TOUT EST DIT

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mercredi 27 juin 2012

Le lobbyisme éhonté, cette autre mamelle de l'échec français

Hier, j'évoquais dans un court billet la première (en importance) des nombreuse mamelles que les Français aiment téter pour s'abonner à l'échec cuisant. Aujourd'hui, voici la seconde, qui va assez bien de paire avec la première : le lobbyisme éhonté.

Par lobbyisme éhonté, j'entends toutes les petites magouilles, les fortes pressions et les mouvements corporatistes éventuellement violents que certains vont entreprendre en direction de ceux qui ont le pouvoir. Cela va donc au-delà du principe de lobbying traditionnel, où des entreprises payent des professionnels pour aller démarcher le législateur afin de bien lui faire comprendre les tenants et aboutissants d'un projet de loi sur le domaine qu'ils représentent.
En France, ce lobbying étant officiellement interdit, il s'est rapidement adapté à la donne légale et mué en une multitude de mécanismes qui échappent au couperet de la loi tout en laissant s'exprimer l'énorme appétit des parlementaires pour des lois favorisant l'une ou l'autre corporation, société, cartel ...

Et c'est donc de façon plus ou moins feutrée, cachée, que des groupes d'intérêts pousseront les députés, les ministres ou les sénateurs à proposer la plupart des lois qu'on voit débouler au cours des législatures. Techniquement, ce n'est pas exactement de la corruption, puisqu'il n'y a pas toujours (et même, de moins en moins) échange d'argent sonnant et trébuchant contre les efforts des parlementaires, mais ça y ressemble tout de même fort.
Pour illustrer un cas concret et récent, pas la peine de remonter bien loin : il y a quelques jours à peine, on apprenait ainsi l'arrivée de Jean-Noël Tronc à la tête de la direction générale de la SACEM ; c'est la société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique dont le but, pour situer, est de collecter les droits sur les diffusions des musiques et chansons écoutées partout en France. Manque de bol pour toute la clique politico-artistique, le nouveau DG n'est pas franchement chaud pour le projet à la mode : Tronc ne s'est pas déclaré joyeusement en faveur d'un nouveau Centre National de la Musique (CNM).
Et pourquoi donc ?
Simplement parce qu'il remet en cause à la fois l'idée même de CNM et le mode de financement de cette idée. Gasp ! Cette andouille, en s'opposant ainsi, va fermer le robinet à argent gratuit puisque ce CNM devait être financé via une dérivation d'une partie de la taxe perçue directement par le CNC (Centre National du Cinéma) auprès des distributeurs de services de télévision. Il déclare ainsi :
« Je suis favorable à l'implication de l’État sous forme de programme d'accompagnement à la numérisation pour la filière musicale sur plusieurs années, mais avec le lancement du CNM, je redoute une étatisation à travers la création d'un établissement qui serait une administration avec une centaine ou plus d'agents »
M'enfin Jean-No, tu avais bu pour sortir un truc comme ça, sans rail et sans prompteur ? Tu veux nous faire croire que tu étais sobre quand tu disais renoncer, peu ou prou, à une enveloppe de financement de 135 millions d'euros par an ? Allons.
Évidemment, la saille de Jean-No a fait péter des douzaines de fusibles chez ceux qui se trouvent bien positionnés, juste en dessous des robinets à subventions, et qui n'entendent pas les voir ainsi se fermer sans réagir : pour eux, c'est limpide, s'il s'oppose à la création d'un machin qui pompe des thunes d'un côté pour en asperger de l'autre, et s'il émet des réserves contre la création d'un établissement qui sera une administration supplémentaire avec une centaine de nouveaux fonctionnaires dedans, c'est forcément parce que :
« Jean-Noël Tronc se fait le chevalier d'une idée personnelle, d'un conseiller de l’Élysée ou du ministère de la Culture »
Ben oui. Inversons la charge : lorsqu'on veut dépenser l'argent du contribuable, c'est qu'on est dans le mouvement naturel et généreux d'une République qui redistribue avec de grands moulinets joyeux. Il n'y a pas à se justifier, et l'idée même qu'on veuille gentiment doucher les acteurs d'une filière sous de l'argent gratuit des autres ne vient pas d'un lobbying préalable. Et a contrario, lorsqu'on trouve cette idée gênante, c'est qu'on subit les influences méphitiques d'un conseiller de l’Élysée.
C'est du plus haut comique, surtout lorsqu'on se rappelle qu'à l’Élysée, les conseillers et le patron ne sont pas spécialement réputés pour tenir les cordons de la bourse avec la plus grande rigueur, hein.
Cette micro-affaire n'est, en soi, qu'une goutte d'eau (à 135 millions par an tout de même) de plus dans le fleuve de dépenses idiotes et inutiles de l’État français pour faire plaisir aux petits marquis de sa cour. Mais elle illustre parfaitement l'habitude qui s'est prise dans le microcosme politico-médiatique français de recourir, partout, tout le temps, pour n'importe quelle raison, à la force publique pour assurer son mode de vie, ses financements et ses lubies.
La SACEM vit, normalement, de la collecte des taxes pour le droit d'auteur. Pourquoi ne finance-t-elle pas elle-même ce Centre National de la Musique ? Pourquoi ne trouve-t-elle pas les appuis auprès de ses sociétaires ? Après tout, ils sont directement intéressés à la manœuvre, non ? En tout cas, certainement plus que les contribuables du Lubéron ou de l'Ardèche spécialisés dans l'élevage, par exemple, mais qui, si l'on s'en tient à ce qui va se mettre en place à grand coup de lobbying, devront obligatoirement participer au travers de leurs impôts...
Et si cette SACEM et les autres acteurs ne trouvent pas les financements de ce Centre, peut-être -- mais vraiment, là, je me lance dans une hypothèse hardie -- peut-être, soyons fous et spéculons sans honte, peut-être est-ce parce que finalement, tout le monde, à part eux, n'en a rien à carrer de ce centre ? Peut-être qu'en réalité, c'est encore un nouveau montage administratif pour pomper du pognon ?
Comment le reste du monde fait-il, d'ailleurs, pour se passer de ce genre de structure ? Peut-être est-ce ici l'occasion à la SACEM et à toute la clique de fumistes dépensiers de se remettre en question, non ?
En attendant le moment où tout ce petit monde verra que les sprinklers à finances publiques sont asséchés, le lobbying continue de plus belle...

Hollande et les privilèges fiscaux des journalistes (pétition)

Le traitement militant de la dernière campagne présidentielle par de nombreux journalistes se comprend mieux à la lecture de la pétition lancée par l’UNI « contre les avantages fiscaux des journalistes », pour demander le retrait de la niche fiscale scandaleuse dont bénéficie cette profession. Une mesure que ne compte étrangement pas prendre François Hollande…
La pétition, intitulée « Mettons fin aux privilèges fiscaux des journalistes« , connait un fort succès qui prouve que la majorité silencieuse a été particulièrement agacée par la manière dont les journalistes français ont caricaturé Nicolas Sarkozy et passé sous silence les aberrations omniprésentes dans le programme de François Hollande, ainsi que les affaires sombres autour du parti socialiste.
Le passage de la pétition qui chiffre ce privilège de caste est éloquent. En voici la retranscription :
« L’UNI appelle, dans une pétition, le ministre de l’Economie, des Finances et du Commerce extérieur, Pierre Moscovici à mettre fin aux privilèges exorbitants qui bénéficient aux seuls journalistes.
Ces derniers bénéficient d’une « niche fiscale » très généreuse, puisqu’ils peuvent déduire directement 7 650 euros de leur revenu imposable pour « les frais inhérents à leur fonction », sans que l’administration fiscale n’ait le droit de vérifier la réalité de ces frais. Concrètement, un journaliste gagnant 3 000 euros par mois verra, grâce à ce dispositif, le montant de ses impôts être divisé par près de deux. Il ne paiera que 2125 € d’impôts par an, alors qu’un autre contribuable avec les mêmes revenus que lui sera imposé à hauteur de 4 153 euros. Le manque à gagner pour l’ Etat est, dans cet exemple, de 2028 € par journaliste. »
Pire, d’après l’UNI, non contents des avantages dont ils disposent déjà, les journalistes auraient exigé de François Hollande encore plus de privilèges :
« Dernièrement, les journalistes de l’audiovisuel ont réclamé le droit à un abattement fiscal de 40 % de leur revenu, dont 10% au titre du remboursement des « frais esthétique ». Pour reprendre notre exemple d’un journaliste gagnant 3 000 euros par mois, si cette mesure était appliquée, il ne paierait plus que 1 180 euros d’impôts soit 2 973 euros de moins qu’un autre contribuable disposant des mêmes revenus… Les stars du JT apprécieront cette attention. Les mieux payés de nos « stars du petit écran » profiteront d’un cadeau fiscal pouvant atteindre 80 000 euros. »
Interrogés sur ce scandale, les membres du cabinet de la ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie Filippetti, ont défendu la niche fiscale. « C’est un soutien précieux pour la liberté de la presse et pour les jeunes journalistes. Nous souhaitons le conserver », ont-ils déclaré.
La justice sociale, c’est maintenant !

Trierweiler sur Royal : l’élégance d’une journaliste indépendante

Le Point a ressorti les vieux articles que Valérie Trierweiler écrivait pour Paris Match entre 2004 et 2005 sur François Hollande et Ségolène Royal, quand ils étaient encore en couple. Peu scrupuleuse vis-à-vis de la déontologie journalistique, Trierweiler y vend (déjà) les talents de son homme. Surtout, elle règle (déjà) publiquement ses comptes intimes avec la Madone du Poitou.
Valérie Trierweiler décrit ainsi un François Hollande charismatique qui « entraîne Ségolène dans ses choix idéologiques ». Le premier septembre 2005, elle fait (déjà) la promotion du socialiste, assurant qu’il sera le candidat en 2007, car Dominique Strauss Kahn « regarde passer les succès de Hollande ». Toutefois, elle ne peut (déjà) s’empêcher  d’envoyer une pique à Ségolène en précisant que DSK, « dans la guerre des conjoints, il a une longueur d’avance sur son adversaire ».
Si l’on en croit le Nouvel Observateur, qui estime que la relation de François Hollande et Valérie Trierweiler date de 2005, ces extraits de pseudos articles auraient été rédigés par Trierweiler alors qu’elle était déjà en train de se mettre avec le père des enfants de Ségolène. Classe !
La lecture de la prose « journalistiquement indépendante » de Valérie Trierweiler devient éloquente quand elle se concentre sur la personnalité de sa rivale : « Ségolène sait sortir les griffes si nécessaire. elle se méfie des femmes qui l’approchent et réagit à la moindre attaque contre son homme », décrit la compagne de François Hollande.
Encore plus répugnant, la première concubine de France met en cause le comportement de mère de Ségolène Royal en sous entendant qu’elle délaisse ses enfants :
« Le premiers secrétaire est rentré plus d’une fois d’un meeting à l’autre bout de la France à 2 heures du matin, pour repartir avant 7 heures. Avoir au moins le sentiment de ne pas délaisser les quatre enfants. [...] Leur mère est restée parfois plus de dix jours sans revenir à la maison ».
On a du mal à concevoir que Marie-Ségolène ait pu avaler tant de couleuvres…
Quand le président Sarkozy avait osé poser la question de la proximité entre la gauche et les journalistes, Valérie Trierweiler avait (déjà) répondu par un Tweet  présomptueux (soumission à la mode oblige…) : « Nicolas Sarkozy ne sait pas ce qu’est le journalisme indépendant ».
A la lecture des articles publiés par Le Point, cette phrase prend tout son sens. Il est clair que la concubine présidentielle est totalement indépendante et prend ses libertés quant à la déontologie journalistique…
Si elle se sert de sa position de journaliste pour régler des comptes intimes, pour tenter de souiller l’honneur de sa rivale amoureuse, on imagine qu’elle n’aura pas trop de problèmes d’éthique à défendre l’homme qui partage sa vie.
Valérie Trierweiler, l’élégance d’une journaliste indépendante…

S'unir ou périr : la zone euro à l'heure du jugement dernier

Pour le financier américain John Mauldin, il ne resterait plus que deux choix à l’Europe : permettre à la zone euro de se dissoudre, ou avancer vers une union fiscale, avec des contrôles budgétaires centralisés.
Le plus dur dans une crise économique, c'est d'estimer à quel moment la confiance des investisseurs se lézarde. Carmen Reinhart et Ken Rogoff l'exposent clairement dans This Time Is Different qui retrace huit siècles de crises financières. Les économistes ne savent pas appréhender le moment où la confiance s'effondre. Leur incapacité à mesurer exactement la fragilité de cette confiance est le principal facteur donnant lieu au syndrome du "Cette fois c'est différent" qui pousse les acteurs économiques à s'imaginer que la période qu'ils vivent n'a rien à voir avec les crises financières du passé.
"Ce que l'on voit, encore et encore, dans l'histoire des crises financières, c'est que lorsqu'on s'attend à un accident, il finit par se produire. Quand les pays deviennent trop profondément endettés, ils vont au-devant d'ennuis (…). Mais le moment exact peut être très difficile à deviner et une crise qui paraît imminente peut parfois prendre des années à s'enflammer", ajoutent les auteurs.
Le conseiller financier John Mauldin part d’un constat simple : on sait que l’argent s’envole des banques grecques. Certaines d’entre elles sont clairement insolvables, et pourtant elles répondent aux demandes de retraits. "D’où vient ce cash ? La réponse est à trouver dans un nouvel acronyme européen : le ELA. Y aura-t-il une limite à cette générosité ?”, s'interroge l’expert.
Selon le consultant, pour comprendre la débâcle grecque, il faut revenir sur le rôle d'un organisme qui a joué un rôle central dans la crise de l'eurozone : la Banque centrale européenne. Car le rôle de la BCE ne se limite pas à imprimer des billets et à mettre de l'argent en circulation. La banque centrale européenne dispose d'un "bureau" qui la gouverne et s'avère assez proche du "Federal Open Market Committee" de la Réserve fédérale américaine. La BCE se réunit et fixe les grandes lignes politiques auxquelles se conformeront ensuite les banques centrales des différents pays européens.           
Ainsi, lorsque la BCE décide de réinjecter mille milliards d'euros dans les banques européennes, comme ce fut le cas lors de la récente "Opération de refinancement à long terme" (LTRO), ce sont en vérité les différentes banques centrales européennes qui effectuent la transaction pour leurs banques nationales. Et la BCE se porte garante pour tous les risques des prêts qu'elle autorise, plutôt que les banques centrales nationales.
Lors du récent LTRO, le taux d’intérêt à été fixé très bas, et les banques qui en ont profité ont ensuite pu prêter l'argent à des clients ou bien acheter des obligations du gouvernement. L’Espagne et l'Italie sont les deux pays qui ont le plus bénéficié de cet argent bon marché.

Alors que les banques des autres pays ont utilisé l'argent à d'autres fins que l'achat de dette publique, les banques d'Espagne et d'Italie ont emprunté à 1% pour acheter leurs propres obligations d'Etat.
Selon Joseph Leddet, conseiller indépendant auprès des entreprises et des collectivités, "La BCE, avec l'appui des banques centrales des pays de la zone euro, finance sans limites tout le secteur bancaire européen, qui ne sert à rien pour l'économie, car il ne prête plus rien aux acteurs économiques réels, replaçant tout son cash auprès de la BCE. A contrario, celle-ci ne fait rien ni pour les États (comme en témoigne la dramatique crise de la dette grecque ou espagnole), ni pour les collectivités locales, ni pour les entreprises, ni pour les ménages, à qui les banques commerciales (inondées pourtant d'argent de la BCE), coupent les crédits. Il paraîtrait ainsi utile de réquisitionner les banques de la zone euro, en leur enjoignant - d'une manière autoritaire - de prêter, voire de donner via la BCE, une certaine somme d'argent aux agents économiques : par exemple 3000 € aux ménages et 20 000 € aux PME. Sinon, nous nous approchons rapidement  de la guerre civile."
Mais la BCE ne garantit pas les dépôts des banques dans les pays membres, comme le fait la Réserve fédérale américaine. Dans ces circonstances, comment l'Euro
A la création de l'eurozone, les politiciens ont voulu éviter d'établir un équivalent du FDIC américain, le Federal Deposit Insurance Corporation. Pas question de garantir les dépôts des banques nationales des pays membres. Certains pays ayant d'immenses secteurs bancaires, les autres ne souhaitent pas garantir des dépôts sur lesquels ils n'ont strictement aucun contrôle. Un tel système aurait signifié une régulation à l'échelle de la zone euro, tout comme le FDIC aux Etats-Unis régule les banques américaines.
Mais les Allemands et les Français n'ont pas souhaité abandonner leur relative indépendance : chaque pays sera donc responsable de la régulation et de la garantie de ses propres banques.

Mais un système restait nécessaire pour prévenir contre une panique bancaire. Les politiciens ont donc mis en place l'ELA (Emergency Liquidity Assistance, en français Soutien exceptionnel à la liquidité bancaire). Ce mécanisme permet de sortir du rôle classique de la BCE, en permettant aux différentes banques centrales européennes de mettre de l'argent à disposition des banques rencontrant des problèmes de liquidités
, comme c'est le cas en Grèce, et ce afin d'éviter le début d'une panique financière. Mais la dette relève alors de la responsabilité de la banque centrale nationale et de son gouvernement.
Si les comptes de la banque fédérale américaine sont relativement transparents, c'est moins le cas de ceux de la BCE concernant le Soutien exceptionnel à la liquidité banquaire. "On ne dit pas quand on est dans une situation d'urgence, parce qu'alors vous faites empirer la situation. Je ne vois donc vraiment pas l'intérêt d'être plus transparent", commentait récemment le gouverneur de la banque centrale belge, Luc Coene, dans une interview accordée au Financial Times.
Les comptes exacts du ELA ont été relégués dans la catégorie "Autres" du bilan de la BCE. Mais il est possible d'estimer le montant du ELA, précisément parce que la catégorie "Autre" a brutalement augmenté depuis que le ELA y a été intégré. elle serait d'environ 150 milliards selon le Financial Times, mais plus de 200 milliards ont probablement été prêtés cette semaine, alors que la Grèce et d'autres pays ont dû faire face à des situations critiques.
Dans la catégorie "autre" du bilan de la BCE, les créances sont brutalement passées de 50 à plus de 200 milliards en un an.
L'aide d'urgence sous forme de liquidités permet ainsi aux différents gouvernements nationaux européens de créer des prêts en euros auprès de leurs banques lors de situations d'"urgence". La Grèce, via sa banque centrale, a donc la possibilité d'imprimer des euros. Plus de 600 millions d'euros quittent ainsi le système bancaire grec chaque jour, sachant qu'il ne reste qu'environ 150 milliards, soit  2% des dépôts effectués par semaine.
D'où les conclusions auxquelles arrive Thomas Warner dans un article publié sur Seeking Alpha :
"Comme l'amas de prêts consentis au titre de l'aide sous forme de liquidités augmente, les gouvernements d'Europe du Nord vont probablement commencer à mener campagne pour imposer des limites à l'utilisation par la Grèce de cette aide ou à la couper complètement. Si le gouvernement grec menace l'Europe de défauts de paiement sur ses dettes, la question de couper l'aide d'urgence sous forme de liquidités à la Grèce devrait être soulevée en même temps. Mais à la périphérie et en France, des voix s'élèveront en faveur de la clémence. Un vote pour couper l'aide d'urgence à la Grèce serait un vote condamnant son système bancaire. Ce qui reviendrait à envoyer un message très effrayant aux épargnants des banques espagnoles, italiennes, irlandaises et portugaises et pourrait créer une banqueroute générale à l'échelle européenne."
pe peut-elle se prémunir d'une banqueroute générale ?


Selon lui, l'Europe sera donc contrainte à faire des compromis pour éviter un effet domino d'effondrement des systèmes bancaires européens. L'aide accordée à la Grèce sous forme de liquidités pourra être limitée, mais elle ne disparaîtra pas complètement, afin que la Grèce ne se retrouve pas en défaut de paiement.
Et comme il n'y a aucun moyen de forcer la Grèce à payer les pertes engendrées par l'aide consentie sous forme de liquidités, c'est l'Europe qui devra payer, d'une façon ou d'une autre, la facture.
"La seule question sera de savoir si elle paiera de façon pro-active, à travers un autre plan de sauvetage de la Grèce plus important, repoussant le remboursement à une échéance future, ou si elle paiera en ne permettant plus à la Grèce de bénéficier de l'aide d'urgence de la BCE, forçant les banques grecques à fermer, avant de devoir reconstituer le capital de la BCE anéanti par l'incapacité de la Grèce à garantir ses prêts issus de l'aide d'urgence", conclut Thomas Warner.
Quand, donc, la confiance va-t-elle définitivement se rompre ? "Je pense que le moment est assez proche", avance Mauldin. L’Espagne ne peut plus emprunter l’argent dont elle a besoin pour renflouer ses banques à un taux acceptable et a en réalité été éjectée du marché obligataire. Selon lui, c’est "mathématique" : l’Espagne n’aura pas seulement besoin d’un plan de sauvetage mais aussi de restructurer sa dette ou de faire défaut sur une partie.
Et quand l’Espagne aura besoin de cet argent, le marché deviendra très nerveux au sujet de l’Italie, sans oublier le Portugual, et l’Irlande, qui auront également besoin d’"oublier" leur dette, selon l’analyste. La chancelière allemande Angela Merkel a mis en garde contre la politique de François Hollande, qui selon elle pourrait détruire l’eurozone en amenant la crise de la dette souveraine jusqu’en France.
Un sommet censé avoir lieu dans quelques semaines se prépare. Gordon Brown, l’ancien premier ministre britannique, a déclaré que "les plans standards, mais souvent vides, généralement décidés dans de tels sommets ne suffiront pas alors que le jour du jugement dernier pour la zone euro approche." Il a prévenu : "la crise menace de s’étendre et d'arriver en Italie, voire jusqu'en France".
Il resterait donc deux choix à l’Europe; soit permettre à l’eurozone de se dissoudre, soit avancer vers une union fiscale, avec des contrôles budgétaires centralisés. Cette dernière option signifie la mise en place d’eurobonds et une autorité de taxation centrale. Cela veut également dire que les syndicats nationaux cèdent le contrôle aux technocrates et aux politiciens de Bruxelles, et le tout entraine donc un changement de la législation du travail.
“Il y a une limite à la dette que le marché voudra bien tolérer", explique Mauldin. Cette limite, personne ne la connait vraiment avant qu’elle ne soit atteinte, et il est alors trop tard. La limite a de toute évidence été atteinte en Espagne. Ce sera bientôt le cas en Italie et en France si de sérieuses réformes ne sont pas prises. L'expert en veut pour preuve les crédits default swaps de l’Allemagne qui grandissent un peu plus chaque semaine.

Payer plus pour acheter moins 


Les élections sont terminées, et tout n’est plus possible. Le smic ne sera revalorisé que de 2 % au 1 er juillet, ce qui représente un coup de pouce minimal par rapport à la hausse du coût de la vie (0,6 % de bonus). Les syndicats sont déçus. Mitterrand avait augmenté le salaire minimum de 10 % en juin 1981. Il est vrai que trois dévaluations du franc avaient suivi en moins de deux ans, pour défendre la compétitivité des entreprises françaises, dont la première dès octobre 1981.
Avec l’euro, ce genre d’ajustement n’est plus possible. Il faut donc rester dans le domaine du « raisonnable ». Le terme vient de Matignon, et c’est un euphémisme par rapport aux différentes coupes budgétaires qui commencent à pointer le nez. Pour assainir les comptes de l’État, il va falloir allier hausse des impôts et baisse des dépenses. Le nouveau slogan pourrait être : « Payer plus pour acheter moins. » L’Insee prévoit mécaniquement – et logiquement – la plus grande contraction du pouvoir d’achat depuis 1984… après le tournant mitterrandien de la rigueur. Cette fois-ci, le tour de vis n’attendra pas deux ou trois ans. Il va falloir le mettre en place dès cet été, car nos partenaires veillent. Avant d’être adopté par le Parlement français, le projet de budget 2013 de l’État devra obtenir le tampon de Bruxelles, qui a déjà fait savoir que certaines dépenses n’étaient pas conformes à l’objectif commun aux pays de la zone euro : revenir, le plus rapidement possible, à l’équilibre budgétaire.
François Hollande sera dans ses petits souliers, demain à Bruxelles, pour son premier vrai sommet européen. La publication de l’audit de la Cour des comptes sur les finances publiques a été délibérément reculée au 2 juillet pour ne pas affaiblir la parole du chef de l’État au sein des 27, mais les chiffres du chômage et la note de conjoncture de l’Insee qui sont tombés hier ne laissent aucune place au rêve. La croissance sur laquelle le président socialiste appuyait son programme électoral ne sera pas au rendez-vous, ni cette année, ni l’année prochaine. Il ne sera donc pas possible de combiner les dépenses supplémentaires promises aux Français avec la résorption de la dette… promise aux Européens. Angela Merkel ne manquera pas de le faire remarquer.

Smic: un coup de pouce, ou un coup de balai?


Fumée 

On le sait depuis Coluche, tous les hommes sont égaux, mais il en est de plus égaux que d’autres. Ainsi, mieux vaut être aujourd’hui millionnaire et non-fumeur, que smicard et fumeur. Faites le compte : le coup de pouce au smic de 21,50 euros mensuels paiera trois paquets de cigarettes, au prix qu’elles atteindront après la hausse de cet automne ! Autant dire que ce coup de pouce partira vite en fumée… La consolation des smicards, si c’en est une, est qu’ils ne seront pas seuls à souffrir. L’Insee a sorti hier des prévisions à vous mettre le moral dans les chaussettes, pire qu’un France-Espagne de foot ou une page météo de cet été pourri. Tout s’effondre, de l’emploi à la croissance, et surtout le pouvoir d’achat : une chute de 1,2 %, du jamais vu depuis trente ans. À ce rythme, aurait conclu Coluche, il y aura bientôt beaucoup plus d’anciens riches que d’anciens pauvres. Et davantage, encore, d’anciens fumeurs.

Nicolas Sarkozy se met en réserve de la République

L’ex-président a repoussé à septembre toute décision sur sa nouvelle vie professionnelle. En attendant, sa cote remonte.
"Je l’ai eu au téléphone, il s’ennuie !", affirme un ancien ministre. "Il n’a pas du tout envie de revenir, il a tout donné", commente un autre. "Il ne veut surtout pas apparaître, précise un troisième. Il ne voit aucun journaliste". Un tweet affirmant que Nicolas Sarkozy soutenait Xavier Bertrand pour la présidence du groupe UMP à l’Assemblée nationale a provoqué un gros émoi. Brice Hortefeux a été chargé de démentir. Ce dernier témoigne : "Il est évident que c’est compliqué. Quand on a eu une activité qui procure autant d’adrénaline !".
L’ex-président flotte. D’autant plus qu’une partie de sa famille politique exige un inventaire de la campagne présidentielle. Il a repoussé à septembre toute décision sur sa vie professionnelle. Avec ses proches, il évoque souvent le cas de Valéry Giscard d’Estaing, battu à l’âge de 55 ans (lui en a 57). Ce dernier n’a eu qu’une idée : se faire ré-élire. Et si en 1995 Edouard Balladur n’avait pas siphonné les voix de l’ex-UDF, il aurait été candidat. Pour tenter un come-back, VGE s’était recentré sur son fief, se faisant réélire député, puis président du conseil régional.
Nicolas Sarkozy, lui, a décidé au contraire de rester en retrait. Une stratégie payante en termes d’image, puisque dans les différents baromètres sa cote a rebondi : + 12 points dans celui de l’Ifop. Et dans l’électorat de droite, il talonne François Fillon. Un proche de l’ancien Premier ministre confie : "François en est persuadé : en 2017, c’est Sarkozy qui sera en face de lui. Pas Copé !". Et tout le monde à l’UMP s’amuse du bon mot de Patrick Buisson : "Je n’ai jamais vu un carnivore devenir herbivore". S’il caresse une telle ambition, Nicolas Sarkozy devra être très prudent dans sa façon de "faire du fric".

Lettre ouverte aux libéraux

Les quelques candidats libéraux présents lors des dernières élections ont fait une campagne remarquable et malheureusement peu récompensée dans les urnes.

Chers amis libéraux,

Ces dernières semaines, vous avez été des milliers (sympathisants, militants, candidats), partout en France, à porter haut les valeurs du libéralisme. Vous avez donné de votre temps, parfois aussi de votre argent, car vous êtes comme moi convaincus que seul un authentique libéralisme peut sortir la France de l’impasse dans laquelle elle se trouve. Les candidats libéraux présents lors de ces élections ont fait une campagne remarquable et malheureusement peu récompensée dans les urnes. Ces temps forts, dans la vie de notre République, que sont les élections législatives et présidentielles, sont des moments privilégiés pour échanger avec les Français.
Lors de mes échanges, j’ai pu me rendre compte (s’il en était encore besoin) de l’urgence de réconcilier les Français avec le discours politique. Lassés de plusieurs décennies de promesses non tenues, il était temps de proposer un projet cohérent, une vision pour l’avenir.  Notre programme fondé sur un socle de valeurs universelles que sont la liberté, la responsabilité individuelle, la propriété privée, l'égalité devant le droit et la solidarité, répond à ces exigences. Malgré les discours de nos détracteurs, les Français sont très largement responsables et raisonnables. Ainsi, le discours de vérité que nous tenons notamment sur la situation catastrophique de nos finances trouve un écho auprès de la population. Alors, même si les médias prennent un malin plaisir à tourner en dérision nos idées, ne vous découragez pas, l’avenir nous donnera raison.
C’est parce que nous libéraux, aimons la France que nous voulons qu’elle redevienne le pays où il fait bon vivre grâce au fruit de son travail et de son épargne et dont chaque citoyen peut être fier. Depuis trop longtemps les syndicats, les médias, les élites politiques, sont pour certaines enfermées dans une idéologie d’un autre temps et pour d’autres uniquement préoccupées par la pérennité de leurs privilèges. Par manque de courage politique, par carriérisme, ou par aveuglement, trop de grandes réformes pour une bonne gestion de la France n’ont pas été engagées. Les dernières crises n’ont pas épargné la France et devraient nous servir de leçon. Malheureusement, la gauche au pouvoir annonce une hausse continue des dépenses publiques et ignore les signes d’une catastrophe annoncée. En effet une partie de celle-ci n’a pas voulu ou pu s’adapter à la mondialisation, aujourd’hui encore trop de ses dirigeants se réfèrent toujours à des modèles dépassés et accordent à de nombreux Français des privilèges d’un passé révolu.
Les crises et le rythme de la vie politique font que dès 2014 de nouvelles échéances (municipales, Européennes, sénatoriales) se présenteront à nous. Sachons rassembler la famille Libérale et centriste pour ces échéances. Il apparaît cependant que le nombre total des électeurs qui ont voté pour un candidat libéral, constitue une force non négligeable que nous devons rassembler.
En guise, de conclusion, je terminerai sur une note un peu personnelle pour remercier tous ceux qui m’ont accueilli durant ces riches heures de campagnes. Je garderai longtemps en mémoire la formidable générosité, la chaleur humaine, le savoir vivre que j’ai rencontrés en allant battre campagne en France. Merci à tous pour tout ce que vous m’avez apporté.

Lettre ouverte à Najat Vallaud-Belkacem

Madame, je crois que vous commettez là une grave erreur et que la prohibition que vous appelez de vos vœux fera beaucoup plus de mal que de bien.

Madame,

Vous souhaitez abolir la prostitution.
Je veux vous dire avant toute chose que je ne doute pas un instant de votre sincérité. J’ai bien pris note que votre position abolitionniste n’est ni moralisatrice, ni paternaliste ; qu’elle n’est motivée que par une sincère compassion pour ces jeunes femmes, souvent victimes de réseaux mafieux et de proxénètes violents, qui se prostituent non par choix mais parce qu’on les y oblige. Si ma raison, le peu d’intelligence dont je crois être capable, me suggérait qu’une telle politique avait ne serait-ce que la plus infime chance d’améliorer le sort de ces femmes, croyez bien que je vous soutiendrais corps et âme. Seulement voilà : je crois que vous commettez là une grave erreur et que la prohibition que vous appelez de vos vœux fera beaucoup plus de mal que de bien.
La première chose que vous devez admettre, c’est que vous ne parviendrez jamais à abolir la prostitution. Vous aurez peut être l’illusion d’y être parvenu ; mais ce ne sera jamais rien d’autre qu’une illusion qui ne trompera que celles et ceux qui voudront bien y croire. La prostitution, que l’on évoque souvent – et probablement à tort – comme « le plus vieux métier du monde », existe parce que certains hommes ne peuvent pas satisfaire leurs désirs dans le cadre d’une relation à titre gracieux et parce que certaines femmes, poussées par la pauvreté ou en quête d’indépendance financière, acceptent de leur vendre ce service. Le désir masculin, le fait que certains hommes aient plus de succès que d’autres auprès de la gent féminine, que des couples soient plus ou moins biens assortis, la pauvreté et le fait que certaines femmes acceptent de se prostituer sont autant de constantes qu’aucune politique ne fera jamais disparaître. Peut être parviendrez-vous à ne plus la voir mais soyez sûre que, même sous un régime prohibitionniste, la prostitution continuera à exister. La véritable question est de savoir dans quelles conditions.
En poursuivant les clients, vous les obligerez à se montrer plus prudents, vous forcerez ainsi les prostituées à trouver des solutions pour leur offrir plus de discrétion, plus de clandestinité. Bien sûr, l’organisation d’un marché clandestin implique des coûts et une organisation adaptée : très rapidement, les indépendantes disparaîtront au profit de réseaux organisés capables d’organiser de telles rencontres.
La demande et la concurrence se faisant plus rares, ces réseaux pourront compenser les risques induits par votre politique en augmentant leurs tarifs. Mais n’ayez aucune illusion : les prostituées, elles, ne toucheront pas un centime de plus ; bien au contraire, ce sont les réseaux mafieux qui seront les principaux bénéficiaires de la prohibition. Des clients qui acceptent de payer plus cher, une main d’œuvre désormais totalement dépendante : il n’en faut pas beaucoup plus pour que le proxénétisme devienne une activité extrêmement lucrative. Forts de leurs pactoles et des perspectives florissantes de leurs activités, les réseaux pourront alors investir pour éliminer physiquement la concurrence, organiser leurs trafics à plus grande échelle et capturer encore plus de victimes non-consentantes dans leurs filets.
À l’abri des regards, les prostituées seront désormais livrées pieds et poings liés à leurs proxénètes qui pourront leur imposer des conditions de travail encore plus indignes tandis que les clients devront se contenter de ce que leur offre le réseau qui aura su se faire connaître d’eux : hygiène dégradée, absence de préservatifs… Il est inutile, je crois, de pousser plus avant la description de l’abjecte cloaque que vous vous apprêtez à créer.
Les politiques de prohibition – de l’alcool, de la drogue comme de la prostitution – n’ont jamais eu d’autres conséquences que de nourrir le crime organisé au dépens du reste de la société. C’est le gouvernement des États-Unis qui a fait la fortune d’Al Capone plus que n’importe qui d’autre. Si, comme j’en suis sincèrement convaincu, votre objectif est d’aider ces jeunes femmes, c’est précisément la politique inverse qu’il vous faut mettre en œuvre : légalisez la prostitution et abrogez la loi de 1946 qui interdit les maisons closes. Vous porterez ainsi un coup fatal aux réseaux de proxénétisme clandestins et vous permettrez aux prostituées de travailler de leur plein grès et dans des conditions d’hygiène acceptables.
Au-delà des partis-pris idéologiques et des impératifs de la communication gouvernementale, les décisions que vous vous apprêtez à prendre seront lourdes de conséquences pour la vie de milliers d’anonymes. Souvenez-vous, de grâce, que les bonnes intentions ne suffisent pas – l’enfer, dit-on, en est pavé – et que, comme l’écrivait Karl Popper, « nos plus grands problèmes trouvent leur source dans quelque chose d’aussi admirable et sensé que dangereux : dans notre impatience à améliorer le sort de nos semblables. »

Pas le temps


Jeudi dernier, c'était la journée de la lenteur. Cela vous aura sans doute échappé pour la bonne raison que vous n'avez pas eu le temps de lire le journal ou que vous écoutiez la radio d'une oreille distraite, en faisant trois choses à la fois. Jeudi dernier, il aurait fallu vivre au ralenti, faire la sieste, arriver en retard, laisser les dossiers en souffrance continuer de souffrir, et les dates butoirs buter. En réalité, à part une poignée d'originaux doués de naissance pour la lenteur, tout le monde a couru comme d'habitude, du bureau à la cuisine avec le téléphone coincé sur l'épaule tout en regardant des footballeurs courir. Voire ! Beaucoup ont tenté d'aller plus vite, de rattraper le temps perdu. Résultat, la journée de la lenteur est passée aussi vite que les autres. Comme à chaque fois, depuis 2001, date de sa création. Pourtant, c'est une bonne idée, la lenteur. Une idée séduisante. Mais, pour qu'elle marche vraiment, il faudrait en faire un jour férié. Ou prendre une RTT.
 

Interventionnisme débridé, première mamelle de l'échec français

Si, comme le grand Charles l'a dit, "les Français sont des veaux", peut-être est-ce parce que beaucoup d'entre eux tètent obstinément à deux mamelles essentielles pour un échec permanent et systématique : celle de l'interventionnisme débridé, et celle du lobbyisme éhonté. L'actualité nous en fournit deux beaux exemples...
Aujourd'hui, pour la première mamelle, nous allons nous pencher sur l'interventionnisme débridé, et il ne faut pas très longtemps pour en trouver un exemple récent.
Comme vous ne le savez sans doute pas, pendant les deux années qui viennent de s'écouler, les taxis parisiens ont été forcés de limiter à deux leurs allers-retours vers Roissy par arrêté préfectoral. Autrement dit, peu importe la demande des passagers de Roissy désirant se rendre à Paris par taxi, le nombre de navette que chaque chauffeur pouvait faire dans une journée devait se limiter strictement à deux.
Pourquoi une telle limitation ? On pourra la supposer prise en fonction de critères objectifs et dans un but précis ; c'est la Préfecture qui nous les donne elle-même :
«15.000 taxis étaient parfois présents en même temps à Roissy, bien plus que la demande, et certains attendaient trois heures avant de charger. Environ 1100 réalisaient plus de deux rotations par jour. Pendant ce temps-là, les gens ne trouvaient pas de véhicule à Paris, où la course, de 4 km en moyenne, rapporte beaucoup moins mais peut durer longtemps à cause du trafic.»
Autrement dit, la préfecture de police prétend donc jouer le gendarme du marché des taxis parisiens. Elle constate, en une seule phrase, plusieurs choses, et y apporte, comme on peut s'y attendre, la réponse étatique la plus invraisemblable.
Ainsi, elle note que la demande en taxis à Roissy est un peu inférieur à l'offre. Elle note implicitement qu'il est bien plus rentable pour un taxi d'attendre trois heures à Roissy que de faire plusieurs courses dans ce temps dans la capitale elle-même, à cause du trafic. Et elle note qu'un millier de taxis arrivent à réaliser plus de deux rotations par jour. Parallèlement, la même préfecture constate qu'il y a pénurie de taxi dans la capitale.
Devant ce constat, la réponse libérale est claire : il faut trouver une solution simple pour accroître le nombre de taxis dans la capitale. Le nombre de licences étant fixées par ... la préfecture de police, il lui est alors facile d'augmenter ce nombre, ce qui aura mécaniquement trois effets : le premier, de combattre le renchérissement de la licence, le second, de combattre le renchérissement de la course de taxi, et le troisième, de rendre le nombre de taxis disponibles dans la capitale plus important.
Eh oui : puisque le prix de la course vers Roissy va, mécaniquement, baisser (comme le prix de toutes les courses, par accroissement de la concurrence), il deviendra progressivement plus rentable aux taxis de rester sur Paris.
Si on pousse le raisonnement un peu plus loin, en libéralisant totalement le marché de la licence de taxi, on laisse au marché le soin de trouver le point d'équilibre entre le nombre de taxis dans la capitale et à Roissy, le prix de la course depuis et vers l'aéroport et dans la capitale. Mais c'est pousser le raisonnement déjà trop loin pour les capacités de la préfecture de police. Pour elle, la solution est simple : interdisons aux taxis d'être rentables et répartissons autoritairement le nombre de taxis à Roissy et à Paris. C'est ça, l'avantage de l'omnipotence de la police.
Notez que cette omnipotence ne s'accompagne pas du tout de l'omniscience, ce qui fait que la préfecture peut tout, mais agit les yeux bandés ne sachant pas exactement ce qui se passe. Et fait donc n'importe quoi. N'importe quoi qui se traduit par le cassage de l'arrêté préfectoral après deux ans de couinements des taxis.
Government Demotivator

Petite question : combien aura coûté la ridicule aventure préfectorale ?
Parce qu'après tout, les préfets doivent -- ou devraient -- rendre des comptes aux contribuables et aux citoyens qui les nourrissent et pour lesquels, service public oblige, ils travaillent. Et quand on se penche en détail sur le cas qui nous occupe, on voit une assez jolie facture, et pas le début du moindre commencement de solution.
Ainsi, dans cette facture, il faut compter le temps passé en procédures légales, tant du côté des taxis que du côté de la préfecture elle-même. Les uns ont passé ce temps sans pouvoir faire tourner leurs taxis en attendant. Les autres ont été mécaniquement impliqués dans une procédure qui leur a aussi coûté du temps, donc l'argent du contribuable.
La facture s'alourdit si l'on doit aussi tenir compte du chiffre d'affaire clairement perdu par les patrons-taxis ne pouvant faire autant de rotations sur Roissy que prévu/voulu. Accessoirement, c'est autant de TVA, de TIPP, d'impôts et de ponctions diverses que la préfecture n'aura pas pu collecter.
Il sera difficile d'évaluer précisément le coût de la dégradation de la réputation de Roissy lorsque les passagers ne trouvent plus de taxis, ceux-ci étant coincés sur Paris, quota de rotations épuisé. Roissy est déjà régulièrement cité comme étant l'aéroport le plus pourri du monde ; je suppose que la Préfecture de Police fait donc ici le nécessaire pour qu'il conserve sa belle première place.
Et bien sûr, la plus grosse ligne sur la facture sera pour le contrôle des limitations artificielles imposées par la préfecture ; combien de policiers mobilisés pour vérifier que les taxis n'ont bien fait qu'un maximum de deux rotations dans la journée ? Combien de patrouilles, combien de dossiers autrement plus important n'auront pas été traités grâce à la l'invraisemblable intervention de la préfecture ?
Heureusement, on apprend que la préfecture va faire appel et donc continuer à utiliser l'argent du contribuable pour pérenniser une solution débile à un problème idiot qu'elle a causé en premier lieu. L'interventionnisme montre ici qu'il n'y a rien de pire qu'une solution étatique à un problème étatique.
Et c'est vous qui remplirez la facture quoi qu'il arrive.

La rigueur de gauche, maintenant inévitable en France

Revue de l'actualité économique récente, entre la crise de l'Euro, les marchés actions, les peurs des PME, la Chine, le Brésil ou l'Asie.
Les marchés ont plus réagi à la perspective de rachat de dette espagnole et italienne qu’à l’élection d’Antonis Samaras, président du parti Nouvelle Démocratie en Grèce et à la nouvelle « opération Twist » de Ben Bernanke, Chairman de la Fed. Il faudra toutefois attendre le prochain Conseil Européen des Chefs d’Etat les 28 et 29 juin prochain pour avoir des détails sur l’implication de l’EFSF qui est une société privée qui fonctionne avec un système de garanties des états et de  l’ESM qui  est une organisation inter-gouvernementale dispose d’un capital de 80 Md€ lui permettant de prêter 500Md€, ce qui serait insuffisant pour calmer les marchés. Christopher Wood, le stratégiste de CLSA à Hong Kong pense que une fois de plus l’Europe ne prendra pas, selon lui les bonnes décisions courageuses.
Jamais le climat n’a été plus hostile à l’entreprise européenne fait remarquer François Lenglet dans Le Point. François Hollande entendait mutualiser les dettes tout de suite, tandis que Angela Merkel  a toujours considéré que cette étape devait être le couronnement d’un long chemin où chacun devait faire ses preuves. Sur les euro- obligations la France a donc été obligée de  faire marche arrière en s’alignant sur la position allemande qui considère qu’elles sont pour le moment, selon la Cour Constitutionnelle de Karlsruhe anti constitutionnelles.
Un mécanisme de garantie des émissions des états souverains par la BCE est proposé par Pierre Lagrange gérant et cofondateur de GLG. La garantie d’une durée de 5 ans coûterait à l’émetteur une commission d’assurance de 0,50%. Ce dispositif s’inspirerait de celui qui a été mis en place en Italie par Mario Monti et pourrait être mis en place beaucoup plus rapidement que les Eurobonds. Il permettrait aux états de lever de l’argent dans de bien meilleures conditions de taux qu’actuellement.
Marchés actions :la perspective d’une non réélection d’Obama est plutôt bien vue par les marchés
Les grands fonds de gestion investissaient entre 40 et 50% de leurs fonds en actions. Cette part est tombée à environ 20%. Le niveau de liquidités étant très important, Patrick Legland directeur de la recherche de la Société Générale pense qu’à la moindre bonne nouvelle, ils devront modifier leur allocation en faveur des actions. Ce mouvement risque d’être encore amplifié par le fait que de nombreux fonds spéculatifs sont vendeurs à découvert d’actions.
En Europe, la croissance de la zone Euro a été revue à la baisse par Andrew Garthwaite du Crédit Suisse : -0,5% en 2012 et juste 0,5% en 2013. La croissance des résultats des entreprises a également été ajustée à -1% pour 2012 et + 2% en 2013 alors que le consensus est encore à + 14% (+12% hors financières)
En France on assiste à une grande peur des PME explique François d’Orcival dans le Figaro Magazine. Le « coup de pouce » sur le SMIC, la suppression de l’exonération sur les heures supplémentaires et le retour, même limité à la retraite à 60 ans pèseront sur la compétitivité.  Tout cela ne pouvant qu’accélérer la disparition déjà en cours des actionnaires, car les dividendes versés par les entreprises  supporteront semble t il une surtaxe de 3% ! Cela devrait rapporter 800M€ à l’état. A cela s’ajouterait une taxe de 20% sur les sommes versées aux salariés dans le cadre de l’intéressement et de la participation. Comme le fait remarquer Jérôme Dedeyan de la société Debory, cette mesure va toucher en priorité les 9 M de personnes qui recevait de leur entreprise une somme de 2000€ en moyenne. Quand on a pour ambition légitime de rééquilibrer la rémunération du travail et du capital, on comprend mal comment on peut augmenter la fiscalité de ce dispositif ! Ce qui est assez cocasse c’est l’augmentation prévue du taux de TVA entre 0,4 et un point, qui passerait à 20% ou 20,6%. Le rendement serait de 3 à 7Md€ pour l’état. A peine supprimée la « TVA sociale » prévue par Nicolas Sarkozy ressusciterait donc sous la forme d’une augmentation de la « TVA normale » ! La lecture de l’article de Kira Mitrofanoff dans Challenges « Ces PME qu’on asphyxie » montre bien que les mesures envisagées vont se traduire par une destruction très importante d’emplois.  Le Medef a lancé a aussi lancé de son côté, une alerte sur la santé des entreprises françaises dont les marges baissent (28,6% en 2011 contre 31,7% en 2007). Il redoute un véritable étranglement fiscal. The Economist dans un article intitulé « Adieu la France » fait état de plusieurs grands groupes qui seraient en train d’étudier leur délocalisation à Londres. Ils ont probablement bien assimilé une déclaration de Jimmy Goldsmithgrand financier franco britannique des années 80,  sur les rémunérations, qui disait « si vous payez avec des cacahuètes, tout ce que vous aurez ce sont des singes ».
Les français qui n’y ont absolument pas été préparés pendant la très longue campagne électorale, ont pour la première fois eu droit à des « fuites »  sur   les coupes  que le gouvernement s’apprêtait à faire dans les dépenses de l’état. La rigueur de gauche est inévitable et devra être expliquée. Il faudra concilier les propos de Jean Marc Ayrault Premier Ministre « Il faut dire la vérité aux français, la situation est difficile » et ceux de Pierre Moscovici Ministre de l’économie « Le redressement doit se faire dans la justice et sans austérité ».
En Espagne, Bruno Cavalier stratégiste chez Oddo propose avec un peu de provocation de  la laissait tomber car tout ce qui sera alloué à l’Espagne risque de réduire les moyens de défense pour les pays dont la situation est moins désespérée.
Aux Etats Unis, Obama ne sera pas réélu pense Charles Gave de GaveKal à New York. Il fait remarquer que l’influence des démocrates qui occupe le monde de la culture, des media et des grandes universités commence à être battue en brèche par l’émergence des think tank et des réseaux sociaux. Dans un article de Foreign Policy « Les guerres secrètes d’Obama » l’influent magazine diplomatique montre qu’Obama « est le président américain qui a approuvé le plus de frappes ciblées de toute l’histoire des Etats Unis. Aujourd’hui 42% des américains se reconnaissent comme conservateurs tandis que 35% se disent indépendants, alors que 20% se disent « libéraux », ce qui dans la terminologie politique américaine veut dire de gauche.
La Chine et le Brésil ont engagé leurs banques centrales respectives dans un swap de 30Md$. Cet accord montre le désir du gouvernement chinois d’accorder des lignes de crédit à ses partenaires commerciaux, ce qui fait partie de la montée en puissance progressive du Renminbi comme monnaie de réserve. L’indice PMI chinois est au plus bas depuis 8 mois. La Chine entame une phase de transition à haut risque prévient Jean-Luc Buchalet Président de Pythagore Investissement. Cela fait des mois qu’il est négatif sur la Chine. Il vient d’ailleurs de publier « La Chine, une bombe à retardement ». La Chine comme l’Espagne ont pu bénéficier de taux d’intérêt très faibles, ne correspondant pas à la réalité de leur économie, ce qui a permis d’alimenter une bulle immobilière. Il est du même avis que Hugh Hendry le gérant d’Ecclectica, qui ne cesse  d’être négatif sur la Chine depuis des mois.
En Asie, la meilleure performance revient à la zone Asie Pacifique (2%) grâce au Japon, (Nikkei +2.6%) qui a bénéficié de la baisse du yen. Sony et Panasonic ont bondi respectivement de 13% et 10%. Mais en excluant le Japon, l’indice n’a pas bougé. Certaines places ont terminé marginalement dans le vert comme Taiwan (0.9%), d’autres dans le rouge comme la Corée (Kospi -0.6%) etSingapour (0.6%), les titres de négoce de matières premières agricoles poursuivant leur rebond. Hong Kong a cédé 1.24% pénalisé par des indicateurs médiocres sur la Chine et par la baisse de China Unicom (-12.4%).
Marchés obligations : les bund allemands d’Angela Merkel ressemblerait à l’emprunt 7% 1973 de Valéry Giscard d’Estaing
 Les obligations souveraines allemandes sont en fait des obligations convertibles dont la valeur de conversion n’est pas prise en compte. Cyril Castelli le président de R Cube, société de recherche indépendante basée à Paris fait une  analyse intéressante qui part du précédent de l’Emprunt 7% 73, dont au départ peu d’investisseurs avaient assimilé qu’il était indexé sur l’or. Il explique qu’en cas d’éclatement de l’Euro les taux allemands à court terme deviendraient fortement négatifs,  la monnaie allemande serait alors réévaluée d’au moins 25%. Le marché ne prendrait pas selon lui, cette perspective en compte.

Quand la gauche interdit aux hommes d’uriner debout

Le Parti de gauche suédois est sur le point d’imposer dans une région suédoise l’interdiction pour les hommes d’uriner debout. Un projet absurde, totalitaire et inapplicable que Najat Vallaud-Belkacem, qui veut « abolir la prostitution », aimerait certainement voir adopté en France.
En Suède, le Parti de gauche a déposé, le 12 juin dernier, au Conseil général de Sörmland, une proposition visant à interdire aux hommes l’usage des toilettes dans la position debout. Quand l’égalitarisme de gauche confine à la folie kafkaïenne…
Les membres du Parti de gauche qui portent cette proposition la justifient par des motifs hygiéniques, médicaux et même sexuels puisque la proposition précise qu’uriner assis « contribue à une vie sexuelle meilleure et plus longue ».

Au delà de l’anecdote et de l’aspect comique de cette affaire, c’est pourtant toutes les tares idéologiques de la gauche qui y sont synthétisées. Cette proposition saugrenue fait d’ailleurs étrangement penser aux déclarations de notre ministre Najat Vallaud-Belkacem, qui a déclaré cette semaine vouloir « abolir » la prostitution.
Premier point commun entre cette affaire et les déclarations de la ministre française : la tentation totalitaire de la gauche qui veut faire le bien des gens contre leur volonté. Au fil de l’Histoire, ce totalitarisme de gauche (« je te prive de ta liberté pour le bien public ») s’est peu à peu mué en mépris bobo (« je te prive de ta liberté car tu es trop idiot et pas assez instruit pour savoir ce qui est bon pour toi »).
Second point commun entre la volonté d’interdire aux hommes d’uriner debout et celle d’abolir la prostitution : la moralisation de la gauche, la sensation incroyable qu’ont ses représentants de défendre le Bien. A partir du moment où vous êtes un combattant du Bien contre le Mal, tout vous est permis, y compris choisir comment les hommes doivent uriner ou quelles sont les professions indignes.
Dernier point commun entre nos socialistes français et leurs camarades suédois : ils masquent leur incapacité à résoudre les vrais problèmes par des propositions absurdes qu’il est impossible d’appliquer. L’idée est de faire du vent autour de propositions vides et ubuesques, afin de créer un bel écran de fumée devant leur incompétence.
Les suédois vont-ils mettre des caméras dans les toilettes des homme pour vérifier qu’ils s’assoient bien avant de faire pipi ? Najat compte-t-elle embaucher un policier par prostituée française afin d’abolir la prostitution ? A-t-elle prévu d’installer des ceintures de chasteté aux prostituées ? Pourquoi faire de grandes déclarations publiques pour annoncer du vide ? Si elle avait un peu plus de courage politique, la jolie socialiste irait plus loin : elle proposerait d’abolir la famine, le Sida, la guerre et les gros mots !
Un monde totalitaire ou les instances du parti socialiste décident comment les humains doivent uriner, déféquer, avoir des rapports sexuels et ce qu’il doivent penser : vive la gôche et vive le Parti socialiste !!
MAMAN ! PIPI !!!!!

Ordinations, vocations et crise de l’Église



Alors que la Conférence des évêques de France vient de donner ses chiffres encore en baisse pour les ordinations de 2012 – 96 ordinations de prêtres diocésains, contre 111 l’an dernier (1) –, le Saint-Siège a présenté lundi un document intitulé Orientations pastorales pour la promotion des vocations au ministère sacerdotal. Le Cardinal Zenon Grocholewski, Préfet de la Congrégation pour l’éducation catholique, a expliqué que ce document avait été sollicité après l’assemblée plénière de cette congrégation en 2005, et élaboré à partir de 2008, grâce aux réponses et suggestions des conférences épiscopales face notamment à la crise de la famille avec la diffusion d’une mentalité sécularisée :
« Tenant compte de ces difficultés, le document énumère les conditions nécessaires pour que la grâce de l’appel trouve un terrain fertile dans l’Eglise et l’ouverture des jeunes à la vocation sacerdotale : un terrain fertile de vie chrétienne dans la communauté ecclésiale, la fonction irremplaçable de la prière, la valeur de la pastorale intégrée, un nouvel élan d’évangélisation et de mission, le rôle central de la famille, le témoignage de vie cohérent et joyeux des prêtres, l’efficacité éducative des expériences de volontariat, et la valeur des écoles et des universités. »
Mgr Jean-Louis Bruguès, secrétaire de la Congrégation (malheureusement connu de nos lecteurs pour ses positions hétérodoxes jamais amendées), a pour sa part dénoncé une « tendance à une transformation progressive du sacerdoce en profession ou métier » qui peut conduire à « la dangerosité de l’activisme exaspéré, à un individualisme croissant qui enferme souvent le prêtre dans une solitude négative et déprimante, et à la confusion des rôles dans l’Eglise qui apparaît lorsqu’on perd le sens de la différence de compétences et de responsabilités et que tous ne convergent pas dans la collaboration à l’unique mission confiée au Peuple de Dieu ». Après un rappel de l’identité du ministère sacerdotal, le document romain avance donc des suggestions pour l’animation pastorale des vocations, tout en rappelant, selon Mgr Vincenzo Zani (sous-secrétaire), « que le terrain fertile de la graine vocationnelle est une communauté chrétienne qui écoute la Parole, prie avec la liturgie et témoigne de sa charité ».
Interrogé par Le Monde de samedi, Mgr Rey, évêque de Fréjus-Toulon (seul diocèse avec Paris à procéder à une dizaine d’ordinations) explique de son côté sa pastorale, contrastant avec celle de la plupart des autres évêques français (il a un séminaire accueillant 80 séminaristes, dont une douzaine originaires du diocèse) : « J’ai développé la présence de communautés nouvelles pour enrichir et féconder le terrain local. A présent, il y a dans le diocèse une cinquantaine de ces mouvements, venus d’autres univers, dont 25 forment des prêtres (…). Aujourd’hui, les jeunes choisissent un séminaire comme on choisit une école de commerce, par Internet ; ils recherchent un parcours significatif. La référence territoriale n’agit plus. Cette approche correspond à ce qui se passe dans la société civile, caractérisée par un fonctionnement en réseaux et une mondialisation des échanges… »
Plus spécifiquement, dans un contexte à la fois de sécularisation et d’islamisation galopantes, il explique : « Une composante de cette nouvelle évangélisation a en effet consisté à installer une communauté de prêtres traditionalistes dans un quartier de centre-ville à majorité musulmane. Certains de ces prêtres ont reçu une formation au monde musulman. L’évangélisation ne doit pas être de la provocation, mais peut se faire à travers des rencontres, en toute délicatesse. Dans ce quartier, nous organisons des processions, et cela se passe très bien. (…) Dans une société sécularisée où la présence chrétienne est effacée, l’important est de lui donner une visibilité. La foi n’est pas seulement quelque chose d’intime, c’est aussi une manifestation collective. L’Eglise doit être aussi un signe pour ceux qui sont à l’extérieur… »
C’est dans cette situation préoccupante de crise des vocations – avec cette « exception culturelle », si l’on peut dire, de ce que Mgr Lefebvre nommait « l’expérience de la tradition » au sens large ! – que nous apprenons que Mgr Fellay ne souhaite pas signer le dernier texte romain qui lui a été remis le 13 juin. Par une lettre du secrétaire général de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, adressée aux supérieurs et diffusée sur internet (nous la reproduisons en page 4), il s’en explique laconiquement tout en dévoilant la crise qui paraît se dessiner au sein de sa mouvance. « Quand il y a une éclipse, tout le monde est à l’ombre » (Péguy).
(1) Mais il faut compléter ce chiffre par les membres de fraternités sacerdotales diverses (FSSPX exclue), soit au total près de 150 ordinations sacerdotales en France. Près de la moitié des diocèses n’auront aucune ordination. Par ailleurs, 76 séminaristes, qui deviendront prêtres l’an prochain, seront également ordonnés comme diacres en vue de la prêtrise.
REMI FONTAINE

Sortie de crise : les dirigeants politiques comprennent-ils que les solutions ne se jouent plus au niveau des Etats ?

Le pouvoir politique noyé dans un système mondialisé, a du mal à trouver les moyens d’agir et d’influer sur le cours des choses, tout en restant persuadé qu’il en a l’autorité.
L’Europe se plaint du diktat de la finance, et ne parle que de dettes, d’argent et de sauvetage des banques depuis des années. On voudrait partager les dettes, autrement dit mutualiser le passé alors que nous devrions surtout être solidaires de l’avenir.  Quid des grands programmes de développement ? De la politique européenne des affaires étrangères (face à la Syrie par exemple) ? Du droit du travail pour éviter le dumping social ? De la politique énergétique (le sommet de Copenhague avait été considéré comme un échec, celui de Rio n’a même pas eu droit à cette qualification, il est tout simplement passé inaperçu) ?
Les Etats sont en faillite, le pouvoir politique aussi, en faillite de solutions, et donc de crédibilité et de légitimité, non pas démocratique mais de compétence. On parle de « tous les pouvoirs », mais lesquels ? Celui par décret d’ordonner au vent de la mondialisation de souffler moins fort ? Celui d’augmenter le Smic de 22 euros pour redonner du pouvoir d’achat ? On n’a pas le pouvoir de créer le marché du seul fait d’être nommé au comité de direction. Les pouvoirs sont partagés, le pouvoir politique doit surtout les faire converger, il doit diriger au sens de la direction à indiquer davantage que diriger au sens illusoire de tout vouloir diligenter.
Jamais comme aujourd’hui nos destins n’ont été aussi liés, interdépendants. Et pourtant, qu’il est difficile de sortir de son pré carré, de l’aire définie par son périmètre démocratique national. Lorsqu’il s’agit d’influencer les gestions et politiques publiques et budgétaires d’autres Etats, vous êtes rapidement critiqué pour ingérence, lorsqu’il est raisonnable de se résoudre à suivre des règles communes, vous êtes accusé de subordination fédéraliste mettant en cause la sacro sainte souveraineté nationale.
Mais lorsque les contribuables européens doivent financer les errements budgétaires d’Etats qui ne sont pas les leurs, lorsque l’intervention armée d’un Etat ou d’un groupe d’Etats engendre des représailles terroristes aveugles ici où là, lorsque nous mourrons ici de ce qui est pollué là-bas, lorsque des emplois sont perdus chez nous du fait d’un dumping social et fiscal ailleurs, nous comprenons bien qu’on ne peut pas à la fois revendiquer une souveraineté nationale et interpeller les autres en cas de difficulté, que celles-ci viennent de son propre territoire ou qu’elles soient importées.
Nos représentants politiques sont des élus nationaux, légitimes sur leurs territoires démocratiques respectifs. Mais ils ont également un mandat international, celui-ci est non démocratiquement acquis, il est implicite, il relève de la responsabilité qu’ils ont à participer à une gouvernance mondiale profitable à tous. Nous souffrons aujourd’hui d’anarchie politique, au niveau mondial, et bien sur particulièrement au niveau européen. L’anarchie est souvent considérée socialement, pour évoquer désordre, absence de règle, d’autorité reconnue et en capacité d’agir, individualisme forcené. L’anarchie est alors souvent une force d’antichambre de la rébellion et de la guerre civile.
Nous vivons aujourd’hui, et nous en souffrons, une situation d’anarchie politique mondiale et européenne, une anarchie mondaine et courtoise, dissimulée derrière les vitrines des sommets internationaux. En l’absence de cette gouvernance politique, cette anarchie, dont nous avons conscience, est considérée comme du seul fait des marchés, et notamment de ces fameux marchés financiers. Mais charité bien ordonnée commence par soi-même, l’anarchie politique est la mère de toutes les anarchies.
Nous dépendons les uns des autres, et au lieu continuellement de voir cela comme une contrainte, une faiblesse ou une blessure d’orgueil, nous avons tout intérêt à en faire une force, un levier. Cette interdépendance est valable à tous les niveaux, à commencer par les niveaux de proximité, à l’échelle d’un territoire ou d’un pays. Entre les entreprises et les pouvoirs publics, entre l’enseignement et le monde du travail, entre le privé et le public, il faut cesser l’opposition systématique et dogmatique qui fait que chacun se considère comme garant du bien commun et détenteur de la solution. Nous sommes liés, c’est la nouvelle donne du siècle, c’est ce qui créera notre perte ou notre renouveau. C’est une nouvelle donne économique (c’est une évidence mais nous souhaiterions nous en abstraire), écologique (nous le savons mais nous l’ignorons), mais également politique (nous le refusons, et simultanément en critiquons l’absence).
Le monde s’est construit autour de territoires, de peuples et de nations, il doit se poursuivre en tant qu’humanité, en tant que communauté de civilisations, collectivement. Inutile de dire qu’il y a du chemin à parcourir, pourvu que ce chemin ne soit pas celui de l’exode fuyant les terres brulées.