TOUT EST DIT

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mercredi 1 août 2012

Apple contre Samsung: qui est votre favori?

Les deux premiers fabricants de smartphones et de tablettes s'affrontent dans un procès qui fera date aux Etats-Unis pour savoir qui a copié qui. Apple revendique l'invention d'un design et d'une ergonomie qui font aujourd'hui référence. Samsung se défend d'être un simple copieur en mettant en avant ses innovations technologiques devenues des standards pour tout le marché. L'Expansion.com est allé à la rencontre de clients de Samsung et d'Apple pour savoir ce qu'ils pensaient de cette bataille au sommet de la high-tech.Lire aussi: Les clés du procès entre Samsung et Apple

Purgeons le système : pour sortir de la crise de la dette, il faut liquider l'Etat providence

Les crises, comme les guerres, sont des opportunités de mensonges, de dissimulation, de non-transparence sous prétexte d’intérêt général.

Comme si on craignait que l’information et la vérité en se répandant ne mettent le feu aux poudres.
Le combat est politique parce que l’origine est politique. On a créé de la dette partout, à qui mieux pour repousser les limites de la rareté, pour reproduire et étendre le système, pour forcer à sa reproduction malgré les obstacles et malgré l’accumulation des impossibles.
Le combat est politique car qui ne voit la coïncidence avec la chute du mur de Berlin, chute du Socialisme Réel, chute du modèle concurrent, chute de la référence des combats sociaux. Avec la chute du mur de Berlin, les élites du système ont perdu toute retenue. Ils ont cyniquement forcé l’allure, dopant la machine économique par les additifs, par les stimulants de la finance. Ils ont conclu la grande alliance kleptocratique qui a permis, grâce au pillage du bien commun qu’est la monnaie, une hypertrophie des assets et des patrimoines, permis de creuser les inégalités, permis de réduire les parts salariales. Grâce à la modération de la hausse des prix obtenue par la réduction de la part des salaires, obtenue par les importations et les délocalisations, ils ont pu maintenir des taux d’intérêt très bas, développer la demande de crédit, améliorer les solvabilités apparentes. La modération des taux a autorisé le gonflement des déficits des souverains, rendus attrayants les endettements et les surendettements.














Le combat est politique car tout commence avec le diagnostic. Un diagnostic faux, trompeur, permet de flouer les citoyens sur les remèdes et de faire en sorte de leur faire supporter le poids d’une crise dont ils ne sont pas responsables. La première parade dans le combat est de forcer au bon diagnostic afin que les mensonges soient désamorcés. Il faut affirmer et répéter que la crise est une crise du crédit, une crise de surendettement, parce que les Etats, les politiciens, ont utilisé le crédit pour acheter la paix sociale, la fausse croissance, acheter leur maintien au pouvoir. Ces politiciens ont fait ami-ami avec ceux qui les finançaient, ceux qui bouchaient leurs déficits, les banquiers et toute la classe klepto.
Maintenant que la crise de solvabilité est là, les politiciens sont pris à la gorge par les banquiers, par le système financier, par les marchés, pour rembourser. S’ils ne remboursent pas, on leur coupe les vivres. Et notre classe dominante, notre classe politique, perd son statut social, ses privilèges. D’où la lutte pour pressurer les peuples, pour leur faire rendre le dernier centime des maigres progrès obtenus au cours de ces 30 dernières années de progrès technique. Les usuriers forcent les gouvernements qui en dépendent pour leur survie à revenir en arrière sur tous les progrès, sur tous les acquis, sur toutes les améliorations du niveau de vie obtenues depuis le milieu des années 80.
Comble du cynisme, nos usuriers veulent la disparition de la grande prime de risque politique et sociale qui avait été accordée aux salariés pour qu’ils ne se révoltent pas dans les temps où le communisme constituait un attrait. Car il ne faut pas se leurrer, l’Etat Providence, le Nanny State, en Europe, c’est une prime de risque accordée aux salariés pour les faire tenir tranquille, pour qu’ils ne fassent pas la révolution, pour qu’ils votent bien. La disparition du communisme, sa disparation en tant que modèle et en tant que guide des luttes, rend cette prime inutile, elle rend sa suppression possible.

Ne vous y trompez pas, nous ne sommes ni pour l’Etat Providence, ni pour le Nanny State, nous ne sommes pas pour les «Big Government», loin de là, mais l’objectivité oblige à dire que c’est comme cela que cela se passe, comme cela que cela s’est passé.
A la faveur des gaspillages, des excès, des scandales de l’Etat Providence, les gouvernements reçoivent dans leur combat contre les citoyens des renforts inattendus, des renforts de gens qui, normalement, devraient être de l’autre côté de la barrière. On a dégouté les gens de bonne volonté de l’Etat Providence et de ses excès, ce qui donne les mains libres pour l’attaquer. Au lieu de se laisser berner, les citoyens devraient exiger, d’abord et avant tout, une réforme complète de l’Etat Providence, avant même la réforme fiscale. Une réforme qui supprime son côté clientéliste. Car il est logique et sain de réformer la dépense avant de réformer la recette.
Le combat est politique, car après un bon diagnostic, il faut des vrais remèdes, des vraies solutions, pas des cataplasmes attrape-nigauds qui aggravent les maux et multiplient les spoliations. Il faut poser que les créanciers, les usuriers ne feront pas leur plein, il faut mettre en route l’étude d’un grand Jubilé des dettes. Préparer la mise temporaire sous tutelle des banques et de leurs réseaux.
Il faut changer radicalement de politique européenne, abandonner la solidarité, les aides, pour maintenir en vie ce qui est condamné. Il faut une politique vigoureuse de lutte contre la contagion au lieu d’organiser cette contagion comme on le fait maintenant.
L’Espagne est un pays du «core», elle l’était encore il y a quelques semaines. On ne peut à ce stade sauver l’Espagne, pas plus que la Grèce. Le bail out des banques espagnoles, des provinces espagnoles, du souverain espagnol, tout n’est déjà plus à la portée de l’Allemagne, encore moins de la France et évidemment pas à la portée de l’Italie qui carillonne a la porte de l’hôpital financier.
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Il faut avoir le courage de le voir, de le dire, de l’expliquer, et garder les ressources, non pour faire le plein des usuriers, mais pour reconstruire. Pour aider ces pays à se relever. C’est l’inverse de l’égoïsme. Il s’agit d’être en mesure de les aider une fois que la purge opérée. Et c’est pour cela que nous défendons le fond d’épargne. Au lieu de l’attaquer, de le diminuer, il faut le protéger, on en aura besoin. On en aura besoin partout, pour reconstruire sur la base d’un système de liberté et pour échapper à ce à quoi ils nous destinent, un infâme système d’asservissement et de contrôle.
Les dettes irrécouvrables en Europe représentent des multiples des PIB européens. Il faut oser le dire. Tout comme il faut oser dire que le problème n’est pas seulement le stock de dettes, mais la gigantesque pyramide que l’on a construit sur ces dettes à la fois par le «fractional banking», par le marché des «repos», par le soi-disant «hedges» que sont les dérivés, par la multiplication des billets de loterie que le système klepto a mis en place pour augmenter ses prélèvements. Le problème est un multiple des dettes apparentes, un multiple des GDP, un multiple des patrimoines, à cause de l’effet multiplicateur de la chaine de spéculation financière.


Quand vous traitez un problème, quand vous bouchez un trou, il en ressort de partout, voilà la réalité. Et c’est une réalité que l’on observe depuis deux ans. On commence avec des dizaines de milliards et on arrive, on arrivera bientôt, à des trillions.
Les pays du «core» européen ont perdu leur pucelage de rating, tous sauf la Finlande.
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C’est un sérieux avertissement alors que l’on n’est qu’au début du chemin de la catastrophe. On attaque seulement l’Espagne, on en est au début de la découverte de ce qu’il y a sous les tapis espagnols.
Souvenez-vous de la Grèce, en peu de temps, les chiffres ont été multipliés par dix.
Le gigantesque incendie espagnol, incendie réel, est une sorte d’allégorie, un symbole du risque financier. Au lieu d’organiser la contagion, la propagation, il faut faire comme l’ont fait les pompiers, couper, trancher, isoler. Au lieu d’aider par la fausse solidarité, il faut lucidement accepter de se couper un bras pour conserver le reste et se retrouver en position d’aider par la suite. Il faut changer de politique, il faut que la pression des peuples sur les gouvernements s’exerce en ce sens. Il faut que les peuples ouvrent les yeux et cessent de tomber dans les pièges qu’on leur tend, au nom de fausses générosités qui ne servent qu’à faire le plein des usuriers et de leur clique de complices.

La crise européenne est devenue irréversible.

Les remèdes n’en sont pas, ils aggravent le mal et favorisent sa propagation. On ne sort pas de la dette par la dette, on ne sort pas de l’appauvrissement et de l’insolvabilité par l’austérité et le ralentissement de la production de richesses. On ne sort pas de la dette par la mise au chômage des producteurs.

Le rôle primordial des taux d’intérêt

Le nœud de l’affaire, le point central, celui autour duquel tout s’organise, ce sont les taux d’intérêt. C’est par là que l’on a ingurgité le mal, le poison, c’est par là que l’on périra.
La crise des pestiférés européens devrait pourtant ouvrir les yeux.
La crise se manifeste par le fait qu’ils ne peuvent plus se refinancer, on ne leur accorde plus les taux d’intérêt qui sont accordés aux autres; ah, notre naïf européen qui, il y a peu, s’étonnait que tous les pays dans une même zone monétaire ne bénéficiaient pas des mêmes taux bas! 
Eh oui, le mode de manifestation de la crise, c’est cela, le niveau des taux auquel les souverains peuvent ou ne peuvent pas se refinancer.
Pourquoi ils ne peuvent pas se refinancer?
Parce que l’on ne leur fait plus confiance sur leur possibilité d’assurer le service et le remboursement de leur dette.
Les pestiférés sortent du marché de la dette, ils sont é-vin-cés.
Dans le processus de traitement/aggravation de la crise par les gouvernements décrit ci-dessus, le nombre de pestiférés est condamné à croitre et leur ardoise est condamnée à grossir. Contagion par la solidarité, contagion par l’austérité.
Déjà l’FESF (Fonds européen de stabilité financière) vient d’être mis sous surveillance négative !
Au fil des jours, le nombre de pays qui vont être évincés du marché va progresser. Les taux moyens européens vont s’élever, malgré le mouvement artificiel de fuite vers les apparents refuges du «core», malgré la manipulation des taux par la BCE, malgré la dégradation du bilan de la BCE, malgré l’augmentation colossale de la transformation court/long dans le système. Malgré l’ancrage artificiel des taux mondiaux près de zéro par la Fed américaine.
La hausse des taux moyens européens va dépasser les limites des possibilités budgétaires des différents pays, les ratios de dettes ne pourront plus être stabilisés. On aura épuisé les bénéfices de la mutualisation. Il faudra se tourner vers le dernier recours, la monétisation, le printing de fausse monnaie par la Banque Centrale, la BCE. La monétisation produira une amélioration passagère, on croira que c’est la solution. Hélas, l’amélioration sera de courte durée, le chômage ne se réduira pas, la confiance se dégradera à nouveau. Le dernier rempart vacillera.
La confiance dans la BCE, c’est à dire dans l’euro, chutera, les taux d’intérêt monteront. Ils monteront sous l’effet d’une sorte de prime incorporée pour tenir compte de la dépréciation de la monnaie. Face à la hausse des taux, la BCE n’aura aucun autre choix que de «printer» encore plus, ce qui fera monter les taux, ce qui fera chuter l’euro. La folle spirale sera lancée. Celle qui inverse tous les phénomènes économiques et financiers. Les taux cesseront d’être le prix de l’argent, mais à l’inverse, le prix qu’il faut payer aux détenteurs de monnaie pour qu’ils acceptent de la conserver, les prix cesseront d’être des prix des marchandises, ce seront des baromètres de la dépréciation monétaire, etc.





Hollande et Monti se rencontrent pour faire un rêve

Rencontre au sommet franco-italienne : Mario Monti et François Hollande rêvent d'une sortie de crise grâce à une augmentation massive du MES, autorisant la BCE à refinancer sans limite.
Mario Monti a rencontré François Hollande mardi, et cela nous apporte un nouveau joyau de promesse de sauvetage de l'euro. Et en effet, Mario Monti avait déjà commencé à faire mousser les choses à l'avance, nous expliquant qu'au bout du fameux tunnel "on commence à percevoir la lumière".
Mais, en fait, ça ne peut être que la lumière d'un train qui vient dans l'autre sens, car aucune personne saine d'esprit n'a le moindre soupçon de doute que la crise de l'euro va en s'intensifiant. Et, comme mesure de son intensité, on nous dit que la France et l'Italie planifient une augmentation massive du MES, autorisant la BCE à refinancer sans limite.
On ne peut que supposer que ces deux chefs ont fini par perdre le Nord, ce qui a provoqué un grincement de protestation de Jürgen Stark, ancien économiste en chef de la BCE, qui voit là une violation claire de la loi européenne.
Ça signifierait, dit-il, que les États seraient financés indirectement par la banque centrale européenne, et il ajoute : "nous sommes déjà en train de tirer sur la loi européenne à l'extrême, pour ne pas dire plus". Et maintenant, la communauté enfreint la loi. Tout ce qu'il manque, c'est un plaignant.
À part ça, comme nous ne cessons de le dire, rien ne peut se passer tant que Karlsruhe [la cour constitutionnelle allemande, NdT] n'a pas rendu son jugement en septembre, et que les allemands ne sont pas capable de ratifier le traité, s'ils le peuvent après. Les postures franco-italiennes sont donc typiques de la politique des fantasmes qui semble affliger les "collègues".
Mais là où l'on passe du sublime au ridicule, c'est quand le ministre des affaires étrangères luxembourgeois, Jean Asselborn, endosse le rôle d'avertir l'Allemagne contre "l'isolation en Europe".
Le jeu qui se joue est si éloigné de la réalité qu'on en reste sans voix. Ceci ne peut que faire partie d'un effort continu pour garder le couvercle sur les marchés, jusqu'à ce que tout le monde soit de retour en septembre. Jusqu'ici, les marchés ne se font pas prier, et semblent jouer le jeu de cette fiction. Mais l'addition ne peut plus être très loin.

Pourris 


Trop payés ! Tous pourris ! L’éternel cri de ralliement des adversaires de la démocratie a trouvé une bonne raison d’être à nouveau lancé : l’élection présidentielle a coûté cher. François Hollande a dépensé près de 22 millions d’euros pour devenir Président, et Nicolas Sarkozy 21 millions pour passer ex-Président. Nathalie Arthaud, la candidate des travailleuses, travailleurs, a claqué une patate pour moins de 1 % des suffrages… Chère, très chère démocratie, qui met la présidentielle à 74 millions d’euros. Ceci dit, on se souvient que l’escogriffe suédois embauché à Paris pour taper dans un ballon coûtera, tout compris, plus de 80 millions à ses patrons qataris. On ne va pas contester ici l’importance géopolitique du football, ni sa contribution à la lutte contre la pauvreté, mais enfin, Trop payés ! Tous pourris ! sonnerait plus juste au Parc des Princes que devant le Palais du Président.

Une question de respect 


C’est un petit reportage, réalisé avec une caméra cachée, qui tourne en ce moment sur internet. On y voit une jeune femme se promenant dans la rue, robe d’été au niveau du genou, bottines, rien de bien provoquant. Et puis le ballet des lourdingues qui accompagnent ses pas, qui se frottent, qui insistent. Ces «chienne», «salope», «viens, on va à l’hôtel» lâchés comme des crachats, infligés comme des brûlures. Comme si cela ne représentait rien, comme si les mots ne mordaient pas.
La scène se passe à Bruxelles, elle pourrait se dérouler ici. Elle illustre parfaitement l’ampleur d’un phénomène depuis trop longtemps accepté par la société. Et encore aggravé par les films pornos désormais en libre accès qui font l’éducation sexuelle de toute une génération pour qui la femme n’est plus qu’un objet.
Car il faut être une femme pour avoir conscience de cette réalité-là. Pour connaître et supporter cette pression parfois doucereuse, parfois brutale qui s’exerce de façon inégale – ne généralisons pas – aussi bien au bureau qu’à l’école, dans la rue que dans les transports publics. Jusque dans les travées de l’Assemblée nationale où la robe de Cécile Duflot provoqua récemment d’imbéciles sifflets. Ce ne sont pas des situations comparables ? L’esprit est le même.
Souvent nié ou tourné en dérision par les hommes qui ne voient là qu’innocente grivoiserie, ce harcèlement peut miner des vies, mener à la dépression, au suicide parfois. Le mal est bien plus profond qu’on ne l’imagine.
En comblant avec une rare unanimité le vide juridique qui existait depuis début mai, et en améliorant sensiblement la précédente loi, les sénateurs et sénatrices ont œuvré dans l’intérêt des victimes. Et aussi pour la dignité humaine, car c’est bien de cela qu’il s’agit.
Ce texte n’interdit pas d’être amoureux de sa ou de son collègue de travail, il n’interdit pas de séduire ni même de draguer maladroitement. Il ne condamne pas non plus les compliments et encore moins les émotions. Il dit simplement que par-dessus tout, il y a le respect de l’autre.

Étrange quiétude 


En 2007, après son élection, Nicolas Sarkozy avait fait adopter la loi Tepa (pour travail, emploi et pouvoir d’achat), durant l’été. Ce « paquet fiscal » vient d’être vidé, en grande partie, par un collectif budgétaire qui, au lendemain d’un changement de majorité, est toujours plus qu’un correctif, un véritable marqueur.
Outre sa volonté de défaire le dispositif de la droite, la gauche va augmenter les impôts de 7,2 milliards d’euros. Contraste saisissant avec 1981, François Mitterrand ayant commencé par un train de dépenses avant de prendre le virage de la rigueur.
François Hollande, élu en partie sur ces promesses, a certes annoncé des mesures coûteuses (embauches dans l’Éducation nationale, contrats de génération), mais la situation de notre pays l’oblige d’emblée à serrer la vis, et ce n’est qu’un début, avant la loi de Finances 2013. Mais la mère des réformes, censée redonner des marges de manœuvre budgétaire à notre pays, est programmée pour l’année prochaine.
Par tempérament, et parce que le pays avait besoin d’un climat moins électrique, le président élu en mai se refuse, jusqu’ici, à toute offensive spectaculaire, sur le terrain diplomatique ou celui des réformes sociétales, aussi bien que dans le domaine de la fiscalité. Un mode qui lui a permis d’installer sa légitimité en douceur.
L’étape initiale du mandat vient de prendre fin, et il est donc possible d’en esquisser un début de bilan. La réussite est réelle, mais sans éclat, ni au sens positif – pas de vague inutile – ni au sens plus terne : là réside l’ambiguïté. On est loin de la « force tranquille », façon mitterrandienne, encore plus loin de la « rupture » dont Nicolas Sarkozy fut le chantre. Nous voici dans une quiétude étrange, jusqu’à engendrer une forme d’inquiétude, tellement les défis sont nombreux. Le premier, sur le plan économique, étant de restaurer la compétitivité du site France, sans laquelle le chômage restera un fléau national. Le gouvernement tente de préparer les esprits – ce fut notamment l’objet du sommet social de juillet – mais la manière frontale est bannie. Un été perdu devant l’urgence, ou un été gagné par sa vertu pédagogique ? Réponse, encore prématurée, mais dont dépend tout le quinquennat.

Face à la morale laïque : le sophisme de Baubérot


Alors que le cardinal Vingt-Trois vient de publier sa proposition d’une prière nationale pour l’Assomption (renouant avec la geste de notre principale fête patronale : voir l’article d’Olivier Figueras en page 2), le ministre de l’Education nationale Vincent Peillon a annoncé aux parlementaires (le 11 juillet) la mise en place d’une mission sur « la morale laïque » dès la rentrée scolaire. Son objectif sera de travailler « sur la conception que nous devons diffuser d’une laïcité qui ne peut être la simple tolérance, l’indifférence ou la neutralité », a déclaré le ministre.
A cette occasion La Croix du 30 juillet a posé au sociologue Jean Baubérot, expert ès laïcités, la question suivante : « La morale laïque exclut-elle par principe toute valeur religieuse ? » Je ne sais comment le spécialiste catholique de la laïcité, Emile Poulat, a reçu sa réponse, mais elle rend compte remarquablement de l’air ambiant vicié, respiré aujourd’hui jusque chez certains de nos évêques :
« Dans les discussions menées pour définir cette morale, les différents participants tiennent toujours compte de leur propre croyance. Et les individus et les groupes, quelles que soient leurs croyances, sont toujours libres d’exprimer leur opinion. En outre, la morale laïque laisse de la place pour des valeurs religieuses. La loi sur l’avortement adoptée en 1975 en est l’exemple type. Elle sépare la loi civile de certaines normes religieuses, mais elle ne contraint pas. Les femmes sont libres d’opposer une objection de conscience. Cette solution peut répondre à des questions sur lesquelles existent de fortes dissensions au sein d’une société. Mais la morale laïque exclut le fait qu’un groupe, par exemple religieux, puisse imposer ses propres valeurs à l’ensemble de la société. »
Baubérot présuppose à tort que seules des raisons religieuses peuvent expliquer l’opposition à l’avortement ou à l’euthanasie comme l’opposition à l’ouverture du mariage aux personnes de même sexe : « Au XIXe siècle, le combat laïc a permis de rétablir le divorce, aujourd’hui, il s’incarne dans le droit au mariage entre personnes de même sexe », écrivait-il dans Libération du 29 mars 2011.
En invitant les catholiques à défendre la vérité du mariage et de la famille, avec des « arguments de la raison et du bon sens », au nom de l’empirisme organisateur ou de la loi (morale) naturelle (cf. l’article de Jean Madiran dans Présent du 22 juin) et non d’un ethos commun fabriqué d’équilibres douteux (cf. Sous le signe d’Antigone p. 95 et p. 202), le Cardinal Vingt-Trois lui a déjà répondu et bien répondu. Contrairement aux autres religions et à un certain idéalisme, le christianisme n’a jamais imposé à l’Etat et à la société un « droit révélé », mais « a, au contraire, renvoyé à la nature et à la raison comme vraies sources du droit », rappelle Benoît XVI.
Dans un livre paru ce mois-ci aux éditions Salvator intitulé Les lendemains du mariage gay, le philosophe Thibaud Collin fait un sort également à ce sophisme éculé qui prétend à la neutralité de l’Etat en déconnectant le juste du bien : « Le présupposé d’un tel raisonnement est que le principe de laïcité de l’Etat républicain doit se comprendre comme neutralité éthique, dans sa version procédurale… Baubérot “confessionnalise” toute référence à un bien humain substantiel, reprenant par là la conception procédurale de la démocratie développée par John Rawls. Pour celui-ci, une société pluraliste ne peut se déterminer que sur des règles formelles en renvoyant les convictions sur le bien – assimilée peu ou prou à des croyances religieuses – à la seule sphère privée… »
Le but malin de la « confessionnalisation » des vraies et bonnes objections est stratégiquement, par une praxis et un piège dialectiques, de les rendre inopérantes dans un cadre de laïcité. « L’éthique n’est pas le bien ou le mal, le vrai ou le faux. Et la question n’est pas de savoir qui a tort ou raison, où est le vrai et le faux… », expliquait Leonetti pendant les Etats généraux sur la bioéthique…
Le leurre de la neutralité
Pas plus que pour l’école laïque de Jules l’imposteur, la neutralité n’existe pas pour l’Etat républicain. Elle est un « mensonge », une « chimère » (Viviani), un leurre avoué par les laïcistes eux-mêmes pour mieux intégrer leurs adversaires dans leur propre Panthéon. Car le refus d’un choix est toujours un choix et le refus d’une métaphysique une idéologie. Le laïcisme est lui-même confessionnel : c’est un comportement « qui nous amène à rejeter les vérités révélées [et naturelles], à pratiquer un esprit de libre examen » (Bouchareissas), autrement dit le culte de l’homme, mesure du bien et du mal. C’est Peillon qui a raison : il ne peut « jamais » être la simple tolérance, l’indifférence ou la neutralité, « mais comporte des valeurs qui doivent être inculquées », a-t-il même martelé (ajoutant à la version officielle expurgée). La laïcité est fervente, militante : la foi laïque est la nouvelle religion d’Etat. Elle est celle d’un groupe a(nti)religieux qui impose ses propres valeurs à l’ensemble de la société envers et contre le bien commun temporel, jusqu’au « droit » à l’homicide prénatal ou euthanazique et au mariage dénaturé des paires homosexuelles…
En déniant aux catholiques et aux hommes de bonne volonté, sous prétexte d’une société pluraliste, le droit et le devoir de faire entrer la loi naturelle dans le droit positif, ce groupe belliqueux se rend coupable en outre d’un totalitarisme sournois, pratiquant précisément ce qu’il reproche à tort aux chrétiens : imposer sa morale (immorale) aux autres dans une misérable contrefaçon diabolique sous forme de culture de mort ! Le cri d’Antigone se prolonge aujourd’hui avec le cri de Rachel qui pleure ses enfants qui ne sont plus…

Ces fondateurs du politiquement correct français : Pierre Bourdieu

L’essor du relativisme, ce courant qui écrase tout système de valeur hiérarchique et qui asphyxie tout esprit critique depuis des années, doit certainement beaucoup à La distinction de Pierre Bourdieu.
Loin de moi l’idée de critiquer l’œuvre du sociologue, son travail méthodique force le respect et il faut d’ailleurs bien faire la différence entre Pierre Bourdieu le scientifique, confondant, et Pierre Bourdieu le militant, jusqu’au-boutiste… Ceci étant dit, il semble que le second se soit parfois invité dans le travail d’analyse et ait réussi à nuire à l’objectivité du premier.
C’est ce qui s’est produit, il me semble, dans La distinction, livre paru dans une période fortement marquée idéologiquement (fin des années 70) et qui a sans doute beaucoup aidé à couronner, légitimer et probablement prolonger des décennies de contre-culture (c’est-à-dire de culture anti-bourgeoise). L’idée incriminée dans cet ouvrage n’est pourtant que suggérée, évoquée indirectement, à force de critiques à peine larvées de la nature de la culture savante ou bourgeoise, faite de retenue, de « distanciation », de « rejet du directement assimilable et jouissif », et de valorisation à peine masquée de la culture populaire qui serait quant à elle « l’affirmation d’une continuité de l’art et de la vie », et plus admirable encore,  qui serait « le refus du refus » qui caractérise si bien la « culture savante ». Je résume en forçant à peine le trait :  les « doctes » et les « dominants » sont essentiellement exclusifs tandis que le peuple a un goût sans a priori.

Mais Pierre Bourdieu n’est jamais si proche de l’aveu que lorsqu’il cite les thèses opposées aux siennes, pour mieux avancer dans ses démonstrations. Ainsi en est-il de l’exemple qu’il donne pour montrer combien les heureux élus qui apprécient l’Art savant ou déclaré comme tel sont prêts à toutes les argumentations pour justifier leur système de valeur :
Et pour convaincre que l’imagination auto-légitimatrice des happy few n’a pas de limites, il faut encore citer ce texte récent de Suzanne Langer que l’on s’accorde pour considérer comme un des « world’s most influential philosophers » : – Autrefois les masses n’avaient pas accès à l’art : la musique, la peinture, et même les livres, étaient des plaisirs réservés aux gens riches. On pouvait supposer que les pauvres, le ‘vulgaire’ en auraient joui également, si la possibilité leur en avait été donnée. Mais aujourd’hui où chacun peut lire, visiter les musées, écouter de la grande musique, au moins à la radio, le jugement des masses sur ces choses est devenu une réalité, et à travers lui, il est devenu évident que le grand art n’est pas un plaisir direct des sens. Sans quoi, il flatterait – comme les gâteaux ou les cocktails – aussi bien le goût sans éducation que le goût cultivé. (p 32, Éditions de Minuit)
Cette citation politiquement très incorrecte, et introduite avec ironie par Pierre Bourdieu au dépens de son auteur, citation avec laquelle il est de toute évidence en parfaite opposition, laisse entrevoir une partie du refoulé : le système de valeur dominant est un système essentiellement arbitraire, construit non pas sur un apprentissage objectif de techniques objectives d’appréciation d’un beau la plupart du temps objectif, mais sur une partition de territoires sociaux purement fortuite et sur la défense acharnée de cette partition.

Même si le sociologue ne l’admet jamais clairement, La distinction laisse transparaître en filigrane comme une préférence pour le goût populaire, qui est décrit avec une sorte de déférence voire d’admiration latente, tandis que le goût bourgeois n’est la plupart du temps présenté que comme celui des classes dominantes, comme s’il n’était qu’un territoire sociologiquement imposé par la force, et naturellement jamais justifié par une quelconque échelle universelle du goût nécessitant un minimum d’apprentissage. Cet apprentissage est cependant reconnu par le sociologue, mais il semble l’entacher d’inégalitarisme, de favoritisme, comme si la faute que ce sésame existe en incombe aux classes dominantes, coupables qu’elles sont d’avoir su dominer même dans l’univers sensible du goût ! Pourquoi dans ce cas ne pas reprocher aux classes dominantes de dominer ? Il est d’ailleurs amusant de constater qu’entre les classes populaires et les classes dominantes, se trouve une petite bourgeoisie dont le portrait que dresse le sociologue est sans doute le plus péjoratif : cette catégorie dépenserait beaucoup d’énergie à acquérir le goût dominant, elle en ferait même trop. Comme si, au lieu de respecter le goût populaire, elle l’abandonnait comme un traitre quitte ses origines pour trouver mieux…
Lorsque j’étais étudiant dans les années 70-80, je me demandais pourquoi le goût classique/dominant/bourgeois était si décrié au point qu’une sorte de contre-culture du laid, du facile ou du provocateur se soit épanoui aussi bien. À cette époque, je me demandais également pourquoi, dans la noosphère des sciences humaines, « petit bourgeois » était devenu très péjoratif alors que traiter quelqu’un de « prolétaire » n’était pas de rigueur. Récemment, à la lecture de La distinction, j’ai tout de suite pensé avoir trouvé si ce n’est l’origine de ces  inclinations tout au moins leur officialisation et leur institutionnalisation. L’essor du relativisme, ce courant qui écrase tout système de valeur hiérarchique et qui asphyxie tout esprit critique depuis des années, doit certainement beaucoup à cet ouvrage.