TOUT EST DIT

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samedi 28 décembre 2013

Les défis au christianisme en France


- Le réseau Riposte Catholique est un portail catholique très connu en France qui a pour l’objectif d’informer ou plutôt de réinformer ses lecteurs sur l’actualité du catholicisme en France.

Le rédacteur en chef de ce réseau est Daniel Hamiche qui a aimablement consenti de répondre aux questions de La Voix de la Russie.
VDLR. Aujourd’hui on voit se produire le processus de la libéralisation de l’Eglise catholique même au niveau du Vatican. Par exemple, nous nous rappelons très bien le discours du pape François sur la tolérance envers les homosexuels, les divorces et les avortements. La question du mariage des prêtres est relancée. La France a été toujours un pays chrétien depuis Clovis et elle occupait à mon avis la place particulière dans le monde chrétien. Quelle est la position des chrétiens français vis-à-vis de ce processus?
Daniel Hamiche.Il y a effectivement une crise aujourd’hui dans l’Eglise catholique mais en ce qui concerne des rumeurs ou des interprétations qui ont circulé autour des récentes déclarations du pape François, je crois qu’il faut revenir à la vérité des choses. L’église catholique ne changera pas sa position sur la question du mariage des prêtres et sur le côté sacré du mariage. Elle a certainement le devoir d’appliquer des pastorales particulières, par exemple pour les personnes homosexuelles mais pour autant elle ne reconnaîtra jamais le mariage homosexuel. Il faut être très prudent sur les rumeurs de presse qu’on peut lire ici et là, la position et la doctrine du dogme catholique ne changera pas. Pour ce qui est de la France, il est évident qu’aujourd’hui la foi connaît de graves attaques. Les chrétiens aussi sont de certaine manière persécutés en France. Nous sommes dans une crise de la foi et dans une crise de l’Eglise en Occident et particulièrement en France qui se traduit bien sûr par la baisse de la fréquentation des lieux de culte, la baisse d’entrée dans les séminaires et donc conséquemment par la baisse du nombre des prêtres qui sont ordonnés chaque année. Alors, il y a un renouveau qui est en train de se passer en France chez les catholiques, des jeunes générations arrivent qui n’ont sans doute pas tous les préjugés qui avaient peut-être des précédentes générations et il y a une espèce de pré-printemps comme disaient plutôt les Allemands
VDLR. On prétend que le christianisme, en Occident, vient d'affronter une terrible crise de la foi. Pourtant on révèle l'intérêt significatif des Français pour la spiritualité: les jeunes commencent à s’intéresser à la religion de plus en plus. Selon vous, quelles questions ils posent aujourd’hui à l’église et est–ce qu’elle est capable d’y répondre?
Daniel Hamiche. L’église catholique a les réponses tout à fait appropriées aux jeunes. La question, c’est toujours la transmission de ces réponses qui fait problème. Il y a un déficit de «communication» des messages de l’Eglise. Il y a trop de filtres, trop d’écrans qui empêchent à l’Eglise de faire passer son message aujourd’hui notamment aux jeunes Français et ces écrans, nous les connaissons, sont les écrans matériels et immatériels. Ce sont les mass-médias dans leur écrasante majorité qui sont porteuses des contre-valeurs dans notre société, c’est l’Etat lui-même qui est extrêmement laïcisé au point qu’il est devenu laïciste avec l’arrivée au pouvoir de M. Hollande et du gouvernement de M. Ayrault. C’est la plus belle collection des personnages antichrétiens qu’on a jamais vu dans un gouvernement français depuis sans doute la révolution française ou peut-être certains gouvernements de la Troisième République de la fin de XIX siècle.
VDLR. M. Hamiche, ne croyez-vous pas que la vandalisation des églises par les représentants d’un islam dénaturé communément désigné par le terme «islamisme» est le résultat direct de la politique laïcarde menée par la France ces quarante dernières années ?
Daniel Hamiche. C’est vrai qu’il y a en France un phénomène d’islamisation de la société. Pour les raisons qui sont trop longues à expliquer il y a actuellement une faveur à accorder aux revendications des musulmans en France alors que le gouvernement, les pouvoirs publiques n’ont pas l a même sollicitude pour les chrétiens. Toutefois, en matière de profanation d’Eglise, par exemple, des profanation des dômes chrétiens qui en sont par dizaines, des centaines en France, les musulmans ou les islamistes sont extrêmement minoritaires dans ces actes et il y a eu des profanations d’églises qui sont fait par des musulmans mais c’est minoritaire. Les principaux vecteurs de ces actes de christianophobie viennent plutôt des groupes anarchistes d’extrême-gauche qui sont extrêmement nombreux en France avec très souvent l’aveuglement et le refus de voir ces actes par l’Etat et un manque de la protection des lieux de culte par les pouvoirs publics.
VDLR. Comment vous expliquez-vous le silence des autorités – celui de M. Valls notamment et de toute l’équipe Ayrault en général – face aux actes blasphématoires perpétrés contre les lieux de culte chrétiens, cimetières y compris?
Daniel Hamiche. Je crois qu’il y a à la fois un gouvernement qui est actuellement aux affaires en France, un mépris et une haine pour les chrétiens qui est expliquée et exprimée par de nombreux ministres. Par exemple, monsieur Peillon, qui est le ministre de l'éducation nationale a dit qu’on ne pourra jamais construire un pays de liberté avec la religion catholique.» Et on a vu la façon dont les elus de gauche ont traité les responsables de l’Eglise catholique en France lors du débat sur le dit «mariage pour tous ».
VDLR. Merci, monsieur Hamiche, pour cet entretien aimablement accordé.

Monsieur petites blagues

Monsieur petites blagues


« Il exprime ses sincères regrets pour l’interprétation qui est faite de ses propose et en fera directement part au Président Bouteflika » - cette déclaration publiée sur le site de Elysée dimanche soir a étouffé l’incendie diplomatique qu’avait provoqué François Hollande.

Connu pour son humour le président Français s’est permis de faire une blague lors de son discours dans le cadre du 70ème anniversaire du CRIF le 16 décembre, qui apparemment n’a pas été apprécié par tout le monde :
« Madame Lagarde des seaux qui ne m’a pas quitté au moins depuis 8 jours, et que je retrouve avec bonheur ce soir de retour de Guyane. Monsieur le ministre de l’intérieur qui va me quitter peut-être pour aller en Algérie. Il en revient, sain et sauf. C’est déjà beaucoup».
La réaction de l'Algérie ne s'est pas faite attendre. La presse locale et les politiques algériens ont accusé Monsieur Hollande de donner par sa blague une mauvaise image de la sécurité dans leur pays. Samedi soir le ministre des Affaires étrangères algérien Ramtane Lamamra a estimé que la plaisanterie du Président français était un “accident regrettable” et qu’il souhaite tourner la page. Monsieur Lamamra a trouvé l’humour « hollandais » maladroit :
« Le sens de l’humour peut, j’allais dire, apporter une valeur, donner une valeur ajoutée au sens des responsabilités lorsqu’il s’exprime avec de l’élégance, avec de la mesure. A l’inverse le sens de l’humour peut être le générateur le moins-value lorsqu’il abouti à suggérer que la réalité ne serait pas celle qui sont à la portée de tous et qui peuvent être vérifiée par tous. »
Donc l’Algérie a pris “avec satisfaction” les excuses du président François Hollande. Particulièrement le ministre des Affaires étrangers a remarqué les sentiments d’amitié que la France porte à l’Algérie et le grand respect pour son peuple. Le scandale diplomatique semble être réglé.
Mais on sais jamais sur quel terrain va tomber le fameux savoir blaguer de Monsieur Hollande. A l’époque de sa campagne présidentielle on voyait dans son sens de l’humour une véritable arme politique. Mais en tant que Président cette arme a commencé à se retourner contre lui. Les journalistes ainsi que les députes de l’UMP se souviennent toujours l’une de ses premières plaisanteries au cours du salon de l’Agriculteur en 2013 à Paris. Sur la remarque d’une petite fille qu’elle n’avait jamais vu Sarkozy, le nouveau président lui a promis qu’elle n’allait plus jamais le voir. Amusant pour Hollande, honteux pour les militants de droite. Pour « monsieur petites blagues », comme à l’époque on l’appelait au sein du Parti socialiste, l’humour et la politique ne font pas toujours bon ménage.

L’incantation

L’incantation

Alors que les dernières statistiques sont désastreuses,  le Premier ministre déclare "Nous allons gagner la bataille du chômage". Cette intervention nous rappelle le slogan du gouvernement français en 1940, imaginé par Paul Reynaud: "Nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts". La débâcle est toute proche: hausse vertigineuse des prélèvements obligatoires, effondrement de l’investissement, des créations d’emplois et des bénéfices des entreprises. Mais au bord de l’abîme, il reste le verbe, l’illusion, la propagande: "nous allons gagner". Quelle sera la traduction, dans le champ de la politique, d’une catastrophe économique et sociale de cette ampleur? La seule chance de l’équipe au pouvoir serait un changement de cap radical, à l’image de celui qu’avait engagé Mitterrand en 1983, renonçant aux folies démagogiques de la dépense à tout va et de la sur-fiscalisation pour adopter une gestion rigoureuse de l’économie française, incluant des réformes salutaires qui n’avaient jamais été accomplies jusqu’alors (le découplage des salaires et de l’inflation). Or, nous ne sentons chez les dirigeants actuels, ni le courage, ni la volonté, ni la lucidité, ni le sens des réalités et de l’intérêt public, encore moins l’intelligence qui pourraient les inciter à reconnaître leurs fautes et à  prendre une autre direction. Ceux-là nous donnent le sentiment de n’avoir aucune autre perspective que de s’accrocher, comme des huitres, le plus longtemps possible, à leur rocher. Dès lors, le pays va continuer à s’enfoncer en 2014, pour la plus grande joie des mouvements protestataires, uniques bénéficiaires électoralistes du désastre français. La grande leçon de cette expérience tragique: on n’improvise pas une politique à la tête d’un pays. L’accession au pouvoir et son exercice sont deux choses radicalement différentes. Parler et décider – assumer des responsabilités –  relèvent de logiques opposées. Puisse l’opposition en prendre conscience en 2014 et s’organiser en conséquence: trois années ne seront pas de trop pour préparer l’alternance de 2017.

Nouveau record de l’euro : quand les Allemands parlent, la monnaie commune monte et... l’activité européenne trinque : les graphiques pour ceux qui en doutaient encore


Jens Weidmann, président de la Bundesbank, enfonce le clou de l’austérité et permet ainsi à l'euro de toucher son plus haut depuis 2 ans et demi, tout en venant fragiliser François Hollande dans ses tentatives de redressement. Dans de telles circonstances, la France semble bel et bien prête à retrouver la récession.
Jens Weidmann, Président de
la Bundesbank, vient encore de frapper.  Le très populaire quotidien allemand "Bild" relate ses propos : "la faible inflation que nous connaissons aujourd’hui dans la zone euro ne doit pas permettre de justifier une politique monétaire accommodante". En effet, comme cela est présenté ci-dessous, le niveau d’inflation subit un effondrement depuis la mi-2011 qui tend à rapprocher la zone euro de la déflation.
Selon Bild, Jens Weidmann fait part de son inquiétude de voir la pression de "l’austérité" se relâcher sur les gouvernements européens en raison de la politique menée par la BCE. Celle-ci rendrait les choses trop faciles. Et ce alors même que c’est grâce au soutien monétaire de la BCE que l’Allemagne a pu se réformer au cours des années 2000. Weidmann ne se repose jamais et l’euro a pu réagir immédiatement à de tels propos : la monnaie unique se traite à son plus haut niveau depuis plus de 2 ans, touchant le niveau de 1.3893 dollar pour un euro au cours de la séance du 27 décembre. Le Président de la Bundesbank ne semble avoir que faire d’un faible taux l’inflation synonyme de croissance atone. Car plus de croissance, l’Allemagne n’en a pas besoin, le plein emploi est atteint et tant pis pour les "partenaires" européens.
L’emballement des cours de la monnaie unique, suite aux propos relatés par Bild, laisse peu de doute sur l’origine de ce record. L’euro finira ainsi 2013 en qualité de devise la plus "performante" de l’année notamment en raison de cette si faible inflation qui vient renforcer l’attrait des investisseurs pour ce qui est aujourd’hui perçu comme une valeur refuge, un nouvel étalon or. Et ce sont bien les chômeurs européens qui rendent cette monnaie si attractive. Leur poids à la baisse sur les salaires et les prix permet de contenir les chiffres de l’inflation. La conséquence de cette faible activité européenne est d’offrir à la zone euro le rang du plus sérieux rempart face à toute hausse des prix, un sanctuaire. Ce qui ravit les investisseurs à la recherche du plus faible risque possible qui privilégient dès lors les emprunts d’Etat. Les faibles niveaux d’intérêts de la zone euro sont bel et bien le résultat de cette politique du pire.
Le Yen s’écroule face à l’euro
De la même façon, face au Yen japonais, l’euro s’est apprécié de plus de 25 % en une seule année, ce qui permet de mettre en perspective l’efficacité d’une politique monétaire (au Japon) face aux résultats produits par la politique d’austérité menée en Europe, et plus particulièrement par le flou entretenu sur la politique économique Française. Cette hausse de la monnaie unique atteint 43 % sur les deux dernières années face au Yen.
François Hollande face à une nouvelle récession ?
Après la publication des chiffres de l’emploi du mois de novembre, François Hollande se retrouve coincé dans un étau. La hausse de l’euro vient enterrer tout espoir de reprise rapide de l’activité et tout espoir de création d’emplois. Cette réalité peut s’observer sur les données en temps réel délivrées par le site Now-Casting, qui retrace en temps réel l’activité économique de la zone euro :
Le constat est clair. Le rebond tellement espéré a fait long feu et la tendance est à nouveau à la baisse. Le plus inquiétant étant de rappeler que selon l’institut Markit, la France est aujourd’hui l’homme malade de l’Europe et cet homme entraîne la zone euro vers le bas. "Les dernières données PMI flash composites dressent un tableau inquiétant de l’économie française en cette fin d’année 2013. Après le retour à la contraction observé en novembre, la baisse de l’activité s’accélère en décembre, tendance résultant d’un recul des nouvelles affaires que les répondants attribuent à la réticence de leurs clients à engager de nouvelles dépenses. Une moins grande frilosité des clients s’avère donc essentielle pour éviter un nouveau recul prolongé de l’activité des entreprises du secteur privé français en 2014."
De son côté, Hans Werner Sinn, président de l‘institut IFO et économiste le plus influent en Allemagne, a récemment fait part de ses prévisions pour 2014 : L’Allemagne captera seule l’ensemble de la croissance européenne, laissant la zone euro a une position de stagnation alors que la France devrait persister dans la voie de la récession.
Le décollage de l’euro de ce 27 décembre ne va pas aider à remonter la pente.  En effet, la hausse de la devise européenne est bien le fait de la menace qui pèse sur la BCE de voir le président de la Bundesbank presser le conseil des gouverneurs, pour en finir avec ce qu’il estime être une politique accommodante.
Pourtant, une politique monétaire ne pourrait être qualifiée d’accommodante que si l’ensemble de la zone euro était en situation de plein emploi et que la croissance battait record sur record. Ce qui n’est évidemment pas le cas, mais presque celui d’une Allemagne confrontée pour la première fois depuis plusieurs décennies à cette situation de plein emploi. L’inflation devient alors une menace crédible, non pour la zone euro, mais pour l’Allemagne. Encore une fois, le Président Weidmann marque son territoire en négligeant totalement le sort des 19.5 millions de chômeurs de la zone. Seules comptes les réformes. Ici encore, c’est François Hollande qui est immédiatement visé.
Cette prise de parole ne survient pas de manière hasardeuse car la récente victoire électorale d’Angela Merkel et le renoncement de l’opposition à venir influer sur la politique européenne menée par la Chancelière n’ont fait que renforcer la volonté Allemande de poursuivre, et d’approfondir l’austérité dans la zone euro. Cette sortie médiatique vient donner le ton de ce que sera  la politique prônée par Berlin ; l’austérité et rien d’autre.
Dans de telles conditions, le Gouvernement Français est aujourd’hui confronté à une situation économique qui ne devrait subir aucune amélioration au cours des prochains mois, et devrait plutôt confirmer le retour en récession de son économie. Les prochaines échéances électorales dans le viseur, il ne reste plus grand-chose à espérer pour François Hollande. A moins que ce dernier ne se décide enfin à agir en répondant par exemple avec la plus grande fermeté au Président Weidmann (qui vient de démontrer au passage que sa parole est plus suivie que celle du président Français) et venir bousculer les certitudes macroéconomiques allemandes.

La Suisse restera-t-elle la vieille fille de l'Europe?

C’est un avantage de mon métier, je voyage beaucoup.
Cette année, je passe une grande partie de mon temps au Portugal. Une grande et belle nation au bord de la faillite, comme l’Espagne, la Grèce, l’Italie. Quatre pays qui partagent une identité commune : ils sont européens. Ils font partie de l’Europe. Et nous, toujours pas. Et plus la crise avance, plus on entend en Suisse les uns se féliciter de ne pas être tombés dans le panneau, les autres d’avoir su, d’avoir vu avant tout le monde les risques inhérents à cette belle utopie collective. Nous avons, encore une fois, trouvé le moyen d’avoir le beurre et l’argent du beurre. Un peu d’Europe utile à l’économie via les bilatérales, mais pas les tracas des responsabilités collectives. C’est gênant.
Pas encore le droit de vote
Ce sentiment désagréable que je porte depuis quelques temps, un ami, suisse comme moi, a su le mettre en mots l’autre jour. Nous tentions alors d’expliquer à un troisième camarade - français – pourquoi nous n’avions que très rarement pu ressentir ce sentiment que lui vit fréquemment : la fierté d’appartenir à son pays. Mon ami et moi sommes d’une génération qui n’avait juste pas atteint la majorité civique en 1992, lors du vote populaire pour entrer dans l’EEE. Nous avions alors nos consciences politiques naissantes, nos rêves, nos utopies de jeunes gens à l’orée de leur vie d’adulte. Mais pas encore la possibilité d’être acteurs de ce qui se déroulait sous nos yeux.
Si frileuse Suisse
La jeunesse suisse, ce jour-là, a rêvé d’intégrer l’Europe, symbole pour nous d’une ouverture, de voyages, d’échanges erasmus, d’un champ de possibles inestimable. Les adultes ont voté. Les adultes nous ont dit « non, tu restes au jardin, tu sortiras dans le monde plus tard». Nous sommes restés au jardin, dociles, et par la suite on nous a construit un petit corridor clôturé pour aller la voir de plus près - mais pas de trop près - cette Europe. Je pense que ce refus d’entrer dans l’EEE a déterminé ce rejet de notre génération envers un pays trop prudent, si peu aventurier. Comme le dit si justement mon ami, notre rapport compliqué à la Suisse, cette profonde déception et cette colère envers ce pays sont passablement liés à cet épisode.
Europe en crise
Aujourd’hui que l’Europe va mal, je sens ce sentiment se réveiller, car je me sens encore une fois impuissante, comme je le serais face à une voisine malade pour laquelle je ne pourrais pas grand-chose. Encore une fois, exclue de l’aventure, de l’Histoire. L’Europe est un mariage improbable, mais comme tous les mariages c’est une idée un peu folle, qui nécessite solidarité et persévérance, surtout dans les moments de crise.
La Suisse restera-t-elle donc à jamais une vieille fille ?


vendredi 27 décembre 2013

Chômage : le rendez-vous manqué

Chômage : le rendez-vous manqué


La méthode Coué a ses limites. En persistant, depuis hier soir, à répéter que l’inversion de la courbe du chômage est « bien amorcée », le président Hollande et son ministre du Travail, Michel Sapin, font preuve d’entêtement, à tout le moins. Messieurs, allez donc expliquer aux 17 800 personnes supplémentaires qui se sont inscrites à Pôle emploi en novembre que la situation est en train de s’améliorer parce que derrière l’augmentation du nombre de chômeurs en France, il faut en conclure que diminution il y a !
Tout élu responsable, au premier rang duquel le président de la République, connaît l’importance des symboles. En promettant, au printemps dernier, l’inversion de la courbe du chômage d’ici à la fin de l’année, François Hollande savait qu’il serait jugé à partir des données disponibles à la Saint-Sylvestre, et donc sur les chiffres arrêtés fin novembre. Quelle que soit l’interprétation de l’exécutif, le verdict est sans appel : la situation de l’emploi ne s’améliore pas, malgré un recours massif aux emplois aidés.
Bien sûr, on attendra le 27 janvier, date de publication des chiffres de décembre, pour dresser un constat définitif. Mais le chômage semble être traité au rayon bricolage : heureux bug en août entraînant une méchante correction en septembre, embellie en octobre et rechute en novembre… Il n’y a qu’à l’Élysée ou du côté de Bercy que l’on en déduit que la France est en train de renouer avec une reprise durable de l’emploi et son corollaire, le retour de la croissance. Les Français, eux, constatent toujours que les plans sociaux s’enchaînent à grande vitesse et que l’activité économique reste atone. Ce qu’a confirmé l’Insee la semaine dernière, pronostiquant une « reprise poussive » de l’économie française début 2014, marquée par une « quasi-stabilité » du chômage au 1er semestre avant de repartir légèrement à la hausse.
Si le Crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) est une mesure plutôt positive, il n’est en rien l’alpha et l’oméga d’une politique économique. Or, en matière d’emploi, le gouvernement est en position d’attente. Comme si la situation allait se redresser toute seule. Certes, le projet de loi sur la formation professionnelle contient des éléments intéressants. Mais il manque à l’exécutif un plan d’ensemble. Comme sur tous les dossiers de la présidence Hollande, serait-on tenté d’écrire.

BOÎTE À OUTILS

BOÎTE À OUTILS


François Hollande a un problème : il lui reste plus de trois ans à tenir. Certes, son mentor François Mitterrand professait de donner du temps au temps, mais face à la dureté persis-tante de la crise, le capitaine doit avoir des sueurs, la bar-re lui glissant sous les mains. Une nouvelle démonstration a été apportée hier avec la publication des chiffres du chômage. Ceux de novembre étaient positifs. Du jamais vu depuis plus de trois ans !
À observer les leaders socia-listes imprudents se friser les moustaches toute la journée, on attendait des chiffres flat-teurs. Le Président tenait son objectif. Du moins jusqu’à 18 h et la publication du chif-fre… de la hausse. Le balan-cier reparti dans l’autre sens, l’Élysée a maintenu une com-munication optimiste, souli-gnant sans barguigner que « l’inversion de la courbe du chômage est bien amorcée ». Une baisse non confirmée équivaut donc à une inver-sion bien amorcée. Face à ce qui ressemble au mieux à une stabilisation, peut-être eut-il été plus pertinent de parler de décélération de la hausse. Quoi qu’il en soit, le père Noël a intérêt à livrer fissa à l’Élysée une nouvelle boîte à outils, et pas de la quincaillerie chinoise !
Car l’heureux élu a intérêt
à les empoigner avec ardeur et à se cracher dans les pognes pour innover à la fois dans la bataille pour l’emploi et dans la composition d’une équipe sur le terrain qui ne chôme pas !

Le grand déni : quand l'obsession française pour les chiffres du chômage cache la défaite intellectuelle du renoncement au plein emploi

Contrairement aux prévisions optimistes, les chiffres du chômage ont continué d'augmenter au mois de novembre avec 17 800 demandeurs d'emploi en plus, soit une hausse de 0,5%. Un fait qui s'inscrit dans une longue suite d'échecs français en matière de politique de l'emploi.

Alors que les chiffres de l'emploi pour le mois de novembre 2013 viennent d'être publiés, la fameuse promesse d'inverser la courbe du chômage voit sa crédibilité se réduire comme peau de chagrin. Un fait que l'on peut déplorer mais qui révèle des enjeux qui dépassent largement la simple sphère médiatique et politique. Peut-on tout d'abord commencer par définir quelles seront les perspectives de l'emploi pour 2014 ?
Pauvre con  Incapable de gouverner, démissionne !

Nicolas Goetzmann : Cette question mérite que l’on s’attarde un peu sur le déni du Gouvernement et du Président sur la réalité. Lorsque François Hollande s’empresse de réagir à la publication des chiffres de novembre, à savoir de la hausse de 0.5 % du chômage, en déclarant "l'inversion de la courbe du chômage est bel et bien engagée" ; il y a une rupture. Cette promesse politique avait été soigneusement pensée et  répétée à de nombreuses reprises justement parce que le Président y croyait fermement. C’est-à-dire que l’action politique qui a été engagée devait permettre cette inversion de la courbe du chômage. Cette certitude reposait sur le diagnostic économique du parti socialiste qui lui-même reposait sur la croyance du caractère cyclique de cette crise. C’est cette faillite absolue du diagnostic du PS qui éclate au grand jour, de façon publique, et malgré tout le président persiste.
Le pouvoir se détourne de cette réalité et ne se raccroche plus qu’aux branches de la communication pour tenter de sauver la face. Le contexte exigerait une reprise en main, il ne s’agit même pas d’une demande de mea culpa, mais simplement d'une prise de conscience. Mais celle-ci semble trop douloureuse à porter pour pouvoir s’en emparer.
Malheureusement pour 2014 et en persistant avec ce même diagnostic cyclique, le président ira d’échecs en échecs, il n’y a aucune raison que le patient France guérisse dans de telles circonstances. De son côté Michel Sapin s’est presque félicité, en trouvant la statistique qui lui plaisait le plus, de rappeler que le chômage baissait depuis 3 mois sur un rythme de 1 350 chômeurs par mois. A ce rythme il faudra 203 ans pour résorber le chômage, et malgré cela, le ministre semble satisfait. Ce type de déclaration ne mérite même plus d’être commenté.
François Hollande peut-il finalement dire, comme François Mitterrand en son temps, qu'il a "déjà tout essayé contre le chômage" ?
Nicolas Goetzmann : Évidemment non. Mais la phrase de François Mitterrand est symptomatique du renoncement dont je parlais, et c’est ce qui est de plus grave. François Hollande a commis une effroyable erreur de diagnostic de cette crise en ne cherchant pas la cause de celle-ci. Il s’est contenté de traiter les conséquences, c’est-à-dire en essayant de trouver une solution pour les chômeurs.  Il écope le navire mais ne répare pas la faille béante dans celui-ci.  La situation est pathétique, insoutenable.
Cette plaie béante, c’est la dramatique contraction de la demande intérieure en France et en Europe, et qui est provoquée par un mandat inadapté de la Banque centrale européenne. Les Etats-Unis, le Japon, le Royaume-Uni ont tous diagnostiqué ce problème et y ont remédié. Les résultats sont sans appel, 7 % de chômage aux Etats-Unis, 7.4 % au Royaume-Uni, et 4 % au Japon, et ne parlons même pas des derniers chiffres de la croissance aux Etats-Unis (4.1 % au dernier trimestre), ce serait indécent.
La réalité est que rien de sérieux n’a été mis en œuvre pour lutter contre le chômage. Il est vraiment trop tôt pour baisser la tête lorsqu’on n’a rien tenté. La première chose à faire serait de modifier le diagnostic, mais pour cela, il faudrait que le Président parvienne à une conclusion : il s’est trompé. Aujourd’hui il a le choix de persister dans son erreur, ou d’assumer le restant de son mandat en  montrant qu’il est capable d’évoluer, et de désavouer son ancienne approche. Malheureusement le communiqué de l’Elysée ne plaide pas en ce sens.
En termes de lutte contre le sous-emploi, peut-on déjà commencer à faire un bilan de cette année 2013 ?
Nicolas Goetzmann : Pour 2013, le Président est comptable d’une hausse de 5.6 % du chômage, soit 176 000 chômeurs de plus sur la seule catégorie A. A titre de contre-exemple, le chômage aux Etats Unis a baissé de 30 % en 3 ans, simplement pour rappeler qu’il existe des politiques efficaces, que le politique peut agir et que le chômage n’est pas une fatalité. 
Mais les politiques mises en œuvre en France ne sont que des politiques défensives contre un mal qui est effectivement envisagé sous l’angle de la fatalité. Les emplois aidés, la réduction du temps de travail, toutes ces mesures ne sont qu’une réaction contre l’abandon d’une politique totalement oubliée : la poursuite du plein emploi. Et pourtant, économiquement, rien ne saurait justifier un tel abandon. Rien que sur le champ sémantique, le gouvernement a déjà perdu la bataille en annonçant vouloir "lutter contre le chômage" plutôt que de poursuivre une politique de plein emploi. Le défensif s’est substitué à l’offensif, et les réformes ne sont pas du tout les mêmes dans les deux cas. Avec ce choix de mots, la France renonce au plein emploi, et c’est bien cela qui est le plus insupportable. Le résultat est une politique de boutiquier.
Aucun secteur marchand ne recrute dans le pays, seules les collectivités publiques et les associations y parviennent, c’est-à-dire que les emplois aidés sont la seule ressource du gouvernement en matière de chômage. Je le répète, la seule solution proposée au pays pour tenter de résorber le chômage est l’emploi aidé, ce qui est de fait la totale négation de ce que peut le pouvoir politique en matière de politique économique.
Christophe De Voogd : Je commencerais par dire que la communication "optimiste" du gouvernement depuis le début de la semaine échoue sur la réalités des chiffres, malgré tous les efforts de présentation alambiquée des résultats de novembre. Il serait peut- être temps d'arrêter les effets de rhétorique et de "com" : la "baisse tendancielle de la dégradation", "l'amorce progressive de l'amélioration" et autres "c'est moins pire que si c'était plus grave" ne sont plus de saison. 
Seule est vérifiée l'aggravation du chômage en France d'environ 6 % sur un an, +12 % depuis 18 mois. Et ce, peu ou prou, pour toutes les catégories statistiques, à un rythme nettement plus fort que dans la période précédente (+30 % en moyenne mensuelle). Ce qui suffit à dissiper le leitmotiv de "l'héritage", même si les problèmes structurels de l'économie française existaient déjà, évidemment. L'actuel gouvernement n'a fait que les aggraver. Ce qui n'exclut pas, comme je l'ai dit antérieurement, une "inversion de la courbe du chômage"... de temps à autre... qui sait ? Le mois prochain peut-être...
Mais dans un pays où les destructions nettes d'emplois continuent (là encore, depuis 18 mois), la baisse du chômage ne peut être qu'un artifice administratif. Le vrai enjeu est celui de la compétitivité de l'économie. Point barre.

La politique des emplois et des contrats aidés a été au centre de la stratégie Hollande contre le chômage. Ne peut-on pas dire paradoxalement que ses effets ont été contre-productifs ?

Christophe De Voogd : N’oublions pas tout d'abord que ces contrats ne sont pas une exclusivité de la gauche : il y en a eu jusque 40 .000 sous Nicolas Sarkozy. A quoi s’ajoutent désormais emplois d’avenir et contrats de génération : 100 000 à ce jour.
Les estimations du coût varient car il dépend du nombre, du type de contrats signés et de la nature de l’employeur ; en effet les règles diffèrent entre secteur non marchand et marchand !  Pour les emplois d’avenir le coût moyen est d’environ 11 000 euros par an, d’après l’Institut de l’entreprise. Le consensus est qu’à plein régime, le dispositif coûtera en 2014 dans les 3,3 milliards d’euros ; et il s’agit là de dépenses annuelles, donc récurrentes.
Quant au coût unitaire par emploi aidé, il  est certes bien inférieur au coût du même emploi, s’il s’agissait d’un emploi public "normal", d’autant qu’il s’agit de temps partiels. Mais c’est l’expression "emplois créés" qui pose problème : il faudrait enfin comprendre en France que l’État ne crée, économiquement parlant, aucun emploi ! il crée des impôts - ou de la dette -  qui lui permettent de financer des emplois. Seules les entreprises créent de l’emploi à partir de la production de richesses marchandes. Fait économique élémentaire mais qui reste largement ignoré dans notre pays, à gauche et même à droite ; et même chez certains économistes….
La réponse découle logiquement de ce qui précède : ce qu’il faut apprécier,  c’est le coût non pas pour l’État, mais pour l’économie, de ces dispositifs : autant de charges supplémentaires sur les contribuables actuels ou futurs, d’autant que ces emplois sont essentiellement non-marchands ; donc autant de freins supplémentaires à notre compétitivité déjà si mal en point. Pour les bénéficiaires de ces emplois, ils peuvent y trouver une bouffée d’oxygène bien nécessaire mais gare à l’illusion : ces CDD ne conduisent que très rarement à un emploi marchand. L’expérience des années Jospin, toujours rappelée, est un leurre car les débouchés obtenus l’ont été dans le secteur public et parapublic. Pérennisation de l’emploi qui signifie en fait  pérennisation des charges pour la société. Nous n’en avons plus les moyens. Certains, comme Bertrand Martinot dans son récent ouvrage "Chômage : inverser la courbe" vont même jusqu’à dire que ces emplois aidés pourraient être contreproductifs pour les intéressés en entretenant l’illusion de leur employabilité.  La vraie réponse au chômage des  non qualifiés est d’abord  la formation professionnelle : à quand l’ouverture du chantier ? 

Le mensonge, n'est il pas un délit ?
Ce gouvernement nous ment depuis le début. Tout ce qui arrive était prévu, et ce qui reste à venir est prévu.... Ils ont prétendu prendre la responsabilité des affaires... ils n'ont pris que les bonnes places au chaud. Ils vont encore dire "responsables mais pas coupables"... et si on leur coupait la tête ??? et si on leur prenait leurs biens ??? et si on arrêtait d'être pris pour des cons ??? hélas, y a peu de chance.


La bouée de décembre

La bouée de décembre


L'heure de vérité est proche pour François Hollande sur sa promesse d'inverser la courbe du chômage à la fin de cette année. Certes il reste les chiffres de décembre à venir en janvier, mais après la publication de l'indice de novembre, plus personne ne croit sérieusement que la gageure puisse être tenue. À part le président et Michel Sapin peut-être, et encore leur conviction a-t-elle des allures de méthode Coué. Ou alors, ils ont de solides assurances sur la manière dont on va faire parler les chiffres et faire en sorte qu'ils tiennent la promesse du chef de l'État. L'opposition pouvait dès hier emboucher les trompettes du déclin, oubliant que, souvent, elle aussi a habilement mêlé baisse du chômage et hausse de l'emploi.
Le seul indicateur qui vaille est celui de la croissance annuelle et c'est poudre aux yeux de laisser croire que l'économie de notre pays tient en une statistique mensuelle du nombre de chômeurs. Sans une croissance autour de 1,5 %, on ne créera pas d'emplois. Avec notre actuel 0,2 %, on continue de détruire des postes. Le reste n'est qu'incantation continuelle depuis plus d'une décennie.
L'enjeu politique est fort pour François Hollande qui a martelé sa promesse très souvent jusqu'à en faire son engagement majeur du début de quinquennat. Et ce malgré la prévision de l'Insee d'une stagnation du chômage pour le premier semestre de l'année qui vient. Certes, nous avons sans doute touché le point bas, mais la remontée s'annonce lente, comme l'inversion de la courbe. Nos actuels 11 % de chômeurs nous renvoient aux pires moments des années 80 et font de la France l'homme malade de l'Europe. La séance de rattrapage de décembre est l'ultime bouée qui permettra au président de la République de faire bonne figure et de ne pas perdre un peu plus de crédibilité.
En répétant qu'il serait jugé sur sa capacité à lutter contre le chômage, François Hollande a, courageusement, pris un grand risque. Si le résultat est encore mauvais, il le paiera durement aux municipales et aux européennes. Un PS autour de 15 % aux européennes et, pire, devancé par le FN, ouvrirait une crise politique majeure et imposerait une dissolution.

Emploi aidé, emploi handicapé

Emploi aidé, emploi handicapé


La baisse du chômage est un objectif aussi louable qu’impératif. On ne peut que féliciter François Hollande d’en avoir fait l’étalon de son action. Mais le levier choisi - la multiplication des contrats aidés – est illusoire. Depuis plus de 30 ans, la droite comme la gauche privilégient ce «traitement social du chômage». Peut-être parce qu’il permet aux hommes politiques de se sentir comme des démiurges capables « d’inverser la courbe » de l'emploi à coup de subventions massives. Jacques Chirac l’a inventé, Lionel Jospin l’a développé, Nicolas Sarkozy s’y est rallié, François Hollande s’y est accroché comme à une bouée. Plus d’un demi-million de personnes auront, à un moment où un autre, bénéficié d’un tel contrat en 2013. Ce qui aura coûté au moins 3 milliards d’euros aux finances publiques. Pour quel résultat ? La France compte, encore et toujours, plus de 3 millions de chômeurs. Et l’Insee n'attend aucune amélioration de la situation de l’emploi au premier semestre 2014.
Ces contrats sont aussi coûteux qu’inefficaces. Et si on essayait une autre politique ? Par définition, un emploi aidé est un emploi pour lequel l’employeur reçoit une subvention publique, afin qu’il lui coûte moins cher. N’est-ce pas là l’aveu que le coût du travail en France est beaucoup trop élevé ? Plutôt que d’essayer en vain d’en effacer les symptômes, les politiciens de gauche comme de droite feraient mieux de s’attaquer aux racines du mal. Le remède est connu: pour diminuer le coût du travail, il faut réduire les charges des entreprises. Pour cela, il n’est nul besoin de subvention coûteuse, d’artifice comptable ou d’inventivité bureaucratique. Juste d’un peu de bon sens. Et si on faisait un vœu?

Ma liste de Noël


"la dictature du rire"

Nathalie Rheims a regardé l'émission "Complément d'enquête" de Benoît Duquesne sur "la dictature du rire", devenue symptôme de notre société malade.


Bizarre, bizarre. Normalement, la liberté en matière d'humour est le paramètre absolu de la démocratie. Moins on a le droit, dans un pays, de caricaturer, de se moquer, de rire, plus on se rapproche du modèle de la Corée du Nord, où, à l'évidence, ça ne plaisante pas. Pourtant, jeudi soir, sur France 2, Benoît Duquesne se lançait courageusement dans un Complément d'enquête particulièrement "casse-gueule" sur "la dictature du rire", suivi, il faut le souligner, par deux millions de téléspectateurs intrigués par ce sujet.
Cette interrogation prolongeait quelques expressions de "ras-le-bol" venant de personnalités inattendues sur un tel sujet comme celle deFabrice Luchini dénonçant une certaine "tyrannie du rire obligatoire" ou Jean-Louis Borloo qui, tout simplement, n'en peut plus. Le sujet était particulièrement difficile à traiter, car tous les Français sont très attachés à cette liberté fondamentale, et leur besoin d'humour et de mise à distance est d'autant plus grand que la période qu'ils traversent est pénible.
Il n'est donc pas surprenant que tous les médias se lancent dans une compétition acharnée pour exploiter le filon des talents singuliers des "faiseurs de vannes" qui tend, depuis quelques années, à devenir une véritable industrie, particulièrement rentable. De ce côté-là, le redressement productif fonctionne très bien, merci. Des reportages très intéressants permettent de découvrir les équipes d'auteurs, payés au mot qui déclenche les rires, autour ou derrière nos "stars du LOL".
Cette expression, qui s'est imposée comme un symptôme au cours de la dernière décennie, n'évoque-t-elle pas certaines de ces dérives qui finissent par saturer l'espace médiatique ? Les trois mots anglais qui la forment, Laughing Out Loud, ne traduisent-ils pas ce que pointait Luchini et qui rend le rire si lourd là où l'on aurait besoin de sa légèreté ?

"Contre-pouvoir"

Bien sûr, des hommes politiques aguerris comme Jean-Pierre Raffarin ne pouvaient que relativiser les choses en expliquant que les humoristes d'aujourd'hui n'avaient rien à envier en méchanceté aux chansonniers et caricaturistes d'autrefois. Mais justement, si le "message" de l'humour n'a pas changé, on peut se demander si le changement du "médium" ne finit pas par produire des effets inverses de ce que l'on attend. À l'époque des chansonniers, qui se produisaient sur une scène devant quelques centaines de spectateurs, on avait bien affaire à un "contre-pouvoir". On pouvait toujours lire, chaque semaine dansLe Canard enchaîné, "la cour" où de Gaulle était présenté en Roi-Soleil, il n'y avait pas de confusion possible entre "le pouvoir", d'un côté, et le "contre-pouvoir", de l'autre.
C'est bien sur cette inversion des genres que porte la question aujourd'hui. La vanne et la caricature étant devenues la matière première principale de toute médiatisation, leur "force de frappe" écrase toute tentative de faire passer quelque message que ce soit. Rien, aucun discours, aucun message, ne peut résister à l'image de Hollande en Père Noël coincé dans la cheminée ou de sa simple gestuelle incarnée par Laurent Gerra, car c'est ce qu'on finit par attendre et par voir sur toutes les chaînes, même les plus sérieuses. Il faut ajouter à cela que la plupart des médias, ayant pris conscience de cette "force de frappe", ont appris à utiliser ces nouvelles formes d'humour non plus comme des "contre-pouvoirs", mais comme des instruments idéologiques de pouvoir direct, militants, qui en font désormais le "premier pouvoir".