TOUT EST DIT

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jeudi 1 novembre 2012

Christophe Barbier, le petit soldat du « choc » (pour les autres)

À la différence des gens qui se prennent les pieds dans le tapis du « choc de compétitivité » (et Jean-Marc Ayrault n’est pas le seul concerné), Christophe Barbier, lui, file son chemin tel un Mousquetaire en partance pour une nouvelle aventure. L’éditorial que publie cette semaine le directeur de « L’Express » s’intitule tout simplement « Éloge du choc »

Oui, le « choc » tout seul. Pour l’homme qui murmure à l’oreille de Laurence Parisot, la compétitivité n’est qu’un vil prétexte pour justifier le choc social dont on rêve dans les salons parisiens. 

Quel est donc le programme que propose le petit soldat Barbier ? La « baisse des charges sociales », la hausse de la CSG, l’application de la « TVA dite sociale » dont rêvait Sarkozy, la « flexibilité du travail » (comme si elle n’existait pas), la révision des prestations sociales, la fin  de l’État-Providence, le « coup de pied aux fesses » contre « l’assistanat ». Bref, un traitement de choc - un vrai – qui serait le pâle héritage d’une donation cosignée par Margaret Thatcher et Ronald Reagan.  

À en croire le Savonarole de Saint-Germain des Prés, cette petite cure d’amaigrissement est nécessaire car « le pays a besoin, pour retrouver le goût de l’effort, d’un choc psychique, d’une secousse électropolitique apte à réveiller cette énergie vitale des peuples qui s’appelle l’ambition ». Fin de la péroraison pour cœur fragile ayant trouvé refuge dans le triangle d’or de la capitale.  

Telle est la réalité nationale vue de la planète où vit Barbier (plutôt pas mal, d’ailleurs, merci pour lui).  Pour lui, la France n’est qu’un pays de planqués et de fainéants, de faux chômeurs et de vrais truqueurs, de petits esprits indifférents aux défis contemporains, de gens étroits ayant perdu le sens de l’engagement, de traitres à la patrie en danger, d’âmes mortes rétives à la mondialisation. Il faut donc les réveiller à la schlague.  D’où la question posée en conclusion de son prêche : « Il faut un président de choc : François Hollande répondra-t-il présent ? »

Passons sur la morgue et la suffisance du petit marquis de la médiacratie. Oublions le mépris vis-à-vis de ceux qui vivent le choc de la vie au quotidien. Contentons-nous de méditer cette dernière phrase, car elle a le mérite de mettre en lumière la grande question de l’heure : le gouvernement va-t-il céder au non à la fronde des nantis et à la jacquerie des privilégiés ?    

Car c’est bien de cela qu’il s’agit dans cette affaire née du rapport Gallois et du débat ubuesque sur la « compétitivité ». À force de tergiverser, d’hésiter, de reculer, de lâcher du lest et de ne pas savoir sur quel pied danser, le gouvernement s’est laissé enfermer dans le piège dressé par la coalition des forces conservatrices, où l’on retrouve les « pigeons », les vautours du Medef, les rapaces de l’Ump, sans oublier les oiseaux de plumes à la Barbier, qui rêvent du Sarkozysme sans Sarkozy, parfois rejoints par les petits moineaux médiatiques de la social-démocratie résignée.

Ce front antipopulaire de type inédit entend profiter de la crise et de ses conséquences pour faire plier François Hollande et le contraindre à ranger au rayon des vieilleries ses velléités de remettre un peu de justice et d’efficacité dans l’ordre économique et social. L’arête de la taxe de 75%  sur les plus riches, aussi symbolique soit-elle, leur est restée au travers de la gorge. Ils veulent un retour rapide aux « fondamentaux » du néolibéralisme. Ils instrumentalisent le rapport Gallois pour tenter d’imposer à la hussarde un virage austéritaire qui serait à la fois un Waterloo économique (la rigueur forcée ne ferait qu’aggraver le risque de récession et donc les difficultés budgétaires) et une Bérézina politique pour la gauche.

L’avantage du billet de Christophe Barbier, c’est qu’il permet de connaître le plan de bataille des néo-cons à la française. La stratégie du camp d’en face est moins claire, et c’est tout le problème. 

Vous avez dit égalité ? (1) Les bases du concept

Bien loin d’être un étalon de la performance d’un système, l’égalité est un pur concept opératoire, qui doit trouver sa définition de l’extérieur, définition différente pour chaque domaine d’activité.

Quand les réformes se succèdent à un rythme affolant et ne résolvent rien, il faut s’attendre à un effondrement. Il arrive nécessairement un moment où une société atteint son point critique d’incohérence. Un pont peut entrer en résonance, c’est-à-dire se mettre à vibrer sous l’effet du vent ou de toute autre contrainte, de telle sorte que les mouvements vont aller en s’amplifiant jusqu’à la rupture de l’édifice. À mesure qu’elles se complexifient et s’enrichissent, les sociétés sollicitent de plus en plus les résistances humaines et doivent contenir des forces contradictoires de plus en plus grandes. Il arrive un moment où ces forces ne trouvent plus leur équilibre que dans un mouvement de balancier.
En matière d’éducation et sans doute aussi en économie et en politique, nos sociétés occidentales sont entrées dans un de ces mouvements frénétiques sans direction apparente. On en arrive curieusement à se réjouir de l’alternance politique. Faire et défaire. Où est le progrès ? Mais cela ne serait rien, si c’était le signe d’un conservatisme tranquille. Au-delà des fluctuations, il y a des problèmes qui prennent de l’ampleur. Réformes sur réformes ne résolvent pas le problème du chômage, et il n’y a que des artifices statistiques pour masquer son augmentation structurelle. La durée de vie des programmes scolaires n’atteint pas la moitié du temps passé par les enfants sur les bancs de l’école obligatoire. Les codes de lois augmentent de façon exponentielle, sans que la justice soit mieux rendue, loin s’en faut. Et nous pouvons constater conjointement une baisse de qualité des services publics et une augmentation des déficits, malgré une augmentation parallèle des taux d’imposition. On a dû se tromper quelque part. Obstination dans l’erreur, échec systématique des solutions proposées. Comment est-ce possible ? Sans doute cela vient-il de ce que les questions sont mal posées et les termes du débat trompeurs.
Il conviendrait donc d’analyser les concepts qui sous-tendent nos débats de société. Je veux parler de ces concepts qu’on retrouve à peu près dans tous les camps, de ces valeurs dont tout le monde semble se réclamer et qui n’ont pas le même sens pour tout le monde. Dans cette série d’articles, je me concentrerai sur l’égalité. Il s’agit en effet du principal critère mis en avant pour réclamer les réformes. Il sert à justifier aussi bien la fiscalité que la suppression des notes ou le mariage gay. Je vais essayer ici de montrer que, bien loin d’être un étalon de la performance d’un système, l’égalité est un pur concept opératoire, qui doit trouver sa définition de l’extérieur, définition différente pour chaque domaine d’activité. Dans les articles suivants j’essaierai d’en tirer quelques conséquences pour les grands débats de société en cours.
Pour y voir clair, faisons donc un petit tour du côté des mathématiques. Poser une égalité revient toujours à faire abstraction. En mathématiques on manipule de purs concepts, il n’y a donc pas de problème à dire : 3 x 4 = 4 x 3
Mais si je veux appliquer ces nombres à des réalités concrètes et mesurables, une difficulté apparaît immédiatement. Puis-je dire par exemple que 3 paquets de 4 biscuits reviennent au même que 4 paquets de 3 biscuits ? Oui, si j’ouvre tous les paquets et que je les mange en une seule fois. Non, si j’organise par exemple un grand jeu dans la forêt et que je veux distribuer le goûter aux participants. Pour l’intendant, la multiplication ne sera pas toujours commutative. Soit dit en passant, je me demande si ce décalage entre le concept abstrait et les applications pratiques n’expliquerait pas les difficultés d’apprentissage de certains élèves. Quoi qu’il en soit, on voit bien qu’en posant l’égalité 3 x 4 = 4 x 3, j’ai procédé à une abstraction, en éliminant un facteur que je jugeais sans intérêt, à savoir la composition des paquets.
On trouve la même chose en poésie. Je me plais beaucoup à écrire au tableau : 3 x 4 ≠ 4 x 3
D’abord parce que c’est vrai d’un point de vue rythmique, ensuite parce que ça permet de repérer les élèves qui ne suivent pas. On les voit se réveiller, quand ils se demandent ce que ça vient faire en cours de français et comment le professeur peut être assez bête pour écrire un truc pareil ! Les bons élèves, eux, ont déjà compris que le rythme d’un tétramètre classique - "Tout m’affli/ge et me nuit/ et conspi/re à me nuire" (Racine) - n’est pas du tout le même que celui d’un trimètre romantique - "J’ai disloqué/ ce grand niais/ d’alexandrin" (Hugo). Pourtant, vous avez bel et bien douze syllabes à chaque fois.
En géométrie je pourrais, comme le fait Marie-Laure Izorche, m’amuser à comparer des triangles et déclarer égaux des triangles dont l’aire est identique mais le périmètre différent, des triangles ayant des angles égaux mais des tailles différentes, ou des triangles ayant exactement les mêmes dimensions mais différents par l’encre avec laquelle ils ont été tracés. À l’extrême, des triangles en tout point identiques (taille, forme, couleur) mais placés différemment dans l’espace, par exemple l’un tourné vers le bas et l’autre vers le haut, ont-il la même signification ? Rien n’est moins sûr. Je peux employer l’un pour dire oui et l’autre pour dire non. Je peux les employer pour symboliser le masculin et le féminin. Et dès lors, je peux tenir tous les triangles pour inégaux, chacun ayant sa singularité irréductible. Et pourtant ces figures sont très comparables et tant que je n’ai pas de code pour les interpréter, je peux aussi bien les tenir pour interchangeables. Je pourrais même affirmer que fondamentalement, tous les triangles sont égaux, en ce qu’ils ont tous trois côtés, trois angles et quelques propriétés communes. Tout dépend des critères que je veux retenir pour porter mon jugement. Reste à savoir évidemment, si les critères retenus sont pertinents pour le genre de problème que j’ai à résoudre ? Mon triangle est-il un symbole dans un message codé ou la structure de base d’un projet architectural ?

À suivre…

Quand l’État sabote le commerce

"L’État est là pour nous aider, on paye pour !" Je suis toujours très surpris de constater qu'une majorité de Français croient encore ce gros bobard douillet dans lequel ils se réfugient d'ailleurs dès qu'on commence à discuter un peu de son emprise sur leur vie de tous les jours. Régulièrement, ces éditos sont pour moi l'occasion d'illustrer pourquoi, précisément, l’État ne veut pas le bien des citoyens qu'il aurait charge de servir. Aujourd'hui, c'est à Carcassonne que nous découvrons un de ces nombreux exemples d'aberration étatique.

On apprend, par une presse frémissante à l'idée de relater les péripéties locales de la mairie, qu'une nouvelle médiathèque est en cours de finition dans la ville de Carcassonne et qu'elle sera bientôt ouverte. Jusque là, rien d'anormal, puisque c'est la simple continuité des activités naturelles de l'administration locale qui consiste, comme chacun sait, à dépenser bruyamment et le plus visiblement possible l'argent des contribuables locaux dans des établissements rutilants destinés à leur apporter avec empressement ce qu'ils n'ont jamais demandé.
De nos jours, une municipalité digne de ce nom et des impôts fonciers prélevés ne se contentent plus de ravaler les façades d'écoles ni d'entretenir avec des frais minutieusement calculés des bibliothèques aux livres un peu jaunis dans lesquelles quelques rayons histoire, géographie, culture locale et cuisine du cru côtoient un misérable rayon Économie remplis d'ouvrages délicieusement marxistes. Non, décidément, les "bibliothèques", c'est poussiéreux, et ça nous ramène début XXème siècle. De nos jours, on fait dans la "médiathèque" qui, comme son nom l'indique, accumule les médias pour attirer le gogo contribuable usager.
Eh oui : on va donc ajouter à la traditionnelle procession de livres plus ou moins intéressants une quantité vaguement amortissable d'autres médias, comme la musique ou les films sous forme de DVD ou de Blu-ray. L'idée est simple : comme, soyons clairs, plus personne ne vient spontanément dans les bibliothèques, on va tenter de justifier la présence du bâtiment, les coûts de personnel salarié, des infrastructures et de leur maintenance en élargissant l'offre (et en obligeant les écoles publiques à venir y faire un tour régulièrement aussi ; après tout, il n'y a pas de petites victoires.) Il faut dire que la concurrence d'internet est particulièrement rude et les employés municipaux chargés de démontrer leur utilité indispensable rivalisent donc d'inventivité pour accroître la fréquentation de leurs locaux. Au passage, on trouvera quelques études (dont certaines réalisées jusqu'en 2006, par un Crédoc manifestement trop réjoui à l'idée que les chiffres seraient bons, mais si mais si) qui expliquent que les bibliothèques municipales continuent d'attirer du monde, même si la lecture attentive des rapports montre surtout que la population qui y vient régulièrement tend à vieillir, et que les établissements peinent franchement à attirer l'attention des jeunes dont une bonne partie n'y va que parce qu'elle y est obligée scolairement.
Le bilan est d'ailleurs franchement grisâtre. Si la désaffection des bibliothèques reste encore modérée (encore que les statistiques ne laissent guère de doute), on ne peut arriver à la camoufler qu'après des torsions statistiques amusantes qui font un peu sourire lorsqu'on recoupe les informations sur internet. Par exemple, si les places de lecture en bibliothèque de l'enseignement supérieur passent ainsi de 115.000 en 2002 à 127.000 en 2008, les lecteurs inscrits passent, eux, de 1.305 millions à 1.211 sur la même période. Évidemment, le personnel employé passe lui de 5138 à plus de 5700 (halte aux cadences infernales, et tout ça). En pratique, plus de 70% de la population française fait preuve d'une totale indifférence à ces services qui coûtent pourtant 20€ par an et par habitant.
Le décor posé, revenons à Carcassonne où la nouvelle médiathèque va donc ouvrir, et même disposer ... d'un espace dédié aux jeux vidéos. Ici, je cite la notule journalistique :

Les ados ont leur place, avec des jeux vidéos. "Cette offre est importante pour attirer les publics adolescents, qui fréquentent peu les bibliothèques, explique le directeur. Ils pourront à la fois jouer sur place et emprunter les jeux pour les amener chez eux"
Youpi, des jeux gratuits payés par le contribuable pour attirer le djeunzs dans les filets de la municipalité ! Bien sûr, le djeunz ainsi serré ne sait pas qu'il est en réalité l'enjeu d'une bataille budgétaire pour justifier l'existence d'une dépense cossue dans sa ville, mais c'est sans importance : il va pouvoir dégommer du spetsnaz dans Call of Duty pour pas un rond et ça, c'est assez kewl, man.
Éthiquement, cependant, on peut comprendre que certains trouvent l'affaire un tantinet difficile à avaler. Je pense ici à un certain Laurent Pécal, le gérant de Logigames, qui se retrouve maintenant en concurrence frontale avec les services de l’État, et avec ses propres impôts. Pourtant, il y a un an, lors de l'ouverture de la petite médiathèque, les services de la mairie de Carcassonne avaient assuré le gérant qu'ils ne feraient pas de jeux vidéos et ne viendraient pas piétiner ses plantes-bandes commerciales. Peine perdue, donc : la médiathèque proposera bien des jeux vidéos, disponibles à l'emprunt.

La réaction de Laurent Pécal est sans équivoque : "Ils se sont bien foutus de ma gueule." Il est vrai que, du point de vue commercial, la situation n'est pas des plus aisée : "Ils sont gratuit. Je ne peux rien faire contre la gratuité." D'autant que, question moyens, le service public, toujours prêt à pleurnicher pour en avoir encore plus, dispose ici d'un budget de 11,9 millions d'euros sur trois ans, à comparer au budget d'un cybercafé (ici, moins de 100.000 euros à l'année) qui n'a pas l'opportunité d'utiliser la force pour aller piocher dans la poche des contribuables.
On pourra m'objecter que la concurrence, prônée par les libéraux, a normalement du bon. Certes, mais cela suppose une concurrence un minimum équitable, et non le véritable dumping dont le gérant est ici clairement la victime : il n'aura jamais les moyens dont dispose la municipalité puisque, factuellement, il devra pour vivre facturer quelque chose à ses clients (et uniquement à ceux-ci) là où la municipalité, par le truchement de l'impôt, peut se permettre d'aller racketter aussi tous les habitants y compris ceux qui n'ont rien à faire des jeux vidéos.
Un concurrent normal (grande surface, autre cybercafé) sera toujours confronté à la nécessité de facturer ses services pour éponger une partie de ses coûts, chose que les sévices publics peuvent se passer complètement de faire de façon directe. Non seulement, ils peuvent reporter le coût sur des non-clients, mais ils ont aussi la facilité de crédit illimité que permet tout État muni de la coercition légale.
Mais plus profondément, sans même parler de la concurrence introduite ici aux forceps, on pourra rappeler, comme je le notais en introduction, que l’État n'est pas censé piétiner ainsi le travail des honnêtes gens. Tout d'abord parce qu'en bon gestionnaire, l’État doit comprendre que saboter ainsi le commerce, c'est se couper d'une source de financement. Et d'autre part, l’État a normalement pour mission l'exact opposé : favoriser la création d'emplois, ce que cette médiathèque détruit de façon évidente (eh oui : l'argent qui la fait fonctionner, il faut bien le trouver quelque part).
Bien évidemment, cet exemple peut paraître anecdotique. Il est en réalité parfaitement symptomatique du problème français : là où l’État devrait se faire humble et se contenter de ses missions régaliennes essentielles, il s'éparpille joyeusement dans des multitudes d'aventures colorées qui coûtent de plus en plus cher de façon directe (par les frais engagés) et indirecte (par les destructions de richesse et d'emplois inférées).
Non, les jeux vidéos gratuits disponibles à l'emprunt, ça n'existe pas.  
Et non, l’État ne vous veut pas du bien : il veut son propre bien, la pérennité de son existence avant tout et même si cela doit se faire au détriment de son hôte (vous).

Au-delà numérique

La mort intègre à son tour le monde virtuel. Désormais, elle peut se « vivre » à distance, par écrans interposés : trois crématoriums (à Paris, Carcassonne et Canet-en-Roussillon) proposent aux proches ne pouvant se déplacer de suivre la cérémonie d’adieu depuis chez eux, grâce à une connexion sécurisée. D’autres sites hébergent ensuite des « mémoriaux virtuels », « parcelles d’éternité numérique » qui entretiennent les souvenirs des défunts.
Le summum de cette moderne accointance entre monde numérique et Au-delà est un service débarquant en France en provenance du Japon : l’apposition sur l’urne ou la pierre tombale d’un QR code renvoyant à un site internet où le disparu réapparaît par le biais de vidéos, photos, textes, chansons… Comme si le principe du réseau social, qui consiste à embellir son image publique, ne devait s’imposer aucune frontière, pas même celle de la fin de vie.
D’une certaine façon, la mort s’était déjà virtualisée avant que le virtuel ne nous envahisse. Elle s’est cachée dans les hôpitaux. Ce n’est pas qu’elle ne nous préoccupe plus, c’est qu’on évite désormais de la regarder en face. Il n’y a pas si longtemps, on la fixait. Longtemps : trois jours et trois nuits, le temps d’une veillée à domicile, alors qu’on se contente désormais d’un passage express dans une morgue, si on en trouve le courage.
Cette longue confrontation avec le défunt portait des enseignements fondamentaux. Elle aidait à comprendre, physiquement et spirituellement, que la mort est bien une fin, même si certains croient qu’elle n’est qu’un passage : une dépouille n’a rien de commun avec l’être qui l’animait. Elle permettait de ressasser sa peine, voire ses regrets, et ainsi de « faire son deuil ». Elle offrait un adieu à la mesure du manque qui se créait. Omniprésente dans le monde rural, la mort était une figure effrayante, mais familière.
Notre époque idolâtre la vie. Elle célèbre la beauté, la santé, la performance. Mais elle oublie qu’une médaille a deux faces, et que la mort est nécessaire à cette vie. En ce sens, elle mérite que nous lui portions un intérêt qui soit bien plus réel que virtuel.


Bras d'honneur sur Public Sénat : Longuet assume

Le bras d'honneur de Gérard Longuet sur la chaîne Public , mardi, continue de faire réagir. Le sénateur , lui, assume son geste malgré les condamnations. Jeudi, c'est le président du cercle d'amitié franco-algérien, Adam Benahmed, qui s'est dit, au nom de l'ensemble des membres de cette association, «outré et scandalisé par le geste inélégant et de voyou» de l'ancien ministre de la Défense, «envers le peuple algérien ami»Dans un communiqué, le Dr Benahmed a appelé «l'ensemble des femmes et des hommes français à la réprobation totale de cet individu qui déshonore la France et les Français et qui porte atteinte aux relations intenses, riches et amicales qui lient nos deux pays aujourd'hui».

Gérard Longuet a trouvé une forme de soutien auprès de Gibert Collard. Le député proche de Marine Le Pen a répété ce même geste jeudi matin, sur LCI. Il a ajouté, non sans humour : «Il (Gérard Longuet) a bien fait, il a enfin un peu d'honneur au bout du bras. Moi, j'ajoute mon bras à celui de monsieur Longuet. Il a bien fait de le faire et j'espère que ce bras d'honneur a été tellement amplifié par les médias que ceux qui nous demandent de nous repentir l'ont reçu en pleine figure.»

«Hostile au principe de repentance»

Mardi, Gérard Longuet avait été filmé à son insu en train de faire ce «geste de mauvaise humeur typiquement populaire», comme il l'a qualifié par la suite, pendant le générique de l'émission Preuve par 3 sur Public Sénat. Le son était coupé mais pas l'image. Il réagissait, hors antenne, à la demande faite par l'Algérie que la France reconnaisse les «crimes» commis lors de la colonisation

Ce jeudi, il a fait savoir qu'il assumait sa réaction. Il «confirme son hostilité de principe à une telle repentance». «C'est un sujet sensible pour moi», a-t-il déclaré sur France Inter. «L'Algérie ravive une plaie non pas tellement avec l'Algérie, mais aussi entre nos compatriotes, nos compatriotes pieds-noirs, qui ont l'impression d'être collectivement jugés et condamnés, et nos compatriotes métropolitains qui se disent: qu'est-ce que c'est que ces gens qui étaient au fond des criminels», a-t-il souligné.

Son geste, commenté dans les médias et sur les réseaux sociaux depuis mardi, suscite la réprobation de la majorité et le silence de son camp. Le président PS du Sénat, Jean-Pierre Bel, a exprimé dans un communiqué sa «désapprobation après le geste grossier et injurieux que M. Gérard Longuet a adressé aux autorités algériennes». Jean-Pierre Bel estime que ce geste, de la part d'un ancien ministre, ne peut qu'entretenir la «guerre des mémoires», alors que François Hollande doit se rendre début décembre en Algérie.

Sur Twitter, Harlem Désir, nouveau patron du PS, estime que ce geste «illustre malheureusement la brutalité vulgaire d'une certaine droite qui abîme trop souvent le débat républicain».

HARLEM (quartier noir du New York) DÉSIR  FERAIT BIEN DE SE TAIRE SUR CE COUP.

Libé : un pas de plus dans la démagogie crasse

Pour Libé, les patrons sont en lutte contre la gauche. L'idée est assez simple et a bien fonctionné auprès de l'opinion publique par le passé : quand une partie de la population s'élève contre les mesures liberticides d'un gouvernement autoritaire, il suffit de les présenter en ennemis du progrès.

Ainsi, les patrons seraient en lutte contre la gauche. Pour bien manifester leur opposition de principe, ils n'ont d'ailleurs pas attendu qu'elle mette en œuvre des mesures liberticides pour faire entendre leur mécontentement, qui s'est exprimé dès l'élection présidentielle. De plus, ils l'expriment violemment, comme le souligne à juste titre l'illustration ; on a récemment vu des patrons tenter de bloquer le pays et d'obstruer la liberté de la presse, entendu des entrepreneurs lancer des appels à la grève via leurs puissants syndicats, et remarqué leur volonté de nuire à l'ensemble de la population. On remarque bien que les patrons sont en lutte contre la gauche, alors que les autres, les salariés du privé et du public, les retraités et les chômeurs applaudissent des deux mains les efforts couronnés de succès du gouvernement.
Ce que Libération essaie de vous faire comprendre, Français, c'est que les solutions proposées par les chefs d'entreprise pour réduire un coût du travail plus élevé qu'ailleurs, favoriser l'innovation, l'emploi et la formation, réduire la dette, etc. sont un leurre : seul le gouvernement sait ce qui est bon. Les patrons, eux, savent uniquement créer de la richesse ; comment pourraient-ils proposer des pistes pour mieux dépenser ce qu'on leur prélève alors qu'ils sont juge et partie ? Le gouvernement, lui, est bon ; il sait être impartial quand sa survie et son maintien au pouvoir dépendent de ce qu'il sera capable de prélever aux créateurs de richesse. C'est pour cela qu'il a la lucidité de commander des rapports pour rejeter leurs conclusions et de nier l'importance de réduire le déficit et la dette quand l'histoire indique que le danger est immense.
On les voit bien, ces patrons, cigare aux lèvres, lunettes de soleil et cravate nouée à l'américaine, tout acquis qu'ils sont à la cause du grand capital. Ils ont d'ailleurs la prétention de se comparer aux majestueux pigeons et aux aristocratiques moutons, quand ils ne font pas référence aux prestigieux moineaux
Libération a raison de présenter les patrons comme les ennemis du progrès. Ce progrès qui veut qu'on redistribue toujours plus, qu'on empêche les entreprises de se créer et de fermer, ce progrès qui veut qu'on aille vers toujours plus de dépense contrôlée par l’État et toujours moins par le libre consentement des individus. L’État-providence fonctionne mal et bientôt plus du tout, sans doute parce qu'on ne lui donne pas déjà assez de moyens. L’État veut décider, car il sait ce qui est bon ; c'est en s'impliquant dans la gestion des entreprises qu'il va les aider, et les chefs d'entreprise acceptent de gaieté de cœur.
Il est important de se souvenir que l'appel à un socialisme soucieux des intérêts des plus défavorisés et de l'intérêt national a déjà eu des précédents heureux et qu'on a déjà dénoncé justement l'insolence des capitalistes qui, par leurs choix d'investissement, menacent le maintien du train de vie de l’État :
Dans la mesure où l'économie s'est rendue maître de l'État, l'argent est devenu le dieu que tous devaient adorer à genoux [...] La bourse commença à triompher et s'employa lentement mais sûrement à soumettre à son contrôle la vie de la nation [...] Le capital doit rester au service de l'État et ne pas essayer de devenir le maître de la nation. (Joseph Goebbels)
Considérer que l'entrepreneur est un héros qui déploie toute son intelligence pour proposer des biens et services toujours plus performants et innovants ou qu'il exploite ceux à qui il propose un travail aliénant contre une rémunération misérable tient à peu de choses :
Éludant la différence entre production et pillage, ils appelèrent l'entrepreneur un voleur. Éludant la différence entre liberté et coercition, ils l'appelèrent esclavagiste. Éludant la différence entre récompense et terreur, ils l'appelèrent exploiteur. Éludant la différence entre fiches de paie et fusils, ils l'appelèrent autocrate. Éludant la différence entre l'échange et la force, ils l'appelèrent tyran. Le plus important qu'il leur fallait éluder était la différence entre ce qui est acquis par le mérite et ce qui ne l'est pas. (Ayn Rand, "For the New Intellectual")
C'est cela que Libération oublie : l'entrepreneur crée de la richesse et la valorise par le consentement de ceux avec qui il échange, là où l’État prélève, taxe, spolie sans se soucier du consentement et sans hésiter à recourir à la force pour faire respecter ses décisions. Les entrepreneurs font entendre leur voix pour pouvoir continuer à produire et à créer, pas pour protéger des acquis offerts par l’État et prélevés à d'autres. Est-ce donc là ce qui vous choque tant, journalistes de Libération, que des individus ne réclament pas plus de l’État mais demandent uniquement qu'on les laisse travailler ? À force de vivre de subventions payées par des contribuables qui ne vous lisent plus et des entreprises que vous raillez régulièrement, vous avez dû oublier ce qu'est un chef d'entreprise, qui doit jour après jour satisfaire ses clients pour espérer les voir revenir.
Les relations amour-haine entre le patronat et le gouvernement tiennent désormais plus de la seconde que du premier. Une part importante des patrons ont accepté de jouer le jeu de l’État, de chercher à obtenir des faveurs, des avantages, la protection d'un État bien trop content de pouvoir s'immiscer dans les affaires économiques. Ils en paient le prix aujourd'hui ; l'économie a depuis longtemps cessé de refléter les choix des individus, et les entreprises ont du mal à comprendre pourquoi elles paient un si cher tribut à la concurrence après des années d'anesthésie étatique. Vous avez raison de dénoncer ces patrons, qui ont cherché à s'enrichir en empêchant les autres de produire plutôt qu'en offrant de meilleurs produits et services pour un prix inférieur à leurs concurrents. Ils ont laissé la proximité avec le pouvoir politique remplacer la compétence comme critère de compétitivité. Si tant est qu'elle ait un jour existé, la vraie démocratie, celle d'un marché libre où chacun choisit sans contrainte ni coercition, a disparu.
Au lieu de cela, la démocratie a désormais le pouvoir de faire voter l'ensemble des individus sur des sujets qui ne les concernent pas. Là où chacun décidait de la meilleure façon d'utiliser son argent, tout le monde décide aujourd'hui de la meilleure façon d'utiliser l'argent des autres. C'est la deuxième erreur qu'ont commis les capitalistes : en plus d'accepter la collusion avec l’État, ils ont accepté le fardeau qu'on voulait leur faire porter. En redistribuant la richesse de ceux qui la créent vers les autres, l’État défend un "progrès social" qui voudrait que la richesse n'appartienne pas à ceux qui la crée et que le besoin ait plus de sens que la vertu. C'est contre cette vision, qui veut que l'individu se sacrifie pour le groupe ou une partie du groupe, que se lèvent depuis longtemps déjà les défenseurs de la liberté ; les entrepreneurs, eux, se lèvent aujourd'hui contre la goutte d'impôt qui fait déborder le vase, la taxe de trop, le prélèvement supplémentaire qui rend leur fardeau insupportable. Conscients qu'ils portent le monde sur leurs épaules, ils craignent de devoir un jour, à bout de forces, le laisser tomber.
Ne soyez pas inquiets, Français. Cette Une de Libération n'a aucun sens. La "lutte" des patrons n'aura pas lieu. Les entrepreneurs, les capitalistes, les créateurs de richesse ont construit leur vie sur l'idée que le consentement avait plus de sens que la contrainte, que la liberté avait plus de valeur que la violence. La lutte est l'apanage de ceux qui prennent les armes ; les entrepreneurs, eux, prendront la fuite.
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Lire aussi : Lettre ouverte aux "Pigeons" présents et futurs pour les convaincre de passer à l’action

Les rites oubliés qui permettaient aux âmes des défunts de bien s’envoler

Il n’y a pas si longtemps, les Alsaciens prenaient grand soin de l’âme de leurs défunts : comme le rappelle Gérard Leser, il fallait, par des gestes rituels, s’assurer qu’elle quitte bien sa demeure terrestre pour gagner l’Au-delà.

Ces traditions ne sont pas très anciennes, mais semblent d’un autre âge. Elles s’apparentent aujourd’hui aux croyances et superstitions, mais n’étaient sans doute pas si futiles. Leur mérite premier était de ne pas négliger la mort : elles permettaient de la regarder en face, et donc de l’accepter. « Autrefois, une bonne mort était une mort préparée, rappelle le conteur, écrivain et folkloriste alsacien Gérard Leser. Alors qu’aujourd’hui, on semble préférer une mort instantanée… »
Avec la modernité, on a caché la mort. « L’Alsace est une des régions où l’on se rend le moins dans les chambres funéraires », assure Philippe Ogé, directeur régional de la société Pompes funèbres générales (PFG). Mais à l’inverse, il arrive encore ( « Une fois par an, à peu près ») que l’on demande à sa société d’organiser une veillée à domicile, comme c’était l’habitude jusqu’à la moitié du siècle précédent. Le défunt restait alors chez lui trois jours et trois nuits. D’un point de vue médical et psychologique, on acquérait ainsi la certitude que le mort l’était bien. Et, d’un point de vue spirituel, on s’assurait que son âme avait quitté son corps, car, poursuit Gérard Leser, « on était convaincu qu’elle lui restait attachée pendant trois jours… »
Une fois la mort constatée, elle était annoncée à la communauté villageoise par le biais des cloches. « Elles étaient de gravité différente selon qu’il s’agissait d’un homme, d’une femme ou d’un enfant. » Les membres de la famille pouvaient en informer aussi « les animaux de la ferme, les arbres ou les tonneaux de la cave… Car la mort est un désordre fondamental : si on ne le faisait pas, le vin pouvait tourner au vinaigre, ou les abeilles pouvaient mourir ou s’en aller… »
Ces dernières étaient perçues comme des messagers entre les deux mondes. Pour les associer au deuil, la ruche était recouverte d’un voile noir.
Dans la maison, plusieurs autres précautions étaient prises : « On ôtait l’alliance du mort, de peur qu’il emporte le conjoint avec lui. On arrêtait les horloges, on voilait les miroirs, on emplissait une cruche d’eau afin que l’âme puisse s’y baigner, et on ouvrait les fenêtres pour qu’elle puisse prendre son envol. C’étaient des rites de passage, pour que l’âme puisse quitter tranquillement la maison. »
Pour l’âme d’un défunt, il n’y a rien de pire qu’un entre-deux entre le monde terrestre et l’Au-delà. Pour la même raison, « on sortait le mort les pieds devant, car sinon il pourrait revenir », et on changeait parfois les meubles de place, afin qu’il soit perdu si l’âme persiste à demeurer dans les parages…
Quant au repas mortuaire, « dans certaines régions, il était très simple : schnaps, pain et gruyère ». Le schnaps était un revigorant bienvenu en ces circonstances. Et pendant la veillée de trois jours et de trois nuits, il fallait se relayer pour ne pas laisser une seule seconde le mort sans compagnie. On pouvait prier ou parler, « mais on ne devait absolument pas dire du mal du défunt ! Un conte évoque le retour d’un mort, venu assommer un neveu qui critiquait son héritage… »

Dépassons le débat sur les 35 heures : en matière de temps de travail, la taille unique ne marche pas

Alors que Jean-Marc Ayrault a relancé un peu malgré lui le débat autour du temps de travail, Frédéric Monlouis-Félicité estime que "chaque entreprise doit être capable de fixer le temps de travail qui lui permet de produire dans les conditions optimales, tout en respectant un plafond qui peut être défini au niveau national ou européen".

Jean-Marc Ayrault a, un peu malgré lui, relancé le débat autour du temps de travail. 12 ans après l'instauration de la loi sur les 35 heures, les entreprises se reconnaissent-elles encore dans ce débat ?

Frédéric Monlouis-Félicité : Après une période de désorganisation liée à la mise en place des 35h, les entreprises ont pour la plupart réussi à absorber le choc. Ce n'était pas du tout évident, avec une augmentation brutale de 10% du coût du travail, de façon uniforme et sans concertation préalable. Des réorganisations de processus et des gains de productivité ont permis de faire face, avec davantage de facilité dans les grands groupes à la différence des PME ou TPE. 

Où se situe l'enjeu principal pour elles aujourd'hui ?

La question n'est pas tant celle des 35 heures que de la possibilité, pour chaque entreprise, de négocier entre représentants des salariés et direction le temps de travail en fonction de la spécificité de sa situation. Vous ne pouvez pas imposer le même cadre horaire à une PME qui fait de la sous-traitance automobile, sur un marché qui connaît de fortes réductions de capacités, et qui sera plutôt heureuse de rester aux 35 heures ou moins, et à une société dans les services informatiques qui connaît une expansion rapide et a plutôt besoin d'établir une "norme" à  40 heures que 35 heures. Comme dans l'habillement, la taille unique ne marche pas: chaque entreprise doit être capable de fixer le temps de travail qui lui permet de produire dans les conditions optimales, tout en respectant un plafond qui peut être défini au niveau national ou européen.

Le "choc de compétitivité" (lien : http://www.debateco.fr/actualite/121022-choc-competitivite-gallois) que l'Institut de l'entreprise appelle de ses vœux passe notamment par une plus grande flexibilité et une plus grande autonomie du dialogue social. Quelles solutions seraient, dans cette optique, à privilégier ?

Notre constat est clair: le système français est bloqué et génère du chômage de masse. Le coût du travail est largement un coût fixe pour les entreprises : elles n'ont aucune souplesse en matière de durée du travail, ni de salaires, qui ne peuvent que monter, jamais baisser. La seule marge de manœuvre consiste à ne plus embaucher, et au pire, quand tout va mal, à licencier. Il y a donc une "double peine": un coût économique pour les entreprises car nos concurrents internationaux sont bien plus souples et rapides que nous sur l'ajustement de leurs coûts salariaux; un coût social car ce sont les salariés en CDD ou intérim qui subissent les ajustements. En cas de difficulté économique, les entreprises doivent pouvoir ajuster à la baisse la durée du travail et les salaires, avec une clause de retour à meilleure fortune quand la situation le permettra. Ce dispositif, qui existe en Allemagne, permet de conserver les salariés dans l'entreprise au lieu de licencier, avec un recours massif et très encadré au chômage partiel, ce qui autorise une reprise bien plus rapide quand la croissance redémarre puisque l'entreprise ne perd pas de temps à recruter et former de nouveaux salariés. C'est aussi bien plus juste socialement.
Il faut aussi flexibiliser le marché du travail, c'est-à-dire faciliter l'entrée et la sortie  de l'entreprise: il est difficile de prendre une décision d'embauche parce qu'il est compliqué de licencier si on s'est trompé. La contrepartie doit être un engagement massif des entreprises en faveur de la formation et de la qualification des salariés, ce qu'on appelle "l'employabilité", et qui permet à l'employé licencié d'avoir l'assurance que ses compétences seront rapidement utilisables par une autre entreprise. Ce système fonctionne très bien dans les pays scandinaves, faisons-le enfin !
Il est temps de mettre fin à ce que certains ont appelé "la préférence française pour le chômage". Ce dispositif fonctionne si et seulement si le dialogue social est de qualité. Cela implique que l'Etat fasse vraiment confiance aux partenaires sociaux, au plus près du terrain, et soit le garant d'un "pacte social de compétitivité" d'un nouveau genre : cela ne coûte pas un euro aux finances publiques, et constitue un puissant facteur de compétitivité.

Steve Jobs, réveille-toi ! Ils sont devenus trop sages

En écartant Scott Forstall et John Browett de la direction d’Apple, Tim Cook rappelle qu’il est bien le nouveau parton. Mais avec ce pro de la logistique aux commandes, la firme de Cupertino a perdu ce brin de folie qui la caractérisait. Une inquiétante opération de normalisation.
Lorsqu’on approche de la maison de Tim Cook, on s’attend à découvrir une immense villa protégée par des gardes du corps et de hautes palissades. La réalité est tout autre. Sur Webster Street, à Palo Alto en Californie, le P-DG de la plus grosse et plus secrète entreprise du monde vit dans un modeste pavillon, sans charme ni surveillance. Le 8 septembre, à quatre jours de la sortie de l'iPhone 5, nous avons même pu le surprendre en train de sortir de chez lui en short et en tee-shirt. Après avoir poliment refusé notre demande d’interview, il s’est engouffré dans son Audi A6, évidemment sans chauffeur. Quelle banalité !
Pour succéder au charismatique Steve Jobs, les fans espéraient un Captain Cook capable de perpétuer la magie d’Apple. Ils héritent d’un Mister Nobody. En soi, cette simplicité est plutôt louable. Sauf que ce célibataire de 51 ans à la vie monacale transforme peu à peu la société à son image : hier start-up provocante et arrogante, la firme à la pomme devient une machine sage et prévisible. Cette évolution, confirmée par la sortie d’un nouvel iPhone sans surprise – «boring» (ennuyeux), a même taclé le «Wall Street Journal» – et de l'iPad Mini, aucun salarié d’Apple ne l’avouera en public sous peine d’être viré dans la seconde. Mais sur place, de nombreux ingénieurs encore dans la firme ou récemment partis l’ont confirmé à Capital, «off the record».
Soyons justes. Depuis qu’il a pris la succession de Steve Jobs, Tim Cook a gommé quelques excès de son prédécesseur, qui n’avaient franchement rien de charmant. En 2011, et malgré une série de 19 suicides chez son sous-traitant chinois Foxconn, «Steve» n’avait pas, par exemple, bougé le petit doigt pour améliorer le sort des ouvriers. Prenant son contre-pied, le nouveau boss a confié un audit social de ses usines à une organisation indépendante. Avant d’augmenter les paies. De même, alors que Jobs n’avait jamais entrepris la moindre action philanthropique, Cook a financé pour 50 millions de dollars la construction d’un hôpital à Stanford (près du siège d’Apple) et versé le même montant en faveur de la lutte contre le sida en Afrique.
Sur Infinite Loop à Cupertino, au siège d’Apple, le climat social s’est aussi détendu. Quand Jobs terrorisait ses employés en les licenciant pour une simple mauvaise réponse, Cook les câline. Il a quasiment doublé les ristournes dont ils bénéficient sur les produits maison et se montre bien plus accessible. «Le midi, alors que Steve prenait souvent un plateau à la cantine pour le manger dans son bureau, Tim aime déjeuner avec les employés», témoigne un salarié qui a côtoyé les deux hommes.
Qu’il partage ses carottes râpées avec la chef comptable est fort sympathique. Mais Tim Cook a imposé d’autres changements, beaucoup plus nuisibles à l’avenir de la marque. A commencer par l’instauration de procédures administratives strictes qui font perdre à Apple l’agilité de start-up que Jobs avait su préserver. «On doit maintenant tout justifier, raconte un ingénieur de la compagnie. Le temps passé sur un projet, le déplacement chez tel fournisseur… C’est beaucoup moins fun !» Récemment parti pour créer sa société, une pointure du département des logiciels pour Mac exprime la même nostalgie : «Avant, Jobs pouvait nous laisser un mois tranquilles pour qu’on explore jusqu’au bout un nouveau concept. J’ai développé plusieurs fonctionnalités de Safari ainsi. Ces pauses ont disparu.»
Tim Cook freine aussi la créativité d’Apple avec sa réunionite aiguë. «Il adore ça, raconte Paul Alvarez, un manager qui a travaillé à ses côtés pendant treize ans. Quand il était directeur opérationnel, il nous convoquait chaque vendredi à 13 heures puis organisait une autre réunion sur le même thème le lundi à 8 heures, pour rassembler les chiffres du week-end, avant le comité exécutif.» Et mieux vaut être endurant : dopé aux barres énergétiques et au Mountain Dew, un soda caféiné, ce fan de Lance Armstrong peut enfermer ses interlocuteurs plus de deux heures tant il a de chiffres à leur demander. Plusieurs ingénieurs ont claqué la porte d’Apple ces derniers mois, fatigués de ces pesanteurs. «Avant, il suffisait qu’on se croise dans le hall pour obtenir l’accord des supérieurs sur une petite innovation», nous raconte l’un d’eux, qui a travaillé sur l’application photo de l’iPhone. Maintenant, il faut réunir tous les services. On passe plus de temps à s’organiser qu’à agir.» Steve Jobs deviendrait furax en lisant ce témoignage. Lui qui déclarait dans «Businessweek» en 2004 : «L’innovation vient des personnes qui se rencontrent dans les couloirs et s’appellent à 22 h 30.»
Les créatifs sont d’autant plus bridés que les logisticiens (le métier d’origine de Tim Cook) ont pris le pouvoir. Plus question de retarder le planning de production. «Avant, on pouvait effectuer des changements au dernier moment, explique un ingénieur du département son, accoudé au comptoir d’un café de Divisadero Street, à San Francisco. C’était tendu, mais on y arrivait. Et ces retards se justifiaient toujours. Les agendas sont maintenant bloqués bien plus tôt.» Sorti en septembre, le dernier iPhone est l’illustration de cette flexibilité perdue. Finalisé avant que Samsung ne dévoile son Galaxy S3 en mai, il n’a pas pu s’aligner sur ses caractéristiques techniques. Les multiples bugs de son logiciel de cartographie étayent aussi la thèse d'un lancement précipité.
L’engourdissement d’Apple n’affecte pas que ses produits. Dévoilée à 41 millions d’Américains le soir de la cérémonie d’ouverture des JO de Londres, la dernière campagne de publicité de la marque a reçu un accueil effroyable outre-Atlantique. Jugée chiche et ennuyeuse, elle a été interrompue au bout d’une semaine seulement. Apple l’a même retirée de sa chaîne sur YouTube, où la firme laisse pourtant plein de vieilles réclames. Qu’y voyait-on ? Des débutants en informatique secourus par des vendeurs Apple grâce à la magie de leurs logiciels. «L’idée de base n’était pas forcément mauvaise, c’est l’exécution qui a péché, rien n’était drôle !», explique à Capital le publicitaire Ken ­Segall, qui a travaillé en direct avec Steve Jobs sur les pubs d’Apple pendant douze ans (dont la fameuse «Think Different») et vient de publier «Apple . Le Secret d’une incroyable réussite» (First Editions). Steve Jobs aurait-il laissé passer cette campagne ? «Il s’impliquait dans tous les détails des campagnes, poursuit Segall. Et en réunion, je l’ai vu souvent balayer les choix de son vice-président marketing Phil Schiller. Tim Cook, lui, ne s’y est jamais intéressé. Il a aujourd’hui délégué le “final cut” à Schiller.»
Les magasins Apple sont aussi touchés de plein fouet par cette vague de normalisation. Steve Jobs et Ron Johnson, le dirigeant qu’il avait recruté pour lancer la chaîne en 2001, avaient conçu les Apple Store comme des magasins de luxe, où confort et fidélité du client primaient sur le chiffre d’affaires. «Ça ne nous embêtait pas qu’un gars revienne dix fois sans rien acheter», raconte David, un manager qui a officié dans plusieurs boutiques de la côte Ouest. La récré est terminée. A peine aux commandes, Tim Cook a remercié Johnson pour le remplacer par John Browett, le patron de Dixons, le Darty anglais. Sa mission : faire cracher les Apple Store, dont la marge de 27% ravirait pourtant n’importe quelle enseigne d’électronique. Pour y parvenir, Browett a modifié le mode de rémunération des vendeurs. Alors que la part variable était jusqu’alors calculée en fonction des performances du magasin, elle est désormais individualisée en fonction des transactions opérées par chacun. Ils sont désormais poussés à caser dans le ­panier du client un maximum d’accessoires, sur lesquels Apple réalise de très fortes marges : l’assurance longue durée, les formations, les protections pour iPad… La dernière trouvaille du groupe pour écouler ces «iBidules» est lumineuse : le connecteur de l’iPhone 5, plus petit que ses prédécesseurs, va obliger les mélomanes qui avaient acquis des enceintes hi-fi pour iPhone à s’acheter un adaptateur. Celui-ci est vendu 29 euros : avec Tim Cook, il n’y a pas de petit profit. Fin octobre, Tim Cook a écarté John Browett, mais sans annoncer le moindre changement à cette nouvelle stratégie.
Histoire d’accroître encore la rentabilité des magasins, Apple taille aussi dans la masse salariale. Le grand nombre de vendeurs, et du coup leur très grande disponibilité, faisait pourtant l’originalité du concept. «Ils réduisent progressivement le volume d’heures des employés à temps partiel, souvent des experts de la vidéo ou de la musique qui venaient dix ou quinze heures par semaine», assure Gary Allen, qui scrute depuis dix ans l’actualité de la chaîne sur son blog IfoAppleStore. «Et ils commencent maintenant à s’attaquer aux temps pleins.»
A défaut de plaire aux clients, la nouvelle ravira les investisseurs. Car c’est une autre nouveauté de l’ère Cook, Apple est désormais aux petits soins pour eux. Alors que Steve Jobs ne daignait pas les rencontrer, Tim Cook a reçu plusieurs d’entre eux en février dernier à Cupertino. Mieux, le nouveau P-DG a mis fin au blocage des dividendes instauré par son prédécesseur, qui estimait que les actionnaires devaient se contenter de la hausse du cours, il est vrai centuplé sous son second mandat (1997-2011). En mars, Cook a promis de leur verser 45 milliards de dollars d’ici quatre ans, sous forme de coupons et de rachat d’actions. Les 15% pris par le titre Apple depuis cette annonce doivent peut-être plus à ces alléchantes perspectives qu’aux courbes de l’iPhone.
Alors, l’Apple de Tim Cook a-t-il amorcé un lent déclin ? Finira-t-il un jour, comme Hewlett-Packard, au musée des géants du high-tech ? Nous en sommes bien sûr encore loin. D’abord, Steve Jobs a laissé un long pipeline d’innovations : on y trouve plusieurs futures fonctionnalités de l’iPhone et de l’iPad ainsi qu’un téléviseur à la pomme censé ringardiser nos petits écrans. Et puis, la société compte encore quelques vrais génies en ses murs, à commencer par le vice-président en charge du design, Jonathan Ive, qui a dessiné tous les best-sellers de la marque. Pour l’instant, Tim Cook n’a pas osé lui imposer les process qu’il a infligés aux ingénieurs.
«Jobs n’étant plus en permanence dans leur dos, les designers sont même plus libres encore qu’avant», souligne une salariée de la firme. Un confort de travail que nous a confirmé l’un des membres de l’équipe d’Ive, une petite cinquantaine de cracks venus du monde entier. «On a toujours autant de moyens. Par exemple, on continue de fabriquer, pour tous nos projets, un prototype avec les vrais matériaux, alors que les concurrents se contentent souvent de rendus visuels pour trancher. Ive surveille tout, mais cela se fait dans un esprit de bonne camaraderie. On peut discuter de tout avec lui, comme dans une petite boîte.» Ouf, il reste encore quelques artisans chez Apple.

Le contresens absolu

Le contresens absolu


Au-delà des malheurs de Monsieur François Hollande, qui sont aussi les malheurs de la France, il y a  je crois un problème de malentendu, de contresens absolu sur la définition, la signification de la politique. J’ai un peu honte de me poser ainsi en donneur de leçon, mais je dis simplement ce que je pense. Le président, dans une interview à l’Express de cette semaine, déclare : « Le pouvoir, je l’ai voulu ; pas simplement pour des raisons personnelles, le destin d’une vie. » Cette phrase concentre à elle seule la tragédie de toute une génération de politiciens, sinon de plusieurs.  Ainsi donc, « des raisons personnelles » interviendraient à titre principal dans la quête du pouvoir. C’est la première fois me semble-t-il qu’un tel aveu, qui a le mérite de la sincérité, est ouvertement exprimé. On choisit désormais, au moins en partie, d’accéder au plus haut niveau de l’Etat non pour l’intérêt général, non pour défendre des convictions, non pour le bien commun, mais, au moins partiellement, pour des raisons personnelles et le souci de « son propre destin ». La politique n’est plus une forme de sacrifice en faveur d’autrui, mais procède au premier chef d’une quête personnelle. D’où le malheur des temps : plutôt que d’avoir à affronter des décisions difficiles, on choisit le cap de la facilité, de la pente douce, dans l’espoir, totalement vain, de s’épargner la souffrance et la peine, mai aussi de prolonger le bonheur si longtemps rêvé au sommet de l’Etat en se faisant réélire, toujours pour des raisons personnelles. Or, le plaisir et la joie ne sont pas au rendez-vous car quoi que l’on fasse, les problèmes vous rattrapent et bousculent votre existence. 
« Vous pensiez avoir atteint le paradis? Vous avez trouvé l’enfer. »

Syndrome de l’imposteur : quand la modestie devient pathologique

Les cadres atteints par ce trouble croient ne pas mériter leurs attributions. Du coup, ils vivent dans l’angoisse permanente de l’échec et la crainte d’être "démasqués".
Recruté comme consultant dans une SSII, Pierre a été promu manager seulement quelques mois après son embauche. Une bonne nouvelle… du moins en apparence. Car lorsqu’il se confie à ses proches, cet homme de 43 ans affirme ne pas être à la hauteur des responsabilités qui lui ont été confiées. Il est ainsi persuadé que son patron se leurre sur ses capacités, qu’il ne dispose pas des compétences requises pour le poste, que son travail est de mauvaise qualité… Avec la conclusion qui s’impose naturellement à son esprit : il finira forcément par échouer, et se couvrira de honte et de déshonneur.
Un manque d’estime de soi. Pierre souffre d’un mal fort répandu en entreprise, identifié par les chercheurs en ressources humaines et par les coachs sous le nom de «syndrome de l’imposteur». Ce trouble touche en général des individus assez haut placés, qui réussissent dans leur carrière mais qui sont incapables de se reconnaître des qualités. «Ils expliquent leur succès par la chance, le travail acharné ou des facteurs superficiels comme le fait d’être beaux et sympathiques, souligne Manfred Kets de Vries, chercheur à l’Insead (1) . Certains sont d’incroyables travailleurs, préparés plus qu’il n’est nécessaire. Pourtant, ils vivent dans la crainte perpétuelle de ne pas être en mesure de répondre à ce qu’on attend d’eux.» Pour résumer, ces personnalités peuvent réussir, car elles sont bel et bien qualifiées pour le poste qu’elles occupent, mais elles souffrent d’un cruel manque d’estime de soi (2) . Lorsqu’elles réussissent, elles invoquent un malentendu ou la chance. En cas d’échec, c’est forcément de leur faute (3) .
Le concept du syndrome de l’imposteur a fait son apparition en 1978 grâce aux travaux menés par Pauline Rose Clance et Suzanne Imes auprès de cadres dirigeantes (4). Les deux chercheuses ont voulu comprendre pourquoi certaines d’entre elles se montraient incapables d’assumer leur réussite. Historiquement, donc, le phénomène a d’abord été détecté chez les femmes. Mais, depuis les premiers travaux, des études ont montré qu’il touche tout autant les hommes (5) et près de 3% des dirigeants (6) .
Bien que ce trouble soit courant, il ne faut pas le voir partout. Nous pouvons tous à un moment donné nous interroger sur notre légitimité au poste que nous occupons ou nous demander si nous allons être à la hauteur d’une tâche, notamment à l’occasion d’une promotion, d’un changement d’entreprise, d’un nouveau projet ou d’une conjoncture difficile. Pour la plupart des individus, le doute est transitoire. Mais, chez les personnes vraiment atteintes, il persiste et peut conduire à des échecs, des démissions, des burn-out ou des dépressions. Autre écueil : attribuer le syndrome de l’imposteur aux… véritables imposteurs. Manipulateurs, ces derniers ont endossé un costume trop large pour leurs épaules et trichent en connaissance de cause pour masquer leur incapacité.
Les perfectionnistes vulnérables. Dans la plupart des cas, le syndrome concerne des individus placés en situation de minorité. Par exemple, un PDG autodidacte entouré de collaborateurs diplômés de grandes écoles ou une femme siégant seule au milieu d’hommes dans un conseil d’administration. Il touche aussi les grands perfectionnistes, qui vivent avec un sentiment d’insatisfaction permanent par rapport à la qualité du travail fourni, ou encore les individus qui ont eu une progression de carrière très rapide, et dont l’estime de soi n’a pas crû aussi vite que leur niveau de responsabilité ou de rémunération.
Mais bien souvent, le problème s’enracine dans des causes psychologiques profondes. Certains travaux insistent sur l’importance du contexte familial. Le fait d’avoir été élevé par des parents désavantagés socialement peut donner à un enfant le sentiment, une fois adulte, que sa réussite est en décalage avec ses origines. D’autres individus, au contraire surprotégés, ne réussissent jamais à couper le cordon. Ils se montrent alors incapables de s’émanciper par rapport à une figure parentale écrasante. Quant aux filles dont les parents ont accordé plus d’importance à l’éducation des garçons, elles sont davantage susceptibles de douter de leurs capacités professionnelles.
Sabotage de carrière. Source de stress, de culpabilité et d’angoisse, le phénomène de l’imposteur est très difficile à détecter. De peur d’être «démasqués», les individus qui en souffrent vivent dans la dissimulation permanente, usant de différents stratagèmes pour gérer leur malaise. Il y a d’abord ceux qui pratiquent la stratégie de l’esquive. Au moment de rendre des comptes, ils disparaissent : ils partent en vacances, déclarent des arrêts maladie ou quittent leur boîte pour une autre société, accumulant les expériences professionnelles.
D’autres, au contraire, se réfugient dans le travail, persuadés que les heures supplémentaires compenseront leur incompétence supposée. Ces «workaholics» risquent l’épuisement professionnel. Certains pratiquent la procrastination, remettant toute décision ou action à plus tard, au risque que leur comportement ressemble à celui d’un véritable imposteur. Enfin, et c’est le scénario le plus tragique, quelques-uns en arrivent à se mettre en situation d’échec pour se décharger du sentiment de culpabilité. On parle alors de sabotage de carrière.
En général, les personnes atteintes ne sont pas conscientes de leur problème. Elles se croient véritablement incompétentes, alors qu’il s’agit d’une simple vue de leur esprit. Pour supprimer cette croyance et leur redonner l’estime d’elles-mêmes, les coachs préconisent des exercices, comme établir, chaque jour, la liste de trois actions conduites avec succès.
Comment détecter un syndrome de l'imposteur
> Le sujet minimise son succès. Vous l’entendrez dire “je n’y suis pour rien”, “j’ai eu de la chance”, “tout le monde en est capable”.
> Il travaille de façon excessive. 
Son investissement en temps et 
son implication sont si démesurés qu’il risque de faire un burn-out.
> Il diffère les décisions. Du moins celles qu’il juge importantes, de peur d’être démasqué. Cela n’a rien à voir avec de l’incompétence.
> Il s’inquiète d’être promu. Au lieu de se réjouir d’avoir été choisi, il 
ressent un malaise et se demande : “Qu’ont-ils bien pu me trouver ?”
> Il s’éclipse souvent. Au moment de rendre des comptes, il pratique 
la stratégie de l’esquive en posant, par exemple, des jours de congé.
Comment aider un collaborateur qui en souffre
> Mettez l’accent sur ses qualités. Lors des évaluations, insistez 
davantage sur les points positifs du travail que sur les axes de progrès.
> Surveillez ses horaires. Faites preuve d’une vigilance discrète 
et corrigez le tir en lui interdisant 
de partir à des heures indues.
> Evitez-lui les défis trop lourds.
 Et mettez à sa disposition toutes
les ressources possibles pour lui permettre de réussir.
> Expliquez clairement votre choix. Dites les raisons qui ont motivé votre décision en vous appuyant sur des éléments concrets de réussite.
> Recadrez-le si besoin. Acceptez l’absence une fois, mais pas deux. Lors de l’entretien, montrez-vous ferme, sans chercher à l’enfoncer.
(1) Manfred Kets de Vries, “Leaders, fous et imposteurs”, éditions Eska, 1995.
(2) Christophe André, François Lelord, “L’Estime de soi”, Odile Jacob, 1999.
(3) Julian Rotter, “Social Learning and Clinical Psychology”, New York, Prentice-Hall, 1954.
(4) Clance P. R. & Imes S.,”The Impostor Phenomenon in High Achieving Women : Dynamics and Therapeutic Intervention”, Psychotherapy, Theory, Research and Practice, vol. 15, pp. 241-247.
(5) Sarah W. Holmes, Les Kertay, Lauren B. Adamson, C.L. Holland & Pauline Rose Clance, “Measuring the Impostor Phenomenon : a Comparison of Clance’s IP Scale and Harvey’s I-P Scale”, Journal of Personality Assessment, vol. 60, n° 1, 1993, pp. 48-59.
(6) Jacqueline Nelson, “What’s behind the Impostor Syndrome”, Canadian Business, vol. 87, n° 18, juillet, 2011.

Des photos inédites de Marilyn Monroe aux enchères
 

Panic management : le gouvernement s'enlise dans les reniements au coup par coup

1 – Il ne faut pas prendre Désir pour une réalité

Pour tenter d’exister politiquement et faire oublier son score étriqué au sein du PS alors qu’il était soutenu par le ban et l’arrière-ban des hiérarques du parti, Désir a cru bon d’emboucher le clairon de l’offensive contre l’affreuse droite, coupable de penchants extrémistes. Il y a ajouté un éloge de Ayrault auquel Valls a dit par ailleurs « sa fierté d’être son ministre tant il est disponible, à l’écoute, agit et tranche ». Aubry n’était pas en reste, qualifiant le Premier ministre d’ « honnête homme, de gauche, droit ».
« A gauche, droit ! » : c’est le nouveau commandement de la caporale lilloise en déplacement à Toulouse.
Cette charge de la brigade légère socialiste démontre la difficulté pour le gouvernement et le président normalisés de répliquer seuls aux railleries et critiques, nombreuses il est vrai. Cette sollicitude partisane fait penser aux encouragements qu’on prodigue à ceux qui sont atteints d’un mal incurable : « Quel courage et comme ils sont dignes dans l’adversité ! ». Nul, au PS, ne veut être accusé d’attendre ostensiblement le prochain remaniement, d’autant que la chute inéluctable d’Ayrault ne laissera pas indemne Hollande. Hormis Valls, personne n’a encore construit un socle de popularité suffisant pour prétendre incarner une alternative à l’occupant actuel de Matignon et le ministre de l’intérieur a intérêt à ne pas trop s’avancer en terrain découvert sous peine de déclencher les tirs de tous ses « camarades ».
De toute façon, un plaidoyer par procuration a rarement la vigueur de celui qu’on prononce soi-même. La parole d’un cadre du parti est moins légitime que celle d’un membre du gouvernement, nimbée de l’aura du pouvoir. Mais, alors que Premier ministre et président peinent à répondre aux critiques, ils ne peuvent compter sur leurs subordonnés. Echaudés par les couacs à répétition, les deux chefs ont manifestement donné la consigne stricte qu’aucun ministre ne s’exprime dans les médias sur des sujets de politique générale. Ce faisant, ils sont désormais seuls à défendre leur action. Après le risque de la pagaille, ils courent celui de devenir inaudibles. Bref, le discours officiel ne sait plus où il habite.

2 – ZAyrault ZAyrault 7 : agent secret au service de l’opposition ?

Cette incapacité persistante à répliquer aux critiques ne peut se réduire à un problème d’individus. Mais alors, d’où vient-elle ?
La première réponse se trouve dans la situation économique : quoi qu’ils fassent, Hollande et Ayrault sont renvoyés à leur incapacité à endiguer la marée montante du chômage. Les médias se sont étonnamment peu appesantis sur la hausse terrible du mois dernier : 46 900 inscrits en plus. La France, dans son ensemble, refuse de voir la dure réalité.
Tous les indicateurs d’activité sont au rouge et il est difficile de rencontrer un professionnel d’un secteur quelconque qui ne témoigne pas que la machine productive et commerciale est en train de caler. Les statistiques officielles reflèteront cette paralysie grandissante dans les mois qui viennent. Dès lors, tout ce que touche l’exécutif bicéphale se transforme en plomb. Hollande voudrait-il, avec malignité, proposer un referendum sur un sujet démagogique, comme le cumul des mandats par exemple, il risquerait de recevoir une réponse négative de Français décidés à dire : « Non » à toute question posée.

Autre écueil pour la bête à deux têtes qui s’épuise à nous gouverner : son amateurisme en matière de trahison électorale. Lorsqu’il s’est agi, en mars 1983, de tourner le dos aux promesses de «Grand soir», Mitterrand l’a fait radicalement, a éjecté les ministres communistes un an plus tard, s’est plié aux exigences de Bruxelles et Bonn. Dans le même registre, «Il faut savoir sortir d’une campagne électorale» avait dit crûment Chirac quelques mois après son élection de 1995 pour évacuer les rêves de droite sociale et autres discours sur la feuille de paie qui n’était pas l’ennemie de l’emploi. Le reniement par petits pas est incompatible avec une situation d’urgence. Ayrault n’a même pas l’épaisseur d’un Raffarin qui, venant d’un autre parti que celui de Chirac, avait une valeur ajoutée propre.
Enfin, la toute-puissance de la communication contrecarre toute tactique de « normalisation » du pouvoir. On peut faire semblant de se déplacer en train une fois, cela laisse le peuple dubitatif, surtout le jour où il se rend compte que les excellences voyagent à nouveau en avion.
Mis bout à bout, on en vient à ce que les Anglo-saxons nomment le «Panic Management» : une gestion au coup par coup, faite d’annonces aussitôt démenties. En observant le Premier ministre lancer un débat sur le retour aux 39 heures pour être aussitôt contredit par son ministre du travail (c’est le gouvernement à l’envers) puis se rétracter le même jour, on se demande si l’agent discret de Matignon n’est pas inconsciemment au service de l’opposition. «Skyfall» : ce pourrait être aussi le titre d’une chute politique vertigineuse ...

3 - Grand concours du chef d’entreprise d’opérette : après Montebourg, Aubry

«Je serais chef d’entreprise, j’aiderais le gouvernement au lieu de me demander comment plaire à mes actionnaires » a osé Aubry, pour qui les sociétés commerciales devraient avoir pour objectif principal de satisfaire les Socialistes. Ne reste plus à la Banque Publique d’Investissement qu’à acquérir 100 % du capital de toutes les entreprises françaises et ce rêve deviendra réalité.
Celle qui fut directrice chez Péchiney pendant deux ans vient de montrer à nouveau qu’elle devait sa nomination à ses réseaux plus qu’à ses compétences. On comprend mieux l’usine à gaz des 35 heures.

4 - Désarroi en Boboland : Obama menacé

L’Etat crucial de l’Ohio pourrait voter pour Romney ! Mais que se passe-t-il donc en Amérique ? Nos médias sont perdus et presque hagards. Il faut dire que le vote Obama, largement communautarisé, est un peu comme un grand frère du vote Hollande.
La chute de l’idole des salles de presse parisiennes et icône offset trônant au dessus des fauteuils club de South Pigalle serait prémonitoire du naufrage de la gauche française.

5 – La politique au micro-ondes

Haro sur le réchauffé ! Pour justifier le retour à un taux de TVA dit normal sur la restauration, on entend les députés socialistes critiquer les engagements patronaux non tenus mais aussi la détestable habitude de servir des plats surgelés à la clientèle. La qualité française ayant déserté les assiettes, ce ne serait que justice si l’impôt sanctionnait ce laissez aller. Nous ne pouvons que souscrire à la stigmatisation de la malbouffe. Mais se demande-t-on, au même moment, si le coût du travail n’est pas responsable de cette érosion du service puisqu’il faut rogner sur tous les autres ?
Quant au réchauffé, la gauche de gouvernement ferait bien de ne pas trop le critiquer : son programme porte une date de péremption remontant à 1997.

Touche pas à mes 35 heures ! Vraiment ?

Enfermée dans une posture à la Germinal, une certaine gauche refuse de revenir sur les 35 heures. Osons plutôt la liberté !
Touche pas à mes 35 heures, titre Libération. Vraiment ?
Les journalistes de Libé ont-ils discuté avec Jean-Marc Ayrault qui, manifestement, vu son état de fatigue ces jours-ci, fait plus que 35 heures par semaine ?
Les journalistes de Libé ont-ils demandé l'avis des ouvriers et des caissiers que les 35 heures ont pressuré tout en dégradant leur pouvoir d'achat ?
Les journalistes de Libé sont-ils allés dans les hôpitaux pour voir l'état de désorganisation des services, au niveau des urgences notamment ?
Les 35 heures, c'est cool pour une partie des Bac +3/+5 fonctionnaires du public ou employés du CAC40 qui, grâce à des emplois stables et relativement bien payés, en CDI, disposent d'une certaine liberté d'organisation du travail et d'argent pour occuper le temps de loisir. Pour tous les autres, c'est une calamité. À quoi servent des RTT, si on n'a pas d'argent pour aller en week-end culturel en Croatie ou à Dublin ?
De plus, est-ce qu'il est juste raisonnable de parler de durée légale du temps de travail dans une économie du savoir et de l'entrepreneuriat ? Déjà, il y a les cadres au forfait. Ensuite, il y a les indépendants, qui par définition ne comptent pas leurs heures. Et il y a aussi toutes ces personnes salariées pour qui le travail ne s'arrête pas aux portes du local de la pointeuse, soit parce que l'entreprise force à rester connecté au travail (Smartphones ...) soit parce que le salarié trouve de lui-même un intérêt à continuer à penser à son travail en dehors du travail, pour trouver de nouvelles idées par exemple.
35 heures, ça renvoie à un univers mental Germinalesque un peu caricatural. Alors, à quand l'adoption de la proposition des libéraux : la liberté de contracter directement déléguée aux personnes concernées, à savoir l'employeur et l'employé ? Supprimons de la loi toute référence à une durée légale du travail !
Note de Contrepoints : Libération touche chaque année des millions d'euros de vos impôts pour écrire de telles inepties. Pour dénoncer ces subventions, signez notre pétition !

Taxes : l'avalanche continue

Le sommeil de la gauche vient d'être brutalement interrompu et le rêve d'un quinquennat de lait et de miel s'évapore avec les premières lueurs crues d'une aube grisâtre. C'est Cambadélis qui l'explique ouvertement ainsi : "Nous avons pensé que la victoire était suffisante et nous n'avons pas perçu le drame des déficits publics." On se demande ce qu'ils fabriquaient les cinq dernières années... La gauche maintenant réveillée, c'est l'assurance que la jolie pluie fine de taxes va se transformer d'un coup en avalanche majeure de fiscalité comme la France n'en avait plus connue depuis des lustres.

Déjà, en quelques mois de pouvoir, les socialistes dogmatiques nous ont prouvé qu'ils pouvaient repousser assez loin les limites de la cohérence et de la punition sur la société française. En bonne application du machiavélique "Diviser pour mieux régner", ils ont consciencieusement monté une partie des Français contre les méchants riches, les patrons et les entrepreneurs, afin de créer un terreau d'opinions favorables à de nouvelles taxes qui touchent pourtant bien plus les classes moyennes et modestes que les riches dont la capacité d'adaptation, par définition, est bien plus grande (adaptation par la fuite pure et simple, attestée notamment dans l'immobilier).

Cette étape de division réalisée, l'ennemi une fois désigné, il faut passer à la phase suivante qui consiste à récupérer l'argent où il se trouve. Comme, à l'évidence, il ne se trouve plus dans la poche des riches maintenant hors de portée, on l'y trouvera dans celle des pauvres, moins bien remplies, certes, mais ô combien plus nombreuses.
Ne l'oubliez pas, le rôle intrinsèque du socialisme est de se créer une base électorale, composée de classes modestes à pauvres, et donc de tout faire pour qu'elle s'agrandisse : appauvrir les classes moyennes constitue donc une voie royale pour encore plus de socialisme, dans un magnifique cercle vicieux qui termine toujours de la même façon.
Comme les exercices fiscaux s'avèrent de plus en plus périlleux à mesure que la législation devient confuse, la méthode choisie est, cette fois-ci, relativement simple. Le gouvernement a déjà bien tapé sur le méchant capital, il n'a quasiment plus de marge pour cogner sur le travail, il ne lui reste guère que tout le reste, c'est-à-dire les transactions commerciales, au travers de la TVA. Ce sera donc l'augmentation de cette dernière qui lui permettra d'alimenter des caisses toujours aussi vides.
Pour le moment, les "démentis", les "discussions" et les "propositions de loi" se bousculent et font tout pour laisser la porte ouverte à un espoir quelconque que les taxes ne seront pas touchées. Mais l'idée générale d'une augmentation de la TVA de la restauration, de 7% à 12%, fait son chemin.
Mieux, le minustre en charge de la ponction, Jérôme Cahuzac, prépare déjà le terrain pour une augmentation générale, bien au-delà de celle de la restauration :
« Si des décisions de cette nature doivent être prises, ce sera dans un plan tout à fait global »
Ben voyons. Comprenez ici que si la restauration morfle, le reste ne sera pas loin derrière et s'en prendra une volée aussi. Fini le temps des achats à 19.6% et attendez vous à un bon 21% dans les prochains mois. Hollande pourra toujours arguer qu'il ne s'est jamais présenté comme le président du "pouvoir d'achat" (lui), et il aura raison puisque celui des Français va donc encore diminuer dans des proportions palpables. Entre une inflation des prix sur les biens de première nécessité (dont l'énergie, merci la fin du nucléaire et l'interdiction des gaz de schiste) et l'augmentation des taxes de base, attendez-vous à des fins, des milieux et des débuts de mois difficiles.
Ceci dit, si ça marchait (i.e. si cela permettait de rétablir, vaguement, des finances viables dans un pays en perdition), on pourrait encore passer l'éponge. Mais l'expérience tentée en Espagne montre que cette entreprise ridicule du gouvernement est déjà vouée à l'échec : non seulement, la récente hausse de la TVA y a fait chuter les ventes de détail en septembre de 10.9% par rapport à l'année dernière (la plus forte baisse depuis au moins 6 ans), mais en plus, cette chute est encore pire que celle prévue par les économistes (à 6.2%).
Autrement dit, on sait déjà que le relèvement de la TVA dans la restauration puis dans le reste sera un fiasco : le pouvoir d'achat, puis la consommation vont chuter et les rentrées fiscales ne seront conséquemment pas celles escomptées (et probablement plus faibles même que les rentrées actuelles). Pour Bercy, on sent déjà l'Epic Fail.
Sans rentrer dans le détails des autres hausses de taxes aussi anecdotiques qu'agaçantes comme celles sur la bière, les boissons énergisantes ou d'autres domaines du même acabit, on ne peut s'empêcher de rapprocher les agitations cahuzesques de celles de Filippetti lorsqu'elle parle redevance. Pas de doute, toutes les instances de l’État grattent les fonds de tiroir et en attaquent même le bois.
Cela fait plusieurs semaines que le téléspectateur français sait qu'il va devoir payer encore un peu plus pour le privilège inouï d'avoir, tous les soirs, une propagande mal ficelée entourée de programmes indigents et le bonheur discutable de regarder des bobos pétés de thune claquer l'argent de ses impôts en happenings colorés. Filippetti ne fait, finalement, que confirmer la tendance à l'alourdissement de la peine générale en régime carcéral socialiste : ce sera donc 2 euros de plus pour la redevance, histoire de "compenser" le fait que cette redevance ne sera finalement pas demandée pour les résidences secondaires (bandes de sales propriétaires embourgeoisés).
Et les petites manœuvres politocardes continuent de plus belle, toujours dans le domaine de l'audiovisuel, puisque les grosses institutions publiques, para-publiques, ou quasi-publiques à force d'être gavées de subventions, continuent à se battre avec acharnement pour continuer à sucer au biberon républicain. Dans ces gros suceurs mous, on retrouve bien sûr la presse dont j'ai déjà parlé ici avec le projet de taxe Google dont le caractère inique ne semble pas étouffer les habituels parasites journaleux.
On trouve aussi le CNC, magnifique exemple de déroute budgétaire décontractée que seul un pays comme la France peut tendrement nourrir vaille que vaille alors qu'il nage dans la faillite financière et intellectuelle. Même lorsque la Cour des Comptes explique pourtant de façon claire que ce Centre National du Cinéma est géré n'importe comment (de façon certes plus diplomatique), ça n'empêche pas la potiche gouvernementale de pousser, à Bruxelles, le petit couplet lancinant de l'exception culturelle française pour justifier que les contribuables continuent de lancer leur pognon par les fenêtres grandes ouvertes d'une création culturelle que la lucidité oblige à qualifier de minable.
Les entreprises ferment. Les fonds manquent. La situation se tend de tous les côtés. Au milieu du désastre, le gouvernement choisit donc d'amplifier les décisions les plus catastrophiques, même devant l'échec des autres pays dans la même situation avec les mêmes "remèdes", et continue de soutenir à bout de bras les secteurs qui, par définition, sont les plus accessoires.
Si ce n'est pas la recette ultime pour une catastrophe complète et définitive, je ne sais pas ce que c'est : ce pays est foutu.



Quand M6 et Arte "piétinnent" l'orthographe

Le téléspectateur moyen de journaux télévisés est hélas habitué aux agressions en tous genres émanant de l'actualité elle-même, qui déferle dans nos foyers avec toute sa violence.

C'est le cas chaque soir à 20 h, mais aussi à 13 h sur une grande chaîne privée, dont l'inamovible présentateur confond information et propagande pour une France imaginaire, faite de sabotiers, de dentellières et de boisseliers.
Mais l’agression peut aussi se nicher plus insidieusement, dans l’orthographe des gros titres. Lundi soir peu avant 20 heures, le journal de M6 titrait en lettres capitales sur ce qui aurait pu être une « bonne nouvelle » : un trafic de drogue démantelé dans une cité. L’ennui, c’est que le gros titre (voir la photo) annonçait fièrement : « HLM : LES TRAFICANTS EXPULSÉS ».
Aïe, voilà une « fôte » qui fait mal aux yeux et rend incrédule, au point d’inciter à vérifier dans un dico que « trafiquants » s’écrit bien avec un Q et un U.
Cela a aussi incité le téléspectateur que je suis à zapper illico, ce même lundi, sur une chaîne dite culturelle, pour y trouver un peu de rigueur orthographique et journalistique. Eh bien croyez-moi ou pas, mais dans le journal d’Arte, toujours en lettres capitales, on pouvait lire le gros titre suivant : « SYRIE : LE CESSEZ-LE-FEU PIETINNÈ ». Ce soir-là, c’est bien la langue française qu’on a piétinée !
C’en était trop pour votre serviteur, qui a aussitôt éteint sa télévision pour se plonger dans la saine lecture du journal L’Alsace où, comme chacun le sait, il n’y a jamais de faute d’orthographe ou de grammaire (*) !!!
(*) Evidemment, cette dernière phrase est purement subjective, n’engage que son auteur et peut – voire doit – être contestée dans vos réactions !