’a toujours pas de pétrole... et bientôt nous n’aurons plus celui des Russes


    Le pétrole reste l'énergie indispensable à nos sociétés modernes. L'approvisionnement de la France repose essentiellement sur la production de la Russie. Notre fournisseur russe se dote des moyens de privilégier d’autres clients comme la Chine et le Japon et de livrer son pétrole à l’Est plutôt qu’à l’Ouest.
    Une sombre affaire de tuyauterie a plus de chance de faire monter votre litre d’essence au-delà des 2 euros que tous les conflits en cours et en devenir au Moyen-Orient. C’est une histoire de pipeline dans le fin fond de la Sibérie, plutôt connue pour ses goulags que pour ses rois du pétrole. En France, on n’a toujours pas de pétrole... et bientôt nous n’aurons plus celui des Russes.
    Il s’agit d'un oléoduc qui vient de s’ouvrir entre Taishet et Kozmino. Le point de départ se trouve en Sibérie orientale et l’arrivée donne sur la mer du Japon. Je vous présente ESPO, le East Siberia-Pacific Ocean pipeline.
    C’est un projet titanesque : 25 Mds$ et quatre ans de travaux dont la dernière phase vient de s’achever. Au final, plus de 4 700 km de tuyaux relient maintenant le pétrole sibérien à l’Asie et même l’Amérique. C’est un projet d’une telle importance qu’un blend de pétrole a été créé spécialement pour ce pipeline et porte le même nom ESPO. De grande qualité et disponible partout dans le monde, il est en passe de devenir une référence qui concurrencera le Brent et le WTI. A ce jour, l’Europe importe 20% de son pétrole de Russie – qui est d’ailleurs le premier partenaire de l’Europe en matière d’hydrocarbures. Et comme le note un rapport d’information du Sénat dont l’encre n’est pas encore sèche :
    « La dépendance énergétique à l'égard de la Russie devrait fortement s'accroître dans les prochaines années. La Commission européenne estime que, d'ici vingt ou trente ans, 70 % des besoins énergétiques de l'Union européenne devront être assurés par les importations, contre 50 % aujourd'hui. »
    Or que se passe-t-il avec ce nouveau pipeline ?
    Regardons un instant la carte :
     
    A priori pas de problème : les gisements de Sibérie orientale pour l’Asie, l’Oural pour l’Europe et la Sibérie occidentale pour le premier qui y investit. Chacun chez soi et les moutons seront bien gardés.
    Sauf que… Transneft – l’opérateur d’ESPO – a annoncé comme objectif 36  millions de tonnes de pétrole transportées en 2013 et, à terme, 80 millions de tonnes.  Pour cela, il faudra augmenter la production des gisements de Sibérie orientale en 2013 et nécessairement transférer du brut de Sibérie occidentale et de l’Oural.
    Et paf la gifle… voici donc que la Russie se prépare à nous sucrer notre fix de pétrole pour le donner aux junkies chinois, japonais et américains.
    Ce pipeline de 25 Mds$ qui a vu le jour en quatre ans en est le premier exemple concret. Dans le même temps, le joint-venture entre Total et Gazprom pour exploiter le gisement géant de Shtokman en mer de Barents a échoué misérablement. Après quatre ans de patinage, les 450 salariés du projet ont finalement été remerciés en juin dernier. Ce n’est donc pas la mauvaise volonté des Russes qu’il faut ici juger mais bien l’incapacité de l’Europe à sécuriser ses approvisionnements en énergie sur le long terme.
    Nous avons l’habitude de voir les prix de l’essence s’envoler à chaque crise politique au Moyen-Orient, il faut maintenant se faire à la concurrence de notre – ancienne – chasse gardée russe. Ce nouvel éclairage devrait nous pousser à repenser en profondeur notre approvisionnement énergétique pour les 30 prochaines années.
    Dans ce contexte plus que tendu, la porte que nous avons fermée sur nos propres gisements de gaz de schistes paraît bien irresponsable. En France, on n’a pas de pétrole mais pas vraiment d’idées non plus. Je ne peux que vous conseiller de lire ce récent article de Florent Detroy sur le sujet : Gaz, ne vous trompez pas de cible.