TOUT EST DIT

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mardi 29 mai 2012

Lagarde chiourme

  Christine Lagarde trouve que les Grecs n'ont que ce qu'ils méritent. Elle feint d'ignorer que ce sont les dirigeants grecs, et non pas le peuple grec, qui ont maquillé les comptes de l'Etat avec le concours des filous de la banque Goldman Sachs pour laquelle ont travaillé le président du Conseil italien Mario Monti et le président de la Banque centrale européenne Mario Draghi. Evidemment, ceux-là, Christine se lagarde bien de les critiquer. Elle est comme ça, Christine, indulgente avec les riches, teigne avec les pauvres. C'est pour cela qu'elle a été nommée patronne du FMI. Pas pour ses compétences. Il n'est qu'à voir dans quel piteux état l'ex-ministre de l'Économie, de l'Industrie et de l'Emploi a laissé notre pays.

Bayrou de secours

  Il faut sauver le soldat Bayrou ! C'est le message pathétique que le Béarnais diffuse sur les antennes alors que les législatives pourraient le débarquer de l'Assemblée nationale. Le verdict du suffrage universel reste le seul juge de paix. Le sage des Pyrénées-Atlantiques, dont le rêve parisien s'éloigne chaque jour un peu plus, cherche à exister alors qu'il est plus que jamais malmené, tant à gauche qu'à droite. On se méfie du rallié du second tour de la présidentielle comme on veut faire payer cash au traître qui s'est mis en congé d'une certaine tradition centriste pour mieux en tirer des fruits exclusifs.
Il doit désormais payer l'addition, aussi, pour survivre, il cherche à se rendre indispensable. Il distribue mises en garde, bons points et brevets de bon sens. Comme s'il était le guide suprême de notre République, à même de cibler le danger d'un glissement sectaire des socialistes et de faire de François Fillon le président de l'UMP !
Bayrou, si amoureux de son terroir, a toutes les chances de bientôt se consoler en montant sur son tracteur et en s'occupant de ses chevaux. N'a-t-il pas conscience qu'il reste, pour une partie de l'opinion, comme le fossoyeur de la famille centriste ? Ignore-t-il qu'il incarne pour beaucoup une voie sans issue dont les faibles troupes s'allient, ici avec la gauche, ailleurs avec la droite, pour que le sigle du MoDem soit associé à la gestion des métropoles, des Départements et des Régions ?
Est-ce qu'un arrangement d'appareil de dernière minute peut lui permettre de sauver son siège en remerciement de son basculement dans les bras de François Hollande ? À trop apparaître comme un opportuniste qui saisit au dernier instant le bon sens du vent pour se raccrocher au convoi de la victoire, François Bayrou peut lancer des SOS, il n'est pas sûr que les électeurs cocufiés par sa posture oublient de lui rappeler que l'on ne les y prendra plus.

La rupture Hollande Ayrault 


Près de 65 % des Français apprécient leur nouveau Premier ministre à l’allure sérieuse. Justement, Jean-Marc Ayrault passe ce matin aux choses sérieuses. Salaires, retraites, emploi. Tout un programme de gouvernement, tant ces sujets agitent et angoissent les Français. Avec la conférence sociale ce matin et l’audit des comptes publics, il ouvre le moment de la concertation et de la constatation avec les corps intermédiaires, les banquiers, les experts. Mais le soir, c’est François Hollande qui sur France 2 vient expliquer aux Français cette méthode pondérée et rassurante. Le président fixe le cap et avec sa normalité se penche sur nos préoccupations majeures. Le Premier ministre bâtit avec application le projet après avoir fait le tour du sujet. Le nouveau binôme de l’exécutif marque la rupture avec les discours anti-syndicaux, le volontarisme fonceur, le fonctionnement patron-collaborateur du couple Sarkozy-Fillon. Sans pour autant renouer avec les pratiques gaullistes et mitterrandiennes du Président régnant qui laisse le Premier ministre mettre les mains dans le cambouis. Pendant cette période d’exploration, ces contrastes fonctionnent. Mais quand viendra le temps de la décision, le duo Hollande-Ayrault sera confronté aux mêmes affres que le précédent : les caisses vides, l’espérance de vie en hausse, les plans sociaux, la dette abyssale sans négliger le séisme espagnol qui s’annonce. Or pour dire qui devra consentir aux efforts et aux sacrifices, il n’existe pas de méthode.

Bien-pensance 


Le journaliste Eric Zemmour s’en est pris avec vivacité à Christiane Taubira, la ministre de la Justice, qu’il accuse de « protéger les jeunes des banlieues », alors qu’elle place les « hommes blancs dans le mauvais camp. » Il réagissait aux deux premières sorties de la Garde des sceaux, qui était allée assister à un match de basket entre taulards et surveillants (avec une évasion à la clé), et qui avait annoncé, le lendemain, l’abrogation des tribunaux correctionnels pour mineurs délinquants multirécidivistes.
Ses propos – critiquables – ont valu à Zemmour une nouvelle volée de bois vert. Tout ce que la France compte comme associations de défense des « droits de l’Homme » cogne sur l’éditorialiste. Certes, il l’a cherché, et pour cause : il est polémiste. Il attaque, il prend des coups : c’est le jeu. Plutôt : ce pourrait être le jeu, si les échanges étaient argumentés. Mais une fois de plus, ils se résument à l’injure excommunicatoire traditionnelle : Zemmour serait « raciste ». Et comme Christiane Taubira est une femme, il serait en outre « misogyne ». Ce tir de barrage a pour premier effet de dévier la conversation du fond du sujet, qui porte sur la politique pénale du gouvernement. Comme si elle était incontestable par nature.
Certains ministres de droite ont connu des offensives aussi violentes, sinon plus, que celles qui visent Christiane Taubira. Le journal « Marianne » a publié en 2009 une « Une » consacrée à Brice Hortefeux et titrée : « Enquête sur un ministre nul ». Claude Guéant, Eric Besson ont entendu résonner des noms d’oiseaux tout au long de leur magistère. Les associations de défense des Droits de l’Homme étaient alors dans le camp des pourfendeurs, et non des défenseurs, de l’autorité gouvernementale… Il y a pour elles des affronts acceptables – ceux qui touchent les élus de droite – et des offenses intolérables – celles qui s’adressent à la gauche. Hortefeux condamné, puis relaxé en appel, pour avoir ironisé sur un Arabe auvergnat provoque leur fureur et déclenche leurs plaintes en justice. Montebourg condamné pour avoir injurié des chefs d’entreprise les laisse de marbre. Où mène la bien-pensance…
Pour notre part nous avons toujours scruté de façon critique la politique du gouvernement précédent. Et nous comptons bien faire preuve de la même distance avec le gouvernement actuel. Y compris pour les annonces de Christiane Taubira.

Federer rattrape Connors


Roger Federer a accolé son nom à celui de Jimmy Connors pour le record de victoires dans des matches du Grand Chelem en accédant lundi au deuxième tour de Roland-Garros

Ce que l'affaire Vatileaks nous apprend sur un retour possible des intégristes dans l'Eglise dans les prochaines semaines

Parmi les sujets qui nourrissent la polémique récente sur les "Vatileaks", les négociations entre le pape et les lefebvristes pour leur réintégration au sein de l'Eglise catholique. Leurs chefs seraient en plein désaccord, risquant une explosion de la fameuse Fraternité Saint-Pie X.

24 ans après le schisme entre le Vatican et la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, où en sont les négociations pour leur rassemblement ?

Gérard Leclerc : Nous sommes dans l’attente d’une réponse de Rome. Le pape a fait savoir qu’il désirait une discussion de fond sur la doctrine de la foi avec les représentants de la fraternité Saint-Pie X afin d’aller au bout des désaccords. Il s’agit de faire le point sur les points de mésententes entre ces différentes visions. Au terme de ces discussions, un document a été remis à la fraternité Saint-Pie X, spécifiant ce que Rome exige pour un retour de ces derniers dans la pleine communion de l’Eglise.
La fraternité Saint-Pie X, dans un premier temps, a refusé de signer. Elle a réclamé des explications. Aux dernières nouvelles, il semble malgré tout qu’il y ait eu un pas en avant extrêmement important de franchit vers une solution. Ce serait un progrès tout à fait décisif. Mais pour qu’il soit reconnu, il faut que la Congrégation de la doctrine de la foi, à Rome, se soit réunie pour valider un accord. Une décision qui se fait de plus en plus imminente.
Un autre problème se greffe là-dessus : les désaccords au sein de la fraternité elle-même. Monseigneur Fellay est en désaccord avec les trois autres évêques qui la dirigent et qui restent fermement opposés à cet accord, comme le révèlent des lettres internes qui ont récemment fuité sur le site Riposte catholique. Ils craignent que cela implique en réalité un alignement total sur ce qu’ils appellent l’Eglise conciliaire.
On peut s’interroger sur un éventuel ralliement de monseigneur Fellay à Rome. Dans ce cas, ses troupes le suivraient-elles dans cette direction ? Ce pourrait être une rupture au sein même de la fraternité. Dans cette hypothèse, il est très difficile de dire dans quelle proportion il parviendrait à mobiliser des personnes qui pourraient écouter les autres évêques responsables, qui restent très influents. Les propos tenus à ce sujet par plusieurs responsables français ont montré qu’il y avait de fortes résistances dans les places fortes du lefebvrisme.

Mgr de Galarreta, Tissier de Mallerais et Williamson seraient donc les trois évêques très réservés sur cet accord et opposés à la position de Mgr Fellay. Ont-ils les moyens de faire échouer l’accord ?

Dans l’immédiat, il semble que monseigneur Fellay est très déterminé à signer un accord. J’ai le sentiment que même si les trois autres évêques s’y opposent, cela ne l’arrêtera pas. Il est par contre possible, comme je l’ai dit, que la fraternité éclate.

A-t-on des éléments sur le Préambule doctrinal, présenté en septembre 2011 par le Vatican pour exprimer ses exigences ? Sait-on sur quels points il porte ?

Le secret continue de régner sur ce document, de part et d’autre. Il devrait tomber très bientôt. Il est vraisemblable que monseigneur Fellay manifeste sa bonne volonté en reconnaissant toute l’autorité du magistère, aussi bien dans son expression conciliaire que dans son expression papale. C’est tout l’enjeu du désaccord avec la fraternité qui continue de publier des textes dans lesquels elle sous-entend que le magistère a été suspendu depuis le Concile Vatican 2. Le Pape s’est pourtant exprimé depuis sur des textes importants.

Pourquoi Benoît XVI s’investit-il à ce point en faveur d’une réconciliation ?

La première raison, c’est que pour un pape, il n’est pas possible d’admettre une telle division. Le départ d’une partie, aussi restreinte soit-elle, de la communauté catholique, est une forte perte. Le pape doit mettre toute ses forces pour empêcher une scission définitive.
La seconde raison, c’est que le pape considère que la discussion avec les traditionalistes est un moyen pour l’Eglise de faire son miel. C’est-à-dire que ces derniers posent de vraies questions, même s’ils n’y apportent pas les bonnes réponses. Exemple : la liturgie. La réforme liturgique telle qu’elle a été amorcée par Vatican II pose problème sur un certain nombre de plans. Plusieurs personnes réclament d’ailleurs une réforme de la réforme. Les résultats effectifs et concrets de cette réforme ne sont pas aboutis. La discussion avec les traditionalistes permet de revenir sur le fond sur de telles questions.

En sait-on plus sur ce que révèle le fameux Vatileaks au sujet des tractations entre le pape et les intégristes ?

Je présume que les efforts du pape envers les lefebvristes ne font pas l’unanimité au sein de la Curie. Certains doivent considérer que l’on va trop loin. D’autres, d’ailleurs, doivent estimer que cela ne va pas assez vite. Il y a des dysfonctionnements au sein de l’administration du Vatican. C’est ce qu’a révélé la levée des excommunications : le responsable de la négociation à l’époque n’avait pas dit la vérité au pape. Il avait caché le négationnisme de Williamson. C’était une grave faute qui montre que certains cadres du Vatican n’assument pas leurs fonctions et ne transmettent pas toute la vérité au pape. Cela a de fait un effet négatif sur l’autorité du pape.


Commission, concertation : le meilleur des mondes socialiste

La « présidence normale » de François Hollande commence sous les meilleurs auspices. Entre couacs sur la semaine de cinq jours et matches de basket avec des criminels, le gouvernement met surtout en place sa méthode de gouvernement faite de commissions, de consultations et de concertations : de l’art de gouverner sans rien décider.
« Il n’est pas de problème dont l’absence de solution ne finisse par venir à bout ». François Hollande n’aura pas tardé à faire sienne la fameuse réplique de son mentor corrézien Henri Queuille (archétype du politicien combinard et sans conviction de la IIIe république). Le gouvernement socialiste, accroché au dogme du « dialogue social », a fait sienne cette maxime de la résignation politique.
Face aux défis monumentaux qu’affronte notre pays. Face au besoin toujours plus manifeste de modernisation de notre société. Le gouvernement socialiste prend consciencieusement soin d’enterrer un à un tous les dossiers sensibles. Car si les journalistes font mine de s’enthousiasmer de la résurgence des « comités Théodule », leur finalité est évidente.
Derrière le « dialogue social » prôné par les socialistes se cache l’immobilisme. Les commissions qui font leur apparition sur tous les sujets permettent de faire un joli écran de fumée pour l’opinion et de ne surtout pas trancher sur des sujets sensibles ou le gouvernement ne souhaite pas griller le peu de crédit que lui accordent les Français.
Pire, le recours systématique aux commissions et aux concertations est la négation même de la politique et nous place de facto dans une société d’experts et de « sachants », qui s’approprient sans aucune légitimité le pouvoir. Ou comment François Hollande délègue l’autorité reçue par la souveraineté nationale à des syndicalistes et des professeurs à la retraite.
Sans mentionner la petite fortune que coûtent pour les contribuables la tenue de ces commissions inutiles !

Creusement des inégalités : Non, les riches ne sont pas devenus plus riches ces 50 dernières années

Une récente étude américaine tend à prouver une augmentation de l'hyper-richesse sur les cinquante dernières années. En dehors du poncif sur les rémunérations indécentes des traders et grands patrons, ne serait-ce pas plutôt l'inverse qui se produit ?

Des études américaines, plutôt superficielles, tentent de démontrer que, de 1950 à 2008, l'hyper-richesse aurait connu une accélération. Il est vrai que les rémunérations mirifiques de certains traders ou de patrons de grandes sociétés cotées tendent à accréditer cette thèse.
En réalité, ces études pèchent gravement par l'inadéquation de la période observée. Une étude sur l'hyper-richesse ne se déduit pas d'un constat opéré sur 50 ans car ce délai est à peine celui au cours duquel elle se crée et se consolide. L'hyper-richesse nécessite un délai d'observation d'au moins un siècle.
Depuis 1850, on assiste au contraire à un resserrement de l'éventail entre l'hyper-riche et l'employé du bas de l'échelle sociale, sous le coup de trois facteurs :
  • Tout d'abord l'hyper-richesse est devenue principalement volatile alors qu'elle était d'essence durable aux 18/19e siècles. L'hyper-riche moderne a plutôt bâti sa fortune sur la spéculation immobilière ou sur le boom numérique que sur une solide aventure industrielle ou commerciale. Moins de 20% des 100 plus riches de l'année 1990 se retrouvent dans la liste de 2010. Les héritiers y tiennent une part très minoritaire. Il faut y ajouter les riches souverains d'Etats pétroliers, dont la précarité de leur destinée politique n'est plus à démontrer. En un mot, la richesse acquise par l'effet d'un seul cycle économique ou par des méthodes féodales d’accaparement, survit rarement au-delà du demi-siècle, ainsi que le constate régulièrement le classement de "Forbes».
 
  • Deuxième facteur : le coût des biens et services qu'un hyper-riche peut s'offrir s'est considérablement renchéri du fait de l'émergence d'une vaste classe moyenne sur laquelle il s’appuie. Or, il y a 150 ans, l'hyper-riche disposait d'une main d'œuvre quasi gratuite sinon misérable. L'hyper-richesse d'un banquier du Second Empire, d'un Maharadja ou d'un Rockefeller des années 1890, n'a rien à voir avec celle de la plupart des hyper-riches "moyens" actuels qui peinent à s'offrir un palais de 50 pièces ou leur Airbus personnel .
 
  • Enfin, l'apparition de l'impôt progressif à partir des années 1915 (il n'était que proportionnel au 19e siècle, quand il existait) fragilise notablement la consolidation et, à plus forte raison, l'expansion de l'hyper-richesse. Rappelons que l'impôt frappe non seulement l'acquisition de la richesse, mais encore sa persistance et même son transfert. Du reste, on s'aperçoit que l'impôt suit le même cycle que celui de la poule aux œufs d'or : il est en décalage par rapport aux cycles économiques en ce qu'il frappe avec retard les résultats d'une prospérité durable au moment où le retournement de conjoncture se fait sentir (accélérant ainsi son déclin), tandis qu'il se fait plus discret à l'encontre d'une prospérité déjà confirmée , de crainte de la casser. Le cycle des politiques est rarement anticipatif. Il est essentiellement réactif, donc tardif. Il n'est donc pas étonnant que l'hyper-richesse devienne un sujet de préoccupation au moment même où elle tend à se résorber naturellement sous le double impact économique et fiscal.
    Par ailleurs, il existe deux niveaux au sein des super-riches : l'hyper-aisé et l'hyper-riche.
    L'hyper-aisance, qui concerne quelques dizaines de milliers d'individus autour de la planète, comprend non seulement ceux qui ont des fortunes variant de 500M € à 3 MM € mais aussi des biens qui produisent au moins 10 M € par an. Contrairement à une idée répandue, des individus bénéficiant d'une fortune notable (on dit, le plus souvent, une fortune "sur le papier")  doivent d'abord faire face à des dépenses notables en sorte que s'ils ne bénéficient pas de revenus nets élevés, ils ne connaissent tout simplement pas l'hyper-aisance .
    L'hyper-richesse concerne à peine un millier d'individus dans le monde : hormis quelques réussites emblématiques, rares sont celles qui survivent à leur fondateur. L’exemple de Paul Getty, d'Adnan Khashoggi ou d'Akram Ojjeh (chacun fut, en son temps, "l'homme le plus riche du monde») nous rappelle leur essentielle précarité. On peut alors se demander si l'hyper-richesse mérite une étude sociologique alors qu'elle concerne si peu d'individus ? En fait, ce phénomène appelle une seconde question : à quoi sert un hyper riche ?

Sommet social : Et réformer le syndicalisme, c’est maintenant aussi ?

Jean-Marc Ayrault reçoit ce mardi, un à un, les représentants syndicaux et patronaux pour une première concertation. Alors que les tractations autour de la succession de Bernard Thibault à la tête de la CGT touchent au rocambolesque, c'est tout le fonctionnement syndical français, archaïque et avorteur de réformes, qui nécessite une refonte...
Les laborieuses circonvolutions de la CGT pour accoucher d’un successeur au secrétaire général du syndicat nous rappellent subitement que, le brouhaha sarkozyste sur la réforme du dialogue social achevé, la nature syndicale retrouve rapidement son immobilisme. Les méthodes d’un autre âge reviennent au galop : choix décidés en dehors de la volonté des militants, manœuvres d’appareil et conspiration de couloirs ont raison de la démocratie.
Je relis les propos tenus par Najat Vallaud-Belkacem sur ce site, dans une interview publiée le 1er mai : « il faut faire confiance aux syndicats pour faire les nécessaires efforts d’adaptation de leurs modes de fonctionnement.» Et je commence à craindre le pire pour les salariés de notre pays.
D’un côté, Bernard Thibault n’a pas caché son soutien à François Hollande au deuxième tour de la présidentielle. Pour notre Président attaché, dit-il, à une manière différente de faire de la politique, ce soutien pourrait aujourd’hui apparaître comme gênant. Est-on un réformateur crédible, quand on compte dans son comité de soutien un secrétaire général de syndicat qui, dans les trois semaines qui suivent l’élection présidentielle, tente un tour de force pour imposer une candidature dont la base ne veut pas, et pour écarter une candidature dont la base veut ?
D’un autre côté, il reste ce syndicalisme sans adhérents ou presque, qui se repose essentiellement sur le paritarisme et les subventions venues de nulle part, partagées sans complexe avec les organisations d’employeurs. Sur ce point, Najat Vallaud-Belkacem a aussi annoncé que le gouvernement ferait l’impasse: les tentatives sarkozystes de réforme, trop timides pour des raisons qu’on expliquera un jour, semblent définitivement oubliées.
On voudrait nous faire croire qu’il est aujourd’hui possible de faire fonctionner un dialogue social d’avenir sur une scène vieille de 60 ans, avec des acteurs à bout de souffle, financièrement dépendants d’un système qu’ils devraient réformer. Mais qui pourrait croire que ce système décidé à la Libération, essentiellement calibré pour les Trente Glorieuses, pourrait s’attaquer efficacement aux défis d’un monde radicalement différent?
Il est évidemment commode, pour avoir la paix sociale et pour endormir les consciences, de soutenir que le système inventé en 1945, avec des syndicats absents des entreprises et présents dans de grands bidules paritaires éloignés du terrain, est tout à fait adapté aux enjeux contemporains. On peut soutenir que les dizaines de milliers de syndicalistes que l’on occupe dans des organismes sans pouvoir de décision (les caisses primaires de sécurité sociale, les organismes de formation professionnelle, les institutions de prévoyance) pour les éloigner des entreprises où les salariés ont besoin d’eux, sont une ressource bien utilisée.
Maintenant, si l’on n’est pas un professionnel de la politique obnubilé par son élection puis sa réélection, on s’offre le luxe d’un discours de vérité : il y a urgence à permettre aux vrais employeurs de ce pays de pouvoir opérer des réformes internes en profondeur avec le soutien de leurs salariés. Pour ce faire, rien ne vaut un dialogue social construit et respectueux des représentants élus. Tous ceux qui ont testé par d’autres voies se sont tôt ou tard cassé les dents sur des réactions virulentes des salariés.
Autrement dit, le relèvement salutaire de la France ne pourra se faire sans un changement des pratiques de gouvernance au sein des entreprises (le modèle allemand le prouve, qui est fondé sur une étroite collaboration entre employeurs et salariés), et sans une remise en cause en profondeur de cet édifice paritaire qui n’existe que pour donner l’illusion d’un dialogue social au plus haut niveau.
On oublie trop souvent que les syndicats français vivent sur une loi vieille de près de 130 ans : la loi Waldeck-Rousseau, adaptée à une autre époque. Un chantier salvateur consisterait à la réformer sur deux points.
Premièrement, il est temps de moraliser effectivement le financement des organisations syndicales en leur appliquant le système qui existe pour les partis politiques. Dans la pratique, il s’agirait de rendre transparent les ressources qu’elles perçoivent en dehors de leurs cotisations.
Deuxièmement, il est indispensable de séparer de façon étanche le syndicalisme de la fonction publique et le syndicalisme privé. Une écrasante majorité de salariés dans ce pays ont besoin d’une voix pour évoquer leurs difficultés. Et les fonctionnaires ne sont pas qualifiés pour le faire. Pour le coup, la face de notre dialogue social en serait véritablement changée.


Grèce, une semaine historique


Cette semaine qui s'ouvre comme en forme de signe par un jour férié sera décisive pour la Grèce, l'euro et l'Union Européenne. Non que j'anticipe obligatoirement une sortie d'Athènes de l'UE, un éclatement de l'euro ou un effondrement des marchés dans les quelques jours à venir mais une « histoire » devrait commencer à s'imposer.
De quelle histoire s'agit-il ?
De celle qui émergera entre les 2 qui s'affrontent et dont nous attribuerons la paternité médiatique à d'un côté Alexis Tsipras, leader de Syriza (Gauche radicale) et de l'autre, la maternité – galanterie oblige - à Christine Lagarde, directrice générale du FMI.
Que disent ces histoires ?
Pour Christine Lagarde, que les Grecs sont les premiers responsables de leur situation et que la voie du rétablissement passe notamment par le fait qu'ils payent leurs impôts (Selon l'interview qu'elle a donné au Gardian « Its payback time ; don't expect sympathy »), l'ancienne Ministre française de l’Économie rajoutant que le sort des enfants africains la préoccupait plus que celui des Grecs.
Pour Alexis Tsipras, le plan de rigueur conjointement élaboré par le FMI et l'Union Européenne pour débloquer les dizaines de milliards dont la Grèce a besoin pour faire face à ses échéances doit tout simplement être annulé, parce qu'il rend la vie de ces concitoyens insupportable.
Résumons ces positions antagonistes autrement, Alexis Tsipras fait porter la responsabilité de la situation grecque aux banques et au système financier international pendant que Christine Lagarde pointe le laxisme et l'impéritie du peuple et des autorités grecques.
Une semaine cruciale ?
La Grèce va-t-elle quitter la zone Euro ? La Grèce doit-elle quitter la zone Euro ? Même si à première lecture, la différence entre ces 2 questions ne saute pas aux yeux, ce seul verbe résume l'immense défi qu'ont à relever les responsables politiques, grands argentiers et autres communicants.
Pourquoi la situation grecque impacte-t-elle autant les marchés ?
Question centrale puisque beaucoup de personnes ne parviennent pas à comprendre comment les difficultés d'un pays qui représente moins de 2% du PIB de l'Union Européenne peuvent à ce point déstabiliser l'ensemble du système financier mondial.
C'est que la Grèce va donner le ton, les pays vont-ils continuer à courir, les yeux fermés, sur le bord de l'abîme de leurs dettes ? Multipliant les instruments de bourse qui opacifient chaque fois davantage la mécanique, mutualisant de plus en plus les milliers de milliards à rembourser afin de donner l'impression qu'en partageant la charge, elle serait individuellement moins lourde.
Quelle est la dette de la seule zone euro ?
Elle est passée de 6'481milliards en 2008 à 8'215 milliards en 2011, ces chiffres ne vous disent rien ? Comparons-les alors au PIB de cette même zone euro, le PIB étant en quelque sort le « chiffre d'affaire » de l'Union Européenne.
Dettes = 8'215 milliards, PIB = 9'419 milliards...
Les dettes de la zone euro représentaient à fin 2011 87,2% de son PIB !

Qui de l'avenir ?
Cette chronique a pour seul but d'encourager tout un chacun à adopter une vision élargie et personnelle sur les soubresauts qui agitent l'économie mondiale depuis la crise des subprimes en 2007 et la symbolique faillite de la banque américaine Lehman Brothers en 2008.
Il est fondamental que le citoyen s'empare de ce sujet et cesse de considérer que « tout ceci nous dépasse », nous sommes tous acteurs de notre devenir. Assumons ce rôle pour que demain ressemble à la vision que nous en avons.
Que voyons-nous, qu'en pensons-nous et qu'en faisons-nous ?

Christine et les Danaïdes 


Terre, monde de contrastes. Ou vice versa, tant les repères sont parfois brouillés, à l’image des rapports paradoxaux entre Français et Grecs. Ce week-end, les seconds ont tiré à boulets rouges sur Christine Lagarde, qui les invitait à un effort collectif de solidarité fiscale, et acclamé Sébastien Loeb, vainqueur du rallye de l’Acropole, mais qui a son garage personnel en Suisse. La directrice générale du FMI s’est exprimée, il est vrai, dans un style dont même la nature imprimée n’a pas atténué la sécheresse. Rémanence de l’école sarkozyenne. Des protestations se sont élevées, à Athènes et à Paris, pour dénoncer un propos « caricatural ». Un de plus, faudrait-il dire, car la caricature formate aussi les réactions hellènes qui renvoient la France à son passé colonial, ou celles qui assimilent Angela Merkel aux forces d’occupation nazies. Les formules à l’emporte-pièce réchauffent la polémique, mais ne contribuent pas à résoudre les problèmes.
En mai 2010, à hauteur de 20,3 milliards d’euros, le FMI avait accordé à leur patrie ce qui était déjà qualifié de « plus gros prêt jamais versé par le Fonds à un seul pays ». Et le 15 mars dernier, un nouveau plan de 28 milliards d’euros était mis en place. Record battu. On n’achète pas avec cet argent le droit de s’adresser à nos amis et partenaires avec hauteur. Mais le FMI ne se contente pas d’émettre ce que des Grecs ressentent comme d’arrogantes leçons. À l’inverse, ne mésestimons pas les efforts qu’ils font. Il y a deux mois, l’Europe avait crédité Athènes de « progrès prometteurs » dans la récupération de huit milliards d’arriérés d’impôts. Le fait que l’argent déniché ne représente que 12 % du total montre néanmoins qu’il faut mieux faire, quoique tout début soit salutaire.
En fait de repères brouillés, la Grèce nous en offre aussi. Elle est la mère des démocraties. Mais elle nous a aussi légué la légende du Tonneau des Danaïdes, cette jarre percée que les cinquante filles du roi d’Argos, Danaos, ont été condamnées à remplir aux Enfers pour avoir occis, telles des mantes religieuses, leurs cinquante cousins et époux le soir des noces. Les partenaires de la Grèce sont en droit d’exiger que ce mythe antique ne soit pas la réalité économique de notre époque.

Billet d’humeur d’un journaliste anonyme* – Passation de pouvoir : quand les journalistes en font trop !

Cela fait des mois que je veux le dire mais je ne l’écris que maintenant. Et puis, après tout, la plupart des choses que je veux dire aujourd’hui ont déjà été publiées sur quelques sites et blogs ici et là.
Premier constat de cette Election française : François Hollande doit tout aux journalistes. Ce sont eux qui l’ont élu. Même s’ils parlent du principe d’objectivité, j’aimerais profiter de ma tribune du jour sur JSSNews pour donner une anecdote inédite. Inédite, mais réelle ! Le soir du 6 mai, après l’élection, François Hollande est parti de Tulle en jet privé vers Paris. Ca, tout le monde le sait.
Mais 15 minutes plus tard décollait un autre avion. J’étais dedans. C’était l’avion des journalistes de la campagne. Et bien que je sois obligé d’écrire ici sous pseudo (je ne veux pas perdre mon job !) je dois admettre avoir été pendant de longs moments sous état de choc, en voyant la très grande majorité des journalistes présents dans l’avion, faire une bataille de coussins et faire la fête comme s’ils venaient de gagner eux-mêmes l’Election !
Il y en a qui ne croiront pas mes paroles. Mais c’est une vérité que je raconte : oui, les journalistes, ceux qui ont suivi la campagne, ont tous fêté la victoire de François Hollande.
Dès lors, quel crédit apporter à toutes les critiques que ces journalistes ont fait envers Nicolas Sarkozy pendant son mandat ? Et si, enfin, les journalistes reprenaient une petite dose d’éthique ?
Mais revenons au sujet du jour. J’ai voulu me plaindre de deux petites choses et j’écris cet article alors que sur France 2, on fait du lèche-babouche en direct.
Se rend-on vraiment compte du ridicule des journalistes et des intervenants de la chaîne publique quand on entend :   »voilà, c’est le changement ! Le président arrête sa voiture au feu rouge ! »
Mais de qui se moque-t-on ? Vraiment ! Soit les journalistes sont ignares soit ils sont dignes d’un emploi en Corée du Nord : la raison pour laquelle un convoi présidentiel ne s’arrête pas au feu rouge est uniquement sécuritaire ! Alors peut-être qu’il a « fait de l’image » pour son investiture, mais on verra bien dans deux semaines pour voir s’il roule encore à 45 dans Paris !
Et puis, quelle comédie tout le reste. On ne retrouve dans l’Elysée que la Cour du Roi. On avait critiqué largement Sarkozy pour se prendre pour un Monarque. Qu’en est-il de Hollande ? Il n’a invité que ses amis. Que ses proches.
Et alors qu’il dit vouloir rassembler les français, il est déplorable de voir que parmi les invités de ce matin, pas un seul ne gagne moins de 10.000€ net par mois !
Et ce même François Hollande, ancien de HEC (Ecole des entrepreneurs), pourquoi n’a t-il pas invité des entrepreneurs, lui qui veut pourtant á relancer l’économie à ? Non, là où Obama se faisait photographier avec Steve Jobs il y a 4 ans lors de sa prise de pouvoir, François Hollande invite lui ses amis directeurs des entreprises … D’état ! Belle image d’une France qui va de l’avant !
Allez va … On verra bien de quoi sera fait demain. Si je ne souhaite au nouveau Président que du bonheur et beaucoup de réussite dans les affaires branlantes de notre nation, je ne peux qu’espérer que les journalistes, mes chers confrères, se remettent sérieusement au travail dans les plus brefs délais.