TOUT EST DIT

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dimanche 8 juillet 2012

Sommet de crise (bis)

Organisée en plein trauma post-perte du triple A, la dernière conférence sociale avait été rebaptisée «Sommet de la crise» par le président-candidat Nicolas Sarkozy. Six mois plus tard, l’intitulé pourrait être repris mot pour mot par son successeur.
Avec un chômage au plus haut depuis 13 ans et une situation sociale qui ne cesse de se dégrader, l’emploi est évidemment l’une des priorités absolues de ce gouvernement. Mais là comme ailleurs, là peut-être plus qu’ailleurs même, l’équipe Ayrault ne possède qu’une marge de manœuvre et un pouvoir d’action extrêmement restreints.
C’est la raison pour laquelle ce sommet social est particulièrement attendu. Plus que jamais, la situation réclame une union sacrée entre les fameux «corps intermédiaires», les chefs d’entreprises, les salariés et le gouvernement qui vont chacun devoir lâcher un peu quelque chose.
Il y a en effet une nécessité absolue et urgente de marcher, sinon main dans la main, ne rêvons pas, mais au moins côte à côte et dans le même sens. En faisant tout pour que le naturel rapport de force ne se transforme en crispation puis en blocage. Vœux pieux? Peut-être.
La majorité qui a fait du dialogue social l’un des piliers de sa méthode de gouvernance ne peut en tout cas se permettre de rater ce rendez-vous crucial. Pour s’éviter une rentrée agitée d’abord, ne pas gripper d’entrée la machine réformatrice ensuite, et ne pas s’aliéner des syndicats pour l’instant bien disposés à son endroit enfin. Le tout sans trop céder, sous peine de réduire à néant les efforts consentis ailleurs. Pas simple.
Le soin avec lequel le sommet a été préparé, les nombreuses rencontres préalables et les déclarations de bonnes intentions un peu trop fort criées disent assez les enjeux de ces deux jours de tables rondes qui devront impérativement dépasser le domaine du constat. Pour apporter des réponses concrètes et de première urgence à une situation qui l’exige comme jamais.

Avec Jean-Marc Ayrault, l’adaptation au réel, ça n’est pas maintenant !

L’émergence d’une  nouvelle génération de technocrates socialistes, issus de Terra Nova,  familiers du Siècle et même, pour certains, du Cercle de Bilderberg n’a laissé aucune trace dans la feuille de route du nouveau gouvernement. Le Parti socialiste retourne aux grands classiques.  
Les Français n’en ont déjà retenu que plus de fonctionnaires et plus d’impôts.
Les créations de postes sont égrenées de manière aussi monotone qu’inquiétante, d’abord dans un certain nombre de secteurs-clé : l’Education nationale, bien sûr mais aussi la police, la gendarmerie,  la justice, auxquels s’ajoutent 150 000 emplois dits d’«avenir » pour les jeunes (que les collectivités locales finissent généralement  par titulariser). L’application assouplie de la règle de non remplacement d’un fonctionnaire sur deux ne reposera que sur des ministères non prioritaires comme la défense, et pour cause : presque rien dans le discours d’Ayrault sur  la politique étrangère et les menaces qui planent aujourd’hui  sur le monde.
En regard de ces recrutements, une solide couche d’impôts nouveaux : 7 milliards tout de suite, bien plus à la rentrée. Contrairement à ce qui est annoncé, ils n’épargneront pas les classes moyennes (instauration d’une tranche à 45 %), ni même populaires (les heures supplémentaires redeviennent  imposables).  
Tout cela se comprendrait si, comme il arrivait au temps béni des trente glorieuses, un nouveau gouvernement de gauche, disposant d’une vraie marge de manœuvre, avait trouvé une France sous-imposée et sous-équipée en services sociaux ou insuffisamment solidaire. Mais nous n’en sommes plus là !  La contrainte européenne que le Parti socialiste ne remet pas vraiment en cause, se fait de plus en plus rigoureuse. Il était déjà très difficile de rester au-dessous d’un déficit de 4,5 %  en 2013 ou de rétablir l’équilibre d’ici 2007 : ce  sera plus difficile si on charge encore la barque.  Même si certains aménagement fiscaux corrigent de réelles injustices, ce n’est pas au profit de contribuables qui payent trop : ces corrections aboutissent seulement à alourdir la charge globale ; la France est déjà, avec  des dépenses publiques à hauteur de  56 % du PIB, en dehors sans doute de la Corée du Nord, le pays le plus socialisé du monde. C’est  un bien mauvais service que le gouvernement  rend  à notre pays en aggravant encore ce poids. D’autant que l’expérience montre que  ces hausses sont généralement irréversibles, une marche avant sans marche arrière.
Même contradiction en matière industrielle. On peut facilement se gausser du titre ronflant  d’Arnaud Montebourg, ministre  du Redressement productif : après tout,  l’ambition est louable – et même nécessaire. Mais elle est contredite par toutes les mesures qui vont au contraire rendre ce  redressement plus difficile : hausse de la fiscalité des entreprises (spécialement celle des PME qui produisent en France, les multinationales qui financent les clubs socialistes y échappant), maintien dans l’euro, suppression de la TVA sociale (seul succédané possible, si on veut maintenir la compétitivité, à une sortie de l’euro). La banque publique d’investissements est bienvenue mais n’existe-t-elle pas déjà ? Les efforts promis de recherche aussi, mais ils n’auront pas d’effet immédiat. Au moment où les annonces de plans sociaux et  de fermetures d’usines se multiplient, la nomination de Louis Gallois, homme symbole et très estimable, comme commissaire aux  investissements, ne rappelle-t-elle pas, toutes proportions gardées, le recours illusoire à un maréchal de France dans le désastre de 1940 ? Le contraste entre le volontarisme affiché et l’aggravation de tous les handicaps macro-économiques du pays a quelque chose de pathétique. Montebourg va souffrir, lui qui avait eu le courage de poser le problème de la  compatibilité entre le socialisme et le mondialisme.
Le volontarisme est plus à sa place en matière de logement social, où la contrainte de la compétitivité n’existe pas mais survivra-t-il  à la contrainte financière ?
On ne pleurera pas sur la surimposition des banques ou des sociétés pétrolières, pas davantage sur la suppression d’avantages indus accordés aux Français de l’étranger en matière scolaire.
L’annonce de la réduction de la part du nucléaire dans la consommation d’électricité est un pur symbole : ou le nucléaire est dangereux et il faut le supprimer tout de suite, ou il ne l ‘est pas et il faut le maintenir. Mais, même non suivie d’effet, cette annonce nuira gravement à la crédibilité d’Areva.
Même marche à rebours en matière d’administration territoriale : certes, personne ne regrettera  le conseiller territorial, inutile hybride d’une inutile réforme Sarkozy, en partie abrogée, mais au moment où l’opinion supporte de moins en moins l’inflation d’une administration locale dispendieuse, faut-il en remettre une couche avec un nouveau train de décentralisation ?  Et laisser proliférer la jungle de l’intercommunalité ?

Une reprise de 1981, l’espérance en moins

En définitive, tout cela ressemble dramatiquement à une reprise de 1981 : on annonçait alors, complètement à contre-courant, la relance de la filière charbonnière, pour mieux la démanteler plus tard. Et avec son allure faussement rassurante de prof de gym, Jean-Marc Ayrault, au milieu d’un gouvernement d’énarques branchés, n’évoque-il pas une époque désormais révolue de l’histoire du socialisme ?  
Le Premier ministre a donné beaucoup de chiffres. Du « qualitatif » des politiques, on ne saurait attendre grand-chose. Comme il arrive depuis trente ans, la hausse des emplois publics et des impôts , vrai tonneau des Danaïdes, est l’inutile remède à des politiques vicieuses : créer des emplois  d’avenir et recruter au Pôle emploi ( comme la droite l’avait d’ailleurs déjà  fait) est une mauvaise réponse à la montée du chômage qui découle d’abord de la politique monétaire suivie depuis 1992, poursuivie avec l’euro fort – et aussi de l’afflux de jeunes générations d’immigrés - , mettre  plus d’enseignants dans le primaire évite de remettre en cause des méthodes pédagogiques absurdes, recruter plus de policiers et de juges est rendu nécessaire par le laxisme de la politique pénale etc. Les remises en cause idéologiques de ces dérives ne sont pas venues de la droite ou si peu ; elles viendront encore moins de la gauche qui en est à l’origine. Plus que jamais la dépense publique est incantatoire et non point résolutoire. 
Tout aussi incantatoire et typique de ce social mal distribué qui exaspère tant les Français est le retour à la gratuité totale de l’Aide médicale des étrangers (en situation irrégulière), au moment où 7 millions de salariés doivent rogner sur leurs dépenses de maladie ; en outre, cette mesure ne pourra que relancer la pompe aspirante de l’immigration. Même si le gouvernement ne dispose pas de la majorité des deux tiers au Congrès pour réviser la Constitution pour le concrétiser, le projet du droit de vote aux étrangers non européens aura le même effet.

Le mariage et le droit d’adoption homosexuels sont annoncés sobrement mais clairement. L’évidence qu’ils revêtent dans certains milieux libertaires  dominants à gauche et dans les médias contraste avec l’évidence contraire dans d’autres milieux, moins homophobes que rétifs à une remise en cause radicale, sur un sujet anthropologique fondamental, de l’héritage judéo-chrétien. Les Etats-Unis sont quasi en guerre civile sur ce sujet.  Il n’est pas sûr que le gouvernement mesure à quel point ce projet, totalement étranger à l’héritage de la gauche française, va diviser en profondeur le pays.
Mais là aussi, on est dans le monde des symboles : les socialistes sont, beaucoup plus que la droite, propres à manier les symboles politiques : le mariage homosexuel , les 60 000 postes de l’Education nationale, comme la baisse de la TVA sur le livre, le droite de vote des étrangers et même  la retraite à 60 ans ne sont pas des solutions à des problèmes réels (comme peuvent l’être par exemple les 150 000 logements sociaux promis), ce sont des symboles – dont certains coûteront  cher.
Non seulement ce gouvernement  n’est porté, à la différence de  celui de 1981, par aucun commencement d’espérance, mais même, confusément, il fait peur. Parce qu’il ne résulte d’aucune évolution de l’opinion vers la gauche, au contraire[1], mais aussi  parce qu’il semble terriblement déconnecté du réel : des  contraintes économiques et surtout des aspirations réelles des Français. Les vicissitudes de l’histoire font que dans presque [2] tous les domaines,  - pédagogie, justice, lourdeur des dépenses publiques, assistanat désordonné, immigration- intégration, c’est à des réformes « de droite »  que les Français aspirent. Sarkozy n’a été sanctionné que pour ne les avoir pas faites, ou si mal. Ces réformes, le gouvernement Ayrault leur tourne le dos. Comme disait le regretté  Philippe Muray, «  le réel  est remis à une date ultérieure. »


[1] Les résultats du premier tour des présidentielles montrent que la droite a progressé depuis 2007. Les  2,1 millions de vote blancs du second tour, venus en grande majorité de la droite, ont été fatals à la réélection de Nicolas Sarkozy.
[2] En matière de maintien  des services publics, les Français aspirent au contraire à une politique de gauche, quoique la gauche française n’ait jamais été en reste  pour les démanteler.



Agressions antisémites : vers une tribalisation de la France

Doit-on passer sous silence la banalisation des ratonnades antisémites aux quatre coins du territoire sous prétexte qu’elles révèlent des réalités que les médias veulent taire et voudraient confiner aux discours populistes de l’extrême-droite ? Les Juifs français sont de plus en plus souvent la cible d’attaques de la part de Français d’origine maghrébine. Une évidence qui soulève la question de l’intégration à la communauté nationale.

Ce n’est pas une première, hélas. Un jeune homme de 17 ans a été roué de coups par deux jeunes maghrébins dans un train reliant Toulouse à Lyon au seul motif qu’il était juif. Une énième agression antisémite qui montre une fois encore la progression du communautarisme en France et l’exportation des tensions politico-religieuses du Moyen-Orient sur le territoire national.
Le sujet est tabou au nom de la « stigmatisation ». Les médias sont extrêmement rétifs pour évoquer la question, histoire de ne pas « faire le jeu du Front National »… Chacun peut d’ailleurs constater à quel point la chape de plomb qui pèse sur un certain nombre de sujets « faisant le jeu du FN » a permis de limiter l’influence du parti d’extrême-droite !
Mais reconnaître qu’il existe des tensions perceptibles et réelles entre Juifs et Maghrébins en France est une réalité indéniable comme en atteste l’augmentation des agressions antisémites. Evidemment, la question ne se pose pas pour l’immense majorité des Juifs et Maghrébins, qui vivent en bonne intelligence au sein de la communauté nationale.
Mais même marginal, ce phénomène est intolérable et il est intolérable que des Juifs (ou des membres de quelque religion que ce soit) puissent se faire agresser dans des lieux publics à cause de leurs origines. C’est un scandale inouï qui se banalise dans l’indifférence générale.
Pour une partie de la jeunesse maghrébine, le Juif (comme le « Français de souche ») est devenu un ennemi. Bien sûr, on peut chercher des raisons sociologiques pour expliquer et excuser ce mal-être de certains Français d’origine maghrébine… mais cela ne protégera pas nos concitoyens victimes d’agressions racistes.

Sylvia Kristel lutte contre la mort, mais Emmanuelle est immortelle

Sylvia Kristel, l’actrice qui a laissé un souvenir impérissable dans le rôle d’Emmanuelle, est aujourd’hui entre la vie et la mort. De quoi susciter l’émotion de tous ceux qui avaient découvert le cinéma érotique grâce à ce film, dont le succès fut phénoménal.
Emmanuelle, c’est surtout l’histoire du succès colossal d’un film sorti au bon endroit au bon moment.
À l’origine, il s’agit d’une série de romans publiés sous le pseudonyme d’Emmanuelle Arsan. Just Jaeckin, photographe réputé adapta le premier volet au cinéma dès 1974. Le rôle-titre échut à une actrice hollandaise inconnue à l’époque : Sylvia Kristel. Selon elle, si elle fut engagée, c’est « parce que Just ne trouvait pas d’actrice française voulant jouer le rôle ». Sylvia, elle, accepta malgré le nombre de scènes dénudées qui figuraient au scénario, mais non sans miser sur la censure : « Je me disais que ma famille ne verrait jamais le film car il y avait peu de chances qu’il sorte, d’autant que le réalisateur voulait le sortir dans les cinémas traditionnels. »
En effet, avant l’élection de Valérie Giscard d’Estaing en mai de la même année, les films français aux scènes jugées trop osées ou au scénario contraire aux bonnes moeurs tombaient sous le coup de la censure. À peine formé, le premier gouvernement de Giscard s’interdit de censurer purement et simplement les films. Avant cette décision, le ministère de la culture s’autorisait en effet à exiger au distributeur des coupes sous peine de refuser d’attribuer au film un visa d’exploitation. Emmanuelle eut donc la chance de naître durant une fenêtre de tir réduite, refermée en 1975 avec la loi X, et put sortir dans les salles assorti d’une simple interdiction pour les moins de seize ans. Il devint alors le premier film frivole exploité dans les cinémas traditionnels, en se situant tout de même assez loin du genre pornographique avec gros plans anatomiques.
Le succès du long-métrage de Just Jaeckin se construisit sur la durée. Alors que les films pornographiques étaient classés X, surtaxés et de nouveau exclus des salles traditionnelles à partir de 1975, Emmanuelle continua à être exploité en tant que film érotique « acceptable ». En quatre ans, il fut visionné par plus de 10 millions de spectateurs.
Trente ans plus tard, Sylvia Kristel mesurait dans une interview l’impact de ce long-métrage sur plusieurs générations de spectateurs. « Dans tous les pays, des gens viennent me voir en me disant que j’ai sauvé leur mariage, qu’ils ont été éduqués dans leur vie sexuelle par le film. Il a été descendu par les féministes en France, qui y voyaient une exploitation de la femme. Mais au Japon, les féministes applaudissaient littéralement dans la salle de cinéma lors de la scène où je me retrouve au-dessus de mon partenaire. »
Depuis, d’autres films défrayèrent la chronique à cause de leur contenu sexuel osé, mais Emmanuelle est resté le symbole par excellence de la libération sexuelle cinématographique. Souhaitons-lui un prompt rétablissement.

Hausse d'impôts : le gouvernement Ayrault punit les "riches" et aggrave la crise

Le discours de politique générale de Jean-Marc Ayrault a souligné que des nouvelles recettes fiscales seraient trouvées. Il n'a pas hésité à sous-entendre que Nicolas Sarkozy avait fait quelques cadeaux aux Français les plus aisés. Faire peser ces efforts sur les CSP+ est-il une bonne idée ? Non, selon notre chroniqueur Frédéric Georges-Tudo.
Salauds de riches, vous allez payer ! Telle est la colonne vertébrale du discours de politique générale prononcé le 3 juillet dernier par Jean-Marc Ayrault. Et ensuite ?

Allah O'Achbar !!
Que fera-t-il lorsqu’il les aura essorés et que l’argent manquera toujours autant pour financer un État que la gauche se refuse à mettre à la diète ?

La liste est si longue qu’on a bien cru qu’elle n’en finirait jamais :

Relèvement de l’ISF, réduction de l’abattement sur les successions et les donations, majoration de douze points du forfait social sur la participation et l’intéressement, hausse de la CSG sur les revenus du capital, soumission à 15,5% de prélèvements sociaux sur les revenus immobiliers perçus par les non-résidents pour leurs biens situés en France, abandon des exonérations de cotisations sociales sur les heures supplémentaires dans les entreprises de plus de vingt salariés, taxation supplémentaire de 3% sur les dividendes perçus par les actionnaires, relèvement à 40% des contributions sociales sur les stock-options et les actions gratuites, doublement à 0,2% du taux de la taxe sur les opérations financières, instauration d'une contribution additionnelle exceptionnelle pour le secteur bancaire, création d'une taxe exceptionnelle de 4% sur la valeur des stocks pétroliers…

Cette litanie de hausses d’impôts pour 2012 ne constitue pourtant que le hors-d’œuvre de la politique fiscale socialiste. Le plat de résistance, que l’on nous promet encore bien plus copieux, n’arrivera qu’en 2013.

Toujours plus d’égalitarisme… 


Promesse donnée, promesse tenue. Comme prévu, c’est donc sur les plus aisés et sur les entreprises que s’est abattu le couperet.

Toujours plus de partage du fruit des efforts de chacun, toujours plus d’égalitarisme, toujours plus de collectivisation des richesses produites… Voilà la sauce à laquelle s’apprêtent à être mangés les un à deux millions de Français dits "aisés". Les cadres commerciaux, les médecins, les consultants, les commerçants prospères, les directeurs d’agences bancaires, les plombiers à leur compte, les experts comptables, les architectes, les dirigeants de PME, etc.

Bref, les riches version François Hollande. À 4 ou 5.000 euros par mois, voire moins. Fini de rire pour ces arrogants à bord de leur BMW série 3 intérieur cuir. Ces bourgeois vautrés dans le salon de leur gigantesque appartement parisien de près de 100 mètres carrés.

Ces privilégiés qui se permettent en plus de partir skier chaque hiver. Ces parvenus que l’on voit même parfois dîner au restaurant en famille le samedi soir. Tant qu’on n’a pas eu la chance de les côtoyer, on ne s’imagine pas le niveau de luxe dans lequel ils se vautrent.

Chez ces gens-là, Monsieur, on joue au golf. On s’offre un nouveau costume chaque saison, à l’occasion des soldes. On n’hésite pas à payer des cours particuliers de maths à son fils lorsque ses résultats chutent. On achète deux ou trois accessoires "Ikea" pour la cuisine, mais en ce qui concerne les meubles, c’est chez "Ligne Roset" ou "Cinna" que cela se passe.

Chez ces gens-là, on ne compte pas, Monsieur. On flambe au nez et à la barbe du petit peuple, contraint de vivre différemment. En résumé, chez ces gens-là, Monsieur, on en a tellement qu’on ne sait plus quoi faire de son argent ! Mais heureusement, tant d’indécence n’aura bientôt plus cours. Promesse faite, promesse tenue, ça va saigner pour ce ramassis de nantis.

Oh, bien sûr, François Hollande n’oublie pas de châtier au passage les millionnaires et les milliardaires. Rapporté à leurs revenus et patrimoine, leur taux global de prélèvements obligatoires s’apprête même à flirter avec des niveaux inédits.

Mais tout en étant les principales victimes de l’injustice fiscale en termes relatifs, ils ne subissent que des effets relativement limités en termes absolus. En outre, s’en prendre à eux comporte un léger défaut : ils sont loin d’être assez nombreux pour financer le barnum. En particulier en France, où l’ISF en a déjà fait fuir une multitude.

Une politique affligeante et contre-productive


Voilà pourquoi ce sont avant tout les "petits riches" qui vont tant trinquer. Ces contribuables qui, à défaut d’avoir fait fortune, sont coupables de réussir leur vie professionnelle. Ceux que Benoît Hamon fustige pour leurs "grandes maisons avec des grandes cheminées et des tapis épais comme ça".

Faute d’envisager une réduction profonde et structurelle de la dépense publique à l’instar du reste de l’Europe, le nouveau gouvernement n’a d’autre choix que de sévèrement ponctionner les cadres supérieurs, professions libérales et autres petits entrepreneurs.

Ainsi s’est exclamé il y a quelques mois l’économiste Henri Sterdyniak (pourtant réputé très à gauche) en découvrant les propositions du candidat socialiste. Il mettait en avant le fait que les classes supérieures sont relativement peu nombreuses et qu'il faut donc les "taper vraiment très fort pour dégager suffisamment d’argent".

En plus d’être affligeante, cette approche punitive n’aura d’autre résultat que l’aggravation de la crise. Comment croire une seule seconde que c’est en culpabilisant ceux qui s’en sortent que l’on améliorera le sort du plus grand nombre ? En cette période d’extrême morosité, briser ainsi l’allant de la France la plus dynamique relève même du suicide économique.

Comment donc, il existerait un lien entre le niveau de vie et le dynamisme ? Shocking ! N’en déplaise au politiquement correct, c’est pourtant la stricte vérité.

Souvent plus entreprenants et plus ambitieux que la moyenne, ces CSP+ que l’on s’apprête à essorer contribuent à la croissance économique d’une manière bien supérieure à leur poids numérique. Écœurer ainsi le dernier décile à coups de cinq ou six hausses d’impôts simultanées revient à priver le pays de ses forces les plus vives.

Une inconséquence dont on ne mesurera les ravages que dans quelques années…

Le scepticisme inconséquent


Pourquoi est-il peu probable qu'un système économique comme le communisme, qui a toujours donné des résultats désastreux partout où il a été appliqué, se révèle un beau matin meilleur que l'économie de marché ?
Les philosophes professionnels sont rarement pris au sérieux - du moins en France - car ils ont la fâcheuse habitude de défendre des thèses totalement indéfendables à l'aide d'arguments spécieux. C'est la raison pour laquelle on trouve parmi eux un nombre impressionnant de gens qui se disent encore marxistes, tel Alain Badiou. La défense la plus courante du marxisme que j'aie entendue dans la bouche de certains collègues enseignant la philosophie prenait en gros la forme suivante : "Rien ne démontre que, parce que le marxisme n'a jamais marché jusqu'ici, il ne pourrait pas quand même marcher à l'avenir". Ce qui me frappe dans cet argument, c'est qu'il reprend trait pour trait la mise en cause de l'induction telle que formulée par Hume dans son Enquête sur l'entendement humain. J'ai même rencontré un de ces révolutionnaires de salon qui la brandissait pour exprimer son mépris des sciences : rien ne prouve en effet que les lois de la nature soient valables encore demain simplement parce qu'elles l'ont été jusqu'ici ni qu'elles soient valables universellement parce qu'elles sont valables dans notre coin de galaxie. Rien ne prouve que le principe d'uniformité de la nature (PUN) soit recevable puisque lui aussi repose sur l'induction.
Tout cela pourrait prêter à rire car ces mêmes philosophes n'auraient pas idée de remettre en cause le diagnostic de leur médecin quand il leur prédit qu'un excès de cholestérol risque de boucher leurs artères. Allons MM. les philosophes, soyez un peu plus cohérents et faites fi de votre traitement en jetant le scepticisme humien à la tête de votre médecin. Voilà un bel exemple d'inconséquence philosophique et de même nos beaux parleurs n'envisagent-ils pas un instant de s'installer en Corée du Nord où rien ne prouve que le marxisme ne puisse pas réussir un jour après y avoir échoué depuis soixante ans.
Je vais montrer pourquoi on n'est pas obligé de prendre très au sérieux le scepticisme de Hume à l'endroit de l'induction. De là vous pourrez déduire ce que je pense de mes collègues professeurs de philosophie et de leur marxisme radical-chic.
Hume s'est demandé comment l'on pouvait justifier l'induction. La façon la plus tentante est de remarquer qu'en ce qui concerne les lois de la nature, l'induction ayant toujours donné d'excellents résultats jusqu'ici, on ne voit pas pourquoi elle n'en ferait pas de même à l'avenir. Or cette dernière assertion est en fait une tautologie car elle revient à dire que l'induction marche bien parce que l'induction marche bien. Le raisonnement est circulaire, il présuppose ce qu'il faudrait justement démontrer.
Mais Raymond Boudon a souligné qu'il en va en fait de même pour tous les principes scientifiques. On peut s'en rendre compte en énonçant le fameux trilemme de Münchhausen. Que dit-il ?
Que de trois choses l'une, ou bien nous acceptons de faire reposer notre savoir sur des principes arbitraires mais que nous choisirons d'accepter comme tels et de ne plus discuter, ou bien nous le faisons reposer sur d'autres principes eux-mêmes tirés d'autres principes etc., de sorte qu'à un certain moment nous devrons bien arrêter notre régression et accepter certains principes premiers, ce qui nous ramène au cas précédent, ou bien notre savoir est circulaire, la validité de nos principes étant déduite de la validité de leurs conséquences tirées de principes tenus pour valides.
Raymond Boudon en a conclu que la seule façon de se tirer du trilemme était d'admettre que notre savoir est bel et bien circulaire : nous n'avons pas d'autre moyen de vérifier que nos principes sont valables que d'examiner l'intérêt de leurs conclusions. Or cela ne justifie aucunement nos principes puisqu'il se pourrait tout aussi bien que les observations que nous en déduisons fussent également déductibles de principes tout autres. Nous ne pourrons nous en apercevoir que le jour où le réel s'éloignera trop des observations prédites par lesdits principes, en quoi nous sommes d'accord avec le faillibilisme de Popper.
Comme vous l'aurez certainement noté, nos principes scientifiques sont donc soumis aux mêmes objections que l'induction chez Hume : nous continuons de les tenir pour justifiés parce que, jusqu'ici, ils ont donné de bon résultats ; or rien ne nous autorise à prédire qu'il en ira toujours ainsi dans l'avenir. Tous nos principes scientifiques et rationnels présentent le même défaut logique que l'induction.
Hume l'avait bien compris, il en va de même pour le principe de causalité et le PUN.
En conséquence, on voit bien pourquoi le scepticisme humien ne nous empêche nullement de dormir sur nos deux oreilles ... et pourquoi il est fort peu probable qu'un système économique comme le communisme, qui a toujours donné des résultats désastreux partout où il a été appliqué, se révèle un beau matin meilleur que l'économie de marché.

La double peine des dépressifs

Les personnes souffrant de dépression sont mal vues dans la société. Voilà pourquoi un individu sur deux, ayant des symptômes dépressifs, préfère se voiler la face par peur de l'exclusion.
Les chiffres du Baromètre santé 2010, publiés vendredi, sont là pour le rappeler. Près d'un Français sur 10 déclare avoir souffert ou souffrir d'une dépression. Pour le Dr Hélène Lansade, psychiatre référent, "tant qu'on fera de ces patients des exclus, on n'avancera pas". Et l'Organisation mondiale de la santé est de cet avis puisqu'elle a rappelé que "sur dix pathologies, cinq sont de l'ordre de la santé mentale, c'est énorme". Et ce n'est pas tout puisque ces patients-là, le plus souvent "fragilisés et précaires", sont encore mal vus dans nos sociétés. Ainsi, "disposer de faibles revenus, être peu qualifié ou encore vivre dans un quartier socialement défavorisé favorise la survenue ou le maintien de troubles dépressifs", signale l'Observatoire régional de santé.La "stigmatisation de ces personnes, cette peur d'être montré du doigt, est encore l'une des causes de non-consultation", explique le Dr Lansade. Il faut donc améliorer l'accès aux soins. Pour ce faire, "toute la psychiatrie doit se penser de plus en plus en dehors de l'hôpital", insiste-t-elle, d'où le développement des appartements thérapeutiques, des visites à domicile, des équipes mobiles capables d'aller "chercher le malade dans la rue, les squats, etc".  Cette prise en charge nouvelle génération passe aussi par la lutte contre l'isolement et plus de partenariat avec les proches, ajoute le Dr Lansade : bref, il s'agit d'"éviter les ruptures".

Cette peur d'"une maladie qui fait perdre tout"

Pour Pierre Verger, directeur adjoint de l'Observatoire régional Paca, c'est l'une des raisons pour lesquelles "une personne dépressive sur deux ne consulte pas de professionnels de santé". Et ce chiffre est encore plus élevé en région Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca) chez les hommes et les jeunes, précise-t-il. Le manque d'informations, la volonté de vouloir gérer ses troubles seul ou l'idée selon laquelle les traitements ne sont pas efficaces peuvent aussi expliquer la réticence à consulter. Pourtant, il est important que les personnes dépressives se fassent suivre en raison du risque de suicide.  Encore faut-il frapper à la bonne porte. Parmi ceux qui ont consulté, 80% sont allés chez un généraliste et non un spécialiste. Par conséquent, "le traitement de la dépression reste principalement médicamenteux alors que la Haute Autorité de Santé recommande la psychothérapie dans les cas les moins les sévères", souligne Pierre Verger.

Près de trois personnes sur dix ont déjà consommé des médicaments psychotropes au cours de leur vie, anxiolytiques et hypnotiques en majorité. Pour le Dr Rémy Sebbah, généraliste depuis 32 ans dans le centre de Marseille, "il y a malheureusement un déficit de formation vis-à-vis de la prise en charge de ces patients" ainsi qu'un "problème de durée de l'écoute". Idéalement, il faudrait 20 à 25 minutes mais "avec une consultation à 23 euros, ce n'est pas possible", analyse le médecin, persuadé que la dépression est encore "sous-diagnostiquée". Les maux de dos ou de ventre sont bien souvent à considérer comme des signes psychosomatiques de la dépression, pense le Dr Sebbah : il faudrait "travailler sur la dépression masquée", différente de celle qui se caractérise par des pleurs ou de la simple tristesse, et "surtout écouter la plainte".

Ces résultats ont été dévoilés à l'occasion de la présentation du plan de santé mentale 2011-2015 par l'Agence régionale de santé (ARS) Paca

Mais pourquoi ne voit-on pas que l’Allemagne est beaucoup plus exposée à la crise qu’on ne le croit ?

Selon une étude publiée en juin par Carmel Asset Management, le risque sur les actifs allemands serait bien plus élevé que les marchés ne le pensent.
L'Allemagne fait figure de maillon fort de la zone euro. La crise ? Elle serait plutôt réservée à la Grèce, l'Espagne ou encore le Portugal. Pourtant, une longue étude de Carmel Asset Management montre que l'Allemagne serait bien plus exposée à la crise financière que les marchés ne le pensent. Et quelle que soit l'issue de la crise -union fiscale ou fin de l'euro-, l'Allemagne pourrait payer une note plus que salée. Selon les estimations de Carmel Asset Management, si la zone euro survit, l'Allemagne perdrait 579 milliards d'euros. Si la zone euro éclate, la perte serait de 1,31 billion d'euros. Cette somme peut être décortiquée comme suit : les prêts effectués sur la Bundesbank se montent à 637 milliards d'euros, la quote part allemande dans le financement ESM/EFSF/EFSM à 94 milliards d'euros, la perte des banques allemandes sur leur exposition aux dettes des pays de l'Europe du Sud à 200 milliards d'euros et la baisse des exportations allemandes sur cinq ans à 375 milliards d'euros.
Selon l'étude, les établissements bancaires allemands seraient exposés à hauteur de 438 milliards d'euros, soit une somme supérieure de 40% aux 310 milliards d'euros de capital des établissements. Par ailleurs, l'Allemagne est le pays le plus exposé à la dette espagnole.
Et les perspectives ne sont pas réjouissantes de l'autre côté du Rhin : les exportations, qui comptent pour 40%  de l'économie allemande, pourraient diminuer largement en cas d'éclatement de la zone euro. Pour l'année 2011, les exportations allemandes vers les pays de la zone euro représentaient 57%  du volume d'exportation totale.
L'étude souligne donc l'importance du maintien de la zone euro à tout prix. Car si la Grèce quitte l'eurozone, les pertes de l'Allemagne seraient absorbées par la Banque centrale européenne (BCE). En revanche, si plusieurs pays se mettent à quitter l'union monétaire, la BCE ne pourra plus tout absorber et jouera plutôt le rôle de créancier sans pouvoir être capitalisée.
L'étude conclut que l'achat d'obligations allemandes pour se protéger n'est pas une bonne idée. Mieux vaut donc acheter des CDS (Credit Default Swap), ce que font de nombreux hedge funds, mais ce qui reste difficile à réaliser pour un investisseur privé.
Sur le long terme, Carmel Asset Management préconise la mise en place d'États-Unis d'Europe. L'idée : un système d'imposition commun, la possibilité de pouvoir déplacer des fonds d'état en état ou encore l'élection d'un chef d'état par les différents pays des Etats-Unis d'Europe. L'étude estime tout de même que ce résultat serait quasi-impossible à obtenir. Autre proposition qui semble plus réalisable : la mise en place d'un plan Marshall, un transfert direct de fonds entre les pays créditeurs et les pays débiteurs de la zone euro.
Mais l'étude n'est pas très optimiste quant à l'avenir de l'union monétaire européenne. En effet, parmi toutes les unions monétaires, la zone euro semble être celle qui est la plus "dispersée", en clair la plus disparate lorsque l'on analyse différents facteurs économiques, sociaux et politiques.

Ces féministes qui plaident pour l'abolition de la prostitution


La ministre des Droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem est soutenue par plusieurs personnalités dans une tribune publiée sur Mediapart.  

Des féministes et des personnalités, favorables à "l'abolition" de la prostitution, ont dans une tribune publiée sur Mediapart défendu la démarche de la ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, en faveur de la "disparition" de la prostitution. Sous le titre "Abolitionnistes, donc pour la liberté et l'égalité", les signataires rappellent que depuis sa déclaration, la ministre "courageuse" des Droits des femmes est "l'objet de diverses attaques" et "la position abolitionniste a souvent été caricaturée, voire déformée".
"Cette levée de boucliers", selon les signataires est "à la mesure de l'enjeu : le droit" séculaire que s'octroient certains hommes de se payer une femme - ou un garçon - quand l'envie leur en prend". "L'esclavage n'a pas été éradiqué mais il a bel et bien été aboli" et "le même choix pour la prostitution serait une avancée de civilisation", affirment les signataires qui combattent "non pas le libertinage", mais "l'exploitation sexuelle"
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"Fin de la répression"  

Rappelant qu'en Suède depuis 1999 les clients sont "pénalisés", les signataires estiment qu'une telle pénalisation devrait s'accompagner d'une "panoplie de mesures concrètes" comme la "fin de la répression qui pèse sur les personnes prostituées", un "plan social d'accompagnement à la sortie de prostitution", une lutte contre "toutes les formes de proxénétisme" et une "éducation à une sexualité non sexiste".
La tribune est signée notamment par Sylviane Agacinski (philosophe), Coline Serreau (réalisatrice), Nicole Castioni (femme politique franco-suisse et ancienne prostituée), Danièle Bousquet (ancienne députée et présidente de l'Assemblée des femmes), Laurence Rossignol (sénatrice), Thalia Breton, (porte-parole d'Osez le féminisme), Patrick Jean (réalisateur et membre du réseau Zéro Macho), Claudine Blasco (Attac).

Jalousie, quand tu nous tiens

Valérie Trierweiler avait-elle mesuré la portée de son tweet, désormais célèbre, en accordant son soutien au rival de Ségolène Royal, le dissident PS Olivier Falorni, avant le second tour des élections législatives de juin ? Cette scène de ménage au sommet de l'Etat a fait l'effet d'une déflagration, écornant l'image de présidence "normale" à laquelle François Hollande aspirait. Désavouer par jalousie son conjoint en prenant, publiquement, une position opposée à la sienne, à propos de son ex-compagne, était le plus mauvais choix rationnel. 
Du fait des recompositions familiales, les occasions d'être jaloux sont fréquentes. Quand il a des enfants d'une première union, le ou la conjoint(e) reste en contact avec son ex. La jalousie peut prendre comme support ce(tte) dernier(e), mais aussi sa progéniture. Plus fort que soi, le sentiment de jalousie, poussé à l'extrême dans le couple, est incontrôlable. Elle dépasse celui qu'elle étreint.
Preuve d'amour, la jalousie ? "Plutôt une conséquence naturelle du sentiment amoureux, explique le psychanalyste et thérapeute du couple et de la famille Serge Hefez, auteur de Scènes de ménage (Fayard, 2010). La relation amoureuse est chargée de passion, de peur d'abandon, d'inquiétude et de la toute-puissance de l'autre." Elle prend ses racines dans notre enfance. "La jalousie dans le couple se nourrit de deux sentiments, la peur que l'autre ne prenne l'objet d'amour - c'est la triangulation oedipienne qui se joue à trois - et la jalousie fraternelle proche de l'envie, celle qui se joue entre le rival et le jaloux", souligne le psychiatre. Le ou la rivale(e) est fantasmé(e). Il ou elle est plus beau ou belle que soi, plus intelligent(e).
"Dans tout amour, il y a une part héritée de l'enfance qui veut de façon impérieuse posséder celui que l'on aime pour soi tout seul. Si cette part est tempérée au fur et à mesure que l'on mûrit, que notre identité d'homme ou de femme s'affirme avec bonheur, elle s'exprime en mode mineur. Elle peut être la source de souffrances face à une infidélité, mais c'est une jalousie somme toute normale", argumente Marcianne Blévis, psychanalyste et auteure de La Jalousie : délices et tourments (Seuil, 2006).
"JUSQU'À EN DEVENIR DINGUE"
Un appel à témoignages, lancé sur Lemonde.fr, révèle des situations où l'on peut éprouver ce sentiment. "Je suis jalouse, avoue Audrey. Pas par nature, mais après une trahison." Son compagnon l'a, en effet, trompée. "Une fois que la confiance est perdue, difficile de ne pas être méfiante, raconte-t-elle. Il ment, s'inscrit sur des sites de rencontres. Je suis devenue paranoïaque, et visiblement cela le pousse à persévérer." Mais, à l'inverse, d'autres manifestations paraissent excessives, sinon pathologiques. Jean-François, 60 ans, est amoureux mais a mis fin à sa relation. Il raconte : "Nous discutions avec mon ex-amie quand tout à coup l'ambiance s'est gelée. Je lui pose alors des questions pour essayer de savoir de quoi il s'agit, mutisme de son côté. Au bout de quelques minutes, elle me dit : "la photo, là dans ton livre". En fait, c'était un marque-page avec la photo de l'auteur."
Une autre fois, il va voir ses enfants en Espagne, leur mère se trouve être là-bas en même temps que lui. "Cela m'a valu une semaine de froid, elle m'accusait d'avoir provoqué cette rencontre pour avoir une relation avec elle", explique-t-il. Tout peut alimenter les disputes. Théo, 28 ans, est jaloux du passé de ses compagnes : "Savoir que mes copines ont passé des nuits avec des inconnus avant de me connaître suffit à me faire haïr jusqu'à la ville où cela s'est passé. Au point de m'imaginer ces épisodes d'innombrables fois jusqu'à en devenir dingue."
"La jalousie est un désir de fusion, et le jaloux est une personne qui n'a pas été suffisamment rassurée par sa mère et qui n'a pas pu se séparer de son objet d'attachement", postule Marie-France Hirigoyen, psychiatre et psychanalyste, auteure de Abus de faiblesse et autres manipulations (JC Lattès, 300 p., 18 euros). La jalousie délirante est du registre de la paranoïa. C'est une psychose interprétative." Le jaloux pathologique est dans le déni. Il interprète la réalité de façon discordante. Pourquoi mets-tu ta belle chemise aujourd'hui ? Pourquoi te maquilles-tu ? "La jalousie consiste à vouloir garder pour soi seul l'objet aimé. S'il m'aime, il ne doit penser qu'à moi, c'est une possessivité absolue", poursuit-elle. On est même jaloux de ses pensées. On coupe l'être aimé de ses copains, de sa famille. Par ses comportements, la personne jalouse se rend antipathique. "Elle se saborde elle-même, elle fait souffrir et elle souffre", continue Mme Hirigoyen.
"LES JALOUX PATHOLOGIQUES"
Marcianne Blévis raconte qu'elle avait un patient qui chronométrait le temps que son épouse mettait pour aller au travail. "La jalousie excessive désigne un état plus ou moins intense, mais qui est une angoisse torturante concernant un ou une rival(e) plus ou moins imaginaire, véritable double du jaloux ou de la jalouse mais un double plus ou moins persécutant", ajoute-t-elle. Le rival a des pouvoirs mystérieux et maléfiques. "Ce qui prévaut alors, c'est l'excitation insatiable de ce désir d'emprise. Une véritable drogue, me disait une patiente, poursuit-elle. Ce genre de jalousie que rien n'apaise montre bien qu'il s'agit d'une sorte d'ivresse qui a pour fin de s'épargner la peine d'être soi pour préférer empêcher l'autre de l'être." La liberté de l'autre est source d'angoisse incontrôlable.
"Les jaloux pathologiques ont une estime d'eux-mêmes défaillante", explique Serge Hefez. N'ayant pas confiance en soi, ils n'ont pas confiance en l'autre. "Ils ont du mal à trouver leur juste place en se situant par rapport aux autres", poursuit-il. La vie est faite d'adaptations permanentes, mais le jaloux, parce qu'il ne sait pas se situer par lui-même, adopte une "identité rigidifiée", remarque Marcianne Blévis. De telle sorte qu'à la retraite ou au chômage, certaines personnes développent face à leur conjoint une jalousie excessive parce que, soudain, ayant perdu leur identité professionnelle, ils ont perdu tout point d'appui.
Peut-on guérir de cette souffrance que constitue une jalousie excessive ? "Ce sentiment ne se soigne pas, mais on peut apprendre à le contrôler", conclut Marie-France Hirigoyen.