TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

mardi 21 août 2012

Hollande et la gauche incontrôlable de Mélenchon

Dans le Journal du Dimanche, Jean-Luc Mélenchon a éreinté les premiers mois du quinquennat Hollande pour marquer sa rentrée politique. Pour Christophe Barbier, le leader du Parti de gauche attaque pourtant avec "un sabre en bois".

François, Jean-François et la France


François plait à l’électorat UMP. Il donne une impression de calme, de sang-froid, de modération, d’orthodoxie républicaine en un mot. Serait-il le recours de la droite? Pour l’avoir vu fonctionner pendant cinq ans, je le soupçonne d’avoir une certaine propension à se protéger et je ne l’imagine guère prenant une décision face à une situation délicate. On peut se tromper bien sûr. Quant à Jean-François, je ne le connais pas mais j’ai constaté sa détermination inflexible et son sens de l’Etat sur un dossier particulier: celui de l’interdiction de la Burqa. En vérité, je trouve totalement dérisoire l’idée de se placer aujourd’hui à la tête de l’UMP dans la perspective des présidentielle de 2012. Dans les  cinq ans à venir, des événements prodigieux ne vont pas manquer de se produire. Mon espoir est de voir un visage nouveau en émerger, un homme ou une femme extérieurs aux combines et magouilles politiciennes, aux têtes et aux partis que nous impose le système médiatique,  un personnage dénué d’ambition personnelle, lucide sur la situation du  pays, sa place en Europe et dans le monde, les défis auxquels il est confronté, et focalisé sur le seul intérêt de la France. De la pure utopie? Vu d’ici, de maintenant, je le sais bien, mais l’histoire de  France n’est pas avare de personnages inattendus qui surgissent à un moment clé et remettent le pays sur le bon chemin.

Allemagne : l'idée d'un référendum sur le pacte budgétaire européen fait son chemin... sans Merkel

La ratification du pacte budgétaire européen élaboré en mars par Merkel et Sarkozy pourrait être plus compliquée que prévu outre-Rhin. De plus en plus de voix s'élèvent pour que la chancelière recoure au référendum, banni de la vie politique allemande depuis Hitler. Une stratégie à double tranchant qui pourrait menacer l'Europe.
Après la France et les Pays-Bas en 2005, l'Allemagne sera-t-elle le prochain vilain petit canard de l'Europe ? Alors qu'Angela Merkel était l'une des principales promotrices du "pacte budgétaire" signé en mars dernier, son pays pourrait bien être l'un des derniers à le ratifier.
Comme l'indique La Croix, la procédure de ratification suit son cours dans les 25 pays signataires de l'Union européenne : l'Irlande a évité un nouvel incident diplomatique en validant le texte par les urnes le 30 mai, François Hollande a poussé un "ouf" de soulagement après le feu vert du Conseil constitutionnel du 9 août... mais l'Allemagne est encore suspendue à la décision de son très exigeant Tribunal Constitutionnel de Karlsruhe, qui après une large adoption parlementaire, statuera le 12 septembre prochain sur sa conformité à la Constitution.
En cas de verdict négatif, "un signal potentiellement calamiteux" serait envoyé aux marchésestime le New York Times. Pour supprimer cette épée de Damoclès qui pèse sur chaque décision européenne et accélérer le processus d'intégration, l'idée d'une révision de la Constitution par référendum est envisagée de plus en plus sérieusement. Il s'agirait de lever l'ambiguité sur le transfert de compétence fiscale et économique de Berlin à Bruxelles.
Après le ministre (conservateur) des Finances Wolfgang Schäuble en juin, le chef de l'opposition social-démocrate Sigmar Gabriel et Guido Westerwellereprésentant de l'aile libérale de la coalition gouvernementale, se sont tour à tour prononcés en faveur de cette option. Des intellectuels notoires, comme le philosophe Jürgen Habermas ou l'économiste Julian Nida-Rümelin, leur ont emboité le pas.

Tout le monde d'accord... sauf Merkel

En faisant appel à son peuple, l'Allemagne pourrait faire d'une pierre deux coups : réaffirmer par un signal fort son implication dans la zone euro, et dépasser la crise de confiance vis-à-vis des institutions de Bruxelles, grâce à la transparence et la participation civique.
A l'exception de la gauche radicale (qui a contesté la constitutionnalité du pacte), tout le monde semble être d'accord... sauf la chancelière Angela Merkel, qui n'a pour l'instant pas bougé d'un pouce sur sa positionexprimée en novembre dernier : "ma position sur la démocratie représentative au niveau fédéral, sur l'équilibre entre le Bundestag et le Bundesrat, est inchangée et connue […]. Je trouve que notre ordre démocratique, tel qu'il est actuellement, a permis et permet une grande stabilité interne à l'Allemagne". De retour de vacances, elle vient de déclarer que le changement doit se faire "étape par étape", et non par "bonds". Une manière diplomate de botter en touche.

Et pour cause : l'option référendaire n'est pas sans embûches.
Premièrement, le recours à un référendum n'est prévu dans la loi fondamentale qu'en cas de circonstances extrêmes, comme un remodelage des frontières ou l’adoption d'une nouvelle loi fondamentale. Jamais utilisé depuis la Seconde guerre mondiale, cet outil fait l'objet d'une méfiance toute particulière en Allemagne, en partie en raison des plébiscites auxquels les nazis avaient l’habitude de recourir afin de consolider leur pouvoirrappelle le site Fênetre sur l'Europe.
Deuxièmement, le risque d'un vote négatif du peuple allemand n'est pas à exclure. Un sondage de l'institut Allensbach paru dimanche dans le Frankfurter Allgemeine Sontagszeitung indique que seule la moitié des Allemands voteraient pour le maintien dans la zone euro en cas de consultation populaire. Un tiers voterait "non".

Déresponsabilisation

Pour ses détracteurs, le référendum pourrait également apparaître comme une forme de déchargement de responsabilité de la part du gouvernement et de la chancelière. C'est ainsi que l'ancien constitutionnaliste allemand Christian Pestalozza analyse dans les colonnes du New York Times le soudain retour en grâce du référendum : "On dirait tout simplement que personne ne veut prendre ses responsabilités".
Un argument européiste, déjà développé au moment où certains en France envisageait un référendum, peut également dissuader la chancelière d'y recourir : pour le constitutionnaliste Fabien Cazeneuve, qui s'exprime sur L'Express.frun référendum n'aurait de légitimité que s'il était tenu au niveau européen, "parce que si « peuple souverain » il doit y avoir en Europe, il ne peut pas être composé que de « Français »"... ni d'Allemands. Et ce afin de faire primer l'intérêt européen.
Enfin, Angela Merkel ne veut peut-être pas prendre le risque d'enclencher une mode irréversible du référendum en Europe : en juin, comme l'indiquait le Daily Mail, les hésitations allemandes ont en effet déjà fait monter la pression sur le Premier ministre David Cameron pour organiser un référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l'Europe. Valider cette stratégie le mettrait au pied du mur, et pourrait signer l'acte de naissance du délitement de l'Europe.






Roms : la valse-hésitation de Martine Aubry

Quelle est la position exacte de Martine Aubry sur l'épineuse question des camps de Roms ? Par peur d'être accusée d'être frop ferme ou trop laxiste, la maire de Lille semble souffler le chaud et le froid. Alors qu'elle demande désormais à l'Etat de mettre des terrains à disposition des Roms, FTVi revient sur les atermoiements de la première secrétaire du Parti socialiste sur cette question.

Acte 1 : en 2010, elle refuse les démantèlements
A l'été 2010, alors que Nicolas Sarkozy muscle son discours à l'égard des Roms et suscite une polémique en demandant "le démantèlement de tous les camps illégaux", Martine Aubry qualifie d'"indignes" les mesures prises par le gouvernement Fillon. "Moi, ça me fait vraiment mal, c'est insupportable de voir ça sur notre territoire", dit-elle le 15 septembre 2010, en précisant qu'elle a demandé au préfet du Nord d'arrêter les expulsions sur les terrains qui dépendent de la métropole lilloise. "Occuper illégalement un terrain ne constitue pas un trouble suffisant à l'ordre public pour entraîner une expulsion du territoire", estime-elle.
Acte 2 : deux ans plus tard, ses collaborateurs sont associés au démantèlement de deux camps près de Lille
Depuis, le ton semble avoir changé. Le 3 août 2012, deux conseillers techniques au cabinet de la maire de Lille et quatre représentants de Lille-Métropole, la communauté urbaine que préside Martine Aubry, assistent à une réunion préparatoire au démantèlement de deux campements de Roms dans la métropole lilloise, révèle Le Figaro le 19 août.
"Nous avons, avec les élus de la communauté urbaine de Lille, avec le maire de Villeneuve-d'Ascq, fait évacuer deux campements illicites", confirme Manuel Valls, ajoutant que "la préfecture a été en contact permanent avec le cabinet de Martine Aubry et avec le premier vice-président" de la communauté urbaine.
Acte 3 : elle déplore le démantèlement des deux camps
Problème : alors que le démantèlement de ces deux camps situés à Villeneuve-d'Ascq et Hellemmes intervient le 9 août, et suscite un début de polémique - la gauche étant accusée de mener la même politique que la droite -, Martine Aubry manifeste sa colère en privé. Au point d'"abréger ses vacances pour regagner sa mairie" plus tôt que prévu, révèle Le Parisien le 18 août. "La première secrétaire du PS est d’autant plus remontée qu’elle estime que sa ville est 'absolument exemplaire' par les efforts qu’elle a déjà accomplis pour accueillir les gens du voyage", appuie Le Parisien.
Acte 4 : elle justifie le fond, mais regrette la forme
Finalement, Martine Aubry convoque la presse, lundi 20 août, pour justifier le démantèlement des camps d'Hellemmes et de Villeneuve-d'Ascq - affirmant que "les riverains étaient victimes de vols et de rackets" et qu'"il y avait des problèmes d'insalubrité" -, mais critique la méthode utilisée. "Je regrette que ces évacuations se soient faites dans ces conditions, dans l'urgence, sans solution de relogement", explique-t-elle aux journalistes.
Et la maire de Lille de proposer qu'en cas de démantèlement de campement illégal, l'Etat propose un terrain pouvant héberger les Roms. "Les terrains, c'est pas très difficile à trouver. L'Etat est propriétaire de terrains un peu partout. (...) Si l'urgence n'a pas permis que ce soit le cas à Villeneuve-d'Ascq, je le regrette, mais nous allons trouver cette solution et nous espérons marcher main dans la main avec le préfet et avec l'Etat", ajoute-t-elle.
Une proposition sur laquelle le gouvernement pourrait bien être amené à réagir, mercredi, en marge de sa réunion interministérielle sur la question des Roms.

Hollande en "Monsieur Tout le monde" gare de Lyon, à Paris

Fini les vacances. François Hollande est rentré, dimanche 19 août, à Paris, après une quinzaine de jours de repos au Fort de Brégançon, dans le Var, la résidence estivale et officielle des chefs de l'Etat. A son arrivée gare de Lyon, le président, bronzé et sans cravate, a lâché devant les journalistes : "La rentrée, c'est maintenant".

Comme pour son départ en vacances, le chef de l'Etat et sa compagne, Valérie Trierweiler, ont emprunté un TGV. Parti de Hyères, il est arrivé à 20 h 15 à la gare de Lyon, à Paris, au milieu de la cohue des départs et surtout des retours de vacances. "Il y a du travail qui nous attend, les Français veulent que les problèmes soient réglés, a-t-il observé. Le changement se poursuit à son rythme." Entre deux "bonjour" aux voyageurs présents dans la gare, le président a plaisanté : "Oui, je suis un usager oui  !"
La rentrée s'annonce chargée pour le président, de la crise de la zone euro à la hausse des carburants, en passant par l'emploi et la sécurité.

AH AU FAIT, REGARDEZ BIEN LA VIDEO, IL Y A DIX BARBOUZES AUTOUR DE FLAMBY, COMBIEN ÇA COÛTE ? COMME DIT PERNAUT.

Michel Sapin invente le CDI à durée déterminée

"Le changement, c'est maintenant", disait le slogan du candidat Hollande. A écouter Michel Sapin, le ministre du travail, plus que le changement, c'est l'innovation :  le CDI à durée déterminée.
Il a évoqué mardi 21 août les "contrats d'avenir", un dispositif du gouvernement qui entend s'adresser à près de 400 000 jeunes de moins 25 ans "qui soit n'ont jamais travaillé soit sont dans la galère des petits boulots". Selon le ministre, ces contrats vont proposer "un vrai boulot en contrat à durée indéterminée pendant une durée suffisante entre un an et trois ans".
Qu'en est-il réellement ? Les contrats d'avenir "dureront trois ans, décomposés en 'années renouvelables pour permettre aux jeunes de sortir du dispositif s'ils trouvent un emploi ailleurs'", a expliqué le ministère du travail au Monde.

"Concrètement, ces contrats seraient une sous-catégorie des actuels contrats unique d'insertion (CUI). Pour compenser le manque de qualification de ces jeunes, une aide à la formation devrait être apportée aux employeurs, éventuellement par le biais d'un 'chèque formation', explique le site du quotidien.
ÇA ! ÇA C'EST FORT ! C'EST DU LOURD BIEN DANS LA DIDACTIQUE SOCIALISTE, ON DIT N'IMPORTE QUOI, POURVU QU'ON DISE QUELQUE CHOSE, D'INSENSÉ.

Pour Mélenchon, "François Hollande est un brave homme"

Jean-Luc Mélenchon est de retour. Après une interview critique vis-à-vis de l'action de François Hollande, dimanche 19 août, le leader du Front de gauche était sur France Inter, lundi. Interrogé sur les cent premiers jours du mandat de Hollande, il a répondu : "On s'attendait à ce que cette énorme énergie de la victoire électorale soit convertie en résultats sociaux, salariaux, etc. (...) Les gens ont élu un pouvoir de gauche pour qu'il fasse un pouvoir de gauche, pas qu'il attende d'être de gauche." 

Selon lui, le nouveau gouvernement n'a pas assez agi contre les destructions d'emplois. "Il fallait immédiatement prendre des mesures pour enrayer la vague de licenciements et il faut d'ailleurs toujours les prendre". Mélenchon prend pour exemple la loi sur le licenciement boursier. "Cette loi existe, elle a déjà été votée au Sénat, il suffit de la faire voter à l'Assemblée nationale. C'est volontairement que ça n'a pas été fait."
"Cette orientation politique-là ne va nulle part, a-t-il martelé. Pas à cause de François Hollande, qui est un brave homme, ni de Montebourg, qui est très dévoué, mais à cause de la situation politique générale en Europe."

Pantois 


Il y a des petites phrases imbéciles qu’il ne faut surtout pas laisser passer sous silence. Car si elles ne sont pas aussitôt soulignées au marqueur rouge, combattues, elles peuvent trouver écho, s’enrichir, et devenir, au pire, école de pensée.
« La grossesse après un viol est très rare […] S’il s’agit d’un véritable viol, le corps de la femme essaie par tous les moyens de bloquer tout ça ». Bref, on comprend que si une femme violée tombe enceinte, c’est qu’il ne s’agissait pas vraiment d’un viol. Et donc le droit à l’avortement peut être supprimé. CQFD. Et qui ose développer cette ineptie devant les caméras, en s’appuyant soi-disant sur le travail de « médecins » ?
Le candidat républicain du Missouri au Sénat américain, six fois élu au Congrès, mais militant anti-avortement, pour qui toute ânerie est sans doute bonne à dire pour la cause. Qu’il soit stupide passe encore, mais que des électeurs d’une grande démocratie votent pour ce type depuis des lustres… Cela laisse pantois.

Rentrée 


Brégançon, c’est fini. Pour cet été en tout cas. Le président François Hollande est depuis dimanche soir à Paris. Ce mardi, il déjeune avec le Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Mercredi, le Conseil des ministres se tiendra à l’Élysée. Et, le soir même, il y aura table ouverte pour les ministres dans le cadre d’un « dîner de reprise du travail ».
Tout cela sent donc sa « rentrée » politique. Terme répété à l’envi, mais assez inadapté : ne rentrent que ceux qui sont sortis, et, pas plus que sous les présidences précédentes, il n’y a eu cet été de « vacances » du pouvoir.
Brégançon, comme le Cap Nègre voisin, n’est pas un rocher inaccessible et une zone blanche téléphonique. Les ergotages entendus à droite sur la longueur du séjour présidentiel (18 jours) sont donc aussi vains – et malintentionnés – que ceux, venus de gauche, qu’on entendit en d’autres temps.
On pourrait, au contraire, s’étonner que la Constitution ne protège pas mieux les congés du président et de son gouvernement. Comme chaque employeur peut l’espérer de ses salariés, le citoyen français peut attendre que les serviteurs de l’État, même à son sommet, sachent aussi se reposer, se ressourcer, se requinquer et revenir au turbin dispos, réfléchis et résolus.
De même, on peut sourire de voir l’Élysée, Matignon et les ministères se vider tous en même temps, sur les mêmes brèves semaines d’août, comme si les petits chefs devaient tous partir en même temps que le grand, et surtout revenir en même temps que lui ! Bel exemple de coordination !
Rentrée donc, malgré tout, puisque le mot s’impose. Avec une forte attente, parfois inquiète, pour cette équipe encore neuve, puisqu’elle n’a pas beaucoup servi… L’été fut court : les promesses du printemps ne sont pas toutes oubliées. Reste à voir, dans les réalités de l’automne, de quoi elles vont accoucher.

Chronique estivale des lenteurs et dysfonctionnements français : de la difficulté de boire une bière en zone touristique

Pendant l’été 2012, Thierry Jaune vous livre une chronique des archaïsmes, lenteurs et autres dysfonctionnements de notre magnifique pays, observés dans les secteurs public et privé.

Précision. Les absurdités relevées dans ces chroniques proviennent de règles inadaptées et de systèmes administratifs et informatiques souvent conçus sans prendre en compte les besoins des utilisateurs. Notre reporter tient à préciser que la très grande majorité de ses interlocuteurs dans les services publics se montrent courtois et aimables. Et que 100% des télé conseillers d’Orange ont fait preuve d’une compréhension et d’une patience colossales. 

Episode 1 : De la difficulté de boire une bière en zone touristique. Et autres spécificités de l’accueil touristique à la française

Le paisible touriste déambulant en famille sur la place d’un village ultra touristique et même un peu huppé tombe sur un bar-restaurant, à moins que ce ne soit un restaurant-bar, dont la terrasse lui tend les bras à l’ombre du célèbre clocher de ce village. Il est 17 h 30 mais seulement 15 h 30 au soleil. Vous avez visité quelques curiosités locales sous le cagnard. Il est donc temps de s’installer pour une pause. Vous commandez trois jus d’orange et une bière. C’est les vacances, vous êtes détendu, tout va bien, aucun nuage à l’horizon.
Et c’est là que les choses se gâtent, par la conjonction maléfique de la réglementation française et d’une serveuse... disons zélée. 
La serveuse : 
- « Je ne peux pas vous servir la bière si vous ne mangez pas »
Votre épouse, qui n’attendait que ça, avec l’air de voler au secours de son mari :
- « Très bien, donnez-nous ce crumble qui a l’air si sympa »
La serveuse, revenant embêtée, après quelques minutes d’attente:
- « C’est que, celui qui consomme l’alcool doit consommer la nourriture »
Vous :
- « Qui vous a dit que le crumble était pour mon épouse ? Si, dans votre compta, vous affectez le crumble à ma bière, pensez-vous que je vais le savoir ou imaginez-vous que ça m’intéresse ? »
La serveuse :
- « On a des contrôles et si ça se trouve vous êtes des contrôleurs »
Nous, à l’unisson :
- « Donnez-nous quatre jus d’orange et tant pis pour le crumble »
Outre une serveuse à la mentalité de contrôleuse fiscale, l’explication est d’une absurde simplicité. Cet établissement vend de l’alcool non pas sous la « licence restaurant » mais sous la « petite licence »  celle qui permet de vendre, uniquement pendant les repas, les boissons du groupe 2, c’est à dire les boissons fermentées non distillées comme vin, cidre, bière, crème de cassis, certains vins doux, etc.
Admettons. Cette licence, couplée cette fois à l’amateurisme aberrant de certains établissements, donne cet autre résultat ébouriffant. Vous êtes attablé à une terrasse, au centre de l’une des principales places d’Avignon en plein festival. Il y a donc un tout petit peu de monde. Il est 18 heures. Autant dire que la chaleur est comme au cœur d’un four. Vous commandez donc cette bière artisanale et prometteuse, brassée à quelques encablures.  Vous l’imaginez, avec ses multiples reflets dorés, chapeautée par une aérienne mousse blanche et vous anticipez la saveur de la première gorgée... Mais, patatras, le serveur : 
- Pas possible de vous vendre la bière car le service des repas n’a pas encore commencé. 
Encore un coup de la "petite licence".
Bien entendu, c’est un serveur français et il ne vous propose donc pas quelques toats nappés de tapenade, une tartine avec la terrine maison, une assiette de charcuterie ou de légumes, qui auraient, peut-être, été considérés par l’administration comme un repas, sait-on jamais. Développer du chiffre d’affaires tout en faisant plaisir au client est une idée inconnue de beaucoup de commerçants de notre beau pays.
Comme vous êtes sur cette place sublime, en Avignon s’il vous plait, vous restez détendu, mais toujours assoiffé. Vous vous repliez donc sur ces jus de fruits frais pressés, qui occupent la moitié de la carte. Mais là, à nouveau le serveur, sans que cela ne semble lui poser le moindre problème :
- Pas possible de vous servir ! 
- Ben pourquoi ?
-  On a tout vendu ce matin, y en a plus !
Résumons. A 18 heures, ce café se sait donc pas s’approvisionner pour vendre suffisamment à ses clients de l’après-midi et du soir, pendant les trois semaines de l’année où il doit réaliser 80% de son chiffre d’affaires annuel !
Quant à votre camarade de rafraichissement, sans regarder la carte (c’est un type qui aime vivre dangereusement), il commande un Orangina !
– Ah, ce n’est pas possible...
– Ben pourquoi ? 
– On n’en a pas.
C’est vrai quoi, fallait pas commander un truc aussi rare.
Dans le registre, poil dans la main + mauvais ratio charges / recette / droit du travail, nous avons, toujours dans cette bonne ville d’Avignon en plein festival, trois restaurants d’affilée qui refusent de nous servir trois repas à 14 h 15. « Cuisine fermée » ! C’est vrai qu’il est très tard dans l’après-midi.
Terminons par cette scène pittoresque. Jour de marché dans un village touristique de la côte atlantique, donc bondé. Vous arrivez à l’aube, à 9 h 45, à la terrasse de ce café, avec votre épouse. Le loufiat est en train de déployer, lentement, les parasols. Comme il n’ouvre qu’à 10 heures du matin pour servir les petits-déjeuners (si, si, véridique !), il vous propose, avec un grand sourire, de vous asseoir à cette table, bien située à l’ombre d’un pin, et de vous apporter tout de suite un noisette et un grand crème, avec des tartines de pain frais, de la confiture maison et deux jus d’oranges pressées... Non, je blague. C’est un cafetier français. Ce qui donne, sur un ton mal embouché :
-  « C’est pas encore ouvert, repassez dans un quart d’heure ! »



Casse-tête 

Le casse-tête chinois est, par définition, d’une complexité extrême. Mais il est un casse-tête européen tout aussi difficile à résoudre, celui des Roms. Si difficile, précisément, que l’Europe n’arrive pas à le régler, renvoyant le problème à chaque pays de l’Union.
En France, le débat est d’une vivacité particulière, notamment depuis l’été 2010 et le « discours de Grenoble » de Nicolas Sarkozy, stigmatisant cette communauté afin de valoriser, en pré-campagne présidentielle, la politique sécuritaire de la droite. Une instrumentalisation qui était, et reste, choquante mais – tel est le ressort de la démagogie – elle s’appuyait sur un fond de réalité.
Les campements dans lesquels vivent la plupart des Roms sont indignes, et les détruire purement et simplement ne règle rien sur le fond, mais ils provoquent un réel malaise au sein du pays qui accueille ces populations déshéritées. Dans les grandes villes notamment, leur présence se manifeste à travers une mendicité disons très intrusive, qui heurte l’opinion, ce que la gauche n’ignore pas.
Le candidat François Hollande avait cru trouver la martingale en inventant une formule telle qu’il les affectionne : « Pas d’expulsion sans solution », c’est-à-dire sans relogement décent et sans travail d’insertion. Un mélange de bon sens et de bons sentiments qui permettait un démarquage avec le sarkozisme. De là à traduire cet équilibrisme verbal dans les faits, il y a un gouffre devant lequel se trouve la nouvelle majorité.
Durant l’été, les forces de l’ordre se sont trouvées à l’offensive afin d’exécuter – c’est leur rôle – les décisions de justice ordonnant les démantèlements. C’est donc Manuel Valls qui a imprimé son rythme, lui qui incarne la rupture du Parti socialiste par rapport à l’angélisme dont elle fut souvent accusée en matière de sécurité. D’où le mécontentement d’une autre sensibilité, qui existe au PS, mais surtout chez les Verts et au Front de gauche.
Le Premier ministre va chercher, dans les prochaines heures, à trouver un compromis en réunissant tous les ministres concernés, et pas seulement celui de l’Intérieur. Mais le dossier des Roms n’est qu’une illustration d’un empoisonnant et plus profond clivage au sein de la gauche, que Jean-Marc Ayrault aura du mal à effacer. Un casse-tête peut en cacher un autre.

Quand les enfants financeront les parents


Après Manuel Valls et son discours de fermeté, c'est le ministre de la Ville François Lamy qui est venu à Amiens pour tenter d'apporter un message d'espoir. L'espoir que l'horizon peut se dégager même quand on vit dans des quartiers difficiles. Or au même moment, les syndicats étudiants publient leurs enquêtes sur le coût de la vie quand on suit des études. Hallucinantes ! Elles révèlent d'ailleurs bien plus sur l'état de crise de notre société que les seules augmentations des loyers et de tous les coûts de la vie quotidienne - que le Courrier picard va ausculter en Picardie à l'occasion d'une série régionale à partir d'aujourd'hui (lire en page 3). Les jeunes sont de plus en plus obligés de travailler pour financer leur statut d'étudiant. Et hypothèquent du coup leurs chances de réussite. Ils empruntent pour étudier ou pour se déplacer. S'ils ont la chance de décrocher un emploi, leur premier boulot remboursera ces prêts bancaires. Cela retardera d'autant le démarrage de leur vie d'adulte : acheter un logement, fonder une famille, etc. On fonce tout droit vers un modèle de société à l'Américaine où l'on vit à crédit, et où ce sont les générations suivantes qui doivent rembourser nos emprunts ! Jusqu'au crash… Jusqu'à présent, les parents qui le pouvaient payaient les études des enfants qui avaient la chance d'y accéder. C'est bientôt l'inverse qui se produira : les étudiants feront prendre en charge leurs études par leur progéniture pas encore conçue ! On marche sur la tête. Et ce n'est pas une politique de la ville timide qui inversera la tendance. L'espoir doit venir de changements plus radicaux de la société.

PURE QUESTION DE MÉTHODE !!

Grèce : la sortie de l'euro, un gouffre financier pour la France

En cas de retour à la drachme, les contribuables européens - allemands et français en particulier - devront mettre la main au portefeuille.
L'hypothèse d'une sortie de la Grèce de la zone euro se rapproche. "Si un membre d'un club ne respecte pas les règles, il est préférable qu'il quitte le club", a lâché José Manuel Barroso lundi. "Si la Grèce ne tient pas parole, il n'y a pas de raison de la soutenir financièrement", a renchéri Jens Weidmann, gouverneur de la BCE et patron de la Bundesbank avant la réunion des ministres des Finances, qui devait se tenir lundi après-midi.
Derrière ces discours de fermeté, les Européens sont en réalité bien embarrassés. Car le retour à la drachme à Athènes pourrait leur coûter une petite fortune. La dévaluation qui suivrait le retour à la monnaie nationale entraînerait en effet une explosion de la dette grecque, libellée en euro, ce qui la rendrait impossible à rembourser en intégralité. Or, depuis l'effacement de plus de 50 % de la dette grecque détenue par les créanciers privés, ce sont les États européens qui détiennent l'essentiel de la dette souveraine grecque...

La BCE, très exposée

À eux seuls, les contribuables français risquent de devoir régler une facture de 66,4 milliards d'euros (soit un peu plus que le budget annuel de l'Éducation nationale), au cas ou Athènes déciderait de ne rien rembourser, a calculé Éric Dor, directeur de la recherche à l'Institut d'économie scientifique et de gestion (IESEG). On comprend la réticence de l'Allemagne à passer l'éponge sur la dette grecque : étant donné son poids dans l'Union monétaire, Berlin devrait débourser encore plus d'argent que Paris, à due proportion de son poids dans le capital de la Banque centrale européenne (BCE) et de ses garanties apportées au pare-feu de la zone euro, le fameux Fonds européen de stabilité financière (FESF).
Le gros de la facture serait présenté par la BCE. Au 31 mars 2012, la dette de la Banque de Grèce auprès de l'institution de Francfort s'élevait à 104 milliards d'euros, notamment à cause de la fuite des capitaux qui a frappé la Grèce depuis le début de la crise. En cas de défaut grec, la perte serait répercutée sur les banques centrales nationales, qui en elles-mêmes pourraient en appeler aux États pour recapitaliser la Banque centrale européenne, a due proportion de leur poids initial dans son capital. Facture pour la France : 22,7 milliards.

Les banques aussi

Une somme à laquelle il faut ajouter la valeur des obligations souveraines grecques rachetées par la BCE pour tenter de ramener la confiance (estimées à 45 milliards d'euros). Pour l'Hexagone, cela coûterait encore 9,8 milliards d'euros supplémentaires, calcule Éric Dor.
Et ce n'est pas fini. En mai 2010, les États européens ont volé au secours d'Athènes en lui octroyant des prêts bilatéraux, juste avant la mise en place du Fonds européen de stabilité financière (FESF). La France a déjà versé 11,4 milliards d'euros, une somme qu'elle a dû emprunter et qui a augmenté sa propre dette... En cas de sortie de la Grèce de la zone euro, elle risque de ne jamais en revoir la couleur non plus.
Pas plus que les garanties apportées au FESF pour lui permettre de faciliter l'effacement de la moitié de la dette privée grecque et financer le second plan d'aide à la Grèce décidé en juillet 2011. Encore 23,5 milliards supplémentaire de pertes potentielles pour l'État français et donc pour le contribuable...
À cela il faut ajouter celles qu'essuieraient les banques françaises. En admettant que la drachme dévalue de 50 % par rapport à l'euro, celles-ci pourraient perdre plus de 19 milliards à cause des quelque 39 milliards de prêt qu'elles ont accordés à la Grèce (banques, ménages et surtout entreprises) assure Éric Dor, en se fondant sur des estimations de la Banque des règlements internationaux (BRI) actualisée au 31 décembre 2011. De quoi calmer les ardeurs de ceux qui voudraient punir Athènes en l'expulsant de la zone euro.

Bouclier fiscal : le joli caillou dans la chaussure du gouvernement que vient de déposer le conseil constitutionnel

Tout en validant la nouvelle fiscalité mise en place par François Hollande, le Conseil constitutionnel lui a adressé un avertissement : toute nouvelle ponction fiscale devra s'accompagner d'un système de plafonnement, sous peine de devenir "confiscatoire". Une porte ouverte au retour du bouclier fiscal tant décrié par la gauche.
Le bouclier fiscal n’en finit pas de faire parler de lui. On croyait la mesure morte et enterrée, après sa suppression en juillet 2011 dans le cadre d’une réforme plus large de la fiscalité du patrimoine.
Voici qu’une importante décision du Conseil constitutionnel, rendue ce jeudi 9 août sur la loi de finances rectificative, la met de nouveau dans l’actualité ! Les sages du Palais Royal ont en effet conditionné une augmentation durable de l’ISF à l’adoption d’un dispositif de plafonnement qui empêche le montant de cet impôt de dépasser un certain niveau de revenu. Et ils n’ont validé la hausse intervenue cette année qu’en raison de son caractère exceptionnel.
Cette décision pose, pour le nouveau pouvoir socialiste, un problème politique. Certes, François Hollande avait habilement pris les devants pendant la campagne électorale et avait publiquement évoqué, le 14 mars dernier, la possibilité de rétablir un mécanisme de sauvegarde. La formule retenue avait même été précisée : ce serait la même que celle adopté en 1991 par Pierre Bérégovoy, qui limitait la somme due par le contribuable au titre de l’ISF et de l’impôt progressif à 85% de son revenu. Il ne fait plus guère de doute désormais que ce nombre d’or sera inscrit dans la prochaine loi de finances.

Une mesure qui fragilise l'antisarkozysme

Pour autant, l’obligation d’instaurer un plafonnement n’est pas une bonne nouvelle pour l’actuel exécutif. La mesure, qui n’est pas sans rappeler le défunt bouclier fiscal, relativise les critiques très vives adressées à l’ancien gouvernement et fragilise cet antisarkosysme virulent qui avait été un des ressorts de la victoire de François Hollande.
Sur un autre plan, en ressuscitant un dispositif vieux de vingt-ans, le nouveau pouvoir alimente le procès en immobilisme qui lui est fait, alors que la perspective d’une réforme d’ampleur du système d’imposition apparaît de plus en plus lointaine.
La décision du Conseil constitutionnel ne vaut pas seulement par ses aspects conjoncturels. Elle a un autre mérite, qui est de réhabiliter le bouclier fiscal. Certes, les sages ne se prononcent pas explicitement en faveur de l’ancien dispositif. Mais en rappelant la nécessité d’un plafonnement, fût-ce sous une forme atténuée, ils permettent d’en redécouvrir les évidentes qualités. Celles-ci sont de deux ordres.

Une imposition confiscatoire

Le bouclier fiscal offre d’abord un avantage de principe. Dans le système libéral qui est le nôtre, une limite doit pouvoir être mise au prélèvement : il s’agit d’une garantie importante accordée à l’individu contre une immixtion abusive de l’Etat et donc un élément constitutif du pacte social. Le Conseil constitutionnel n’en a pas décidé autrement, en interdisant expressément, depuis une décision du 29 décembre 2005 un impôt qui serait, selon ses propres termes, « confiscatoire » ou qui ferait peser sur une catégorie de contribuables « une charge excessive au regard de leurs facultés contributives ». De même, il considère, et c’est sur cela qu’il fonde sa décision du 9 août, que la ponction d’une part trop élevée du revenu constitue une « rupture de l’égalité devant les charges publiques ».
Ces trois notions complémentaires restent cependant assez floues et offrent une multitude d’interprétations. Un impôt qui obligerait le contribuable à réaliser son patrimoine serait-il forcément confiscatoire ? L’obligation d’instaurer un mécanisme de sauvegarde concerne-t-elle seulement l’impôt patrimonial ou doit-elle, pour empêcher cette « rupture de l’égalité devant les charges publiques », être étendue à tous les impôts directs ? Comment évaluer réellement une « charge excessive » ?
Le Conseil pourrait être appelé à répondre assez vite à toutes ces questions, et peut-être à d’autres encore, maintenant que la possibilité d’agir par voie d’exception est ouverte aux justiciables. En revanche, il ne lui appartient pas de livrer un modèle clé en main ou de fixer une limite chiffrée. 50%, 60% ou 70% ? Ce n’est pas à lui de le dire et cette abstention volontaire est, pour le législateur, un clair encouragement à se saisir du dossier.

Correcteur d'injustices

Une deuxième raison plaide en faveur du bouclier fiscal : celui-ci est un merveilleux indicateur de tout ce qui fonctionne mal dans le système d’imposition. Il repère les défauts les plus criants et permet de les corriger. Tous ses bénéficiaires n’étaient pas, loin s’en faut, des privilégiés. La plupart d’entre eux étaient des foyers modestes possédant un patrimoine non négligeable, en général composé de biens fonciers, et pour lesquels l’impôt sur la fortune et l’impôt local, qui sont effectivement les deux points noirs de notre fiscalité, auraient représenté une part excessive du revenu.
Le bouclier fiscal ne constituait d’ailleurs pas une nouveauté, issue de la volonté idéologique du précédent gouvernement : il s’inscrivait au contraire dans une longue série de mécanismes de sauvegarde, qui ont été progressivement adoptés, souvent par des gouvernement de gauche, pour atténuer les imperfections des impôts les plus bancals sur le plan technique (c’est le cas, on l’a vu, pour l’ISF, mais aussi pour la taxe d’habitation limitée depuis 2000 à 3,44% du revenu ou de la taxe professionnelle plafonnée par rapport à la valeur ajoutée dégagée par l’entreprise).
Or, ces mécanismes partiels ne couvraient pas l’ensemble des situations et laissaient certains contribuables face à un prélèvement trop lourd. De même, ils contribuaient à l’extrême complexité du système fiscal. L’adoption d’un mécanisme global parachevait donc une tendance lourde, corrigeait des insuffisances et donnait à l’ensemble une lisibilité qui lui faisait auparavant défaut.

Relâchement de la pression fiscale

Le rétablissement du bouclier fiscal est donc aujourd’hui souhaitable. Est-il possible ? L’ancienne version s’était heurtée à deux obstacles qui ne sont, ni l’un ni l’autre, insurmontables. Le premier est dû à crise, au déficit et à l’augmentation des impôts qu’ils ont provoqués. Il apparaissait impensable de ne pas faire participer les contribuables les mieux dotés à l’effort commun. Inversement, en régime de croisière, le bouclier formerait un verrou salutaire, empêchant toute  nouvelle hausse de la pression fiscale et initiant même un mouvement de baisse légère, sans doute indispensable compte tenu du niveau très élevé atteint en France par le taux de prélèvements obligatoires.
Le second obstacle est plus sérieux. Le bouclier fiscal était apparu comme injuste à une large partie de l’opinion publique : « un cadeau fait aux riches », pour reprendre une expression caricaturale mais souvent utilisée. Cette critique était d’ailleurs excessive : la véritable injustice fiscale n’est pas de limiter le prélèvement induit par les impôts directs à 50%, ce qui représente un taux déjà très élevé.
Elle provient des niches fiscales et des innombrables possibilités de fuite légale qui permettent à des contribuables souvent très fortunés de faire baisser leur imposition bien en deçà de ces fameux 50%. Pour autant, un nouveau mécanisme de sauvegarde, s’il devait être adopté, doit tenir compte de cette impopularité.
Une solution élégante existe : elle consisterait à moduler le degré de protection selon le revenu. Pour les foyers modestes, le total des impôts directs serait ainsi plafonné à un niveau plus bas que pour les foyers aisés. Le nouveau mécanisme s’échelonnerait ainsi, par exemple, entre 40% et 60% du revenu selon les cas. Il pourrait ainsi bénéficier à une grande majorité de contribuables et, ce ne serait pas le moindre de ses mérites, il renouerait avec l’esprit de l’impôt progressif.
Associé à un impôt minimal limitant les effets des niches, ce bouclier fiscal new style pourrait même être considéré comme un des instruments majeurs de la justice fiscale.





La TVA dans la restauration

La TVA dans la restauration illustre les dilemmes provoqués par une fiscalité différente selon les secteurs et les produits, dans le but de manipuler l'économie.
Après bien des péripéties, le secteur de la restauration sur place s'est vu assujetti au taux de TVA réduit, pour l'alimentation et les boissons non alcoolisées. Mesure qui est constamment remise en cause, notamment aujourd'hui alors que le gouvernement cherche des moyens pas trop visibles d'augmenter les prélèvements obligatoires. L'argument étant que cette baisse de la TVA était destinée à promouvoir l'emploi, et à faire baisser les prix, mais qu'elle fait perdre trop de recettes fiscales, pour des gains controversés en termes d'emplois et de prix.
Cependant, l'emploi et les prix n'ont jamais été la justification, à l'origine, de la réclamation d'une baisse de la TVA de la part du secteur de la restauration. Le problème était la différence de taux entre les ventes à emporter, assujetties aux taux réduit, et la consommation sur place, assujettie au taux normal, plus élevé. Un sandwich jambon et un paquet de frites achetés à la baraque à frites étaient moins taxés qu'un jambon frites au comptoir du bistro du coin. Ce qui faisait également dire aux professionnels que les McDonald's étaient moins taxés. Ce qui était abusif. Leurs ventes sur place étaient taxées comme celles des restaurateurs traditionnels.
La baisse de la TVA pour la restauration sur place a ainsi établi une égalité de traitement entre la vente à emporter, et la consommation sur place. C'est donc la problématique à étudier.
La restauration à emporter couvre une large gamme d'acteurs. Certains restaurants, la restauration rapide notamment, proposent à la fois la restauration sur place et à emporter. Les boulangeries forment un grand acteur de la restauration à emporter. Les sandwicheries, les pizzerias, les restaurants chinois, japonais, sont des acteurs de la restauration à emporter. Mais aussi les grandes surfaces, et les supérettes, ont, en ville, leur rayon à emporter. Les grandes surfaces et supérettes acceptant même les tickets restaurant. Le secteur de la restauration est donc très large.
Le plus simple serait de maintenir un taux unique, entre la restauration sur place et la restauration à emporter. Pour des raisons simples d'équité. Et surtout d'efficacité. Quant au choix du taux, le gouvernement préférerait sans doute appliquer à tous le taux normal. Mais nul doute que cela provoquerait un tollé de toutes les professions concernées, des boulangeries aux grandes surfaces. C'est donc le taux réduit qui resterait appliqué, logiquement. Mais pour renflouer ses caisses, l’État pourrait choisir l'inéquité, et appliquer au groupe le moins nombreux, la restauration sur place, un taux plus élevé.
La TVA dans la restauration illustre les dilemmes provoqués par une fiscalité différente selon les secteurs et les produits, dans le but de manipuler l'économie. Au final, le traitement n'est pas équitable. Les taux sont influencés par les rapports de force entre les différents groupes de pression. Si le gouvernement a besoin d'argent, il sacrifiera le groupe le moins puissant à ses yeux.

Sans chercher ni l'efficacité sociale, ni l'équité, dans sa décision.

“Pussy Riot” et l’hystérie mondiale



Elles ont joué, elles ont perdu. Quoique… Les trois membres du groupe punk « Pussy Riot » (un nom aux connotations sexuelles évidentes) qui ont été arrêtés après avoir interprété un chant blasphématoire dans le chœur de la cathédrale du Christ-Sauveur de Moscou ont été condamnés vendredi à deux ans de camp. Nadejda Tolokonnikova, Maria Alekhina et Ekaterina Samoutsevitch ont accueilli la sentence avec des sourires amusés, non sans avoir ostensiblement manifesté leur ennui au cours de la lecture du jugement – qui a duré trois heures – et en prenant soin d’assurer qu’elles ne demanderaient aucune grâce à Vladimir Poutine. Parce qu’elles ne se reconnaissent pas coupables. « C’est à lui de nous demander grâce », a déclaré l’une d’entre elles.
Depuis l’énoncé de la sentence, le monde entier hurle à la persécution.
Elles ont joué… beaucoup. Cela fait plusieurs années que « Pussy Riot » participe aux « performances » du groupe d’art contestataire Voina (Guerre) avant de se constituer en formation dissidente en 2009 au terme d’une querelle acerbe. Les performances de Voina sont parfois très violentes, le plus souvent obscènes, pour dénoncer l’ordre établi aussi bien religieux que politique. Nadejda Tolokonnikova, avec son mari Piotr Verzilov, faisaient partie des cinq couples qui se sont livrés, totalement nus, à des rapports sexuels dans le musée d’Etat de la biologie à Moscou en 2008 : elle était enceinte de neuf mois. En soutien à d’autres « artistes » contemporains jugés à Moscou, Ekaterina Samoutsevitch faisait partie des militants de Voina qui en 2010 ont balancé 3 000 cafards géants dans la salle du tribunal au moment de l’énoncé de la sentence. La provocation est leur quotidien. Elles savaient prendre des risques.
Elles ont perdu… Mais en écopant d’une peine aussi importante, au terme d’un procès surmédiatisé, elles ont obtenu ce qu’elles recherchaient, bien au-delà de leurs espérances : la notoriété. Mondiale. Faut-il en plus pleurer sur leur sort ?
D’Angela Merkel au Département d’Etat américain, de Catherine Ashton (« chef de la diplomatie européenne ») à la commissaire européenne Cecilia Malmström, d’Aurélie Filipetti tweetant sa « consternation » au Quai d’Orsay qui a qualifié le jugement de « particulièrement disproportionné », les réactions politiques pleuvent. Cerise sur le gâteau, le parti communiste français a dénoncé un « procès politique » contre « un mouvement de protestation populaire et d’aspirations démocratiques qui grandit en Russie ». C’est beau, la langue de bois !
A l’instar de nombreux artistes, Madonna a pris fait et cause pour le groupe, mais de manière particulièrement explicite, lors d’un concert à Moscou le 7 août : sous le nom des « Pussy Riot » dessiné sur son dos, il y avait l’image d’un sexe féminin.
Procès politique ? Le juge de Moscou qui a condamné les trois jeunes femmes a pris soin, dans son jugement, de mettre l’accent sur le caractère anti-religieux des actes perpétrés par les « Pussy Riot » à la cathédrale de Moscou. Marina Syrova a souligné qu’elles avaient « violé l’ordre public » et « offensé les sentiments des croyants » en agissant de manière « sacrilège » et en affichant leur « haine de la religion ».
Leur « prière punk anti-Poutine » suppliant la Vierge de libérer la Russie de son président, comme l’ont qualifiée les médias internationaux, était en fait un brûlot anti-chrétien, chanté au pied de l’autel de la cathédrale de Moscou, multipliant les injures contre le Christ et la liturgie (« M…, M…, M… du Seigneur », ou encore « Mère de Dieu, deviens féministe ! »). Pour ce qui est de la protestation populaire, elle était ailleurs. 65 000 personnes ont participé à une marche de réparation à l’occasion de la cérémonie organisée en la cathédrale par le patriarche Kirill après la profanation…
Il semblerait qu’en outre, selon la chaîne télévisée russe RT, que l’irruption des « Pussy Riot » dans la cathédrale avec leurs musiciens et orchestre se soit accompagnée de diverses dégradations, des icônes ayant été endommagées. On en a moins parlé que du coup de marteau sur Piss Christ
Les soutiens aux jeunes femmes rendent également compte du caractère antichrétien de leurs actions. A Vienne, en Autriche, quelque 150 sympathisants du groupe, encagoulés, ont fait irruption dans la cathédrale Saint-Etienne en plein office, avant d’être rapidement éconduits par le service d’ordre. Trois personnes, deux hommes et une femme habillés en couleurs criardes comme les « Pussy Riot », ont perturbé la messe à la cathédrale de Cologne dimanche, se précipitant vers l’autel et hurlant sauvagement des slogans et portant des banderoles. Les trois perturbateurs sont poursuivis pour cette action, le cardinal Koch, sans manifester d’émotion particulière, a appelé à la fin de la messe à prier pour la Russie et pour les « préoccupations de ces personnes ».
En Ukraine, une femme à demi nue a manifesté son soutien en abattant à la tronçonneuse un grand crucifix érigé à la mémoire des victimes du stalinisme : tout un symbole là encore.
La mobilisation médiatique et politique a décidément quelque chose d’écœurant lorsqu’on pense aux centaines de chrétiens aujourd’hui emprisonnés, condamnés, tués pour leur foi, sans que personne ne se dérange. Asia Bibi croupit dans une prison pakistanaise pour avoir demandé à ses compagnes musulmanes de travail ce que Mohammed avait fait pour elles. Une petite fille trisomique chrétienne attend d’être jugée pour « blasphème » à Islamabad (page 4 de ce numéro). Où sont Catherine Ashton, Yoko Ono, Madonna ?
L’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) a elle aussi plus important à faire, dénonçant dès vendredi la condamnation des « Pussy Riot » : la Bosnienne Dunja Mijatovic, représentante pour la liberté de la presse, est même très inquiète. « Je vois une tendance dans différents pays, où les autorités, des groupes sociaux et religieux et des tribunaux adoptent une attitude plus restrictive, sur des contenus offensants, moralement discutables ou dangereux pour les enfants. » Cela risque de « limiter la liberté d’expression ».
Mais quid, au fait, de la loi française sur « l’incitation à la haine à raison de l’appartenance religieuse » ? Celle-ci est punie d’un an de prison ou de 45 000 euros d’amende… Encore faut-il que la victime mérite une telle protection et le prononcé d’une telle peine. En faisant partie d’une « minorité visible » par exemple.
Je ne vous recommande donc pas d’aller planter une tête de cochon devant une mosquée à l’heure de la prière, et encore moins d’y faire irruption en chantant contre Mahomet en réclamant la libération de la femme. Le monde ne se dérangera pas pour vous.