TOUT EST DIT

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vendredi 26 octobre 2012

Compétitivité coût ou hors coût? 3 grands patrons français s'invitent dans le débat

Jean-Louis Beffa, ancien PDG de Saint-Gobain, président de Lazard Asie

"La compétitivité de la France? A 90%, une question de hors-coût" " Le problème de compétitivité de la France, c'est pour 10% une question de coûts, et pour 90% une question de " hors coûts ". Le véritable enjeu, ce sont les exportations. Pas seulement pour nos PME mais aussi pour certains de nos fleurons (Areva, Alstom, etc.). Plusieurs leviers permettraient d'améliorer nos performances : l'innovation, la gouvernance et le dialogue social. Pour l'innovation, le crédit impôt recherche est un très bon outil mais il faut le diminuer pour les banques et les services (ce sont des métiers protégés, non soumis à la concurrence internationale) pour concentrer les moyens sur l'industrie et encourager la diversification des grands groupes.
La gouvernance des entreprises est également décisive : il faut remettre le conseil d'administration au centre des décisions et favoriser l'actionnariat long terme. En clair, retrouver un capitalisme de " stakeholder " qui privilégiera l'intérêt national sur l'intérêt financier. Des mesures juridiques, comme la protection contre les OPA hostiles ou la taxation des plus-values à court terme, peuvent y contribuer.
Enfin, il est impératif de moderniser le dialogue social : s'inspirer du modèle allemand qui associe les salariés aux décisions et qui permet de mener des restructurations en bonne intelligence avec le souci, partagé par les directions et les syndicats, de maintenir systématiquement une part des emplois sur le territoire national. Dans tous les cas, le rôle de l'Etat est essentiel : en témoignent les pays qui ont gagné la bataille de la compétitivité - l'Allemagne, la Corée du Sud, le Japon et même la Chine. "

Thierry de la Tour d'Artaise, PDG du fabricant de petit électroménager SEB.
Thierry de la Tour d'Artaise, PDG de SEB

"Eviter toute mesure qui pèserait sur les marges"Compétitivité coût ou hors coût? 3 grands patrons français s'invitent dans le débat " Je pense qu'il ne faut pas séparer coût du travail et innovation. Pour financer la R&D, nous avons besoin de dégager des marges suffisantes. On ne peut pas réussir sur le long terme avec des prélèvements obligatoires élevés. Chez SEB, notre métier est complètement mondialisé. Il y a quelques années les prix de ventes de plusieurs appareils d'entrée de gamme ont chuté de 20 à 5 euros car nos clients ont eu accès à une offre chinoise. Il nous a fallu reconnaître qu'un certain nombre de produits " banals " ne pouvaient plus être fabriqués en France. Nous avons donc porté tous nos efforts sur le haut de gamme en misant sur la R&D afin de proposer des produits plus innovants et de maintenir une fabrication française. Les quatre produits de petit électroménager les plus vendus dans l'Hexagone en 2011 étaient des produits du groupe SEB, à valeur ajoutée : la friteuse sans huile, un robot culinaire, un générateur de vapeur et un aspirateur silencieux, vendus de 150 à 200 euros.
Pour continuer à investir en France, il faut baisser le coût du travail qui ne peut être durablement supérieur à celui de l'Allemagne. Par ailleurs, il faut à tout prix éviter toute mesure qui aurait pour effet de détériorer encore davantage nos marges. Je pense, par exemple, au forfait social sur l'intéressement-participation (qui pourrait passer de 8 à 20%, NDLR) qui ne récompense pas la production dans notre pays."
Jean-Pierre Clamadieu, DG du chimiste belge Solvay qui a fusionné avec Rhodia en 2011.
Jean-Pierre Clamadieu, président du comité exécutif de Solvay

"Veiller au coût de l'énergie"Compétitivité coût ou hors coût? 3 grands patrons français s'invitent dans le débat " Pour plusieurs secteurs industriels (chimie, matériaux, sidérurgie), le coût d'accès à l'énergie est un élément clé de la compétitivité. Ainsi, chez Solvay, il équivaut à la moitié de la masse salariale mondiale. Or, dans ce domaine, deux ruptures brutales sont intervenues ces dernières années. D'une part, le développement des gaz de schiste aux Etats-Unis : la chute des prix du gaz outre-Atlantique a créé, entre 2009 et 2011, un choc de compétitivité de 126 milliards de dollars, selon la banque Natixis. Résultat, les chimistes américains ont planifié 16 milliards de dollars d'investissements nouveaux dans les cinq prochaines années et relocalisent certains de leurs projets sur le territoire américain. D'autre part, la décision de l'Allemagne d'arrêter l'exploitation de ses centrales nucléaires et d'investir dans les énergies alternatives, en faisant porter sur les ménages l'essentiel de la facture et en préservant les industriels gros consommateurs d'électricité. Face à cette donne, nous devons chercher à exploiter nos propres ressources : on ne peut pas s'interdire de regarder ce que recèle notre sous-sol, même s'il faut bien sûr s'assurer que son exploitation ne crée pas de dommages sur l'environnement. On peut également réfléchir au développement d'infrastructures permettant d'importer du gaz américain. Dans ce contexte, le rythme de la transition énergétique voulue par le gouvernement doit être adapté à l'environnement économique. Si la croissance reste faible, descendre la part du nucléaire à 50% dans la production d'énergie sera très difficile et très coûteux. Pour préserver la compétitivité des industriels, trouvons des modalités raisonnables de répartition du surcoût entre les ménages et les entreprises.
Pour ce qui est de l'innovation, je pense que la France dispose d'un écosystème efficace. Solvay réalise ainsi 8% de son chiffre d'affaires dans l'Hexagone mais 40% de sa R&D. Le terreau est fertile. Le crédit impôt recherche est un outil fiscal fabuleux, simple à comprendre et facile à utiliser. Arrêtons de le remettre en question chaque année au prétexte qu'il bénéficie trop aux grands groupes : ce dispositif incite les PME à faire plus de recherche et les grands groupes à faire cette recherche en France. Développons aussi les opportunités de travail en commun entre grandes et petites entreprises, secteur privé et secteur public. A ce titre, les pôles de compétitivité constituent une bonne réponse. Mais inutile de les multiplier à l'infini : soyons sélectifs et concentrons les moyens sur un petit nombre de pôles d'excellence. "

De A comme Ayrault à Z comme zéro

De A comme Ayrault à Z comme zéro


Contrairement à ce qu’écrit Alain Duhamel ce jeudi, dans Libération, le premier ministre socialiste n’a jamais été à la mode dans l’opinion publique, salué pour ses qualités de gestionnaire et sa complémentarité avec le président de la République. Même dans les médias réputés à gauche, je n’ai jamais vu que scepticisme et attentisme poli depuis son arrivée à Matignon.
Cinq mois plus tard, les commentateurs n’ont pas tourné casaque. Ils constatent simplement, faits et gestes du premier ministre à l’appui, que leur pressentiment était juste. Ayrault n’est pas au niveau. Il manque de tout : de A comme autorité à Z comme zeste d’humour.
Sans doute sert-il de bouc émissaire pour le compte de tout un gouvernement formé d’amateurs. Il est lui-même apprenti, n’ayant jamais occupé ne serait-ce qu’un secrétariat d’Etat.
Surtout, il pâtit d’être la copie de François Hollande. Deux mêmes tempéraments, aussi fades, au sommet de l’Etat, cela ne correspond pas aux exigences, au standing d’une République monarchique comme la France. Si le Président de la République avait du caractère, passe encore, il pourrait se cacher derrière ! Hollande a donc fait une grosse erreur en choisissant Ayrault. D’ailleurs, les médias se défoulent sur Ayrault, mais c’est en réalité Hollande qu’ils visent.
Les cinq mois que nous venons de vivre montrent aussi les limites d’une méthode que ses auteurs voulaient exemplaire du modèle social-démocrate (négociation – recherche d’un consensus - décision). Mais faute d’être maîtrisée, la méthode donne, de couacs en bévues, des résultats catastrophiques. Il n’a pas fallu longtemps pour deviner qu’elle révèle moins un savoir-faire que beaucoup d’indécision, d’incompétence et d’impréparation.

TRÈS BONNE ANALYSE DE YVES THRÉARD DU FIGARO.

Baisse du nombre de propositions d’embauche en CDI : la preuve par l’absurde des effets pervers de ce contrat

Depuis le mois d'octobre 2011, les propositions d'embauche en contrat à durée indéterminée (CDI) ont baissé de 15,1% selon le site Qapa.fr

Hier, Qapa.fr, premier outil de matching professionnel en France, a publié comme tous les mois une analyse les données des 425 000 inscrits du site. Celle-ci révèle que le nombre de propositions de CDI a baissé de plus de 15% depuis septembre 2011. La complexité kafkaïenne du code du travail français a-t-elle fini par attaquer la compétitivité et augmenter le chômage ?

François Taquet : L’essentiel du paysage entrepreneurial français est composé de petites entreprises qui, pour la plupart, ne comprennent plus rien au droit du travail et qui sont à peine capables de choisir puis de rédiger un contrat de travail tant cela est devenu complexe.  C’est bien simple, notre code du travail comporte plus de 10 000 articles alors que celui de la Suisse n’en possède que 54. La France souffre d’une maladie chronique qui consiste à penser qu’un excès de réglementation sur l’encadrement des contrats de travail protège mieux les employés mais dans la réalité, je ne crois pas qu’un travailleur français soit mieux protégé qu’un employé Suisse ou Allemand.
La période de crise que traverse la France engendre naturellement une certaine peur des entreprises à s’engager sur la durée sans pouvoir se séparer de certains employés. Quand la conjoncture est aussi potentiellement instable, les entreprises rechignent à proposer des CDI à cause de ce que pourrait leur couter des licenciements si elles venaient à être obligées d’y recourir pour une raison quelconque. L’une des solutions les plus évidentes est celle qu’avait proposée le candidat Sarkozy lors de l’élection présidentielle de 2007 : un contrat de travail unique avec une période probatoire plutôt que de voir les employeurs se servir des CDD comme périodes d’essai. Cette idée d’un contrat "At will" sur le modèle anglais d’une durée standard d’un an renouvelable et pouvant être rompu à la volonté de n’importe laquelle des parties prenantes permettrait une simplification de l’emploi et un regain de compétitivité qui serait une bénédiction pour la France.
Olivier Duha : Il faut réformer le droit du travail. Malgré les grandes déclarations de principe, cette tâche n’a pas été accomplie. Le code du travail s’épaissit chaque année de nouvelles contraintes, de nouvelles obligations. Or, restaurer la compétitivité des entreprises, et particulièrement des entreprises de croissance, passe par un code du travail moins rigide. Prenons l’exemple du contrat de travail : il existe aujourd’hui en France 38 formes différentes de contrats de travail et 27 régimes dérogatoires ainsi qu'une dizaine de formes d’organisation du temps de travail dans le cadre des 35 heures. Le temps est venu de procéder à une simplification de cet ensemble de textes et de dispositions afin de donner aux entreprises la flexibilité et la souplesse dont elles ont besoin pour se développer et créer des emplois.
Rénover notre contrat social passe aussi par des actions fortes en direction des jeunes, notamment des jeunes qui sortent du système éducatif sans diplômes, et qui représentent chaque année 150 000 personnes. Nous proposons ainsi d’instaurer un SMIP (salaire minimum progressif) pour les jeunes de 17 à 21 ans. Ce ne sont là que quelques-unes des pistes sur lesquelles nous travaillons. Nous ne réformerons pas le contrat social sans l’implication forte des entrepreneurs. Pour leur part, les entrepreneurs de CroissancePlus sont mobilisés pour relancer la croissance.
Par ailleurs, en matière de temps de travail, les entreprises de croissance sont unanimes : il faut revenir à une durée du travail plus élevée. Selon Eurostat, la France se classe ainsi parmi les derniers en termes de durée annuelle de travail ! Et avec cette exception que constituent les 35 heures, nous restons bien en-dessous de la moyenne européenne, citée à 38,6 heures hebdomadaires…Nous proposons donc un schéma simple et compréhensible par tous : revenons à une durée légale du travail de 39 heures hebdomadaires et supprimons les RTT, avec en contrepartie, l'augmentation du temps de travail qui pourra être compensée par des mécanismes de transfert de charges et un effort des employeurs sur les salaires. En parallèle, il faut instituer une annualisation du temps de travail pour sécuriser l’emploi et donner davantage de marge de manœuvre aux entreprises.

Plongée au coeur de l'Aube Dorée en Grèce

Crédité de 14 % des voix, le parti d'extrême-droite grec profite de la crise économique et politique du pays. Reportage sur ce que veut vraiment l'Aube Dorée.
14% d'intentions de vote. Vendredi dernier, un nouveau sondage publié par Athens news a révélé la progression de l'Aube dorée (en grec Chrisi Avgi). Ce parti ultranationaliste se place désormais troisième derrière Nouvelle démocratie (droite conservatrice) et Syriza (coalition de gauche radicale).Marlène Katsinopoulou, attachée parlementaire de l'Aube dorée réagit. « Nous savons que les sondages se sont toujours trompés, aux dernières élections (17 juin, NDLR), nous avions récolté 7% des suffrages, alors que les sondages nous plaçaient à 4% ! », martèle cette jeune blonde de 27 ans. « Aujourd'hui nous sommes à 15 voire 17% d'intentions de vote!»
Nationalistes exacerbés
En mai dernier, une vidéo du leader du parti Nikos Mihaloliakos fait scandale. Interrogé sur une chaîne grecque, ce dernier nie l'existence des chambres à gaz. L'Aube dorée refuse toutefois l'étiquette néonazie et se défend de toute ressemblance entre son emblème et la croix gammée d'Hitler. Stathis Boucouras, député de Corinthe, écarte tout rapprochement : «Nous n'avons pas de rapport avec l'extrême droite, nous sommes nationalistes et cela veut dire aimer sa patrie et à être prêt à mourir pour elle.»
Humiliation européenne
Au bureau du parti à Athènes, les références au passé et à la gloire de la nation grecque sont d'ailleurs nombreuses. Drapeaux anciens, illustrations du patrimoine historique, livres sur l'antiquité grecque qui s'étalent sur les étagères... D'après Aristos Doxiadis, chercheur grec, « L'Aube Dorée défend l'idéologie que les Grecs sont des gens spéciaux, uniques, avec une langue unique, des racines dans l'antiquité et des références anciennes. C'est une caricature de l'histoire.» Le chercheur ajoute que « les médias ont présenté une image humiliante des Grecs depuis 2010, ce qui a touché la fierté nationale » et favorisé la montée du parti ultra-nationaliste. Cette humiliation au niveau européen « a conduit à la colère grecque et à un sentiment de conspiration ambiant. » Résultat, les migrants, nombreux en Grèce (près de 1 million), sont les principales cibles du parti, fréquemment soupçonnés et accusés de violences à leur encontre migrants. « Ce sont des personnes externes à l'Aube dorée », assure Marlène Katsinopoulou. Sur une vidéo récente, diffusée sur la toile, on peut voir plusieurs personnes de l'Aube dorée détruire violemment plusieurs stands de migrants. L'attachée parlementaire légitime l'acte : « Nous avions appelé la police à plusieurs reprises, mais elle n'est pas venue. Si la police dit non quel est notre rôle ? De protéger notre peuple....» A l'évocation de l'image d'un parti agressif ou effrayant, Marlène Katsipoulou répond : « Ceux qui pensent cela n'ont pas lu notre programme !»
Réaction à la paralysie gouvernementale
Selon le parti, ce sont «des gens éduqués, qui sont allés à l'université, titulaires de doctorats ou de masters et surtout des jeunes de 18 à 40 ans» qui adhèrent aux thèses de l'Aube dorée. 7% des Grecs aux dernières élections. Avant 2009, ce groupe est pourtant méconnu de l'opinion publique. Stigmatisée dans les années 1980, l'Aubedorée devient officiellement un parti politique en 1993, mais demeure une forcemarginale. C'est en 2010 que le parti crée la surprise, avec 5,3% des suffrages aux municipales d'Athènes. Pour Marlène Katsinopoulou, cette percée est due à « l'inquiétude » des Grecs face à « la crise économique et la montée de la criminalité » Elle détaille : « Les électeurs ont aussi compris aussi que le gouvernement corrompu les vole.» Rania Svigkou, membre du parti Syriza, analyse : « La montée de Chrisi Avgi résulte de la crise économique et sociale et les réponses données par les forces néolibérales (au pouvoir) à cette situation, les Grecs sont frappés par le chômage et la pauvreté. C'est le désespoir, la colère qui a permis aux néonazis d'entrer au parlement, afin de livrer un message « contre le système ». Mais c'est un parti très dangereux !»
Création d'un pôle emploi et d'un réseau de soins pour les Grecs
« L'Etat n'existe pas, la police ne fait pas grand-chose, alors qu'on a une criminalité très élevée», plaide Marlène Katsinopoulou. Afind'attirer les électeurs, l'Aube dorée vante une omniprésence sur le terrain, via la distribution de nourriture, des dons du sang réservés aux Grecs... Actuellement le parti ultranationaliste crée un pôle emploi ainsi que des services de soins médicaux, toujours à destination des Grecs. « A la différence de médecins sans frontières, nous, nous voulons créer médecins avec frontières », explique Christou Eugenia, membre du parti. D'après Aristos Doxiadis : «Le parti n'a pas de réelles solutions mais veut montrer aux gens qu'il est là pour remplacer l'Etat. »
Economie interne et Europe « pure »
Une sortie immédiate de l'euro...mais pas tout de suite et une renégociation du mémorandum. Pour l'Aube dorée, une sortie de l'euro n'est donc pas exclue. Stathis Boucouras détaille le programme : « Une fois que la Grèce aura retrouvé une production agricole et exploité le gaz de la mer Egée. Il faudra être mesurés et patients avant un retour à la monnaie nationale.»Il ajoute : « Ce retour n'implique pas que nous n'ayons pas de relations commerciales avec les autres pays, mais nous voulons des importations qu'en cas de besoin extrême de la population grecque.»
Le parti ultranationaliste souhaite un retour à « une Europe pure ». Le député Stathis Boucouras précise : « Nous devons avoir une Europe des nations avec l'Allemagne aux Allemands, la France aux Français etc... Il n'y a pas de place pour d'autres peuples en Europe. »Marlène Katsinopoulou assure que l'Aube dorée a des relations amicales avec « des partis d'Italie, d'Espagne et bien sûr de Russie. »

Pour aller plus loin : Les racines historiques du fascisme grec.

Solférinologie pour les nuls : le petit guide du congrès PS

S'ouvre ce vendredi matin l'édition 2012 du congrès du Parti Socialiste. Cacophonie gouvernementale, Hollande-bashing, retour au pouvoir, les défis à relever pour Harlem Désir, nouveau capitaine du bateau PS, sont nombreux. Petit cours de Solférinologie pour les nuls afin de comprendre les enjeux de ce rassemblement.

Ce matin, s’est ouvert à Toulouse le congrès du Parti Socialiste qui durera jusqu’à dimanche 28 octobre. Retour au pouvoir, dissonances gouvernementales, cette édition 2012 ne ressemblera vraisemblablement à aucune autre. Petit cours de Solférinologie pour les nuls. Comment fonctionne un congrès du Parti socialiste et à quoi cela sert-il ?

Pascal Perrineau : Le congrès est un élément fondamental de la construction du projet socialiste. Il a pour objectif de déterminer un axe programmatique, il permet d’acter les motions votées et sert à fixer le cap du parti tout entier, la direction que prendra celui-ci autour de la personnalité d’Harlem Désir. Les négociations sont allées bon train avant le début de ce congrès car au-delà d’acter le cap politique, ce rassemblement va aussi définir l’équilibre des équipes dirigeantes du parti.

Comment procède-t-on à la répartition du pouvoir entre ces équipes ? 

Le système est basé sur un vote de motions qui sont toutes liées à des hommes et à des femmes. Une fois ces motions votées, les scores obtenus par les textes permettent de répartir le pouvoir de manière proportionnelle. Pour appréhender le fonctionnement du Parti socialiste, il faut comprendre que la proportionnelle fait partie intégrante de son histoire de la même façon qu’il a été construit sur la base de sensibilités multiples qui cohabitent. La motion majoritaire est, quant à elle, composée de plusieurs de ces sensibilités, les pro-Désir, les Hollandais historiques ou encore les Aubristes. Cela révèle un équilibre des pouvoirs encore plus raffiné qui conjugue ces courants. Ces principes anciens sont encore aujourd'hui l’essence du Parti socialiste (PS).
D’autre part, il y a les motions minoritaires qui témoignent des courants les moins représentatifs sur le plan du nombre mais qui sont aussi souvent les plus virulents, comme l’aile gauche du PS. Cela engendrera probablement un débat vigoureux qui doit avoir lieu au congrès car il ne peut pas se dérouler au sein du gouvernement. Au milieu de ces discussions, Harlem Désir est face à deux défis majeurs. Il doit se créer une légitimité en s’émancipant, en se débarrassant de cette "nomination par l’appareil". Ensuite, il doit faire vivre un Parti socialiste au pouvoir en faisant taire les dissensions internes pour éviter qu’elles ne viennent s’ajouter aux discordances du gouvernement dont nous avons déjà été témoins.

Ce congrès peut-il donc conduire au désordre entre le PS et la majorité ?Le PS peut-il être un contre-pouvoir face au gouvernement ?

Non, l’apparition d’un contre-pouvoir dans le Parti socialiste d’Harlem Désir me paraît tout à fait improbable car il représente une ligne de fidélité très claire. Le PS ne veut pas jouer avec le feu, il connaît déjà suffisamment de problèmes internes de fonctionnement et de divergences d’opinions. Il faut comprendre qu’un congrès du Parti socialiste au pouvoir n’est pas le même que celui d'un Parti socialiste dans l’opposition. Dans ce dernier cas, les motions sont nombreuses et les affrontements sont parfois féroces comme ce fut le cas à Reims entre Royal et Aubry. A l’inverse, on a constaté qu’en 1981, certains socialistes, tel Jean-Pierre Chevènement, défendaient la nécessité d’un parti socialiste "godillot", obéissant et discipliné, arguant qu’un godillot est une bonne et solide chaussure. D’autres sensibilités voulaient au contraire que ce pouvoir soit mis au profit d’une accélération des réformes de rupture, voire voulait "couper des têtes". Le PS est actuellement sujet au même genre de débats mais il est probable que les congressistes soient lucides et essaient de ne pas ajouter aux dysfonctionnements. Malgré tout, le PS reste un parti duquel s’élèvent de nombreuses voix qui sont parfois discordantes, Harlem Désir va devoir prouver son talent de leader en sachant les mettre toutes en musique.

Les buveurs de bière et les retraités paieront

Cinq centimes de plus le demi-pression. Les buveurs de bière contribueront à combler le déficit de la sécurité sociale, à moins de demander une bière artisanale “made in France “. Hier à l’Assemblée, la majorité a tenu bon sur le front du houblon face à des députés de tous bords hostiles à la taxe sur la bière qui épargnera les brasseurs produisant moins de 200 000 hectolitres. “Les gros groupes étrangers seront les principaux contributeurs” insiste le ministre Jérôme Cahuzac, qui a refusé de limiter cette hausse à 10 centimes le litre au lieu de 20. À la sortie, la bière sera cependant moins taxée que les boissons à la taurine. Le rapporteur du budget Gérard Bapt (PS) entend pousser le plus haut possible la taxe sur les breuvages énergisants introduits en France depuis 2008 (Redbull, Burn, Monster…). La “canette” de 33 cl pourrait augmenter de 17 à 67 centimes. Du jamais vu pour une boisson en une seule loi. Une étude clinique publiée par le New York Times sur la toxicité boissons énergisantes du groupe Monster est venue hier doper les arguments des députés. L’agence alimentaire américaine fait mention de cinq morts suspectes en trois ans dont le cas d’une jeune fille décédée d’arythmie cardiaque après avoir absorbé une boisson de cette marque.

Coca Cola France annonce la suppression de 170 emplois

Hier, les lobbies de la boisson “jeune” employaient la manière forte pour peser sur le gouvernement et les députés. Au moment où ils examinaient le texte sur le financement de la sécurité sociale, le groupe Coca Cola France annonçait aux salariés son plan de suppressions de 170 emplois dans les usines du groupe en France. Si la boisson la plus consommée au monde n’est pas classée parmi les énergisants, le groupe compte dans sa gamme Burn Intense. Comme les autres énergisants, la consommation a doublé depuis 2008. Une aubaine pour la sécurité sociale.
Par ailleurs, l’Assemblée a adopté la création d’une taxe de 0,3 % qui sera acquittée dès le 1er avril par quelque 7,5 millions de retraités imposables.

Sixties

Sixties 


Antoine a 68 ans, les cheveux longs, toujours, ainsi que les idées courtes. Jeune, il prônait la pilule en vente dans les Monoprix. Vieux, il fait la promo des femmes en vente sur les trottoirs. Dans le même esprit de liberté et de plaisir, qui résume ces « sixties » que les jeunes vieux évoquent des larmes dans la voix : faire l’amour, c’est bien, gagner sa vie, c’est bien, explique l’élucubrateur, qui en conclut que la prostitution, c’est bien… Pourquoi pas. Le même jour, nous apprenons que les Rolling Stones jouaient hier soir pour quelques fans, et se produiront lundi pour un fonds d’investissement. Pour eux aussi, et depuis longtemps, gagner sa vie, c’est bien, n’est-ce pas, alors faites rouler la caillasse ! 
Tout de même, ces « sixties » vieillissent mal.



Comment échapper à la procrastination?

Très répandue, la procrastination consiste à remettre systématiquement au lendemain ce que l'on doit faire immédiatement. Notre contributeur Philippe Laurent propose des pistes pour aider les "procrastinateurs" ou ceux qui travaillent avec eux.
[Express yourself] La procrastination: un mot barbare, une réalité assez courante. Celui qui procrastine (le procrastinateur) remet systématiquement à demain (en latin crastinus) ce qu'il doit faire tout de suite. Il trouve toujours une "bonne" raison pour justifier ou se justifier qu'il a bien fait de ne pas faire ce qu'il devait faire: il ne peut pas faire autrement.
Son excuse habituelle: " Ah zut, j'ai encore oublié! Tu as raison, il faut que je le fasse. Il faut que je m'y attèle. Je vais devoir prendre le taureau par les cornes, etc.". Procrastiner, ce n'est pas décider de ne pas agir, ce qui peut être stratégiquement bénéfique: c'est reporter l'acte qui met en oeuvre notre décision et notre engagement, et cela de manière chronique. Cette tendance peut devenir lourde de conséquence pour soi et son équipe. Quelques idées pour tenter de l'expliquer et d'y remédier.
Une des possibles raisons de la procrastination est l'hyper sensibilité à l'environnement. J'ai conscience à un instant T de devoir faire quelque chose d'important, mais mon esprit est subitement distrait par autre chose de plus captivant: une conversation, une observation, un souci. Je suis détourné de ma trajectoire et finis par oublier ce que je dois faire. Cette attitude est le signe d'une grande curiosité intellectuelle.
Autre raison possible: la recherche d'une satisfaction immédiate. Je remets plus facilement à demain ce que je n'aime pas faire, ce qui ne m'apporte pas de plaisir immédiat. Je sais ce que je dois faire mais je me dis: "J'ai bien le temps, il me reste encore trois jours. Il faut que j'en profite. C'est la corvée: tant que je peux repousser l'échéance, je le fais." Je préfère remettre à demain la tâche non agréable qui m'embête ou m'ennuie, et profiter de mon confort actuel, quitte à souffrir d'un inconfort plus tard. Je joue la cigale, plutôt que la fourmi. Mon leitmotiv: "Carpe diem!"
Rien ne m'oblige, sinon la contrainte. Il faut que je sois au pied du mur, à la veille de l'échéance, pour me bouger. Je ne fonctionne bien que sous adrénaline. Je suis capable de fournir un effort considérable sur un temps très court. Il faut que je sois contraint de faire pour m'obliger à faire. Non pas que je n'aime pas ce que je fais, mais la pression que je génère décuple mes capacités d'apprentissage ou de créativité, et j'éprouve même un certain plaisir à cette expérience.
Le premier impact de cette tendance est sur le procrastinateur lui-même. A force de tout remettre à demain, il finit par s'en vouloir de ne pas tenir sa parole et de ne pas avancer suffisamment dans ses projets personnels ou professionnels. Son attitude le fait stresser car le temps passe alors que l'échéance, elle, ne bouge pas. Il éprouve le sentiment de faire du surplace alors que les autres avancent. Il aimerait changer mais n'y arrive pas. Travers d'autant plus dommageable que, quand il décide de s'y mettre, il est redoutablement efficace.

Une attitude qui peut provoquer la lassitude, voire l'exaspération

L'autre impact de cette tendance est sur le travail en équipe. Si je procrastine, travailler avec moi n'est pas facile car je n'avance pas aussi vite qu'attendu et les autres membres peuvent être tentés de ralentir la cadence. Quand mon travail est fait, il est très bien fait, mais c'est trop souvent en urgence, au détriment d'une meilleure concertation, d'un travail plus en profondeur, d'une validation plus précise des données, etc. La chronicité de mon attitude peut provoquer la lassitude, voire l'exaspération.
Si je "procrastine", voilà quelques pistes qui peuvent m'aider:
- La première, apprendre à dire "non" aux sollicitations immédiates qui sont sur mon chemin et viennent me distraire de ce que je suis en train de faire ou dois entreprendre. Sans forcément dire "je n'ai pas le temps" de manière brutale, je peux et dois oser dire " tu me laisses 3 minutes, je suis à toi tout de suite".
- Adopter le réflexe suivant: "Ce que je peux faire tout de suite, je le fais tout de suite. " En remettant l'action à plus tard, je risque tout simplement de l'oublier. Je peux même interrompre ce que je suis en train de faire si j'estime que c'est moins important ou urgent.
- Noter ce que je dois faire, si je m'y suis engagé et que je ne peux pas le faire sur le champ. Pour certains, il peut aussi être aidant de commencer son TAF (Travail à Faire) quotidien par ce qui nous est le plus difficile. Cela enlève la pression et soulage.
- Si je dois réaliser un travail de fond pour une échéance précise, je ne ne tarde pas avant de dresser une vue d'ensemble de mon projet de manière à lancer tout de suite les actions qui impliquent l'intervention des autres acteurs éventuels. Un plan d'actions succinct qui définit les grandes étapes m'aidera à avancer régulièrement. En ayant conscience d'avancer, je réduirai mon stress, travaillerai de manière plus sérieuse, dans le calme et non dans l'urgence. En cas de difficulté, j'aurai encore du temps pour réagir.
- Quelque fois, mon action est nécessaire et consiste simplement à lancer le travail. Je le fais tout de suite. Il faut battre le fer quand il est chaud. Il y a des messages ou des actions à mener sans tarder sinon elles ne sont plus opportunes et ne servent plus à rien.

Que puis-je faire si je travaille avec un procrastinateur?

Comme pour lui ce sont les premiers pas qui sont les plus difficiles, la première chose à faire pour l'aider est de l'encourager à démarrer. Je ne le lâche pas et le relance régulièrement pour être sûr qu'il avance bien ou le motiver.
Je peux parfois le confronter de manière constructive: "C'est ce que tu me dis à chaque fois. Je préfère que tu me dises que tu n'as pas le temps comme ça je ne suis pas pris au dépourvu, et je peux m'organiser autrement. "
Loin d'être une pathologie, ce mode de fonctionnement ne peut être changé par des défis supplémentaires inscrits dans le temps, ce qui aurait l'effet d'une punition. Sauf à se rendre compte par lui-même que toujours reporter à demain lui nuit ou le fait souffrir, le meilleur moyen d'aider celui qui procrastine est d'actionner les deux leviers de sa motivation qui sont l'intérêt et le plaisir

UMP : un absent très présent

UMP : un absent très présent 


Après s’être gaussée des primaires socialistes, l’UMP y vient. Après tout, seuls les imbéciles ne changent pas d’avis.
François Fillon et Jean-François Copé sont donc en campagne pour la présidence du premier parti d’opposition avec un passage obligé, le débat télévisé. Un vrai-faux débat en réalité, un côte à côte plus qu’un affrontement en règle qui scellerait le sort de la formation politique autant que le destin de chacun des concurrents. Au secours Nicolas reviens crieraient pour le coup les militants…
L’ombre de Nicolas Sarkozy plane depuis la première minute sur cette joute électorale inédite à droite. Que François Fillon esquisse un inventaire des années Sarko et c’est une volée de bois vert qui s’abat sur l’ancien Premier ministre. Que Jean-François Copé se réclame à tout bout de champ de l’ex-président de la République et de bonnes âmes rappellent illico la conversion tardive du “bébé Chirac”. Bref le grand absent Nicolas Sarkozy n’a jamais été aussi présent…
Même si Carla Bruni affirme dans une interview que le retour en politique de son mari est “improbable”, il se trouve bien peu de militants UMP pour mettre leur main au feu. Les deux débatteurs n’ont aucun intérêt non plus à se brûler les ailes. En vieux renards de la politique, ils savent mieux que quiconque que la meilleure façon de ne pas insulter l’avenir consiste à ne pas cracher sur le passé…

Les Français ont peur

Les Français ont peur 


Les critiques sur l'amateurisme supposé du gouvernement, l'accusation de faiblesse du Premier ministre et les doutes sur sa longévité à Matignon fleurissent pour une bonne et simple raison : les Français ont peur.

Bien sûr, on peut minimiser telle fronde fiscale catégorielle en lui opposant l'intérêt général. On peut relativiser les cafouillages de communication d'une équipe jugée trop provinciale, trop inexpérimentée, un brin surmenée. On peut disserter sur les raisons réelles de l'acharnement de certaines voix, d'autant plus sévères aujourd'hui qu'elles furent louangeuses il y a six mois. Mais il ne faut pas confondre la cause et la conséquence d'un désamour : il y a un très gros malaise.
Les Français ont peur. D'abord parce qu'ils doutent plus ou moins confusément, depuis le 6 mai, des capacités de la gauche à redresser le pays. La présidentielle, répétons-le, fut autant le résultat d'un rejet que d'une adhésion.
La victoire acquise, l'heure n'était pas aux vacances tant la confiance restait à construire. La rapidité de la chute de l'exécutif dans les sondages l'a confirmé dès les premiers pas du nouveau pouvoir.
Les Français ont peur de devenir des Espagnols ou des Grecs. Ils savent bien que la gauche n'est pas responsable de dix ans de dégradation régulière de notre compétitivité, du poids actuel des impôts et des charges sociales ou de l'ampleur des déficits. Mais ils voient assez l'avalanche des plans sociaux, la vague monstrueuse du chômage, la pression fiscale croissante qui dissuade de consommer et d'investir.
Alors que se dégage un sentiment d'impuissance et de flou du politique, le pays est comme pétrifié. Et cet immobilisme du consommateur et de l'investisseur aggrave la situation dont il est lui-même le résultat.
Les Français ont peur d'une gouvernance trop tranquille, par opposition au stress auquel nous avait habitué le quinquennat précédent et par contraste avec l'énormité des problèmes. François Hollande et Jean-Marc Ayrault ont fait le choix du temps long. Pour eux, il ne peut pas y avoir d'effort partagé et durable sans retisser les fils de la confiance avec les profs, les policiers, les syndicats, les juges... Il ne peut pas y avoir de redressement sans un rééquilibrage entre riches et pauvres, entre le travail et la rente.
La négociation est la meilleure manière d'impliquer les acteurs sociaux dans des choix courageux. Mais cette temporisation devient anxiogène devant l'urgence des réponses qu'appellent les coups de boutoir de la crise.
Les Français ont peur que 37 milliards de prélèvements supplémentaires, démarrés par la droite, accentués par la gauche, n'achèvent d'asphyxier la croissance et d'anéantir leur foi en l'avenir. Ils veulent savoir ce qui est meilleur : davantage d'impôt ou moins de dépense publique ? Plus de ressources pour financer la solidarité ou moins de charges pour faciliter l'emploi ? Plus de rigueur ou plus de temps pour assainir nos comptes ?
Les Français ont peur de mourir guéris. On est loin du simple couac de communication. La majorité peut se féliciter d'avoir une opposition encore désorganisée. La droite, pour se reconstruire, a la chance d'avoir un gouvernement déjà fragilisé. Ça ne suffit pas à retendre le ressort de la confiance.

Cinq millions de chômeurs en France… Ou davantage ?

Cinq millions de chômeurs en France… Ou davantage ?

 
Le nombre de demandeurs d’emploi sans activité (catégorie A) a connu en septembre la plus forte augmentation enregistrée depuis avril 2009, avec 46 900 chômeurs de plus en un mois (soit + 1,6 %), pour s’établir à 3,057 millions de personnes en métropole. Cette 17e hausse consécutive atteint particulièrement les jeunes (moins de 25 ans, qui sont désormais plus de 485 000 inscrits) et les seniors (plus de 50 ans, soit 670 000 inscrits, qui, du fait de leur âge, se sentent totalement abandonnés). En tenant compte des DOM, les services du ministère du Travail recensaient fin septembre 3,3 millions de chômeurs dans cette catégorie. Et sur un an, le nombre d’inscrits a, en définitive, augmenté de 10 %.
En incluant les inscrits à Pôle emploi en catégorie B et C, c’est-à-dire exerçant une activité réduite, la France (métropolitaine) accuse, comme le mois précédent, un nouveau record depuis la mise en place de statistiques comparables en 1991 : 4,515 millions de personnes inscrites, soit une hausse de 20 900 personnes par rapport à août (+ 0,5 %).
Avec tout cela, on ne sait toujours pas exactement combien il y a de chômeurs. Il faudrait, pour ce faire, réussir à cumuler, sur la métropole comme les DOM, les cinq catégories reconnues par Pôle emploi. Travail de titan, ou de bénédictin. Car les chiffres ne sont donnés que parcimonieusement, au compte-gouttes, et jamais dans leur totalité. Après quelques recherches, le résultat peut se poser sous la forme d’une question, terrible, mais toute simple :
La France connaît-elle plus de cinq millions de chômeurs ?
D’accord ! Le nombre officiel d’inscrits à Pôle emploi est de 4,7 millions – ce qui est déjà beaucoup plus que 3,3 millions. Un nombre qui ne comprend que les trois premières catégories, c’est-à-dire ceux des inscrits tenus de justifier auprès de Pôle emploi qu’ils cherchent activement… Et il y a deux autres catégories !
Mais on suppose, en outre, que tout le monde n’est pas inscrit. A commencer par les SDF dont le nombre, selon les sources, oscillerait entre 100 000 et 300 000… Et ceux qui, par honte ou par crainte, ne font pas la démarche, etc.
Cette hausse était prévisible, souligne dans un communiqué le ministère du Travail, qui réaffirme l’objectif d’« enrayer d’ici fin 2013 cette hausse » par la « mise en œuvre concrète des réformes prévues dans la feuille de route sociale » du gouvernement, et des mesures « pour stimuler la croissance ».
Pour l’heure, la seule croissance qu’on connaisse, c’est celle du chômage !
Le ministre du Travail, Michel Sapin, rétorque qu’elle est comparable à un « navire lancé à pleine vitesse » difficile à ralentir. Il y faudra à peu près un an. Autrement dit : c’est – encore… – la faute à Sarko…
La droite, elle, dénonce « la passivité du gouvernement, dont la politique économique ajoute de la crise à la crise ». Elle n’a pas tort : la gauche fait systématiquement la même chose en pareille situation. Mais ces manières de cour d’école donnent une piètre idée de la politique française – à ceux, du moins, qui se faisaient encore des illusions…
Au passage, on apprend, dans le dernier numéro d’Economie et statistiques de l’Insee, que la situation de chômage augmente aussi pour les femmes le risque de se faire agresser sexuellement. Alors que le travail, nous explique-t-on journellement, augmente celui du harcèlement… Décidément, elles n’ont pas de chance !
Ailleurs, ce n’est pas mieux ! Le président de la BCE, Mario Draghi, a souligné mercredi que le chômage était « déplorablement élevé » en Europe. Et Bruxelles a reconnu, dans le même temps, que l’activité du secteur privé dans la zone euro a enregistré en octobre sa plus forte contraction depuis juin 2009. Au point de proposer la création d’un fonds contre la pauvreté en Europe…
Alimenté par qui ?

Le vilain petit canard de Matignon

Le vilain petit canard de Matignon



Un couac. « Un de plus » se dépêche de souligner une droite toujours revancharde. Hier, en annonçant dès potron-minet et en exclusivité mondiale que le Conseil constitutionnel avait annulé la loi sur le logement social, Jean-Marc Ayrault a renforcé en trois mots l'image qu'on lui prête : celle d'un élu de province, peu au fait des arcanes du pouvoir, et qui pourtant l'exerce. C'est calamiteux en termes d'autorité. Car il avait tort. Rien n'était encore fait. L'opposition l'a bien compris, en ces temps où le buzz et la forme comptent davantage que le fond : amateurisme, scandale, gigantesque bévue... Aucun mot n'est assez fort pour souligner que Jean-Marc Ayrault a commis une erreur. Une erreur grave pour le chef du gouvernement puisqu'elle est dans un champ dont les parlementaires se croient volontiers les dépositaires : celui du droit, du bon fonctionnement des institutions et du respect pour la République. Jean-Marc Ayrault s'est fusillé, alors même qu'il peine à recadrer des ministres dont les plus Verts s'affranchissent de la solidarité gouvernementale et dont les plus intellos pérorent sur les œuvres d'art ou le cannabis. Ça la fiche mal. Le déficit de positionnement du Ayrault fatigué s'est révélé criant hier. À l'heure du laitier, il est apparu comme une espèce d'homme déconnecté, un martien du pouvoir, un ahuri des convenances. Bref, il a claironné son couac. Qui le fait passer pour un vilain petit canard barbotant à Matignon.


Et s'il fallait remplacer Jean-Marc Ayrault?

Et s'il fallait remplacer Jean-Marc Ayrault?

 

Hollande : la défiance s'installe parmi les Français

SONDAGE EXCLUSIF - Les Français jugent sévèrement la politique et le caractère du président.

Défiance généralisée. Plus François Hollande avance dans son mandat, moins les Français lui accordent leur confiance. D'après les résultats d'un sondage OpinionWay pour Le Figaro, 64 % d'entre eux se déclarent mécontents de l'action du président de la République depuis son élection. Pire: dans chacun des treize domaines retenus par OpinionWay, François Hollande recueille une majorité de mécontents. «Il est relativement rare d'obtenir d'aussi mauvais résultats si vite, mais cela est un peu lié à la période, explique Bruno Jeanbart, directeur des études politiques d'OpinionWay. La crise est forte, l'inquiétude est forte, cela rejaillit sur lui.»
Sur fond de dégradation de l'environnement économique, c'est sans surprise sur sa capacité à lutter contre le chômage que les Français accordent le moins leur confiance au chef de l'État: 69 % d'entre eux se déclarent mécontents de son action dans ce domaine, juste devant «la politique fiscale» (66 %) et «le respect des engagements pris pendant la campagne électorale» (63 %).

Capacité à tenir ses promesses

Son moins mauvais score, avec «seulement» 51 % de mécontents, le président le réalise à égalité dans trois domaines différents: «La lutte contre l'insécurité», «l'amélioration du système éducatif» et «la manière dont il défend les intérêts de la France à l'étranger». Sur le premier sujet, c'est plutôt positif: «Pour un président de gauche, c'est plutôt un bon score», assure Bruno Jeanbart. Sur les deux autres, en revanche, ce sont des mauvais points pour François Hollande. D'abord, parce qu'il avait mis l'éducation au cœur de sa campagne électorale: moins d'un Français sur deux satisfait, c'est le signe d'un doute sur sa capacité à tenir ses promesses. Quant à la défense des intérêts de la France, ils sont à relier au traité européen, que le chef de l'État s'était fait fort de renégocier mais dont son premier ministre, Jean-Marc Ayrault, avait lui-même reconnu que «d'un point de vue juridique» il s'agissait du même texte que celui qu'avait négocié Nicolas Sarkozy en mars 2012.
Parallèlement au jugement des Français sur l'action du chef de l'État, leur opinion sur l'homme se révèle extrêmement sévère. Ils sont 68 % à estimer que François Hollande ne sait pas faire preuve d'autorité, 64 % à penser qu'il n'est pas capable de rassembler les Français et 63 % à assurer qu'il ne sait pas prendre des décisions difficiles. «Sur la question des traits d'image de François Hollande, c'est inquiétant, car les traces peuvent être longues à effacer», prévient Bruno Jeanbart. De l'image du chef de l'État dépend aussi l'écoute qui est accordée à ses propos. Or 62 % des personnes interrogées assurent que le président de la République n'explique pas bien son action. «On voit que son image dégradée n'est pas uniquement liée au contexte économique. Il y a aussi une difficulté à faire passer son message ainsi que des questionnements sur sa stratégie face à la crise», note Bruno Jeanbart.
De tout cela, on assure ne pas vouloir s'inquiéter à l'Élysée, où l'on plaide que «l'impopularité peut aussi être un moteur de l'action».

LE PREMIER BILAN D'UN PAUV'TYPE ÉGARÉ SUR LE CHEMIN DE LA RESPONSABILITÉ.