TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

samedi 22 septembre 2012

Crise économique : cette fois-ci, c'est différent !

Effectivement, je me suis trompé sur la crise économique. Cette fois-ci, c’est différent. Ce n’est pas comme en 1929. En réalité, c’est beaucoup plus grave.
Hier j’évoquais rapidement l’idée absurde à mon sens mais reprise de façon assez large depuis le début de la crise financière en 2007 :
1929 ne peut pas se reproduire !!
Telle est l’idée véhiculée notamment par le gouverneur de la Banque centrale américaine, la Fed. Ce dernier est d’ailleurs « joliment » surnommé « Ben l’hélicoptère ». Avant de devenir gouverneur, notre ami Uncle Ben (celui dont les billets ne collent jamais) avait effectué quelques menus travaux et recherches économiques sur la grande crise de 1929. Il avait résumé sa pensée en disant que pour lutter contre la déflation, il était prêt à larguer autant de billets que nécessaire par hélicoptère au-dessus des foules en délire…
Il en avait tiré quelques conclusions qu’il s’évertue depuis à appliquer avec une constance totale.

Les banques tu sauveras
La première idée était que, lors de la crise de 1929, l’État américain avait laissé s’effondrer les banques et que cela avait aggravé de manière considérable une récession qui trouvait ses origines fondamentales dans un surendettement massif des agents économiques et de surcapacités de production tout aussi grandes.
Conclusion : il faut soutenir les banques et le système financier.
Que fait la Fed depuis 2007 : la Fed a donc sauvé les banques et le système financier. Elle continue d’ailleurs à le faire, ce qui est le cas avec le QE3, qui est le tout dernier plan d’injection de billets tout neufs de 40 milliards de dollars par mois destiné… à racheter les actifs pourris des dites banques.
Pour quel résultat ? Depuis le début de la crise, la Fed a injecté 26 000 milliards de dollars… pour aucune croissance. Ah non ! me direz-vous, l’année dernière la croissance américaine a été de 1,9% du PIB.
Je vous passe le raisonnement – pertinent quand même – qui consiste à dire que 2% de croissance d’un PIB de 15 000 milliards de dollars représente une création de richesse d’environ 300 nouveaux milliards de dollars, par rapport à une création monétaire de 26 000 milliards… Dit comme ça, vous commencez à voir poindre comme un léger problème d’ordre mathématique. Mais passons, c’est accessoire, puisque personne n’en parle et que la « crise est derrière nous ». 1,9% de croissance, lorsque l’inflation est de 3% (en réalité, elle est de plus mais ce n’est pas grave non plus), cela veut dire que votre économie est en réalité en récession de 1,1 %…
On ne peut donc pas dire que cette politique soit un grand succès, eu égard aux tombereaux monumentaux de nouveaux billets (qui ne collent jamais) imprimés par Uncle Ben.
Des taux bas tu maintiendras
La deuxième idée était que le krach de 1929, point de départ qu’aura retenu l’histoire pour cette crise économique, avait été causé – ce qui est moins connu – par plusieurs relèvements successifs des taux d’intérêt par la Banque centrale américaine. Tout le monde à l’époque spéculait sur les actions (qui monteraient pour l’éternité car cette fois-là c’était différent), les journaux financiers recevaient des sacs entiers de courriers de braves gens demandant comment on pouvait faire fortune rapidement. Une gamine avait même écrit une lettre qui avait ému l’Amérique toute entière à un canard boursier quelconque. Du coup, des lecteurs s’étaient cotisés pour permettre à la fillette d’acheter ses premières actions.
Il ne fallait pas être un grand devin pour voir qu’une folie spéculative s’était emparée des agents économiques à travers tout le pays… et au-delà d’ailleurs.
La Fed monte les taux d’intérêt pour essayer de calmer la situation. Les appels de marge des banques auprès de leurs clients pour que ces derniers couvrent leurs crédits entraînent des ventes de titres à chaque hausse des taux d’intérêt… Jusqu’au krach final et dévastateur. À l’époque, toutes les actions sont achetées à crédit.
Conclusion : il faut maintenir les taux d’intérêt au plus bas pour éviter la défaillance massive des agents économiques, ce qui entraîne une déflation sans limites.
Que fait la Fed depuis 2007 : la Fed applique donc son idée de base, maintenir les taux au plus bas. Ils sont donc maintenus entre 0 et 0,25%. Lors de sa dernière intervention, Ben Bernanke a précisé que se serait le cas jusqu’en 2015 au moins… Lorsque l’on regarde les rendements des obligations d’États des pays les moins mauvais (pardon, jugés comme les plus solides par les investisseurs), les taux nets d’inflation sont même devenus négatifs. Cela signifie qu’un épargnant avisé accepte de perdre de l’argent en prêtant son argent. Vous prêtez 100, on vous rendra 95 en pouvoir d’achat dans 10 ans ! Fabuleux n’est-ce pas ? Cela ne choque personne, mais économiquement parlant c’est gravissime.
Pour quel résultat ? Les taux ne peuvent globalement pas être plus bas. Or, si les ménages continuent un peu à consommer, en réalité, ils ont surtout commencé à s’adapter à la crise. Logiquement, lorsque l’avenir devient incertain, que les impôts augmentent, que les prix ne cessent de grimper, que vous risquez de perdre votre emploi du jour au lendemain… Vous ne faites pas de nouveaux crédits. Vous allez tenter de vous désendetter et d’épargner. C’est exactement ce qu’il se passe. Les ménages se désendettent et les taux d’épargne partout à travers la planète reprennent le chemin de la hausse.
La politique des taux bas ne permet donc pas d’obtenir une relance réelle de la machine économique.
L’industrie et l’emploi tu relanceras
La troisième grande idée est que si la déflation commence, il devient impossible de la stopper par la suite. En 1929, l’État américain n’a soutenu ni les banques, comme nous l’avons déjà dit, ni l’industrie, ni l’emploi. Résultat : dans une crise d’endettement, la phase de désendettement, qui est l’étape suivante logique, entraîne une baisse significative de la consommation, puis de la production. Cela amène à des destructions d’emplois, qui entraînent à leur tour une nouvelle baisse de la consommation. Les prix finissent par s’effondrer, progressivement le système économique s’arrête. C’est la déflation. Une lente agonie douloureuse de l’économie.
Conclusion : il faut soutenir l’industrie, ne pas laisser le chômage s’installer et tout faire pour stimuler la demande.
Que fait la Fed depuis 2007 : sur cet aspect-là, il n’y a pas que la Fed qui intervienne, puisque le gouvernement fédéral US joue également un rôle important. Néanmoins, in fine, comme c’est la Fed qui finance le déficit du Trésor américain, on peut conclure que globalement, là aussi, l’argent provient de la planche à billet d’Uncle Ben.
Prime à la casse pour les véhicules, aide à l’achat, programme de prolongement des indemnités chômage, ou encore aide au refinancement des crédits subprime pour que Mr et Mrs Smith puissent conserver leur home sweet home. Cela n’empêche pas l’effondrement de l’industrie américaine sauvée des eaux par des dizaines de milliards de dollars d’aides publiques, ni le chômage d’augmenter, ni les gens de perdre leurs maisons.
Hélas ! Cela, pour le moment, ne rend ces mouvements que plus lents mais n’a pas inversé la situation.
Finalement, ce ne serait donc pas si différent qu’en 1929 ?
La réponse ne peut pas être manichéenne et vous imaginez que les choses sont complexes et d’ailleurs pas définitivement fixées, loin de là. Comme le disait un économiste, il est fort probable que l’on ne saura comprendre cette crise que dans 150 ans. Je suis plus optimiste que lui et je pense que d’ici un gros siècle, le grand mamamouchi monétaire du futur saura nous expliquer doctement que nous étions un peu arriérés, que nous n’avions pas les modèles économétriques nécessaires, ou encore que, pour eux, évidemment, dans un siècle ce sera forcément… différent.
Pour le moment, cette politique de création monétaire a réussi globalement à nous éviter une déflation majeure… Sans pour autant réussir à stimuler suffisamment l’économie pour relancer une croissance saine.
En 1929, le potentiel de croissance était différent !!
Nous avions une population mondiale restreinte, des ressources naturelles très abondantes, aucun problème environnemental. Nous étions également dans le régime monétaire de l’étalon-or, qui ne permettait pas une politique économique d’impression de « fausse monnaie ». L’énergie n’était pas chère et pour longtemps encore permettant des sauts qualitatifs majeurs, nous partions de rien, que ce soit en consommation de masse ou en termes de confort.
Il ne s’agit pas de dire que c’est la fin du progrès, bien au contraire, il faudra simplement, dans le monde qui vient – comme l’a si bien résumé Stéphane Hessel dans son dernier ouvrage –, « choisir entre ce qui devra croître et ce qui devra décroître ». La décroissance de la consommation de masse n’empêche nullement les progrès techniques. On peut même penser que l’imagination et la créativité humaine seront, pour grande partie, à l’origine des solutions pour sortir de cette crise qui, encore une fois, est une crise de changement de modèle économique.
En 1929, ce n’était qu’une crise économique passagère, aussi violente fut-elle. Il fallait, à cette époque-là, purger les excès de l’endettement. Il ne faut pas oublier le principe de la dette.
Le crédit, c’est dépenser tout de suite l’argent que l’on gagnera pendant les x prochaines années. C’est donc utiliser immédiatement l’ensemble de ses futurs revenus. Lorsque de nombreux ménages le font simultanément, cela entraîne un effet très positif sur la croissance… à court terme. À long terme vient la phase de remboursement. Cette phase est relativement indolore, lorsqu’il y a inflation, progression des salaires (via l’indexation, et/ou le plein emploi) et que l’endettement a lieu à taux fixe. C’est la configuration que nous avons connue pendant les Trente Glorieuses.
Depuis, la situation a légèrement dérapé. Les salaires ne progressent plus, puisque les salariés partout dans le monde occidental peuvent être remplacés par un serveur Internet – regardez les banques en ligne –, par des automates – du distributeur de billets à la caisse automatique –, ou par quelques petits chinois peu coûteux… Contrairement à 1929, nous n’avons pas vécu une crise d’endettement pour acheter des actions à la bourse (on est très intelligents et on apprend de nos erreurs n’est-ce pas), non cette fois, c’est… « très différent », puisque le monde entier s’est endetté pour acheter sur 40 ans des clapiers sans espace dans des villes saturées !!
Comme en 1929, il y a donc à la base une crise d’endettement. Mais cette fois-ci, c’est encore plus grave, puisque notre modèle de croissance basé sur la consommation de masse n’est plus tenable.
Et quand bien même, il y aurait de la croissance…
… que cette dernière se fracasserait immédiatement sur le prix des matières premières, qui serait dès lors tirées vers le haut. Les prix de l’énergie exprimés à travers le principal indicateur qu’est le pétrole restent élevés alors que la croissance mondiale et donc la consommation sont en berne. Souvenez-vous du baril à 150 $ en 2007… à la vieille de la crise.
Si demain nous réussissions comme par magie à faire repartir notre sacro-sainte croissance, elle serait arrêtée net par la reprise de la flambée des matières premières en générale et de l’énergie en particulier.
Finalement c’est effectivement différent !
La croissance est devenue, pour certaines raisons évoquées ici et bien d’autres qu’il conviendrait de détailler, IMPOSSIBLE.
Or, le postulat de nos autorités monétaires pour combattre cette crise de type « 1929 » repose sur l’idée essentielle que l’utilisation de la planche à billets saura stimuler la croissance et que cette croissance permettra d’absorber progressivement les excès de monnaie. Or, il n’y a pas et il n’y aura pas de croissance.
Nous allons donc nous retrouver avec un double problème.
D’une part, une déflation qui commence à arriver par l’Europe, puisque les États doivent éviter la faillite et donc sont obligés au bout de 5 ans à se résoudre à se lancer dans l’austérité après avoir tenté vainement de « relancer » l’économie. Mais cela concernera bientôt les États-Unis, où il y a un débat très vif actuellement sur le fiscal cliff (« le mur fiscal » en français) et les augmentations inéluctables des impôts après les élections présidentielles.
D’autre part, nous nous retrouvons avec une masse monétaire qui a explosé et qui fait peser un risque énorme d’inflation, voire d’hyperinflation, en cas de perte de confiance brutale des agents économiques.
Alors effectivement, je me suis trompé. Cette fois-ci, c’est différent. Ce n’est pas comme en 1929. En réalité, c’est beaucoup plus grave. Nous aurons la déflation et l’inflation. Une situation économique inédite.

Blasphème ! 


Singulier, et pour tout dire inquiétant ! Quel est le mot en vogue ? Blasphème ! Un vieux mot qui renvoie aux systèmes de pensée où la distinction entre le sacré et le profane se mesure selon les seuls critères du sacré.
Certains voudraient même redonner au blasphème, sur le sol français, une qualification juridique. Arriveraient ainsi devant les tribunaux (heureusement civils) des litiges touchant à la façon dont est regardé un fait religieux. Quelle régression ! Ce serait revenir aux temps où la croyance théologique faisait la loi. Or s’il y a un socle à sauver dans le fonctionnement républicain, c’est bien la liberté de conscience, de pensée, d’expression.
Le concept même de blasphème est suspect. Ceux qui crient au blasphème sont souvent ceux qui s’approprient Dieu, croient parler en son nom et entendent légiférer selon leurs propres options, qu’ils ne manquent pas de déclarer intouchables. Ainsi la boucle de l’absolutisme est-elle bouclée.
Ecrire cela n’est pas justifier l’insulte religieuse. Les athées ont droit au respect de leur incroyance et les croyants ont droit au respect de leurs convictions. Si nous sommes parvenus à une telle incandescence, c’est bien parce que les extrémistes de toutes confessions ont su saper les équilibres et exacerber les angoisses. Ce sont des pièges dont il faut s’écarter au plus vite.
On comprend que les musulmans soient choqués par un film indigne qui n’a été tourné aux Etats-Unis que pour les blesser ; mais ils font fausse route en s’en prenant indistinctement à tout ce qui est américain, voire occidental.
Ceux que heurtent les caricatures publiées dans des journaux européens peuvent faire appel aux tribunaux compétents en matière de presse. Mais invoquer le blasphème est dépourvu de pertinence. C’est prendre le problème par son bout le plus archaïque. Dans toutes ces affaires, la priorité est de ne pas ajouter l’intolérance à l’intolérance.

Liberté d'expression 


« Nous n'avons rien. Il ne nous reste qu'une chose : la fierté de l'islam ! »  
Voilà ce que l'on peut entendre dans la bouche de jeunes musulmans à travers le monde des pays du sud sous-développés, mais on l'entend aussi dans les banlieues de nos grandes villes où sévissent chômage de masse, pauvreté et précarité... Voilà ce qu'on entendra tant que croissance et développement feront défaut dans ces contrées, dans ces quartiers.

C'est à cette fierté que l'on s'est attaqué avec ce film odieux et stupide, avec ces caricatures insultantes qui ont fait le tour de la planète instantanément sur le web. Et les auteurs se justifient en invoquant la liberté d'expression. Celle-ci nous est trop chère pour qu'on la laisse instrumentaliser par des racistes, fussent-ils religieux, ou par des gauchistes qui s'imaginent que leurs provocations les placent aux avant-postes de la lutte pour la liberté.
La réalité est tout autre : par ces agressions contre ce qui est au plus profond du coeur des musulmans, ils ne font qu'attiser les colères qui facilitent et alimentent la rage obtuse des intégristes, des fondamentalistes, des obscurantistes et leurs réactions violentes, inadmissibles et absolument condamnables. Dès lors, ceux-là s'en prendront d'autant plus aux libertés que nous souhaitons voir se renforcer dans toutes les cultures, dans tous les pays, dans toutes les strates des sociétés. Cette « islamophobie » qui réunit bizarrement des gens d'extrême droite et d'extrême gauche dans l'attaque et l'agression témoigne qu'ils sont devenus aussi extrémistes et intolérants que ceux qu'ils prétendent combattre et qu'en réalité ils renforcent. Bel ouvrage !
Respect et responsabilité
Mais il n'y a pas que les musulmans agressés qui se sentent atteints. Il y a tous ceux qui souhaitent la paix, la concorde, la bonne entente entre les gens de différentes appartenances, culturelles, religieuses, nationales. Il y a tous les démocrates, tout autant attachés à la liberté d'expression que les provocateurs qui en font une arme pour blesser, meurtrir, rabaisser l'autre. Et puis il y a aussi, et on les comprend, tous ceux, Français, Occidentaux, qui sont plongés dans les pays d'islam et qui peuvent d'autant plus craindre de devenir la cible de vengeances débridées.
La liberté d'expression doit être défendue partout, tout le temps. C'est une évidence et un devoir. Mais il faut la défendre pour tout le monde. C'est pourquoi les lois mémorielles nous paraissent inacceptables. Mais, aujourd'hui, en France, ceux qui se sentent offensés se voient interdire de manifester leur mécontentement. Ils en sont également meurtris car ils ont le sentiment d'être là aussi méprisés. Deux poids, deux mesures : le gouvernement interdit la manifestation de protestation, mais pas ce qui l'a provoquée ! Comment comprendre ? Surtout quand on est issu de « civilisations qui ne voient pas la liberté avec les mêmes yeux que ceux d'un Occident fortement sécularisé » (1).
La liberté d'expression n'interdit pas la courtoisie, les égards, le respect de l'autre, de ses convictions, de ses croyances. Bien au contraire ! La critique peut s'exercer sans blesser. La liberté d'expression exige aussi le respect de l'autre et le sens de la responsabilité.

(1) Tareq Oubrou, recteur de la mosquée de Bordeaux, Le Monde, 21/09/2012.

TVA, le retour !


Sarkozy la voulait mais n'a pas pu l'appliquer. Hollande ne la voulait pas… mais il va (sans doute) devoir l'appliquer. On parle évidemment de cette fameuse TVA que Nicolas Sarkozy disait sociale et qui deviendrait carrément socialiste sous Hollande. Bien sûr, on nous dit en haut lieu que rien n'est fait, en démentant ce que Libération a appelé « le retour en douce de la TVA sociale ». Mais on serait beaucoup plus convaincu par ces dénégations gouvernementales si elles s'exprimaient avec davantage de netteté et de cohérence. Car il faut admettre que la communication sur le sujet est plutôt désordonnée et un peu embarrassée.
Il y a en effet une marge entre l'affirmation péremptoire d'Alain Vidalies (ministre délégué aux Relations avec le Parlement) pour qui le recours à la TVA est « totalement écarté » et le communiqué de Matignon précisant « qu'aucune hausse globale de la TVA n'est privilégiée à ce stade ». Tout est contenu dans « A ce stade ». En clair, il y aura fatalement à plus ou moins brève échéance une hausse « non globale » de la TVA, donc assortie de modalités, combinée dans un mix fiscal avec la CSG et une taxe écologique.
Tout résidera donc dans l'habillage de cette TVA de gauche se voulant distincte du « bébé » de Nicolas Sarkozy jeté avec l'eau du bain électoral. Il s'agirait tout de même bel et bien du reniement d'un acte symbolique de rupture avec le sarkozysme. Ce n'est sûrement pas de gaîté de c'ur que François Hollande va envisager cet aggiornamento.
Sauf que pour boucler le budget, dans des perspectives économiques toujours plus sombres, le recours à un alourdissement supplémentaire des impôts sur les grandes sociétés et les plus privilégiés n'est plus possible. D'où le retour des taxes. Sinon, jamais l'objectif des 3 % de déficit du PIB ne sera tenu en 2013. À moins de faire tomber ce contraignant tabou budgétaire. Certains y pensent très fort sans en parler à haute voix. Pour l'instant…

Bigoudis 


« Ni voile islamique, ni kippa juive dans les rues de France » ! Après le navet islamophobe, les dessins de Charlie, il ne manquait plus qu’une saillie de Marine Le Pen, diplômée es-provocation par atavisme, pour en remettre une couche sur les soubresauts de ces jours derniers. Plus aucun signe religieux dans la rue, dans les transports, dans les établissements publics, c’est ce qu’elle veut Marine. Et bien sûr elle oublie le voile de nos bonnes sœurs, les soutanes de nos curés, la grosse croix sur le torse de Johnny Hallyday… Et bientôt les tiares, les chapeaux, les bonnets, les ouchankas… Les diadèmes, pour peu qu’une religion nouvelle se crée et utilise l’un de ces couvre-chefs.
Et les crânes rasés, signe de reconnaissance des bouddhistes, interdits eux aussi ? Et les bigoudis ? 
Non franchement, on marche sur la tête.

Géorgie, retour à la case prison 


On voit des détenus subir viols et tortures aux bons soins de geôliers hilares. Ça se passe dans une prison de Tbilissi, en Géorgie, où la “Révolution des roses” ne semble plus qu’un lointain souvenir. Une vidéo filmée au sein de l’établissement – par qui ?- tourne en boucle sur Internet. À la veille de législatives cruciales, le scandale ébranle le régime et remet en selle une opposition jusqu’alors peu fringante.
Conscient du danger, le président Saakachvili réagit avec une spectaculaire promptitude. Les gardiens impliqués, ainsi que les dirigeants de la maison d’arrêt, se retrouvent sous les verrous. Chacun son tour. Toute l’administration pénitentiaire est suspendue, on place à sa tête un défenseur reconnu des droits de l’homme. Charge à lui de nettoyer les écuries d’Augias… En attendant, la police assurera la surveillance des prisonniers.
A priori, le vigoureux sursaut du chef de l’État mérite tous les éloges. Sauf qu’il restait sourd, depuis des années, aux critiques émises par les Géorgiens eux-mêmes sur la situation carcérale. Ainsi qu’aux pressions exercées par l’Europe et les États-Unis, ses principaux alliés.
Seule la perspective d’une défaite électorale le pousse aujourd’hui à virer de bord. Plutôt que d’un élan du cœur, on parlera ici d’intérêt bien compris. Que M.Saakachvili ne se fasse pas trop de souci quand même. Les images indignes d’Abou Ghraib n’avaient pas empêché George W. Bush d’être réélu en 2004…

Nicolas Sarkozy va lancer sa fondation

L’essayiste Guy Sorman a affirmé vendredi sur Europe 1 que Nicolas Sarkozy allait lancer «dans les semaines qui viennent» une «fondation sur le modèle de ce qui existe aux Etats-Unis, que dirigent Bill Clinton ou Jimmy Carter».
«Sa décision est prise. Il va lancer, dans les semaines qui viennent, une initiative d’un genre tout à fait nouveau en France qui, à mon avis, manquait à notre pays. C’est une grande fondation sur le modèle de ce qui existe aux Etats-Unis, que dirigent Bill Clinton ou l’ancien président Carter», a déclaré ce proche de l’ex-chef de l’Etat.

Faire progresser les droits de l'homme

Il a indiqué que Nicolas Sarkozy avait «consulté Carter, Clinton» à ce sujet.  Il a également eu au téléphone Barack Obama, le président américain et la chancelière allemande, Angela Merkel, selon Europe 1.
Guy Sorman a expliqué que Nicolas Sarkozy «dirigera» cette fondation. «Son rôle, a-t-il ajouté, sera d’intervenir dans les grandes affaires internationales pour faire progresser la démocratie, pour faire progresser les droits de l’homme».
«Ce sont des questions qui lui tiennent à coeur. Pour intervenir dans des conflits insolubles, tels que la Syrie», a-t-il dit. L'essayiste a fait valoir que pour cette fondation, il fallait «un homme d’action à sa tête», avec «une capacité à lever des fonds».

Sarkozy reloaded
L'ancien président ne serait pas seul dans ce projet. "Il a une équipe autour de lui. En particulier, une jeune femme remarquable qui est Consuelo Remmert (la demi-sœur de Carla Bruni-Sarkozy, ndlr). Il a une équipe qui maîtrise bien les questions internationales, qui est bien respectée dans le monde", ajoute l'essayiste.
Cette nouvelle fonction "n'est pas le retour de Sarkozy. C'est Sarkozy reloaded", martèle Guy Sorman avant d'ajouter : "c'est le nouveau Sarkozy, pour un nouveau métier".

Blasphème


La liberté d’expression doit-elle être sans limites ? A la faveur des caricatures de Mahomet – fort médiocres, jouant essentiellement sur la vulgarité – publiées par Charlie-Hebdo, c’est ce qu’affirment désormais certaines personnalités, qui n’ont sans doute pas tous pensé que ce faisant, ils légitiment pêle-mêle les révisionnistes, Dieudonné, les négateurs du génocide arménien (ah non, ils ont encore le droit, ceux-là…) et les blagues sur la Shoah.
Vincent Peillon, ministre de l’Education, spécialiste de Ferdinand Buisson, de la religion révolutionnaire (la laïcité, c’est lui qui l’explique), de la morale républicaine, l’a déclaré jeudi sur France Culture : la liberté d’expression est un « principe intangible ». Elle a été « très importante pour notre civilisation », « c’est comme ça qu’on a fait la démocratie » : « On ne peut pas transiger avec ça »… Ce serait « le premier pas vers les totalitarismes », a-t-il insisté. Et de répéter :
« Quand on commence les transactions avec la liberté de conscience (…) et la liberté d’expression, alors on est sur un très mauvais chemin. Chacun, précisément parce que c’est la liberté, doit juger lui-même de l’usage qu’il en fait, pas les autres. »
Chacun ? Vincent Peillon laisse entendre que non : « Il faut qu’il y ait dans une société démocratique quelques personnes qui n’ont pas à se préoccuper des effets de leur parole, c’est un journal satirique, c’est la liberté d’expression. »
Tranquillement, à l’abri du danger, sous la protection des pouvoirs publics, publier ce qui avec certitude produira des effets, et des effets sanglants ? Oui, c’est bien ça, en tout cas lorsqu’il s’agit de Charlie-Hebdo avec son statut estampillé de « journal satirique » que l’on n’obtient qu’avec l’approbation de l’Etat et des tribunaux…
Je ne dis pas ici que les effets sanglants, les manifestations violentes, les attentats, les incendies de cinémas (il y en a eu deux au Pakistan mercredi) dans les pays d’islam et peut-être ce samedi en France ne sont pas bien plus condamnables que la publication d’un dessin. Mais publier pour provoquer, appuyer sur le bouton de la haine et compter les victimes depuis son fortin, en blessant bêtement et de manière obscène des croyants dans leur foi – fût-elle fausse – est au moins stupide et dans certains cas criminel. Cela annihile toute critique raisonnable et juste, au prix de la satisfaction qu’il y a à « prouver » que les islamistes sont des islamistes et qu’une partie du monde musulman se laisse facilement manipuler.
Vincent Peillon a confirmé que cette affaire de « blasphème » ferait l’objet du cours de morale : « Bien sûr. C’est une illustration de “qu’est-ce que la liberté de conscience ? Qu’est-ce que le blasphème ?” »
Si ce principe pour lui « intangible », il est, pour Marine Le Pen, carrément « non négociable ». Comme le Pape parlant du respect de la vie humaine, de la liberté d’éduquer ou de la réalité du mariage.
« Nous avons des principes en France, nous avons des lois, nous avons des valeurs, et la première d’entre elles, c’est la liberté d’expression », a-t-elle déclaré sur Europe 1. « Ces principes-là ne sont pas négociables. » Elle a précisé qu’elle pensait « la même chose lorsque les caricatures touchent les catholiques par exemple, ce qui est tout de même assez traditionnel dans “Charlie Hebdo” ». « Là, en général, (…) la classe politique ne s’en émeut pas beaucoup. » Elle ne veut pas s’en émouvoir non plus. « Une provocation, en France c’est autorisé. »
Marine Le Pen a certes raison de refuser d’« admettre » que son « pays soit mis à feu et à sang sous prétexte » qu’un journal publie en France des caricatures.
Mais la question est celle du blasphème. De la liberté de dire non pas tout, mais n’importe quoi, et sans porter soi-même la responsabilité ou les conséquences de son propos.
C’est ce que font comprendre des Français de Tunisie. Ils craignaient certes d’éventuels débordements ce vendredi, jour de prière, mais c’est la colère contre Charlie Hebdo qui dominait chez eux. Gildas Léard, boucher à La Marsa, une banlieue huppée au nord de Tunis, est furieux : « Ils veulent mettre le feu ! C’est gratuit, c’est fait juste pour vendre du papier et ça met la sécurité des Européens en danger. » « Que Charb (dessinateur et directeur du journal, ndlr) vienne ici vendredi ! Si quelqu’un cassait ma boutique, c’est lui qui payera ? »
Le blasphème n’est pas interdit en France, mais la provocation à la haine, l’injure raciale ou religieuse le sont bel et bien, pour protéger précisément les sentiments de chacun par rapport à ce qu’il tient pour le plus sacré. Le relativisme laïciste ne peut guère aller plus loin. Mais qu’il le fasse permet aux chrétiens (et aux musulmans aussi) de demander raison en justice lorsque des caricatures ignobles laissent entendre que le pape est un pédophile protecteur de pédophiles, ou montrent le Christ en croix affublé d’un préservatif, ou suggèrent de jeter les chrétiens aux lions.
Le laïcisme pur et dur, lui, voit ces provocations d’un bon œil. Ainsi lors de récentes poursuites de l’AGRIF contre Charlie-Hebdo, pour des caricatures autrement plus obscènes à propos du Christ et des chrétiens que les dessins débiles qu’ils ont osés sur Mahomet, il a été soutenu que le blasphème est la condition et le garant de la laïcité. Pas seulement le droit au blasphème, son exercice effectif.
Cette laïcité pourtant ne supporte pas tout. Elle fait taire la « spiritualité » (voir l’article sur Jean-Marc Ayrault et le mariage en page 2), interdit toute intrusion religieuse dans la vie publique, ne connaît pas de loi morale supérieure à la loi civile.
En viendra-t-elle à interdire tout signe religieux ? Dans un entretien à paraître dans Le Monde daté de ce samedi, Marine Le Pen réclame par exemple l’interdiction du port du voile ou de la kippa dans les rues.
On ne sait pour l’instant si elle prévoit des exceptions pour les habits des religieux, la soutane ou le col romain…