TOUT EST DIT

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jeudi 31 octobre 2013

Le souk de l’horreur

Le souk de l’horreur


Quel est le prix d’un homme ? La question peut paraître monstrueuse. Elle est pourtant au cœur des prises d’otages et de l’inévitable marchandage mené pour les libérer.
Officiellement, la France refuse de céder au chantage. Officieusement, on ne parle pas de rançon, mais de « dédommagements » versés aux intermédiaires. Les entreprises qui se substituent aux États pour arracher leurs employés aux mains des terroristes demeurent, elles aussi, discrètes. Il ne faut pas inciter d’autres clans à capturer nos ressortissants.
La France pourrait donc avoir payé le ticket de la liberté de ses quatre ressortissants. Elle a également usé de la force en intervenant au Mali. L’opération Serval a désorganisé le souk de l’horreur monté par les islamistes. Mélange de truands et d’illuminés, ces hommes sont une menace permanente, dans le désert comme en France. Du Nigeria à la Syrie, ils combattent la civilisation pour imposer l’obscurantisme. La prise d’otages occidentaux est une tactique, comme la bombe humaine ou la voiture piégée.
François Hollande, comme ses prédécesseurs, utilise la force quand il le peut. Sinon, il doit bien négocier au nom d’une société, la nôtre, où la vie d’un homme est sacrée. Malheureusement, le camp d’en face n’attache aucun prix à la vie humaine, sauf si celle-ci permet de trouver l’argent pour s’armer. Dès lors, si cette libération est une victoire de la démocratie, elle aurait un goût amer s’il s’avérait qu’une rançon a été versée.
La présence de quatre otages français en Syrie illustre ce piège. Leur calvaire est bel et bien la preuve que l’obscurantisme d’une partie de l’opposition n’a rien à envier à la violence du régime. Les journalistes occidentaux sont soit des gêneurs, soit une monnaie d’échange. Paris a tout intérêt à bien choisir ses amis, pour ne pas se mettre, une fois de plus, en position de faiblesse.
Reste, évidemment, à espérer que nous serons un jour en capacité de présenter à notre tour la note aux ravisseurs. Cela a commencé au Mali. La traque n’est pas finie, et il serait bon de faire comprendre aux terroristes qu’ils encaisseront autre chose que des euros à force de menacer la France.

"Sur le plan technique la taxe à 75% est mauvaise, tout le monde le sait, y compris François Hollande"

POINT DE VUE - Les patrons des clubs menacent de faire grève contre l'application de la taxe à 75%. Jean-Michel Aphatie revient sur cette nouvelle fiscalité des entreprises.
Les patrons des clubs de football français vont rencontrer ce jeudi François Hollande. Ils menacent de faire grève contre la taxe à 75% qui concerne de nombreux clubs. Mais l'exécutif affiche une grande fermeté à ce sujet

Selon Jean-Michel Aphatie, "on n'a jamais vu dans l'histoire fiscale une seule taxe faire passer un club d'une situation bénéficiaire à une situation déficitaire". Avant d'ajouter, "sur le plan technique, la taxe est mauvaise, tout le monde le sait, y compris François Hollande".

"Sur le plan technique la taxe à 75% est... par rtl-fr

    Inquiétude à la Banque de France sur la hausse du nombre de billets en circulation : les Français basculent dans le black


    Moins de crédits, moins de virements, moins de chèques et plus de billets de banque : les fonctionnaires de la Banque de France ont noté une augmentation anormale de la circulation des billets en France.
    Des billets de 50 euros et 20 euros passent de la main à la main comme jamais. Ce qui a obligé la Banque de France à en faire imprimer beaucoup plus qu'auparavant. Environ 20% de plus pour répondre à la demande des agents de l’économie. La demande primaire vient des banques dont les DAB (distributeurs automatiques de billets) doivent être réapprovisionnés plus souvent dans la semaine. Le cash circule de plus en plus. Pour tous les économistes c’est évidemment le premier marqueur de développement d’une économie souterraine, d’un marché noir. L’évolution est particulièrement évidente dans le commerce de détail, dans la distribution de carburant, dans la restauration, la réparation automobile ou encore le bâtiment.
    Les Français étaient pourtant ceux qui avaient, depuis dix ans, adopté le plus les moyens de paiement électronique en Europe. La carte de paiement et l’ordre de virement avaient pris des parts de marchés et supplantés la monnaie papier, le chèque et les billets de banques. La politique commerciale des banques a certes beaucoup dissuadé les clients d’utiliser les chèques au profit des moyens de paiement direct ; mais la crise qui, en 2008, a cassé la confiance dans les banques a redonné aux billets une place importante. Une fois la confiance rétablie, l’usage de la monnaie n’a pas décru au contraire.
    La raison en est très simple. Les Français se sont mis au cash pour échapper à la pression fiscale. Alors que les riches avaient les moyens de se payer des spécialistes pour faire de l’optimisation fiscale ou la possibilité de s’exiler sous d’autres cieux, une partie de la classe moyenne et modeste a renoué avec le travail au noir ou le troc. Il faut dire que les facteurs qui encouragent le «black» se sont multipliés.
    Le premier catalyseur du travail au noir a été la suppression de l’exonération de la fiscalité sur les heures supplémentaires. Cette mesure a mis dans l’embarras près de 3 millions de salariés qui ont vu leur feuille de paie rabotée de quelques centaines d’euros et leur feuille d’impôt grossir. Ceux qui ont pu, ont travaillé au noir. D’autant qu'au même moment, le statut des auto-entrepreneurs s’est retrouvé menacé et amputé. Le principe des heures supplémentaires et le statut de l'auto-entreprise avaient eu le mérite de "blanchir" une grande partie du travail au noir qui avait alors perdu de son intérêt. La suppression de ses mesures a redonné le goût et l’envie de dissimuler des activités. L’augmentation de tous les impôts a fait le reste.
    Parallèlement, une partie des activités d’entretien de logements et de bâtiments, d'entretien des voitures, où la culture du travail au noir était déjà forte, sont retombées dans l’ombre du travail officiel pour échapper à la TVA et aux charges sociales. Enfin, le développement des sites internet de vente de produits d’occasion du type eBay ou Le Bon Coin, ou même des sites de co-voiturage et de colocation, ont évidemment favorisé la multiplication de transactions hors TVA et fait basculer une partie de l’activité économique dans une zone d’ombre où l’État trop gourmand n’a pas d’accès.
    A l’origine de ce mouvement, il y a évidemment le matraquage fiscal qui touche désormais toutes les couches de la population, mais il y a aussi le manque de sécurité économique et l’instabilité de l’écosystème dans lequel on travaille. En 2009 et 2010, les trois économies européennes les plus fragiles, l’Espagne, l’Italie et surtout la Grèce carburaient pour l’essentiel au cash et très souvent avec des petites coupures. Ni les chèques, ni les cartes bancaires n’étaient acceptées chez les commerçants ou les artisans. En fait, les économies de l’Europe du Sud regorgeaient de liquidités sous forme de billets de banques. Ce qui a posé, d’ailleurs, des problèmes de sécurité aux commerçants.
    La France d’aujourd’hui n’est pas dans la situation de la Grèce en 2009 ou de l’Italie avant l’arrivée de Mario Monti. Il y a cependant des symptômes qui montrent le trouble grandissant du corps social. Les banques ont parfaitement mesuré ce phénomène. La Banque de France devrait publier des statistiques très prochainement, mais Bercy sait très bien que si l’impôt ne rentre pas, ou mal, c’est parce que l’activité est faible mais aussi parce qu’une partie de cette activité est volontairement dissimulée pour échapper à la pression fiscale.
    Pourquoi les riches seraient-ils les seuls à pouvoir se protéger ? Le travail au noir c’est la façon soft que la classe moyenne emprunte pour échapper au carcan fiscal, dans tous les pays, à toutes les époques. Quand la fiscalité devient confiscatoire, le contribuable s’enfuie ou il peut. «Les hauts taux tuent les totaux » disait Laffer. Les Français n’ont désormais plus confiance dans l’euro ni dans leur gouvernement.

    "Cabinet noir" de l'Élysée : autopsie d'un faux scoop

    Le prétendu "cabinet noir" de l'Élysée est une manipulation grossière sur la foi d'un témoignage fragile. Explications.


    Ainsi donc Valeurs actuelles croit débusquer un "cabinet noir" à l'Élysée qui conspirerait contre Nicolas Sarkozy. L'hebdomadaire se fonde sur le témoignage de Bernard Muenkel qui affirme avoir refusé de livrer à son supérieur les archives du quinquennat Sarkozy alors qu'elles étaient requises par la justice. Où est le scandale ? De quel "cabinet noir" parle-t-on ? Ne pas déférer à une injonction de la justice est une faute... L'Élysée de François Hollandese serait mis en tort de ne pas répondre aux sollicitations des juges.
    Bernard Muenkel, présenté comme "le chef du service informatique", a été recruté en 2011, sous l'ère Sarkozy. C'est un agent contractuel dont le contrat court jusqu'en mars 2014. Il se dit "au chômage" après son arrêt maladie. "C'est faux ! Il est toujours en arrêt maladie et continue d'être payé", rétorque l'Élysée. Les réquisitions des juges, notamment dans l'affaire Tapie, listaient en annexe une série de noms à propos desquels les magistrats cherchaient des informations. Pense-t-on sérieusement que Nicolas Sarkozy est assez bête pour laisser, dans ses propres archives informatiques - celles qu'il a lui-même confiées aux Archives nationales - des traces compromettantes de ces agissements supposés ? N'insultons pas l'intelligence de l'ancien de chef de l'État, à supposer qu'il ait réellement quelque chose à cacher dans l'affaire Tapie.
    Les magistrats ont également réclamé le relevé des entrées et sorties de l'Élysée. Surprise de la présidence Hollande : les gendarmes qui gardent le palais ont consigné toutes les entrées et sorties de l'Élysée depuis... 1981 ! Les registres n'ont jamais été détruits. Les juges ont donc obtenu tous les renseignements souhaités. "La conservation de ce registre au-delà de six mois est manifestement illégale, mais ce n'est pas de notre fait. La responsabilité en incombe à nos prédécesseurs", précise le secrétariat général de l'Élysée, qui a depuis fait détruire lesdits registres et écrit à la Cnil à titre de consultation juridique pour l'avenir.

    Pourquoi les fumeurs fument-ils?

    Pourquoi les fumeurs continuent-ils de fumer ? Certainement pas par ignorance des dégâts que cela cause à leur organisme, ont conclu Eyal Ert et Eldad Yechiam, deux chercheurs israéliens qui ont publié les travaux de leur recherche dans le New York Times. Les fumeurs sont en général plus téméraires que les non fumeurs : ils sont plus souvent impliqués dans des accidents de la circulation, ils ont tendance à moins porter la ceinture de sécurité et ils sont plus susceptibles de s’engager dans des comportements sexuels risqués. Les fumeuses se soumettent moins souvent à la mammographie que leurs semblables non-fumeuses. Mais les deux scientifiques ont prouvé que le comportement du fumeur n’était pas lié à cette plus grande capacité à prendre des risques, mais plutôt à leur manque de maitrise de soi. Les fumeurs seraient moins capables de différer leur satisfaction dans le temps et de respecter une perspective de long terme.
    Ert et Yechiam sont venus à cette conclusion lorsqu’ils ont soumis des fumeurs et des non-fumeurs à « l'Iowa gambling task», durant laquelle les joueurs doivent tirer des cartes provenant de 4 jeux de cartes qui leur attribuent des gains ou des pertes potentielles, dans le but de remporter le plus de points possibles. Dans 2 des jeux, les gains et les pertes potentielles sont élevés, et conduisent à des pertes de long terme. Dans les deux autres jeux, les pertes et les gains sont plus modérés, et conduisent à un gain potentiel de long terme. Normalement, la plupart des participants comprennent vite quels sont les jeux de cartes bénéficiaires pour eux, et ils finissent par ne plus tirer de cartes que de ces paquets.
    La première expérience a montré que les fumeurs n’avaient pas de préférence pour les cartes des jeux risqués, et que leur comportement ne différait guère de celui des non-fumeurs dans ce domaine, contrairement aux consommateurs réguliers de cocaïne et de cannabis. Ceci indique que les fumeurs ne sont pas plus disposés à prendre des risques que les autres.
    Les chercheurs ont donc introduit une variante : ils ont créé un jeu de cartes dont 9 cartes sur 10 comportaient de gros gains, la 10ème carte étant une carte de perte très importante (plus satisfaisant sur le court terme). Un second jeu offrait des pertes bien plus faibles, mais aussi plus fréquentes. Ils ont constaté que les fumeurs choisissaient 1,5 fois plus souvent la gratification immédiate que les non-fumeurs.
    Les scientifiques en déduisent que les fumeurs continuent à fumer non pas parce qu’ils apprécient la prise de risque en tant que telle, mais en raison de leur faible pour les activités qui leur apportent du plaisir à court terme, même si elles peuvent avoir des conséquences dommageables à long terme.
    Il en découle une stratégie pour aider les fumeurs à arrêter de fumer : créer un inconvénient de court terme au tabagisme, en interdisant par exemple de fumer dans les locaux publics pour aider les fumeurs à avoir une meilleure volonté.

      Répit

      Répit


      Il ne faut pas s'y tromper : c'est un salutaire mais court moment d'union nationale qu'aura autorisé, hier soir, l'annonce de la libération des quatre otages Français d'Areva au Niger. Un court moment de répit, aussi, pour François Hollande, opportunément réinstallé dans sa vraie fonction. Événement providentiel, pourrait-on dire, après une journée calamiteuse. Mais ce serait ramener cet épilogue heureux à une triviale dimension politicienne. Laissons plutôt les familles des otages à leur joie après trois années de calvaire. Et refusons donc les insinuations malveillantes tout comme le gouvernement doit se garder d'un trop ostensible contentement.
      D'abord parce qu'il demeure beaucoup de flou et de secret autour des conditions (financières ou autres) de la libération des otages pour laisser place à une célébration béate. Ensuite parce que d'autres Français sont encore détenus. Cela ne doit pas empêcher de souligner que l'attitude de fermeté de François Hollande à l'égard des ravisseurs d'AQMI a… payé.
      Il ne fait pas de doute que sera souligné le contraste entre ce président inflexible à l'extérieur et irrésolu à l'intérieur. Il n'est pas totalement injustifié même si l'on doit éviter la caricature. En témoigne le recul sur l'écotaxe. Là aussi, personne ne devrait vraiment crier victoire. La droite qui avait voté l'écotaxe et la gauche à qui il incombait de la mettre en 'uvre ont manqué à un devoir de responsabilité face à l'avenir. Il n'y a pas lieu de s'en réjouir. Tout cela est révélateur d'une fragilité préjudiciable à l'image du pays. Jean-Marc Ayrault a pris la seule décision qui s'imposait. En fait, la seule décision qui n'en soit pas une, puisqu'elle repousse le problème. Une autre forme de répit.
      Qu'une partie des Bretons ait troqué le chapeau rond pour le bonnet rouge des ancestrales révoltes, ne changera rien. Même la suppression définitive de l'écotaxe ne résoudrait pas les problèmes économiques de la région. Reste que la crainte de nouvelles violences a fait reculer le pouvoir. Un signe de faiblesse en démocratie.

      Le coûteux recul sur l’écotaxe


      Face à un climat de jacquerie fiscale de plus en plus menaçant, Jean-Marc Ayrault a donc suspendu mardi l’application de l’écotaxe sur l’ensemble du territoire pour une durée indéterminée. Réclamant sa suppression pure et simple, ses opposants bretons restent néanmoins mobilisés et maintiennent leur manifestation samedi à Quimper.
      A l’issue d’une réunion avec des élus bretons et les ministres concernés, le Premier ministre a dit vouloir se donner le temps nécessaire d’un « dialogue » au niveau national et régional sur cette nouvelle taxe typiquement technocratique, décidée en 2009 par la précédente majorité et votée alors à l’unanimité par l’UMPS. Invention du Grenelle de l’environnement mis en place à l’initiative de Sarkozy et Borloo, elle avait déjà été reportée deux fois. En visant à inciter les entreprises à utiliser des modes de transport des marchandises moins polluants, elle devait rapporter plus d’un milliard d’euros par an. C’est aujourd’hui ce que risque de payer l’Etat s’il met fin au contrat conclu avec la société italienne (sic) chargée de sa collecte, dont 800 millions à payer sans délai et sans résultat… Vous avez dit « gabegie » ?
      D’autant que cette reculade n’est pas la première dans une suite de réformes fiscales toutes plus mal gérées les unes que les autres (de l’affaire des « pigeons » à celles de la TVA et des comptes d’épargne).« Par-delà l’incohérence économique, l’amateurisme juridique et le fanatisme spoliateur, il y a une chose à retenir de ce nouveau “couac” du gouvernement. C’est que nos protestations peuvent le faire reculer », retient Guillaume de Thieulloy dans Les 4 Vérités. Tandis que Raymond Couraud de L’Alsace ironise : « Le char de l’Etat fonctionne avec une boîte de vitesse révolutionnaire : une marche avant et six marches arrière, sans oublier le point mort. » Sarkollande !
      « Suspension n’est pas suppression », a précisé Ayrault comme signal au partenaire écologiste qui redoutait une disparition pure et simple de cette taxe sur les poids lourds de plus de 3,5 tonnes. Pour le secrétaire national d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) Pascal Durand, cette décision « ne va résoudre en rien les problèmes que rencontre la Bretagne ». Pour autant, la coprésidente du groupe à l’Assemblée, Barbara Pompili, a clairement exclu une sortie du gouvernement, dont son parti reste « partenaire ». Malgré les postures critiques, de l’UMP à EELV, tous sont finalement solidaires du même système libéral-socialiste de racket fiscal, sans bien savoir que faire d’autre.
      « Cette taxe Sarkollande doit maintenant être jetée aux oubliettes », a déclaré plus judicieusement Nicolas Dupont-Aignan. Qui ajoute : « Oui au pollueur-payeur. Mais taxons le vrai pollueur ! Et les vrais pollueurs ce sont les produits importés à bas coût. » « Il y a un énorme problème démocratique dans la manière dont le gouvernement a cru pouvoir signer une clause de résiliation, avec cette société, de 800 millions d’euros », a estimé pour sa part Marine Le Pen, également pour la suppression de ce prélèvement : « C’est une taxe mauvaise dans sa conception et ses conséquences, qui intervient au moment où les Français n’en peuvent plus et où les entreprises sont en très grande difficulté, particulièrement celles de l’agro-alimentaire qui vivent un dumping social très féroce. »

      Culture Histoire Bonnet rouge et Gwenn ha Du

      Les troubles récents montrent que les Bretons veulent avoir leur mot à dire dans l'administration de leur territoire. Patrick Mahé remonte l'histoire.


      Deux symboles pour une manif sans précédent : le bonnet rouge et le Gwenn ha Du. Ainsi se définit pour Quimper, samedi, le "kit" du Breton en colère. Du bonnet rouge, seuls les Bretons, ou presque, connaissaient l'histoire. Aujourd'hui, par la grâce de la société médiatique, elle a fait la ronde des journaux télévisés toutes chaînes confondues. Bien des dîners, en famille, ont tourné à l'explication de texte.
      On est en 1675. Louis XIV rayonne en Roi-Soleil et bataille contre les Provinces-Unies (les Pays-Bas). La Bretagne jouit encore d'une autonomie, concédée par l'Acte d'Union à la France, signé à Vannes en 1532. Seuls les États de Bretagne ont alors le droit de prélever l'impôt. Ses richesses, à l'époque d'un duché florissant, ne sont plus que souvenir ; celui d'un passé qui fut grand... En grand argentier et pionnier du centralisme administratif, Colbert l'assomme de taxes au point de frôler l'inquisition fiscale, n'ayant cure, au passage, de violer l'esprit et la règle du traité d'Union. Chaque époque a sa goutte d'eau. Aujourd'hui "l'écotaxe" ; hier, "le papier timbré". Quand tombe l'édit imposant une nouvelle taxe destinée à authentifier les actes judiciaires, la Bretagne se sent bafouée. L'indignation se fait insoumission. Le jeune Sebastian Ar Balp, notaire en Nord-Finistère, rameute soldats de fortune et paysans pour faire marche sur le château du gouverneur du roi, le duc de Chaulnes.

      Versailles envoie 6 000 hommes

      Le reste est connu de tous désormais : la répression s'abat sur la Bretagne et, notamment, la Basse-Bretagne, dont la tête granitique forme fin de terre (Penn Ar Bed) face à l'océan. Le Léon, au nord (vers Saint-Pol et Carhaix), la Cornouaille au sud (Quimper), le pays Bigouden (de Penmarc'h à Pont-l'Abbé) formant le Finistère des temps modernes, subissent, des mois durant, une impitoyable répression. Versailles envoie six mille hommes, dont trois cent cinquante mousquetaires et les redoutables gardes suisses. On pend les rebelles aux chênes, condamne les prisonniers aux galères, pille hameaux et paroisses et l'on décapite les clochers au canon ! Comme toujours, de révoltes en jacqueries, perdant jusqu'à ses privilèges à la Révolution, la Bretagne saura panser ses blessures. Mais... quand celles-ci se réveillent, Versailles hier, Paris aujourd'hui, s'inquiètent de voir le vent de fronde tourner tempête.
      Il a suffi d'une distribution de bonnets de laine pour raviver la mémoire des Bonnets rouges. Une idée insolite de Thierry Merret, leader finistérien de la FDSEA, le syndicat agricole, très érudit, on l'a vu, en matière de culture bretonne. Avec Jean-Guy Le Floc'h (Armor-Lux), il ne pouvait trouver une oreille plus attentive. L'industriel de Quimper aux célèbres marinières, hier vantées par Arnaud Montebourg au nom du "made in France", est connu pour ses sentiments bretons affirmés. Il n'est pas le seul, puisque "produit en Bretagne" (350 entreprises), qui affiche vingt ans d'avance sur le "made in France", avait déjà sonné le tocsin en lançant un vibrant "Appel du 18 juin" contre l'écotaxe.
      Du mot de Colbert lui-même : "L'art de l'imposition consiste à plumer l'oie pour obtenir le plus de plumes avec le moins de cris possible", Jakez Bernard, président de Produit en Bretagne, plaça le débat au-delà même de l'indignation bretonne : "Puisse le combat servir le bien commun de toutes les régions." Après avoir démontré pourquoi l'écotaxe est injuste : "Plus on est loin, plus c'est cher" (Brest est à 8 ou 9 heures de route de Paris), il renvoya Montebourg à son "made in France" dont les produits peuvent cumuler jusqu'à six fois la pénalité contre une fois seulement pour les produits importés...
      Mais au-delà de l'écotaxe, la révolte a pris une autre dimension désormais. En fixant au simple bonnet rouge et au drapeau Gwenn ha Du le fameux "kit" de la manif à Quimper, la Bretagne se mobilise pour un avenir salutaire et solidaire. Et ne renie rien de son passé. Le bonnet rouge, on l'a vu, c'est le symbole de la jacquerie paysanne. Le Gwenn ha Du (blanc et noir, en français), celui de l'identité bretonne.

      209 ans après son exécution, on honore toujours Cadoudal

      Bien des révoltes ont jalonné l'histoire du peuple breton. Il est loin le temps où Alan Al Louarn, premier duc de Bretagne, repoussa les Vikings sur la Loire en 937 et fixa sa capitale à Nantes. Loin celui où le roi Nominoë (IXe siècle) fit l'unité bretonne à Ballon, aux portes de Redon, et y défit les archers francs. Lointaine époque que celle des ducs Jean IV et Jean V qui donnèrent sa prospérité au duché, convoité par les armes entre la cour d'Angleterre et le royaume de France. La défaite de Saint-Aubin du Cormier (1488) eut pour conséquence d'obliger l'héritière du duché à épouser le roi de France. Ainsi Anne de Bretagne devint-elle deux fois reine, tout en sauvegardant son statut de duchesse. L'Acte d'Union signé à Vannes, en 1532, n'était pas acte de soumission. C'est en constatant la violation des privilèges d'autonomie que Sebastian Ar Balp, en 1695, mena sa révolte contre "le papier timbré". En se battant pour la souveraineté bretonne à restaurer que le marquis de Pontcallec fut décapité, en 1720, à Nantes. En rêvant d'une République bretonne, inspirée de la guerre d'indépendance américaine (qu'il avait vécue), que le marquis de La Rouërie rejoignit la chouannerie en Morbihan. Son frère d'armes, le général Cadoudal, est toujours honoré - on vient d'édifier un monument à sa mémoire - 209 ans après son exécution. Des places de village ou des rues portent son nom...
      Deux cents ans ici, pour Cadoudal, trois cent trente-huit pour les Bonnets rouges... Et bientôt cinq cents ans pour la duchesse Anne. Oui, cinq cents ans, depuis sa disparition. Le 9 janvier 2014, Nantes et Vannes lanceront le timbre officiel à son effigie... La Bretagne a connu bien des sursauts, soubresauts, drames et tragédies - l'agonie de l'armée de Bretagne au camp de Conlie près du Mans, en 1870, d'éphémères soulèvements (FLB "Front de libération" dans les années 70) - et elle subit toujours l'amputation du pays nantais scellée initialement en 1941 (décret-loi Pétain-Darlan), puis actée par la réforme régionale. Illusions régionalistes, aspirations autonomistes, errements séparatistes, ont jalonné son histoire, sans jamais altérer son esprit.

      L'affirmation de son identité n'est pas une innocente valeur

      La Bretagne n'oublie rien de son passé tumultueux ni des espérances trahies. Il n'est que de feuilleter les paroles des airs populaires chantés en Bretagne dans les fêtes de nuit qui portent le joli nom de "Fest-noz" pour comprendre qu'elle y brasse les époques et les genres dans un registre commun. "An Alarc'h" (le cygne) du grand harpiste Alan Stivell n'est autre qu'une ode au duc Jean IV, revenu d'Angleterre, tandis que ses sujets, en liesse, se précipitaient sur les côtes pour guetter sa voile blanche. "Bale Kadoudal" loue la chouannerie en pays d'Auray et fait la joie des sonneurs de cornemuses. "Kan bale an ARB" est hymne à la souveraineté, signée à Glenmor. "La blanche hermine", unissant "marins, ouvriers et paysans", semble préfigurer la manif de Quimper avec... quarante ans d'avance !
      Dans une Europe où les peuples minoritaires frappent à la table d'hôte, comme l'Écosse aujourd'hui, l'identité, la langue, la culture, ne sont pas d'innocentes valeurs. Le Gwenn ha Du, frappé des hermines du duché, flotte parmi les Bonnets rouges de la révolte paysanne, supplantant la loi des partis traditionnels. À se moquer de la spécificité bretonne, on joue avec la résistance des Bretons. Pour le peuple breton, vanté pour sa droiture, ses valeurs, son sens du travail bien fait et son esprit civique, la mise en place de l'écotaxe - aujourd'hui ajournée au profit de toutes les régions - sans discernement du caractère géographique de la péninsule armoricaine sonnait comme un nouvel acte de soumission.
      Il n'y a pas d'octroi ni de péage sur les routes bretonnes, car l'éloignement coûte (très) cher. Certains font remonter cet usage aux derniers privilèges hérités d'Anne de Bretagne. La réalité repose surtout sur le plan routier décrété par De Gaulle dans les années soixante. La révolte contre l'écotaxe, ajoutée aux drames de l'emploi aujourd'hui en Bretagne, signifie aussi que les Bretons veulent avoir leur mot à dire dans l'administration de leur propre territoire.
      Faut-il, ici, finir en chanson ?... Si oui, il en est une qui ramène encore - et toujours - à Anne de Bretagne. Pas une ritournelle, moins encore une berceuse... Elle est de Gilles Servat, qui composa "La blanche hermine", sur la nappe de Ti Jos, pub breton à Montparnasse. Là encore, rien d'innocent sous "le poids des mots" qui se révèlent prémonitoires encore :
      "Dans le malheur et la peine
      Duchesse Anne devint reine
      Croyant que la royauté
      Sauverait son beau duché (...)
      (...) Bientôt ce fut le pillage
      De nos villes et villages
      Le Breton avait bon dos
      Pour payer deux fois l'impôt (...)
      C'est pas ça qu'elle a voulu
      Kaoc'h ki gwen ha kaoc'h ki du..."
      NDLA : "Kao'ch ki gwen" (merde de chien blanc !)
      "Kaoc'h ki du" (merde de chien noir !).
      Une autre manière de porter le bonnet rouge...

      QUAND FRANÇOIS HOLLANDE SIGNAIT DES PÉTITIONS POUR LE TRAVAIL DU DIMANCHE…


      L’affaire date de 2010. À l’époque, François Hollande habite le 15e arrondissement. Il est alors le client régulier de la droguerie Zola Color, une institution de plus de 60 ans. Jean Cremer, le responsable de l’entreprise familiale se souvient encore d’une pétition signée par ses clients pour que son magasin puisse continuer à ouvrir le dimanche. Pendant une semaine, il recueille près d’un millier de signatures. Parmi elles, celle du chef de l’Etat actuel.

      M. Cremer aurait même conservé une photo où le dirigeant socialiste pose avec les employés du marchand de journaux pour défendre le travail dominical.

      À l’heure où l’enseigne Castorama a été de nouveau autorisée à ouvrir le dimanche, l’affaire peut faire sourire. Pour ce qui est du commerce du quartier Charles-Michels à Paris, il a été condamné en 2011 à payer des centaines d’euros d’amendes pour chaque employé. Les syndicats CGT, FO et CFDT ont quant à eux réclamé des dommages et intérêts de 200 000, « sans même qu’un de ses employés ne soit syndiqué », explique le patron au Monde.

      mercredi 30 octobre 2013

      Inquiétude à la Banque de France sur la hausse du nombre de billets en circulation : les Français basculent dans le black


      Moins de crédits, moins de virements, moins de chèques et plus de billets de banque : les fonctionnaires de la Banque de France ont noté une augmentation anormale de la circulation des billets en France.
      Des billets de 50 euros et 20 euros passent de la main à la main comme jamais. Ce qui a obligé la Banque de France à en faire imprimer beaucoup plus qu'auparavant. Environ 20% de plus pour répondre à la demande des agents de l’économie. La demande primaire vient des banques dont les DAB (distributeurs automatiques de billets) doivent être réapprovisionnés plus souvent dans la semaine. Le cash circule de plus en plus. Pour tous les économistes c’est évidemment le premier marqueur de développement d’une économie souterraine, d’un marché noir. L’évolution est particulièrement évidente dans le commerce de détail, dans la distribution de carburant, dans la restauration, la réparation automobile ou encore le bâtiment.
      Les Français étaient pourtant ceux qui avaient, depuis dix ans, adopté le plus les moyens de paiement électronique en Europe. La carte de paiement et l’ordre de virement avaient pris des parts de marchés et supplantés la monnaie papier, le chèque et les billets de banques. La politique commerciale des banques a certes beaucoup dissuadé les clients d’utiliser les chèques au profit des moyens de paiement direct ; mais la crise qui, en 2008, a cassé la confiance dans les banques a redonné aux billets une place importante. Une fois la confiance rétablie, l’usage de la monnaie n’a pas décru au contraire.
      La raison en est très simple. Les Français se sont mis au cash pour échapper à la pression fiscale. Alors que les riches avaient les moyens de se payer des spécialistes pour faire de l’optimisation fiscale ou la possibilité de s’exiler sous d’autres cieux, une partie de la classe moyenne et modeste a renoué avec le travail au noir ou le troc. Il faut dire que les facteurs qui encouragent le «black» se sont multipliés.
      Le premier catalyseur du travail au noir a été la suppression de l’exonération de la fiscalité sur les heures supplémentaires. Cette mesure a mis dans l’embarras près de 3 millions de salariés qui ont vu leur feuille de paie rabotée de quelques centaines d’euros et leur feuille d’impôt grossir. Ceux qui ont pu, ont travaillé au noir. D’autant qu'au même moment, le statut des auto-entrepreneurs s’est retrouvé menacé et amputé. Le principe des heures supplémentaires et le statut de l'auto-entreprise avaient eu le mérite de "blanchir" une grande partie du travail au noir qui avait alors perdu de son intérêt. La suppression de ses mesures a redonné le goût et l’envie de dissimuler des activités. L’augmentation de tous les impôts a fait le reste.
      Parallèlement, une partie des activités d’entretien de logements et de bâtiments, d'entretien des voitures, où la culture du travail au noir était déjà forte, sont retombées dans l’ombre du travail officiel pour échapper à la TVA et aux charges sociales. Enfin, le développement des sites internet de vente de produits d’occasion du type eBay ou Le Bon Coin, ou même des sites de co-voiturage et de colocation, ont évidemment favorisé la multiplication de transactions hors TVA et fait basculer une partie de l’activité économique dans une zone d’ombre où l’État trop gourmand n’a pas d’accès.
      A l’origine de ce mouvement, il y a évidemment le matraquage fiscal qui touche désormais toutes les couches de la population, mais il y a aussi le manque de sécurité économique et l’instabilité de l’écosystème dans lequel on travaille. En 2009 et 2010, les trois économies européennes les plus fragiles, l’Espagne, l’Italie et surtout la Grèce carburaient pour l’essentiel au cash et très souvent avec des petites coupures. Ni les chèques, ni les cartes bancaires n’étaient acceptées chez les commerçants ou les artisans. En fait, les économies de l’Europe du Sud regorgeaient de liquidités sous forme de billets de banques. Ce qui a posé, d’ailleurs, des problèmes de sécurité aux commerçants.
      La France d’aujourd’hui n’est pas dans la situation de la Grèce en 2009 ou de l’Italie avant l’arrivée de Mario Monti. Il y a cependant des symptômes qui montrent le trouble grandissant du corps social. Les banques ont parfaitement mesuré ce phénomène. La Banque de France devrait publier des statistiques très prochainement, mais Bercy sait très bien que si l’impôt ne rentre pas, ou mal, c’est parce que l’activité est faible mais aussi parce qu’une partie de cette activité est volontairement dissimulée pour échapper à la pression fiscale.
      Pourquoi les riches seraient-ils les seuls à pouvoir se protéger ? Le travail au noir c’est la façon soft que la classe moyenne emprunte pour échapper au carcan fiscal, dans tous les pays, à toutes les époques. Quand la fiscalité devient confiscatoire, le contribuable s’enfuie ou il peut. «Les hauts taux tuent les totaux » disait Laffer. Les Français n’ont désormais plus confiance dans l’euro ni dans leur gouvernement.

      PIERRE JEAN VAILLARD N'A PAS PRIS UNE RIDE

      MAI 1984

      Vous nous avez bien eus en Mai quatre-vingt un
      Avec vos sortilèges, vos rires et vos promesses.
      Vous vendiez du bonheur comme on vend du parfum
      Et oui, deux ans plus tard…vous nous bottiez les fesses.
      Le bon peuple de gauche caressait l’or des songes,
      Il le sait maintenant, ce n'’était que mensonges !
      Le chômage s’installe, le franc est chancelant,
      Le Dollar au Zénith, le Super à cinq francs.
      Le pays incrédule gît au sol, pantelant.
      Ah ! Ne claironnez plus vos avancées sociales,
      Nous sommes tous meurtris par vos ponctions fiscales.
      Votre grand argentier nous prend bien pour des cons
      En réclamant toujours et encore du pognon !
      Tout le monde est saisi par un affreux vertige,
      En cauchemar atroce devant nos caisses vides ;
      Expliquez-nous comment, vous avez en deux ans,
      Endetté ce pays pour plus de cinquante ans !
      Vous rabâchez sans cesse cet éternel refrain :
      C’est la faute à la droite, et aussi aux Ricains !
      Et tant que vous y êtes, pourquoi pas aux putains ?
      Il faut savoir, messieurs, quelquefois dans la vie
      Reconnaître ses torts, ses erreurs, ses oublis,
      Et non se réfugier dans un défi hargneux.
      Les vrais hommes publics sont francs et courageux.
      Nous allons sans détour et sans ambiguïté
      Vous servir tout de go, vos quatre vérités :
      Vous êtes des charlots, des guignols, des manants,
      Et votre chef débile, le triste « mythe errant » !
      Homme au visage pâle et au regard fuyant,
      Ce bouffon d'opérette qui trône à l'’Elysée
      Est de toute l'’Europe, devenu la risée !
      Arrêtez vos salades et vos propres mensonges,
      La coupe amère est pleine, elle va déborder.
      Halte là ! Ça suffit ! Foutez le camp, partez !
      Nous n'’aimons pas, Messieurs, passer pour des cocus,
      Et nous vous chasserons à coups de pied au cul !
                                                              Pierre Jean Vaillard

      Légitimité zéro : qui peut encore sauver la France du quinquennat perdu de François Hollande ?


      Avec seulement 26% de bonnes opinions, François Hollande est officiellement le président le plus impopulaire de toute la Ve République, et la contestation s'étend dans son propre camp. Dans une interview au Parisien, la sénatrice PS Marie-Noëlle Lienemann appelle à "un nouveau pacte majoritaire" et à "un Grenelle de l'ensemble des forces de gauche".

      Depuis  l'intervention ratée du président de la République dans l'affaire Leonarda, l'exécutif multiplie les reculades. Dernière en date, la suspension de l'écotaxe pour cause de fronde bretonne. La légitimité de l'exécutif semble profondément atteinte. A tel point que même dans les rangs socialistes on s'interroge sur les capacités du pouvoir en place. Dans ce contexte, qui pourrait être susceptible de reprendre la main politiquement ?

      Gérard Grunberg : Il faut rester prudent avant de parler de délégitimation. Le président est protégé par les institution de la Ve République. François Hollande restera président jusqu'à la fin de son mandat et bien que sa majorité soit divisée, je ne crois pas qu'il puisse être débordé par la gauche. L'exécutif a des cartes en main et les parlementaires qui n'ont pas tous envie de perdre les élections pourraient faire profil bas à l'approche des prochaines échéances électorales. François Hollande est donc le seul à pouvoir reprendre la main politiquement. Pour cela, il ne pourra pas attendre l'après élections européennes pour opérer un remaniement. Mais un remaniement n'aura de sens que si une ligne politique est clairement définie.
      Avec la difficulté actuelle à lire la politique du gouvernement, un changement de gouvernement ne servirait pas à grand chose. Le problème est de savoir si le président de la République veut vraiment affirmer sa ligne politique. Il a commencé à le faire sur la question de la réduction des déficits et de la compétitivité, sans oser l'appliquer durement. Le fait que cette ligne ne soit pas clairement tranchée au sein du Parti socialiste vient compliquer sa tâche. Mais l'augmentation des impôts devient insoutenable et le seul moyen de tenir les engagements de la France à l'égard de Bruxelles est de baisser les dépenses publiques, c'est à dire tailler dans les dépenses sociales. François Hollande doit avoir le courage de faire ce qu'aucun gouvernement n'a osé faire depuis 25 ans. La situation est objectivement très difficile et en particulier pour un gouvernement de gauche.  Toutefois, s'il se décide enfin à aller clairement dans ce sens, François Hollande pourra reprendre la main en commençant par recomposer son gouvernement en fonction de cette nouvelle ligne.
      Marc Crapez : En principe, vous avez raison, il y aurait urgence à reprendre la main politiquement mais, dans la pratique, les choses peuvent très bien continuer à vau-l’eau.François Hollande peut être tenté de s’évader sur la scène internationale. Car son impopularité record est amplifiée par la focalisation médiatique. N’oublions pas l’immense déception un an après l’élection de François Mitterrand. Ni celle qui régnait un an après l’arrivée de Nicolas Sarkozy au pouvoir. Et faut-il rappeler le pitoyable scénario qui suivit la première élection de Jacques Chirac (pays paralysé par une grève des transports et dissolution de l’Assemblée qui fit passer la gauche) ?
      Cette affaire Leonarda est sidérante. C’est un abaissement sans précédent de la fonction présidentielle. En comparaison, le fameux « Casse-toi, pauv’ con ! » de Sarkozy n’était qu’un propos « volé ». Pour revenir à l’actualité, il ne faut pas oublier qu’elle n’est qu’actualité, précisément. Des évènements qui ne sont pas tous historiques, et qu’un peu de sable efface. Une affaire chasse l’autre. Qui se souvient des récentes accusations gravissimes d’une ministre en exercice, Marie-Arlette Carlotti, contre sa rivale au 1er tour de la primaire socialiste à Marseille (clientélisme « à plein régime », avec « échanges d’argent » et « intimidation ») ?
      Éric Verhaeghe : Il faut reconnaître que Marie-Noëlle Lienemann n'y est pas allée par quatre chemins, mais elle a le mérite de mettre le doigt sur l'un des sujets de fond : François Hollande a instrumentalisé des thèmes de gauche auxquels il ne croyait pas pour se faire élire par une coalition de circonstance et mener une politique très différente de celle qu'il avait annoncée. Ce genre d'exercice de funambule est toujours très risqué, et là on sent bien que le Président a du mal à garder son équilibre sur son fil. Il doit être tenu pour personnellement responsable de cette déroute. 
      Mais celle-ci a le mérite de révéler un phénomène plus profond et plus complexe à appréhende r: l'affaiblissement du pouvoir central, et la montée des régionalismes, encouragés depuis des années par une décentralisation coûteuse, inefficace et mal comprise. La catastrophe finale pour la France serait que l'alternative politique vienne des élus locaux, ou de leurs mentors, les parlementaires, qui ne sont jamais, en France, que des élus locaux qui ont réussi. Nous avons mis des siècles à bâtir un pays qui tenait la route. On ne peut pas gâcher l'héritage en redonnant le pouvoir aux féodaux.

      Le style de François Hollande ne semble pas très adapté à la Ve République et certains observateurs le comparent même à un président du Conseil de la IVe République. Peut-on envisager un rééquilibrage du pouvoir en faveur du parlement  et une place plus importante accordée aux députés socialistes ?

      Gérard Grunberg : Encore faudrait-il que le parlement soit vraiment capable d'exercer son pouvoir parlementaire. Depuis trop longtemps, le parlement a été habitué a être asservi par le pouvoir exécutif. C'est une donnée qui est inscrite dans la culture politique française. Il faut du temps pour changer des rapports de force installés si durablement. Le renforcement du pouvoir parlementaire dépend des parlementaires eux-mêmes. Pas sûr qu'ils en aient la volonté ni la capacité. L'impression que donne François Hollande est de ne pas être capable d'imposer ses vues et de trancher en dernier ressort.Cela affaiblit l'action générale du gouvernement socialiste. Mais plus que la relation Président-Parlement,  le vrai problème demeure plutôt la relation entre le Président et le Premier ministre. Celle-ci a toujours été très complexe sous la Ve République. Quel est la marge d'autonomie du Premier ministre ? Peut-il être chargé de conduire lui-même une partie de la politique du pays ? Il faut trouver le bon équilibre, ce qui est toujours compliqué, car les textes eux-mêmes ne sont pas clairs sur cette question. 
      Marc Crapez : Je ne pense pas qu’un rééquilibrage en faveur du Parlement remédierait à la situation. Il a déjà eu lieu, du reste, avec la réforme institutionnelle sous Sarkozy. Quant à Hollande, son drame est qu’il ne veut mécontenter personne. Je l’ai comparé, en janvier 2012, à un "radical-socialiste de province sous la quatrième République. Il aime les tractations, sans faire de tractations, tout en en faisant… Il est de l’avis de celui de ses conseillers qui a parlé en dernier". En mai 2012, j’ai aussi évoqué "le style louis-philippard du nouveau locataire de l’Elysée".
      Par-delà les ridicules, ce qui est dramatique pour la France, c’est l’absence d’expérience ministérielle préalable du tandem exécutif et, je crois, sa nullité en économie. Comme je l’avais raconté, Hollande fut conseiller pour les questions économiques du parti socialiste de 1979 à 1983. Il fut donc actif durant la période dogmatique du PS. Et au moment de mettre en application le tournant du réalisme, il se déroba en devenant directeur de cabinet de deux porte-paroles successifs du gouvernement Mauroy, puis journaliste au Matin, un journal resté dogmatique.
      Éric Verhaeghe : Ce rééquilibrage existe déjà. Le gouvernement est très affaibli face à ses parlementaires. Il ne contrôle pas le Sénat, et les députés socialistes ont obtenu des quantités colossales d'amendements lors du débat budgétaire. Est-ce la bonne formule? 
      Si nous étions dans un système raisonnable et transparent, je dirais oui ! c'est-à-dire dans un système où les investitures aux élections législatives se font dans des conditions honnêtes, et dans la mesure où être élu député ou sénateur ne se transforme pas en élection à vie sur le modèle soviétique qui conduit par exemple un Bartolone à être élu sans discontinuer depuis 1981, en cumulant une multitude de mandats locaux.
      Parce que les partis politiques ne sont pas démocratiques, l'alternative parlementaire est dangereuse et à écarter. Il faut trouver des solutions plus respectueuses des intérêts et de la diversité du pays. 

      Alors que la tentation de fronde fiscale s'étend aux artisans et aux commerçants, la réponse à la crise passera-t-elle forcément par les politiques ? Comment la sphère privée pourrait-elle profiter de la situation ? Dans un pays où historiquement, l'Etat a toujours joué un rôle important, le monde de l'entreprise peut-il prendre le relai ?

      Marc Crapez : L’aspect positif est que le citoyen se réapproprie des questions qui le regardent. Internet favorise d’ailleurs de libres associations et la prise de conscience que ces regroupements peuvent avoir de l’écho. Le monde de l’entreprise se retrousse aussi les manches, sans attendre que l’Etat sorte de sa torpeur. Des chaînes dispensent, par exemple, des formations qui pallient les carences de l’éducation nationale et de la formation professionnelle. Quant à l’université, l’inculture et la politisation de l’universitaire de base est devenue effarante. Comme pour les retraites, il faudrait une deuxième réforme pour hisser le système au même stade que celui de nos voisins. Sans quoi, comme pour les retraites, il y aura un effet de bascule vers le privé.
      Éric Verhaeghe : Ma position sur ce sujet ne varie pas d'un iota depuis plusieurs années. La classe politique dans son ensemble est l'une des principales sources de blocage dans ce pays. Sa sclérose tient largement à son mode de recrutement : des héritiers sans envergure, des apparatchiks et des carriéristes qui ne connaissent rien du pays réel et n'ont aucune vision pour lui. Il faudra donc tôt ou tard que, conformément à leur tradition millénaire, les Français se décident à mettre cette caste entre parenthèses pour bâtir une autre société.
      Nous disposons d'ores et déjà des outils pour le faire. La révolution du numérique, tout ce que l'on appelle l'innovation sociale (et qui n'a rien à voir avec des œuvres de charité, contrairement à ce que croient beaucoup de ministres), sont autant de possibilités pour changer la donne politique. La Révolution française de 1789 s'était appuyée sur les clubs. La Révolution de demain s'appuiera sur les réseaux sociaux.

      Comment pourraient réagir les différentes catégories de populations face à la progression du sentiment d'absence de légitimité ? Quels groupes seraient les plus enclins et préparés à en tirer parti, et selon quels scénarios ? 

      Marc Crapez : Vous avez raison de parler de « progression du sentiment d’absence de légitimité ». Mais personne ne va en tirer parti. Le leadership politique est aux abonnés absents de tous côtés. Cette dévaluation de la parole publique est en lien avec celle de la morale publique. Et la "peopolisation" accentue cette démonétisation du personnel politique.
      Les syndicats paraissent court-circuités par des mouvements plus contractuels, comme celui des Bonnets rouges. Quant au Front national, il bénéficie surtout d’un effet de convergence entre impatients de droite et déçus de gauche, ce qui rappelle sa naissance en 1983. Quand la droite est au pouvoir, le vote utile des électeurs de droite évite la déperdition des voix, alors que, quand la droite est dans l’opposition, le vote FN est, pour les impatients, une façon de peser sur les orientations de la droite en la tirant vers la droite.
      Éric Verhaeghe : La perte de légitimité est constante depuis la mort de Pompidou. Aucun Président, depuis 1973, n'a rassemblé sur son nom plus de 10 millions d'électeurs au premier tour... alors que le corps électoral a augmenté de 50%. Les Présidents qui se succèdent (et c'est particulièrement net depuis Chirac) sont d'abord le fruit de coalitions, d'accords électoraux, d'habiletés en communication. Même Sarkozy a finalement assez peu rassemblé sur son nom au premier tour. Le processus auquel nous assistons clôt donc une série qui a commencé il y a quarante ans.
      Le Front National en tirera-t-il parti? Je ne le crois pas, et pour plusieurs raisons. D'abord parce que tout le monde en parle, mais personne n'a encore rien vu. Ensuite parce que, de mon point de vue, le Front National est plus une machine à faire tomber le régime qu'une machine à en créer un autre. Il existe une alliance tactique dans des secteurs très larges de l'opinion pour porter le Front National comme on porterait un bélier. Mais pas comme on chercherait un fondateur.

      Peut-on imaginer que la fronde se propage dans tous le pays ? Quels sont les précédents historiques ?

      Marc Crapez : Une fronde qui se propage ne fait pas une subversion ni un soulèvement. Il n’y a vraiment pas de quoi fouetter un chat. Les crises actuelles sont très profondes, je l’ai théorisé dans un livre en 2010 : crise économique, crise du parti socialiste, crise des banlieues, crise des universités, crise de l’Europe… Mais tant que la Bourse tient, la majorité tire son épingle du jeu. Les partis politiques révolutionnaires ont beau s’égosiller, rien ne se passe. Car le mécontentement reste épars. La démocratie est un puissant rempart qui, le cas échéant, comme en Mai 68, lâche du lest.
      Cela a été constaté vers 1900, le suffrage universel est une machine à désamorcer les velléités révolutionnaires. C’est une assurance tous risques pour les gouvernants. Les grandes fièvres sont révolues. Au cours du 20ème siècle, la démocratie française s’est progressivement tranquillisée, avec un apaisement des démonstrations de rue et un adoucissement des mœurs politiques. La situation actuelle est d’autant plus stable que la 5ème République est insubmersible. Et puis les socialistes ont toujours eu des ministres de l’Intérieur qui n’hésitent pas à « faire donner la troupe », comme on disait autrefois quand les manifestants se faisaient canarder.
      Éric Verhaeghe : En fait, c'est une grande inconnue. L'historiographie officielle (celle qu'on enseigne à la Sorbonne) vous dira que oui, et que cela s'appelle une révolution. Quand on regarde de plus près ceux qui firent la Révolution française, on s'aperçoit que la réalité est bien plus nuancée. Les journées révolutionnaires où toute la France s'embrasait se comptent sur les doigts d'une main (et encore...) sur une période de 10 ans, entre 1788 et 1798. 
      En revanche, la Révolution française s'est plus illustrée par des révoltes sporadiques, par des jacqueries, par des soulèvements brutaux et la constitution de maquis, spécialement dans l'ouest. Un scénario de ce genre est imaginable aujourd'hui, selon moi. Il a même déjà commencé: quand le Printemps Français a décidé de "polluer" tous les déplacements officiels en France, il a donné le coup d'envoi à quelque chose de ce genre. Reste à savoir si cela va prospérer ou non.

      NKM a évoqué un Etat voyou qui ne respectait pas ses engagements. La crédibilité de la parole de l’État est-elle plus largement aujourd'hui en jeu ?

      Marc Crapez : Si j’ai le choix, je préfère ne pas commenter le propos tape-à-l’œil de la politique people que vous citez. En revanche, la « crédibilité de la parole de l’Etat » est une excellente question. Hollande, à la tête du PS, et Ayrault, à la tête du groupe socialiste à l’Assemblée, ont eu l’habitude des motions de synthèse qui n’engagent à rien, sans intention de tenir ses promesses.
      Cela dit, n’ayons pas la mémoire courte, le problème ne date pas d’aujourd’hui. Le chiraquisme fit la même impression à François Furet, ou à Pierre Mazeaud qui, comme président du Conseil constitutionnel, diagnostiquait « la perte des repères : perte des références, perte de lisibilité de l’action publique… délitement des civilités et du sentiment d’appartenance, déficit d’autorité à tous les niveaux de l’édifice social ».
      Éric Verhaeghe : Tous ceux qui ont travaillé en région avec les services de l'Etat savent que la principale caractéristique de l'Etat est sa versatilité et son incapacité à tenir son engagement. Ce problème couve depuis de nombreuses années. Comme nous sommes en phase de pénurie, cette versatilité apparaît enfin au grand jour, prend des proportions incontrôlables, et devient insupportable. Mais elle n'est pas neuve.