TOUT EST DIT

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ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

jeudi 26 juillet 2012

Pas de miracle 


Ceux qui croyaient au miracle devront se résigner. Arnaud Montebourg, père fouettard de la famille Peugeot, ne s’est pas transformé en Père Noël de l’automobile française. Son plan auto ne résoudra pas d’un coup de baguette magique la grave crise du secteur.
Commençons par saluer ce qui n’y figure pas : il n’y aura pas de nouvelle prime à la casse, ce qui est une bonne chose. La précédente mesure de ce genre a coûté très cher, avec deux effets pervers qui se sont révélés totalement contre-productifs : elle a profité surtout aux petits modèles, très massivement construits à l’étranger ; et comme elle a fait vendre beaucoup de petites cylindrées, elle a incité les constructeurs français à se pelotonner dans le bas et le moyen de gamme. Il est facile d’accuser Peugeot d’avoir commis des erreurs stratégiques : voilà des décennies que la politique gouvernementale pousse à l’erreur. Cette prime à la casse n’était pas la première…
Favoriser l’innovation et donner un coup de pouce aux véhicules électriques et hybrides est plus malin que de distribuer indifféremment des bons d’achat aux consommateurs. Il faut cependant être conscient que l’effet sera marginal. La voiture électrique en est à ses tout débuts, ce n’est pas avec elle que Renault et PSA retrouveront leurs volumes perdus. Surtout si Renault s’emmêle les pédales, comme hier, en annonçant, puis en démentant un retard dans la mise en circulation de Zoé, le fer de lance de son offensive commerciale dans la voiture propre.
Le principal mérite du plan est finalement d’explorer des pistes autres que le sentier de la guerre emprunté la semaine dernière par le ministre du Redressement productif contre Peugeot. Le dossier des 8000 suppressions d’emplois chez PSA et de la fermeture de l’usine d’Aulnay n’est pas clos, mais au moins Arnaud Montebourg met-il sur la table quelques arguments autres que les invectives, les soupçons et les accusations dont il a abreuvé PSA pendant une bonne semaine. Par la voix du ministre du Travail, Michel Sapin, le gouvernement parle désormais d’« accompagner les négociations » sur le plan social « pour ne laisser aucun salarié au bord du chemin ». C’est flou à souhait, ça ne mange pas de pain, et surtout, cela n’empêchera pas Peugeot de réaliser son plan d’économies. Tant de vitupérations pour en arriver là…

NE NOUS TROMPONS PAS, LE RHÉTEUR DE BISTROT ( comme le nomme si bien Jean Cochet de "Présent"), LEURRE LES MEDIAS PENDANT QUE SES COMPAGNONS SOCIALISTES FONT LES POCHES DES FRANÇAIS.

Merci


Travailler à Valeurs actuelles est un luxe : celui de s’adonner chaque semaine au journalisme d’idées. Beaucoup de médias racontent le monde mais seuls un petit nombre portent en eux-mêmes une vision du monde qui les rend singuliers.
À la tête du journal pendant six ans, j’ai eu le bonheur de contribuer à faire vivre cette singularité. Ce ne fut pas très difficile, tant ce magazine est depuis sa création un extraordinaire espace de liberté. On y a le respect des faits mais le goût du débat, assez assurés de nos convictions pour ne pas avoir peur de les confronter, dans nos colonnes comme sur les plateaux de télévision.
Valeurs actuelles va avoir fort à faire dans les temps agités qui s’annoncent : il faudra rappeler à une nouvelle majorité aveuglée par ses promesses le sens du bien commun tout en aidant la droite à retrouver ses marques. Nos lecteurs l’attendent. Au moment de partir, j’aimerais leur exprimer ici ma gratitude, en particulier à ceux qui m’ont fait part de leurs suggestions et de leurs critiques. Je me suis toujours efforcé d’en tenir compte, même si j’oubliais parfois de leur répondre. Plus qu’un journal, Valeurs actuelles est une communauté. S’il rencontre aujourd’hui le succès qu’il mérite, c’est à ses lecteurs, c’est à vous qu’il le doit.

Un plan auto pour limiter la casse
Le partage des rôles arrange tout le monde. Tandis que PSA dévoilait ses pertes, le gouvernement annonçait son plan de soutien à la filière automobile. Un retour sur terre pour l'exécutif, aux prises avec son premier dossier explosif, doublé d'un moment de vérité après qu'il eut douté de l'ampleur des difficultés du constructeur et incriminé la famille Peugeot. À l'évidence, l'heure est au pragmatisme. Le plan Montebourg utilise des recettes classiques. Bâti dans l'urgence - nul ne pourra lui en faire reproche -, il ne reflète pas de véritable ambition industrielle et vise à montrer que si l'État ne peut pas tout, il peut agir. Las, il se mobilisera dans la limite de ses moyens, ou de son impécuniosité. Le renforcement des bonus écologiques pour les voitures électriques ou hybrides en forme le socle. L'idée de taxer davantage les voitures les plus polluantes est vertueuse mais les contraintes budgétaires et le marché encore balbutiant ne permettront pas d'enrayer la spirale du déclin dans l'immédiat. La voiture verte et populaire tient du pari sur l'avenir. D'autant qu'elle n'est pas la moins coûteuse et connaît parfois des retards à l'allumage : Renault a ajourné hier le lancement de la voiture électrique Zoé ! Bienvenue, l'incitation profitera à Renault et PSA, mais aussi à... Toyota, le roi de la voiture hybride. De même la décision d'équiper le parc de l'État de « made in France » fera consensus. Ce plan anticrise risque au final d'être perçu comme assez éloigné des espoirs levés par la gauche. Il sera jugé en outre à la capacité du gouvernement d'arracher des contreparties à PSA. Car la problématique d'Aulnay reste inchangée.

Clauses abusives d’assurance-emprunteur : le scandale qui pourrait faire couler les banques françaises

Selon une décision du Conseil d’État donnant raison à l'UFC Que choisir, les banques devront reverser 16 milliards de surprimes aux clients qui ont souscrit des assurances emprunteurs. En pleine crise bancaire, l'empressement du Conseil d’État aurait-il un lien avec les poursuites judiciaires engagées contre Xavier Musca ?
Coup de tonnerre dans le paysage bancaire français : lundi 23 juillet, le Conseil d’Etat a donné raison à l’association «UFC Que choisir?» dans son recours contre la réglementation en vigueur dans le domaine de l’assurance emprunteur. Cette décision capitale et assez inattendue permet à tous les emprunteurs de France et de Navarre de réclamer à leurs banques les surfacturations pratiquées par celle-ci avant 2007 dans leur contrat d’assurance-vie contracté à l’occasion d’un emprunt. Une peccadille de 15 milliards d’euros au moins.
C’est un dossier technique que le Conseil d’Etat a tranché avec fracas lundi dernier : celui de l’assurance-emprunteur. Sujet opaque pour les clients, l’assurance emprunteur est en vérité une formidable mine d’or pour les banques.
En effet, lorsqu’un client emprunte de l’argent, il est généralement obligé de contracter une assurance-emprunteur, qui rembourse le crédit à sa place en cas de décès. Ce marché s’élèverait à environ 8 milliards d’euros annuels en France.
Dans la mesure où le coût de l’assurance est très faible par rapport au remboursement principal du crédit, les clients se posent rarement la question de son montant et de sa facturation. C’est de cette manière que les banques sont accusées, notamment par UFC Que choisir, d’avoir surfacturé illégalement le coût des contrats à leurs clients. Cette surfacturation était parfois de 100%. Autrement dit, là où l’assurance devait coûter 50 euros mensuels, elle était facturée 100 euros.
Pour parvenir à ce petit montage fructueux, les banques ont bénéficié d’une discrète bénédiction donnée par Pierre Bérégovoy en 1984. Celui-ci avait pris un arrêté qui dérogeait à la loi théoriquement applicable aux assurances emprunteurs. Cataloguées dans l’espèce «assurance-vie», l’assurance emprunteur obéissait à un principe simple : les bénéfices appartiennent aux assurés. Autrement dit, si le contrat dégage de l’argent, celui-ci est rendu aux clients.
En 1984, Bérégovoy a accordé aux banques le droit de garder pour elle (et pour l’assureur) le bénéfice des contrats emprunteurs. Ce qu’on appelle ouvrir la boîte de Pandore. En effet, jusqu’en 2010, les banquiers avaient la faculté d’imposer à leurs clients le contrat d’assurance de leur choix. Une méthode qui leur permettait de surfacturer allègrement une prestation qui ne pesait pas lourd dans l’addition finale du remboursement de prêt, mais qui rapportait gros.
Cette dérogation accordée par Pierre Bérégovoy était-elle légale? Le ministère des finances le soutenait. UFC le contestait. Le Conseil d’Etat a tranché en donnant raison à UFC. Et en ouvrant la possibilité d’obtenir remboursement des sommes illégalement perçues par les banques entre 1984 et 2007, date de remise en cause du petit arrangement de 1984.
Les observateurs noteront qu’il y a quand même une petite étrangeté dans ce dossier, qui pourrait se révéler être le scandale dans le scandale. La requête d’UFC semble avoir été enregistrée le 7 novembre 2011. Le Conseil d’Etat l’a examinée moins de huit mois après son introduction, ce qui est un délai record en matière de rapidité judiciaire. Et a condamné les banques françaises à une très lourde peine au beau milieu d’une tempête financière qui les met déjà lourdement à l’épreuve. Curieux...
Cet empressement inhabituel serait-il dû aux poursuites judiciaires qui sont engagées notamment contre Xavier Musca à la suite de manoeuvres douteuses en 2007, entre la direction du Trésor et le Conseil d’Etat sur le dossier des... assurances emprunteurs ?
En effet, une première requête examinée en 2007, et racontée dans La Collusion Infernale de Jacques de Baudus (éd. Jacob-Duvernet), a permis au Conseil d’Etat de protéger les banques, probablement en violant le secret du délibéré. Le Conseil aurait en effet secrètement enjoint à la direction du Trésor, assumée à l’époque par Xavier Musca, de changer en urgence la réglementation de 1984 pour éviter de prendre, dès 2007, la décision finalement prise lundi. En somme, le Conseil d’Etat aurait donné 5 ans de répit aux banques avant de devoir rembourser.
Cette possible manipulation de 2007 vaut quand même une enquête préliminaire du parquet de Paris contre Xavier Musca, accusé de corruption, et contre divers fonctionnaires de Bercy. Si l’on ajoute que l’un des principaux pourvoyeurs d’assurance emprunteur est... le Crédit Agricole, on mesure la fragilité du reclassement professionnel de l’ex-secrétaire général de l’Elysée.


Plan de soutien à l'automobile : un échec annoncé

Le gouvernement a annoncé hier un plan de soutien au secteur automobile, un plan qui est à l'image des débuts de la présidence de François Hollande : de l'idéologie pure et dure. Un plan qui est aussi la promesse d'impôts supplémentaires et dont l'efficacité paraît d'ores et déjà plus que douteuse.
Le gouvernement a annoncé hier, mercredi 25 juillet, un plan de soutien à la filière automobile. Un plan qui ne soutiendra pas forcément la filière en France, qui illustre la continuité de la politique économique en France, en recyclant de vielles recettes, et en refusant toute remise en question.
Ce plan propose d'augmenter les "bonus" pour les véhicules émettant du de gaz carbonique. En particulier les véhicules électriques et hybrides. Mais il y aura aussi une augmentation des "bonus" pour les véhicules thermiques faiblement émetteurs de gaz carbonique. Les "malus" appliqués aux véhicules fortement émetteurs de gaz carbonique seront par contre augmentés. Sans que "bonus" et "malus" s'équilibrent, puisque le coût évoqué de ces mesures s'élèvent à 490 millions d'euros. Et ce n'est qu'une évaluation.
Des crédits de la banque publique OSEO, ainsi que des fonds du grand emprunt, et des crédits de la BEI, seront utilisés pour le financement de bornes de rechargement des batteries. 25% des commandes publiques de véhicules seront par ailleurs consacrées à l'achat de véhicules électriques.
Des fonds, issus du grand emprunt et d'OSEO, seront également destinés aux besoins de refinancement et de liquidités des PME du secteur. Des fonds d'un programme "d'investissements d'avenir" seront destinés à la filière, tandis que le crédit impôt recherche sera pérennisé. «Un institut de recherche technologique dédié à l'automobile sera lancé avant fin 2012» précise le communiqué du gouvernement selon Le Figaro.fr .
Enfin, le site Challenges.fr annonce l'ouverture d'un "chantier social", mi septembre, "de négociation des branches de la filière automobile sur "l'adaptation de l'outil automobile en France" afin de produire la voiture "verte et populaire", qui est au cœur du plan du gouvernement".
Quels sont les effets prévisibles de ce plan ? Le leader des véhicules hybrides est Toyota, avec des véhicules fabriqués au Japon. La technologie hybride est adaptée au haut de gamme, car elle réduit la consommation des gros véhicules. Peugeot y est présent avec quelques véhicules hybrides diesel.
Peugeot et Citroën vendent également une voiture électrique, fabriquée par Mitsubishi au Japon. Renault vient d'annoncer un retard dans le lancement de sa Zoé électrique.
Les véhicules thermiques faiblement émetteurs de gaz carboniques sont de petites voitures, du fait de leur légèreté. Elles sont rarement fabriquées en France. Peugeot et Renault en fabriquent en Europe de l'Est. Volkswagen fabrique sa Up au Brésil, et les Polo en Espagne.
Bref, comme pour les sarkozette, la hollandette profitera largement à d'autres pays que la France. La soutien aux véhicules hybrides profitera à ceux qui ont les moyens de les acheter. Il faudra financer l'augmentation du "bonus", ce qui provoquera une hausse des impôts et donc une baisse de la consommation dans d'autres secteurs, ou encore, une baisse de l'investissement. Surtout si la collectivité prend en charge la mise en place de bornes de rechargement. Enfin, même l'intérêt écologique est douteux. Il faut produire des batteries, c'est-à-dire extraire des minerais, de manière souvent polluante et destructrice de l'environnement.
Ce plan est à l'image des débuts de la présidence de François Hollande. De l'idéologie, pure et dure. Pas de pragmatisme. François Hollande est ainsi revenu à une conception comptable du travail, en supprimant la défiscalisation des heures supplémentaires. La mesure était bancale, certes, mais elle apportait de la souplesse dans le temps de travail. Le président Hollande est revenu à une conception prônant le rationnement du travail.
Le président Hollande pénalise également l'investissement dans les entreprises. Il augmente ainsi le taux de l'ISF. Un impôt qui a la particularité de taxer l'investissement, mais pas tout ce qui est considéré comme œuvre d'art ou objet de collection. Le précédent gouvernement avait ménagé des atténuations pour l'investissement. De même, l'investissement est pénalisé par une taxe de 3% sur les dividendes distribués.
Enfin, ce plan est la promesse d'impôt supplémentaire : il faudra bien financer le "bonus".
C'est l’État qui doit diriger les investissements, et les crédits. C'est l’État qui décide qu'il faut investir dans l'automobile, plutôt qu'ailleurs. L’État serait-il omniscient ? Saurait-il de manière infaillible où investir ? D'autre part, l'accent est mis sur le financement par crédit bancaire. Pourtant, les entreprises françaises n'ont-elles pas besoin de fonds propres ? Mais, dans la conjoncture actuelle, des fonds propres venant de l’État impécunieux, c'est difficile, et l’État ne souhaite pas d'investissement privé, en tout cas, avec l'augmentation de l'ISF, la taxe de 3%, et aussi l'impôt à 75%, il fait tout pour décourager l'investissement privé.
Dans la même veine, le crédit impôt recherche est une fierté française. Il est l'illustration du principe d'un impôt élevé sur les sociétés, assoupli par des réductions si la société va dans le sens des préconisations de l’État. Pourtant, malgré ce crédit d'impôt, la recherche privée ne décolle pas en France. Surtout, ce crédit d'impôt méconnaît la différence entre recherche et innovation. L'entreprise Xerox, aux États-Unis, est à l'origine de grandes avancées en matière de recherche, mais elles ont été mises en œuvre par d'autres, dont Apple. Mieux vaut un taux d'imposition bas, sans niche fiscale.
Ce plan est significatif de nos élites : elles ne comprennent que l'administration, mais pas l'économie. Nos élite sortent de l'ENA, où elles apprennent l'administration. Ou d'un grand corps d'ingénieurs, où elles apprennent un raisonnement mécanique. Ou d'une grande école de commerce, où elles apprennent la gestion. Tout doit procéder d'un plan, validé par le grand ordonnateur, ou le grand ingénieur. L'être humain n'est qu'un rouage. Nos élites ne comprennent pas le foisonnement humain qu'est l'économie. Elles refusent l'initiative humaine. Elle refuse l'idée que l'union des énergies, des initiatives de chacun puisse construire le monde. Tout doit procéder du sommet, d'un plan, et la base n'est qu'exécutrice.
Ces élites favorisent les grands groupes. Elles refusent le mouvement de renouvellement de l'économie. C'est l'initiative de personnes, d'hommes, de femmes, qui créent des entreprises, qui investissent après avoir fait fortune, qui renouvellent l'économie. C'est le principe de la Silicon Valley, du MIT. À des années lumières de la politique française, qui cherche à faire perdurer les grands groupes, sans les mettre en danger, alors que le danger pourrait les stimuler. Il faut noter d'ailleurs que Peugeot joue le jeu, n'ayant réclamé aucune aide, seulement plus de compétitivité. C'est Renault, par Carlos Tavarès, qui avait suggéré une aide de l’État.
Le plan comporte également quelques maladresses. Il fustige la Corée. Que la France utilise les recours offert par l'OMC pour défendre le libre échange n'a rien que de très normal. mais cette stigmatisation de la Corée est étonnante. Ce n'est pas le premier importateur de véhicule en France. Hyundai-Kia, le constructeur coréen, possède une base industrielle en Europe. Enfin, l'autre importateur de voiture coréenne est... Renault ! Avec le Koleos et la Latitude. L'alliance Renault Nissan venant d'annoncer la fabrication d'un nouveau véhicule en Corée d'ailleurs.
L'autre maladresse, c'est une campagne pour promouvoir le "made in France". Une telle campagne peut desservir grandement les entreprises françaises, en ancrant l'idée que la seule raison d'acheter leurs produits est qu'ils sont français. Ce qui insinue qu'ils n'ont aucune qualité intrinsèque. D'autre part, cette initiative pourrait entretenir un nationalisme malsain. La tentation est grande en temps de crise de faire porter la responsabilité sur l'étranger. Des mouvements sont prêts à en profiter. Ne les encourageons pas. La vrai fierté nationale, c'est de faire les efforts pour s'en sortir par soi-même.
Le gouvernement laisse un peu d'espoir cependant. Selon Le Figaro.fr, « des propositions pour la compétitivité seront faites dans le cadre de la mission Gallois et de la réforme du financement de la protection sociale. » Afin « d'adapter l'outil automobile, des négociations de branches auront lieu à la mi-septembre, a aussi annoncé Michel Sapin ce mercredi. Les partenaires sociaux seront encouragés à négocier «les adaptations nécessaires». » Cependant, ces mesures de compétitivités prendront vraisemblablement la forme d'une hausse de la CSG. Il est souvent souligné que l'Allemagne a augmenté sa TVA pour diminuer ses charges sociales. Sauf que la TVA allemande reste plus faible que la TVA française, après augmentation, et que l'Allemagne a aussi diminué sa dépense publique en pourcentage du PIB.
C'est aujourd'hui que PSA Peugeot Citroën a besoin d'un signe fort du gouvernement en faveur de la compétitivité. La société négocie avec les syndicats de son usine Sevelnord un accord de compétitivité pour produire des utilitaires Toyota. Certains syndicats n'y sont pas favorables. C'est pourtant grâce à de tels accords que les syndicats allemands ont soutenu l'industrie de leur pays. Et qu'est-ce que l’État a de mieux à offrir pour l'emploi ? Des emplois jeunes mal payés et sans avenir ? Pourquoi est-il correct d'être mal payé pour un emploi d’État sans avenir, et incorrect d'accepter des sacrifices pour un emploi pérenne au SMIC ?
La France a un grand potentiel. Qui doit être libéré. Il est temps de changer de politique, plutôt que de bégayer les mêmes mesures quels que soient les gouvernements. D'autant que ces mesures, étant inefficaces, n'évitent pas la casse sociale.

L'altruisme n'est pas moral

Il est parfaitement moral d’être généreux ou bienveillant, tant qu’on respecte la liberté d’autrui, conformément à notre devoir fondamental. Pour autant, l’altruisme n’est pas moral : l'on n'a pas le devoir d’aimer son prochain. Le principe altruiste n’est pas universel. L'homme est mu par le devoir de ne pas porter atteinte à autrui ; et non pas celui de lui prêter assistance.

Toute morale se pose comme un principe ou un ensemble de principes généraux pour guider l’action, auxquels on peut se référer en toutes circonstances. Dire qu’un acte est moral, c’est dire qu’il est conforme à un principe définissant comment je dois agir dans ma vie d’une façon générale. Le principe altruiste présidant à des actes de charité peut s’exprimer de la façon suivante : « fais du bien d’autrui ton bien propre, de ses intérêts propres ton intérêt personnel ». Ou encore : « sers à chaque fois que l’occasion t’en est donnée, et qu’il ne peut le faire par lui-même, les intérêts de ton prochain. »
Par définition, le principe altruiste, comme toute proposition morale, se veut être à lui-même sa propre fin. En cela, il s’immunise contre la critique, en prétendant qu’il n’a pas à se justifier. Difficile de ne pas culpabiliser quand on est un altruiste et qu’on ne prête pas assez assistance aux autres qu’on le devrait soi-disant ! En fait, l’altruisme est un faux devoir, il n’est pas moral. Il n’est pas en soi immoral d’être altruiste, mais on n’a pas à l’être. Il semble qu’une logique altruiste préside nécessairement à nos actes de générosité ou de bienveillance. En fait, il n’en est rien, et même, la générosité ou la bienveillance bien pensée excluent tout altruisme. Cela ne signifie pas que ce sont des actes égoïstes, mais ce ne sont pas pour autant des actes altruistes. Démonstration.
Tout d’abord, il est vrai qu’une proposition morale se reconnaît à ceci qu’elle est à elle-même sa propre fin. Mais elle est de surcroît universelle. « Étire-toi tous les matins » ou « n’écoute jamais de Mick Jagger » sont certes des propositions qui se suffisent à elles-mêmes. Mais en fait, on se rend compte qu’elles répondent à des préférences personnelles, qui ne regardent que moi : garder la forme physique ou rester dans son temps au lieu d’écouter des vieilleries. Si on retient un critère exclusivement formel – est-ce qu’une proposition est à elle-même sa propre fin – pour juger du caractère moral de telle proposition, alors tout et n’importe quoi peut être érigé en proposition morale. On ne peut pas déterminer si une proposition qui se veut morale est effectivement morale ; en d’autres termes, on perd ce qui fait la spécificité d’une vraie proposition morale par rapport à toute proposition qui est à elle-même sa propre fin.
Une vraie proposition morale doit renvoyer à une action, en laquelle tout un chacun peut reconnaître une fin en soi objective, indépendamment de ses valeurs personnelles, s’il en fait abstraction. Un acte moral est un acte objectivement moral : un acte qui doit être effectué pour lui-même, compte tenu de sa propre nature, et non compte tenu des préférences personnelles de l’agent. C’est en ce sens que la proposition exhortant à cet acte est une proposition universelle.
Or seul le fait de vivre sans empêcher autrui d’en faire de même, ou concrètement sans le contraindre physiquement en sa propre vie, est un acte moral, méritant de faire l’objet d’une vraie proposition morale.
Une telle assertion vous paraîtra arbitraire ou hermétique si je ne fais pas un détour pour l’expliciter. Un homme est un animal rationnel. Cette définition anodine recouvre deux choses. En tant qu’animal, j’exerce une certaine puissance d’agir, que je cherche à préserver mais également à développer. Je ne choisis pas la nature de ma puissance. J’ai par exemple la faculté de jouer de la guitare, nager le crawl, préparer des sushis… Cependant, l’exercice de ma puissance n’est pas automatique, j’ai le choix d’agir ou de rester passif, de développer mes facultés ou de les laisser vierges, de les entretenir ou d’en perdre la pratique. Survivre signifie non seulement durer dans mon existence mais au sens fort, durer dans l’exercice de mon action. En tant qu’animal, je suis donc confronté à l’alternative suivante : agir ou cesser d’agir.
Notre rationalité, dont nous simplifierons la définition pour les besoins de la démonstration présente, consiste en notre pouvoir de fixer les buts de notre existence. En tant qu’animal précisément rationnel, j’ai donc le choix conscient d’agir ou cesser d’agir. C’est à dessein que je survis. Ma survie n’est pas un effort mécanique et aveugle, elle est volontaire et consciente d’elle-même. La survie, au sens fort, signifie donc, pour un animal rationnel comme pour tout être vivant, persévérer dans une existence accomplie, où sa puissance d’agir se déploie librement. Ce qu’on peut appeler, sans s’appesantir, le bonheur.
De ma nature d’animal rationnel, il découle donc deux choses : je suis un être rationnel, et partant autonome, et la préservation et l’enrichissement de l’exercice de ma puissance constitue le domaine d’application de ma rationalité. C’est donc violer ce à quoi me destine ma nature que de me contraindre physiquement en l’usage de ma rationalité pour effectuer tout ce que requiert la préservation de l’exercice de ma puissance. Pour le dire autrement, je tire de ma nature le droit à ne pas être contraint physiquement d’obéir à autrui.
À cet égard, notre rationalité joue deux rôles complémentaires : un rôle pratique, qui consiste à identifier et à faire ce que requiert notre survie. Un rôle moral, qui consiste à reconnaître que l’exercice de ma rationalité ou celui d’autrui ne peut être contraint physiquement : je dois laisser autrui exercer librement sa rationalité comme il doit me laisser exercer librement ma rationalité. En ce sens, ce que nous demandera un principe moral véritable, c’est de « ne pas empêcher autrui de vivre » ou de « ne pas contraindre autrui en l’usage de sa rationalité en vue de son accomplissement. »
Un altruiste, pourtant, ne l’entendra pas de cette façon : pour lui, l’assistance est un devoir. Pourquoi pense-t-il ainsi ? En fait, sa position procède d’un sentiment plus fondamental, propre à la plupart d’entre nous, selon lequel il serait désirable ou souhaitable que les autres, et pas seulement nous, puissent mener une vie heureuse, c’est-à-dire accomplie. Ce sentiment, qu’on peut qualifier de généreux ou bienveillant, nous pousse, par exemple, à céder notre place dans le bus. Entraîné par sa fièvre généreuse, l’altruiste pense qu’il a le devoir de servir ses semblables ; mais en fait, il est certes désirable que chacun atteigne ses fins propres, cela ne signifie pas que nous ayons le devoir de lui prêter main forte. Qu’il soit désirable que chacun puisse se payer des soins, ne signifie pas qu’il faille instaurer une assurance santé obligatoire. Qui nierait qu’il soit désirable que tout un chacun soit heureux en ce bas monde ? Pour autant, cela ne signifie pas que nous ayons le devoir de rendre heureux nos semblables.
Un altruiste commet une erreur logique. Il se focalise sur son instinct de bienveillance ou de générosité et oublie qu’il est, avec autrui, un animal rationnel. Nous avons vu que j’ai le devoir à l’égard d’autrui de le laisser libre d’user de sa rationalité pour s’accomplir. Un altruiste oublie ce devoir, il estime qu’il a le devoir de servir les autres et que les autres ont le devoir de le servir, ce qui signifie, en dernière instance, que les autres peuvent le contraindre à les servir et qu’il peut contraindre les autres à le servir. Par définition, un devoir est ce qui peut être légitimement appuyé par la force.
L’altruisme, en soi, n’est pas immoral mais il n’est pas moral pour autant
Gardez donc à l’esprit trois choses : tout d’abord, que le principe altruiste est certes à lui-même sa propre fin, mais qu’il n’est pas universel. En effet, j’ai objectivement le devoir de ne pas porter atteinte à un homme ; et non pas celui de lui prêter assistance. C’est une préférence personnelle qui me porte à prêter assistance à mon prochain, comme si c’était là un devoir objectif. Certains aiment la nourriture mexicaine ; d’autres aiment le devoir d’aimer leur prochain, un devoir qu’ils ont inventé pour leur propre compte mais qu’ils veulent objectif. En ce sens, l’altruisme n’est pas moral : je n’ai pas le devoir d’aimer mon prochain.
Mais nous pouvons de surcroît conclure sur le fait que l’altruisme devient tout bonnement immoral, pour peu qu’on en tire jusqu’au bout les implications. Objectivement, j’ai l’interdiction de forcer un homme à me rendre heureux. Mais l’altruisme, posant le devoir de servir le bonheur des autres, implique tout logiquement que je puis être contraint à faire ce que requiert le bonheur. Deux devoirs contradictoires ne sauraient objectivement cohabiter.
Enfin, il est parfaitement moral d’être généreux ou bienveillant, tant qu’on respecte la liberté d’autrui, conformément à notre devoir fondamental. Tant que je fais le bien des autres sans estimer que c’est là un devoir auquel je me plie et sans oublier la nature de mon vrai devoir à l’égard d’autrui, je suis bienveillant sans être altruiste et sans être immoral. Agir par pure bienveillance, c’est faire le bien des autres parce qu’on estime qu’il est désirable qu’ils soient heureux : et non pas, parce qu’on estime qu’on devrait les servir. La première conséquence d’une telle façon de voir les choses, c’est qu’on fera passer son bonheur à soi avant celui des autres. En d’autres terme, on ne sacrifiera pas pour les autres. On ne renoncera pas à quelque chose de cher à nos yeux pour faire le bonheur des autres.
Agir d’une façon altruiste impliquerait de renoncer à servir quelque chose qui est précieux à nos yeux, au nom de ce qui est précieux aux yeux d’autrui : si j’ai le devoir de servir autrui, j’ai en effet le devoir de me sacrifier, si nécessaire pour les fins d’autrui, sans discussion. C’est par exemple rester, par peur de lui briser le cœur, auprès d’une femme qu’on n’aime plus, au lieu de chercher un nouvel amour. Pour un médecin, fournir ses soins gratuitement, en oubliant la valeur de l’argent gagné, ce qu’il représente pour nourrir sa famille ou se donner les moyens de satisfaire les autres passions de sa vie.
Une deuxième conséquence, plus subtile mais complémentaire, est qu’une personne bienveillante rechignera à servir forcément gratuitement les fins des autres. Le plus souvent, elle servira les autres s’ils la servent en retour, principalement dans le cadre de relations marchandes, mais c’est seulement d’une façon occasionnelle, qu’elle les servira gratuitement. En fait, bien des actions que nous serions enclins à qualifier d’altruisme découlent du sentiment proprement bienveillant ou généreux selon lequel un individu peut de temps en temps servir gratuitement les fins des autres, mais de temps en temps seulement. Voilà pourquoi, le plus souvent, nous cédons notre place dans le bus. C’est un acte généreux qui ne représente pas grand chose, mais nous l’effectuons car nous estimons que les autres le valent bien. Qu’ils le valent bien, mais qu’ils ne valent pas plus.
L’altruisme, en soi, n’est pas immoral, il le devient si on en tire jusqu’au bout les implications. Mais là n’est pas la question. En soi, l’altruisme incarne un faux devoir, auquel personne n’a à se soumettre. Aucune raison de culpabiliser si on se montre généreux mais pas trop ; ou même, si on est un parfait égoïste. Anything goes !

L'arsenic, un poison qui guérit

Quoi de plus inquiétant que l'arsenic ? C'est pourtant grâce à ce poison qu'il est possible de guérir une forme rare de cancer du sang : la leucémie aiguë promyélocytaire. Derrière ce paradoxe, se trouve une étonnante aventure scientifique et humaine franco-chinoise, entachée cependant par le dépôt d'un brevet sur l'utilisation d'une substance millénaire qui rend extrêmement coûteux ce traitement si simple.Les Borgia, Marie Besnard ou, en littérature, Madame Bovary ont employé l'arsenic. Un poison plébiscité du fait de son efficacité doublée d'une absence totale de goût. Baptisé "poudre de succession" au XVIIe siècle, car il accélérait l'accès à un héritage, l'arsenic est présent dans la pharmacopée depuis l'Antiquité. Hippocrate l'employait quelque 400 ans avant notre ère pour soigner les ulcères cutanés. Depuis lors, Grecs et Chinois s'en sont servis pour traiter la syphilis, le cancer, la tuberculose, le paludisme...
A la fin du XIXe siècle, la liqueur de Fowler, solution d'arsenic dans du bicarbonate de potassium, occupe une place de choix comme tonique, une indication qui n'est plus réservée aujourd'hui qu'aux chevaux. L'arrivée des antibiotiques et des chimiothérapies détrôna l'arsenic médicament, mais il persista comme traitement de la maladie du sommeil, faute de mieux malgré des effets indésirables mortels.
L'arsenic fixe un résidu d'un acide aminé, appelé cystéine, en se liant au groupement thiol (formé d'un atome de soufre associé à un atome d'hydrogène) de cette molécule. Les groupements thiols sont présents dans la plupart des protéines, dont de très nombreuses enzymes. L'arsenic interfère ainsi avec de nombreux mécanismes biochimiques.
Il existe à l'état naturel, sous forme organique (lié à une molécule contenant des atomes de carbone) ou sous l'une des trois formes inorganiques : l'arsenic rouge (As4S4 ou réalgar), l'arsenic jaune (As2S3 ou orpiment) et arsenic blanc (As203 ou trioxyde d'arsenic). C'est sous cette dernière forme qu'il a commencé à être utilisé dans les années 1970 par des médecins de l'université d'Harbin, dans le nord-est de la Chine. Ils ont découvert qu'administré en solution, le trioxyde d'arsenic pouvait guérir une leucémie rare, la leucémie aiguë promyélocytaire (LAP). Plus des deux tiers des malades parvenaient à une rémission complète sur le plan clinique et 30 % des malades vivaient toujours dix ans après le diagnostic, un résultat spectaculaire.
La rencontre d'Hugues de Thé, directeur de recherche à l'Inserm/CNRS et à l'université Paris-Diderot (hôpital Saint-Louis, Paris), avec des chercheurs chinois va tout changer. "L'histoire récente de l'arsenic débute en 1994, avec des collègues chinois de la Seconde université de Shanghaï avec lesquels nous avions déjà beaucoup travaillé sur l'acide rétinoïque, utilisé lui aussi dans la leucémie aiguë promyélocytaire. En particulier Chen Zhu, devenu depuis ministre de la santé dans son pays, et son étudiant Jun Zhu. Ils se demandaient si les effets thérapeutiques de la préparation à l'arsenic, mise au point en Mandchourie selon les préceptes de la médecine traditionnelle chinoise et qui avait montré des effets miraculeux sur la LAP, pouvaient être liés à une contamination par un autre principe actif, mais avaient ensuite observé les mêmes effets avec de l'arsenic pur."
Chen Zhu, qui avait fait sa thèse à l'hôpital Saint-Louis et s'y sentait en confiance, envoie Jun Zhu, dans le service d'Hugues de Thé, avec des ampoules d'arsenic. "Nous nous sommes dit : cela guérit la leucémie ; nous allons essayer de comprendre comment cela marche, résume Hugues de Thé. Finalement, nous avons découvert que l'arsenic détruisait l'oncoprotéine appelée PML/RARA responsable de la maladie, et compris bien plus tard que cela provoquait l'élimination des cellules souches leucémiques. Nos collègues chinois ont fait le même constat." L'équipe française et l'équipe chinoise rendent compte de ces résultats dans une double publication en 1997.
Jun Zhu s'était montré très impliqué au sein de l'équipe d'Hugues de Thé. "Même durant les grèves de 1995, il mettait un point d'honneur à arriver à l'heure au laboratoire. J'ai été très heureux lorsque le CNRS l'a recruté", raconte le directeur de l'unité.
Il est maintenant retourné à l'hôpital Rui Jin de Shanghaï et a établi un laboratoire franco-chinois dans l'ancien hôpital des jésuites, où persiste une tradition française. "L'enseignement en français y a été maintenu et les personnels parlent notre langue de manière impeccable, souligne Hugues de Thé. Nous travaillons toujours avec nos collègues chinois, qui décortiquent particulièrement les effets biologiques et cellulaires de l'arsenic. De notre côté, nous étudions plus spécialement les mécanismes biochimiques d'action de l'arsenic sur PML/RARA."
Cette belle histoire prend un tour plus saumâtre lorsque des confrères américains déposent un brevet couvrant la découverte, ce que les chercheurs français et chinois n'avaient pas fait, s'agissant d'une substance connue depuis l'Antiquité. La revue Nature Medicine a raconté comment l'un des relecteurs de l'article de l'équipe de Chen Zhu, chercheur au Memorial Sloan-Kettering Cancer Center, à New York, s'est engouffré dans la brèche en créant la compagnie Genta, qui produit à son tour du trioxyde d'arsenic soluble et dépose, en 1998, un brevet sur sa formulation. Le brevet passe ensuite entre les mains d'une firme de Seattle, Cell Therapeutics, qui rachète Genta en 2000 pour 15 millions de dollars (près de 12 millions d'euros). Elle revendra le produit pour 70 millions de dollars à Cephalon, en 2005. Selon Cephalon, le brevet couvre l'usage clinique du trioxyde d'arsenic et non la substance elle-même.
"Nous sommes devant un scandale absolu, s'indigne Hugues de Thé. L'arsenic se trouve ainsi vendu non pas au prix correspondant à ce qu'a coûté la recherche, mais au prix d'un médicament qui guérit : de l'ordre de 50 000 dollars pour une cure complète, ce qui le rend inaccessible pour les malades de nombreux pays en développement." Le problème, explique-t-il, est que d'attaquer le brevet serait long et coûteux alors que la LAP est une maladie rare. "Il y a quelques années, des publications de chercheurs indiens et iraniens indiquaient que l'arsenic seul, sans combinaison avec l'acide rétinoïque, permettait l'obtention de rémissions chez la plupart des malades, affirme Hugues de Thé. Le traitement classique fait appel à l'association acide rétinoïque et chimiothérapie. Des collègues indiens l'appliquaient aux patients suffisamment riches pour pouvoir le payer et réservaient les préparations d'arsenic "maison" comme traitement de secours pour les malades plus démunis. Ils ont récemment publié leurs résultats : le traitement par l'arsenic seul guérit environ 70 % des malades, autant que le traitement classique !"
L'arsenic a fait l'objet d'essais cliniques dans beaucoup d'autres maladies que la LAP, sans résultats probants. Mais il réserve peut-être encore des surprises...

L'HISTOIRE NOUS A SOUVENT  FAIT DES SURPRISES, L'ARSENIC EST UNE ARME POLITIQUE.

Fleur Pellerin, neutralité du net et incompétence décontractée

La Femme est, vraiment, l'égale de l'Homme. Et c'est d'autant plus vrai qu'on n'hésite plus, de nos jours, à mettre une femme incompétente à un poste important. Ainsi, la ministre déléguée à l'économie numérique Fleur Pellerin incarne très bien pour ce gouvernement ce qui avait été vrai pour le précédent avec Christine Albanel ou Napthaline Kosciusko-Morizet, à savoir l'incompétence frétillante à un poste en vue de l'économie numérique.
Et pour donner un peu de substance à mon observation (si) misogyne voire machiste (allons-y, chargeons la barque, nous sommes entre nous), voici un peu de contexte qui permet d'apprécier l'ampleur de l'inaptitude de la dernière arrivée au poste charnière entre la Culture et l'Industrie. Lors d'une conférence à Montpellier ("Les Rencontres de Pétrarque"), une série de tables rondes et d’émissions de radio organisées par deux piliers du bon goût culturel français, à savoir France Culture et Le Monde, la ministre Fleur Pellerin, en poste depuis un peu plus de deux mois, s'est retrouvée dans la délicate position de devoir répondre à un sujet sur lequel elle n'avait pas préparé de petite fiche bristol.
Comme nous l'apprend Fabrice Epelboin dans un article détaillé sur Reflets.info, la conférence portait sur les rapports entre Internet et la démocratie. On pouvait donc logiquement s'attendre à des questions sur internet, sur la démocratie, et sur les rapports entre l'un et l'autre. Surprise totale, donc, lorsque l'animateur Emmanuel Laurentin (France Culture) introduit la neutralité des réseaux et en demande la définition à la ministre, ainsi que sa position. C'était complètement inattendu, puisque ce sujet parle d'internet et de la neutralité de traitement des données quels que soient la source, la destination et le contenu de ces données. On comprend que la pauvre ministre ait été prise complètement à revers. Et comme dans tous les cas où un politicien est en terrain vaseux, le double-salto arrière avec moulinets rhétoriques s'impose. La ministre s'en est sortie par une pirouette en donnant une définition à côté de la plaque puis en embrayant sur une position que je vous livre :
Tout cela n’est qu’un concept américain et qui a tendance à défendre les intérêts économiques de Google, Apple et consorts…
Patatras et badaboum ; ici on entend distinctement la cavalerie légère ministérielle qui se fait pilonner au canon de 105, ce n'est pas beau à voir et il y a de la bidoche partout. Tout comme Epelboin, on ne peut qu'être attentif à cette déclaration, qui bien qu'à côté de la plaque, s'aligne étrangement bien avec celle du CSA, justement appelé à fusionner avec le régulateur des télécoms, comme c'est commode.
Pour rappel et avant de poursuivre, rappelons que Fleur Pellerin, à la suite d'un parcours prestigieux saupoudré d'ENA, d'ESSEC et d'organisations internationales rigolotes comme l'ONU, a été nommée le 16 mai dernier comme ministre déléguée aux PME, à l'Innovation et à l'Économie numérique et non aux 
alcooliques anonymes
Anciens Combattants comme on aurait pu le croire aux bafouillages rhétoriques confus rapportés ci-dessus. Cette belle boulette exposée, je pourrais reprendre mot pour mot le commentaire d'Epelboin qui explique que tout ceci est
un ratage à la hauteur du Firewall openOffice de Christine Albanel, le genre de chose qui discrédite définitivement un politique aux yeux des spécialistes et d’une génération toute entière qui suit depuis des années les tourments de la loi Hadopi.

On se rappellera en effet la tranche de rigolade mémorable que nous avait offert la pauvre Albanel (le Capitaine Anéfé pour ceux qui connaissent) lorsqu'elle avait montré sa parfaite et compacte ignorance du sujet sur lequel elle entendait faire légiférer. À la lumière des boulettes précédentes des ministres en charge de ces questions finalement assez techniques sur internet et l'économie numérique, on comprend que le patouillage artistique de Pellerin va maintenant la suivre comme son ombre dans les prochains débats et lui sera rappelé avec insistance lorsqu'elle tentera, comme les autres avant elle, de promouvoir encore et encore la politique industrielle des petits copains et l'habituelle distribution de subvention camouflée en exception culturelle. Je passe pudiquement sur l'anti-américanisme idiot qui est devenu, en France, la marque de fabrique des socialistes décontractés, et je mettrai ça sur l'ignorance crasse du domaine plus que sur une intime conviction personnelle. Après tout, c'est une politicienne et s'il faut répéter bêtement des stupidités, elle le fera pour conserver sa place au soleil.

Incompétente aussi parce que manifestement pressée de choper son train et retrouver son train-train quotidien, elle a laissé échapper la stratégie de long terme du gouvernement en matière de neutralité du net, qui se résume finalement à céder le pas à la protection de contenu avec de gros bouts d'exception culturelle, sur le mode "régulons internet comme on a si bien su réguler la téloche et la musique, pardi", prôné par un CSA tout frétillant à l'idée de gagner de nouvelles prérogatives. Ici, bien sûr, je m'avance. Mais franchement, quand on voit le passé de HADOPI (pour laquelle Hollande n'a toujours pas pris la décision d'en finir, bien que ce soit une relique de la méchante droite) et de tant d'autres réalisations gouvernementales en matière d'internet, on ne peut que craindre le pire. Pire qui nous est donc dévoilé par Pellerin, ce qui est très bien pour nous (un internaute averti en vaut plusieurs centaines, twitter et facebook aidant) mais qui laisse une marque indélébile sur le plastron de la ministre en termes de professionnalisme...
Toute cette mésaventure et Fleur Pellerin montrent à qui en doutait encore que ce n'est finalement jamais la compétence qui est récompensée lorsqu'on est nommé(e) ministre. Ce n'est pas la connaissance d'un domaine ou la passion d'en comprendre les rouages qui motive la nomination à ce genre de poste. Le maroquin ministériel n'est pas, n'est plus depuis un moment la mission, l'apostolat, la tâche ou le mandat précieux qui permet d'améliorer le bonheur collectif, de résoudre des problèmes nationaux ou que sais-je. C'est devenu seulement une récompense pour la servilité et l'attachement au chef. C'est le morceau de viande fraîche que le victorieux accorde à sa meute et qu'elle pourra boulotter le temps que durera la victoire.
Et si c'est à ce point visible et si vrai pour les nouvelles technologies, l'économie numérique et de façon plus générale, les "petits ministères" dont, a fortiori, ceux qui ont été créés de toute pièce avec un nom à mourir de rire, croyez-vous qu'il en aille autrement pour tous les autres ministères ?
À quoi sert Montebourg ?Qui peut prétendre que Montebourg sert à quelque chose ? Même Libération doute ! Qui peut dire sans rire que tous nos ministres ont largement gagné leurs gallons par un bilan historique à la fois irréprochable et flamboyant de succès ? Même en oubliant les condamnations et autres ornières judiciaires dans lesquelles les uns ou les autres sont parfois (ou régulièrement) tombés, et contrairement à ce menteur de Hollande qui prétendait ne nommer que des minustres irréprochables, force est de constater qu'aucun ne peut prétendre sérieusement à des réalisations d'importance, des résultats palpables et dont on peut être fier. Peut-on être fier de l'état des comptes de la Corrèze, monsieur Hollande ? Peut-on vraiment crâner avec le bilan budgétaire de la ville de Nantes, monsieur Ayrault ? Le track record de Bartolone, éternel caliméro de villes surendettées, est-il réellement à son avantage et mérite-t-il, comme récompense, sa place au perchoir ?
Sérieusement, à quoi servent encore nos ministres ? Sur quelle compétence chimérique peuvent-ils encore nous mentir ?