TOUT EST DIT

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ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

mercredi 5 décembre 2012

Une France, sexy no more et nicht mehr sexy

Une France, sexy no more et nicht mehr sexy


Pendant que la France fête avec bonheur une croissance insolente et un chômage minuscule, la presse française, bien dans son rôle d'information, nous permet de faire un rapide tour d'horizon sur ce qui se passe autour de chez nous et nous permet de mesurer le plaisir qu'il y a à rester chez soi, bien au chaud : pas de doute, les décisions prises par Hollande et son équipe véritablement composée de ninja de l'économie et de la finance auront sauvé le pays d'une catastrophe qu'on croyait pourtant inévitable. Quelle réussite !

Pendant ce temps, en Allemagne par exemple, c'est vraiment le marasme, et le pays, au pied du mur, présentera l'année prochaine un budget à l'équilibre (au contraire du flamboyant budget déficitaire français). Et pour ajouter l'insulte à l'injure, l'Allemagne prétend pouvoir baisser dans la foulée le poids de sa dette à 81,5% du PIB en 2012, soit un recul de deux points par rapport à la précédente estimation du gouvernement.
Soit, on pourra toujours objecter que le gouvernement allemand joue l'optimisme débridé pour se ménager quelques bonnes cartes dans la perspective des prochaines élections. Certes, on pourra aussi noter que la situation allemande est en tout cas nettement moins rose que ce que laissent supposer les références énamourées d'une classe politique française dont le regard lorgne bien souvent outre-Rhin, sans vraiment savoir ce qui s'y trouve. D'ailleurs, la récente fuite d'un rapport sur la pauvreté y a déclenché un tollé tant la version finale semblait caviardée par rapport à l'initiale, démontrant surtout une volonté manifeste du gouvernement Merkel de cacher des écarts grandissants entre la population allemande la plus riche et la plus pauvre, et le palpable appauvrissement de l'Allemagne...
Il n'en reste pas moins que, vu du côté français de la lorgnette, les perspectives allemandes semblent résolument meilleures que les françaises, n'en déplaise à notre gouvernement et son gentil président par intermittence dont la motivation pour s'occuper des affaires du pays est d'évanescence croissante. Et si l'Allemagne est loin d'être la panacée, elle reste tout de même plus attractive que la France, y compris pour les Français et ce n'est pas juste moi, petit blogueur ronchon et désabusé qui le dit, mais bien la dernière étude de PricewaterhouseCoopers sur l'évolution du marché des fusions-acquisitions franco-allemandes sur les dernières années.
Selon cette étude, l'année 2012 promet un niveau de transactions record et en croissance de la France vers l'’Allemagne, montrant ainsi l'’intérêt des investisseurs français pour le marché allemand. D'après l'enquête menée, cette tendance s'expliquerait par l'attractivité du modèle allemand, notamment au niveau de ses petites et moyennes entreprises ; ces dernières sont jugées plus performantes, et implantées sur des marchés de niche par les investisseurs français. En outre, soutenues localement, elles sont traditionnellement proches des banques régionales et bénéficient par ailleurs de délais de règlement-client plus courts, ce qui leur permet d'’optimiser leur besoin en fonds de roulement.
Dans le même temps, les transactions transfrontalières de l'Allemagne vers la France baissent (en moyenne, de 2000 à 2011, on comptait 35 transactions, alors que qu'en 2011 et 2012, le chiffre tournera autour de 21). Cela s'expliquerait, d'après l'étude, par "une attractivité moins forte de la France en contexte de crise", ce qui est une façon polie de remarquer qu'ont finalement portés leurs fruits les coups de boutoirs répétés des gouvernements socialistes de droite puis de gauche sur les entrepreneurs avec le passage à la démultipliée à l'arrivée de Hollande Qui N'Aime Pas Les Riches.
Le résultat, en substance, s'illustre très bien de la façon suivante :
transactions franco allemandes
En outre, l'étude montre la dissymétrie de comportements des investisseurs français et allemands : les premiers investissent d'abord localement, en France là où les seconds n'hésitent pas à sortir de leurs frontières : si le marché des fusions-acquisitions dans l'’Hexagone reste essentiellement national, l’'Allemagne est davantage attractive pour les investisseurs étrangers. La contribution des investisseurs étrangers représente en effet 31% des opérations en Allemagne contre 16% en France de janvier à septembre 2012. Le nombre de transactions de la France vers l’'Allemagne était en moyenne de 31 transactions par an entre 2000 et 2011, et il a fortement augmenté cette année, passant de 27 opérations en 2011 à 38 sur la période de janvier à septembre 2012. La part de capital-investissement français en Allemagne n’'a cessé d'’augmenter, faisant ainsi passer en 2012 la France du 5ème au 3ème rang des pays réalisant le plus d’'opérations de capital investissement en Allemagne.
Point n'est besoin de tourner autour du pot : même si la situation allemande n'est pas réellement extraordinaire, la situation française incite de plus en plus les Français à aller y voir : l'Allemagne attire les capitaux français et rejoint, en cela, l'Angleterre. D'ailleurs, les constatations récentes de Helene Fouquet de Bloomberg ne laissent guère de doute lorsqu'elle cite un patron français qui trouve que la France a définitivement perdu ses derniers atouts sexy. Les dénégations molles, ou l'absence un tantinet compassée de tout relais dans la presse française d'une réalité pourtant tangible et désagréable n'y changent rien : les entrepreneurs français s'en vont, de plus en plus nombreux, en Belgique et en Angleterre. Quant aux riches retraités, ils s'expatrient en Suisse en laissant le soin aux générations courantes et futures de régler leur compte aux quelques rares entrepreneurs et riches inconscients restés sur place et mettre une pierre (tombale) finale sur l’œuvre générale d'enfouissement du pays.
Eh oui : à force de bien signifier aux riches qu'ils étaient taxables à merci, ils sont partis se faire taxer ailleurs. À force de dire "Puisque tu n'es pas content, casse toi" à tous ceux qui avertissaient des dangers que la France courait avec ses politiques idiotes, ils ont fini par écouter ce qu'on leur proposait, et ils se sont, effectivement, cassés. À force de faire comprendre aux entrepreneurs que le patronat était une condition méprisable, ils ont arrêté d'entreprendre.
La suite, on la voit déjà se profiler et elle fera plaisir à tous les kapos du Camp Hexagonal d'Entraînement à la Décroissance Ultime : l'appauvrissement rapide et généralisé de toutes les classes de population en France, avec le paradigme bien connu que lorsque le riche maigrit, le pauvre meurt de faim. Parce que, voyez-vous, sachant que l'austérité n'a toujours pas été mise en place, si l'on ne peut pas dévaluer la monnaie, il va falloir baisser les salaires. Et baisser les salaires, selon les calculs menés par Huw Pill de Goldman Sachs, cela va faire très mal. Il a posé la question "Pour quelques uns des pays de la zone euro, quelles baisses de salaire sont nécessaires pour compenser les différentiels de coût du travail ?" ; la réponse se résume à ce graphique :
Réduction de salaires nécessaire pour une balance commerciale tenable
Ce qui veut dire que, concrètement et pour le cas de la France par exemple, les salaires devraient chuter de 15 à 25% selon les hypothèses pour rendre le pays à nouveau un tantinet attractif ou, dit autrement, pour donner une chance un peu réaliste à la zone euro de ne pas éclater en petits morceaux piquants. On comprend ici que ce genre de cascades est parfaitement invraisemblable sans déclencher un mouvement de foule majeur et de panique générale chez nos politiciens dont on rappelle que la gestion des crises, l'économie et la finance sont les points forts (cf Track Record et tout ça).
D'ailleurs, la conclusion de Goldman Sachs est réaliste puisqu'ils expliquent eux-mêmes que de telles coupes sont infaisables : il est difficile d'imaginer que la France acceptera une chute de près d'un tiers de son niveau de vie en comparaison de l'Allemagne. La seule autre mesure possible consisterait en une sévère inflation distribuée de façon assez asymétrique dans la zone euro, ce qui ne manquera pas de faire pouffer l'observateur extérieur (et bon courage pour contrôler tout le papier créé ces trois dernières années et qui n'attend que le meilleur moment pour redescendre en pluie drue).
Mais allons, ne nous laissons pas abattre puisqu'il semble maintenant clair que les politiciens qui ont la charge du pays sauront mener le pédalo bateau France vers le bon iceberg port. Et puis, certes, ce pays est foutu, mais d'une part, on a suffisamment prévenu tout le monde de ce qui allait se produire, et d'autre part, on rigole bien. Ce serait dommage de focaliser sur l'avalanche de problèmes qui arrivent.

Huile de palme, halte à l'intox !

L'affaire de la "taxe Nutella" a eu le mérite de mettre en lumière deux problèmes majeurs de l'alimentation des Français. L'évolution de la composition du contenu de leur assiette ces dernières années, sous l'effet de l'action de l'industrie agroalimentaire. La voilà devenue trop grasse, trop sucrée, trop salée, trop chimique... Le consensus est général pour analyser ainsi l'évolution de notre régime alimentaire. Et la prise de conscience de l'étiquetage inadapté. Par exemple, la mention "huile végétale" utilisée pour désigner la présence d'huile de palme.

 
Une des grandes transformations de notre alimentation vient du développement de la consommation de gras appelés lipides. Entre 1950 et 1990, elle est passée de 28,7 % à 43,2 % des apports énergétiques, parallèlement à la diminution les glucides complexes présents dans les féculents. La transformation n'est pas seulement quantitative, elle est aussi qualitative : l'utilisation massive, comme matières grasses, de l'huile de palme et d'acides gras trans dans les produits transformés.

Les acides gras trans

Tous les corps gras sont composés, en proportion variable, d'acides gras. Ceux-ci existent sous forme "saturée" (issus essentiellement de matière grasse animale, mais aussi végétale comme l'huile de palme, de coprah..) et "insaturée", des gras de meilleure réputation (en concentration appréciable dans les huiles végétales comme l'huile d'olive, de colza, de noix...). Les acides gras insaturés ont la propriété de pouvoir être saturés notamment par transformation industrielle. Ils deviennent alors soit complètement hydrogénés et ont, du coup, les mêmes propriétés que les acides gras saturés, soit partiellement hydrogénés et prennent une forme chimique de type trans aux effets délétères sur le plan cardiovasculaire et promoteurs probables de certains cancers notamment du sein, dont les causes sont multifactorielles. Le chauffage des huiles domestiques peut aussi provoquer ce processus mais de façon limitée.
Enfin, il existe des acides gras trans naturels dans les produits issus des bovins, mais, de par leur composition, ils n'ont pas nécessairement les mêmes effets que ceux d'origine industrielle. L'industrie, sous la pression des scientifiques et de diverses associations d'alerte, a réduit l'utilisation de ces acides gras trans notamment dans les margarines, les biscuits, les plats transformés... Il faut noter à cet égard que les autorités politiques n'ont jamais réglementé l'usage de ce type d'acides gras, sauf le Danemark dont la législation limite ces acides gras trans à 2 % de la matière grasse totale.
Parallèlement à la limitation de l'utilisation des acides gras trans, il y a eu une montée en puissance de l'usage de l'huile de palme. Elle est composée d'environ 50 % d'acides gras saturés essentiellement de l'acide palmitique et 50 % d'acides gras insaturés. L'assimilation des acides gras saturés reste limitée, celle des polyinsaturés l'est beaucoup plus. Pour autant, une forte concentration d'acide palmitique a des effets délétères, pouvant favoriser l'"insulino-résistance", donc un effet prodiabétique, stimule les processus inflammatoires et augmente le taux de cholestérol dans le sang, tous ces facteurs favorisant l'athérosclérose et les maladies cardiovasculaires (*). L'acide palmitique est aussi présent dans de nombreux composés, mais en concentration modeste, comme dans l'huile de tournesol ou encore dans le lait maternel, d'où sa présence dans les laits maternisés pour les nourrissons, heureusement à des concentrations acceptables, or c'est bien l'excès qui pose problème.

Une logique industrielle avant une logique de santé

Pourquoi ces deux types de corps gras plaisent-ils tant aux industriels ? Ils permettent de freiner l'oxydation - éviter que les corps gras ne rancissent - et assurent une texture considérée comme agréable aux aliments. Évidemment, les coûts de revient interviennent et celui de l'huile de palme est bas car les rendements sont importants. Cette huile est traditionnellement utilisée dans les pays d'Afrique et d'Asie, mais la consommation de corps gras y est bien moindre qu'en Occident (environ 50 kilos par habitant en France, 14 kilos en Indonésie). L'exploitation de l'huile de palme a aussi un coût écologique et des agriculteurs sont par exemple exposés au Paraquat, un herbicide suffisamment dangereux pour être interdit en Europe à cause de son effet sur le système nerveux, pouvant favoriser la maladie de Parkinson.
Il faut aussi mettre en avant que la production d'huile de palme pour l'exportation va à l'encontre du principe de souveraineté alimentaire des pays "émergents". S'il ne s'agit pas de boycotter cette matière grasse, il est indispensable de limiter sa consommation. Les alternatives à l'huile de palme et aux acides gras trans existent. Dans bien des cas, on peut les remplacer par des huiles de type olive, colza..., ce que font d'ailleurs un certain nombre d'industriels. Il y a moins de cinquante ans, on n'utilisait ni huile de palme ni acides gras trans d'origine industrielle.
L'usage abusif du gras, du sucre ajouté (ou des édulcorants qui posent d'autres types de problèmes), dans de multiples produits industriels, associé à l'exposition aux perturbateurs endocriniens, notamment par certains emballages, concourent à faire grossir et engendrent de multiples maladies, ce que dénoncent les scientifiques, notamment ceux du Réseau environnement santé. La prévention des troubles et des maladies chroniques passe avant tout par une nourriture saine et la moins transformée possible.
(*) Stéphane Walrand, François Fisch, Jean-Marie Bourg,Tous les acides gras saturés ont-ils le même effet métabolique ? Nutrition clinique et métabolisme, Elsevier Masson, avril 2010

Les mains sales

Les mains sales

 
Fond du trou, honte de la jungle, il n'y a pas de mots pour résumer ça. Voilà où mènent le refus par la droite de tirer les leçons de son échec à l'élection présidentielle et son obstination à croire, contre toute évidence et dans un déni total de la réalité, que la victoire lui a été volée par la gauche. Quand elle n'est réduite qu'à elle-même, la politique devient ce grenouillage intestinal, source de renvois.
Après cette "élection" interne, digne d'une république bananière, la mort de l'UMP n'est certes que morale et provisoire, mais elle sanctionne une absence totale de principes, une pratique léniniste de la politique, quand la fin justifie les moyens, sur fond de prurit putschiste. Pour ce qui concerne le scénario, on ne saurait dire si c'est du Coppola ou du Scorsese, mais il est sûr que Tocqueville n'a rien à voir là-dedans et c'est précisément là que le bât blesse.
Il faut de tout pour faire un monde ou un parti, des tordus, des anges ou des imbéciles, mais quelques valeurs par-dessus ne nuisent pas. Oui, des valeurs, pardon d'avoir écrit ce mot vieillot avec lequel la droite gagnerait à se réconcilier après que, dans le passé, des personnages aussi dissemblables que Giscard, Barre ou Chirac s'y furent référés, au moins en certaines circonstances.
 
La politique n'est pas seulement une affaire de tactique où c'est le plus poutinien ou le plus machiavélique qui gagne. Pour l'avoir oublié, Copé est aujourd'hui chocolat. Moralement, s'entend. S'il n'avait rien à se reprocher, il aurait laissé Juppé, le Commandeur de l'UMP, mettre son nez dans les additions de son appareil, mais non. En refusant cette médiation et en se retranchant derrière une commission des recours à sa botte, ne signe-t-il pas sa faute ? Sans doute les consciences pures, à force de se laver les mains pour les garder bien propres, se retrouvent-elles un jour sans mains, comme aurait dit Péguy. Mais quand ces mains ne sont pas nettes, elles n'inspirent guère, pour dire les choses poliment.
À moins de se résigner à marcher à cloche-pied durant les prochaines années, la France a besoin d'une droite énergique, d'autant plus énergique que la gauche est au pouvoir. Pour la suppléer ou se substituer à elle, ce n'est pas le parti de Borloo qui fera l'affaire : il flotte au-dessus de lui un délicieux fumet de ratatouille. Pour l'heure, il n'y a donc pas d'autre alternative à l'UMP que l'UMP.
Alors que les croque-morts s'affairent déjà dans sa chambre funéraire, il reste au premier parti d'opposition un remède qui, bien sûr, le sauvera : élever le niveau en se repensant et en se refondant, ce qui serait quand même la moindre des choses après cinq ans de déculottées électorales. C'est à cette condition que la droite française reprendra enfin confiance en elle-même.
L'exercice est certes plus fatigant que de psalmodier sans cesse les mêmes formules à l'emporte-pièce, mais la droite doit mettre à profit ces années d'opposition pour se réinventer au lieu de singer le Tea Party américain et de répéter ses bêtises comme un perroquet du Gabon. Par exemple, il ne serait pas inutile qu'elle se demande pourquoi, après dix ans de pouvoir, elle a laissé l'économie française en si mauvais état. "Être de gauche, disait drôlement feu notre ami André Frossard, ça permet de gouverner tranquillement à droite." "Être de droite, ajoutera-t-on perfidement, ça permet de gouverner tranquillement à gauche." En matière d'endettement et d'augmentation des dépenses publiques, est-on vraiment sûr que Mélenchon et Aubry réunis auraient fait pire que la droite au pouvoir ?
Ce qui se passe aujourd'hui à droite est une tragi-comédie qui nous renvoie au marécage où nous pataugeons tous, dans un pays où le cynisme en politique a été érigé en qualité suprême. Quand rien ne vaut rien, tout se vaut. L'éthique et le déshonneur, la rigueur et la voyouterie.
Mais ce qui se passe à droite est aussi un épiphénomène qui, dans quelques années, aura laissé à peu près autant de traces que l'écume des vagues, engloutie par le sable, sous un soleil d'été.
En attendant, Fillon aura démontré qu'il avait le nerf et le coffre nécessaires à qui guigne l'Élysée. Copé a même réussi à lui donner la rage qui lui manquait.
Quant à Copé, qui est parti pour être président à vie de l'UMP, et même encore après sa mort, il aura tôt fait de remonter sur son cheval pour d'autres aventures, tandis que Juppé continuera de sculpter sa figure de grand sage et que la nouvelle génération (Wauquiez, NKM, Baroin, Pécresse, Estrosi, Le Maire...) déploiera ses talents en préparant l'avenir. Sans parler de Nicolas Sarkozy, prêt à jouer l'homme providentiel : sur le papier, il a un boulevard devant lui.
Le ridicule ne tue pas, en tout cas jamais longtemps. L'amoralité non plus. C'est dire si l'UMP n'est morte que pour deux ou trois ans, et encore, quand elle se sera guérie de ses pulsions schismatiques. N'en déplaise aux confrères qui l'ont publié, son acte de décès est très prématuré.
Les partis sont comme les politiciens. C'est quand on les croit morts qu'ils renaissent de leurs cendres.

Comment connaître l'heure de sa mort ?

Des chercheurs ont identifié un gène qui influe sur l'horloge biologique, et donc sur le moment de la journée où l'on est plus susceptible de mourir.
Rien ne sert de courir - ni même de freiner des quatre fers -, vous partirez à point. L'heure de votre mort serait inscrite dans vos gènes. C'est en tout cas ce qu'affirme une étude de l'université de Toronto réalisée en collaboration avec la Harvard Medical School.

Une véritable utilité médicale

À y regarder de plus près, cela ne paraît pas si absurde. De nombreux mécanismes corporels suivent un rythme naturel quotidien. Cette "horloge biologique" est naturellement jalonnée de moments où le corps est plus alerte qu'à d'autres, où la pression artérielle est plus élevée, où le coeur est bien rodé. Des chercheurs avaient déjà remarqué que certaines mutations génétiques rares pouvaient influer sur cette "horloge", conduisant même parfois plusieurs membres d'une famille à se lever à 3 heures du matin ou à ne plus tenir debout passé 21 heures.
 
Mais ces nouvelles recherches ont mené à une bien étrange découverte : il existe un gène partagé par la quasi-totalité de la population qui affecte la tendance de chacun à être couche-tôt ou lève-tard. Il n'influe pas uniquement sur le rythme de vie quotidien des personnes qui le possèdent : il permet également de déterminer le moment de la journée où une personne est plus susceptible de mourir.
Plus qu'une simple prédiction, ces étonnants résultats, publiés dans la revue Annals of Neurology de novembre, pourraient contribuer à organiser les horaires de travail et à planifier les traitements médicaux, mais aussi à adapter le suivi des patients vulnérables.

Partant pour une dernière grasse matinée ?

C'est en étudiant les rythmes éveil-sommeil de sexagénaires que l'équipe du professeur Andrew Lim, de l'université de Toronto, épaulée par des chercheurs de Harvard, a découvert cette variante génétique qui permet de déterminer le moment de la mort. Vous assistez souvent au lever du jour (même en été !) ou vous êtes incapable de faire une grasse matinée ? Sachez que vous possédez un génotype AA ou AG : votre dernière heure sera sans doute avant 11 heures du matin, comme la majeure partie de l'humanité. Vous êtes un lève-tard devant l'Éternel (génotype GG) ? Vous pouvez parier que vous profiterez de votre dernière journée, avant de reposer pour l'éternité juste avant 18 heures. Tant qu'il y a de la vie...

Décrochage

Décrochage 

C’est enfoncer une porte grande ouverte que de déclarer priorité nationale le décrochage scolaire. Tous les ministres de l’Education – et parfois même de l’Intérieur comme Nicolas Sarkozy qui voyait un corollaire entre absentéisme et délinquance – qui se sont succédé depuis trente ans l’ont fait. Sans réussir à l’éradiquer.
Et pourtant, il est des portes qu’il faut enfoncer inlassablement. Car ce mal endémique est un fléau. Invisible, silencieux, destructeur, qui ronge une partie des fondements mêmes de la société et recèle un indicible malaise chez ceux qui en souffrent et qui sont à la fois coupables et victimes. Dans des proportions fluctuantes selon les individus que les statistiques ne disent pas.
Chaque année, 140 000 jeunes quittent ainsi prématurément le système éducatif sans avoir terminé leur cycle de formation et obtenu le diplôme requis. 12% d’une tranche d’âge qui effectuent leurs premiers pas dans la vie active en trébuchant et qui auront le plus grand mal à reprendre pied dans une époque qui ne ralentit pas pour attendre les retardataires.
C’est un échec qui se paie collectivement. Une hécatombe qui coûte cher humainement, socialement et économiquement à la société.
Les décrocheurs, du nom de ce néologisme assez étrange, sont des exclus en puissance qui se fabriquent dès les premières années de scolarisation. Et qui doivent être rapidement repérés, guidés et sauvés.
Les missions locales créées en 1982 et les nombreuses initiatives prises depuis, notamment par les régions, ont permis de prendre conscience de l’ampleur du phénomène. D’en limiter les effets aussi, sans toutefois pouvoir empêcher son expansion.
Ce n’est pas le dispositif très flou qui relève assez clairement de l’effet d’annonce dévoilé hier par Vincent Peillon qui le permettra. Mais il a au moins le mérite de redonner un peu d’élan à un engagement qui ne doit pas s’essouffler.

Terrain glissant

Terrain glissant


Pendant que la France s'amuse ou s'indigne du duel Copé-Fillon, le paysage politique bouge, dans un sens peu rassurant. Pour résumer, il y a les forces qui s'effritent ou s'effondrent. Et celles qui profitent des circonstances pour rassembler les déçus.
Depuis quinze jours, l'UMP est la championne hors catégories de la désintégration. Le mal est tel que Nicolas Sarkozy lui-même, qui s'active sans trop s'exposer, montre les limites de son influence sur un parti qui est pourtant son enfant. Bravant son impatience, les deux protagonistes achèvent de se dévaloriser à travers un tête-à-tête ridicule car interminable.
La création, hier, d'un groupe UMP filloniste, le partage du temps de parole et des moyens financiers, constituent l'acte 1 d'une décomposition méthodique : la multiplicité des candidatures, accentuée par la concurrence de l'UDI de Jean-Louis Borloo, serait la garantie de perdre les élections locales et présidentielle.
Pour éviter le pire, Bruno Le Maire et Nathalie Kosciusko-Morizet notamment, donnent de la voix pour en finir avec ce statu quo, pour refaire l'élection et, pourquoi pas, pour élargir la palette des candidats. Ne furent-ils pas des prétendants évincés dans la course à la présidence de l'UMP ?
Dans le moins pire des scénarios, la sortie de crise va prendre du temps, le redressement de l'UMP encore plus. Ce combat d'ego, dans lequel chacun a sous-estimé l'autre, a négligé l'essentiel : l'analyse sincère des raisons de l'échec à la présidentielle, la nécessité d'un projet construit, la réparation de la machine à gagner les élections.
Consciente qu'un adversaire en forme aide à se serrer les coudes, la majorité ne se réjouit pas trop des malheurs de la droite.
Il y a belle lurette que le Front de Gauche a choisi son camp : il vote contre tous les textes importants, au Sénat notamment.
Les écologistes, eux, se divisent entre ceux qui veulent influencer de l'intérieur la politique du gouvernement, et ceux, de plus en plus nombreux, qui préfèrent manifester contre leurs... alliés ! L'Europe, l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, le tunnel Lyon-Turin, l'exorbitant EPR de Flamanville, le crédit d'impôt sont autant de désaccords majeurs avec François Hollande. Cet attelage Verts-PS ne tient qu'à un fil électoral, mais un fil d'or qui vaut 29 parlementaires pour 2,31 % des voix !
Les socialistes eux-mêmes peinent à sauver les apparences. L'épisode Montebourg, désavoué par le Premier ministre dans le dossier Mittal, n'est pas qu'affaire de style. Comme l'Europe, le rôle de l'État dans la mondialisation reste une ligne de fracture au sein de la majorité.
L'aggravation du chômage accentue ces clivages et met le pouvoir dans une position qui ne fait que des mécontents : d'un côté, ceux qui travaillent et n'en peuvent plus de payer toujours davantage d'impôts ; de l'autre, les victimes de la crise qui estiment ne pas bénéficier assez et assez vite de l'argent public. Les conditions existent pour que les partis ne soient plus que les porte-voix d'oppositions émiettées et radicales.
Ainsi, le Rassemblement bleu marine (RBM) de Marine Le Pen propose d'accueillir tous les patriotes déçus, de droite et de gauche. Elle parie, plus encore que Jean-Louis Borloo, que la déliquescence des uns fera le profit des autres. Ouvrons les yeux !

Déserts médicaux : pourquoi Marisol Touraine est hors-sujet quand elle pense résoudre le problème à coup de subventions

Lors d'une interview donnée à la chaîne M6, Marisol Touraine a déclaré vouloir garantir aux jeunes médecins généralistes un salaire minimum de 55 000 euros par an afin de les inciter à s'installer dans les déserts médicaux. La ministre de la Santé annoncera l'intégralité de son plan de lutte le 13 décembre.

La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a proposé de garantir un salaire minimum de 4 600 euros par mois aux jeunes médecins généralistes qui s'installeront dans un désert médical. Inciter les médecins à coup de subventions est-il la bonne solution pour lutter contre les déserts médicaux ?


Dominique Dupagne : Tout d'abord, il est clair et net, et Marisol Touraine l'a affirmé, que l'on ne peut pas obliger un médecin libéral à s'installer quelque part. La ministre subit pourtant une pression très forte des élus locaux pour introduire de la coercition. La contrainte de l'Etat ne peut donc s'inscrire que dans la création d'un corps de médecins salariés qui eux pourraient être affectés autoritairement là où les besoins de la santé publique le demande. Dans ces conditions, il reste seulement l'incitation. Cependant, pour pousser des jeunes médecins à s'installer quelque part, il ne suffit pas de distiller quelques milliers d'euros. En effet, l'installation représente un investissement lourd et pour que l'incitation fonctionne, le médecin va redouter une mesure conjoncturelle qui ne durera que le temps d'un mandat ministériel.

Nous, médecins blogueurs, avions proposé un projet plus global et ambitieux qui consistait à étendre sur tout le territoire les maisons ou pôles de santé universitaires. L'incitation serait d'une part liée à la création de postes salariés et d'autre part au travail d'équipe, ce qui peut pousser certains jeunes à franchir le cap d'habiter en campagne. Le travail dans les déserts médicaux pourrait aussi s'envisager comme une mission salariée d'une durée limitée dans le temps mais avec un statut clair.

Marisol Touraine récupère une véritable bombe car cela fait des années que le problème empire et que rien n'est fait pour résoudre le problème des déserts médicaux. Aujourd'hui, on arrive à un point où il faut trouver des moyens considérables pour réamorcer un retour à la normale, et je ne sais pas si la ministre pourra en disposer.



Sylvain Blondin : C'est une des solutions mais cela ne résoudra pas le problème. Depuis quelques années, des actions sont menées pour repeupler de médecins les déserts médicaux, sans un succès notoire. Les problématiques de la santé doivent être traitées dans leur ensemble pour pouvoir avancer efficacement. Les mesures incitatives ne résoudront pas à elles seules le problème des déserts médicaux, sachant qu'aujourd'hui, nous manquons de médecins en France.

Les médecins sont à saturation. En effet, le taux de suicide dans en campagne n'a jamais été aussi élevé, il est 7 fois supérieur à la moyenne nationale. Cela s'explique notamment par le surmenage, la charge immense de travail et la solitude. Aujourd'hui, il fa

Comment expliquer que les jeunes médecins soient aussi peu nombreux à vouloir s'installer en campagne ?


Dominique Dupagne : Si des postes salariés sont crées, il n'y aura pas de problèmes pour trouver des médecins afin de les pourvoir même s'il faudra peut-être payer plus cher dans certains endroits. En effet, malgré les idées reçues, il existe suffisamment de médecins qui ont la volonté de travailler en campagne pour que les postes soient pourvus. Le problème, c'est que l'on ne demande pas seulement aux médecins de venir s'installer quelque part mais d'investir quelque part et donc de créer des dettes. Nous sommes aujourd'hui dans la fable de la grenouille qui s'endort dans l'eau qui tiédit, mais qui s'échappe de la casserole si l'eau est d'emblée bouillante. Les médecins installés depuis plus de 20 ans se sont adaptés progressivement aux contraintes et à la désertification. Les jeunes qui se retrouvent face à une absence d'école et de commerces, à des contraintes administratives envahissantes, refusent de s'embarquer dans l'aventure de l'installation libérale.
Sylvain Blondin : Il y a tout d'abord un manque d'information au niveau des étudiants en médecine. Ils sont le plus souvent orientés vers le milieu hospitalier qui est assez méprisant à l'égard de la médecine rurale. Deuxièmement, les jeunes ne sont pas incités à faire leur stage en campagne et sont majoritairement orientés dans des hôpitaux. Il faudrait certainement leur expliquer les avantages qu'il peut y avoir à exercer leur profession en campagne. En outre, les communes sont financièrement bloquées : il faudrait essayer de mutualiser les financements entre le privé et le public. Mais cela signifie de mettre en place une législation afin de préserver le coût des loyers. De plus, il faudrait également laisser un pourcentage de marge pour continuer à encourager les investissements.

Il est également nécessaire de travailler transversalement. En effet, il faudrait rassembler toutes les professions médicales et paramédicales tout en développant les services à la personne.

62 % des médecins qui s'installent sont des femmes. Le temps de travail d'une femme va être différent de l'homme car elle va consacrer plus de temps à sa famille et à l'éducation de ses enfants. En outre, les médecins femmes prennent plus de temps dans sa consultation avec le patient, en moyenne trois minutes de plus par personne.


Les médecins aspirent-ils de plus en plus à vivre dans une grande ville ?


Dominique Dupagne : Je ne pense pas. Aujourd'hui, on voit que beaucoup de jeunes désirent travailler en campagne. Malgré les apparences, la nouvelle génération de médecin ne snobe pas la campagne et ne préfère pas forcément travailler en ville.



Sylvain Blondin : Il faut tout d'abord rappeler que nous ne manquons pas seulement de médecins généralistes en France, mais aussi de spécialistes (gynécologue, ophtalmologues, pédiatres...). Dans ce cas-là, le milieu urbain est également touché par le problème. La répartition géographique des professionnels de la santé est un faux problème.

Il est vrai que certains préfèrent la qualité de vie que la ville peut offrir. Mais les mérites de la qualité de vie en campagne sont trop souvent snobés de part les professeurs. Plus largement, la médecine générale est de plus en plus délaissée par les étudiants au profit des spécialisations.

La solution serait de proposer aux jeunes des formations complémentaires pour revaloriser le travail dans les campagnes et permettre à ceux qui seraient susceptibles d'être intéressés de pouvoir se lancer.
ut développer des pôles de santé pour permettre aux médecins de mutualiser leur groupe.

Plus largement, manque-t-il vraiment des médecins en France ? Faut-il alors blâmer la formation et le numerus clausus qui demeure inchangé depuis plus de 15 ans ?


Dominique Dupagne : D'un côté les médecins n'ont jamais été aussi nombreux, mais en même temps, on a fabriqué un nombre de postes invraisemblable, notamment de médecins salariés dans divers systèmes d'encadrement. Les médecins ont été littéralement absorbés par l'administration du soin. En outre, de plus en plus de médecins conservent un statut de remplaçant car ils peuvent exercer sans engagement en gagnant très bien leur vie en touchant leurs honoraires sans avoir à payer les charges des médecins.

Pour ce qui est du numerus clausus, il n'est pas nécessaire de le rehausser sachant que cela ne changerait pas grand chose. En effet, il peut paraître absurde que l'on réduise l'accès à la profession en France en même temps que l'on fasse venir des milliers de médecins roumains pour exercer en campagne et du Maghreb pour combler le manque de personnel dans les hôpitaux. Mais ce n'est pas en augmentant le numerus clausus que les jeunes médecins vont aller s'installer dans des déserts médicaux. Le seul moyen pour s'en sortir est de prendre des mesures à la hauteur des enjeux, comme nous l'avons préconisé dans notre appel des 24 blogueurs. Il faudrait créer des milliers de maisons de santé. La population des médecins dans les déserts médicaux est un enjeu qui mérite que l'on y consacre de véritables moyens.


Sylvain Blondin : Il faut tout d'abord rappeler que nous ne manquons pas seulement de médecins généralistes en France, mais aussi de spécialistes (gynécologue, ophtalmologues, pédiatres...). Dans ce cas-là, le milieu urbain est également touché par le problème. La répartition géographique des professionnels de la santé est un faux problème.

Le numerus clausus a été une manière de la part de Simone Veil de limiter le nombre de médecins ceux-ci étant trop nombreux. Aujourd'hui, il faudrait effectivement le relever mais cela pose plusieurs problèmes : tout d'abord, il n'y a pas assez d'universités, mais il n'y a pas non plus assez de professeurs et surtout il n'y a pas assez d'argent. La solution réside certainement dans le développement des partenariats avec les universités étrangères.

La face cachée des bons sentiments

La face cachée des bons sentiments


Mme Duflot ? Qui peut croire un seul instant qu’elle et le gouvernement auraient assez de tripes pour réquisitionner les églises et presbytères et y installer les sdf ? On est toujours dans la basse politique politicienne, un bon mot pour faire parler de soi une journée. Au fond, son coup a parfaitement réussi…Et puis, l’Eglise catholique est un bouc émissaire tellement facile… Entre parenthèses, des surfaces libres que l’Etat pourraient directement et sans délai mettre à disposition des sdf, j’en connais des milliers de mètres carrés : la salle des fête de l’Elysée, les somptueuses résidence de la Lanterne et de Rambouillet,  les immenses halls d’accueil et logements de fonction des ministère et autres immeubles de l’Etat, des parcs de plusieurs hectares, en plein paris, à usage privé des responsables publics, où l’on pourrait installer des tentes et des préfabriqués. Il y aurait même de quoi accueillir une bonne partie de la misère du monde. Celle-là, parlons en.
L’histoire de l’Arche-de-Zoé, en cours de procès, m’a toujours profondément fasciné par son caractère représentatif de l’idéologie actuelle. Au départ, cette affaire dégouline de bons sentiments humanitaires : l’association organise la venue en France de 103 « orphelins du Darfour » victime de la guerre. En vertu du bien supérieur, de l’idéal humanitaire, on balaye d’un revers de mains les Etats, les lois, et les frontières.  Mais sous l’enveloppe de la générosité et de la bonne conscience, que se trouve-t-il ? L’horreur  consistant à séparer pour toujours des enfants de leurs familles. Derrière l’affichage de l’anti-racisme exacerbé, le racisme sous-jacent : en Afrique, tout est permis, y compris de s’emparer d’enfants. Ce sont bien entendu les mêmes qui en appellent à la repentance pour « la traite des esclaves »…Et puis, vraisemblablement, par delà les gesticulations, une simple affaire de gros sous avec des familles françaises auxquelles ont été promises des adoptions et finalement abusées. Quand le mal revêt le costume de la bonne conscience… Les responsables de cette ONG étaient-ils conscients de ce qu’ils faisaient? Je n’en sais rien mais c’est peut-être pire s’ils ne l’étaient pas…

Guerre à l'UMP : Sarkozy a perdu des plumes

CHAOS A L'UMP - L'ombre de Nicolas Sarkozy plane sur le dénouement de la crise interne à l'UMP entre François Fillon et Jean-François Copé. Adulé par les sympathisants, l'ancien président s'active en coulisses pour que les deux hommes parviennent à un terrain d'entente. Quel intérêt trouve-t-il à s'immiscer, même discrètement, dans ces manœuvres ? Ces initiatives ne le desservent-elles pas pour une éventuelle reconquête du pouvoir en 2017 ? Réponse en trois points.
Copé et Fillon affaiblis : Sarkozy en pole position pour 2017 ?
A force de s'écharper, les duettistes de l'UMP ont fini par s'affaiblir mutuellement. Selon le dernier baromètre TNS Sofres, François Fillon, mais surtout Jean-François Copé sont sanctionnés par l'opinion.

L'ancien Premier ministre, malgré tout toujours populaire, perd 16 points (56%) chez les sympathisants de droite et 10 points (70%) chez les sympathisants de l'UMP (voir page 17 de ce fichier PDF). Le député-maire de Meaux, lui, chute de 15 points à droite (34%) et de 17 points (44%) chez les sympathisants UMP.

A première vue, c'est du pain bénit pour Nicolas Sarkozy, qui ne pouvait pas espérer meilleur scénario dans la perspective d'un retour à l'Elysée en 2017. D'autant qu'il reste extrêmement populaire au sein de son électorat potentiel : 64% de cote d'avenir chez les sympathisants de droite, et 81% chez ceux de l'UMP !
Une crise qui oblige l'ex-président à dévoiler son jeu
A y regarder de plus près, la situation n'est pas si favorable pour Nicolas Sarkozy. Car la crise est allée trop loin. En cas de retour, il aura en effet besoin d'un parti fort s'il veut avoir une chance de chasser François Hollande de l'Elysée. Ce qui peut expliquer sa "colère" devant les risques d'explosion du parti et les ultimatums lancés aux deux camps depuis quelques jours.
Contraint d'intervenir seulement six mois après avoir quitté le pouvoir, Nicolas Sarkozy a donc abattu une partie de ses cartes. Il n'avait évidemment pas prévu de le faire si tôt. Revenir en "sauveur de la droite" en 2017 suppose au contraire d'observer une certaine hauteur de vue, de garder un œil, sans intervenir, sur sa famille politique. Bref, de ne pas trop montrer son appétit.
L'autorité du "chef" écornée
Il y a peut-être plus préoccupant dans la manière dont Nicolas Sarkozy a tenté de gérer la crise à l'UMP. Sa première tentative de ramener de l'ordre a débouché sur un échec. Le 27 novembre, il avait menacé d'exprimer publiquement sa "honte" si l'idée d'un référendum interne sur un nouveau vote n'était pas retenue. Option acceptée du bout des lèvres par les belligérants avant d'être balayée le lendemain matin par Jean-François Copé.

L'autorité morale de l'ancien chef de l'Etat en a pris, symboliquement, un petit coup. Pour son deuxième ultimatum, qui arrive à échéance mardi soir, Nicolas Sarkozy a simplement exhorté Copé et Fillon à trouver une solution. "Sinon je dirai que vous êtes tous les deux disqualifiés pour diriger un grand parti", leur aurait-il dit, à en croire certaines sources.

Mardi, un proche de Nicolas Sarkozy cité par Le Parisien a démenti l'information : "Il n'a pas l'intention de sortir de son silence en dégainant un texte vengeur. De toute façon, à quoi cela servirait ?" Signe que l'influence de l'ex-chef de l'Etat sur ses anciens bataillons n'est plus aussi incontestable.

Sylviane Agacinski avec nous ! ?

Sylviane Agacinski avec nous ! ? 



Contre la dénaturation du mariage, la philosophe Sylviane Agacinski (femme de Lionel Jospin) propose de partir de l’intérêt de l’enfant. Le 24 novembre, elle s’exprimait en ces termes aux Semaines Sociales :
« Le problème des enfants à venir, c’est-à-dire des générations futures, c’est que personne ne les représente sur la scène politique démocratique. Elles ne peuvent pas manifester. Elles ne sont pas reçues, pas entendues. Elles ne constituent pas une force. C’est pourquoi avant de prendre des décisions précipitées en matière de procréation ou de parenté, il me semble qu’il faudrait entreprendre une réflexion anthropologique et éthique approfondie, collective, sur le statut des enfants, sur leurs droits, sur notre responsabilité à leur égard. »
C’est évidemment très juste. Mais, dans l’actuel système démocratique, il y aurait sans doute un moyen (indirect) de les représenter et de défendre leurs droits contre les délires actuels d’un lobby minoritaire : c’est de rénover le suffrage universel. Je m’explique. Puisque l’on veut soi-disant lutter contre les inégalités et les discriminations, examinons (selon l’argument ad hominem) cette discrimination flagrante qui les touche.
A la différence des seniors, des millions de personnes mineures ne sont pas représentés actuellement dans le vote de lois qui engagent leur futur. Elles ne sont pas prises électoralement en compte, alors qu’elles représentent l’avenir social et économique de notre pays. Depuis 2005, par exemple, les personnes majeures sous tutelle, mentalement déficientes (maladie d’Alzheimer notamment) peuvent être inscrites sur les listes électorales et voter par l’intermédiaire de leur tuteur familial (avec l’accord du juge des tutelles). Sans évidemment faire voter les enfants personnellement, pourquoi ne pas confier leurs voix à leurs tuteurs légaux, comme la loi l’autorise pour toute personne majeure concernée par une incapacité psychique ?
En tant que président de Familles de France, le professeur Henri Joyeux a déjà soulevé cette question. Dans l’actuelle figure de la pyramide des âges (avec un nombre croissant de seniors et une natalité en dessous du seuil de renouvellement des générations), les prétendus représentants du peuple risquent, expliquait-il, de délaisser les intérêts des jeunes générations pour satisfaire les desiderata d’un électorat plus âgé et plus nombreux à voter. Si rien n’est fait, nous risquons d’aller vers une inquiétante gérontocratie : « Cette situation conduira à des conflits entre générations : les actifs devront supporter, en plus de leur charge d’enfants, le poids de la dette publique, la maladie et les retraites des inactifs. »
Cela rejoint exactement, sous un autre aspect, ce que dit pertinemment Sylviane Agacinski : pour que les enfants soient entendus, il faudrait qu’ils représentent une force comme les seniors ou les divers lobbies, autrement dit qu’ils soient capables de voter et de manifester ! Sinon, qu’ils soient représentés le plus justement possible. La seule manière de contrebalancer le poids électoral des seniors (mais aussi celui des lobbies omnipotents), c’est de leur donner le moyen de voter par l’intermédiaire de leurs parents, qui sont les premiers responsables de leur avenir.
Le vote pour tous !
Faire évoluer le suffrage universel pour reconnaître le poids des générations futures, c’est, pour parler comme Duflot, provoquer un « choc de solidarité » entre les générations. Car la solidarité intergénérationnelle est réellement menacée par ce déséquilibre du corps électoral. Il s’agit de réparer une injustice civique sociale et de parer à l’avenir. L’égalité électorale entre homme et femme (acquise en 1945) n’a pas mis fin à l’inégalité électorale entre jeunes et vieux citoyens français ! Comme le slogan « les femmes et les enfants d’abord ! » n’est plus politiquement correct, osons celui-ci en matière électorale : « les femmes et les enfants aussi ! » Il serait judicieux, en effet, de faire bouger à nouveau le suffrage universel vers un « vote pour tous », moins (injustement) discriminatoire, c’est-à-dire plus familial.
Avant d’en considérer les diverses modalités pratiques, défendons déjà le principe de cette réforme d’un suffrage universel déficient. L’idée est de le corriger salutairement pour s’approcher d’une représentation plus réelle et plus juste de la société dans ses cellules élémentaires que sont les familles. Leur permettre ainsi d’avoir un poids politique conforme à leur importance et à leur rôle dans la société contre la dictature des minorités. Une manière politique, parmi d’autres, de s’orienter vers une démocratie plus organique qui puisse rompre avec l’individualisme révolutionnaire, qui tend à défavoriser non seulement l’enfant et la famille, mais aussi la personne humaine, comme vient de le rappeler le Pape (traduit par Benoît-et-moi.fr) au Conseil pontifical Justice et Paix. Sylviane Agacinski avec nous ! ?

Jérôme Cahuzac : «Le compte suisse n'existe pas» 



Jérôme Cahuzac : "Ce qu'a écrit Mediapart est... par rtl-fr

Ce que le règlement de compte de Cécile Duflot avec l'Eglise révèle de la vision des Français sur l'institution catholique

La ministre du Logement a annoncé lundi avoir écrit à l'archevêché de Paris pour lui demander de mettre à disposition de l'Etat certains de ses bâtiments vides pour héberger des sans-abris. En voulant régler un contentieux lié aux positions prises par l’Eglise sur le mariage gay, Cécile Duflot n'oublie-t-elle pas l'action déjà importante de l'Eglise envers les sans-abris ?

Après avoir annoncé que des réquisitions immobilières auraient lieu cet hiver sur des bâtiments pour y loger des sans-abris, Cécile Duflot a demandé, entre autres, au diocèse de Paris de mettre à disposition certains bâtiments. Que cela révèle-t-il de la perception française du rôle de l’Eglise catholique ?

Kristoff Talin : Cela témoigne d’un paradoxe important dans la vision française du rôle de la religion catholique. La France est plus qu’un pays non confessionnel, c’est pays de laïcité dure qui a consommé la rupture et l’Eglise et l’Etat assez tôt dans son histoire. Je crois que le rôle social est profondément ancré dans l’esprit des Français car c’est une tradition qui remonte au XIXème siècle et même bien avant avec la mise en place des premiers hôpitaux. Madame Duflot a utilisé une stratégie très fine car elle joue sur ce fameux paradoxe entre le fait que les Français se désintéressent de la religion mais qu’il lui attribue ce fameux rôle social. Si l’Eglise n’accepte pas elle jouera le mauvais rôle et si elle accepte elle se pliera à une injonction politique.
Catho de gauche ; Âme noire.
Gérard Leclerc : Tout dépend ce que l’on appelle la perception française puisque celle-ci est différente sur le plan médiatique, politique et populaire. La première est la démonstration d’une honte déontologique de la part des journalistes que de relayer ce genre d’information sans y opposer l’action déjà existante de l’Eglise pour le logement des sans-abris. Sur le plan politique il me semble qu’il s’agit essentiellement d’un règlement de compte lié aux positions prises par l’Eglise sur le mariage gay et que les politiciens ne se servent de la religion que de la manière qui les intéresse. C’est un instrument que l’on sollicite ou que l’on diabolise selon les besoins. Au niveau de l’imaginaire commun, je crois que les Français associent beaucoup humanitaire et religion catholique. Dans le cas de Paris qu’évoquait madame Duflot, les Parisiens voient très bien les soupes populaires et les distributions de couvertures lorsqu’ils passent devant les églises. C’est peut-être ça qui représente encore l’Eglise catholique dans les esprits.
Jean-Claude Barreau : Je crois surtout que les Français ne perçoivent plus l’Eglise catholique. Elle est presque complètement sortie de leur champ de vision idéologique. Je ne dis pas qu’elle ne peut pas y revenir ni qu’il n’y a plus de catholiques en France mais simplement qu’elle n’est même pas au dixième de sa puissance dans les années 60. A l’époque plus de 20% des Français allaient à la messe au moins une fois par semaine pour seulement quelques pour-cents aujourd’hui. Elle était plus puissante que le Parti Communiste et elle drainait de très grands rassemblements de jeunes. Même les grandes fêtes religieuses comme Noël qui était le ciment de l’unité religieuses ont été totalement dépossédées de leur dimension religieuse. On constate malgré tout un certain attachement au folklore qui entoure l’Eglise catholique et ses bâtiments mais elle a pris une tournure historique.

Lorsque madame Duflot évoque la réquisition de bâtiments appartenant à des personnes morales non-religieuses, on crie au bolchévisme. Pourquoi n’est-ce pas le cas pour l’Eglise ? Qu’en est-il des moyens des autres religions ?

Kristoff Talin : Plusieurs éléments expliquent que les Français soient moins choqués par une éventuelle réquisition de bâtiments appartenant à l’Eglise catholique plutôt qu’à des propriétaires « classiques ». Il y a d’abord la réalité de l’expression de « terreau catholique de la France » et de ce rôle de protection des nécessiteux qui est attaché par les Français à l’Eglise catholique. Ensuite, la baisse de fréquentation et la détérioration de nombreux lieux de culte mène à la conclusion que ces locaux pourraient être utilisés à autre chose. Pourtant, dès que les médias parlent d’une église qui va être vendue ou réaffectée, tout le monde monte au créneau. On retrouve ici le paradoxe entre le désintérêt pour le culte et l’attachement culturel.
Les autres grandes religions de France ont effectivement des moyens mais qui ne sont en rien comparables à ceux de la religion catholique. Notre pays reste composé d’environ 60 % de baptisés, environ 10 % de musulmans et 5 % maximum pour les autres grandes religions. Il est donc tout à fait naturel qu’on demande aux institutions catholiques plutôt qu’à d’autres de mettre à disposition des bâtiments bien que le diocèse n’ait pas l’autorité pour cela puisque les bâtiments appartiennent aux congrégations religieuses.
Gérard Leclerc : L’Eglise catholique est dépositaire d’une histoire qui la lie à la France d’une manière incomparable aux autres religions de France. Aussi bien au niveau de la surface sociale qu’immobilière, la religion catholique possède des moyens incomparables aux autres religions ce qui explique qu’elle soit à ce point sollicitée et cela semble tout à fait naturel. D’autres parts, les autres grandes religions, notamment le protestantisme et l’islam, ont leurs propres associations humanitaires et caritatives. Et toutes font un travail énorme pour améliorer la condition des gens les plus démunis de notre pays.

La baisse croissante de l’influence de l’Eglise lui permet-elle encore d’être autre chose qu’une association humanitaire ?

Kristoff Talin : Les rôles éducatif et médical qu’a pu avoir l’Eglise catholique sont aujourd’hui totalement assumés par l’Etat. Puisqu’elle n’a plus officiellement d’implication dans le pouvoir politique depuis 1905, il ne reste que le rôle social de l’Eglise que j’ai déjà évoqué. Cependant, celle-ci joue malgré tout un fort rôle de lobbyiste aussi bien par le biais de l’influence de son dogme que par des techniques beaucoup plus modernes. Par exemple, certaines congrégations catholiques se sont constituées des portefeuilles d’actions de société côtées en bourse puis ont obligé certains dirigeants à se plier à certaines mesures en accord avec les Évangiles  Rien d’illégal dans tout ça bien au contraire puisque certaines ont réussi à empêcher des entreprises de continuer à faire travailler des enfants. En 2009, de nombreux candidats aux élections européennes ont reçu des lettres stipulant que les congrégations religieuses ne les soutiendraient pas s’ils ne s’engageaient pas à réduite la dette du tiers-monde. Les catholiques font donc du lobbying par le haut pour compenser l’affaiblissement de leur présence par le bas.
Jean-Claude Barreau : Je ne crois pas que l’Eglise puisse encore jouer un autre rôle que celui d’humanitaire qui lui est attribué par la plupart des Français. Certains diront qu’elle joue encore un rôle éducatif à cause de la vitalité de l’enseignement privé religieux en France mais c’est une erreur d’analyse. Il s’agit en réalité de l’expression d’une profonde crise de l’enseignement public et de la peur de nombreux parents de mettre leurs enfants dans des établissements fréquentés par des couches sociales défavorisées et issues de l’immigration. L’incapacité de l’enseignement public à garantir la réussite scolaire et la peur de la mixité sociale confortent bien souvent des parents anticléricaux à mettre leurs enfants des établissements catholiques en pensant les protéger et leur offrir un meilleur enseignement. De plus, les cours de religion n’étant plus obligatoires et les enseignants étant presque tous des professeurs laïcs, même les plus farouchement opposés au catéchisme n’ont aucune raison de s’en priver.
Gérard Leclerc : Il semblerait que non. La première mission de l’Eglise catholique est d’annoncer la bonne nouvelle, celle de la venue du Christ et je crois qu’en cette période de Noël elle est réussie. Le commandement de la charité est cependant essentiel dans le credo catholique et une Eglise qui ne se consacrerait pas totalement au bien de ceux qui en ont besoin ne serait plus l’Eglise catholique. A l’heure du jugement dernier, nous serons plus interrogés sur notre comportement face aux nécessiteux que sur les détails de notre vie sexuelle. Personne ne parle non plus du fait que l’Eglise est l’organisme le plus investit du monde sur la lutte contre le Sida en Afrique. Je crois par ailleurs que l’Eglise est très attachée à la loi de 1905 et à sa liberté. Je ne crois pas qu’elle souhaite jouer un rôle politique mais qu’elle considère qu’elle a le droit de participer à part entière, comme les autres religions, aux grands débats de société.

Que les autres investissent en France, c’est bien, que la France investisse, c’est encore mieux

Si le protectionnisme et l’interventionnisme étatique ambiants peuvent bousculer l’attractivité du territoire français, il n’en demeure pas moins que la France reste une terre d’investissements étrangers, même si la tendance n’est pas positive, et pourrait même se dégrader lorsque sera fait le bilan 2012.
Pour l’instant, sur la dernière année complète 2011 (rapport de l’Agence française pour les investissements internationaux), l’Europe accueillait 29% de l’investissement étranger créateur d’emplois, et la France, en accueillant 40 milliards d’investissements directs étrangers, se plaçait en seconde position derrière le Royaume-Uniavant de céder cette place à l’Allemagne dans le courant 2012 selon l’étude Ernst&Young.
Les investissements, qui restent élevés en valeur absolue, peuvent certes être réconfortants et nous encourager à ne pas nous livrer outre mesure à une habitude masochiste envers notre propre pays, mais ils ne doivent pas masquer la tendance négative et inquiétante qui se dessine au fil des années. Le risque est alors que la France ne soit tout simplement pas perçue comme une valeur montante, en bonne adéquation avec la nouvelle donne économique, capable de valoriser des atouts sûrement trop considérés comme des acquis immuables.
La difficulté à se réformer, à s’ouvrir sur le monde, et à bâtir une vision et une stratégie de long terme plutôt qu’une série de réactions coups de poings, risque de devenir un handicap structurel.
Ceci est d’autant plus paradoxal que la France est d’ores et déjà un pays largement ouvert, sans doute davantage qu’on ne le croit, ou, surement pour certains, qu’on le voudrait : le stock des investissements étrangers rapportés au PIB s’élève à près de 40% en France, c’est moins qu’au Royaume-Uni (près de 50%), mais c’est deux fois plus qu’aux Etats-Unis ou qu’en Allemagne. Les investissements « non-résidents » détenaient 43% du CAC 40 fin 2011. Ces entreprises « étrangères » implantées en France assurent 31% des exportations françaises, emploient près de 2 millions de personnes, soit 13% de l’effectif salarié, et même 25% des salariés du secteur de l’industrie (31% du chiffre d’affaire de l’industrie française). Les exemples sont légions d’actifs français détenus par des étrangers. On peut légitimement s’en émouvoir, on peut aussi se féliciter de l’attractivité de ces patrimoines économiques et culturels. On peut aussi rappeler, comme le faisait fort justement François Chérèque en mars 2011 à propos de la prise de contrôle de Yoplait par General Mills que "l’important n’est pas la nationalité du fonds qui rachète Yoplait mais son comportement !". Oui, ce n’est pas la nationalité du propriétaire qui définit sa politique sociale.
En outre, tout ne doit pas être focalisé sur l’industrie, la tendance est ailleurs, y compris en terme d’investissements étrangers. Selon l’agence française Invest-in-France, ce sont les activités à forte technologie et valeur ajoutée qui attirent de plus en plus les investissements étrangers sur le territoire. Dans ces domaines, la tendance est positive. D’ailleurs, même en terme d’industrie, tout ne doit pas être focalisé sur des sites industriels comme Florange ou Gandrange, ils ne résument, ni ne sont, l’avenir (ou même le rêve) industriel français (cf édito du mardi 3 avril 2012).
Tout ne doit pas non plus être focalisé sur les investissements étrangers en France : les investissements français à l’étranger sont tout aussi importants : si plus de 20 000 entreprises étrangères sont présentes en France, 30 000 entreprises françaises ont une implantation à l’étranger. Ces implantations françaises à l’étranger sont systématiquement vues comme des délocalisations, mais c’est aussi la capacité des entreprises françaises à conquérir des marchés étrangers. La marque France ne se résume pas au made in France (qui n’est d’ailleurs pas toujours fait par des entreprises françaises comme je le rappelais plus haut), c’est aussi le made by France qui s’implante sur des marchés étrangers. Il y a comme un paradoxe à vouloir à tout prix défendre le territoire France comme une terre d’investissements et d’avenir, et simultanément à vouloir s’en protéger et à voir d’un bien mauvais œil la performance de « nos » marques sur certains marchés mondiaux. La France ne peut pas être forte sur notre sol domestique si elle n’est pas forte dans le monde.
La réciprocité et l’équilibre, c’est considérer que l’avenir de la France passe, aussi, par l’étranger, et donc, l’affreux mot, par la mondialisation. Le renouveau du secteur automobile français passera sans doute à la fois par l’innovation (et le design s’il vous plait) via de nouvelles technologies rupturistes économes en énergie, par des offres aux positionnements prix attractifs, et par la capacité à s’exporter vers un marché européen, et surtout français, atone.
La plupart des pays s’enorgueillissent de voir leur économie conquérir le monde, nous nous lamentons de les voir conquérir notre économie.

Le règne de la terreur

Le gouvernement recourt à la menace pour parvenir à ses fins, exigeant de ses interlocuteurs qu'ils renoncent à penser par eux-mêmes.
L'échange économique et l'investissement reposent sur la confiance entre les parties prenantes et la prévisibilité de l'avenir. Alors que l’État s'est donné pour mission d'être le garant de cette confiance et de cette prévisibilité, le gouvernement fait usage de la terreur pour imposer ses décisions.
Depuis plusieurs semaines, le gouvernement ne cache plus ses menaces. Le recours à la nationalisation de Florange évoqué par Arnaud Montebourg n'est qu'un exemple parmi d'autres. Dans la même veine, de récentes déclarations de Cécile Duflot invitent l'archevêché de Paris à obtempérer de son plein gré – sinon, ce sera de force :

J’ai bon espoir qu’il n’y ait pas besoin de faire preuve d’autorité. Je ne comprendrais pas que l’Église ne partage pas nos objectifs de solidarité.
Si l'archevêché refuse, non seulement, il y aura "besoin de faire preuve d'autorité", mais cela signifiera également que "l’Église ne partage pas nos objectifs de solidarité."
Ce recours de plus en plus fréquent à la menace – même au sein du gouvernement - relève d'une logique où le consentement n'a plus aucune valeur, et le gouvernement semble faire sien l'adage "la fin justifie les moyens". Or, dans un État de droit, tous les moyens ne sont pas permis : l’État est censé garantir la prévisibilité de l'application de la loi et l'exclusion de la contrainte du champ des relations humaines pour faire en sorte que ne règne pas la loi du plus fort. Au lieu de cela, le gouvernement agit en tribunal révolutionnaire, instituant progressivement "la loi du seul fort", c'est-à-dire du seul dépositaire de la violence légitime.
Les mesures d'exception fréquemment évoquées relèvent de la même logique, celle de la terreur, "peur collective qu'on fait régner dans une population pour briser sa résistance ; régime politique fondé sur cette peur, sur l'emploi des mesures d'exception." Le gouvernement offre un non-choix : coopérer, de gré ou de force. Il laisse toutefois le temps aux destinataires des menaces de "prendre leurs responsabilités", c'est-à-dire de donner l'illusion de leur consentement aux décisions qui leur sont imposées – avec des intentions toujours louables comme sauver des emplois ou loger des sans-abris.
Mais en forçant ses interlocuteurs à obtempérer, le gouvernement leur demande d'agir contre leur propre jugement, de rejeter leur jugement et leur libre-arbitre. Le recours à la force, à peine implicite, exige que celui qui le subit renonce à sa capacité de juger et de poursuivre ses propres buts, qui est pourtant le seul moyen qu'a l'homme de survivre. Il exige que les individus cessent de penser.
Ce qu'omet le gouvernement, c'est que les menaces n'auront jamais sur l'esprit qu'un pouvoir destructeur. On ne peut pas forcer l'esprit à concevoir, créer, produire ; on ne peut que le réduire au silence, et, ainsi, nier l'existence :
Penser est la seule vertu fondamentale de l'homme, celle dont toutes les autres procèdent. Et son vice fondamentale, la source de tous ses maux, est cet acte sans nom que chacun d'entre vous pratique, mais lutte pour ne jamais avoir à l'admettre : l'acte de museler son esprit, la suspension volontaire de sa conscience, le refus de penser – pas la cécité, mais le refus de voir ; pas l'ignorance, mais le refus de savoir. C'est l'acte de disperser votre esprit et de créer un brouillard en votre for intérieur pour échapper à la responsabilité du jugement – reposant sur l'idée tacite qu'une chose n'existera pas si vous refusez de l'identifier, que A ne sera pas A tant que vous ne rendez pas le verdict "C'est". Ne pas penser est un acte d'annihilation, un souhait de nier l'existence, une tentative de balayer d'un trait la réalité. Mais l'existence existe ; la réalité ne sera pas balayée, elle balaiera seulement celui qui tente de la balayer. En refusant de dire "C'est", vous refusez de dire "Je suis". En suspendant votre jugement, vous niez votre personne. Quand un homme dit "Qui suis-je pour savoir ?", ce qu'il dit est : "Qui suis-je pour vivre ?
Cela, à chaque heure et face à tout enjeu, est votre choix moral premier : penser ou ne pas penser, exister ou ne pas pensez, A ou non-A, entité ou zéro. (Ayn Rand, "For the New Intellectual")
Ce que demande le gouvernement en recourant à la menace, c'est l'abandon du libre-arbitre et de la faculté de penser par soi-même. Il exige de ses interlocuteurs qu'ils renoncent à leur seul moyen de survivre et de vivre en être humain, les condamnant à obtempérer de gré ou de force. Sans s'en apercevoir, c'est toute la richesse de la France qu'il s'attelle à détruire : la capacité qu'ont les Français de penser. Heureusement, s'il peut les empêcher de suivre leur jugement, le gouvernement ne peut pas empêcher les Français de suivre une autre route.