TOUT EST DIT

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vendredi 31 août 2012

François Hollande : "Mon devoir est de dire la vérité aux Français"

Opération reconquête de l'opinion pour François Hollande, à l'Elysée depuis plus de trois mois mais déjà obligé de dissiper les doutes sur son action. Lors d'un discours prononcé vendredi à la mi-journée à la foire de Châlons-en-Champagne, le chef de l'Etat a déclaré que son "devoir" était de "dire la vérité aux Français" et que la crise actuelle était "d'une gravité exceptionnelle, longue" n'épargnant aucun pays. Il a indiqué que sa mission consistait à conduire le pays pour qu'il fasse "des choix dans le bon ordre, dans le bon rythme et dans la bonne direction". La négociation pour "anticiper les restructurations" et "prévenir" les plans sociaux commencera "le mois prochain", a annoncé François Hollande. "Il ne s'agit plus de juger le passé mais d'agir dès aujourd'hui pour préparer l'avenir. Ma mission de président de la République, c'est de conduire notre pays pour qu'il fasse des choix dans le bon ordre, dans le bon rythme et dans la bonne direction, et c'est au gouvernement, sous l'autorité de Jean-Marc Ayrault, de mettre en œuvre cette orientation", a martelé François Hollande, ajoutant un peu plus tard que le "gouvernement est à la tâche".

Euhhh, oui je l'ai entendu ça !!
"Je ne reviendrai pas sur les responsabilités d'hier et d'avant-hier", a-t-il ajouté en allusion à la politique de son prédécesseur de droite, Nicolas Sarkozy, soulignant qu'il avait pris les rênes du pays "en toute connaissance de cause".

Il y a d'abord "l'urgence" et "l'urgence, c'est l'emploi", a-t-il souligné, rappelant qu'il avait convoqué une session parlementaire du Parlement pour que le texte sur les "emplois d'avenir" soit adopté au plus vite. "Dès le début du mois d'octobre seront signés les premières conventions", a-t-il assuré. Le dispositif sur les contrats de génération sera lui présenté dans "les jours qui viennent" aux partenaires sociaux.

Le Président a promis que le gouvernement ferait, "en 2013", "des choix courageux" mais aussi "durables et justes" pour réformer le financement de la protection sociale.

Parmi les autres annonces, il a indiqué que la négociation pour "anticiper les restructurations" et "prévenir" les plans sociaux commencera "le mois prochain". Il a également expliqué qu'un "projet de loi était prêt" qui permettra "de céder gratuitement les terrains de l'Etat aux collectivités et bailleurs sociaux qui s'engagent dans des programmes de construction".

François Hollande a également demandé au gouvernement de fournir "d'ici octobre" des propositions sur le financement des collectivités locales et annoncé sa décision de donner aux régions la gestion des "fonds européens consacrés à leur territoire". Soulignant que les collectivités locales assurent "les trois quarts de l'investissement public en France", le chef de l'Etat a annoncé qu'il recevrait le 12 septembre les présidents de régions.

Plus tôt dans la matinées, quelques dizaines de militants CGT avaient François Hollande à son arrivée à la foire de Châlons-en-Champagne en réclamant, à coups de pancarte et slogans, "le changement" promis par le chef de l'Etat.

DES CHOIX DANS  LE BON ORDRE, DANS LE BON RYTHME ET DANS LA BONNE DIRECTION ......
MAIS PAS DANS LE BON SENS, LÀ EST LE PROBLÈME.

Le soleil aveuglant des réalités


Une sénatrice socialiste de Marseille, Samia Ghali, a suggéré l’intervention de l’armée dans les quartiers sensibles rongés par la criminalité. Toute la classe politique s’offusque de cette idée dans un formidable climat de consensus, du gouvernement unanime à l’opposition ump et les deux Fronts (de gauche et national). Le maire de Marseille redoute qu’elle soit perçue comme un signal de guerre civile.
A vrai dire, je ne comprends pas ce que cette proposition a de si scandaleux. L’armée est utilisée, sous l’autorité des commissaires de police, pour sécuriser les gares, les aéroports, les sites névralgiques dans les centres villes en cas de menace terroriste. Pourquoi s’interdirait-on par avance son intervention dans des banlieues défavorisées où des bandes armées font bel et bien régner un climat de terreur et livrent à la police une guérilla urbaine à coups de fusils de chasse et de kalachnikovs ? Je ne dis pas que cette mesure réglerait à elle seule les problèmes, mais le tir de barrage indigné de la classe dirigeante et des élites en général contre une parole qui sort  du champ ordinaire de la pensée unique est symptomatique du conformisme ambiant.
« Il y a deux choses qu’un homme ne peut pas contempler en face : le soleil et sa mort » a écrit François Mauriac (de mémoire…) J’en vois pour ma part une troisième, toute simple : la réalité. Depuis plus de trente ans – en gros les années 1980 – de majorité en majorité, la France se heurte aux mêmes difficultés qu’elle ne parvient pas à régler : le chaos des cités, le chômage massif, l’échec de l’intégration et de la maîtrise de l’immigration, la montée de la violence, la désindustrialisation, l’accroissement de la dette publique. Les milieux politico-médiatiques, plutôt que de pousser des cris d’orfraies dès que surgit une parole un tant soit peu transgressive, devraient accepter d’ôter cinq minutes leurs œillères. Qu’est-ce qui ne marche pas dans ce pays, quelle est la cause fondamentale de l’impuissance radicale à traiter  le drame français qui est aussi le martyr d’une majorité silencieuse, confrontée à ces maux?
Creuser cette question, c’est immédiatement s’en prendre à l’essentiel du socle de notre conformisme national : des institutions de la Ve République qui ne fonctionnent absolument plus car le pouvoir politique a abdiqué son autorité face à la  juridiction constitutionnelle et aux tribunaux, une « bruxellisation » de la société française, marquée par le diktat d’une bureaucratie communautaire. Les élites appellent cela « construction européenne. » Pour ma part, je n’y vois que destruction  de l’Europe. La classe politique et médiatique s’en sort aujourd’hui par un processus de diabolisation de tout ce qui s’éloigne des sentiers battus. Toute idée qui la trouble, lui déplaît, se voit « extrême-droitisée » ou « lepénisée ».  Mais tous les murs finissent un jour par tomber, y compris les plus solides murailles idéologiques. Voilà pourquoi nous gardons espoir et continuons à nous battre avec nos blogs minuscules, à l’image de ces gouttes d’eau qui composent la mer et ses vagues déferlantes.

Made in Germany 


Malgré l’affligeante paralysie de ses institutions, l’Europe garde – que cela plaise ou non – une voix forte. Celle de l’Allemagne, celle d’Angela Merkel consacrée pour la cinquième fois «femme la plus puissante du monde» par le magazine américain Forbes. Chancelière d’Allemagne dont elle représente au mieux les intérêts, elle incarne aussi l’Europe, du moins dans la vision que se fait le reste du monde de cet ensemble de plus en plus ectoplasmique. Car Angela Merkel sait toujours parler au nom de l’Europe. Encore hier en Chine où elle a plaidé – entre deux signatures de mirifiques contrats dont un concerne la vente de 50 Airbus – pour plus d’implication de Pékin dans la crise de l’euro par le rachat de dettes des Etats en difficulté. Apparemment avec succès, les Chinois exigeant toutefois des contreparties qui ne gênent pas outre-Rhin: Pékin est déjà le troisième partenaire commercial de l’Allemagne et pourrait bien, prochainement, détrôner la France, en première place devant les Pays-Bas…
Mais c’est l’Europe à l’allemande, celle de la rigueur libérale, celle d’une plus grande intégration économique et politique que Berlin défend partout dans le monde. Avec une grande absente sur cet échiquier planétaire: la France. Sous l’ère Sarkozy, elle suivait l’Allemagne en fidèle «second». Au lendemain du 6 mai, elle a cru pouvoir se démarquer idéologiquement… pour finalement revenir aux réalités récemment exprimées par les ministres Moscovici et Schäuble sous forme d’un «groupe de travail» censé remédier à la crise dans une belle convergence… En espérant, dans les non-dits, que Paris, Rome et Madrid sauront infléchir les catéchismes berlinois de la Sparpolitik et du monétarisme à la Bundesbank. En jouant aussi sur un atout commun aux Français, aux Italiens et aux Espagnols: celui de savoir que l’Allemagne ne décidera pas seule. Bref, il y aurait de la place pour des compromis…
Mais lesquels? La semaine prochaine, la BCE de Francfort, en la personne de Mario Draghi, annoncerait, sous certaines conditions, le rachat de dettes souveraines. Au grand dam des puristes allemands qui craignent l’emballement de la planche à billets. Mais à la satisfaction des marchés financiers qui relâcheraient leur étreinte sur la zone euro en laissant enfin un peu souffler toutes les économies…
À voir. En attendant aussi d’autres échéances, notamment sur la Grèce. Et en sachant que si le sésame de la crise est bien à Berlin, d’autres capitales possèdent des clés décisives. Politiquement grippées, il est vrai...

Quelle voix pour la France ? 


Pourquoi la France est-elle impuissante - sinon absente - face aux événements de Syrie ? Certes, le ministre des Affaires étrangères et le président français s'égosillent à demander le départ d'Assad. En vain. Soutenu par la Russie, l'Iran et la Chine, le régime syrien se maintient et semble gagner du terrain sur les insurgés. Ces derniers, pourtant, sont régulièrement alimentés en armes, en hommes et en matériel par le Qatar et l'Arabie saoudite, qui appuient partout où ils le peuvent les salafistes aussi bien que les islamistes, faisant passer ces derniers pour des modérés aux yeux de l'opinion publique.
À l'Onu, Russes et Chinois rendent un fier service aux Occidentaux en opposant régulièrement leur veto à toute résolution laissant poindre une intervention internationale en Syrie. Serions-nous prêts à envoyer nos soldats, avions et navires de guerre en Méditerranée ? L'armée syrienne est loin d'être aussi inefficace que l'armée libyenne.
Aujourd'hui, la Libye est déchirée entre tribus et régions qui veulent toutes une part du gâteau. La situation en Syrie est différente : mosaïque d'ethnies - Circassiens, Turkmènes, Kurdes - et de religions - chrétiens rattachés ou séparés de Rome, sunnites (majoritaires), chiites alaouites, druzes ou chiites ismaéliens - le pays est menacé d'éclatement, à l'instar de l'Irak. Tout cela n'explique pas toutefois l'impuissance de la France, hier encore puissance de référence au Levant.
En février 2005, lors du tragique assassinat de Rafic Hariri, ancien président du Conseil du Liban, Jacques Chirac, qui connaît pourtant bien la région, s'était laissé emporter par l'émotion et la passion causées à juste titre par la perte d'un « ami » très « cher », accusant immédiatement les Syriens d'être les commanditaires de l'attentat. Peut-être ! Sans doute ! Mais l'enquête n'avait pas encore commencé !
La France, dont la force dans cette région était de parler avec tout le monde, ne parlait plus avec les Syriens. Elle ne parlait déjà plus avec l'Iran, pourtant puissance régionale incontestée, alliée de la Syrie et contrôlant le Hezbollah au Liban. Elle ne parle plus avec une partie des Libyens, certaines tribus et régions s'accrochant à l'ancien régime tandis que le nouveau tarde à « récompenser » les pays qui l'ont installé ! La France ne parle pas souvent avec l'Algérie dans un perpétuel jeu du « je t'aime moi non plus ». Elle a du mal à parler avec les Irakiens. Elle a du mal à établir un dialogue avec l'Égypte, nouvelle tombée dans l'escarcelle des Frères musulmans. Elle a perdu son rôle, sa crédibilité et l'efficacité de ses médiations.
Mais plus que tout cela, la France protectrice des chrétiens dans les anciennes provinces de l'Empire ottoman depuis François Ier se voit désormais contestée avec succès dans ce rôle par Vladimir Poutine. Le « Tsar russe » ne cache pas son ambition de prétendre être désormais le défenseur des chrétiens d'Orient. À travers la diplomatie de l'État russe, mais également celle de l'orthodoxie et des popes.
Selon un adage levantin, il n'y a pas de guerre possible au Proche-Orient sans l'Égypte et il n'y a pas de paix possible sans la Syrie. Certains n'hésitaient pas à ajouter qu'il ne pouvait y avoir de stabilité sans une présence française, rempart contre les velléités hégémoniques anglo-saxonnes. Cette sentence ferait-elle déjà partie du passé ?

Activistes 


C’est la rengaine de la rentrée : nous serions impatients et insatisfaits… Et bien sûr que nous le sommes : comment être satisfait, sauf à être niais ou hollandolâtre, alors que les files de chômeurs s’allongent, l’essence flambe à la pompe et les kalachnikovs alignent les cadavres à Marseille ! L’évidence n’empêche pas sondeurs et commentateurs de s’interroger gravement, depuis leur retour des plages, sur notre insatisfaction et notre impatience. Il faut que ça cesse ! s’époumonnent-ils. Agissez ! Faites quelque chose ! lancent-ils de leur fauteuils. Les mêmes, hier pourfendeurs de l’activisme du Président Sarkozy, sont aujourd’hui les contempteurs de l’immobilisme du Président Hollande. Vous verrez que demain matin, notre Président fraîchement élu sera déjà annoncé « à la croisée des chemins »… Et si, suivant la plaisante sagesse lyonnaise, l’on donnait un tout petit peu de temps au temps ?

La Grèce se meurt, la Grèce est morte ?

« Les forces vives du monde entier s’éveillent d’un long sommeil. La Grèce est au centre de cette violence d’un monde à créer, appelée à supplanter la violence absurde d’un monde fasciné par le progrès de son autodestruction.  » Raoul VANEIGEM
« La Grèce a fait de moi un homme libre et entier » Henry Miller
« Les empires ne retiennent pas les leçons de l’histoire » Noam Chomsky
Timeo Danaos (Prenez garde aux grecs)

Depuis des mois interminables que je joue les Cassandre en hurlant « Ellas Ellas » pour la Grèce, je préviens d’abord les économistes distingués que ceci n’est pas un article documenté sur un assassinat financier honteusement orchestré par la Troïka (je suis bien incapable de décortiquer la situation avec chiffres sérieux et démonstrations de haute voltige à la clé !), simplement un grand cri d’amour et d’angoisse mêlés pour la patrie de mes aïeux, face au désastre annoncé d’un torrent furieux que l’on voit arriver, enfler, gonfler, déborder jusqu’à la précipitation inéluctable vers la catastrophe et le chaos finals tels qu’ils se produisaient dans toutes les tragédies antiques.
Oui, la Grèce est en train de mourir – dans l’indifférence la plus totale de tous les pays d’Europe (bonjour la solidarité que nous avait promise Maastricht !) ou, pire, au milieu d’attaques en règles bien orchestrées par les médias contre cette contrée de feignants, de tricheurs, de voleurs qui savent rien que noyer leur chagrin dans du Ricard frelaté pendant que le bateau coule, et si leur incurie entraîne toute la zone euro dans sa chute et qu’on est tous dans la merde ça sera bien leur faute, on n’avait pas besoin d’eux après tout (résumé concis des conversations matinales chez ma boulangère les jours, rares, où un J.T. inconscient rompt le silence en tirant la sonnette d’alarme).
Eh bien si, justement, on avait besoin d’eux ! Tout le monde (enfin le monde politique) savait comment fonctionnait l’économie grecque, et que son entrée dans une monnaie communautaire ne serait pas viable à long terme. Mais vous imaginez la déesse Europa amputée de la patrie des pères fondateurs de la démocratie ? C’était pas crédible … Et tant pis pour les risques encourus, fallait la faire, cette sacré UE flanquée de l’inflexible BCE- quant aux dégâts collatéraux on aurait bien le temps de voir plus tard !
Et voilà : on voit !
 On voit les misères multiples provoquées par le piège de l’austérité carabinée, un « mormorandum » qui atteint son niveau de tolérance maximum ; des retraités sans retraites, le salaire des fonctionnaires divisés par deux, et les suicides multipliés d’autant.
Athènes en perdition transformé en champ de ruines sociales ; les commerces en faillite, les hôpitaux en souffrance, les grévistes en combat héroïque ; les jeunes diplômés sans futur grimpant sans retour dans des charters australiens.
Des manifestations qui tournent à l’émeute, des policiers désemparés, des arrestations violentes d’immigrés clandestins.
Des SDF par milliers qui finissent par trouver refuge, sous des cartons, dans des théâtres antiques, puissant symbole d’un monde qui naufrage.
Des enfants affamés qui tapent sur des casseroles pour occuper leurs nuits d’angoisse.
On voit des magasins sans marchandises, des écoles sans cahiers, des malades sans soins ; des musées sans gardiens, des trésors oubliés, une mémoire pillée.
La lutte quotidienne est épicière et les lendemains, parfois, se trouvent au fond des poubelles.
On voit la place Syntagma écartelée entre symbole politique du pouvoir et contestation en longs défilés rageurs ; Exarcheia survolté, Plaka dévasté et Omonia transformé en ghetto de pauvreté ; les îles (jadis paradisiaques) boudées par les touristes, les potagers salvateurs qui fleurissent et les poulaillers comme ultime recours à la disette.
On voit trop de souffrances et trop de larmes.
La litanie des sept douleurs à la puissance dix millions..
On voit un peuple entier guillotiné sous le joug d’un mépris délétère et des rêves évaporés ; une destruction totale massive passant par la remise en cause de tous les fondements culturels et par la démolition programmée d’un art de vivre ancestral.
Je préfèrerais ô combien que l’anaphore s’arrête là, mais elle ne semble pas près de mettre une sourdine à son triste lamento…
Laissons la parole aux murs, ils affichent mieux l’indicible qu’un long discours explicatif :
« Feu au temple de la consommation »  « Je souffre »
« La junte ne s’est pas arrêtée en 73 »
« Ne vivons plus comme des esclaves »
« Maman, je vais être en retard, on est en guerre »
« Nous ne pouvons pas, nous ne voulons pas, nous ne paierons pas »
« Te suicider, ce n’est pas ce que tu as fait toute ta vie ? »
« Ne nous habituons pas à la mort »
« Troïka, assassins »
« Il n’y a pas d’étrangers, il n’y a pas de grecs, il n’y a que des prolétaires en colère »
« Liberté pour la Grèce »

Il semble que les grecs n’attendent plus qu’une chose : que tout pète, que tout se casse la gueule, que vienne le grand Chaos. Et qu’ils puissent retourner à la case départ du super Monopoly sans passer par les banques et sans toucher des milliards.
Seule petite note positive : l’étymologie du mot « crise ». Du grec « krisis », décision importante, choix, jugement, renvoyant à l’idée du moment-clé où tout doit se décider. Dans la pensée ancienne, cette notion sous-entendait le libre-arbitre de l’être et la souveraineté de son jugement critique, c’est-à-dire une opportunité plus qu’une malédiction. C’est une remise en question de soi-même (qui suis-je, que vais-je faire de ma vie ?), un ensemble de contractions débouchant sur une re-naissance salvatrice, un entre-deux fécond qui relance la créativité et devient la source de nombreux possibles. (En même temps, allez dire ça à quelqu’un qui n’a rien mangé depuis trois jours ?)
Et question cruciale qui divise les débats : va sortir de l’euro, va pas sortir ? La presse, malhonnête ou bâillonnée, est unanime : NON, bien sûr ! Hypothèse aussi impossible qu’improbable, dormez tranquilles braves gens, pendant que les héllènes asphyxiés crèvent dans les rues… S’ensuivent de longues et savantes démonstrations économiques pour expliquer qu’il n’y a rien à craindre, que ça va s’arranger et que l’euro, quand même, est plus fort que le dollar, alors vous voyez… On ne lit ni n’entend jamais cette simple contre-vérité évidente : ON N’EN SAIT RIEN, la machine infernale est lancée, personne ne peut dire où elle va aller Est-ce si difficile à admettre, que l’économie n’est pas une science exacte, que l’histoire est une gamine capricieuse et redondante, que personne n’avait prévu le Jeudi Noir, et qu’on fonce dans le brouillard – ou dans le mur – en criant bien fort « on va gagner » ?
Pendant ce temps-là, des gens souffrent en silence alors qu’on leur avait promis le paradis de la croissance. D’accord, c’était une erreur que d’y croire, la croissance obligatoire n’a jamais apporté à la longue que du malheur, mais comment résister aux chants des sirènes du libéralisme lorsque l’on a égaré dans les tempêtes homériques d’un bonheur consumériste annoncé les boules Quiès de la sagesse odysséenne ?
J’emprunte à Giraudoux (oui, je sais, il ne fut pas très clair pendant l’occupation, mais c’est pas une raison pour jeter l’œuvre avec le dramaturge…) une conclusion en forme d’espoir fugace et de petite lueur entr’aperçue au fond d’un tunnel de ténèbres :
« Comment cela s’appelle-t-il quand tout est gâché, que tout est saccagé, et que l’air pourtant se respire, et qu’on a tout perdu, que la ville brûle, que les innocents s’entretuent, mais que les coupables agonisent, dans un coin du jour qui se lève ? – Cela a un très beau nom, Femme Narsès, cela s’appelle l’Aurore… » (Electre – 1937)
Encore bien pâle l’aurore, et bien fragile l’espérance ?
Attendons de voir…
Pour l’instant, ce sont nos racines que l’on assassine.

" Paroles de murs athéniens" Yannis Youlountas
Les Edtitons Libertaires - Collection Paroles
Vidéo "Les grecs n'ont pas dit leur dernier mot" :
Okeanews, l'actualité indépendante et alternative en français depuis Athènes :
Blog de Panagiotis Grigoriou, ethnologue et historien :
"Khaos", un film dAna Dimitrescu (sortie nationale en Octobre 2012)

L’Église hors-la-loi 



puce_carreL’existence même de l’Eglise, du moins son existence légale, risque d’être durement mise en cause par les mâchoires d’un piège dont elle a elle-même imprudemment contribué à l’installation juridique et morale.
puce_carreLe mariage homosexuel est destiné à écraser tout ce qui s’opposerait à lui, et il pourra le faire grâce aux sept lois antiracistes qui ont été successivement promulguées par notre Ve République avec l’adhésion de nos évêques ; et grâce au principe commun à ces sept lois, qui est « la lutte contre toute espèce de discrimination », à laquelle l’adhésion ecclésiastique a été explicite, fervente et répétée.
puce_carreLe schéma est simple : après la célébration du mariage homosexuel à la mairie, les heureux conjoints n’auront qu’à venir demander le mariage à l’Eglise, qui le refusera par une discrimination homophobe aussitôt dénoncée comme coupable, et condamnée à coup sûr par les tribunaux comme « raciste », au nom des sept lois républicaines dont l’énoncé et la jurisprudence assimilent toute discrimination au racisme nazi.
puce_carreOpposerait-on aux homosexuels civilement mariés que pour être marié à l’église il faut être baptisé ?
Il y aura suffisamment d’homosexuels baptisés qui feront l’affaire.
On trouvera même, s’il le faut, suffisamment d’homosexuels « catholiques pratiquants », au besoin au sein de la classe politique « de droite », tout à fait disposés à aider ainsi l’Eglise à avancer dans la voie du progrès et à se débarrasser enfin de tout intégrisme.
puce_carreL’opinion est très majoritairement indifférente ou hostile à ce que pense l’Eglise. La pédagogie sondagière a convaincu les Français que Yannick Noah est leur personnalité préférée, que 65 % des citoyens veulent instaurer le mariage homosexuel et que 61 % des catholiques en sont d’accord. Les grands journaux télévisés ou imprimés s’accordent à dire que « dans tous les pays occidentaux, l’évolution des mœurs et des mentalités a été spectaculaire ». Un très distingué « maître de conférence à l’Institut d’études politiques de Paris » déclare dans Le Monde, « en tant que catholique », que l’Eglise a bien le droit d’« intervenir dans le débat public », mais qu’elle « doit accepter le verdict de l’opinion publique ». Les élèves de cet Institut sont, par un tel « maître », bien informés sur la religion catholique et ils feront de bons politiciens exactement formatés.
puce_carreLa République laïque, on le sait, instaure et protège la « liberté des cultes » religieux. Mais cette liberté s’entend à l’intérieur et dans le cadre de la loi républicaine. Le mariage, même en tant qu’acte du culte catholique, ne peut se soustraire à l’observation de la loi.
Une Eglise qui refuse le mariage homosexuel pourra donc être déclarée rebelle aux lois de la République.
Ce ne sera que recommencer la Révolution de 1789, tant vénérée, et imiter sa Constitution civile du clergé.