TOUT EST DIT

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dimanche 16 septembre 2012

La Grèce pourrait obtenir deux ans de plus pour conduire ses réformes

Les dirigeants européens, en accord avec la BCE et le FMI, pourraient accorder un peu de temps à la Grèce pour mener à bien ses réformes. Rien n’est encore officiel, mais c’est le sentiment qui prévalait, ce week-end, après la réunion des ministres des finances de la zone euro à Nicosie.
« Il y a plusieurs voies pour procéder à des ajustements, le temps peut être considéré comme une option envisageable », a ainsi expliqué la directrice générale du FMI, Christine Lagarde. « La Grèce a présenté un budget ambitieux. Nous allons lui donner le temps dont elle a besoin, mais probablement pas plus d’argent », a affirmé de son côté la ministre autrichienne Maria Fekter.
Un délai de deux ans pourrait ainsi être donné, soit jusqu’en 2016, comme le réclame le premier ministre grec, Antonis Samaras. La décision serait prise lors du sommet européen des 18 et 19 octobre, a laissé entendre le chef de file de l’Eurogroupe, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker.

Les fonctionnaires dans la rue

Ce répit envisagé pour la Grèce intervient alors que l’agitation se répand de nouveau dans le pays et que les négociations sont difficiles avec les représentants de la troïka (UE, BCE et FMI), présents à Athènes, pour mettre en œuvre de nouvelles économies. Deux centrales syndicales ont d’ailleurs appelé à une grève générale le 26 septembre. Ce serait la quatrième depuis le début de l’année.
La semaine dernière, des enseignants, des médecins, des pompiers, des militaires en tenue ou encore des employés communaux sont descendus dans la rue. Parmi eux, Irini Kondaridou, professeur de lettres et syndicaliste. Elle a vu sa rémunération se réduire comme une peau de chagrin. Il y a deux ans, elle percevait 1 460 € par mois, à peine 800 € aujourd’hui. Avec les nouvelles mesures, elle craint de passer sous la barre des 700 €.
Mais elle reconnaît aussi qu’il est de plus en plus difficile de mobiliser les collègues. Des juges et des magistrats ont également défilé la semaine dernière dans les rues d’Athènes. Cette catégorie de fonctionnaires, qui avait échappé aux grandes coupes salariales des années précédentes, est maintenant dans la ligne de mire de la Troïka.

Un trou de 6 milliards d’euros

Tous les manifestants rejettent en masse le nouveau tour de vis exigé par les créanciers du pays, qui prévoit 150 000 licenciements dans la fonction publique, une nouvelle baisse des salaires et des retraites des fonctionnaires allant de 8 à 30 % dans certains cas, qui toucherait même les retraites les plus basses, de 600 ou 700 €. Le tout sur fond de chute libre du pouvoir d’achat qui a régressé au niveau de 2008 et d’une augmentation de la fiscalité directe ou indirecte de plus de 20 %.
Les créanciers publics de la Grèce exigent 11,7 milliards d’économies pour débloquer la prochaine tranche du prêt de 31,5 milliards d’euros vital pour le pays. Mais les mesures envisagées par le gouvernement semblent encore insuffisantes. Selon la presse grecque, il y aurait un trou de 6 milliards d’euros et aucun accord n’a pour l’heure été trouvé au sein de la coalition gouvernementale sur de nouvelles propositions.
Les socialistes et la gauche démocratique qui soutiennent le gouvernement ne veulent pas entendre parler de licenciements dans la fonction publique. « Il n’en est pas question », a même souligné avec force Evangelos Venizélos, le chef de file des socialistes.

La troïka pour plus de flexibilité

La troïka souhaite également une refonte complète du droit du travail qui faciliterait les licenciements et réduirait les indemnités. Actuellement, il faut un préavis de trois à six mois avant de licencier un salarié. La troïka veut réduire ce délai de moitié au moins, au nom de la flexibilité du travail. Pour accroître la productivité et baisser le coût du travail, elle propose de relever à six jours le seuil maximal de jours ouvrés dans la semaine, de façon à réduire le recours aux heures supplémentaires.
Les syndicats parlent d’« esclavage », alors qu’Evangelos Venizélos souligne « qu’en termes de droit du travail, ce qui est valable dans le reste de l’Europe doit aussi l’être en Grèce » .
Photis Kouvelis, le président de la Gauche démocratique, a déjà prévenu qu’il ne signerait jamais de telles mesures. « Aucune mesure ne peut être appliquée dans une société qui est en train de se dissoudre », a-t-il indiqué la semaine dernière, à l’issue des discussions avec les représentants de l’UE, de la BCE et du FMI. Autre piste également sur la table : le recul de l’âge de la retraite de 65 ans à 67 ans, dans le privé et dans le public.

Privatisations

Pour Savas Romboliis, de l’Institut du monde du travail, ces mesures ne vont rien faire d’autre qu’aggraver la situation. « Le PIB a chuté ces dernières années en cumul de 22 %, souligne-t-il. Si l’on continue avec cette recette, le pays va connaître huit années de récession ; cela ne s’est jamais vu en Europe depuis la fin de la guerre. »
Pour lui, la reprise ne viendrait au plus tôt que vers la fin 2016. La troïka tout comme le gouvernement tablent sur une amorce de reprise en 2013, grâce aux réformes structurelles qui ont commencé à être mises en œuvre.
En attendant, pour réduire sa dette, le gouvernement a décidé de relancer son programme de privatisations. Cette semaine, l’État devrait mettre en vente 29 % des 35 % du capital qu’il détient dans la très rentable société de paris sportifs, Opap.
Thomas Jacobi, à Athènes

Fête de l'Humanité : "On va vers une fusion de la droite et de l’extrême droite"

Le débat sur le danger de la banalisation du Front National, à l’Agora de l’Humanité, a permis de dresser un constat riche et complet sur le rapprochement entre les valeurs de la droite et de l’extrême droite.
Et c’est un processus bien plus important que le symptôme « Guéant ». Alexis Corbière du Parti de Gauche et Gaël Brustier, chercheur en sciences politiques, pointe un exemple alarmant : les attaques contre les valeurs de la Révolution Française sont bien plus virulentes à l’UMP qu’au Front National. Chez Jean-François Copé particulièrement. « La droite et l’extrême droite se retrouvent sur une matrice fondamentalement anti-Lumières. Et particulièrement contre l’idée d’Egalité » explique Gaël Brustier.
Alain Hayot, élu PCF du Vaucluse, rappelle bien que « Le Front National est dans la tradition de la droite Française. Il ne prend pas des voies à gauche, c’est une bascule des voies de la droite à l’extrême droite, ça a toujours été ainsi. » L’analyse du vote FN ces trente dernières années le montre bien. Outre la sanction à droite du Sarkozisme, Gaël Brustier explique que « la bascule de la droite à l’extrême droite, qui se retrouve chez les Tea Party aux Etats-Unis comme dans de très nombreux endroits en Europe son fonde sur l’idée du déclin inéluctable de l’Occident. »
Le journalise Jean-Baptiste Malet, auteur du documentaire main brune sur la ville a confirmé la fusion des droites en prenant l’exemple de Jacques Bompard, élu à la mairie d’Orange sous l’étiquette Front National. « Passé d’Occident au Front National, élu grâce aux divisions de la gauche, c’est devenu un baron de la droite traditionnelle. Mais ce n’est pas pour ça qu’il n’est pas dangereux, une de ses premières mesures en tant que maire fut de purger la bibliothèque municipale de certains livres… »

AVEC DES IDÉES SI ANGÉLIQUES QUE CELLES DE LA GAUCHE, 
IL EST CLAIRE QUE LA FRANCE BASCULERA À L'EXTRÊME DROITE EN 2017.
LA GRÈCE SE PROFILE  DE CE CÔTÉ LÀ AUSSI.

Après la Fête de l'Humanité, le Front de gauche à l'assaut du traité européen

La Fête de l'Humanité, s'est achevée dimanche à la Courneuve (Seine-Saint-Denis) "dans une ambiance combative politiquement", selon le PCF, après trois jours de débats portant surtout sur le refus du traité budgétaire européen.
Le PCF et le Front de gauche voulaient faire de la Fête de l'Humanité, qui, selon les organisateurs, a accueilli 650.000 visiteurs en trois jours, le premier grand rassemblement populaire contre le traité budgétaire européen avant la manifestation du 30 septembre.
Objectif atteint pour Pierre Laurent, secrétaire général du Parti communiste, qui a senti "une ambiance très combative politiquement" notamment sur "la question de la bataille contre le traité".
"On a senti une grande envie d'en découdre", selon André Chassaigne, chef de file des députés du Front de gauche.
Dans les allées de la Fête de l'Humanité pourtant peu de badauds sont réellement au courant de l'enjeu du traité budgétaire européen.
"Beaucoup viennent chercher des réponses, des arguments, veulent en savoir plus, demandent à être convaincus", reconnaît Pierre Laurent. "On peut amplifier une campagne de très grande ampleur sur cette question", assure le numéro un du PCF."Il y a quelque chose qui est en train de prendre", confirme Alain Chassaigne.
Samedi, la ministre des Droits des femme et porte-parole du gouvernement, Najat-Vallaud Belkacem, une des rares ministres à s'être déplacée, a fait les frais de la campagne anti-traité.
La ministre a en effet été chahutée lorsque le traité budgétaire européen s'est invité dans son débat sur l'égalité hommes-femmes. "Référendum ! Référendum", a hurlé la salle en sifflant Najat Vallaud-Belkacem qui affirmait que "ce traité a été réorienté par François Hollande".
Sur un tout autre sujet, une autre invitée, l'essayiste et journaliste Caroline Fourest a été prise à partie samedi par une trentaine de personnes qui l'ont contrainte à annuler une intervention sur "Comment faire face au FN". Un incident vivement condamné par les organisateurs et le Parti de gauche, qui ont mis en cause le groupe "Les Indigènes de la République".
Ce couac mis à part, la Fête de l'Humanité, "c'est le bon endroit pour prendre la température de la rentrée", a estimé Pierre Laurent, pour qui "ceux qui ne sont pas venus ont manqué quelque chose pour comprendre le climat populaire, le climat de la gauche".
Plusieurs cadres du PCF et du Front de gauche ont regretté que Harlem Désir, futur dirigeant du PS, ne soit pas venu, comme plusieurs ministres. "Ils étaient dix à l'université d'été du Medef, combien ici ?", s'est agacé Jean-Luc Mélenchon, ancien candidat FG à la présidentielle.
"Il y a une crainte de venir échanger", estime Alain Chassaigne qui rappelle que la Fête de l'Humanité "a la particularité d'avoir des échanges avec les militants, des échanges un peu vifs".
Des militants qui ont été rassurés par Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent réaffirmant la bonne entente entre le Front de gauche, le PCF et l'ancien candidat à la présidentielle. "Nous ne sommes pas en compétition", a rassuré Jean-Luc Mélenchon tandis que son homologue Pierre Laurent répétait "les querelles de chef ne nous intéressent pas".
"Dans le collectif, chacun vient avec son talent, sa richesse, sa façon de faire, tout cela est complémentaire", confirme André Chassaigne.
Ce n'est d'ailleurs ni Pierre Laurent, ni Jean-Luc Mélenchon qui a prononcé le discours de clôture de la Fête de l'Humanité mais Patrick Le Hyaric, directeur du journal L'Humanité et député européen. Il a donné rendez-vous le 30 septembre "pour que nos concitoyens obtiennent le droit qui conditionne tous les autres. Le droit de choisir leur avenir".
MAIS, ILS L'ONT DÉJÀ CHOISI, N'ONT-ILS PAS VOTÉ HOLLANDE ???

Hollande reverdit…


À l'entame de la conférence environnementale, hier, François Hollande s'est remis résolument au Vert ! Cécile Duflot a même trouvé le discours d'ouverture du chef de l'État « infiniment émouvant pour une écologiste ». Fichtre ! La bouillante ministre du Logement, et ex-patronne d'EELV n'y est pas allée avec le dos de la cuiller. Il faut dire que le compliment est à la mesure des doutes qu'avait engendrés l'attitude parfois ambiguë du Président depuis son élection. Les écologistes redoutaient que François Hollande, après s'être fait quelque peu « tordre le bras » par l'accord électoral passé entre Cécile Duflot et sa « copine » Martine Aubry, ne mette de l'eau dans son vert.
Il n'en a rien été. Hier, François Hollande est allé aussi loin qu'il le pouvait sur le terrain environnemental, même si ce n'est encore pas assez pour les uns et déjà beaucoup trop pour les autres. Il ne faut pas s'y tromper : le chef de l'État s'est d'abord comporté en fin politique. Pas question de fâcher ses alliés écolos avant les municipales de 2014. D'où sa décision de fermer le robinet des gaz de schiste et de fixer à 2016 la fin de la centrale de Fessenheim.
Là sont les décisions emblématiques assorties de dispositions bienvenues comme la nécessaire rénovation thermique d'un million de logements par an. Bref, François Hollande a déminé le sol. Bien entendu, il a pris le risque de mécontenter ceux qui dénoncent une absence de concertation préalable sur des dossiers lourds de conséquences sociales (Fessenheim) et économiques.
Il est exact que s'il a fixé le cap, François Hollande est resté flou sur les financements. Une nouvelle fiscalité écologique ne viendra-t-elle pas alourdir le fardeau des impôts ? L'élan donné aux énergies alternatives suffira-t-il à compenser la réduction du parc nucléaire ? Si François Hollande a donné, hier, le coup d'envoi de la transition écologique, il reste à préparer l'opinion à une spectaculaire transition psychologique.

Encore et toujours de la dette 

Si la nation européenne existait, Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE) en serait sans doute devenu le premier héros. Mais la diversité européenne est telle qu'elle exclut toute idée de panthéon commun. En déclarant « l'euro irréversible », en décidant de racheter sans limites les dettes souveraines des pays les plus touchés par la crise, il a rassuré les États, les marchés, et les opinions ! 

En ces temps d'incertitudes économiques et d'hésitations politiques, il est miraculeux d'entendre une parole forte et consensuelle à la fois. L'Espagne et l'Italie, étranglées par des taux d'intérêt qui les enfoncent dans la crise, retrouvent ainsi de l'air. Elles pourront avoir accès au crédit à des taux raisonnables et ne verront pas le poids de leur dette s'alourdir encore.
Tous les pays membres de l'euro respirent mieux. La crainte d'une Espagne subissant le même sort que la Grèce s'éloigne. La sortie de certains États de la zone euro est moins probable aujour-d'hui qu'hier. Le risque d'explosion faiblit. Cette décision de la BCE tient la promesse faite lors du dernier sommet de la zone euro, qui engageait les parties prenantes dans la voie d'une plus grande union.
On est toujours, pourtant, au milieu du gué. En termes institutionnels autant qu'économiques. La BCE, rare instance fédérale qui prenne seule ses décisions, profite de sa capacité à décider rapidement. Elle peut ainsi rassurer les marchés en injectant des liquidités comme on oxygène le malade, mais elle n'a pas la capacité à mettre d'accord les États européens sur une stratégie économique commune.
Or, l'Europe ne pourra pas continuer à faire semblant d'exister, alors qu'elle n'est encore qu'une union d'États défendant trop souvent leurs intérêts nationaux immédiats, sans vision d'ensemble et de long terme. Il faudra bien orchestrer les politiques budgétaires, sociales et fiscales si l'on veut réduire, progressivement, les formidables écarts entre les performances économiques des États européens.
Pour bâtir une Europe de la coopération à peu près confiante entre les États, il faut sortir du schéma qui veut que l'Allemagne produise des voitures de luxe et la Grèce de l'huile d'olive. Il faut couper avec d'étranges habitudes, qui veulent que, grosso modo, les pays du Nord équilibrent leurs dépenses et leurs recettes, et que les pays du Sud dépensent plus qu'ils ne gagnent.
Sinon, la Grèce, l'Espagne, le Portugal continueront d'aligner les budgets en déficit, de cumuler les déséquilibres commerciaux, et de devoir en appeler à des créanciers. Leur seul réconfort sera de pouvoir emprunter aux meilleurs taux, grâce à la BCE et à son rachat illimité de dettes. Mais ce sera toujours de l'emprunt, et ce sera encore de la dette.
Il faut sortir du schéma qui veut que l'Allemagne produise des voitures de luxe et la Grèce de l'huile d'olive.

Désespérante Prestaliss;

Les NMPP ont cru tuer leurs démons en changeant de nom.

Las ! 

Elle n'a pas changé d'un Iota, le bastion communiste version Trotskiste reste aussi rouge, aussi archaïque, préhistorique, tellement dépassé qu'il entraine avec lui toute une profession : les marchands de journaux.

Prestaliss croule aujourd'hui comme hier sous le poids d'incompétents et de fainéants qui ne pensent qu'à leurs acquis sociaux phénoménaux et à leurs chères très chères 35 heures.

Ces Salauds, ce ramassi d'Enculés notoires ne pensent qu'à eux  et se foutent totalement d'un avenir qui est pourtant commun avec celui de distributeurs.

Ils oublient que si les marchands de journaux ferment, leur existence ne sera plus légitime.

BANDE DE CONS !

Patrimoine, une question d’avenir 


La visite de notre patrimoine est un plaisir du regard, une plongée dans l’Histoire, et aussi une marque de respect pour les femmes et les hommes qui ont donné naissance à ces lieux de mémoire et forgé une nation.
Organisées ce week-end, les Journées du patrimoine sont européennes, mais c’est l’Hexagone, sur notre Vieux Continent, qui détient le record des labels autour de ce thème, dont la notion s’est élargie au fil des ans, comme si tout devait être « protégé ».
« L’histoire du patrimoine est majoritairement le récit d’une lutte contre les destructions imbéciles », rappelle l’un des grands spécialistes de ces questions, Dominique Poulot, professeur à la Sorbonne. Le mouvement en faveur de la sauvegarde trouve ainsi son origine dans la Révolution française, qui du passé faisait volontiers table rase.
La période actuelle, placée sous le signe de la concurrence planétaire et de l’explosion numérique, est, à certains égards, aussi peu respectueuse de l’existant que ne le furent les années 1789 et suivantes. D’où le lien, souvent établi, entre les deux périodes. La mondialisation et les bouleversements technologiques déstabilisent la société, qui, par désir de protection, cherche à suspendre le temps.
Salutaire à bien des égards, y compris par ses retombées économiques via le tourisme, le patrimoine reste à défendre. Sauf si c’est à tous crins et à tout craindre. Car ce réflexe, aujourd’hui très ancré, comporte une grande part d’ambiguïté, puisqu’il est nourri par une certaine peur de l’avenir.
La crise économique, qui nous frappe de plein fouet, va obliger à regarder la vérité en face. Ni les collectivités locales, souvent mises à contribution, ni l’État n’ont les moyens de tout garder en… l’état. Les pierres ou le spectacle vivant ? Très schématiquement, c’est le choix auquel sera très vite confronté le ministère de la Culture, le premier à annoncer de fortes coupes budgétaires. Mais ce dilemme est un peu celui de tout le pays : regarder dans le rétro, comme la mode du même nom, ou vers le futur. Les deux sans doute, mais avec quel difficile dosage ?
En ces journées, le patrimoine est une question présente. Sur notre avenir.

Derrière la colère 

Mauvais film, vraiment. Il ne suffisait pas qu’une vidéo islamophobe sorte de sa poubelle. Pour en rajouter à l’affliction générale se rejoue le scénario de violences en retour, triste remake de l’épisode des caricatures en 2006.
Délibérément outrageant, le film controversé sur Mahomet permet à l’obscurantisme religieux de se redonner un semblant de légitimité. L’ampleur des tensions en témoigne. L’intégrisme sait trouver les relais pour se faire entendre, notamment dans les populations les moins éduquées et chez les plus jeunes.
Coïncidente, la visite de Benoit XVI au Liban donne au pape une tribune de choix pour pilonner le fondamentalisme. Mais l’irritation du monde musulman ne s’alimente pas que d’une lutte confessionnelle.
Les révoltés de ces derniers jours rappellent aussi, en filigrane, que, après le printemps arabe, certains pays orientaux n’en ont pas fini avec ce qu’ils ressentent comme un autre asservissement. Non plus un joug intérieur. Mais une mainmise exercée par cet Occident qui leur envoie des images d’opulence et les laisse, au motif de leur démocratie conquise, dans la stagnation.
L’attaque de l’ambassade d’Allemagne est révélatrice d’un amalgame sur les pays « riches ». Comme la responsabilité attribuée aux États-Unis dans leur entier d’une provocation isolée.
Dans le soulèvement des foules au Proche et au Moyen-Orient, le prétexte religieux ne révèle peut-être que la partie émergée de la colère. Sous la surface des manifestations mijote comme un ressentiment contre un ordre mondial dans lequel les Occidentaux continuent à se donner le beau rôle. Ce film-là, des spectateurs en guettent visiblement le générique de fin.

« Il est encore facile de faire de l’argent »

Le prix Nobel d’économie s’interroge dans son dernier livre sur les inégalités et leurs conséquences financières et sociales. Des inégalités, dit-il, qui s’accroissent avec les politiques d’austérité.
Quatre ans après le début de la crise, il y a autant de spéculation bancaire et c’est l’une des causes des inégalités que vous dénoncez (*). N’a-t-on pas tiré les leçons de la crise ?
Certains d’entre nous l’ont fait. Mais malheureusement les banques ont eu beaucoup d’influence et ont évité le type de régulation qui aurait mis un terme à l’excès de prise de risque. Depuis 2008, il y a quand même eu quelques améliorations, mais il est encore facile de faire de l’argent en manipulant les marchés. On sait par exemple que le Libor, qui sert de référence au marché monétaire, est faux et manipulé : cela représente 350 millions de milliards basés sur des chiffres faux et manipulés !
Quelle est la solution ?
Elle n’est pas économique, mais politique. Nous savons comment réguler le secteur financier, comment obtenir plus de transparence dans les transactions, comment réduire l’excès de prise de risque. Mais les banques ont une immense influence politique car dans notre système, l’argent compte et fait la différence. C’est lui qui finance les campagnes électorales…
Voyez-vous un lien entre l’influence des banques et les politiques d’austérité mises en place en Europe ?
La plupart des politiques économiques sont influencées par Wall Street et les marchés. Partout où l’austérité a été imposée, cela a échoué. Pourtant c’est cette politique que l’on continue de mener ! L’austérité va aggraver la récession. J’ai toujours dit que cela affaiblirait les économies et que les améliorations budgétaires seraient décevantes. L’austérité a désormais entraîné l’Espagne et la Grèce vers la dépression !
Est-il possible de faire autrement alors que la dette européenne est colossale ?
L’Europe devrait mutualiser sa dette. Si l’Europe empruntait en tant que groupe des pays européens, elle aurait des taux d’intérêt plus faibles, et pourrait utiliser l’excédent de l’argent pour stimuler les économies de chacun des pays.
Donc il faut aller vers une Europe fédérale ?
C’est la seule voie pour que l’euro survive.
Donc l’euro a encore un avenir ?
Si les Etats européens vont dans cette direction, oui.
Quels sont les secteurs économiques où l’Europe peut réussir ?
L’avenir de la croissance passera par le secteur des services : l’éducation, la santé, le tourisme, la culture.
L’Europe industrielle, c’est fini ?
L’emploi dans la production manufacturière va diminuer partout car l’accroissement de la productivité dans la fabrication a été plus rapide que la demande. C’est un succès en raison de l’innovation. Il y a cent ans, 70 % de la population travaillait dans le secteur agricole contre 2 à 3 % aujourd’hui. De la même façon que l’on est passé de l’agriculture à l’industrie, il faut évoluer de l’industrie aux services.
Quelle analyse faites-vous de l’évolution de la France depuis quelques années ?
La France a moins d’inégalités que les Etats-Unis mais plus que la Scandinavie. Mais la question est de savoir si à l’avenir, la France va davantage ressembler aux Etats-Unis ou à la Scandinavie. Les signaux montrent que l’écart entre les 1 % les plus riches et les autres s’accroît. En ce sens, la France tend plus vers les Etats-Unis que vers l
a Scandinavie en termes d’inégalités.
Depuis des années vous militez pour penser le monde autrement. Avez-vous le sentiment que l’on y vient ?
Oui, je suis très optimiste. Notre rapport sur la mesure du progrès social a fait naître des débats dans de nombreux pays. Pour moi, simplement le fait d’en parler est positif car cela rappelle aux gens de ne pas se concentrer sur ce seul indice mais de poser des vraies questions : dans quel environnement vivent-ils ? Comment vivent les gens ordinaires ? Quel est le bien-être des gens ? C’est cela qui est important et pas la seule mesure du PIB.

(*) Dernier ouvrage « Le prix de l’inéga-lité » Editions « les liens qui libèrent » (23 €)

Fête de l'Humanité : comment peut-on encore être communiste aujourd'hui ?

La 77e Fête de l'Humanité a débuté vendredi à la Courneuve (93). L'événement musical et culturel attire de nombreux visiteurs venus écouter les rockeurs anglais Peter Doherty et Patti Smith... mais aussi des débats idéologiques et politiques.

Atlantico : La Fête de l’Humanité a débuté ce vendredi, pour trois jours. Cette manifestation existe depuis 1930. Mais désormais, les participants semblent plus motivés par les concerts, avec cette année la présence de New Order et Patti Smith, que par les débats idéologiques. La fête de l’Humanité a-t-elle encore un sens politique ?

Sylvain Boulouque : La Fête de l’Humanité a toujours comporté deux tableaux. Le bal et fête populaire d’un côté avec une programmation musicale plus ou moins riche, et ce depuis sa création ; et de l’autre côté, un contenu politique, puisque c’est sa vocation. Elle garde un sens politique, même si la fête a tendance à faire disparaître au moins pour certains spectateurs, le côté politique. Ainsi, pour ne retenir que cet exemple, lorsque Johnny Hallyday est venu chanter à la fête de l’humanité, je ne pense pas que l’ensemble du public se soit passionné pour les discours de Waldeck Rochet en 1966 ou de Georges Marchais en 1985… En revanche, la Fête de l’Humanité reste pour nombre de militants leur fête et souvent le dernier lieu de rassemblement de la famille communiste, même si la famille a été élargie. Il y a à côté de la grande scène toutes les manifestations, les lieux de débats, le village du livre. Ainsi, pour nombre d’éditeurs, la Fête de l’Humanité est le lieu où ils trouvent un public. On peut voir en ce début septembre une multitude de livres qui sont publiés à l’occasion de la fête.
Patrick Apel-Muller : La fête de l'Humanité a toujours été l'alliance d'une envie de culture et d'une aspiration à débattre d'une autre manière de vivre et d'un changement de société. Tout autant qu'avant, à la fête de l'Humanité, les stands qui organisent des débats sont combles du début à la fin du festival, avec des fosses qui représentent de 600 à 1200 personnes pour certains débats.

La dimension politique est tout à fait présente, avec un meeting qui réunit des dizaines de milliers de personnes sur la grande scène le dimanche. C'est un endroit qui ambitionne finalement de satisfaire à beaucoup des aspirations de l'humanité : la culture, le plaisir, la gastronomie, l'échange, la solidarité avec les peuples du monde... C'est ce mariage entre culture et politique qui fait le cocktail inégalé en France de la fête de l'Huma. C'est aujourd'hui le seul endroit où des centaines de milliers de personnes peuvent à la fois faire de la politique et apprécier les spectacles.

Olivier Dartigolles : Est-ce que les gens viennent pour écouter des concerts ? Oui, c'est un lieu festif. Mais beaucoup viennent aussi avec un appétit de débats et de politique. C'est une fête à la fois populaire et politique.Vous ne verrez nulle part ailleurs dans notre pays une telle effervescence de débats. Quand vous déambulez dans les allées de la fête, vous trouvez des espaces de débats qui n'arrivent pas à contenir l'affluence qui s'y presse : pour écouter, mais aussi pour participer.
La Fête de l'Huma sonne depuis de très nombreuses années la rentrée pour la gauche politique et sociale. Cette année, je suis sûr que deux questions politiques très fortes vont la dynamiser. D'abord, l'opposition à l'austérité et au traité budgétaire européen que le gouvernement veut ratifier en catimini. Deuxièmement, la bataille pour l'emploi devrait également mobiliser les militants.
Nous sommes quatre mois après la défaite de Nicolas Sarkozy et les gens qui ont voté pour le changement se rendent compte que l'orientation prise par François Hollande est une orientation de très grande austérité qui tourne le dos à la promesse qui avait été faite de renégocier le traité européen. Il y a beaucoup de forces politiques, syndicales, ou associatives, qui refusent de renoncer au changement et qui veulent faire la démonstration qu’une autre politique est possible dans notre pays.

Pour la première fois, le PCF a soutenu un candidat non communiste, Jean-Luc Mélenchon, à l’élection présidentielle. En 2007, Marie-George Buffet avait fait un score inférieur à 2%. La question de l’existence même du parti semble désormais se poser. A l’heure où la classe ouvrière tend à disparaître, peut-on encore être communiste ?

Sylvain Boulouque : C’est en fait la deuxième fois : en 1965 le PCF avait soutenu la candidature de François Mitterrand. Le contexte n’est bien évidemment pas le même. On ne peut pas encore dire que le PCF soit tout à fait mort. Il vieillit et s’essouffle ; son électorat s’étiole. L’appareil municipal devient une peau de chagrin, le groupe parlementaire est une peau de chagrin comparée à la force de ce qu’il a pu représenter. Mais ce parti vit encore sur la force d’un appareil grâce auquel il s’est développé pendant ces trente premières années. C’est même cet appareil ressourcé qui a permis à la campagne du Front de gauche d’être une réussite. De plus, le PCF possède encore de solides attaches dans les services publics. Ainsi, cette Fête de l’Humanité est coproduite par les radios de Radio France et les missions de services publics (EDF, GDF, France télécom, …) conservent plusieurs stands.
Enfin, c’est plus une dilution de la classe ouvrière organisée comme au XXe siècle. Si les communistes se sont réclamés de la classe ouvrière en voulant devenir le parti dominant la représentation de celle-ci, ils ne l’ont jamais été. En effet, une bonne partie du monde ouvrier a toujours voté à droite et dans le vote de gauche chez les ouvriers, la sociale démocratie a souvent été plus importante que le PCF. 
Si un lien existe entre communisme et monde ouvrier, le militantisme communisme se transforme. Chez les communistes aujourd’hui, le monde ouvrier tient du mythe. Par exemple, si l’on prend la dernière université d’été du PCF, la majeure partie des cours ont été dispensés par des universitaires. La chose aurait été impossible au XXe siècle, le parti voulant pour commencer renvoyer une image de parti ouvrier, les cours étaient réalisés par d’anciens ouvriers devenus permanents du Parti. Chez les militants communistes cohabitent aujourd’hui plusieurs générations, mais dans les nouvelles générations, on compte plus d’universitaires que d’ouvriers. Ceci explique aussi la véritable inflation livresque pour la fête de l’humanité.
Patrick Apel-Muller : Il faut se méfier des idées reçues. Quand 26% de la population, selon l'Insee, est ouvrière, on ne peut pas dire qu'elle a disparu. Il faut se méfier des enterrements précipités. Je pense qu'une société moderne, dynamique et développé ne peut pas se passer de la production, et donc d'une classe ouvrière.

La deuxième chose, c'est que le PCF, dans son histoire, a eu besoin de se renouveler. Il a porté l'héritage lourd de ce qu'a été le « socialisme réel » dans les pays de l'Est. Il s'en est dégagé et a su élaborer une projet de société qui réponde à des aspirations beaucoup plus large : la volonté de rompre avec une société de lutte, de tous contre tous, que symbolise le capitalisme, pour voir l'intérêt général. Cette revendication, qui est un long parcours historique, trouve aujourd'hui des expressions nouvelles, à la fois dans le PCF, mais aussi dans toute une série d'associations, de mouvements, qui trouvent le besoin de faire prévaloir l'humain d'abord.

La fête de l'Humanité, qui réuni des communistes, des non-communistes, des gens de la gauche socialiste ou radical, réuni l'ensemble de ces aspirations qui caractérisent aujourd'hui la situation en France et d'en d'autre pays d'Europe : la Grèce, l'Espagne, les Pays-Bas... Il y a des courants très forts qui pensent nécessaire de rompre avec le capitalisme, qui s'avère dévastateur pour les conditions de vie des gens et l'avenir de la planète.

Olivier Dartigolles : Les salariés d'Aulnay-sous-Bois ne sont pas morts-vivants ! La classe ouvrière existe, même si le rapport entre les forces du travail et les forces du capital est d'une brutalité inouï. Même des milliardaires comme Warren Buffett reconnaissent que jamais la lutte des classes n'a été aussi âpre.
Concernant le Parti communiste français, les dernières années n'ont pas été un long fleuve tranquille. Mais nous sommes en train de reconstruire une modernité du combat communiste à travers le choix stratégique du rassemblement avec le Front de gauche. Ce choix nous a profondément transformé. A l'échelle nationale, nous avons un véritable mouvement d'adhésion au niveau des jeunes. Une énergie positive se dégage de nos rangs : on pourrait presque parler de renaissance. Durant l'élection présidentielle, quelque chose s'est passé. Mais Il faut maintenant transformer l'essai. La vie politique française est faite de phases de recomposition. Le

Le communisme français du XXe siècle n’est pas le même que celui du début du XXIe siècle. Comment a-t-il évolué et pourquoi ?

Sylvain Boulouque : La première chose est la disparition de l’URSS, dès lors le communisme réel n’existe plus. Le soutien soviétique a disparu. Le mot communiste est renvoyé au registre de l’Utopie et permet aux communistes de s’exempter d’un bilan réel sur le mot de communisme. Au point qu’aujourd’hui, les communistes se présentent comme des victimes du PCF. Pierre Laurent, dans son dernier ouvrage, présente l’idée communiste comme l’une des victimes du stalinisme, faisant à peu de frais le bilan du communisme et dédouanant l’expression de sa réalité. Je cite : « les drames du XXe siècle ont durablement affecté le projet communiste. Le stalinisme et ses millions de victimes, parmi lesquelles de très nombreux communistes et l’échec profond du modèle soviétique ont grevé la crédibilité du communisme. Après la chute du mur de Berlin de 1989, le communisme s’est trouvé lourdement discrédité, sa finalité questionnée. Il a fallu tout repenser, tout réévaluer. Les communistes français avaient déjà entamé ce travail, avec beaucoup de zigzags. Cette fois, la refondation communiste était existentielle. » (Maintenant Prenez le pouvoir, éditions de l’Atelier, 2012).
Par ce jeux sur les mots, les militants communistes s’exonèrent de tout bilan réel.  Le militantisme communiste, comme le militantisme trotskiste aujourd’hui n’a pas fondamentalement changé : le militantisme syndical, associatif et parfois des campagnes électorales. Le changement s’exprime surtout par la disparition de l’URSS. Depuis la fin de ce lien, le PCF en tant que tel décline. Mais contrairement à une idée reçue, la gauche radicale ne progresse pas, même unifié le score du FdG aux élections présidentielles et des deux partis trotskistes est inférieur ou égal à ceux de 1995 et 2002. Il est à peine supérieur à celui de 2007.
Patrick Apel-Muller : Des expériences ont compté. D'autres ont également échoué. Les tentatives de transformation de la société sans faire de la liberté et la démocratie l'aiguille de la boussole se sont avérées impossibles. Le mouvement progressiste français, qui date d'avant la Révolution française, qui a pris des formes diverses et a trouvé une expression dans le socialisme du 20e siècle et dans le communisme à partir des années 20, à senti le besoin de se transformer en intégrant la dimension de la liberté et de la démocratie, qu'il n'avait pas poussé jusqu'au bout. C'est une des nouveautés de la période actuelle. C'est cela qui rend le mouvement communiste et le mouvement progressiste en France armés pour affronter le 21e siècle.
Olivier Dartigolles : Pour moi, le communisme est en mouvement permanent. La nouvelle génération qui vient au Parti communiste se réapproprie le mouvement en y mettant ce qu'il souhaite pour la transformation sociale et l'émancipation humaine. Le principal défi de la prochaine période pour nous est de parvenir à faire la démonstration de l'actualité du combat communiste.
PCF peut redevenir une force d'avenir.

La gauche radicale a fait une percée ces dernières années dans plusieurs pays d’Europe, particulièrement en Grèce. La crise que traversent actuellement les partis européens peut-elle redonner un second souffle aux idées communistes ?

Sylvain Boulouque : Difficile de prédire l’avenir. Les expériences historiques montrent que le communisme en général a prospéré pendant deux périodes très particulières. Les périodes de guerre, c’est à la fin de la première guerre mondiale que naît le communisme réel et c’est juste au sortir de la deuxième guerre mondiale qu’il atteint son apogée. La deuxième période est celle des périodes de croissance économique : reprise à partir de 1934, Trente glorieuses. En revanche, c’est surtout l’extrême droite qui se développe dans ces périodes de crises économiques durables.
Patrick Apel-Muller : La dégradation des situations ne donne jamais un nouveau souffle pour des aspirations transformatrices. C'est plutôt les impasses dans lesquelles se sont enfermés le système capitaliste et l'Union européenne, qui est vouée aujourd’hui dans ses instances dirigeantes à mettre en place un libéralisme total, qui obligent à penser une véritable transformation de la société.

Aujourd'hui, si on veut sauver l'idée européenne, si on veut que la souveraineté européenne soit respectée en Europe, si on veut que l'Europe se dirige vers un mieux-être, il est nécessaire d'envisager une transformation fondamentale de la société.

Olivier Dartigolles : Il y a encore trente ans, il y avait deux rouleaux compresseurs idéologiques : la fin de l'Histoire et le choc des civilisations. Trente ans après, le capitalisme est dans une situation de très grande crise : financière, démocratique, environnementale... Des contradictions puissantes montent entre les exigences des marchés financiers et les aspirations des peuples. Il y a une vingtaine d'année, on nous regardait comme une bougie vacillante prête à s'éteindre. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Nous sommes en période de reconquête idéologique.

L’année dernière, Jean-Luc Mélenchon était le premier leader non communiste à prononcer le discours de clôture de la Fête de l’Humanité.  Cela avait été mal  vécu par certains militants qui avaient peur de voir l’identité du parti diluée dans le Front de gauche. A terme, le Front de gauche peut-il  « digérer » le Parti Communiste ? L’électorat de Jean-Luc Mélenchon et celui du PCF est-il le même ?

Sylvain Boulouque : Cette période de doute d’une partie des militants communistes est passée. Mélenchon les a séduit et conquis. De plus, la majeure partie du discours de Mélenchon est totalement analogue à celui du Parti communiste. Les querelles identitaires et politiques s’amenuisent car le Front de gauche reprend une grande partie de l’héritage communiste, culturel, symbolique et politique.
Ainsi, l’éditeur Bruno Leprince publie un album du photographe Stéphane Burlot intitulé résistance sur la campagne électorale du Front de Gauche. Le livre, intéressant à plus d’un titre, montre la mise en scène des réunions publiques qui reprend une grande partie de l’imaginaire communiste. Les spectateurs et les participants du Front de Gauche, quant à eux, utilisent nombre des oripeaux du communisme : tee shirt à faucille et marteau ou de Che Guevara, drapeau rouge et bleu blanc rouge comme au temps du national thorézisme.
Le philosophe militant du parti de Gauche, Henri Pena-Ruiz explique dans son dernier livre, Marx quand même, que : « Marx était un critique de Staline » Marx n’ayant aucune filiation avec Staline. Enfin Eric Coquerel autre dirigeant du Parti de Gauche passé par le trotskisme montre à quel point les querelles historiques se sont apaisés entre les différentes chapelles du communisme (des anciens maoïstes pro albanais peuvent cohabiter avec des staliniens orthodoxes et des trotskistes) et accepter de chanter la Marseillaise après l’Internationale (Au cœur du Front de gauche, éditions Arcanes 17 ).
Enfin, l’électorat de Jean-Luc Mélenchon additionne plusieurs électorats : les votes Besancenot de 2002 et 2007, ceux de Lutte ouvrière de 1995 et 2002 et ceux du PCF. Il récupére enfin une parti de l’électorat radical des Verts issus des milieux urbains. Il convient donc de parler d’un électorat de la gauche radicale. Le FDG donne l’image d’un parti en train de se recomposer même si des querelles de personnes et des dissensions peuvent faire éclater ce bel équilibre.
Patrick Apel-Muller : La campagne de Jean-Luc Mélenchon a élargi la base électorale du PCF. Les réactions hostiles étaient extrêmement minoritaires à la Fête de l'Huma. Il y a au contraire dans le pays un espace pour réunir les volontés de transformation au-delà des rangs communistes, mais avec des communistes comme une des forces militantes les plus dynamique. Ils ont été la force motrice de la campagne, et désormais, je crois que  le Front de gauche est devenu fort dans le pays et présente une alternative réelle pour les citoyens qui veulent changer quelque chose dans la société. Mais cela ne fait pas disparaître le PCF, qui reste une des forces motrices de ce rassemblement.
Olivier Dartigolles : Jean-Luc Mélenchon a été un magnifique candidat avec des qualités de tribunitien exceptionnelles. Mais sur le terrain, les forces militantes étaient majoritairement communistes.
Notre électorat s'est rassemblé sur notre grande proposition "l'humain d'abord". Le Front de gauche est une construction collective, unitaire. Jean-Luc Mélenchon  a un rôle particulier à y jouer, mais il dit lui-même que nous avons besoin de collectif. Nous dénonçons la personnalisation à outrance des institutions. Nous voulons une VIiéme République avec la fin du présidentialisme.