TOUT EST DIT

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mercredi 17 octobre 2012

Dette : La France emprunte à 2,2%, c'est une mauvaise nouvelle !

Pour financer sa dette, la France emprunte à 2% à dix ans. Bonne nouvelle me direz-vous. Eh bien non. Car une situation aussi irrationnelle est nécessairement la traduction d’un dysfonctionnement grave, lourd de menaces à terme.
Rappelons-nous ces fortes paroles : « Mon véritable adversaire n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera donc pas élu et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance » (François Hollande le 22 janvier 2012).
Pas rancunier pour deux sous ce « monde de la finance » ! Et même très gentil avec le pays désormais dirigé par celui qui l’a désigné comme ennemi, puisqu’il lui prête aux taux les plus bas de l’histoire. Environ 2,20 % à 10 ans. Mieux, cet été, la France a emprunté à 3 mois et à 6 mois à des taux négatifs. Concrètement, une fois l’inflation prise en compte, cela signifie que les investisseurs acceptent au mieux de prêter sans rémunération, quand ils ne perdent pas de l’argent …
Bonne nouvelle me direz-vous. Eh bien non. Car une situation aussi irrationnelle est nécessairement la traduction d’un dysfonctionnement grave, lourd de menaces à terme.
De quoi s’agit-il ? A la base, d’un excès d’argent dans le système par rapport à ses capacités d’absorption. Les investisseurs internationaux, principalement asiatiques et moyen-orientaux, disposent d’énormes masses de liquidités dont une partie doit s’investir en euros, parce qu’il leur faut répartir leurs risques. Mais la crise au sud de l’Europe les conduit à chercher des valeurs refuges. La dette publique allemande d’abord. Celle de la France ensuite, car il faut éviter de mettre tous ses œufs dans le même panier.

Effet d’aubaine, inespéré au regard de notre situation réelle. Mais effet d’aubaine qui a toute chance de n’être que temporaire. Car notre déficit serait bien plus élevé si les choses se passaient comme la logique le voudrait.
Regardons en effet les chiffres. Notre dette totale est de plus de 1.800 milliards d’euros, dont 1.400 milliards ont une durée de vie de plus de sept ans. Cela signifie que pour 1 % d’intérêts en plus, nous paierons presque immédiatement 4 milliards supplémentaires. Et à terme 18 milliards. Notre équilibre budgétaire est donc hypersensible au niveau des taux d’intérêt demandés par les investisseurs.
Or quel est le prix que devrait en bonne logique demander quelqu’un qui prête à la France ? Même si le risque était nul, il lui faudrait demander un minimum de rémunération réelle au-delà de l’inflation, minimum qui selon les économistes devrait être de l’ordre de grandeur de la croissance prévisible. Avec une inflation autour de 2 %, le taux sans risque devrait donc déjà être sensiblement supérieur à 3.
Ce à quoi s’ajoute le coût du risque. Mais qui peut croire que ce risque est nul ? D’une part, beaucoup s’inquiètent de notre désindustrialisation, de l’absence de vraie réforme structurelle et du risque de contagion de l’Europe du Sud. D’autre part personne ne peut nier que l’Europe traverse une zone de turbulence et que nos déficits budgétaires et commerciaux ne sont pas rassurants. Au minimum personne ne peut considérer ce risque négligeable. Et donc même en restant optimiste on devrait emprunter bien au-delà de 4 %, soit 2 % au minimum plus cher que ce que nous payons. Ce qui veut dire que notre déficit « logique », celui qui est cohérent avec notre situation, devrait toutes choses égales par ailleurs être plus lourd d’au moins 40 milliards que dans l’hypothèse du maintien des taux actuels – et a toutes chances d’être à ce niveau un jour proche. Arithmétiquement.
Les marchés prendront-ils cela en compte rapidement ? L’effort budgétaire prévu pour 2013 est de 30 milliards d’euros, dont 20 de recettes supplémentaires et 10 seulement de baisses de dépenses. Le fragile équilibre qui en résulte peut être rompu à tout moment, si un mouvement de défiance gagne les marchés. Or les craintes évoquées ci-dessus, et notamment l’absence de réformes structurelles, la difficulté à tenir les promesses, sont un terrain propice pour que cela se produise, sans parler de la hausse prévisible du chômage. Et ne nous illusionnons pas. Les marchés réagiraient dans un tel cas avec excès, dans le sens inverse de celui d’aujourd’hui. C’est comme cela qu’ils fonctionnent ; il faut le savoir et l’accepter. Les vilipender à nouveau demain ne servira à rien.
Une de nos nombreuses erreurs aujourd’hui est donc de vouloir bâtir notre avenir en croyant qu’un tel dysfonctionnement est appelé à perdurer. Voir dans la « clémence » actuelle des marchés un blanc-seing durable pour le statu quo serait de l’inconscience. Sachons au contraire profiter du répit qui nous est ainsi offert, et rapidement : sur les marchés comme en montagne, la météo peut évoluer très rapidement sans signe précurseur, et la lune de miel devenir beaucoup, beaucoup moins romantique.

Coups

Coups 


M. Balladur, qu’on n’entend plus guère, et qu’on sait peu adepte de l’éloge, a dit hier de M. Ayrault qu’il est un homme parfaitement estimable. Compliment rare, quand le Premier ministre plie le dos sous les coups. Mais M. Balladur connaît l’enfer que vit M. Ayrault. Oui, l’enfer : l’Hôtel de Matignon, malgré ses dorures, son parc et sa domesticité, est une maison bien inconfortable. « On prend des coups », se souvient Pierre Mauroy, « il faut d’abord apprendre ça ». Mais ça, les petits jeunes ne le savent pas, et redoublent de coups. Dans l’opposition, c’est normal, mais aussi dans la majorité : les godelureaux Valls, Montebourg et Peillon se font les dents sur ce pauvre M. Ayrault, la godelurette Audrey Pulvar ironise sur son charisme – ah ! ça vaut pas le bel Arnaud, son compagnon de ministre… M. Ayrault s’est défendu hier, sans brio, comme d’habitude : à Matignon, l’important n’est pas de briller, mais de durer.

Islam et immigration face au déclin démographique européen : derrière les fantasmes, la vérité des chiffres

Une vidéo choc sur l’expansion de l’islam a été présentée par un cardinal africain lors du synode sur l’évangélisation. Elle donne une vision alarmiste sur le développement de l'islam en France, pays qui deviendra selon les auteurs "une république islamique" dans moins de 40 ans. Les chiffres et le scénario présentés dans cette vidéo sont-ils crédibles ?   
Michèle Tribalat : Comme toujours dans ce genre de document, il y a du vrai et pas mal de faux. L’effondrement démographique européen est une réalité qui marque certains pays plus que d’autres. L’Allemagne et l’Espagne, par exemple, s’en tirent moins bien que la France ou le Royaume-Uni. Dans son scénario Convergence, Eurostat a projeté une croissance démographique de 16 millions en 50 ans (de 2010 à 2060) dans l'Union européenne des 27. En l’absence d’immigration, l’Europe perdrait 70 millions d’habitants, soit un apport démographique de l’immigration de 86 millions en quarante ans, correspondant à près de 17 % de la population de 2060.

La population d’origine étrangère en Europe serait évidemment bien supérieure si l’on y ajoutait l’effet de l’immigration passée, celui des unions mixtes et des différentiels de fécondité qui ne sont pas pris en compte. Sans immigration, l’Espagne perdrait 8 millions d’habitants, l’Allemagne en perdrait 23. Un exercice de projection réalisé précédemment par Eurostat visait à estimer la part de la population d’origine étrangère en 2060 (exercice pas complètement satisfaisant d’un point de vue scientifique pour des raisons qu’il serait difficile d’expliquer ici). Il anticipait que la moitié des moins de 40 ans seraient d’origine étrangère en Espagne et en Allemagne en 2060, un peu plus de 40 % au Royaume-Uni et 20 % en France.
Pour la France, c’est peu crédible car on y est déjà. Même si ces chiffres étaient corrects, toutes les personnes d’origine étrangère ne sont pas musulmanes. À partir de l’enquête Trajectoires et origines réalisée par l’Ined et l’Insee en 2008, j’ai estimé à 4 millions le nombre de musulmans déclarés (soit 6,8 % de la population de France métropolitaine) et à 4,8 millions le nombre de personnes dont au moins un parent est musulman, soit respectivement 34 % et 41 % de l’ensemble de la population d’origine étrangère sur deux générations.

Le document compare le nombre moyen d’enfants par femme en France , "1,8 enfant par femmes" à celui des "musulmans" qui serait de "8,1 enfants par femme". Pour la France, la vidéo affirme également que "30% des enfants de moins de 20 ans sont musulmans" et qu’en 2027 "un français sur cinq sera musulman". Comment peut-on enquêter sur le sujet sachant qu’il n’y a pas de statistiques ethniques et religieuses en France. Dispose-t-on, malgré tout, d’estimations fiables sur le sujet ?

Les propagandistes ont du mal à résister à l’attraction des chiffres symboliques qui frappent l’imagination : 8,1 c’est 1,8 à l’envers. Tout cela est archi-faux. Aucun pays au monde n’a une fécondité d’un tel niveau aujourd’hui. Quelques pays ont encore un peu plus de 6 enfants par femme. C’est le cas du Mali, du Burundi, de la Somalie et de l’Afghanistan.
J’ai estimé la fécondité des femmes musulmanes en France, toujours d’après l’enquête Trajectoires et origines réalisée en 2008. À 40 ans, les femmes musulmanes nées dans les années 1958-1968 avaient 2,8 enfants en moyenne, contre, 1,9 chez les catholiques et 1,7 chez les femmes sans religion. Quant aux naissances, toujours d’après l’enquête Trajectoires et origines, pour les enfants nés en 2006-2008, un peu moins de 20 % d’entre eux auraient au moins un parent musulman.
Si la France n’avait jamais collecté les statistiques dont vous parlez, nous ne saurions absolument rien. Les chiffres que je vous ai donnés ne tombent pas du ciel. Ils sont sourcés. Nous n’avons pas d’enregistrement systématique, mais nous avons des enquêtes de temps en temps qui enregistrent des informations sur les ascendants (plus ou moins adéquates) et sur la religion. Ces statistiques ne sont pas interdites. Leur collecte est réglementée, mais relativement facile pour la statistique publique depuis 2004. L’Insee a freiné des quatre fers pendant longtemps avant de s’y résoudre.

D’après la vidéo, le nombre moyen d’enfants par femme en Europe est de 1,38 enfant. Toujours selon cette vidéo, l’Europe "cesserait donc d’exister" ou plutôt va exister autrement par "l’immigration". Quel est aujourd’hui le pourcentage de musulmans en Europe ? Comment ce pourcentage va -t-il évoluer dans les années à venir ?

Le nombre moyen d’enfants par femme dans l’Union européenne des 27 était de 1,59 en 2009, dernier chiffre publié par Eurostat à l’échelle de l’Union. C’est peu et annonce un déclin démographique que l’immigration contrecarre encore. De grosses différences subsistent entre les pays avec le Portugal à 1,32, l’Allemagne à 1,36 d’un côté, et la France à 2,0 et le Royaume-Uni à 1,94 de l’autre. Les premiers ont du souci à se faire, même si l’Allemagne peut espérer drainer une partie de la jeunesse européenne vers son économie.
Je vous ai cité plus haut quelques chiffres des projections d’Eurostat. Le scénario élaboré n’imagine pas une remontée très importante et rapide de la fécondité mais table plutôt sur l’immigration. Cela correspond tout à fait à la "philosophie" européenne qui n’imagine pas d’autre solution que l’immigration. Ce qui l’oblige à préparer les peuples européens à faire bon accueil aux nouveaux venus, puisque aucun autre choix ne semble possible, refrain bien connu. La politique familiale n’est pas une compétence européenne, l’immigration oui. Aucun effort n’est réellement entrepris à l’échelle européenne pour penser une politique qui permettrait à la démographie de l’UE d’être un peu moins dépendante et de compter plus sur ses propres forces en mettant au monde un peu plus d’enfants. L’Europe attend son salut démographique de l’extérieur en attendant le meilleur de "l’autre", toujours à l’honneur, même si les peuples craignent le pire.
Le Pew Forum, aidé de l’IIASA (International Institute for Applied System Analysis) a réalisé des projections de populations musulmanes dans le monde (2010-2030). En 2030, la population musulmane attendue en France métropolitaine serait légèrement inférieure à 7 millions, soit 10,3 % de la population totale. En 2030 comme en 2010, c’est en France que la population musulmane serait la plus importante, en nombre et en proportion, dans l’Union européenne des 15.

La France est le pays d’Europe qui compte le plus de musulmans. L’islam peut-elle devenir la première religion de France ?

Tout dépend comment l’on compte. Sur la simple affiliation, non bien sûr. Sur le nombre de fidèles vraiment engagés dans leur foi, c’est déjà pratiquement le cas puisque, parmi ceux qui déclarent accorder beaucoup d’importance à la religion, les musulmans sont plus nombreux que les catholiques entre 18 et 50 ans (enquête Trajectoires et origines 2008). Mais ce ne sont pas les musulmans qui portent la responsabilité de l’effondrement du catholicisme : 9 % des catholiques accordent beaucoup d’importance à la religion, contre 49 % chez les musulmans. L’islam est très dynamique, avec un taux de transmission qui s’est considérablement accru dans les générations les plus jeunes, alors que le catholicisme a déjà touché le fond. Les conversions ne sont pas pour l’instant, contrairement à une idée très répandue, un vecteur d’expansion de l’islam très important.

Presque partout en Europe, les formations d’extrême droite prospèrent sur le thème "de l’islamisation de l’Europe". Cela relève-t-il du fantasme ou recouvre-t-il une part de réalité ?

On peut entendre l’islamisation de deux manières. Une manière très littérale revient à dire que les musulmans seront bientôt majoritaires en nombre dans la population française, ce qui n’est pas réaliste du tout. S’il y a fantasme, il est là. Une autre manière consiste à penser que l’apparition d’une minorité musulmane importante, de plus en plus sûre d’elle et exprimant des exigences va changer notre cadre de vie, nos modes de vie et limiter nos libertés. Mais c’est déjà le cas. Pas la peine d’insister sur ce que l’islam a grignoté, d’ores et déjà, sur notre liberté d’expression. Christopher Caldwell a consacré un livre précisément à ce sujet, sans grand écho en France, malheureusement. Quand une culture tolérante accueille une culture intransigeante, c’est généralement la première qui cède. D’une certaine manière, la présence d’une population musulmane de plus en plus importante va nous obliger à décider ce sur quoi nous ne cèderons pas. Et, comme l’écrit Salman Rushdie, nous ne garderons que les libertés pour lesquelles nous serons prêts à nous battre. J’emploie le terme "battre" au sens figuré et non au sens d’un conflit armé. Je me sens obligée de le préciser, ce que je n’aurais sans doute pas fait 30 ans plus tôt.

Les hausses d'impôts, plus court chemin vers la récession

N’en déplaise aux tenants des politiques keynésiennes qui ont fait la preuve de leur insanité et de leur échec, le projet de budget centré sur les hausses d'impôts nous amène à une certitude : 2013 sera pire que 2012.
"Le désendettement sera compétitif et keynésien". C’est le dessinateur du journal Le Monde, Plantu, qui reprend ainsi la phrase d’une interview donnée à son journal par le ministre de l’économie, Pierre Moscovici. « Phrase légendaire », dit Plantu, dont le dessin représente un public de chômeurs devant des usines fermées.
Plantu serait-il devenu anti-keynésien ? Toujours est-il qu’il a le mérite de souligner l’essentiel du débat actuel sur le chômage. Car si tout le monde a commenté le « choc fiscal », auquel personne n’échappera, bien supérieur aux modestes baisses de dépenses publiques, peu nombreux (en dehors de notre équipe de libéraux) sont ceux qui ont prêté attention à la doctrine keynésienne qui sous-tend le projet de budget soumis au Parlement.
« La dette est l’ennemie de l’économie ». Mais qui a créé la dette ?
Bien évidemment le point de départ de notre ministre est réaliste : il faut réduire les déficits publics avec « une dette qui dépasse les 90% du PIB, seuil qui pénalise durablement la croissance ». Pour un socialiste keynésien, reconnaître que la dette, donc les déficits qui l’ont constituée, pénalise la croissance est une effort méritoire, voire une abjuration. Pourquoi les ancêtres de M. Moscovici, une fois parvenus au pouvoir en 1981, ont-ils alourdi les déficits et laissé dériver la dette ? Il est plus facile pour le ministre de l’économie de mettre tout au passif du quinquennat Sarkozy, qui s’est traduit il est vrai par un accroissement de 600 milliards de la dette française.
Lorsque le ministre indique que le gouvernement doit redresser les finances publiques, le journaliste du Monde, qui connaît son catéchisme keynésien sur le bout des doigts, lui demande « au risque d’une récession ? ». Réponse de P. Moscovici : « La dette est l’ennemie de l’économie, des services publics (sic !), de notre souveraineté nationale. Pierre Bérégovoy parlait jadis de la désinflation compétitive, je veux parler du désendettement compétitif ». Belle conversion soudaine à l’orthodoxie budgétaire. « Un euro de plus pour le service de la dette, c’est un euro de moins pour l’éducation, pour l’hôpital ou pour la sécurité ». Là, les choses se gâtent : si le gouvernement veut diminuer dette et intérêts, c’est pour pouvoir augmenter les dépenses publiques. Comme si ce n’était pas la dérive des dépenses qui avait fait exploser la dette.
Les pays qui ont fait du « laisser-aller budgétaire » se sont « pieds et poings liés retrouvés entre les mains des marchés ». Il faut donc éviter de tomber dans les mains des méchants marchés, qui font payer plus cher les pays les moins solvables en augmentant le taux d’intérêt (prime de risque). Mais qui est coupable ? Le marché, qui vient financer les pays imprudemment en déficit excessif et leur évite la banqueroute, ou les gouvernements qui ont mis le pays dans cette situation ?
Les coupes budgétaires sont « récessives »
Donc, voici le nouvel objectif : retour aux 3% du traité de Maastricht, sorte de mini règle d’or que les États se sont empressés de ne pas respecter. Comment revenir en 2013 aux 3% de déficit ? Par une hausse, que le ministre reconnait être considérable, de 20 milliards des impôts. Ne chipotons pas sur les chiffres, car le ministre oublie les hausses déjà votées lors du collectif budgétaire ; en tous cas le choc fiscal est sans précédent. Pourquoi augmenter les impôts au lieu de diminuer les dépenses ? Réponse du ministre « Les coupes budgétaires ayant un impact plus récessif que les hausses d’impôts, nous avons fait cette année tout ce qui était possible et nécessaire ».
S’agit-il d’une nouvelle loi économique ? Si notre ministre affirme que diminuer les dépenses est « plus récessif » que les hausses d’impôts, c’est qu’il croit que toute dépense publique a un effet de relance : il revient ainsi au keynésianisme le plus pur. La dépense publique serait-elle aujourd’hui un moteur de la croissance ? On observe que jamais les dépenses publiques n’ont été aussi élevées, et que jamais on a connu une stagnation aussi durable. Ce ne sont pas les « mesures d’austérité » qui prolongent la crise, contrairement à ce que soutiennent Messieurs Mélenchon et Thibaut. Et Monsieur Moscovici se trompe en voyant dans la réduction des dépenses publiques une politique « récessive ».
« Revenons à Keynes » 
Par contraste, aux yeux du Ministre, l’augmentation des impôts serait moins récessive. Or, il est démontré et prouvé que les hausses d’impôts ont un effet négatif sur l’offre : elles poussent à travailler ou entreprendre moins, elles font fuir les plus productifs à l’étranger. En effet les gens n’aiment pas travailler pour qu’on leur reprenne l’essentiel de ce qu’ils ont légitimement gagné. Réaction bien humaine.
Les hausses d’impôts freinant ainsi la croissance, elles entraînent la stagnation des revenus et des transactions, donc les rentrées fiscales diminuent : les taux d’imposition ont augmenté, mais la base fiscale à laquelle ils s’appliquent s’est réduite. Donc les déficits se creusent encore davantage, et la dette avec.
Monsieur Ayrault et son gouvernement s’en sortent avec un gros mensonge, qui consiste à affirmer que neuf contribuables sur dix seront gagnants ou épargnés parce que la réforme accroît la progressivité : à elle seule, la non indexation du barème pénalise pratiquement tous ceux qui paient l’impôt sur le revenu.
« Nous faisons contribuer davantage les grandes entreprises dont le taux d’imposition effectif est de dix points inférieur à celui des PME. Revenons à Keynes : ce qui fait qu’une entreprise investit, ce ne sont pas uniquement ses marges ou ses avantages fiscaux, c’est d’abord ses marchés, ses clients ». Monsieur Moscovici pense-t’il qu’en réduisant les marges des entreprises françaises, on pourra investir et satisfaire les clients français ? À l’heure du « patriotisme économique », il serait bon de rappeler que les grands gagnants de l’affaire seront les fournisseurs étrangers, moins chargés en impôts et cotisations que les entrepreneurs français.
La hausse des impôts est le plus court chemin vers la récession
Attention : « Nous ne versons pas dans un keynésianisme archaïque, mais notre politique marche sur ses deux pieds. Elle veut conforter l’offre et la demande. Keynes disait à juste titre que la demande précède l’offre ». Ainsi, au commencement était la demande ; en revanche, rien sur l’entrepreneur qui anticipe les besoins des clients et créé ce qui n’existait pas encore. Donc la politique du gouvernement s’appuie sur l’offre et la demande : elle marche sur deux jambes, mais l’une est nettement plus longue que l’autre ! À voir les taux d’imposition exploser, à voir se multiplier les réglementations, contraintes, interventions sur les prix ou dans les entreprises, on a du mal à percevoir une politique de l’offre. C’est donc une fausse fenêtre : c’est la demande, artificielle, qui ouvre le bal. L’offre n’a qu’à suivre.
Laissons nos confrères détailler les bons et les mauvais impôts, les vraies et les fausses réductions de dépenses ; l’essentiel est ailleurs. Le gouvernement, contraint de réduire les déficits, ne touche pas aux dépenses publiques (« moteurs de la croissance ») ; d’où les hausses d’impôts. N’en déplaise aux tenants des politiques keynésiennes qui ont fait la preuve de leur insanité et de leur échec, le projet de budget nous amène à une certitude : 2013 sera pire que 2012.

Hollande: "nous sommes tout près" d'une sortie de crise de la zone euro

a estimé que les pays de l'Union européenne étaient "tout près" d'une sortie de de la zone , dans un entretien à plusieurs journaux européens, dont Le Monde, donné à la veille d'un nouveau sommet à Bruxelles.
"Sur la sortie de la crise de la zone euro, nous en sommes près, tout près. Parce que nous avons pris les bonnes décisions au sommet des 28 et 29 juin et que nous avons le devoir de les appliquer, rapidement", déclare le président.

LE GROS MENTEUR PRÉDIT LA SORTIE D'UNE CRISE DONT IL NIAIT L'EXISTANCE SOUS SARKOSY

"D'abord, en réglant définitivement la situation de la Grèce, qui a fait tant d'efforts et qui doit être assurée de rester dans la zone euro. Ensuite, en répondant aux demandes des pays qui ont fait les réformes attendues et qui doivent pouvoir se financer à des taux raisonnables. Enfin, en mettant en place l'union bancaire", détaille-t-il.
"Je veux que toutes ces questions soient réglées d'ici à la fin de l'année. Nous pourrons alors engager le changement de nos modes de décision, et l'approfondissement de notre union. Ce sera le grand chantier au début de l'année 2013", déclare encore le chef de l'Etat.
"Le pire - c'est-à-dire la crainte d'un éclatement de la zone euro -, oui, est passé. Mais le meilleur n'est pas encore là. A nous de le construire", ajoute-t-il.

OH ! 
LE GROS MENTEUR !

Des couacs révélateurs

Des couacs révélateurs 


Réfléchir à la manière de combattre les réseaux et les dangers du cannabis, substance expérimentée par plus de 78 millions d'Européens, révèle l'Agence des drogues, n'a rien d'indigne. Tous les États l'ont fait à un moment ou à un autre, avant de convenir de degrés de tolérance variables selon les pays.
Mais il est très maladroit de procéder selon la manière, improvisée, de Vincent Peillon qui semble parfois oublier qu'il appartient à un gouvernement et qu'il en est le ministre de... l'Éducation !
Les couacs, c'est fini, promettait Jean-Marc Ayrault, il y a moins de trois semaines, à la télévision. En rouvrant le débat sur la dépénalisation du cannabis, alors que personne ne le lui demande, le numéro deux du gouvernement relance la cacophonie que le Premier ministre peine à étouffer. Pire, le vacarme qu'il a déclenché couvre le message sur la compétitivité que le chef du gouvernement adressait, hier, depuis son fief nantais.
Le propos de M. Peillon est inopportun : parce qu'il gêne un Président et un gouvernement en déficit croissant de crédibilité ; parce qu'il offre à la droite et aux compétiteurs pour la présidence de l'UMP une opportunité inespérée d'instruire le procès en irresponsabilité de la gauche ; parce qu'il se discrédite lui-même, lui qui a pour mission de protéger la jeunesse française de tous les trafics.
Ensuite, sa déclaration illustre à nouveau les difficultés de ce gouvernement à afficher des positions communes et constantes. Le cannabis fait partie des sujets qui divisent le PS et la gauche, sa dépénalisation étant souvent évoquée par les élus socialistes parisiens, par les écologistes et par les radicaux. Avec le nucléaire, les grands équipements et l'Europe, il fait partie des désaccords, en principe assumés, entre partenaires de majorité.
Enfin, ce couac n'est qu'une demi-surprise de la part de celui qui n'en est pas à son coup d'essai et qui privilégie facilement son besoin médiatique d'exister à la solidarité gouvernementale. On peut même se demander si le nouvel avertissement de Jean-Marc Ayrault, expliquant publiquement à son ministre qu'il n'a pas à être un commentateur, servira de leçon.
Quelle mouche à donc piqué Vincent Peillon ? Forcer la main de François Hollande ? Ce serait mal connaître le président de la République et méconnaître son récent arbitrage sur la question. Affaiblir Jean-Marc Ayrault ? S'il s'agit de ravir sa place à Matignon, la méthode n'est franchement pas la plus intelligente. Dire ce qu'il pense ? C'est la thèse, probablement exacte, de l'intéressé qui oublie souvent d'arrondir les angles de ses convictions.
Plus largement, les couacs gouvernementaux mettent en lumière une différence formelle entre la gauche et la droite : alors qu'à l'UMP on n'a vu, pendant cinq ans, qu'une seule tête, l'opposition devenue majorité continue d'exprimer des opinions indisciplinées qui brouillent la lisibilité du projet.
Ils confirment un déficit d'autorité au sommet de l'État, qui tient à la fois au Président, au Premier ministre, au premier secrétaire encore provisoire du Parti socialiste.
Enfin, après cinq mois de vol dans ce quinquennat, qui en compte soixante, ils révèlent des fissures peu rassurantes dans les turbulences de la crise.

Agir contre la misère

Agir contre la misère 

La misère est un continent immense. Il est peuplé de 865 millions d’êtres humains (1) de tous âges, de toutes langues, de toutes cultures. Partout, ils sont rejetés, parfois même jusqu’à devenir invisibles tant ils dérangent et inquiètent, tant ils interrogent.

Là-bas, le petit enfant de 2 ans casse des briques tandis que sa soeur d’un an plus âgée file sous les étals du marché ramasser quelque précieuse nourriture et glaner les copeaux de bois pour faire bouillir la marmite… Plus loin, un garçon de 8 ans coud des perles sur les vêtements vendus à bas prix dans les pays riches. Agile, il réalise ce que de grandes mains adultes ne peuvent faire : et tant pis s’il s’esquinte la vue irrémédiablement, à force de travail dans le taudis mal éclairé ! Dans la campagne, une jeune adolescente, esclave domestique, s’épuise, abandonnée et maltraitée. Dans les villes du tiers monde, gigantesques et fiévreuses, des hommes, des femmes, des enfants travaillent comme des esclaves. Ils trient, à mains nues, des déchets qu’ils ignorent toxiques. Ils sont enfermés dans des usines aux lourdes portes cadenassées, gardées par des hommes armés. Combien trouvent la mort dans ces lieux vétustes quand éclate l’incendie ! L’enfant soldat, les réfugiés, les malades… La litanie est longue de ceux que la misère isole et emprisonne.

Avec ceux qui en souffrent

Mais, elle n’est pas l’apanage des pays pauvres. Elle est là, ici, en France. Avec la crise, elle étend son emprise. Mais on ne la perçoit qu’avec retard. En 2010, on compte 440 000 nouvelles personnes pauvres, au total : 8,6 millions ! Sont touchés de plus en plus d’enfants élevés par une mère seule, des jeunes en rupture familiale, des travailleurs pauvres… Alors que les besoins augmentent, la revue Esprit (2) révèle que les budgets d’aide sociale ne sont pas toujours dépensés. Ainsi, plus de 5 milliards d’euros du Revenu de solidarité active n’auraient pas trouvés preneurs ! Sur ces entrefaites, on ajoute encore un outil : les contrats d’avenir.

Cela manifeste la volonté de ne pas laisser tomber ceux qui traversent une grave difficulté et c’est heureux. Mais cela interroge sur l’efficacité des politiques publiques. Les dispositifs s’empilent au point qu’il devient difficile, même pour les professionnels du secteur, d’en avoir une vue d’ensemble claire: « Le problème de la pauvreté consiste moins en un manque de dispositifs que dans le fait que ces dispositifs n’arrivent pas à toucher les personnes concernées » (3). À cela s’ajoute la complexité bureaucratique qui détourne, et trop souvent humilie, ceux qui auraient pourtant tant besoin d’aide : «Ce qui manque, c’est la confiance dans l’économie et le travail social. Il faut beaucoup de temps pour se reconstruire de la misère. Oser relever la tête », explique Bruno Tardieu, délégué national d’ATD Quart-Monde (1). En s’inspirant des exemples réussis de nos voisins européens, les auteurs (3) plaident pour une approche de la pauvreté plus efficace, plus participative et moins coûteuse : cesser d’empiler les dispositifs ; simplifier l’accès aux aides ; mieux coordonner le travail entre l’État et les collectivités locales; accompagner, surtout, ceux qui ont besoin d’aide. Cela signifie les écouter et construire avec eux les politiques nécessaires.

(1) 865 millions de personnes vivent avec 0,75€ par jour. Voir dimanche Ouest-France, 14 octobre 2012

(2) «La pauvreté perdue de vue», Esprit, octobre 2012

(3) M.-O. Padis et L.-M. Schaer, Esprit, octobre 2012

Hollande et l'impôt : de la "révolution fiscale" aux usines à gaz

"Notre système de prélèvements est devenu illisible ; nul ne sait qui paye l'impôt ; les taux apparents ne sont plus les taux réels ; qui peut comprendre quoi que soit à la fiscalité locale, au dispositif des exonérations de cotisations sociales ou encore au mécanisme de la fiscalité écologique ?
A force d'être mitée et minée, notre fiscalité est devenue opaque. Et le Parlement ajoute des 'usines à gaz aux usines à gaz', de la taxe carbone jusqu'à la taxe professionnelle, (...) le système est non seulement illisible, il est instable. Les exonérations de cotisations sociales supposées encourager l'emploi ont changé douze fois en quinze ans de mode de calcul. Comment les entreprises peuvent-elles elles-mêmes faire leurs arbitrages ?"
Ces phases, qui dénoncent l'opacité de la fiscalité française, sont de François Hollande, lors de son discours de Périgueux, le 17 octobre 2010. Celui qui n'était alors que candidat à l'investiture de son parti mettait au cœur de sa campagne un concept, celui de "révolution fiscale". 
Le candidat n'avait alors de cesse de prôner une réforme ambitieuse, inspirée de l'ouvrage des économistes Thomas Piketty, Emmanuel Saez et Camille Landais et visant à remettre à plat toute la fiscalité française. "La réforme fiscale est un préalable. Elle donne la transparence, la clarté, la progressivité indispensable pour convaincre nos concitoyens de consentir à une contribution. La réforme fiscale a une double vocation : redistribuer justement et financer efficacement", disait M. Hollande dans le même discours.

Deux ans plus tard pourtant, le président Hollande et son gouvernement semblent avoir définitivement tourné le dos à ces promesses. La fusion de l'impôt sur le revenu et de la contribution sociale généralisée (CSG), cœur de la "révolution fiscale", a été renvoyée à la fin du mandat, si elle se fait. Et le premier projet de loi de finances de l'ère Hollande est surtout truffé de ces fameuses "usines à gaz" que dénonçait le candidat.

1/ Taxe à 75 % : d'une idée de campagne à la recréation d'un bouclier fiscal
Exemple le plus récent : le devenir de la fameuse taxe à 75 % sur les revenus au-delà d'un million d'euros. L'idée, lancée par un candidat Hollande dont la campagne peinait à trouver un second souffle, avait structuré les débats et joué un rôle symbolique majeur. Mais son application est aussi complexe que son énoncé était simple.
Crétin Ier à l'Elysées avec Moyrand
Créer une simple tranche posait une série de problèmes, dont le plus gros était le risque d'inconstitutionnalité. En cumulant cette tranche avec les autres impôts frappant les plus aisés (ISF, surtaxe exceptionnelle...), on risquait d'arriver à des taux confiscatoires, ce qu'interdit le Conseil constitutionnel.
Pour éviter ce risque, et régler les nombreux cas potentiellement problématiques (sportifs de haut niveau, artistes...), la taxe est devenue "exceptionnelle" et limitée dans le temps : elle ne s'appliquera qu'en 2012 et 2013. Pour qu'elle ne se mélange pas à l'impôt sur le revenu, elle sera perçue non sur le foyer mais sur chaque individu. Ainsi, un couple où chacun gagne 999 000 euros ne sera pas taxé, quand un célibataire gagnant 1,2 million d'euros, lui, payera 150 000 euros.
Surtout, pour parer à tout risque de censure des "sages", le gouvernement a dû remettre en place un "plafonnement global" de l'impôt. Nul ne pourra être taxé à plus de 75 % en cumulant ISF, impôt sur le revenu et taxation exceptionnelle. Ce qui revient à une forme de bouclier fiscal, certes remanié. Qui sera lui-même limité grâce à un "plafonnement du plafonnement"... Le tout concernera 1 881 contribuables pour la taxe à 75 %, et autour de 6 000 foyers pour le plafonnement global. Ce dernier représentera un manque à gagner de l'ordre de 667 millions, quand la taxe exceptionnelle de 75 %, elle, rapportera 320 millions d'euros.
2/ "Pigeons"  : une usine pour des chefs d'entreprise
La lisibilité est encore pire s'agissant de la taxation des plus-values de cessions mobilières, en clair de la revente de parts d'entreprises. Le projet de loi de finances prévoyait de la taxer plus fortement, en la soumettant, comme c'est l'objectif général, au "barème". L'idée est de taxer ce type de revenus dits "du capital" comme l'impôt sur le revenu, avec un barème progressif et un système de tranches.
Mais les entrepreneurs high-tech, pour qui la revente de parts de société constitue un mode de financement, ne l'ont pas entendu de cette oreille. Réunis dans un collectif des "pigeons", ils ont obtenu rapidement gain de cause. Le projet de loi de finances prévoit donc un nouveau système, encore en négociation, mais dont les grandes lignes sont... tout sauf simples. Les entrepreneurs seront taxés au barème progressif, sauf s'ils ont plus de 10 % des parts de l'entreprise depuis plus de cinq ans (ils ne seront alors taxés qu'à 19 %).
Pour les autres, il sera possible d'attendre pour obtenir des abattements progressifs, qui iront jusqu'à 40 % au bout de six ans de détention. Mais si l'argent de la plus-value est réinvesti, ou si la cession intervient en cas de retraite de l'entrepreneur, elle sera défiscalisée. Dans un premier temps, ces mesures ne devaient être en place que pour les cessions intervenues après le 1er janvier 2012, mais cet état de fait pourrait être corrigé en créant un régime spécifique pour les cessions de cette année, sous la forme d'un prélèvement forfaitaire majoré ou d'un abattement spécifique...
Cumulés, ces aménagements représentent un manque à gagner de 750 millions d'euros. Qui sera compensé en maintenant une année de plus une taxe exceptionnelle de 5 % sur les grandes entreprises.
3/ Tarification progressive de l'énergie : un projet... complexe
En matière d'usine à gaz, il est assez ironique que la palme revienne à un projet de loi portant sur l'énergie. La tarification progressive, qui sera examinée par le Sénat fin octobre, veut permettre aux ménages modestes de payer moins cher leur chauffage et leur électricité. Pour y parvenir, les députés ont imaginé un système de bonus-malus.
Pour faire simple, on calcule un "volume de base" correspondant aux "besoins essentiels" d'un ménage en énergie. Il est modulé en fonction du nombre de membres du foyer, du mode de chauffage et de la zone climatique où se situe le logement. Huit zones ont été distinguées en France métropolitaine, avec chacune un "coefficient de rigueur" qui définira les tarifs énergétiques. Collectées par les services fiscaux, ces informations iront ensuite aux fournisseurs d'énergie, qui calculeront le tarif final appliqué pour chaque foyer, qui sera avantagé ou désavantagé en fonction de sa consommation finale.
Mais pour ne pas pénaliser les ménages dont le logement, mal isolé, consomme trop, une partie du "malus" pourra être défalquée de son loyer, s'il est locataire. Par ailleurs, un "dispositif d'accompagnement" viendra aider les foyers pauvres à améliorer leur isolation, notamment à travers un tarif spécial destiné à 4 millions de foyers pauvres. Il faut encore évoquer les cas particuliers de chauffages collectifs ou des étudiants, traités à part...
4/ Œuvres d'art, résidences secondaires, DOM... Les exceptions sont légion
Si le candidat Hollande dénonçait volontiers une fiscalité "mitée et minée" par les exceptions et les niches, le président Hollande ne s'est pas montré très sévère à cet égard. Malgré un "coup de rabot" global de 10 % et un plafonnement  à 10 000 euros, le projet de loi de finances 2013 prévoit 70,7 milliards d'euros de niches, contre 70,8 dans celui de 2012.
Et certaines ne seront pas sujettes à ce coup de rabot ni au plafond global. C'est le cas des niches outre-mer, qui sont pourtant, pour certaines, régulièrement dénoncées comme des moyens de défiscalisation pour les plus aisés.
Le gouvernement et l'Assemblée se sont aussi livrés à des valses-hésitations, comme sur la question d'incorporer les œuvres d'art dans le patrimoine soumis à l'impôt sur la fortune. Ce ne sera finalement pas le cas, le gouvernement ayant renoncé, devant le tollé déclenché par l'idée dans les milieux culturels, à les taxer. Pourtant, certains ministres, comme Aurélie Filippetti (culture) ou Jérôme Cahuzac (budget), avaient pris position en faveur d'une telle taxation. 
On peut encore citer le cas des résidences secondaires, que le gouvernement envisageait de soumettre à la redevance audiovisuelle, qui finance télévision et radio publiques. Mais il y a également renoncé, ouvrant la voie à une hausse de ladite redevance, de l'ordre de 4 à 6 euros.