TOUT EST DIT

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vendredi 1 juin 2012

L’immigration, l’autre fardeau de la Grèce

Piégée entre une Turquie laxiste et le renforcement des frontières en Europe, la Grèce est devenue un véritable Etat-tampon pour les immigrés du monde entier qu'Athènes doit assumer seule, et en pleine récession.

12,5 kilomètres de barbelés, 3 mètres de hauteur, 25 caméras thermiques. Comme entre les Etats-Unis et le Mexique, le gouvernement grec tient sa solution pour bloquer l’afflux d’immigrés clandestins à sa frontière avec la Turquie. Un mur, acté début 2011, inauguré en février 2012, et dont les travaux de terrassement ont commencé début mai. Un chantier de 3 millions d’euros, entièrement assumé par le gouvernement grec, que l’Union européenne a refusé de financer, malgré le soutien de la France de Nicolas Sarkozy.

«Ce mur ne fera que repousser le problème. Les migrants passeront par le fleuve Evros», résume, amer, un policier grec aux frontières. Décrié par l’Europe, jugé inefficace par les observateurs et les habitants, car couvrant uniquement une petite partie terrestre de 200 kilomètres de frontière fluviale, le mur pourrait ne jamais être achevé. Comme le symbole d’une impasse, de l’impuissance d’une Grèce sans moyens, isolée, obligée de réguler la quasi-totalité de l’immigration européenne, en pleine crise économique.

La majorité des sans-papiers sont renvoyés à Athènes

Chaque jour, plus de 300 immigrés débarquent illégalement en Grèce par la Turquie. Ce qui représenterait entre 80% et 90% de l’immigration clandestine de l’Union européenne. Longtemps, la Grèce a pourtant été un pays d’émigration. «Dans les années 1980, il n’y avait pas d’hommes de couleur en Grèce», se souvient Diamando, enseignante et militante du collectif Stop Evros Wall («Arrêtons le mur de l’Evros»). En 1991, on recense 197.000 étrangers en Grèce, en majorité des Albanais. Dix ans plus tard, en 2001, le nombre d’immigrés franchit la barre du million. Aujourd’hui, pour un pays de 11 millions d’habitants, il y aurait 2 millions d’étrangers en Grèce, dont la moitié des clandestins.
En l’espace de cinq ans, les chemins de l’immigration en Europe se sont déportés de la Méditerranée, via l’Italie et l’Espagne, vers la Grèce et le fleuve Evros. Entre 2009 et 2010, selon Frontex, l’Agence européenne aux frontières, les routes de la Méditerranée centrale (Italie et est de l’Espagne) et de la Méditerranée occidentale (sud de l’Espagne), ont connu respectivement une baisse de trafic de 60% et 31%. Pendant ce temps, le chemin gréco-turc a enregistré une hausse de 345%. Ainsi, en 2010, près de 50.000 immigrés ont franchi cette frontière.
Face à cet énorme problème de flux humains, la Grèce paraît bien désunie. Aux portes de l’Union européenne, la Turquie, le rival de toujours, semble s’amuser en silence, et encaisse les bénéfices. En quelques années, Istanbul est devenu la plaque tournante d’un trafic d’êtres humains en Europe. Des cars de migrants, originaires d’Afghanistan, du Bengladesh ou du Pakistan, croisent dans la capitale turque des avions low-cost en provenance du Maghreb ou d’Afrique noire. Du pays d’origine jusqu’à Athènes, les passeurs, souvent turcs, demandent jusqu’à 10.000 euros, selon les cas, pour un voyage périlleux, parfois mortel.
En 2011, 48 corps ont été retrouvés dans le fleuve Evros. Parmi les migrants, des histoires d’impayés, de kidnapping et de morts de proches, circulent. La police et le gouvernement turcs laissent passer des étrangers, qui consomment, entretiennent une économie souterraine, et de toute façon, ne restent pas en Turquie. Car le problème reste avant tout diplomatique. Ankara a récemment ouvert un mini-espace de circulation, sans visa, avec des pays comme la Syrie, le Yemen, l’Iran, le Maroc ou la Tunisie.
En Europe, la Grèce n’en est pas moins isolée. Les conventions de Dublin, qui fixent les règles de l’immigration dans l’Union européenne, obligent le premier pays où le migrant débarque à traiter son cas. Autrement dit, un immigré illégal, qui passe par Athènes, mais se fait arrêter à Paris, sera renvoyé en Grèce. Dublin II, adopté en 2003, modifie légèrement cette clause en indiquant qu’il s’agit d'«identifier dans les plus brefs délais possibles l'Etat membre responsable».
Face aux difficultés économiques de la Grèce, certains pays comme la Norvège ou la Finlande ont limité les renvois. «Mais cela reste très rare, déplore Angélique Kotzamanis, chercheuse sur les questions d’immigration à l’université d’Athènes. La majorité des sans-papiers sont renvoyés en Grèce.»

«Frontex est utile comme l'aspirine au cancer»

En Grèce, aux frontières de l’Europe, l’absence de moyens, la crise économique, empêche toute tentative ordonnée de régulation de l’immigration. Dans la région de l’Evros, comme dans beaucoup de contrées rurales en Grèce, les routes sont inachevées depuis des années. Les salaires ont parfois été divisés par deux. Débordée, la police d'Orestiada, qui «contrôle» la frontière, délivre aux migrants un papier d'expulsion de territoire sous 30 jours. Un agent d'Orestiada:
«Ils se livrent à la police, nous les relâchons et ils partent tous à Athènes
Pour endiguer ce flux migratoire hors norme dans un pays en crise, l’Union européenne a dépêché dans la région du fleuve Evros, fin 2010, sa police aux frontières, Frontex. Un renfort qui stoppe l’hémorragie, mais qui ne la contrôle toujours pas. En 2011, avec une légère augmentation, 55.000 migrants ont mis le pied dans l’Union européenne par cette route. «Frontex est utile comme l’aspirine au cancer», lance avec cynisme une avocate de la région. «Avant, c’était la police grecque qui informait l’Union européenne de la situation. Aujourd’hui, c’est Frontex. Ils n’agissent pas», déplore Evanghelis Maraslis, maire-adjoint de Nea Vyssa. «Frontex n’a même plus d’argent pour le fuel de son hélicoptère thermique», sourit un soldat grec.
Sans moyens, la Grèce a été épinglée en 2011, par la Cour européenne des droits de l'homme pour la médiocrité de ses centres de rétention. «Les conditions ont été qualifiées d’inhumaines et dégradantes», rappelle Eva Cossé, franco-grecque et assistante de recherche à l’ONG Human Rights Watch. «Il y avait entre 400 et 500 migrants pour un centre qui doit accueillir 250 personnes», se souvient une ancienne pyschologue du centre de rétention de Fylakio, près de la frontière turque.
«Ils pouvaient rester jusqu’à 4 mois, presque toujours à l’intérieur des bâtiments. Plus ils restaient, plus ils étaient dépressifs. C’était une vraie prison.»
L'Union européenne a ainsi investi 250 millions d'euros dans la construction d'une trentaine de centres de rétention qui verront le jour en 2014. Mais cet apport financier apparaît plus comme une solution de court terme, répressive, que comme une réelle politique volontariste en matière d'immigration.
«Ce n’est pas la Grèce qui doit gérer le problème. C’est l’Europe», explique, modestement, Evanghelis Maraslis. Alors que l’Europe ne sait ou ne veut réagir sur le fond du problème, la situation prend des proportions de «drame humanitaire», comme le résume une salariée de Médecins du monde à Athènes.
Avec une bureaucratie figée et débordée, les procédures de titres de séjour prennent parfois des années. Les demandes d’asile, qui donnent le droit à une allocation et une sécurité sociale, sont presque toutes rejetées. En 2011, la Grèce reste le pays le moins généreux d’Europe en termes de statut de réfugié, avec seulement 2% de demandes acceptées.
«Le gros problème est l’accès au droit d’asile de ressortissants de pays en guerre. Très peu de demandes sont acceptées», confirme Eva Cossé, assistante de recherche pour la Grèce à l’ONG Human Rights Watch. L’obtention de la carte rose, titre de séjour de 6 mois qui permet de travailler légalement, reste de plus en plus compliqué à obtenir. Et surtout, de plus en plus long. L’administration, comme la police, n’ont ni les moyens, ni le recul ni l’organisation suffisants pour gérer le cas de tous les immigrés. Pour l’universitaire Angélique Kotzamanis, le problème de l’immigration, immense, est avant tout administratif et économique.
«A Athènes, pour 750.000 demandeurs de titres de séjour, il y a seulement 20 employés permanents au bureau de l’immigration…»
La plupart des étrangers sont donc condamnés à errer, illégaux mais tolérés, pendant des années, dans une capitale en crise.

«Un drame humanitaire»

Omonia, le quartier proche du centre-ville, s’illustre comme le paradis du marché noir. Par communauté, les étrangers s’organisent, se partagent les bénéfices, et refourguent appareils électroniques, cigarettes et vêtements de marque à des prix imparables. «Je te vends un appareil photo Canon reflex pour 180 euros», confie Mehdi*, un Algérien de 33 ans, alors que sort du magasin, paire de baskets sous le bras, un couple grec. Pour les étrangers comme pour les Grecs, dans une capitale sans emplois ni avenir, la contrebande est devenue une solution de survie. Ali, Pakistanais de 38 ans, est à Athènes depuis quelques jours:
«Je vais essayer de chercher un travail légal. Mais si je ne trouve pas, il faudra bien que je mange
Devant des portes d’immeubles délabrés, des maquereaux attendent sur des chaises en bois. «La prostitution est en hausse», explique Nathalie Simmonot, salariée de Médecins du monde, dans Omonia. De plus en plus originaires du Nigéria ou d'Amérique du Sud, les filles sont enrôlées par les mêmes réseaux de passeurs turcs que les immigrés.
«On retrouve toutes les nationalités, et le sida est de plus en plus présent.»
En 2011, selon le ministère grec de la Santé, l’incidence du sida a explosé, pour une hausse de 1.500% dans le centre d’Athènes. Un virus transmis surtout par les toxicomanes, via les seringues. Aujourd’hui, en plein jour, dans le centre-ville et devant des universités, des junkies se piquent, et meurent doucement en silence. «Ce sont surtout des étrangers, mais de plus en de Grecs tombent aussi dans la drogue», déplore Kristina Sanaratzi, porte-parole de Médecins du monde. «Ce que l’on voit à Athènes pour la drogue, en pleine scène ouverte, c’est absolument terrifiant. C’est le pire endroit d’Europe», alerte Nathalie Simmonot. Qui rappelle que l’ex-Premier ministre, Georges Papandréou, conscient de l’ampleur du problème, avait lancé l’idée de la dépénalisation.

La chasse aux migrants

Que fait la police? Au cœur d’Omonia, les agents sont assis en ligne sur des chaises en plastique, devant le commissariat, sirotant des cafés glacés. Ils observent en chien de faïence les étrangers, et parfois, prennent le risque de s’hasarder dans le quartier. Près du siège de Médecins du monde, un agent se confie.
«Tout est foutu ici. Le principal problème, c’est la drogue. Mais aussi, la prostitution, les trafics.»
Il lâche, blasé:
«Tu peux arrêter un, deux dealers. Mais d'autres reviennent le lendemain.»
Une police grecque impuissante, sans moyens et profondément corrompue. A Athènes, les bakchichs sont fréquents. «J’ai été pris à partie par un policier, qui m’a demandé mes papiers. Il m’a pris 200 euros et m’a insulté», s’indigne Mohamed. Mais les plaintes sont rares. «Si on parle de la violence de la police dans le quartier, ils vont nous menacer», glisse Mehdi, réaliste. Pour Kristina Sanaratzi de Médecins du monde, «la police ne nous aide pas car ils sont contre les migrants».
Le problème de l’immigration, couplé à une crise économique sévère, ont exalté les sentiments xénophobes. Les membres de l’Aube dorée, le parti néonazi qui a fait 7% aux dernières élections législatives, quadrille des quartiers de la capitale depuis des mois. La nuit, des groupes de vigilance se forment et attaquent, gratuitement, tout étranger qui se risquerait à une promenade nocturne. La police, souvent consentante, ferme les yeux. Un policier sur deux aurait même voté pour l’Aube dorée aux législatives.
«Nous sommes effrayés par les racistes. Nous n’osons plus sortir», explique Yasser, père de famille afghan, qui vit dans une chambre, avec 25 personnes. «Depuis mai 2011, les attaques contre les étrangers ont considérablement augmenté», analyse Eva Cossé de Human Rights Watch.
«On parle désormais de chasse à l’homme, de chasse aux migrants.»
Chaque jour a désormais son fait divers, son agression, sa violence raciste. Fin mai, à Patras, troisième ville du pays et important port au sud-est de la Grèce, les membres de l’Aube dorée ont attaqué, en pleine journée, après la mort d'un Grec assassiné par des Afghans, une usine où se réfugient des migrants. Bilan: 5 arrestations, 22 détentions, 8 policiers blessés.
Mathieu Martiniere et Emilien Urbano

Après sa démission énigmatique, Laurence Ferrari a présenté, hier soir, son dernier JT sur TF1. La jeune femme n’a pas connu de gros pic d’audience pour ses adieux, mais avec 6,7 millions de téléspectateurs, elle a toujours intéressé les Français plus que François Hollande, qui avait réalisé le score d’audimat humiliant de 6,2 millions de téléspectateurs pour sa première intervention télévisée en tant que président.
Laurence Ferrari aura eu sa petite revanche sur tous les socialistes qui voulaient qu’elle quitte le JT de TF1 car elle était trop proche de Nicolas Sarkozy. En effet, pour sa toute dernière présentation du célèbre journal, la journaliste a réussi à attirer plus de monde que François Hollande.
Quelques jours plus tôt, le président « normal » avait prouvé que les Français ne lui font pas confiance, ne s’intéressent pas à lui, ne croient absolument pas en son programme fantasque et que le socialiste a clairement profité (et joué) d’un referendum contre Sarkozy pour être élu président. Seulement 6 millions de téléspectateurs ont accepté de le regarder à la télévision.
Pour comparaison, en 2007, pour sa première apparition télé, Nicolas Sarkozy avait réuni 11,6 millions de téléspectateurs, soit près du double de son mou successeur.
Finalement, ce score d’audience pathétique est sans doute une chance pour le président de la France molle. La France ne plaçant aucun espoir en lui, il ne pourra pas décevoir et aura une chance d’être réélu en 2017 avec la complicité de la classe médiatique. En attendant, bien calé dans son château, il reprend tranquillement les kilos perdus…

Scandale : un patron de l’AFP nommé à Matignon

Le Directeur général adjoint de l’AFP depuis février 2011, Fabrice Bakhouche, a été nommé à Matignon comme conseiller médias et économique numérique de Jean-Marc Ayrault. Une information qui en dit long sur les rapports entre les journalistes et le PS… et qui illustre le traitement médiatique partisan de la dernière campagne présidentielle.
Avec trois ministres plus le Président de la république qui vivent en couple avec des journalistes, on savait que le PS et les médias français étaient de mèche. Il restait un doute sur l’Agence France Presse, organe censé être indépendant, ne pas pratiquer d’analyse et se contenter de relater des faits.
Il n’aura pas fallu bien longtemps au gouvernement de Jean-Marc Ayrault pour démontrer que l’AFP, comme tous les autres organes d’information, est à la botte du Parti socialiste. Le directeur général adjoint de l’agence de presse, Fabrice Bakhouche, est donc le nouveau surveillant du web pour Ayrault. Il sera chargé de contrôler que les internautes correspondent à l’idéologie ambiante de gôche.
Une récompense pour services rendus au pays pendant la campagne, où le comportement de l’AFP en faveur de Hollande a parfois été déroutant ? Le carnet d’adresse et l’influence de l’ancien journaliste permettront-ils au gouvernement de finaliser la prise de contrôle des cerveaux français ?
Cette nomination est une nouvelle provocation des socialistes, qui affichent clairement leur position et leur volonté d’annihiler toute parole dissidente, tout journaliste qui ne pense pas comme eux. Parallèlement, elle prouve la connivence incroyable qu’il y a entre le PS et les journalistes français. Une connivence qui leur a permis de gagner la présidentielle où, comme par hasard, tous les journaux reprenaient en Une une rumeur fumeuse initiée par un dictateur et un site web trotskiste mais ils refusaient d’évoquer un livre de journalistes, saturé de preuves et dont personne ne contestait la vérité, qui montraient les méthodes mafieuses du parti à la rose.

Avec la probable éviction d’Éric Zemmour et cette nouvelle nomination scandaleuse, il n’est plus exagéré de parler de propagande.
A QUAND LES PREMIERS CAMPS 
DE REDRESSEMENT CIVIQUE ???

Hollande et le PS, fâchés avec l’économie

Le gouvernement Hollande n’est sans doute plus marxiste mais l’économie lui reste une science étrangère. Considérons deux projets ou décisions imminentes, qui pourraient rapporter des voix à court terme mais asphyxieront la France à moyen terme : l’augmentation du SMIC et l’interdiction de l’exploitation des gaz de schiste.
Le gouvernement Hollande n’est sans doute plus marxiste mais l’économie lui reste une science étrangère. Considérons deux projets ou décisions imminentes, qui pourraient rapporter des voix à court terme mais asphyxieront la France à moyen terme: l’augmentation du SMIC et l’interdiction de l’exploitation des gaz de schiste.
Il est attesté que la progression du SMIC et ses répercussions sur les coûts de production accentuent le chômage des plus jeunes et des moins qualifiés. Le refus de l’indépendance énergétique par les gaz de schiste- en contraste avec l’accueil enthousiaste au gaz de Lacq par le Général De Gaulle, naguère- conduira à une augmentation des coûts de production, à une croissance de nos importations de gaz et à une baisse de notre compétitivité à l’exportation .
Au total, la démagogie, l’ignorance et la mythologie écologiste peuvent favoriser une victoire électorale mais condamnent les socialistes et leurs alliés à perdre dans cinq ans. Cinq ans perdus pour les Français ? Dommage.

Sur le web
Augmenter le SMIC, c’est augmenter le chômage (Par Gary Becker, Prix Nobel d’économie)

A Bruxelles, on a « tout mis sur la table » mais François Hollande a vite remballé

François Hollande aime bien l’expression. Quand les autres ne partagent pas ses vues, il demande qu’on mette « tout sur la table ». Mais à chaque fois les Européens n’en veulent pas.
François Hollande aime bien l’expression. Quand les autres ne partagent pas ses vues, il demande qu’on mette « tout sur la table ».

Mercredi soir à Bruxelles, il a mis sur la table les euro-obligations ou euro-bonds. Le jeu de cette émission d’emprunts garantis par les Etats de l’Union européenne consiste à « mutualiser la dette » : ceux qui ont perdu tout crédit et accumulé une dette astronomique peuvent se dispenser d’emprunter sur les marchés financiers à leur propre compte, parce que ce sont tous les Européens, créditeurs ou débiteurs, qui emprunteront, les bons élèves servant de caution aux mauvais. En clair, les Allemands et les quelques pays structurellement créditeurs (comme les Suédois) s’engageraient à payer pour les débiteurs invétérés. Tant que la France était du bon côté, l’opération était plausible Mais à son tour la France a perdu beaucoup de son crédit, de sorte que l’essentiel du risque pèserait sur les Allemands. Ils n’en veulent pas.
Après quoi, François Hollande a mis sur la table la taxe sur les transactions financières. Ici ce sont les Anglais qui la refusent, craignant à juste titre que la place de Londres soit désertée au profit de quelque paradis financier américain ou asiatique. De plus les Anglais utilisent beaucoup plus les fonds d’investissements que les banques pour financer les crédits longs, et seraient donc davantage touchés par une telle taxe.
Reste enfin la lancinante question des Grecs. Pour l’instant l’accord pour garder la Grèce dans la zone euro semble encore solide, mais en Allemagne, beaucoup d’amis d’Angela Merkel souhaitent la rupture. Les banques créancières des Grecs sont surtout françaises (le Crédit Agricole est fortement menacé), tandis que les pertes sur les crédits accordés par le Fonds Européen de Solidarité Financière seraient à la charge de l’Union entière (mais l’Allemagne a été le plus gros apporteur au Fonds).
Tous ces résultats paraîtront bien minces au regard des airs de Matamore du Président, qui voulait revoir tous les traités et toute la politique économique de l’Union. Les discours sur la finance, la spéculation, la nouvelle Europe solidaire, vont peut-être s’entendre quelques semaines encore, au moins jusqu’aux législatives. Puis on passera aux choses sérieuses, restées sous la table.

VIDEO. Juppé dément avoir dit être "le plus capé" pour diriger l'UMP



L'ancien ministre Alain Juppé a démenti "formellement" des propos qui lui sont prêtés dans Paris Match paru jeudi 31 mai, selon lesquels il se sentirait "le plus capé" pour diriger son parti, un mot qu'il n'utilise jamais, a-t-il noté.
"Je n'ai jamais tenu ces propos", "le mot capé n'est pas dans mon vocabulaire", a déclaré à France Info le maire de Bordeaux alors que l'hebdomadaire met entre guillemets dans sa bouche une phrase renvoyant Jean-François Copé et François Fillon dos à dos pour la présidence du parti : "pour l'instant je les laisse s'écharper entre eux, mais je vais me lancer, je suis le plus capé, il n'y a pas photo". "Je ne me retrouve absolument pas dans cet article", a corrigé l'ancien Premier ministre.

Grèce : Lagarde regrette "que ses remarques aient été mal comprises"

La directrice générale du Fonds monétaire international a dit devant son conseil d'administration qu'elle regrettait que ses remarques récentes sur la Grèce "aient été mal comprises et qu'elles aient offensé", a déclaré un porte-parole du Fonds à Washington, jeudi 31 mai.

Mme Lagarde et le FMI ont toujours dit qu'ils éprouvaient "un grand respect pour la Grèce et son peuple, et les sacrifices que de très nombreux Grecs consentent pour surmonter la crise économique", a ajouté ce porte-parole, Gerry Rice.
"Nous continuons de penser que si toutes les parties concernées assument leurs responsabilités et si les bonnes mesures politiques sont mises en œuvre, alors la Grèce pourra surmonter la situation et se construire un avenir meilleur", a dit M. Rice."Depuis quelques année, le FMI fait de gros efforts pour soutenir la Grèce", a-t-il encore rappelé.
PAYER SES IMPÔTS
Christine Lagarde, qui ne paie d'ailleurs pas non plus d'impôt sur les revenus, s'était attiré les foudres des Grecs, de nombreux internautes et de plusieurs personnalités françaises - de Jean-Luc Mélenchon à Laurence Parisot - vendredi dernier, en jugeant dans une interview au Guardian que "les Grecs devraient commencer par s'entraider mutuellement", et ce en "payant tous leurs impôts".
Ces propos lui avaient valu des milliers de commentaires sur sa page Facebook et de vives réactions de la part de politiques grecs - le chef de file du Pasok, Evangelos Venizélos, l'ayant notamment accusée d'avoir "humilié" le peuple héllène.
Le FMI a annoncé le 17 mai qu'il s'était mis en retrait de la Grèce, qu'il refusait de travailler avec le gouvernement transitoire à Athènes et qu'il attendait les élections de juin pour reprendre éventuellement le versement de son aide au pays, dont une nouvelle tranche aurait dû en théorie être débloquée jeudi.

Laurence Ferrari fait ses adieux au 20h de Tf1





VICTIME DE LA HOLLANDISATION DE LA TÉLÉVISION. 
VA-T-IL CASER SA RODVAILER ?

La valse des flics

Au grand mercato de printemps, ça déménage. Au sommet de la « grande maison », le remplacement le même jour par l’Etat socialiste des trois postes les plus importants de l’édifice policier, n’est pas une formalité administrative. Même François Mitterrand n’avait pas osé réaliser une telle purge. Et ce chamboulement au plus haut niveau hiérarchique et franc-mac va évidemment entraîner des nominations en cascades. C’est une valse à plusieurs temps. A gauche toute.
Choisis pour leur fidélité et leur allégeance, les trois promus sont surtout compétents pour avoir servi sous des ministres socialistes. Bernard Boucaut (64 ans, à un an de la retraite) est un haut fonctionnaire intime du Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Il est nommé au poste éminent de préfet de police sans avoir jamais fait de police de sa vie. C’est un homme de cabinet. Il a conduit sa carrière au sein des cabinets ministériels socialistes (il a notamment dirigé celui de Daniel Vaillant). Le sérail policier s’est un peu ému de son manque de connaissance et de pratique en matière de police. Il accède à un poste très politique, la « PP » étant la tour de contrôle du dispositif de sécurité de toute l’Ile-de-France.
Bernard Squarcini, le directeur central du renseignement intérieur (DCRI) cède sa place à un ancien cadre de la DST (contre-espionnage) Patrick Calvar, 56 ans, qui a fréquenté les trois grandes boutiques historiques de la barbouzerie : RG, DST, DGSE. Aux Renseignements, Hollande place d’abord des hommes à lui. Comme pour le remplaçant de Frédéric Péchenard, Claude Baland, 61 ans, qui devient le nouveau DGPN, directeur général de la police nationale. Le grand taulier. A ce poste de big chef de la maison poulaga, lui non plus il n’a jamais été sur le terrain. Instituteur, agrégé de géographie, énarque, préfet, haut fonctionnaire et directeur de l’administration de la police nationale, il a couru davantage le risque de s’électrocuter avec son ordinateur que de croiser une bande de cités.
Certes on peut reprocher des choses à Frédéric Péchenard, l’ami d’enfance de Sarkozy, mais lui au moins avait une formation de commissaire de police puis de directeur de PJ des services actifs de la police.
Trente ans de police, il connaissait son boulot : ancien de la brigade de répression du banditisme puis de l’anti-terrorisme, de l’antigang (la prestigieuse BRI) et de la Crime, il avait joué un rôle actif dans le règlement de la prise d’otages de la maternelle de Neuilly.
On en vient à regretter ce grand flic à qui son père, avocat d’affaires richissime, avait déclaré en apprenant qu’il préparait le concours de la police : « J’hésite entre la honte que tu sois collé et la honte que tu sois reçu »…
Aujourd’hui, et ça sonne presque comme un gag de mauvais film, cet homme de terrain passé du mythique « 36 » (quai des Orfèvres) au « 11 » (rue des Saussaies, ministère de l’Intérieur), se retrouve « à la circulation ». A la Sécurité routière très exactement. La seule forme de répression sécuritaire, il faut bien le dire, dans laquelle Sarkozy a fait des étincelles avec son Kärcher.

Un président « normal » qui passe à la télé


Cette intervention était creuse et sans réelle avancé sur les sujets qui préoccupent la France.
Elle soulève pourtant toujours autant de questions … donc juste un exercice de style du nouveau président qui lui a permis de faire un peu de propagande pour le PS (normal pour le président de « tous » les Français ?) suivi par quelques 6 Millions de personnes dont moi qui ne partagent absolument pas ses idées intenables, ou alors à un prix qui pèserait lourdement, entres autres, sur les salariés Français…
Visiblement, la conjoncture législative ne se prête pas trop pour le président « Normal » à donner des réponses sur ses promesses de campagne, gageons toutefois qu’une fois cette échéance passée, « L’Europe » ne tardera pas à les lui imposer.

La rigueur, c'est maintenant 
 
Quel que soit l'élu, le prochain quinquennat sera celui de la rupture avec l'ère de la croissance à crédit.
Le déclin de la France n'a jamais été aussi marqué depuis les années 1930
 La croissance potentielle se situe désormais au-dessous de 1 % compte tenu de l'euthanasie de la production privée, du retard de l'investissement et de l'innovation provoqué par la chute des profits, de l'effondrement de la compétitivité dont témoignent la diminution des parts de marché mondial de 4,7 à 3,4 % depuis 2000 et un déficit commercial record de 70 milliards d'euros en 2011. La dette atteindra 90 % du PIB en 2012, seuil à partir duquel elle détruit l'activité et l'emploi. Le chômage touche 10 % de la population active depuis trois décennies. Le blocage de la croissance et le chômage permanent entraînent la paupérisation des Français, dont le revenu par tête est désormais inférieur à celui de l'Union européenne. La nation se désintègre et ne parvient plus à intégrer ni les jeunes - 20 % d'une classe d'âge étant rejetée chaque année du système éducatif sans formation aucune - ni les immigrés et leurs descendants. La dégradation financière de la France, loin d'être anecdotique, acte la perte de la maîtrise de son destin par un pays qui se trouve désormais placé sous la tutelle des marchés financiers et de l'Allemagne.
La préférence pour la dépense publique est au fondement du modèle de croissance à crédit qui a ruiné la France et en fait l'homme malade de l'Europe. 
Cinq ans après le choc de 2007, notre pays n'a pas retrouvé son niveau de production d'alors. Contrairement aux autres pays développés, son décrochage a été accéléré, mais non provoqué, par la crise. Il résulte d'un modèle de croissance par la dette publique où le seul moteur de l'activité réside dans la consommation, tirée par des transferts sociaux qui atteignent 33 % du PIB. L'Etat providence a phagocyté l'Etat régalien et la redistribution évincé la production. La montée parallèle des dépenses et des recettes publiques, qui culminent à 56,6 % et 49 % du PIB, minent la production et l'emploi marchands.
La France sera l'épicentre du prochain choc sur la zone euro. 
  En dépit du faux calme qui a prévalu depuis la dégradation de sa notation financière, le télescopage du mur de la dette se rapproche. La France doit lever 180 milliards d'euros en 2012 et 240 milliards en 2013 sur les marchés, dont 70 % auprès des investisseurs internationaux. Le ciseau entre l'ascension de la dette publique et la chute de la croissance se poursuit, tandis que le chômage frappe plus de 10 % des actifs. Notre pays est par ailleurs pris en étau entre l'Allemagne d'Angela Merkel, leader de l'Europe du Nord compétitive, et l'Italie de Mario Monti, symbole de l'Europe du Sud qui se réforme. Les investisseurs, y compris les banques françaises, ont déjà commencé à vendre massivement les titres de la dette française, avec pour conséquence une tension sur les taux d'intérêt et un écart de 125 points de base avec le Bund allemand. L'Espagne de Mariano Rajoy préfigure la situation de la France au lendemain de l'élection présidentielle. En dépit d'un effort d'économies de 27 milliards d'euros et de 12 milliards de hausses d'impôts, en dépit de la libéralisation du marché du travail au prix d'une grève générale, le dérapage du déficit budgétaire de 4,4 à 5,3 % du PIB a été violemment sanctionné par les marchés. Les taux d'intérêt sont remontés à 5,7 %, soit un niveau insoutenable pour une économie en récession où le taux de chômage atteint 23 %. La dette publique française constitue la prochaine cible. Avec à la clé un nouveau choc sur le système bancaire, dont les bilans sont intimement liés aux risques souverains, et la relance de la crise de l'euro, dont les mécanismes de secours, limités à 800 milliards, sont insuffisants pour garantir la dette française (1 700 milliards d'euros).
Volontaire ou subie, la rigueur s'imposera au prochain président de la République. 
 La rigueur passe par la baisse des dépenses publiques et non par la hausse des impôts, qui n'est jamais que la préférence pour la dépense poursuivie par d'autres moyens. Elle s'impose autant pour sauver l'euro que pour rétablir la souveraineté de la France, casser le cycle de son déclin, refonder la nation autour de perspectives d'avenir crédibles. Elle constitue la face cachée de la campagne électorale. Les programmes de retour à l'équilibre pour 2016 ou 2017 sont biaisés par des hypothèses de croissance exagérément optimistes (2 à 2,5 %, contre 1,2 % en moyenne depuis 2000), des hausses d'impôts massives (de 14 à 50 milliards d'euros) qui porteront les recettes publiques au-delà de 50 % du PIB, des promesses de dépenses nouvelles et un flou persistant sur d'éventuelles coupes budgétaires. Quel que soit l'élu, le prochain quinquennat sera celui de la rupture avec l'ère de la croissance à crédit. Le temps des déficits et de l'argent public abondant et bon marché est révolu. Voilà pourquoi le prochain président, de gré ou de force, devra s'inspirer de Gerhard Schröder et de Mario Monti. Voilà pourquoi il ne suffit pas de dire que l'on va baisser les dépenses, mais lesquelles et comment. Voilà pourquoi il faut assumer politiquement la rigueur. Dès maintenant.

Hollande et la marée mondiale 


Dans la mondialisation expliquée aux nuls - mon viatique ! -, on sait tout du gouffre de notre dette, de l'enchaînement infernal de la faillite grecque sur un euro menacé d'implosion. On glose sur la nécessité de stimuler la croissance afin que la seule austérité ne mette les endettés sur le flanc. Et l'on entend les vertueux du Nord inquiets que les paniers percés du Sud n'y respirent une aubaine pour prolonger leurs vices. La controverse, c'est entendu, se dénouera après les élections françaises et grecques.
Mais, à ce tableau, il manque, je le crains, l'affichage du grand basculement mondial. Celui qui voit les "damnés de la terre" émerger d'une longue détresse et tailler des croupières à l'Occident. Plus de 2 milliards d'hommes conquièrent une place au soleil. Qu'en sera-t-il de la nôtre ? Dans une planète surpeuplée, ce séisme bouge les plaques tectoniques de la démographie et des migrations. Il élève des continents (l'Asie, l'Afrique, l'Amérique latine), il ébranle le nôtre. Il déclasse les anciens logiciels du commerce mondial. Dans notre crépuscule, les pauvres parmi les pauvres découvrent l'aurore.
Chez nous, cette marée mondiale jette au chômage des malheureux chassés d'entreprises délocalisées vers des salariés exotiques aux revenus étiques. Elle envahit nos pays de marchandises venues d'Asie où la camelote et la contrefaçon cèdent désormais le pas aux produits sophistiqués de la génération d'Internet. Une invasion qui suscite, chez nos peuples, la réaction protectionniste. Elle fait lever, dans toute l'Europe politique, les chimères populistes. Mauvais souvenirs !
Défile donc le troupeau des boucs émissaires. En tête, le capitalisme financier. Comme la démocratie, le capitalisme est le pire des systèmes... à l'exception de tous les autres. Il a ses maladies. Elles ont, dans la crise, éclaté au grand jour. Une spéculation hystérique, l'embardée du virtuel, les effarantes disproportions des revenus de la rente et du travail ont désespéré les classes salariées et dévalué la maîtrise des politiques. En Europe, leur incurie dans la gestion de l'euro n'aura rien arrangé. Contre cette déglingue, des traitements variés sont entrepris. Plus qu'on ne dit, moins qu'il ne faut. Mais tous ces travers ne menacent nullement une pratique qui rallie peuples et continents. Dans nos pays riches, l'ère Reagan-Thatcher a sans doute perdu de sa superbe. Mais le capitalisme se régénère... chez les pauvres. Pas chez les nôtres. Chez ceux d'ailleurs.
Ni la démocratie ni l'économie de marché ne sont peut-être, dirait un sage, le but ultime de l'aventure humaine. Mais la planétarisation de l'économie de marché en fait, à notre siècle, le phénomène majeur. Depuis que Deng Xiaoping en a libéré le flux, l'essor chinois fait rêver l'univers. La chute du communisme, avec ses pénuries avérées de biens et de libertés, et son tsunami de victimes, a désenchanté pour longtemps ces illusions.
Comment, en France, affronter le basculement mondial ? On peut nier son importance, douter de son rythme. On peut échafauder - mais dans quel avenir ? - à l'échelle européenne - avec quelle Europe ? - des écluses de protection relative. Mais si on calcule et anticipe ses effets - ce que font les marchés -, les annonces électorales de notre nouveau pouvoir donnent le bourdon.
Elles perpétuent un modèle de développement qui court à la ruine. Il est tiré, à grandes guides, par le quadrige infernal du déclin français : l'endettement massif, le boulet de la dépense publique, l'effondrement industriel de la compétitivité et le record des prélèvements obligatoires. Non seulement la France s'écarte des directions de nos voisins, mais va depuis trente ans à contre-courant (35 heures, régime de retraites, etc.). Elle sanctifie le budget social (par rapport à la richesse nationale) le plus élevé de la planète.
Pour s'en tenir au commerce, et si l'on ne s'aveugle pas sur les profits que les champions d'un CAC 40 réalisent... hors de France, le décor est sinistre. Les exportations françaises baissent continûment depuis quatorze ans. Aggravant cette faible compétitivité productrice, le Hollande électoral se propose d'abaisser notre compétitivité fiscale en accablant les entreprises "du choc fiscal le plus violent depuis la Seconde Guerre mondiale" (1).
Bref, l'ultime niche de l'espérance française, c'est désormais que Hollande arbitre contre ses chimères électorales. Des social-démocraties qui marchent, l'Europe en connaît. Accoucher, à leur exemple, d'une social-démocratie française, fût-elle rénovée dans la douleur, ce serait, pour Hollande, couronner devant l'Histoire un insolite destin national. Le socialiste a vainement rêvé, pour nous, un avenir impossible. Il nous reste à rêver, pour lui, un avenir d'homme d'État.

1. Christian Saint-Étienne.

Mme Lagarde face au choeur des hypocrites 


Un humoriste a dit qu'il n'y a qu'une chose à faire quand on a une femme qui adore dépenser de l'argent : il faut adorer en gagner.
L'Europe est prévenue. L'Allemagne en tête, il va lui falloir travailler plus dur encore pour payer les folies de la Grèce, qui a fait de la fraude fiscale l'un de ses sports nationaux.
Dans ce contexte, Mme Lagarde a commis une faute impardonnable en mettant en cause tous ces Grecs, fort nombreux, qui "essaient de ne pas payer d'impôts". Des propos honteux que notre classe politique, unanime, a dénoncés avec un courage qu'on ne se lassera pas de saluer.
De Marine Le Pen à Jean-Luc Mélenchon en passant par François Bayrou et Najat Vallaud-Belkacem, tout le monde s'est indigné, tandis qu'Internet se déchaînait contre la directrice du Fonds monétaire international. On attend maintenant que le MRAP et SOS Racisme engagent les poursuites judiciaires qui s'imposent, avant que soit saisi le Tribunal pénal international, dont on ne comprend pas qu'il tarde tant à lancer un mandat d'amener contre Mme Lagarde.
En effet, si les Grecs travaillent dur à ne pas payer d'impôts dans un système économique où règnent le clientélisme et la kleptocratie, grand bien leur fasse, il ne faut surtout pas leur dire la vérité, comme l'a fait Mme Lagarde, mais, au contraire, continuer à les subventionner : l'Allemagne paiera, elle est là pour ça.
Pour redevenir sérieux, on ne peut qu'être consterné par ce tollé général contre Mme Lagarde, qui a eu le mérite de se demander s'il est bien normal d'accorder une aide faramineuse à chaque Grec (33 000 euros), alors que nous ne distribuons que des clopinettes aux Africains dans le besoin. Merci, madame Lagarde !

Hollande plus banal que normal


Pour sa première intervention télévisée, le président de la République a semblé content de lui et de ses premiers pas. Tant mieux !
Faute de pouvoir l'apprécier sur les actes, et pour cause puisqu'il n'est à l'oeuvre que depuis trois semaines à peine, c'est sur ses paroles, ses manières d'être, son style qu'on se voit contraint pour l'instant de limiter le jugement sur le nouveau président. On apprend peu à peu à le connaître dans son nouveau statut de chef de l'État, en attendant de l'évaluer dans sa nouvelle stature, à l'aune des résultats de sa politique. C'est ainsi qu'hier soir, à la faveur de sa courte intervention sur France 2, il a livré à l'opinion quelques signes propres à nous éclairer sur sa psychologie. Des signes en vérité assez minces. Il avait peu à dire, du fait d'un calendrier qui le place actuellement dans une position de transition, à quelques jours des élections législatives, et alors qu'il ignore encore sur quelle majorité parlementaire il pourra s'appuyer. Sera-t-elle forte, sera-t-elle homogène ? On peut même rêver : sera-t-elle là ?

Une intervention habile

Le motif de cette apparition superflue sur les écrans répondait d'ailleurs au seul souci de peser sur le vote des électeurs, bien qu'évidemment il s'en soit défendu. Il a appelé en effet les Français à lui accorder "une majorité large, solide et cohérente" tout en feignant de se tenir éloigné de cette préoccupation en précisant qu'il n'était pas le chef de la majorité. Le procédé est classique dans cette République. Il faut noter cependant que François Hollande l'utilise de manière plus habile que ses "prédécesseurs". À ce propos, observons que c'est le mot qu'il utilise constamment pour désigner et pourfendre Nicolas Sarkozy, qu'il ne cesse d'invoquer, mais dont le nom lui écorche sans doute la bouche.
Cette habileté politique, qu'on a découverte au cours de la campagne, apparaît décidément comme un trait majeur du caractère de François Hollande. La mise en scène de l'intervention d'hier soir était parfaitement réglée. Dans la journée, le Premier ministre avait ouvert le dialogue social avec les syndicats. Dans la journée également, Jean-Marc Ayrault avait confirmé l'encadrement des salaires des grands patrons d'entreprises publiques. Il ne restait plus au président, le soir venu, qu'à ramasser la mise pour en faire mine de rien un argument de campagne électorale, en enrobant le cadeau dans un paquet flatteur d'autosatisfaction sur le rôle éminent de la France et sur le sens des responsabilités de son président.

Naïveté ou suffisance ?

Là encore l'habileté, mais cette fois un peu trop visible, trop appuyée. À l'entendre, son avènement est sur le point de bouleverser l'ordre mondial. Tout juste si en deux semaines il n'a pas convaincu Obama, ébranlé Merkel, séduit nos partenaires européens et si demain il ne circonviendra Poutine à propos de la Syrie. Diantre ! Naïveté ou suffisance ? Croit-il ce qu'il dit ou est-il dans la posture ? Joue-t-il les importants, obsédé par le fantôme de Mitterrand, ou a-t-il de réels talents que des années d'ambition refoulée auraient cachés ? Quelle est sa vérité sous ses airs de monsieur Tout-le-Monde ? Il dit trop qu'il veut "faire simple", et qu'est-ce que cela signifie "faire simple" ? Être simple ou faire comme si on l'était ?
Le temps dissipera ces ambiguïtés. Car il est vrai qu'il y a une ambiguïté Hollande. Assurément de l'intelligence et de l'adresse. Mais une complexité et une soif de pouvoir inattendues. Tout sauf la normalité.

Tous coupables

La plupart des Grecs considèrent que la zone euro et le FMI leur en demandent trop. Ils vont probablement, le 17 juin prochain, donner à nouveau la majorité de leurs suffrages aux partis opposés au plan d’austérité signé par le gouvernement. Mais ils ne pourront éviter les réformes trop longtemps repoussées, s’ils ne veulent pas sombrer à nouveau.
Trop brutalement sans doute, la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, a mis les pieds dans le plat ce week-end, dans un entretien au quotidien britannique The Guardian, en s’étonnant de ce sentiment d’injustice. Selon elle, la Grèce n’est pas particulièrement à plaindre : "Je pense davantage à ces enfants d'une école d'un petit village du Niger qui n'ont que deux heures de cours par jour, qui partagent une chaise pour trois et qui cherchent passionnément à avoir accès à l'éducation. Je pense à eux en permanence, parce que je pense qu'ils ont davantage besoin d'aide que la population d'Athènes". Pour Lagarde, "les Grecs devraient commencer par s'entraider mutuellement", et ce, en "payant tous leurs impôts".
Au-delà de la violence du propos, plutôt maladroit à trois semaines des nouvelles élections législatives grecques, la directrice générale du FMI appuie là où cela fait mal. Certes, les investisseurs ont commis une erreur en prêtant sans compter depuis vingt ans à la Grèce. Mais ils l’ont payé au prix fort en ayant dû consentir un abandon de plus de 70 % de leurs créances (dont une bonne partie concerne les investisseurs grecs eux-mêmes, banques, assureurs, caisses de retraite), soit 105 milliards d’euros. Il s’agit là de la plus grande restructuration de dettes de l’histoire du capitalisme (88 milliards de dollars "seulement" pour l’Argentine).
Par solidarité bien comprise, la chute de la Grèce risquant d’aboutir à un effondrement de la monnaie unique, la zone euro et le FMI ont prêté à Athènes 240 milliards en tout (à terme, l’ensemble de cette somme n’ayant pas encore été versé). À cela s’ajoutent les (au moins) 50 milliards d’obligations d’État grecques rachetées sur le marché secondaire (celui de la revente) par la Banque centrale européenne. Soit 290 milliards d’euros, environ 2,5 fois le montant annuel du budget communautaire pour un pays de 11 millions d’habitants pesant à peine 2 % du PIB de l’UE. Le FMI, qui a prêté à lui seul un tiers de cette somme, n’a jamais versé autant d’argent à un seul pays dans son histoire…

L'Europe soutient la Grèce depuis trente ans

Rappelons aussi que cette solidarité ne date pas de la crise : depuis son adhésion à l’Union, en 1981, et surtout depuis la création des fonds structurels (aides régionales) en 1988, la Grèce a reçu chaque année entre 3 et 4 % de son PIB en aides européennes. Sans compter que depuis 2002, date à laquelle elle a rejoint la zone euro, elle a pu emprunter sur les marchés à des taux allemands. Qu’a-t-elle fait de cet afflux sans précédent d’argent ? Ce qui est sûr, c’est qu’il n’a pas servi à développer le pays, mais plutôt à entretenir une clientèle politique et à soutenir la consommation (la Grèce était l’un des principaux marchés européens pour les voitures de luxe allemandes)… On comprend donc l’agacement grandissant des Européens et du FMI face à ce qu’ils perçoivent comme de l’ingratitude de la part d’un pays qui a échappé de peu à une banqueroute qui aurait eu des effets infiniment plus dramatiques que la cure de rigueur sévère qu’il subit actuellement.
Le plan d’ajustement liste surtout toutes les réformes que la Grèce doit accomplir pour bâtir un État. Sa lecture, en creux, est édifiante : tous les secteurs de l’administration, du système de santé, de la fiscalité, du droit, des appels d’offres publics sont passés en revue et montre que la Grèce dispose d’un État moins efficace que celui de la Turquie.
Le problème est que la Grèce ne fait pas ses devoirs, à la fois par incompétence d’une grande partie du personnel politique et de l’administration, mais aussi par résistance de ceux qui ont tout à perdre si ces réformes voient le jour. Le premier Plan d’austérité négocié avec le FMI et l’UE au printemps 2010 n’a jamais été appliqué, comme l’a reconnu feu le gouvernement Papandréou, et le second est en panne depuis les élections du 6 mai dernier.
Votée il y a un an, la loi ouvrant plus de 150 professions à la concurrence n’est toujours pas appliquée, faute de volonté administrative. Créer une entreprise est toujours aussi difficile. Le cadastre n’est toujours pas achevé (pourtant l’Union le demande depuis 20 ans et a même payé pour aider les Grecs à en faire un). Et lorsque le fisc fait son travail, la justice, corrompue, lente et inefficace, ne fait pas le sien, ce qui permet aux fraudeurs d’échapper à l’impôt. Pour donner une idée de ce qui est en jeu, la fraude fiscale a été estimée, pour 2009, entre 15 et 20 milliards d’euros, soit trois quarts du déficit budgétaire de l’époque. Autant dire que l’économie noire (entre 30 et 40 % du PIB) demeure toujours aussi florissante.

Clientélisme et victimisation

Il y a en Grèce des gens qui souffrent, c’est indéniable : les baisses de salaires et de retraites, la récession (la Grèce a perdu 30 % de sa richesse nationale, certes acquise à crédit, mais cela n’en est pas moins douloureux), sont une triste réalité, mais il s’agit là d’un choix national: on préfère garder un système clientéliste (les partis qui veulent y mettre fin n’ont pas franchi la barre des 3 %) et on vote pour des partis qui promettent que l’on peut toucher l’aide internationale sans faire d’efforts. D’autres pays sont soumis à des cures de rigueur tout aussi dures (Portugal, Irlande, Espagne, Italie) et, pourtant on ne les entend guère. La différence ? Outre que la Grèce a toujours eu un penchant pour la victimisation, elle pense aussi avoir droit à un régime de faveur parce qu’elle est le berceau de la civilisation occidentale. Comme si Rome invoquait Cicéron ou Auguste lorsqu’on demande à l’Italie de réformer son marché du travail ou de lutter contre la mafia.
Alors que faire ? L’Europe n’a d’autre choix que de continuer à aider la Grèce qui peut faire couler à elle seule la monnaie unique. Mais il faut rappeler aux Grecs que le plan d’ajustement a été accepté par le gouvernement légitime de la Grèce et ratifié par les dix-sept parlements nationaux de la zone euro (y compris la Vouli, le Parlement grec), ce qui devrait empêcher de parler d’un « diktat allemand ». Et surtout, une remise en cause unilatérale de ce plan montrerait qu’on ne peut toujours pas lui faire confiance, une nouvelle majorité ne se sentant pas lié par les engagements conclus au nom du pays… Autant dire qu’une victoire de la gauche radicale enterrerait pour longtemps le saut fédéral pourtant nécessaire à la survie de l’euro.
Il est évident que les Européens ne reverront sans doute jamais la couleur de l’argent qu’ils ont prêté à la Grèce. Mais cet abandon inéluctable de créances ne doit pas se faire à n’importe quelle condition : la Grèce, qu’elle le veuille ou non, doit changer et se réformer en profondeur. Renoncer à nos prêts sans condition comme certaines belles âmes le proposent, alors qu’il s’agit d’un effort qui pèse sur l’ensemble des Européens, serait l’assurance que nous devrions remettre au pot grec dans vingt ans. Le tonneau des Danaïdes, voilà un héritage de la Grèce antique dont on se passerait bien.