TOUT EST DIT

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jeudi 16 août 2012

La liberté d’expression vaut aussi pour les religions !

Après la publication d'une prière pour l'Assomption par Monseigneur Vingt-Trois mettant l'accent sur la famille et s'opposant à l'adoption par un couple homosexuel, des associations se sont inquiétées d'une atteinte à la laïcité. Selon Erwan Le Noan, elles ont tort.
La publication d’une prière pour l’Assomption par Monseigneur Vingt-Trois a déclenché une vive polémique. Plusieurs associations ou personnalités se sont inquiétées d’une atteinte à la laïcité. La polémique est absurde et les arguments sans fondement : il n’y a aucune atteinte à la laïcité et, n’en déplaise à certains, la liberté d’expression vaut aussi pour les religions !
Le texte n’est pas vraiment un brûlot de bigoterie…
Le passage en cause dans la prière, appelle à ce que  « les enfants et les jeunes (…) cessent d’être les objets des désirs et des conflits des adultes pour bénéficier pleinement de l’amour d’un père et d’une mère ». On ne peut pas dire qu’il soit d’une brutalité rageuse et pourtant il a conduit à un déferlement de réactions parfois très violentes.
Evidemment, on peut être en désaccord sur le fond (et certains ne se privent pas de le faire savoir : Act Up y voit un encouragement à l’homophobie ; la Fondation Copernic explique que l’Eglise n’est pas pertinente en raison de 2000 ans de complicités meurtrières). Mais le débat porte surtout sur le droit de l’Eglise de participer au débat public.
L’Eglise a le droit de s’exprimer dans le débat public !
Pour le Parti Radical de Gauche, l’Union des familles laïques ou Pierre Bergé (qui demande sur twitter de quoi se mêle l’Eglise), la réponse est claire : « non ». Et ils dénoncent les atteintes à la laïcité. Ils ont tort.
Les réactions à la prière de l’Assomption illustrent une évolution liberticide du discours sur la laïcité
La laïcité repose sur deux piliers : la neutralité de l’Etat et de ses représentants d’une part, la liberté de culte d’autre part.
Ces dernières années, l’obligation de neutralité a été étendue aux usagers du service public (loi sur le voile à l’école) puis de l’espace public (loi sur la burqa). A la fin de l’année dernière, le Sénat socialiste a poussé au bout de sa logique ce raisonnement qu’on retrouve des deux côtés de l’échiquier politique, en demandant même l’interdiction de signes religieux dans l’espace privé !
Cette tendance révèle que la laïcité est de plus en plus  confondue avec un rejet de la religion hors de l’espace public (ce qu’elle n’est pas !) : on mélange sécularisation forcée de la société et séparation du politique et du spirituel (alors même qu’en pratique, les interventions publiques en faveur des cultes sont constantes en France).
La laïcité permet tout à fait que les cultes et leurs représentants s’expriment dans le débat public. Et ils le font ! Ils sont d’ailleurs reçus régulièrement par les politiques : le Président Hollande a par exemple reçu Mgr Vingt-Trois, Monsieur Moussaoui et le Recteur Boubakeur en juillet dernier. Cela ne veut pas dire qu’ils ont raison, mais ils doivent pouvoir s’exprimer, comme tous les autres groupes de la société.
Les politiques font preuve d’hypocrisie, utilisant la laïcité selon ce qui les arrange
Au-delà, le débat très conjoncturel du 15 août, révèle une certaine hypocrisie p
A Gauche, on semble avoir oublié bien vite qu’il y a exactement deux ans (août 2010), on se gargarisait des propos de l’Eglise qui critiquait vertement la politique du Gouvernement Fillon vis-à-vis des Roms (Libération avait même consacré une « une » vantant, une fois n’est pas coutume, la prise de position du Pape) ! A l’époque, Cécile Duflot se référait aux propos de l’Eglise, le Parti Socialiste utilisait les déclarations papales, et Jean-Luc Mélenchon rappelait n’avoir « jamais été hostile au fait que les religieux s’expriment » car ils sont « dans leur rôle lorsqu’ils produisent un discours moral sur la vie dans la société ».
Bruno Le Maire (UMP), lui, rappelait à l’Eglise le « principe de la séparation totale de l’Eglise et de l’Etat ». Car à droite, ceux qui défendent aujourd’hui – à juste titre – la liberté d’expression de l’Eglise ont été les promoteurs ces 10 dernières années d’une laïcité valant silence du religieux dans le débat public.
Retrouver un débat serein
La réaction épidermique de quelques groupes militants n’est malheureusement que le révélateur d’une tension croissante dans le débat public, qui se trompe sur la laïcité et envenime les échanges en prétendant interdire aux cultes de s’exprimer. Cette évolution est inquiétante : on peut être en désaccord avec les représentants d’un culte, mais cela ne doit pas conduire à leur interdire la parole. Il faut souhaiter qu’on retrouve une sérénité sur les questions religieuses dans le débat public et qu’on se souvienne que la laïcité est d’abord un régime de liberté.
olitique en France vis-à-vis des cultes, qui nuit gravement à la sérénité du débat.


Grèce: le début des ennuis pour les gouvernements européens ?

Athènes réclame deux ans de plus pour réduire son déficit à zéro. Mais cela veut dire pour l'Europe, que ses créances mettront plus de temps à être remboursées. 

Antonis Samaras s'apprête à vivre une fin de mois chargée. Le 24 août, le Premier ministre Grec doit s'entretenir avec la chancelière allemande Angela Merkel. Le lendemain, il sera reçu à Paris par François Hollande. Auparavant, Antonis Samaras devrait s'entretenir le 22 août à Athènes avec le chef de file de la zone euro, Jean-Claude Juncker. Cet encombrement de calendrier n'est pas le fruit du hasard. La Grèce réclame deux ans de plus pour arriver à l'équilibre budgétaire. En d'autres termes, Athènes propose de réduire son déficit à zéro en 2016 et non pas en 2014.
Sans surprise, l'Allemagne s'est déjà opposée à cette requête. Pourtant, celle-ci semble économiquement justifiée. L'économie grecque est en piteux état. La contraction du PIB pourrait atteindre 7% cette année. C'est la cinquième année de récession consécutive. 7% c'est aussi le niveau de déficit public grec. 2,4 point de plus que ce qui était prévu. Dans ces conditions, il semble illusoire de programmer un retour à l'équilibre budgétaire en 2014. Angela Merkel devra donc sans doute négocier un assouplissement avec Antonis Samaras.
Le problème pour l'Europe, c'est que si la Grèce retarde son ajustement budgétaire, les créances qu'elle possède sur ce pays seront remboursées moins vite. A terme, certaines créances ne seront peut-être pas remboursées du tout, tant la situation économique de la Grèce est mauvaise. C'est en tout cas la crainte de certains économistes. "Nous avons eu un plan d'échange de dette avec les créanciers privés. Nous aurons tôt ou tard un plan d'échange de dette avec les créanciers publics", expliquait l'un d'entre eux avant les vacances d'été. "La Grèce ne pourra pas rembourser ses dettes : il faudra étaler considérablement les remboursements et sans doute effacer une partie de l'ardoise", expliquait un autre.
Nous n'en sommes pas encore là. La Grèce n'a pas encore plaidé sa cause auprès des dirigeants européens. Mais dans la proposition qu'elle compte faire aux dirigeants européens, la Grèce désire repousser à 2020 contre 2016, le début du remboursement du premier prêt effectué par l'Europe et le FMI, d'un montant de 110 milliards d'euros. Et certains experts à Bruxelles doutent dejà la capacité de la Grèce à réduire son déficit public. Même en disposant de deux années supplémentaires.

Quand Hollande traitait Sarkozy de "salopard"

Selon l'écrivain qui a suivi François Hollande durant sa campagne, le candidat socialiste ne mâchait pas ses mots envers son adversaire. François Hollande avait fait de son combat contre Nicolas Sarkozy une affaire personnelle au point de le traiter de "salopard" en privé, selon Laurent Binet qui a été invité par le futur président à suivre la campagne électorale à ses côtés. L'écrivain a suivi pas à pas François Hollande, comme Yasmina Reza l'avait fait en 2007 avec son prédécesseur, et publie à la rentrée un récit (Rien ne se passe comme prévu), dont Le Nouvel Observateur de jeudi publie les bonnes feuilles.
Il s'en dégage le portrait d'un homme "sans états d'âme", "formidable machine de guerre qui était configurée de façon optimale pour atteindre son but", selon l'écrivain, mais aussi la description d'une animosité féroce envers Nicolas Sarkozy. Le 6 mai 2012, une fois la victoire confirmée, sa compagne Valérie Trierweiler pose aux quelques personnes rassemblées autour de l'élu une question : sur qui chacune d'entre elles a-t-elle "l'impression de prendre une revanche personnelle" ? "Hollande dit simplement : "Sarkozy", raconte Laurent Binet.

MadoffDe même, alors que pendant la campagne on a beaucoup reproché à François Hollande d'avoir dit que son principal concurrent était un "sale mec", ce qu'il a présenté comme une boutade, l'écrivain souligne qu'il allait beaucoup plus loin. "Ça m'a fait rire, parce qu'en privé il traitait régulièrement Sarkozy de salopard, de manière tout à fait tranquille", dit-il dans une interview au Nouvel Observateur.
Enfin, quand, lors d'une émission télévisée, Nicolas Sarkozy demande que François Hollande condamne les propos de la première secrétaire du PS Martine Aubry qui l'a comparé à l'escroc américain Bernard Madoff "qui, à ma connaissance, a 183 années de prison", François Hollande, devant sa télévision, a lancé, selon l'écrivain : "Mais... tu les auras !"


LES FRANÇAIS ONT EU TORT D'EJECTER SARKOZY, 
ILS VONT LE PAYER CHER, TRÈS CHER.

Le Président méfiant est-il vraiment le mieux à même de tirer la France de l'ornière de la défiance ?

"François Hollande est d’évidence un homme méfiant. Il s’abrite derrière un programme électoral ambigu et lacunaire pour n’entreprendre que très peu de réformes."  

1 - Respectons les différences

Ne confondez pas. Quand Manuel Valls reconduit des clandestins à la frontière, il ne fait pas de politique du chiffre. Quand il promet de nettoyer les banlieues, ce n’est pas au Kärcher. On mesure toute la différence entre la droite et la gauche.

2 - François Hollande : le président méfiant d’une France défiante

On n’est jamais suffisamment vigilant face aux enfumages de la société de communication. Certains lecteurs m’ont gentiment fait remarquer que j’avais été naïf de croire que la présence de François Hollande dans le top 50 des Français les plus populaires signifiait un quelconque succès, même temporaire, de sa stratégie de dissimulation, d’esquive des difficultés et de lancer de bisous.
En réalité, il faisait partie d’une « short list » proposée par le JDD et il n’y avait donc rien de très étonnant à ce qu’il soit ainsi distingué. Voilà qui explique le faible niveau de satisfaction face à son action révélé par un autre sondage : déjà plus de mécontents que de satisfaits. Dont acte.
Puisqu’au terme d’une période de 100 jours il est d’usage médiatique de dresser les premiers bilans – ce qui est évidemment un peu absurde – nous nous risquerons simplement à une brève synthèse.
Par sa personnalité comme par sa culture politique, François Hollande est d’évidence un homme méfiant. Il s’abrite derrière un programme électoral ambigu et lacunaire pour n’entreprendre que très peu de réformes et ne s’en prendre qu’à quelques cibles commodes : les « très riches », les dirigeants d’entreprises publiques, les propriétaires fonciers, les banques, les compagnies pétrolières. Encore ne vise-t-il ces deux derniers groupes que de manière incantatoire. Il faut désormais ajouter à sa liste - quelle surprise - les Roms, bientôt suivis par les jeunes de tous les quartiers « Nord » de France et de Navarre, suivez mon regard. Le seul risque politique réel qu’il ait pris en 100 jours est la re-fiscalisation des heures supplémentaires et cette mesure lui coûte déjà politiquement. De quoi le rendre plus timoré encore …
Cette extrême prudence pose un vrai problème quand on la met en perspective avec la « société de défiance » qui caractérise la France et a été finement analysée par Pierre Cahuc et Yann Algan dans un livre paru il y a cinq ans. Les Français se méfient les uns des autres, s’en remettent à l’Etat pour gérer les intérêts corporatistes et en viennent rapidement à se défier du gouvernement lui-même qui ne saurait être neutre. Dans cette situation, un président devrait chercher à dénouer par son allant les crispations sociales et économiques, à montrer avec rapidité qu’il y a des gains à bousculer les conservatismes. Or, que voit-on depuis plus de trois mois ? On cadenasse, on contraint, on limite, on réduit, on verrouille. Le président méfiant n’est certes pas la solution pour une France de la défiance.

3 - Europe : le conseil constitutionnel invente la règle de plaqué-or 

La légitimité du Conseil constitutionnel n’étant plus contestée par personne, il est temps pour ce glorieux aréopage d’en profiter pour rendre des décisions déterminées par ses préférences politiques.
Soucieux d’éviter au « traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de l'Union économique et monétaire » l’épreuve cruelle d’un vote du Congrès à la majorité des trois-cinquièmes ou, quelle horreur, la confrontation avec le suffrage universel sous forme de referendum, il a jugé, à la satisfaction au moins apparente de notre modeste président, qu’une loi organique suffisait. En matière de droit constitutionnel, il est d’usage médiatique de dire que la question est technique et complexe pour s’épargner l’analyse. En réalité, les choses ne sont pas si difficiles à comprendre et nos lecteurs nous pardonneront l’épreuve estivale à laquelle nous les convions pour dissiper l’écran de fumée qui sera répandu sur la vie politique française dans les semaines qui viennent.
Le traité en question prévoit deux méthodes alternatives pour incorporer ses stipulations dans le droit français :
1 - soit « au moyen de dispositions contraignantes et permanentes, de préférence constitutionnelles »
2 - soit au moyen de dispositions « dont le plein respect et la stricte observance tout au long des processus budgétaires nationaux sont garantis de quelque autre façon. ».
Pourquoi ces deux possibilités ? D’abord parce que certains pays n’ont pas de constitution, comme la Grande-Bretagne, qui n’a pas signé le traité mais pourrait un jour revoir sa position, sait on jamais. Surtout, parce que la situation politique d’autres Etats leur interdit d’envisager une révision constitutionnelle quelconque, comme en Belgique par exemple. Mais, après tout, si d’autres méthodes existent, comme confier le contrôle du budget à un organisme juridictionnel indépendant capable de décider de coupes dans les dépenses en cas de déficit excessif, pourquoi s’en priver ?

Cette seconde méthode vaut donc bien une proclamation constitutionnelle. En réalité, dans le traité en question, peu importe le flacon, pourvu qu’il y ait la rigueur. Les expressions « dispositions contraignantes et permanentes » et « strict observance tout au long des processus budgétaires » sont conçues pour avoir des portées et des effets équivalents. L’important est que la discipline soit « garantie ».
Pourtant, qu’écrit notre Conseil constitutionnel ? « Dans la seconde branche de l'alternative … le respect des règles … n'est pas garanti par des dispositions « contraignantes » … d'une part, il revient aux États de déterminer, aux fins de respecter leur engagement, les dispositions ayant l'effet imposé par le paragraphe 2  … d'autre part, le traité prévoit que le respect des règles … n'est alors pas garanti dans le droit national au moyen d'une norme d'une autorité supérieure à celle des lois. »
Ainsi, pour le Conseil constitutionnel, peu effrayé par les tautologies, dès lors que la France n’a pas choisi la règle de vraie contrainte, elle n’a pas à modifier sa constitution. Là où le traité laissait le choix des moyens, pourvu que la fin soit garantie, la juridiction française considère que ce choix modifie la fin.
Là où le sophisme prend son envol, c’est quand il s’agit d’interpréter l’article 8 de ce fameux traité, qui prévoit qu’en cas de déficit excessif, à la suite d'un rapport de la Commission européenne, la Cour de justice de l'Union européenne peut être saisie par une ou plusieurs parties au traité et qu’elle prend alors un arrêt « contraignant à l'égard des parties à la procédure … ; en cas de méconnaissance des prescriptions de la Cour, celle-ci peut encore être saisie par une partie au traité afin de prononcer des sanctions financières contre cet État ».

Bref, une instance où la France n’a pas de droit de veto peut imposer à notre pays des coupes budgétaires claires sous peine de sanctions financières.
Qu’en dit le Conseil constitutionnel ? Il s’appuie sur sa précédente pirouette pour se lancer dans un double salto. « Le paragraphe 2 de l'article 3 n'imposant pas qu'il soit procédé à une révision de la Constitution, les stipulations de l'article 8 n'ont pas pour effet d'habiliter la Cour de justice de l'Union européenne à apprécier, dans ce cadre, la conformité de dispositions de la Constitution aux stipulations du présent traité ; par suite, si la France décide de faire prendre effet aux règles énoncées au paragraphe 1 de l'article 3 du traité selon les modalités fixées à la seconde branche de l'alternative de la première phrase du paragraphe 2 de l'article 3, l'article 8 ne porte pas atteinte aux conditions essentielles d'exercice de la souveraineté nationale. »
Étrange formule qui permettra le cas échéant à la loi et aux autorités françaises, dès lors que le traité n’aura pas valeur constitutionnelle, de s’abriter derrière cette absence pour plaider que ses obligations ne peuvent s’imposer au législateur national. Celui-ci ne sera en effet confronté qu’à la seconde branche de l’alternative, celle qui n’est pas contraignante.
Quelle conclusion en tirer ? Que la bataille politique qui s’annonce autour de la règle d’or sera une opérette puisqu’il s’agit de plaqué or. La France continuera à faire des moulinets dans l’air en proclamant ses fortes intentions. Mais la récession en cours rendra impossible le respect des règles que l’on fait semblant de s’imposer.
A contrario, tous ceux qui s’inquiètent de la réalité de l’adhésion française à la discipline européenne, qui pourtant justifierait que la Banque centrale européenne rachète des obligations d’Etat, vont pouvoir continuer à se poser des questions. Le Tribunal constitutionnel allemand, s’il examine la décision de son homologue français pour juger de la rigueur de l’engagement de ses partenaires, aura de quoi tousser.
On est ici au cœur du problème européen. Depuis 1957 et jusqu’à l’an dernier, ce projet politique n’a jamais été légitimé par de vrais sacrifices d’un quelconque pays membre. La participation à l’Europe se faisait toujours sous contreparties sonnantes et trébuchantes et contre des avantages : des montagnes d’aide, des taux d’intérêt plus bas, des soutiens politiques. On était dans la recherche permanente de bénéfices individuels et, pour certains pays, notamment ceux du Sud de l’Europe, ces récompenses étaient nombreuses.
L’ambiguïté régnait : les contraintes acceptées en échange de ces prodigalités étaient toujours assouplies puis contournées. Pas un des pays européens concernés n’a vraiment respecté les fameux critères du précédent « Pacte européen de croissance et de stabilité » issu des traités de Maastricht et Amsterdam. L’Union européenne était comme un mariage de conte de fées : rien que le meilleur, jamais le pire.

Aujourd’hui, on entre dans le « dur ». Du fait des résistances allemandes, l’aide est conditionnée à des efforts et des sacrifices réels. Certains pays en acceptent les prémices, avec beaucoup de réticences toutefois, comme la Grèce ou l’Espagne où les vraies coupes dans les budgets publics ne font que commencer. En France, et la décision du Conseil constitutionnel s’inscrit dans cette tradition, on est encore à jouer sur les mots et accepter une règle pourvu qu’on puisse s’en dispenser.
François Hollande peut-ils être satisfait de cette échappatoire ? Elle lui épargne la désagréable et immédiate nécessité de s’appuyer sur la droite pour faire réviser la constitution. Et elle renvoie à plus tard l’heure de vérité sur les efforts nécessaires pour faire vivre l’Union européenne dans la durée. Bref, le président de l’ambiguïté a trouvé au Palais-Royal plus ambigu que lui. Le problème est qu’il lui appartiendra, quand les déficits se creuseront du fait de la situation économique, de sortir de ladite ambiguïté, chose qu’on ne fait qu’à son détriment, comme le lui ont enseigné des maîtres en la matière, du cardinal de Retz à François Mitterrand. Mais, bah, il a gagné du temps et pour lui c’est l’essentiel.

4 - France, capitale Vichy

Au lendemain du discours de Grenoble, réaction sarkozienne un brin démagogique il est vrai à une sombre histoire d’attaque par des Gitans d’une gendarmerie et au saccage de commerces à Saint-Aignan, après qu’un des leurs ait été tué par un Pandore, ce fut un concert d’admonestations à gauche. C’était le retour de la France de Vichy, la fin des libertés publiques, tous les étrangers et les droits de l’homme étaient menacés. Le charter vers la Roumanie avec 300 euros en poche était ni plus ni moins assimilé à un train vers Auschwitz. Par extension, toute expulsion devenait suspecte.
Un des aspects les plus déplaisants de cette rhétorique est la confusion entre la mise en œuvre d’une politique de renvoi d’étrangers en situation irrégulière vers leur pays d’origine et la déportation et la mise à mort de communautés racialement définies.
On ne peut s’empêcher de penser que ceux qui usent et abusent de cette assimilation et se donnent à bon compte des frissons rétrospectifs de résistance à un pouvoir oppresseur ne seraient pas les premiers à s’opposer à une véritable dictature. Leur mauvaise conscience collaborationniste, qui parfois joue à saute-mouton d’une génération à la troisième, a trouvé un exutoire commode.
En tout cas, voilà désormais Manuel Valls menacé des mêmes anathèmes. Il va pourtant falloir que ces esprits généreux se fassent une raison : plus le gouvernement socialiste rencontrera de difficultés économiques, plus il cherchera à flatter les sentiments majoritaires en France sur les sujets de société et moins il sera enclin à l’indulgence vis-à-vis des sans-papiers. Qu’ils réclament donc immédiatement le transfert de notre capitale à Vichy : dans leur monde de fantasmes, elle s’y trouve déjà.

Sarkozy reste un repère à l'UMP et au PS

À droite, on se réclame de lui, à gauche, on le combat: cent jours après sa défaite, l'ancien président demeure une référence dans la vie politique.
Cinq ans durant, Nicolas Sarkozy s'est évertué à imprimer son propre tempo à la politique française. Malgré sa défaite et sa retraite politique, l'ancien président n'a pas quitté les esprits pour autant. Bien au contraire. L'hyperprésident est devenu omniprésent. À gauche, d'abord. Face aux difficultés et à la crise, ni le gouvernement ni François Hollande ne semblent prêts à renoncer trop vite à l'antisarkozysme tous azimuts. Responsable de tous les maux, selon la gauche, l'ex-président n'est jamais bien loin dans les discours.
À Pierrefeu-du-Var, où il s'est rendu mardi matin pour un hommage aux deux gendarmes tuées en juin, Hollande n'a pu s'empêcher de tacler son prédécesseur, sans le citer. «Depuis trop d'années, il y a eu des baisses d'effectifs qui ont hélas été constatées», a-t-il déclaré, en annonçant que la police et la gendarmerie allaient bénéficier d'effectifs supplémentaires en 2013. Et, dans l'après-midi, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls remettait cela à Amiens où 16 policiers avaient été blessés dans la nuit. «Je ne suis pas venu pour que l'on passe au Kärcher ce quartier», lançait Valls, en référence aux propos tenus par Sarkozy, en 2005, alors ministre de l'Intérieur.
Que le chef de l'État et les ministres ­attaquent l'ex-président sur la sécurité, domaine dont il fit sa marque de fabrique, ne surprend pas. Mais l'antisarkozysme va bien au-delà. Il irrigue toute la politique menée depuis trois mois. Lors de la session parlementaire extraordinaire, la gauche a consciencieusement détricoté la loi travail, emploi et pouvoir d'achat, votée en 2007 après l'élection de Sarkozy, symbole de «cadeaux aux riches». Mais l'exécutif a toutefois rencontré une limite dans l'exercice: le traité budgétaire européen. François Hollande, qui n'a pas pu le renégocier, est parvenu à le compléter d'un volet croissance. Un exercice redoutable attend donc le premier ministre: Jean-Marc Ayrault a l'obligation de défendre un texte sur lequel Nicolas Sarkozy avait imprimé sa marque.

«Comportement irresponsable»

Nicolas Sarkozy est omniprésent dans les esprits à gauche. Et son ombre plane toujours sur l'UMP. D'abord chez ceux qui revendiquent ouvertement son héritage et qui se comptent dans les rangs de l'Association des amis de Nicolas Sarkozy. La structure, créée en mai et pilotée par Brice Hortefeux, compte tous les ténors de l'UMP. L'association, qui se double d'une Association de financement des amis de Nicolas Sarkozy, pourrait très vite voir son influence croître. Chez les militants de l'UMP, d'abord, qui pour beaucoup «sont dans le déni de la défaite», selon un cadre de l'UMP. «Il suffit de voir comment ils ont réagi à l'attitude proprement scandaleuse de certains après l'élection», constate Jean-François Copé. De fait, les militants UMP ne manquent pas une occasion de fustiger «le comportement irresponsable de ces anciens ministres qui crachent dans la soupe» ou de déplorer que «l'on n'ose pas parler de Nicolas Sarkozy à l'UMP».
Le prochain président de l'UMP sera-t-il le plus sarkozyste de tous? Christian Estrosi est tenté de le croire, lui qui caresse l'idée d'une candidature. Le député maire de Nice est ainsi l'hôte, dans dix jours, du premier grand rassemblement de l'Association des amis de Nicolas Sarkozy dont il est le secrétaire général. Selon Le Canard enchaîné, les invitations lancées aux militants s'accompagnaient ainsi d'une proposition de parrainage de sa propre candidature: les prétendants doivent en recueillir près de 8 000.

Brevet de sarkozysme

L'association n'est cependant pas une écurie pour la tête de l'UMP, selon Brice Hortefeux, pas plus qu'une structure devant préparer le retour de l'ancien président sur la scène nationale. «C'est même une condition sine qua non à l'existence de l'association, explique-t-il à Nice Matin. Nicolas se tient aujourd'hui éloigné de la vie politique intérieure, même de sa propre famille politique.»
Jean-François Copé, qui participera samedi 25 août à la manifestation, estime que «les militants sauront bien sûr distinguer ceux qui se sont engagés à fond au côté de Nicolas Sarkozy dans la campagne». Mais il ne pense pas que le brevet de sarkozysme soit décisif dans la course à la présidence de l'UMP: «Pour les militants, c'est un élément du fondement du jugement mais ce n'est pas le seul», juge le secrétaire général de l'UMP.
Il n'en reste pas moins que ce sont les propos de Nicolas Sarkozy rapportés par ses proches sur la crise syrienne qui ont donné à l'opposition le signal de la charge contre la majorité alors que tout le monde se préparait à prendre ses congés. Preuve, s'il en fallait, que sa voix porte toujours autant à droite.

Le pétrolier russe Rosneft pollue en toute impunité

D'après le régulateur russe, trois quarts des dégâts écologiques sont provoqués par le groupe d'Etat. Triste bilan pour un pétrolier auquel le gouvernement offre un accès exclusif aux projets Arctiques. Rosneft devance tous les groupes pétroliers mondiaux cotés en terme de réserves pétrolières. Il est aussi le premier producteur russe de pétrole. Un titre moins glorieux risque d’orner son palmarès : celui de principal pollueur. C’est déjà le cas dans la région de Khanti-Mansiisk, où se trouvent les principaux gisements actuellement exploités. Un rapport du Service d’Inspection Fédéral pour les Ressources Naturelles a décompté 2.727 fuites attribuées à Rosneft, soit 75% du total des fuites recensées dans la région. Le rapport pointe du doigt les efforts très insuffisants du pétrolier, détenu à 75% par l’Etat russe, par rapport à ses concurrents privés. Entre 2010 et l’année dernière, Rosneft n’a réduit que de 20% le nombre de ses fuites, tandis que le second pétrolier russe Lukoil les a divisé par deux et demi. Le quatrième pétrolier russe, Sourgoutneftegaz, dont l’essentiel des actifs se situent dans cette région, affiche, lui, 160 fois moins de fuites accidentelles. TNK-BP, un pétrolier dont BP cherche à vendre sa part de 50%, est le second pollueur dans la région, avec 784 fuites. En terme de volume, ce sont 5.288 tonnes qui se sont déversés dans la nature, à peine moins  que les  5.781 tonnes de 2009. En termes de dépenses destinées à la protection de l’environnement, Rosneft est également à la traîne. Côté sanctions, le régulateur a réclamé un total de 36 millions de roubles (à peine 900 000 euros) à l’ensemble des groupes pétroliers.
"Partout des rivières de pétrole"

Le commentaire de l’ancien ministre des ressources naturelles Iouri Troutnev, cité par le quotidien Vedomosti, est lapidaire : « La terre est pratiquement gorgée de pétrole. Nous n’avons pas eu besoin de chercher les zones polluées. Ce qu’il fallait chercher, c’étaient les zones épargnées. Partout, des rivières de pétrole, des lacs et des étangs de pétrole, des traces de pollutions non réparées » expliquait-il au retour d’un voyage sur place en avril dernier.

Des oléoducs vieilissants
La Russie figure parmi les plus gros pollueurs du monde, avec environ 1% de sa production annuelle dispersé dans la nature, soit 5 millions de tonnes. Une grande partie de l’infrastructure a été construite à l’époque soviétique, où la protection de l’environnement était secondaire. Des oléoducs vieillissants et soumis à des conditions climatiques extrême provoquent des fuites accidentelles fréquentes. « Le gouvernement n’a toujours pas mis au point un mécanisme stimulant les investissements vers la modernisation de l’infrastructure » souligne un ingénieur pétrolier russe. « Les sanctions restent minimales. Les groupes privés font des efforts car ils craignent de perdre leurs licences. Mais Rosneft ne craint rien ».

Mardi, Greenpeace tirait la sonnette d’alarme au sujet des travaux d’exploration menés par le pétrolier d’Etat dans la mer de Barents. Selon l’ONG, les technologies sismiques employées nuisent gravement à la faune locale. Rosneft assure de son côté respecter à la lettre la réglementation.

Amiens : le retour au calme, vraiment ?


Belle dégringolade de l'exposition médiatique d'Amiens, hier. On est passé de l'overdose massive - il faut le reconnaître « grâce » à la venue de Manuel Valls, le ministre de la continuité - aux titres brefs dans les médias nationaux. « Nuit très calme » est le résumé du suivi de l'information d'un point de vue institutionnel. Encore heureux que les 250 agents des forces de l'ordre exceptionnellement dépêchés sur place aient maîtrisé la situation ! Les médias régionaux, présents sur ce terrain d'Amiens-Nord au quotidien, ont raconté depuis le 4 août comment le quartier a commencé à s'embraser dès l'annonce de son classement en zone de sécurité prioritaire. Déjà il y a un an, le 5 août 2011, commençait une série de soirées agitées, avec ce titre du Courrier picard : « Des habitants d'Amiens Nord se plaignent de la présence de CRS pendant le ramadan ». Comme si la ZSP n'était que l'huile sur le feu qui, de toute façon, couve chaque année à la même époque. En 2011, c'étaient les mêmes maux, les mêmes mots : « bavure », « embrasement », « violences urbaines », « renforts », « Amiens-Nord inquiète le maire », « plan anti violences urbaines » Un mois de foyers jamais vraiment éteints. Alors le retour au calme, on n'y croit guère à Amiens. Le ministre de l'Intérieur a réclamé des interpellations. Le calme « parfait » de la nuit du 15 août paraît suspect. La tempête se prépare sans doute en coulisses, dans les caves. On ne l'espère pas. Mais au moindre repli des renforts policiers, à la première parole mal interprétée, la violence renaîtra de ses cendres. On n'est pas fatalistes, mais on a l'habitude. Et ça ne nous rassure pas.
 

La culture, ressource estivale 


Confidence récente d'un professionnel de l'édition : « Les librairies sont désespérément vides. » Les acheteurs de livres se seraient-ils déportés vers Internet ? Non, répond le même interlocuteur. Alors, la crise serait-elle là avec ses effets dépressifs sur la consommation culturelle ? Pas sûr ou, en tout cas, pas dans tous les domaines de la culture si l'on en juge par la bonne fréquentation des musées et des salles de cinéma.
La période d'été étant celle des festivals avec une offre fort abondante, qu'il s'agisse de musique, de théâtre, de danse, de photographie ou d'arts de la rue, on saura à la fin de ce mois si l'inquiétude des Français quant à l'avenir les a poussés à restreindre leurs dépenses culturelles ou, au contraire, à chercher dans les diverses expressions artistiques qui leur sont proposées de quoi se ressourcer ou... se divertir.
Dans un flot d'actualité particulièrement âpre - massacres en Syrie, plans sociaux de grande ampleur, crise financière européenne, etc. - il peut paraître « léger » d'inviter à regarder ailleurs, voire à se faire plaisir, car la culture, même quand elle est grave, est un lieu de plaisir. D'aucuns ajouteront que ce ne sont pas les oeuvres d'art qui nous aideront à résoudre les problèmes de compétitivité de nos entreprises ni à susciter chez elles la créativité qui leur manque par rapport à nos concurrents internationaux.
Est-ce si sûr ? Se divertir, en effet, n'est pas nécessairement futile. Il n'est pas vain, après des mois où l'on a eu « la tête dans le guidon » des tensions économiques et sociales, où l'on a « bouffé de la politique » jour après jour, pour cause de campagnes électorales, de s'aérer l'esprit pour penser à autre chose. C'est même une question d'hygiène mentale pour se préparer à affronter une rentrée que tout le monde appréhende.
« Faire le détour »
Certes, la culture n'apporte pas de solutions immédiates. Mais faire le détour des oeuvres est une façon de se donner le moyen de réfléchir autrement, de se mettre à l'écoute de ce que nos fortes préoccupations quotidiennes étouffent le plus souvent. C'est une manière de reconsidérer nos relations aux autres, à notre environnement, au monde. Bref, cela permet de renouveler notre capacité d'imagination et de relation en apportant du décalage, de la profondeur, de la surprise. Cela conduit à questionner nos manières d'être et de voir pour nous ouvrir davantage à ce que nous laissons d'ordinaire de côté, ce dont nous nous préservons spontanément, par peur ou par méconnaissance alors que cela pourrait être une chance.
Puisque les mois à venir s'annoncent difficiles, la culture est une ressource à mobiliser et l'été, un moment privilégié pour nous préparer à tenir dans l'épreuve. À l'heure de la rigueur, sans doute faut-il apprendre à chercher moins de satisfaction dans les consommations matérielles et à réinvestir les richesses de l'esprit pour trouver, produire et partager davantage de sens dans ce que nous vivons. Ce pourrait être une manière de donner à la célèbre formule attribuée à Malraux, « le XXIe siècle sera spirituel ou ne sera pas », un contenu plus ouvert et dynamique que le repli sur une vision fondamentaliste de la religion, comme on l'observe parfois chez les croyants de différentes confessions. Alors, puisque les créateurs ne manquent pas de ressources, profitons de ce riche été culturel !



Zahia 


Interrogés juste avant le match France-Uruguay, les supporteurs de l’équipe de France de foot, les gamins surtout, disaient aux micros combien ils étaient heureux de voir jouer -en vrai- leurs deux stars préférées, Karim Benzema et Franck Ribéry.
Il y a un fan de ces deux-là que les médias n’ont pas interrogé. Il s’agit du juge parisien André Dando. Malgré l’avis du parquet de Paris qui avait considéré en novembre 2011 qu’il n’existait aucune charge suffisante à l’encontre des deux footeux, le juge a décidé de les renvoyer devant le tribunal correctionnel pour « recours à la prostitution de mineure » dans le cadre de ce que l’on a appelé à l’époque « l’affaire Zahia ».
A croire que Monsieur le juge veut lui aussi voir « en vrai » jouer, dans une autre partition sans doute, ces deux monstres sacrés du foot français.
A moins que ce soit pour Zahia… Mais là, pas de chance, la victime devenue femme d’affaires, a déjà fait savoir qu’elle ne viendrait pas.

La Grèce s’enfonce dans la récession

Comme un pilote de montgolfière qui se contenterait de larguer du lest sans relancer le brûleur, le ministre de l’économie grec largue, largue sans arrêter ni même freiner la perte d’altitude. Le sol se rapproche, « jusque-là tout va bien »…
En Grèce, les mauvaises nouvelles se succèdent tellement qu’on en arrive à ne même plus y prêter attention. Nous apprenions le 13 Août 2012, de l’Autorité des statistiques grecques, que le produit intérieur brut (PIB) s’est contracté de 6,2% au deuxième trimestre 2012 en rythme annuel. Tout à fait dans le rythme du premier trimestre (6,5%). Pourtant, cette information tombe assez mal, Athènes devant se refinancer, le 14 Août, à hauteur de 3,13 milliards d’euros afin de pouvoir… rembourser deux emprunts qui arrivent à échéance le 20 août.
C’est là que nous sommes obligés de nous demander si les dirigeants grecs et leurs mentors de la « troïka » ne sont pas tombés sur la tête. Le pays traverse sa cinquième année de récession. L’économie s’est contractée de 17,5% depuis le deuxième trimestre 2008. Le chômage a atteint un taux de 23% en mai dernier et, pour les jeunes de 15 à 24 ans, de 54,9%, soit le niveau le plus élevé au sein de l’Union européenne. Que fait le gouvernement ? Il s’est engagé à réduire le déficit budgétaire à 7,3% du PIB en 2012, contre 9,1% l’an dernier. Bien sûr qu’il faut les réduire les déficits. Bien sûr que la politique mise en place par le nouveau ministre des Finances, Yannis Stournaras, qui s’est lancé dans une guerre ouverte contre les dépenses de l’État doit être menée car sinon la situation grecque deviendra endémique. Mais s’aligner sans modération sur les conditions exigées par la « Troïka » et mettre en place un nouveau plan d’économies de 11,5 milliards d’euros pour les années 2013 et 2014, dans l’espoir du déblocage d’une prochaine tranche de crédit de 31,5 milliards d’euros dans le cadre du deuxième plan d’aide de 140 milliards d’euros adopté en février, n’est-ce pas simplement « perpétuer le système » en affaiblissant le pays ? Il y a chez ce ministre des accents que l’on retrouve chez certains experts comptables ou certains médecins qui, comme lui, prescrivent des remèdes dont la seule finalité que l’on perçoit est de mourir en bonne santé.
Si Yannis Stournaras analyse assez justement les dysfonctionnements de l’économie grecque, «Les salaires des fonctionnaires sont le double que dans le secteur privé, ironise-t-il. Nous avons 100% de plus de fonctionnaires qu’en 1980.», il manque visiblement de sens politique. Vouloir privatiser la quasi totalité des services publics en pleine récession économique, sans nulle part, jamais, mettre en place le contexte qui pourrait permettre une relance de l’activité, vouloir avant tout rembourser prioritairement les créanciers étrangers au détriment du soutien d’investissements productifs dans le pays, c’est beau sur le papier, c’est grandiose dans les réunions feutrées d’un « think tank » mondain comme la « Fondation pour la recherche économique et industrielle » que Yannis Stournaras dirigeait précédemment, mais cela ne fait pas une politique. Le principe même de la politique, c’est de savoir composer, trancher, faire les concessions nécessaires afin de toujours maintenir le cap vers l’objectif fixé et l’impérieuse nécessité de « soulager les souffrances du peuple ». La politique actuelle du gouvernement grec ne tient pas compte des souffrances du peuple et n’analyse que partiellement l’objectif à atteindre.
L’équilibre budgétaire ne peut être le seul objectif. L’équilibre budgétaire n’a d’intérêt que dans la mesure où il s’obtient à un niveau de richesse suffisant à l’échelle du pays. Nous sommes donc en face d’un double objectif. Qu’importe de guérir si c’est pour mourir ? Maintenir le corps en vie en faisant en sorte que sa situation s’améliore, quitte à ce que la maladie soit encore présente jusqu’à ce que ce corps, revigoré puisse accepter le traitement sans risque vital. C’est toute la différence entre un idéologue et un pragmatique. Mais voilà, les idéologues donnent toujours l’impression que leur panacée peut tout et comme les peuples sont en demande et ont envie de croire, ils leur font confiance.

C’est le cas de la Grèce, c’est aussi, dans un autre genre, le cas de la France.

France : fluctuat et - non etiam - mergitur

L'économie française stagne, mais est sous la menace d'une récession à l'italienne. Et la stratégie du nouveau président est lourdement responsable de cette situation.
Zéro, zéro, zéro. Trois fois zéro. Trois trimestres de stagnation du PIB : l'économie française n'avance plus. Peu importe qu'elle évite ou non la « récession » et ses deux trimestres de contraction. Quelle différence au fond entre deux trimestres à - 0,1 % et deux trimestre sans croissance ? La réalité est la même : l'économie française ne parvient plus à créer de la richesse.
La France au milieu du gué
Alors que l'économie allemande reste encore sur la berge du fleuve de la crise et que celles de l'Europe du sud se noient dans les tourbillons de la récession. La France, elle, flotte encore et ne coule toujours pas. Du moins pour l'instant. Mais pour combien de temps ? Toute la tâche du nouveau gouvernement français tient à ceci : maintenir la tête de l'économie française hors de l'eau. Car il n'est pas d'autre question que celle-ci : comment éviter que cette stagnation ne devienne une vraie récession ? Comment éviter un scénario à l'italienne pour l'économie française ? La réponse semble évidente : en n'ayant pas recours aux méthodes utilisées par Rome, autrement dit en ne se lançant pas dans une politique de dévaluation interne forcenée par la coupe des revenus des ménages et des dépenses publiques.
La spirale infernale
Certes, sur le plan théorique, cette politique doit mener à une « épuration » de l'économie qui, débarrassée de sa « mauvaise graisse », repartira sur des bases saines, celle d'une croissance par les exportations qui irriguent ensuite le reste de l'économie. L'ennui de cette politique, c'est que lorsque tous les moteurs de l'économie sont au point mort, son effet récessif est immense. Et qu'elle peut créer une spirale déflationniste comparable à celle qu'a connu l'Europe dans les années 1930 : la rigueur budgétaire presse la demande intérieure, les profits des entreprises s'effondrent, le chômage s'accroît, les revenus des ménages et de l'Etat s'effondrent, ce qui entraîne un nouveau cycle récessif. Il est alors très difficile de sortir d'une telle spirale et l'effet positif de l'amélioration de la compétitivité externe devient anecdotique et illusoire. L'exemple italien le prouve. Depuis trois trimestres, la contribution extérieure au PIB est considérable : de 80 à 90 points de base. Et pourtant, la contraction de la richesse nationale a reculé de 0,7 % à 0,8 %.
Pas de réduction des déficits sans croissance
Si personne ne nie qu'une réforme des économies du sud de l'Europe ne soit nécessaire, le remède de cheval prôné par Bruxelles et Berlin semble atteindre désormais ses limites et prouver son échec. Les réformes doivent donc être modérées afin de ménager la croissance et permettre, à terme, la consolidation budgétaire. Car, François Hollande l'a répété durant sa campagne avec raison : sans croissance, il ne peut y avoir de réduction des déficits.
Le piège du pacte budgétaire
Pourtant, le président français a décidé le 29 juin de faire voter le pacte budgétaire pour le plat de lentille d'un plan de relance illusoire et il reste attaché à l'objectif de plus en plus irréaliste de revenir à un déficit de 3 % du PIB l'an prochain. Si sa majorité le suit - et il n'est pas pensable dans notre système politique qu'il n'en soit pas ainsi - il devra donc couper rapidement et largement dans la dépense publique. Or, l'Etat est le seul agent qui a apporté une contribution positive au cours des quatre derniers trimestres à l'économie française. Le gouvernement risque alors de s'engager dans la spirale décrite ci-dessus. Car la consommation des ménages ne résistera pas longtemps à l'austérité et il faudra en revanche, compte tenu de l'état de l'industrie française, attendre longtemps avant que l'amélioration progressive de la compétitivité porte ses fruits sur le commerce extérieur français. Quant à l'effet du « plan de relance » décidé le 29 juin par le conseil européen, chacun sait qu'il sera nul sur l'économie française.
L'échec d'une stratégie
François Hollande perdrait alors sur tous les tableaux : la récession, la vraie, deviendrait réalité et la consolidation budgétaire ne serait plus qu'un lointain souvenir. Sa stratégie d'accepter le pacte budgétaire contraignant contre un plan de relance assez virtuel était si erronée qu'il s'agit en fait d'un piège qui se referme sur lui. Comment annoncer à Berlin, à Bruxelles et aux marchés qu'on ne peut finalement accepter le pacte budgétaire ?
C'est pourtant la seule voie possible pour éviter le basculement de la France dans la récession. Une voie qui n'empêche pas les réformes, notamment celle du marché du travail, pas plus qu'une meilleure utilisation, plus axée sur la croissance, des moyens publics. Il est temps pour le nouveau gouvernement français de faire preuve de ce qui a manqué à ses prédécesseurs : de courage et d'intelligence.