TOUT EST DIT

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mardi 6 novembre 2012

Les 75%, un impôt bête et méchant

Faire contribuer les super-riches à l’effort de réduction des déficits n’est pas incongru. Mais vu le taux retenu, cette taxe pourrait se révéler un bien mauvais calcul.
François Hollande les a surnommées «les pleureuses». En l’occurrence, personne ne versera une larme sur le sort de ces stars du business ou du show-biz venues quémander la clémence du président. Et pas Capital, en tout cas, dont la rédaction est la seule à évaluer chaque année le rapport qualité-prix des grands patrons et à pointer les rémunérations excessives au regard des performances. Mais fallait-il créer une taxe pour ramener les dirigeants à plus de raison ? Fallait-il appliquer un taux exceptionnel de 75% sur les revenus dépassant le million d’euros annuel – record du monde en la matière – pour les punir ? Cet impôt sanction décidé sur un coin de table pendant la campagne présidentielle est peut-être habile politiquement. Sur le plan économique, il devrait rapidement révéler sa vraie nature : bête et méchante.
Quels sont les revenus imposés ? Les artistes et les sportifs, à la fiche de paie en dents de scie, espéraient y échapper. Les patrons pensaient pouvoir rabioter quelques avantages, par exemple en calculant le revenu par foyer fiscal et non par personne. Les avocats d’affaires ont fait quelques effets de manche. François Hollande a tranché : tous les revenus du travail seront concernés et aucune part ou demi-part ne viendra diminuer l’assiette. Sauf ajustement de dernière minute au Parlement, qui examinera le texte à l’automne, tomberont donc sous le coup de cette taxe les revenus fixes et les bonus des salariés, les bénéfices non commerciaux des professions libérales et les cachets et droits d’auteur des artistes. En revanche, ni les stock-options, ni les actions gratuites, ni les dividendes ne seront intégrés, ce qui constitue pourtant le plus gros des rémunérations des super-riches. Mais il est vrai que le gouvernement réserve à ces revenus du capital un traitement fiscal (corsé) à part. Dernière certitude, la taxe sera applicable dès la déclaration des ­revenus 2012 et restera en vigueur (au moins) deux ans.
Pourquoi cet impôt ne va pas rapporter grand-chose. Peu de contribuables, une assiette fiscale étroite. Pas besoin de travailler aux impôts pour deviner que les recettes seront minces. A peine 200 à 300 millions d’euros par an, selon François Hollande lui-même. C’est un peu court pour combler les déficits publics… «Peu importe le rendement, confesse un conseiller à Bercy. L’idéal serait même qu’il soit nul. Cela voudrait dire qu’il n’y a plus de rémunérations indécentes.» Message transmis aux comités des rémunérations des grands groupes, aux producteurs de cinéma ou à l’éditeur de Marc Levy (ah  non ! lui vit à New York). Quitte à demander un effort aux plus aisés, «il aurait mieux valu porter le taux marginal à 50%, comme au Royaume-Uni, note un patron du CAC 40. Chacun aurait trouvé cela normal en période de crise et les caisses de l’Etat se seraient remplies bien davantage». Alors, combien devront débourser en plus nos millionnaires (déjà soumis à un nouveau taux marginal d’impôt sur le revenu de 45%) ? Pour un Christophe de Margerie, chez Total, le chèque serait de 365 000 euros, pour Jean-Paul Agon, chez L’Oréal, de 520 000 euros, pour Denis Hennequin, chez Accor, de 227 000 euros.
Comment les riches pourront-ils y échapper ? Pour cette année, c’est cuit, le gros des rémunérations ayant déjà été versé. Des parades sont envisageables dès 2013. «Les groupes vont ­pratiquer de plus en plus le “split ­salary”», pronostique Jean-Yves Mercier, avocat associé chez CMS Bureau Francis Lefebvre. Explication : les hauts managers travaillant beaucoup à l’étranger se feront payer dans différents pays, de préférence à fiscalité douce, là où leur société dispose de filiales. Au final, ils ­seront taxés en France sur une partie réduite de leur revenu total. Un Carlos Ghosn touche d’ores et déjà beaucoup plus chez Nissan au Japon que chez Renault à Paris. Certains oseront-ils aller plus loin en changeant de résidence fiscale ? Info ou intox, des rumeurs de déménagement des états-majors de LVMH à New York ou PPR à Londres ont circulé depuis cet été. Peu crédibles, vu le nombre de personnes impliquées. Des déménagements au cas par cas semblent plus plausibles. L’exemple de Jean-Pascal Tricoire pourrait faire école. Le président de Schneider Electric s’est installé il y a un an à Hong Kong pour gérer au plus près ses marchés les plus dynamiques. Un départ, antérieur à la taxe donc, justifié par des considérations économiques. Ce dirigeant nous a d’ailleurs précisé qu’il payait encore des impôts en France. Mais les revenus à Hong Kong étant taxés à 17%, on espère pour lui qu’il s’est renseigné…
La fuite des "forces vives" relève-t-elle du fantasme ? C’est le chiffon rouge agité par le Medef. Le pays serait menacé d’une nouvelle forme d’exil fiscal. Après la fuite des rentiers – l’ex-patron de L’Oréal, Lindsay Owen-Jones, serait récemment passé en Suisse, tandis que l’ancien banquier Amaury de Sèze aurait choisi la Belgique – ce sont les entrepreneurs et les cadres à haut potentiel qui pourraient décamper. Car la taxe à 75% vient s’ajouter à une série de coups de massue fiscaux : hausse de l’ISF, de la fiscalité sur les dividendes, nouvelle tranche fiscale à 45% à partir de 150 000 euros de revenus annuels… «Même certains jeunes créateurs qui ne sont pas concernés par ces mesures me disent préférer se lancer à l’étranger, assure Olivier Duha, président de CroissancePlus, une association de start-up innovantes. Or ils participent au premier rang à la création de richesses dans notre pays.» Difficile cependant d’estimer les dégâts pour l’économie. Sauf peut-être pour les clubs de foot français. «S’ils veulent conserver leurs vedettes, ils devront dépenser trois fois plus qu’aujourd’hui pour maintenir leurs salaires actuels après impôts», calcule Bastien Drut, économiste du sport. Pas sûr qu’ils aient les moyens de s’aligner.
La taxe a-t-elle un effet repoussoir à l’étranger ? La Ligue 1, on l’a vu, aura du mal à recruter de nouvelles stars l’an prochain. De même, les ténors du CAC 40 qui souhaitent attirer des talents étrangers dans leurs comités de direction devront trouver la parade. «Soit il faudra les payer plus cher, soit il faudra faire une croix sur eux», prévient Diane Segalen, directrice du cabinet de chasseurs de têtes Segalen + associés. Mauvais pour l’image du pays. Pour mesurer cet effet repoussoir, il suffit de lire la presse étrangère, qui, à 54%, juge négativement cet impôt. En revanche, les Français l’approuvent à 60%. «Quand j’ai annoncé à mes actionnaires japonais cette nouvelle taxe, ils ne m’ont pas cru», raconte Pierre Kosciusko-Morizet, le fondateur de PriceMinister. Allez, ça ne devrait durer que deux ans. En principe.

Interdiction de se défausser

Interdiction de se défausser 


Le déjà très fameux rapport Gallois est enfin dans les mains du Premier ministre, après avoir été divulgué, par bribes, à travers de multiples fuites. Comme prévu, le document invite à un « choc de compétitivité » : une réduction de 30 milliards d’euros de charges sociales. Potion qui se veut magique, mais potion brutale.
Le gouvernement – il l’a déjà annoncé même si les mesures exactes restent à préciser – préfère un cocktail plus homéopathique, mais plus facile à ingurgiter après le breuvage fiscal déjà très indigeste de la loi de finances 2013. Choix économique, mais aussi politicien : la gauche ne veut pas donner le sentiment qu’elle reprend trop vite, trop fort, à son compte, un leitmotiv, celui de la chasse aux charges, que le patronat entonne depuis des décennies et qu’il a repris haut et fort ces dernières semaines, trop fort peut-être.
Politicien encore, le fait de récuser une autre préconisation de Louis Gallois, la reprise des recherches sur l’exploitation des gaz de schistes. Niet, a répondu Matignon illico, afin de prévenir un schisme avec les écologistes. Ils sont farouchement hostiles à cette technique, certes controversée à ce stade, mais dont l’abandon pur et simple nous privera peut-être, demain, de précieuses ressources énergétiques.
Si le gouvernement en reste à cette approche « politicienne », c’est-à-dire simplement tactique, le pire est à craindre. La France continuera à perdre pied dans la compétition internationale, et le chômage poursuivra sa courbe ascendante. Mais il y a une autre façon de pratiquer, en faisant, précisément, de la « politique », dans son acception la plus noble, au service des intérêts supérieurs du pays. C’est le moment idéal, autour d’un enjeu sur lequel tout le monde s’accorde.
Électrochoc ou médecine douce ? Les choix sont peut-être moins antagonistes qu’il n’y paraît. Les 22 propositions du rapport Gallois ne sont pas à cocher mécaniquement comme les articles d’un catalogue, et il n’est pas nécessaire de tout arbitrer en quelques jours dans le moindre détail. Mais le cap, avec des choix courageux, est à définir rapidement et il appartient au chef de l’État. François Hollande a désormais toutes les cartes en main. 
Avec interdiction de se défausser.

Le poids de la crise, le choc Gallois

Le poids de la crise, le choc Gallois


« Encore un rapport, un rapport pour rien » aurait pu chanter Jean-Jacques Goldman. Arno, le chanteur de « putain, putain, nous sommes tous des Européens », répond dans son dernier album « Let the money die » (« laissez mourir l'argent »). Une façon de dire que les experts peuvent bien pondre autant de rapports que les gouvernements veulent bien financer, il ne faut pas avoir dirigé la SNCF ou EADS pour constater qu'il n'y a plus de sous dans les caisses et que pour les remplir il faut soit dépenser moins, soit gagner plus ! Avec son choc, Gallois – tel le coq gaulois capable de chanter même quand il a les pattes dans le fumier – ne fait que répondre à une demande d'éclairage d'un gouvernement qui n'a que trop tardé à se réveiller face à la crise économique. La façon de distiller les conclusions de ce rapport en avant-première, hier dans les médias, avant le discours du Premier ministre aujourd'hui, montre que le pouvoir se noie dans son indécision. Il voulait tester l'opinion une dernière fois (?) avant de prendre des mesures. François Hollande a bien compris qu'il fallait abaisser le coût du travail, mais il ne veut pas envisager de financer d'éventuels allègements de charges par des baisses de dépenses publiques plutôt que par des prélèvements nouveaux. Il a essayé de gagner du temps. Louis Gallois a pris son rôle au sérieux mais sera, comme Attali et bien d'autres avant lui, sans doute déçu de ce qu'il adviendra de ses propositions. Son « choc de confiance », ses 22 propositions, sont un appel au courage et au bon sens. Des valeurs rarement partagées au plus haut niveau de l'État.

La grande contradiction du gouvernement sur la TVA

Après être revenu sur la «taxe anti-délocalisation» mise en place par Nicolas Sarkozy, l'exécutif se résout à recourir à une augmentation de la TVA. La droite savoure déjà ce flagrant délit de revirement.

Les amateurs, tête vide et langue de bois
Souvent, politique varie. L'exemple de la TVA sociale est édifiant. La mesure, qui consiste à financer un abaissement des cotisations sociales payées par les entreprises par une hausse de la TVA, avait été vivement critiquée par la gauche lorsque Nicolas Sarkozy en avait proposé la mise en œuvre, en janvier dernier. La voilà remise au goût du jour par le gouvernement socialiste, qui prévoit une hausse du taux principal de 19,6 à 20% et du taux intermédiaire de 7 à 10% à partir du 1er janvier 2014. De quoi financer la moitié des 20 milliards d'euros de crédits d'impôts accordés aux entreprises pour relancer leur compétitivité.
L'augmentation de la TVA, financièrement efficace - un point de TVA au taux intermédiaire représente un gain de 1,1 milliard d'euros pour l'État - n'en est pas moins politiquement périlleuse pour le gouvernement. Car elle va à l'encontre de tout ce qui a été dit et répété par les socialistes tout au long de la campagne présidentielle. À l'annonce par Nicolas Sarkozy d'un relèvement de la taxe, le PS n'avait pas hésité à parler de «mesure anti-pouvoir d'achat» et «antisociale». Son argument? La TVA, à l'assiette très large, étant «payée par tous les Français», son relèvement est donc «injuste socialement».
«C'est une machine à réduire le pouvoir d'achat des plus modestes», attaque en janvier Najat Vallaud-Belkacem, alors porte-parole de campagne de François Hollande. Et Martine Aubry de renchérir: «Nicolas Sarkozy a commencé en aidant les plus privilégiés, avec notamment le bouclier fiscal, et il termine en faisant payer les classes populaires et moyennes», lance alors la patronne du PS, dénonçant une «erreur économique et une profonde injustice sociale». Même Manuel Valls, qui s'était prononcé lors de la primaire socialiste pour la mise en place d'une TVA sociale, se résout à dénoncer une mesure «contre-productive», empêchant «toute possibilité de reprise par la consommation».

«L'option TVA est totalement écartée»

Petit à petit, la dénonciation de la «TVA Sarkozy» devient l'un des angles d'attaque favoris de François Hollande contre son adversaire. Le candidat socialiste défend dans son projet de réforme fiscale une fusion de l'impôt sur le revenu et de la CSG et promet de revenir sur la hausse de la TVA, qu'il juge «injuste» et «inconséquente». Ce qu'il fait, une fois élu, dans le cadre du projet de loi de finances rectificatif adopté en juillet. «S'il y avait eu cette augmentation de la TVA telle qu'elle avait été votée, c'était 1,6 point de TVA, 11 milliards d'euros qui étaient prélevés sur les Français, qui aurait affaibli encore la croissance, mis des personnes au chômage, amputé le pouvoir d'achat: je m'y suis refusé», explique-t-il lors de son allocution du 14 Juillet.
Mais le nouveau chef de l'État doit rapidement s'atteler à l'épineux dossier de la compétitivité des entreprises. Dès juillet, la Cour des comptes se prononce pour une hausse de la TVA. Suivie en ce sens par Louis Gallois, chargé pendant l'été d'élaborer des mesures permettant de réduire le coût du travail. Mais jusqu'au bout, le gouvernement semble exclure une telle hausse. «L'option TVA est totalement écartée, en l'état il n'y a pas de projet de l'augmenter d'ici à la fin du quinquennat, les choses sont claires», jure en septembre Alain Vidalies, ministre en charge des Relations avec le Parlement. Puis Pierre Moscovici intervient en personne: «Dès lors que nous avons supprimé la TVA sociale, nous n'allons pas la rétablir», jure le patron de Bercy.
Au pied du mur, le gouvernement a finalement choisi de recourir à une hausse modérée de la taxe. Tout l'enjeu pour Jean-Marc Ayrault est désormais d'expliquer que cette «restructuration» de la TVA n'a rien à voir avec l'augmentation voulue par Nicolas Sarkozy. Matignon insiste déjà sur la baisse du taux réduit sur les produits de première nécessité, qui passera de 5,5 à 5%. Suffisant pour faire avaler la pilule à la gauche de la majorité, qui craint un effritement de la consommation? Dans une interview donnée lundi au Figaro, la sénatrice socialiste Marie-Noëlle Lienemann prenait les devants en avertissant qu'une hausse de la TVA entraînerait une réaction «très négative» de l'aile gauche du PS, dont elle fait partie. De son côté, l'UMP se réjouit déjà des contradictions affichées par le gouvernement.

Pour devenir riche, devenez conseiller ministériel !

Le salaire moyen d'un conseiller ministériel du gouvernement Ayrault dépasse les 10 000 € dans de nombreux cas, alors que François Hollande promettait une république exemplaire.
Vous vous souvenez certainement que Monsieur Hollande, à l’époque concubin de la candidate socialiste à l’Élysée, avait déclaré qu’il considérait que quelqu’un était riche à partir de 4000€ par mois. Eh bien que les mauvaises langues qui disent que les socialistes aiment tellement les pauvres qu’ils les multiplient ravalent leurs fiel, le gouvernement vient de communiquer au Parlement le « jaune budgétaire » présentant les effectifs des cabinets ministériels et les montants affectés aux rémunérations. Il n’y a que des double-riches !

  • Le salaire moyen d’un collaborateur de Manuel Valls, ministère de l’Intérieur, s’élève à près de 10 200 euros brut par mois. La délinquance ne rapporte visiblement pas qu’aux délinquants…
  • Chez Jérôme Cahuzac, au Budget, les 9 membres du cabinet bénéficient d’une rémunération moyenne de 10 153 euros par mois. Et tant pis s’il faut emprunter en fin d’année pour pouvoir les payer !
  • Qui a dit que le redressement productif d’Arnaud Montebourg était un fiasco ? Voici déjà 11 cas de redressement à 10 022€ pièce en moyenne. Seront ils « productifs » ?
  • Fidèle à sa politique de réinsertion,  Christiane Taubira offre 9 556 euros. Tout le monde sait que de bons revenus sont les meilleurs remparts contre la délinquance. Déjà 7 personnes profitent de ce programme inédit. Au dernier pointage, 67 154 attendent d’être à leur tour embauchés…
  • Matignon est chiche. « Seulement » 9 694 euros par mois et par personne... Que 7 fois le smic ! Mais, conformément à la politique de « partage du travail », c’est la bagatelle de 63 collaborateurs du Premier ministre qui profitent de cette rémunération de misère. Ce qui, tout de même, représente un « budget rémunérations » annuel de plus de 7 millions d’euros, en dépassement de 2 millions d’euros par rapport à la dotation annuelle autorisée !
Vive la normalitude !

Ce que concocte le gouvernement pour relancer la compétitivité

Jean-Marc Ayrault dévoilera ce mardi son plan pour relancer la compétitivité. Au menu, non pas une baisse des cotisations sociales, comme préconisée par le rapport Gallois, mais un crédit d'impôt de 20 milliards sur deux ans pour les entreprises. Le point sur les principales pistes.
Jean-Marc Ayrault dévoile mardi matin, au lendemain de la remise du rapport de Louis Gallois, les mesures du gouvernement, dont certaines toucheront directement le coût du travail et se traduiront par 20 milliards d'euros pour les entreprises, destinées à relancer la compétitivité de l'économie française. L'existence d'un dispositif destiné à réduire le coût du travail a été confirmé lundi par le ministre de l'Economie.
Le Premier ministre réunit mardi matin à 9h un séminaire gouvernemental sur ce dossier brûlant de la compétitivité, avant d'annoncer dans la foulée les mesures retenues. Le soir, il sera l'invité du JT de 20h de TF1.

Presqu'au pas de l'oie..non ?
 Quel avenir pour les propositions du rapport Gallois? Rapport Gallois: ce qu'en pensent les experts
L'exécutif, en pleines turbulences après six mois au pouvoir et pressé par le Fonds monétaire international (FMI) de relever le "défi majeur" de la compétitivité, a décidé de passer à la vitesse supérieure. Il est vrai que le diagnostic du commissaire à l'investissement, Louis Gallois, est sans appel: la France a selon lui besoin d'un "choc de confiance" et de "patriotisme" pour enrayer son "décrochage" industriel depuis dix ans. Le gouvernement va donc sans attendre actionner le levier de la baisse du coût du travail pour enrayer la dégringolade du déficit commercial de la France, dont la part dans le marché mondial a chuté de 6,3% en 1990 à 3,3% en 2011.
L'édito vidéo de Christophe Barbier: Compétitivité: qu'attendre des annonces de Jean-Marc Ayrault?
9 des 22 propositions déjà dans les tuyaux "La vocation de ce rapport, ce n'est pas l'enterrement, c'est l'entraînement", a résumé M. Moscovici, en réponse à l'opposition qui soupçonne le gouvernement, à l'image du patronat, de ne pas vouloir suivre toutes les recommandations. Arnaud Montebourg (Redressement productif) a quant à lui assuré que "9 des 22" propositions étaient déjà dans les tuyaux.
La préconisation la plus débattue du rapport Gallois est une baisse des charges qui allégerait les cotisations patronales de 20 milliards d'euros et les cotisations salariales de 10 milliards. En contrepartie, l'ancien patron d'EADS propose d'augmenter la CSG de deux points, de rehausser la TVA sur certains produits et de relever diverses taxes. Mais cette piste ne devrait pas être retenue mardi.
Vers un crédit d'impôt financé par la TVA et des réductions de dépenses?Selon une source proche du gouvernement, confirmant des informations du Point, "sauf revirement de dernière minute", le gouvernement proposera 20 milliards d'euros aux entreprises en trois ans, sous la forme d'un crédit d'impôt.
Au lieu d'un transfert des cotisations sociales vers la fiscalité, tel que préconisé par Louis Gallois, il s'agirait donc d'un chèque aux entreprises dans le but de faire progresser leurs marges qui ont dégringolé ces dix dernières années. Le site internet du Point avait affirmé lundi que l'exécutif allait choisir d'octroyer un crédit d'impôt aux entreprises se traduisant par une baisse des cotisations sociales de 6% sur les salaires compris entre 1 et 2,5 fois le Smic, ce qui représenterait un total de 20 milliards d'euros. Le rapport Gallois préconisait de reporter les allègements jusqu'à 3,5 Smic.
>>> Pour ou contre le choc de compétitivité?
La mesure serait en partie financée par une nouvelle réduction des dépenses publiques. Selon Le Point, l'effort porterait sur 10 milliards d'euros. Il serait réparti sur les budgets 2014 et 2015 de l'Etat et des collectivités.
Les 10 milliards restants seraient dégagés par une hausse du taux principal de la TVA de 19,6% à 20% et un relèvement du "taux intermédiaire (de la TVA, qui concerne notamment la restauration), actde 7% à 10% ou 12%. Pour faire passer la pillule, le taux réduit sur les produits de première nécessité passerait de 5,5% à 5%.
L'actuelle majorité avait pourtant durant l'été abrogé, conformément à une promesse de François Hollande, la hausse de 1,6 point du taux normal de TVA décidée à la fin du dernier quinquennat pour compenser des baisses de charges. Elle avait exclu toute hausse générale de TVA. Interrogés par l'AFP, l'Elysée, Matignon et Bercy n'ont pas souhaité faire de commentaires.
Outre cette proposition emblématique sur la TVA, M. Gallois en suggère une vingtaine d'autres, dont une reprise des recherches sur le gaz de schiste. Mais cette proposition a été écartée dès lundi par Matignon, bien que des voix se soient élevées parmi les ministres pour ne pas fermer définitivement cette porte.
L'autre levier sera constitué des mesures qui ne portent pas sur le coût du travail, telles que des initiatives soutenant l'exportation, l'innovation, la recherche et la qualité des produits, ou encore les simplifications administratives. Le plan comprendrait aussi des mesures pour améliorer la trésorerie des entreprises La Banque publique d'investissement apportera plus de 500 millions de trésorerie aux PME et l'Etat devrait s'engager à réduire à 20 jours les délais de paiement à ses fournisseurs. Sur le plan de la gouvernance, il devrait proposer que deux représentants des salariés intègrent les conseil d'administration ou de surveillance des entreprises de plus de 5000 salariés.

Hollande, trop proche du PS, trop loin des Français

En taxant davantage les Français et les entreprises, le président flatte plus les socialistes qu'il ne rassemble le pays. Et oublie qu'être au pouvoir signifie aussi être en campagne permanente. 
Rien ne va plus! La conjonction d'une opposition radicalisée, d'une presse déchaînée, d'une fiscalité aggravée et d'une opinion pessimiste a fait plonger François Hollande dans une zone dangereuse: le dernier sondage OpinionWay pour Le Figaro situe à 36% le taux de satisfaction à l'égard du président de la République. Et autorise François Fillon à prédire le pire: "Crise politique, crise sociale, violences. "
La première violence vient de l'opposition, qui peut, grâce à un pilonnage sans mesure ni répit, masquer ses divisions et éviter que l'on revienne sur son bilan. François Fillon et Jean-François Copé ont rivalisé de formules assassines, sur France 2, pour décrire "le mur" qui attend notre pays. Sauf que nous sommes déjà dans le mur, parce que la gestion précédente nous y a conduits, avec ses records de chômage, de déficits de tous ordres et de dettes. Côté presse, tout est bon pour stigmatiser l'"amateurisme" du pouvoir: comme si ce gouvernement était le premier à subir la censure du Conseil constitutionnel! Difficile pour l'opinion de résister à un tel déferlement...

Hollande a oublié sa promesse de "rassembler" le pays

Pour autant, François Hollande n'a pas su, à ce stade, jeter les bases d'une relation politique solide avec les Français. Il a choisi, avec raison, de se concentrer d'emblée sur le plus difficile: la réduction du déficit public. D'où le choix fiscal. Or il n'y a rien de plus difficile dans un pays comme le nôtre, où l'on paie l'impôt sans toujours l'accepter, que de se faire entendre sur ce sujet. Même lorsque l'impôt baisse, l'opinion prétend qu'il augmente. S'est donc installée l'idée d'un prélèvement excessif, qui touche tout le monde, alors que sont principalement concernés les plus aisés.
Surtout, le nouvel exécutif n'a pas pris garde de prévenir un glissement dommageable: autant le pays peut adhérer à un objectif de justice (le capital taxé comme le travail), autant personne, hormis l'ultragauche et certains socialistes, n'accepte que les chefs d'entreprise soient ciblés. La méconnaissance de celles et ceux qui, s'ils réussissent, créent de l'emploi se paie très cher. Cette erreur renvoie à la position du chef de l'Etat: trop proche du PS, trop loin des Français, Hollande a oublié sa promesse de "rassembler" le pays. Il parle à la gauche plus qu'à la France, et se trouve donc réduit au socle des soutiens traditionnels de la gauche, autour de 40%.

Hollande ne vante pas ses réussites sur l'Europe

Or, il a conçu une démarche par étapes, pour se laisser le temps de renouer le dialogue avec les corps intermédiaires. Cela l'empêche de placer, en regard des sacrifices demandés, un bénéfice attendu et une perspective de sortie de crise. En outre, à l'inverse de son prédécesseur, il ne met pas en scène ses succès. Or, si l'Europe prend petit à petit le chemin d'une sortie de crise, elle le doit à l'action conjuguée de François Hollande, Mario Monti et Mario Draghi vis-à-vis d'Angela Merkel.
A l'heure de la vidéocratie, il faut accepter l'idée qu'être au pouvoir, c'est être en campagne permanente et, pour cela, s'organiser, se coordonner et se doter d'un porte-parolat fort, qui devrait être le Premier ministre. En même temps qu'il faut être capable, dans la tempête, de faire partager une vision et de transmettre au pays une inébranlable et sereine confiance dans notre destin collectif.

Rapport Gallois : un choc d'abord pour la gauche !

Hervé Gattegno intervient sur les ondes de RMC du lundi au vendredi à 8 h 20 pour sa chronique politique "Le parti pris".

Jean-Marc Ayrault dira aujourd'hui ce que le gouvernement retient du rapport Gallois sur la compétitivité, qui prévoit 30 milliards d'allègements de charges pour créer un "choc de confiance" pour les entreprises. Votre parti pris : c'est d'abord à la gauche que le rapport Gallois va causer un choc. Pourquoi ?
Deux tâches au pouvoir....au secours
Pour améliorer la santé des entreprises, le gouvernement voulait l'avis d'un grand patron de gauche. Louis Gallois a plus répondu en patron qu'en homme de gauche. Ça ne veut pas dire qu'il ait raison (ni tort) sur tout, mais le fait est qu'il est acclamé par le Medef et accueilli avec méfiance par les syndicats - c'est un signe. Selon que le gouvernement retiendra beaucoup ou peu de ses idées, on pourra mesurer la part de mise en scène dans l'opération. Le terme de "choc de compétitivité" est abandonné, mais c'est une onde de choc qui peut secouer la majorité...
Est-ce que François Hollande et Jean-Marc Ayrault peuvent ne retenir du rapport Gallois que les mesures qui font consensus à gauche - ou en tout cas dans la majorité ?
Difficilement. Sur l'encouragement à l'investissement et la formation, tout le monde est d'accord. Mais au coeur du "pacte" que propose Louis Gallois, il y a le principe d'un blocage des salaires dans l'industrie. Les 10 milliards d'allègements de charges qu'il suggère pour les salariés seraient compensés par un gel de leurs revenus. C'est l'effet pervers du débat sur le coût du travail : on tient pour un handicap le fait que nos ouvriers puissent être mieux payés que leurs homologues allemands ! Quoi qu'on pense de l'idée, sauver l'industrie en baissant le salaire des ouvriers, ça n'est pas l'épure d'un programme de gauche.
Ce qui devrait également faire grimacer dans la majorité, ce sont les hausses de la TVA et de la CSG pour financer les allègements de charges patronales...
L'un des buts de la manoeuvre est de faire assumer par Louis Gallois la nécessité d'une hausse de la TVA. Sitôt élu, François Hollande a fait abroger la "TVA sociale"que Nicolas Sarkozy avait fait voter (sur le tard) pour soutenir la compétitivité. Y revenir, même en partie, même sur des secteurs ciblés comme la restauration, c'est un reniement douloureux pour le PS, qui a toujours considéré la TVA comme le plus injuste des impôts. Et c'est encore du pouvoir d'achat en moins pour les salariés. En revanche, L'Élysée refuse toute hausse de la CSG. On va plutôt vers des crédits d'impôt aux entreprises indexés sur l'investissement : une bonne idée qui doit plus à Arnaud Montebourg qu'à Louis Gallois. Et des baisses sur les dotations aux collectivités - la plupart sont détenues par le PS, on imagine d'avance l'ambiance !
Il y a un point du rapport Gallois qui est fermement écarté par le gouvernement, c'est celui relatif aux gaz de schiste. Est-ce que ça va suffire à rassurer les écologistes ?
Pas seulement les écolos : sur cette question, une large partie de la droite fait cause commune avec les Verts et la majorité des socialistes. Mais ce que demande Louis Gallois, ce n'est pas l'extraction des gaz de schiste, envers et contre toute prudence environnementale, mais des recherches accrues pour permettre l'extraction dans des conditions écologiquement acceptables. Beaucoup de socialistes sont sur cette ligne - qui relève du bon sens. Comme les Verts en font un casus belli, la question de la fracturation hydraulique peut déboucher sur une fracture politique. Pour la trancher, il faudrait un choc de plus. Et celui-là nuirait à la compétitivité de l'entreprise gouvernementale...

"Décidément, Hollande ne comprend rien !"

"Décidément, Hollande ne comprend rien !" 


Pour Philippe Tesson, le président est incapable d'opérer une chirurgie rapide et radicale, propre à relancer la compétitivité.
On saura dans les heures et les jours qui viennent si François Hollande veut jouer l'avenir de la France avec les entreprises ou non. La suite qu'il va donner aux propositions contenues dans le rapport Gallois, remis aujourd'hui au gouvernement, sera le révélateur de ses intentions. Or, ces dernières semaines ont laissé apparaître dans les relations du gouvernement avec le patronat des signes qui n'invitent pas à l'optimisme.
Il est désormais admis que le président de la République a rayé non seulement de son vocabulaire mais surtout de sa stratégie ce choc de compétitivité sans lequel les entrepreneurs ne voient pas de sortie de crise. Il est également avéré, si l'on en juge d'après les réactions à l'appel lancé l'autre dimanche par les dirigeants de l'Afep (Association française des entreprises privées), que le président et le gouvernement ne sont pas disposés à répondre favorablement aux attentes des patrons concernant aussi bien l'allègement des charges que la baisse des dépenses publiques ou celle de l'impôt sur les sociétés... On espérait une chirurgie rapide et radicale, propre à relancer la compétitivité de l'économie française. C'est vers une médecine prudente que l'on s'achemine. Quelles raisons impérieuses ont donc dicté à François Hollande des choix aussi frustrants ?

Les cafouillages de Hollande

On a peine à croire qu'il obéisse à de vieilles pesanteurs idéologiques. On est parfois tenté de l'en soupçonner quand on le voit céder à un sectarisme qui suinte le socialisme archaïque - on n'oubliera jamais le "je n'aime pas les riches". Mais aussi sincère qu'ait pu être dans sa jeunesse son engagement anticapitaliste, on ne peut pas imaginer que son savoir ne l'ait pas éveillé par la suite à une conscience claire des réalités ! De même, on peut difficilement envisager, sauf à retenir l'hypothèse d'une grande faiblesse, que ses décisions en matière de stratégie économique répondent à des considérations politiciennes. Lesquelles, alors qu'il est assuré d'une majorité parlementaire étroitement soudée par la haine de la droite et par l'intérêt du pouvoir, à défaut de l'être par la cohérence idéologique ?
En vérité, c'est, semble-t-il, la crainte du principe même de choc qui va inviter le président de la République à des choix modérés, autant dans le fond (les mesures) que dans la forme (le calendrier). Comme si les solutions radicales n'étaient pas dans sa nature, comme si elles lui faisaient peur. Il s'agirait d'une difficulté à exercer son autorité ou d'une absence même d'autorité, cachée sous toute une série d'alibis : le moment n'est pas venu, les Français ne comprendraient pas que je tranche dans le sens que préconise le patronat, le temps viendra, procédons par étapes... On connaît ce type d'argumentation. Mais c'est commettre une double erreur.
La première : déjà les Français ne comprennent pas, déjà il est trop tard. On a le sentiment que François Hollande ne mesure pas exactement l'état de l'opinion. Les fautes de communication qui se succèdent aujourd'hui ne sont-elles pas le signe d'une surdité à la voix du peuple ? Le président croit que le jugement porté sur lui par les Français est moins présent et moins fort dans l'esprit public que le souvenir laissé par Sarkozy. Il se trompe. Il oublie qu'il est là depuis six mois. C'est lui, Hollande, que la France évalue sur ses actes, c'est lui dont elle s'étonne qu'il ait encore si peu fait, alors qu'il avait tant promis. C'est lui qui cafouille, ce n'est pas la droite, ce n'est pas le destin, ce ne sont pas les autres.

Un gâchis

La deuxième erreur procède visiblement d'un bizarre rapport au temps. Cet homme-là considère qu'il a le temps parce qu'il a la durée. Pourtant, il a en main tous les éléments qui lui permettent de mesurer l'urgence des problèmes. Il a autour de lui une meute d'experts, toute l'énarchie réunie. Nous, nous ne sommes pas des experts. Mais nous connaissons la valeur des chiffres et des statistiques, nous comprenons le sens des analyses, la réalité de la vie. Tout ce que nous lisons, ce que nous apprenons sur la situation de la France, venu de la plume ou de la bouche de personnalités incontestables, de gauche ou de droite, ne résonne plus qu'en termes de déclin, de recul, de perte, de rétrogradation, de menace, de catastrophe. Tout ce que nous voyons de la vie ne se traduit plus qu'en termes d'inquiétude, d'angoisse, d'appauvrissement.

Et, en réponse, que fait-il, lui, que font-ils, eux ? Ils attendent un rapport sur la compétitivité pour annoncer qu'ils n'en tiendront pas compte et qu'ils en édulcoreront le contenu pour en étaler sur deux ou trois ans la mise en oeuvre. Il y a une dizaine d'années, une situation comparable, toutes choses égales, s'est présentée à l'Allemagne. Sans attendre, Schröder, qui était pourtant de la famille socialiste, prit les mesures conformes à ce que préconisait le patronat allemand. On connaît le résultat.
Tout ce gâchis pourquoi ? Parce que la gauche, avec ses vieux tropismes et ses utopies mitées. Parce que le socialisme, avec ses misérables rapports de force internes. Parce que la justice et l'égalité. Parce que la mollesse et la démagogie. Parce que les riches... Au fait, écoutons l'un d'entre eux, Marc de Lacharrière, peu suspect d'incivisme : "Est-ce que le président se rend compte que la France est un des seuls pays où un entrepreneur doit prendre 100 % des risques pour laisser au final à ses enfants entre 15 et 17 % de la richesse qu'il a produite ? Nos entreprises intermédiaires ont les niveaux de profit les plus faibles d'Europe. Si Hollande ne comprend pas cela..." Hollande ne comprendra pas cela. Que n'a-t-il jamais produit ?
 Que n'a-t-il jamais entrepris ? Que n'a-t-il jamais risqué ?

Après 6 mois ratés, François Hollande peut-il encore sauver son quinquennat ?

Mardi 6 novembre, François Hollande fête ses 6 mois à l'Elysée. Seulement 24 semaines après son élection, le président de la République, en forte baisse dans les sondages, est critiqué y compris dans son propre camp.

Mardi 6 novembre François Hollande fête ses 6 mois à l'Elysée. Suite au décrochage du président de la République dans les sondages, des ténors socialistes lui demande de "fixer un nouveau cap". François Hollande peut-il encore sauver son quinquennat ?

David Valence : La dégradation spectaculaire  de la popularité de l'exécutif était prévisible. Elle tient à une erreur de diagnostic des socialistes quant aux attentes des Français.
Le 6 mai 2012, une majorité de nos concitoyens a exprimé un besoin de réassurance et de justice. Si Nicolas Sarkozy a échoué ce jour-là, c'est parce que sa personne a été jugée trop peu stable et sa politique trop injuste, à tort ou à raison. Je ne crois pas pour autant que les Français aient joué aux autruches et refusé d'envisager la crise. Pas plus, d'ailleurs, qu'ils n'ont exprimé leur préférence pour un pouvoir "pépère", "classique". Non ! Ils étaient prêts à certains efforts, pourvu qu'ils soient justement répartis ; et ils espéraient un pouvoir stable, serein et fort.
Or la gauche a interprété ce rejet de Nicolas Sarkozy comme un refus de l' "hyperprésidence", comme le souhait d'un pouvoir "à la scandinave", sans façons, sans autorité trop démonstrative, sans coups de menton. Et sur le fond, la gauche modérée s'est convaincue que les Français refusaient la crise, et qu'il fallait donc ne pas trop leur parler de la manière dont on l'affronterait, sinon en "taxant les riches".
Cette double erreur de diagnostic a pourri les 6 premiers mois du quinquennat. Le gouvernement de Jean-Marc Ayrault a voulu faire de la rigueur sans le dire, sans oser expliquer aux Français la gravité de la situation. Et l'exécutif s'est cru bien inspiré en affichant une décontraction et une souplesse qui ont semé le trouble, en particulier dans les catégories populaires, directement menacées par le chômage et qui savent, elles, que le temps n'est pas à la décontraction ni à la souplesse.
Il n'y a pas mille façons de sortir de cette impasse. Le gouvernement doit d'abord tenir un discours de vérité sur la gravité de la crise, tout en donnant des perspectives à 4 ou 5 ans aux Français. Sur ce mode : "nous travaillons pour l'avenir de nos enfants". Le président de la République doit, ensuite, endosser le costume d'un vrai chef de l'exécutif, qui tranche, décide, sait où il va et assume de déplaire. Vérité et autorité : il n'y a pas d'autre chemin pour sauver le quinquennat.
André Grjebine : Je crois qu’on peut interpréter la baisse spectaculaire de la popularité de MM. Hollande et Ayrault de deux manières. La première est de l’attribuer à la poursuite de la détérioration de la situation économique, à la progression du chômage, etc., et aux premières mesures – désagréables ! – décidées par le gouvernement, en particulier l’augmentation des impôts.
Mais, il aurait été naïf d’attendre une amélioration en six mois et les hausses d’impôts étaient prévisibles, compte tenu de notre engagement (depuis Nicolas Sarkozy) de réduire drastiquement notre déficit budgétaire et l’endettement public. Je crois donc que l’on doit principalement attribuer le « décrochage » du pouvoir socialiste à un autre facteur : le sentiment que les mesures prises ne s’inscrivent pas dans un projet global clair de sortie progressive, fut-elle douloureuse, de la crise.
Au demeurant, il ne faut pas exagérer le caractère pénible des mesures à prendre, ou plutôt ces mesures ne devraient être pénibles que pour ceux qui bénéficient d’avantages discutables qui ne servent en rien aux efforts de renforcement de notre appareil de production qui doit être entrepris. Cela ne signifie absolument pas qu’une telle politique serait facile à mettre en œuvre. Bien au contraire. Il serait sans doute plus difficile de lutter contre les gaspillages de toutes sortes que ce soit au sein de la fonction publique ou dans l’affectation des ressources publiques en faisant face à d’innombrables groupes de pression et autre lobbies, que de mener une politique d’austérité qui enfonce progressivement l’économie française, mais dont le caractère apparemment inéluctable paraît absoudre d’une certaine manière ceux qui la prônent et la pratiquent.
Nicolas Prissette : On observe un mouvement paradoxal. En réalité, le cap a été fixé durant la campagne : c'est celui du redressement des comptes de la France, réduire le déficit à 3% dès 2013. Dans son interview du 9 septembre sur TF1, François Hollande s'est tenu à cet objectif. Les mesures qui en ont découlé, notamment la plus forte hausse d'impôts de l'Histoire, étaient annoncées dès la campagne. Mais en dépit de cette orientation économique assez claire, la conjoncture reste mauvaise : le chômage continue d'augmenter. Dans ce contexte, la popularité de l'exécutif reste faible et se dégrade très rapidement. C'est ce qui explique que des ténors socialistes demandent un changement de cap au bout de seulement 6 mois alors même que François Hollande tient les engagements qu'il avait pris durant la campagne.

Quelles sont les grandes orientations politiques et économiques que François Hollande peut adopter dans  l'année qui vient pour rebondir ? Le rapport Gallois peut-il être un "acte fondateur" ?

David Valence : Les deux principaux défis auxquels doit faire face notre pays sont connus : la désindustrialisation, d'une part, et le risque d'une rupture de solidarité entre les générations, d'autre part. François Hollande a bien identifié ces deux enjeux. Mais il faut maintenant tailler dans le vif et trancher, quitte à subordonner certains objectifs à d'autres. Le risque serait de renouer avec l'ère du "tout est prioritaire", et de ne pas savoir trancher quand des politiques entrent en conflit. Cette hésitation, cette difficulté à apporter des réponses précises et déterminées à des enjeux bien identifiés seraient très dangereuses pour notre pays.  
André Grjebine : En fait, on est entré dans une période où une démagogie à rebours s’est développée. C’est à qui fera miroiter les contraintes les plus fortes, les mesures les plus pénibles. Comme l’écrit Paul Krugman, prix Nobel d’économie, « On retrouve constamment l’envie pressante de faire de l’économie une pièce morale, une fable où la dépression est la conséquence nécessaire de péchés préalables, en conséquence de quoi il ne faut surtout pas l’alléger. »  Le courage aujourd’hui n’est pas d’enfoncer l’économie dans la crise comme le font partout au sein de la zone euro les politiques d’austérité, mais de mettre en œuvre une politique visant à renforcer notre appareil de production sans pour autant réduire la demande.
 Le temps des politiques unilatérales, les unes ne s’intéressant qu’à la demande, les autres qu’à l’offre me paraît aujourd’hui dépassé. C’est pourquoi les revendications du patronat demandant un transfert des charges supportées par les entreprises vers les ménages comme tous les plaidoyers (Rapport Gallois et autres) en faveur d’un « choc de compétitivité » me paraissent dangereux parce que très partiels. Si la demande faiblit, les entreprises ne vont guère être tentées d’investir quels que soient leurs profits. Dans l’hypothèse d’un fléchissement de la demande, elles vont plutôt être tentées de placer leurs capitaux dans des opérations financières dont on sait comment elles finissent…
 Nicolas Prissette : Aujourd'hui, François Hollande n'a pas les moyen de faire autre chose que d'attendre. Une fois que la politique de réduction des déficits est mise en œuvre, il n'a pas les moyen de mener une autre politique. Il est obligé d'attendre que cette politique porte ses fruits : ramener la confiance des acteurs économiques et le calme sur les marchés et que la France puisse continuer d'emprunter à des taux plus avantageux que les autres pays européens plus durement impactés par la crise.
Une fois que ce mouvement est engagé, François Hollande est contraint d'attendre que des jours meilleurs se présentent, le peu de marges de manœuvre dont il disposait étant consacrées à la réduction du déficit. A partir du moment où le président de la République a dit qu'il devait réduire le déficit à 3%, avec des hausses d'impôt historiquement jamais vues, il a les mains liées. La marche est trop forte. C'est un choix politique très dur qu'il paie aujourd'hui.

Le candidat Hollande avait aussi promis de "réenchanter le rêve français". Face aux réalités actuelles, peut-il aujourd'hui encore mener une politique en phase avec cette déclaration, en particulier face aux pressions de l'Allemagne et du FMI, qui appellent à un volet de réformes difficiles ?

David Valence : De tous les candidats socialistes à l'élection présidentielle, François Hollande est sans doute celui qui a le moins cultivé l'illusion de l' "autre politique", des lendemains qui chantent – et qui promettent des réveils douloureux. Il savait qu'il lui faudrait endosser la politique de réduction des déficits publics et de la dette initiée par son prédécesseur : c'est pourquoi il s'est abstenu de promettre des avancées sociales trop spectaculaires pour être raisonnables, comme l'auraient été une nouvelle réduction du temps de travail (voulue par Europe Ecologie Les Verts) ou l'interdiction des licenciements (réclamée par le Front de gauche et les trotskistes).

Mais dans le même temps, François Hollande était sensible au discours de ceux qui, comme sa plume Aquilino Morelle, l'alertaient sur le risque de voir prospérer le vote Mélenchon : il lui a donc bien fallu donner des gages, pour l'essentiel rhétoriques, aux électeurs les plus à gauche. D'où des formules comme celle que vous citez, ou celle du discours du Bourget, le 22 janvier 2012 : "mon véritable adversaire, c'est le monde de la finance".
Mais ces percées rhétoriques n'avaient pas vraiment de pendants programmatiques, y compris pendant la campagne électorale. Pour l'essentiel, François Hollande est sans doute le moins "à gauche" de tous les candidats socialistes depuis 1965, à l'exception peut-être du François Mitterrand de "La France unie", candidat à sa propre réélection en 1988.
André Grjebine : A défaut de « réenchanter le rêve français », ce qui n’est pas du domaine de la politique mais des idéologies qui me paraissent toujours irrationnelles et dangereuses, il faudrait que le gouvernement s’interroge sur la meilleure stratégie pour faire aller de pair une politique de redressement de notre appareil de production et une relance concertée au sein de la zone euro, sans laquelle le marasme va se prolonger durablement en Europe.
Je crois que cette relance concertée ne sera possible qu’en modifiant les règles du jeu institutionnel au sein de celle-ci. Le système institutionnel actuel privilégie les relations inter-étatiques et donne ainsi un pouvoir exorbitant au pays le plus puissant, l’Allemagne. Il existe pourtant une solution pour modifier cette situation. Elle consisterait à  démocratiser rapidement l’exécutif européen en donnant  une légitimité supérieure aux partisans d’un soutien européen de la croissance. On me dira que cette proposition participe aussi du conte de fée…sauf que, de manière paradoxale, c’est Mme Merkel qui propose cette réforme institutionnelle et le gouvernement français qui répugne à s’y engager.
Nicolas Prissette : "Réenchanter le rêve français" est une très jolie formule, encore faut-il la définir... Vous serez bien en peine de trouver quelqu'un qui puisse définir quel serait "le rêve français" que François Hollande voudrait réenchanter. Est-ce qu'on parle d'économie et des Trente Glorieuse ? S'agit-il de la France intégratrice de l'après guerre, de la France des lumières du XVIIIe siècle ? C'est sans doute la limite du projet de Hollande. Sur les deux prochaines années, on comprend très bien ce qu'est "le cap du redressement" : la réduction du déficit public. Mais après ces deux ans difficiles, on ignore quelle va être la direction empruntée...

François Mitterrand avait attendu deux ans avant d'entamer un virage gestionnaire. François Hollande peut-il assumer politiquement un tel revirement devant sa majorité et les Français après seulement six mois d'exercice ?

David Valence : François Hollande n'a pas le choix. S'il continue à faire de la rigueur sans le dire, et à vouloir gouverner de manière détendue, l'exécutif risque de découvrir des abysses d'impopularité que même les tandems Mitterrand-Cresson et Chirac-Juppé n'ont pas exploré.
D'autant qu'on connaît, depuis Nicolas Sarkozy, l'impact dévastateur et durable que peuvent avoir les six premiers mois d'exercice du pouvoir sur l'image d'un président. Au président précédent, ses premières semaines à l'Elysée ont collé, sans doute injustement, une étiquette de "président des riches", ami des seuls puissants, ne comprenant pas qu'il devait s'imposer à lui-même des limites aussi contraignantes qu'étaient étendus les privilèges liés à ses fonctions. Cette spirale-là ne s'est véritablement refermée qu'avec l'affaire de l'Epad et de Jean Sarkozy, en octobre 2009. Mais une certaine image s'était inscrite sur la cornée d'une majorité de Français quand ils voyaient Nicolas Sarkozy, image que certains médias n'ont cessé, par la suite, de flatter, quand bien même il leur aurait fallu reconnaître qu'il avait pris, en y mettant le temps mais sans doute mieux que ses prédécesseurs, la pleine mesure de ses fonctions.
Pour François Hollande, les six premiers mois d'exercice du pouvoir ont été plus cruels encore, mais les espoirs placés en lui étaient bien moindres que ceux suscités par Nicolas Sarkozy en 2007. Lui doit se défaire dès que possible de cette impression d'à peu près, de flou, de manque de fermeté et de détermination qu'ont reçue les Français. Il doit s'assumer en "Schröder français" et prendre le risque politique de conduire des réformes impopulaires, pour préparer la France à renouer enfin avec une croissance forte. Ce chemin ne lui apportera peut-être pas la victoire aux élections locales de 2014 et 2015, mais il peut porter des fruits à plus long terme. En politique, ne pas prendre de risques est la manière la plus certaine d'échouer.
André Grjebine :Paradoxalement, François Hollande a commencé son mandat en gestionnaire plutôt qu’en stratège. Ce n’est donc pas un « virage gestionnaire » qu’il doit entreprendre, mais la définition d’une stratégie visant à muscler l’économie française, sans porter atteinte pour autant à la demande sans laquelle rien ne sera possible.
Nicolas Prissette : La comparaison avec François Mitterrand se fait un peu en sens inverse. Le tournant de la rigueur de 1983 arrive après deux ans de gestion socialiste où beaucoup d'argent est dépensé, où les comptes de la France sont mis à contribution pour mettre en œuvre les propositions du candidat Mitterrand comme les congés payés supplémentaires ou la retraite à 60 ans. La politique qui est menée dégrade alors les comptes publics et éloigne la France de l'intégration européenne, d'où la rigueur.
Cette fois, la situation est inverse. François Hollande commence par la rigueur. Dès la campagne, il avait promis de poursuivre l'engagement de Nicolas Sarkozy de redresser les comptes de la France. A partir du moment où il n'a pas cherché avec les partenaires européens à renégocier un autre calendrier de réduction des déficits, il est obligé de commencer par la rigueur.Tout le problème est que cette politique est appliquée dans un contexte de quasi-récession.

Les alliés traditionnels du PS sont soit fragilisés (Les Verts) soit en total désaccord (Front de Gauche). François Hollande doit-il revoir son jeu d'alliances pour renforcer sa majorité et porter une nouvelle politique ?

David Valence : C'est à l'Assemblée nationale que se vote la loi en dernière instance. Or, à l'Assemblée nationale, le PS détient la majorité absolue à lui seul. Il peut donc se permettre d'ignorer le Front de gauche ou de bousculer des écologistes qui sont un peu ivres de mandats, et si déboussolés qu'ils cherchent à se distinguer sur des sujets où l'opinion ne les attend pas maximalistes (le traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance européennes).
A qui le PS pourrait-il bien s'allier ? Jean-Louis Borloo et ceux qui le suivent se réclament du centre-droit sans aucune ambiguïté et font la sourde oreille à ce que Jean-Christophe Cambadélis semble suggérer comme perspective d'alliance dans son dernier livre. Quant au Modem de François Bayrou, son pouvoir est plus symbolique qu'institutionnel.
Non, je pense que le principal enjeu, pour le pouvoir, c'est aujourd'hui la cohésion du Parti socialiste. Il faut que la rue de Solférino soit soudée et mobilisée derrière le gouvernement. Le pire serait à craindre en revanche si le Parti socialiste renouait avec la tendance centrifuge déjà observée lors du second septennat de François Mitterrand, ou entre 2002 et 2008.
La priorité "politique" du gouvernement devrait donc être d'assurer l'autorité du Premier ministre sur et au sein du Parti socialiste, et de maintenir ce dernier en état de marche et de cohésion. Si d'aventure les écologistes ou les communistes se plaignaient trop haut, François Hollande aurait toujours la ressource, pour ne pas donner le sentiment d'un pouvoir réduit aux seuls acquêts socialistes, de promouvoir des personnalités de la société civile ou de nommer des élus du Modem au gouvernement – ils sont plusieurs à n'attendre que cela !
Nicolas Prissette : La grande chance de François Hollande, contrairement à Lionel Jospin en 1997, c'est qu'il n'a pas besoin de ses alliés puisqu'il il dispose de la majorité absolue à l'Assemblée nationale. Il n'a pas besoin d'une gauche plurielle. La gestion des alliés par François Hollande s'est toujours déroulée de manière autoritaire, notamment concernant l'accord Verts-PS négocié par Cécile Duflot et Martine Aubry. François Hollande a toujours fait comprendre que cet accord ne l’engageait pas particulièrement. Le Parti communiste et les écologistes peuvent représenter un souci médiatique, mais pas un souci politique.
En revanche, l'aile gauche du PS qui a réussi à se faire entendre très fortement dès le début du quinquennat, notamment sur la question du traité budgétaire européen, sera plus délicate à gérer pour le président de la République.



Un nouveau gouvernement flambant normal, très peu servi

Le mardi 15 mai 2012 fut une rude journée pour Hollande : à peine avait-il fini de rendre hommage au chantre de l'expansion coloniale et à la naissance du nucléaire (ce qui ravira ses amis de tous bords, soyons en sûrs) qu'il nous dévoilait, après un suspens au moins aussi intense que pendant toute la campagne présidentielle, le nom de son premier ministre.

Et c'est donc sans surprise que Jean-Marc Ayrault devient le premier Premier Ministre de Hollande, et même un Premier Ministre Irréprochable Car Il N'a Jamais Été Condamné Et Il A Même Été Réhabilité. Et dans la foulée, le mercredi 16, ce Premier Ministre Irréprochable nous a présenté un gouvernement flanby flambant neuf normal, très peu servi à tout point de vue, qui va offrir au Changement ses lettres de noblesses.
Avant de passer en revue la brochette de bras cassés personnalités qui le composent, on se réjouira de l'absence de la tartine de Lille, à deux titres : d'une part, comme Hollande et elle ne peuvent pas s'encaisser, l'hypocritomètre aurait explosé si elle avait fait partie de la fine équipe. D'autre part, son absence nous permet d'échapper aux rodomontades moralisatrices qu'elle n'aurait pas manqué de nous asséner du haut de son ministère, quel qu'il fut, et de ses lumineuses idées dont la France subit encore les effets catastrophiques directs et indirects.
À présent, et sans passer en revue tous les 34 ministres d'un gouvernement pas resserré du tout, concentrons-nous sur ses quelques particularités dont la durée de vie est étroitement liée d'une part à la conjoncture économique et d'autre part aux prochaines législatives. Car en effet, Ayrault l'a clairement expliqué, un ministre qui n'aura pas été élu en juin prochain sera viré : voilà qui, au moins, donne une puissante motivation à gauche pour que les ministres soit élus, et à droite pour choper leur circonscription. Parallèlement, il est amusant de constater la coïncidence des prochaines élections grecques des prochaines élections françaises. Le dimanche 17 juin au soir, on aura peut-être le droit à un feu d'artifice politique comme l'histoire en connaîtra peu.
Bref.
Première constatation : la fraise des bois a réussi à camoufler les éléphants puisque dans ce gouvernement, on n'en voit qu'un, Fabius. Ce qui monte donc à deux le nombre de ministres qui sont passés devant la justice, dont le Premier Qui N'A Jamais Été Condamné et A Même Été Réhabilité. Il aurait été amusant de nommer l'un ou l'autre à la justice, au passage, mais finalement on aura préféré lui adjoindre Taubira, dont tout le monde s'accordera à dire qu'il n'y a rien à en dire : parfaite politicienne voyageant de Balladur à Tapie puis Royal, propulsant à l'occasion une loi de complaisance complètement accessoire, elle aura été chaudement récompensée par Hollande pour avoir réussi à fusiller la candidature de Jospin en 2002 dans un joli pschitt abracadabrantesque dont les socialistes se souviennent encore.
Fabius, quant à lui, se retrouve aux Affaires Étrangères. La diplomatie française passe donc de Juppé, un ministre condamné, à Fabius, un ministre responsable mais pas coupable qui a du sang contaminé sur les mains. Le changement, c'est mollo. On va me trouver lourd d'insister, mais je tiens à noter que dans un cas normal, la fonction publique d’État est rigoureusement fermée à tout citoyen lambda qui a un extrait de casier judiciaire non vierge. Dans un cas normal, donc, qui irait avec un président normal et un premier ministre normal.

Un président normal

On notera aussi la présence de Moscovici à l’Économie, ce qui permet de brosser les strausskhaniens dans le sens du poil. Ce poste est aussi la récompense du temps passé à gérer la pénible campagne présidentielle de Hollande depuis le mois de juin 2011. On assiste ici à un renvoi d'ascenseur d'une banalité consternante. Avec ce qui va lui arriver dans les gencives au niveau économique mondial, le petit Pierre aura bien besoin de son gentil DEA de sciences économiques décroché il y a trente ans, mais, à tout prendre, il aura probablement plus besoin de son autre DEA, celui de philosophie, pour rester zen et savoir faire la part des choses dans l'averse de catastrophes dans laquelle il va, aidé des autres socialistes, propulser la France.
Du côté du ministère du travail, de l'emploi et du dialogue social, ça sent le Michel Sapin. Au moins, c'est normal. C'est même lucide. Quant à Montebourg à l'Industrie, pardon, au fier Redressement Productif, on est là dans la continuité du froufroutage volubile et de l'habillage cossu et embourgeoisé des foutaises rigolotes et populistes de sa campagne de primaires dans lesquelles le pédant nous avait bassiné de ses approximations douteuses sur la mondialisation et navré sur ses solutions improvisées à la mode socialistoïde. Ici, l'avantage évident de cette nomination réside avant tout dans la mise au placard d'Audrey Pulvar, qui est au moins autant un problème pour son compagnon que le fut Hollande pour Royal en 2007. Si le placard est capitonné, cela offrira un sain repos à des millions de Français qui n'attendaient que ça.
Un gouvernement normal

On pourra pouffer sur l'attribution des écolos : à défaut d'envoyer Duflot dans le décor, on s'attendait à ce qu'elle aille à l'Environnement. Que nenni. Ce sera dans le ministère de l'égalité des territoires et du logement, ce qui ne veut à peu près rien dire. Je serais tenté d'y voir, ici, une facilité offerte à la dirigeante des Verts pour des éventuelles besoins personnels (ou de son parti) : après tout, tout le monde a besoin d'un logement pas cher. L'avenir nous le dira, mais on espère qu'elle n'utilisera pas son DEA de géographie pour se localiser correctement, ce dernier ne l'ayant pas mis à l'abri de situer le Japon dans l'hémisphère sud (et zut).
Signalons enfin qu'aucun ami communiste, stalinien, trotskyste ou seulement alter-comprenant de Jean-Luc Mélenchon n'aura trouvé de place dans ce gouvernement (et ça, c'est vraiment normal). J'adresserai un petit "coucou" amusé à tous ses électeurs maintenant parfaitement cocus, et qui ont montré encore une fois ce que "idiots utiles" veut dire.
Les petits amis de Hollande se retrouvent donc bien placés. Comme on pouvait s'y attendre, on ne trouve finalement que des politiciens avides de pouvoir et d'honneurs, c'est bien un gouvernement normal, c'est à dire une belle équipe de clowns, comme la précédente, au fond : la couleur de la sciure et des confettis n'est pas la même, mais la piste, elle, ne varie pas, et les numéros promettent déjà d'être une longue resucée de ce qu'on a déjà vu.
Je ne suis pas sûr que ce soit ce dont la France va avoir besoin dans les semaines qui viennent.

Les syndicats français, la cauteleuse mafia qui détruit de l'emploi

Le syndicalisme, en France, c'est cette façon subtile de trouver des chemins alternatifs pour imposer la loi du plus fort sans risquer de se retrouver dans les pattes d'une justice heureusement accommodante. Si je fais ce constat dans ces colonnes de façon assez régulière, ce n'est pas par acharnement mais simplement parce que l'actualité oblige à constater l'évidence : le syndicalisme français n'est plus guère qu'une mafia.
Je sais déjà, à l'évidence, qu'on me reprochera mes avis à l'emporte-pièce : ce qui est caricatural ou exagéré devient insignifiant, et tout l'habituel tralala. En réalité, le plus dur ici est d'accepter les faits (que je vais lister, ci-après), l’amoncellement d'événements marquants, la montagne d'éléments difficilement discutables, et d'en tirer les conclusions, aussi caricaturales soient-elles.

Ainsi, on pourrait parler de cette tendance des syndicats à saboter l'entreprise dans laquelle ils opèrent, surtout si cette entreprise a été grassement subventionnée par l’État. L'exemple encore récent de Seafrance doit revenir aux oreilles de tous. Les nombreux rebondissements qui ont accompagné la lente descente vers la déroute complète de la SNCM forment un autre exemple, bizarrement proche du cas précédent.
On pourrait évoquer les méthodes de gros-bras, parfaitement illégales, parfois à la limite d'un terrorisme qui ne veut pas dire son nom, rarement poursuivies ou accompagnées de peines symboliques le cas échéant, des salariés dès lors qu'ils sont syndiqués et soutenus par les grandes centrales de la "négociation" salariale à coup de clef à molette dans les gencives. Evidemment, le Syndicat du Livre CGT représente à ce sujet un chapitre entier de techniques parfaitement mafieuses, et, j'insiste, sans aucune exagération : trafic d'armes, détournement de stocks, censure, étouffement des affaires judiciaires correspondantes, intimidations, tout y est. J'avais évoqué l'importance de la syndication pour éviter les ennuis dans un précédent billet qui avait fait mousser la commissure des lèvres des intéressés.
Et puis, une mafia ne serait pas une mafia sans quelques séquestrations, de-ci, de-là, parce qu'après tout, en République Démocratique du Bisounoursland, il est admis qu’une entreprise appartient à ses employés en premier lieu, que les syndicalistes décident de ce que le patron a le droit de faire ou pas, et que si ce dernier se la joue un peu trop autonome, pif, paf, pouf, on séquestre et on en discute. Ce serait caricatural, si cela ne se répétait pas de façon assez mécanique, assez régulièrement, dans l'actualité.

Tout ceci serait caricatural si on ne trouvait pas, là encore avec une régularité de métronome suisse, des affaires sordides de détournements de fonds, de manoeuvres camouflant des privilèges ahurissants et un comportement en interne de ces syndicats parfaitement en accord avec leur comportement à l'extérieur (Marc Blondel de FO fut par exemple condamné aux prud'hommes, la CGT pour licenciement abusif, ...) Et ce qui est vrai des syndicats de salariés l'est aussi de celui de patrons, les mêmes causes (protections, privilèges et opacités des syndicats) provoquant les mêmes effets (corruption, détournement, arrangements fiscaux, ...)
Le comportement mafieux ne s'arrête pas là : on se rappellera sans effort les manœuvres lamentables de ces syndicalistes, aidés par tout un rang de députés aussi pleutres que démagogues lorsque le rapport Perruchot sur le financement des syndicats était sorti à l'Assemblée Nationale. Dans un épisode consternant de la 5ème République d'un Bisounoursland en déliquescence totale, on avait assisté, pour la première fois dans l'histoire de la Chambre des Députés, à l'enterrement d'un rapport issu d'une Commission d'enquête dont la majorité de l'époque avait absolument tout fait pour ne pas l'adopter.
Bactéries de Syndicalus ProfitansEn introduction, je parlais de l'actualité qui remet le couvert, régulièrement, sur le sujet des efforts syndicaux pour accroître le chômage en France. Exactement à l'instar de l’État dont seul les naïfs pensent encore qu'il est là pour les aider, et dont le seul but réel est sa propre survie, au détriment logique et terminal de son hôte, les syndicats sont rapidement devenus, à la suite du cocon juridique douillet et inattaquable qui leur a été construit, de véritables bastions d'un autre âge, arcboutés sur leurs méthodes et qui visent non pas à protéger les salariés, mais à perdurer par toutes les manigances et magouilles possibles. Parfois, cela peut se faire au bénéfice du salarié (et dans ce cas, comptez sur une publicité maximale des actions menées). Le plus souvent, c'est à son pur détriment, que ce soit par l'organisation de grèves dont il aura à souffrir, ou ... en attaquant obstinément les entreprises qui l'emploient.
Miam, rien de tel qu'un bon coup de code du travail derrière la nuque pour calmer les ardeurs d'un patron ! Prenons le cas de Bricorama, puisqu'il s'offre à nous sur un plateau.
On sait que les syndicalistes sont extrêmement pointilleux sur le respect de la semaine chrétienne et de la fermeture catholique du dimanche, probablement pour aller à la Messe (le syndicaliste n'est pas juif et peut travailler le samedi, il n'est pas musulman et peut trouver à s'employer le vendredi, il peut éventuellement être athée voire anticlérical mais en tout cas, il tient à son dimanche chômé, et pas un autre jour). Bricorama, tout comme Leroy-Merlin et Castorama, ont pris la fâcheuse habitude d'ouvrir leurs enseignes pendant le jour de l'office dominical (les hommes bricolant connement le dimanche) et cela, c'était intolérable pour Force-Ouvrière qui a bien vite attaqué les magasins auprès du TGI de Pontoise puis de la Cour d'Appel de Versailles.
L'obligation de fermer, pour Bricorama, signifie une perte de 15% de son chiffre d'affaire. Quant à l'amende de 18 millions d'euros, due à Force Ouvrière (dont on comprend alors immédiatement la réelle motivation), la payer revient à supprimer purement et simplement toute prime d'intéressement aux salariés. Le pompon de l'affaire reste tout de même que pour compenser la baisse de chiffre d'affaire et l'évaporation du bénéfice, l'enseigne se verrait contrainte à fermer 5 ou 6 magasins, soit 500 emplois.
Oui, le syndicalisme, c'est bien pour les syndicalistes, mais moins choupinet pour les salariés qui en "bénéficient". Ceux qui se retrouveront au chômage suite aux belles actions en justice de FO apprécieront sans aucun doute les prochaines grèves (qui les empêcheront de passer des entretiens ?) avec toute la force d'une expérience vécue au plus près.
Le tableau ne serait pas complet si on n'évoquait pas, comme dernier comportement mafieux, celui des syndicats face à une éventuelle concurrence. De la même façon que la Mafia n'aime guère se retrouver confrontée aux agents du fisc (qui chassent sur leurs terres) ou qu'elle pète joyeusement les rotules de ceux qui auraient l'idée de s'entêter à lui jouer concurrence, les syndicats français s'y prennent de la même façon face à l'arrivée d'un nouveau syndicat, d'autant plus qu'il n'est pas "dans la combine". Pour le moment, on en est encore qu'aux passes d'armes juridiques, avec tous les bâtons légaux jetés dans les roues des nouveaux arrivants, mais on peut sans mal imaginer qu'un petit matin, l'un ou l'autre dirigeant du nouveau syndicat décède dans un tragique "accident" de voiture, ou que leurs locaux partent en fumée (un mégot mal éteint, même chez des non-fumeurs compulsifs, est si vite arrivé).
Entre les administrations qui pompent de l'argent à tous les niveaux pour entrer en concurrence avec le commerce traditionnel et les syndicats qui sabotent les entreprises de l'intérieur, je ne vois pas très bien comment, au juste, le pays pourrait subitement échapper au sort qui l'attend. Pour moi, cela me semble clair :
CE PAYS EST FOUTU