TOUT EST DIT

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vendredi 25 mai 2012

Saint François marchant sur l'eau... 


Pas encore de fausse note. Jusqu'à présent, François Hollande a fait un zéro faute. Ses premiers pas de président ont été placés sous le signe du professionnalisme, comme s'il s'était préparé depuis longtemps à ce moment : ce fut vrai pour la formation du gouvernement comme pour ses premiers pas à l'étranger. Respect.
Il y a pourtant une ombre au tableau: l'état énamouré de nos chers médias, au comble de la félicité, qui nous rapportent les faits et gestes de François Hollande comme s'il s'agissait d'une épopée du Moyen Age. Ce n'est plus l'état de grâce, c'est l'état de béatitude, j'allais dire de bêtise.
Résumons ce qu'on nous raconte. Saint François marchant sur l'eau, multipliant les pains et terrassant les dragons. La pauvre Angela Merkel n'a qu'à bien se tenir. La preuve, Barack Obama et le monde entier se sont alignés sans discuter sur les positions du président français, leur nouveau maître spirituel. Grâce à lui, ils viennent de redécouvrir les bienfaits de la croissance, qu'ils ont aussitôt décrétée, il suffisait d'y penser.
A en croire ces chers médias, il ne resterait plus qu'à attendre les résultats de l'effet Hollande pour que la zone euro renoue avec la croissance. C'est ce qu'on dit chez nous après chaque élection présidentielle et, avouons-le, on risque d'attendre encore longtemps...
Saint François marchant sur l'eau...
P. S. Au "Point", on ne se remet pas de la mort, la semaine dernière, de notre ami et critique d'art Jean Pierrard. Une plume somptueuse, une culture immense et une indépendance à toute épreuve qui ont fait le bonheur de nos lecteurs et la fierté de notre journal.

Pourquoi attendre avant de se fâcher avec le nouveau pouvoir ? 


Soudain, une lourdeur. Quelque chose d'un peu gris. Un vide. En natation, on dirait : un plat. La colère est tombée, l'excitation aussi. A force d'avoir crié sur Nicolas Sarkozy, les Français n'ont plus de voix. D'où le silence opaque, fatigué, dans lequel débute le quinquennat de François Hollande. Même le rassemblement de la Bastille, dans la nuit du 6 au 7 mai, n'avait pas l'air vrai. Mauvaise copie de 81. Le président lui-même ne semble pas croire qu'il existe. Il regarde sans cesse autour de lui avec un petit sourire triste, égaré, penaud, enfantin. Avant chaque rendez-vous politique, il s'accroche aux mains des passants qui se tendent vers lui comme si elles étaient le bastingage du "Titanic". Il fait tout pour retarder le moment de s'asseoir, d'ouvrir un dossier, de commencer une discussion. Il donne l'impression, en s'attardant auprès de la foule, de vouloir retrouver les charmes simples de sa campagne victorieuse. Il a commencé, le jour de l'investiture, par sortir sans parapluie alors que la météo avait annoncé un orage. Résultat : il a niqué son beau costard à plusieurs milliers d'euros. Avec un salaire diminué de 30 %, ce n'est pas une bonne nouvelle. La parité, ça fait un peu partouze straight. Dix-sept femmes pour dix-sept hommes. Un homme par femme. Et donc une femme par homme. Du coup, personne ne se retrouve sans personne. Il était déjà comme ça à l'Ena, François Hollande : bon camarade. Avant, les épouses de ministres étaient tranquilles : il n'y avait presque que des hommes dans le gouvernement. Maintenant, elles ont du souci à se faire, surtout avec les canons dont s'est entouré Jean-Marc Ayrault : l'ingénue libertaire Najat Vallaud-Belkacem, la séductrice culturelle Aurélie Filippetti, l'associative hitchkcockienne Delphine Batho, la radicale chic Sylvia Pinel, le tanagra guyanais Christiane Taubira, la geisha intellectuelle Fleur Pellerin, la shéhérazade cinématographique Yamina Benguigi. Il ne manquerait pas grand-chose à Cécile Duflot pour être au niveau de ses consoeurs du gouvernement. Un nouveau couturier ? Ce n'est pas le tout de trier les ordures, il faut faire pareil avec les vêtements. Marisol Touraine préparera le retour de la retraite à 60 ans. Pas la retraite amoureuse, en tout cas.
Les ministres importants, ce sont ceux qui ont leur photo en grand dans les journaux. Cinq hommes : Ayrault, Fabius, Valls, Sapin, Moscovici. Hollande d'accord pour faire la parité, mais pas trop près de son bureau.


Arrêtons de nous faire peur 


Cette semaine encore, les Européens –  et pas qu’eux d’ailleurs –  ont joué à se faire peur, en évoquant l’hypothèse de la “Grexit” comme de plus en plus probable. Après les analystes, qui glosent depuis des mois sur le pourquoi et le comment la Grèce devrait sortir de la zone euro, c’est au tour des politiques et des experts mandatés par ces derniers de se répandre en prévisions, dûment chiffrées, sur l’inévitabilité de ce scénario.
Lors du sommet extraordinaire informel du 23 mai, les dirigeants européens ont admis que la question n’est plus taboue et qu’ils étaient en train de l’étudier, chacun de son côté. En même temps, ils ont réaffirmé leur souhait que la Grèce demeure au sein de la zone euro –  à condition, bien sûr, qu’elle honore les engagements pris avec ses créditeurs.
Et c’est bien là le point central de la question : plus qu’économique, la “Grexit” est une question éminemment politique. Tout comme l’a été celle  de l’adhésion de la Grèce à la zone euro, alors qu’à Bruxelles et ailleurs on était bien conscient que, comme l’Italie avant elle, Athènes n’était pas prête.
C’est donc aux dirigeants européens de décider s’ils sont prêts ou pas à assumer les coûts économiques –  pour leurs banques et pour leurs contribuables –  et politiques –  décrédibilisation de la monnaie unique, éclatement du modèle d’intégration européen, lâchage du “berceau de la démocratie” pour n’en citer que quelques-uns – de la sortie de la Grèce de l’euro. C’est à leur homologues grecs de décider jusqu’où ils sont prêts à respecter les engagements qu’ils ont pris ou, s’ils souhaitent revenir dessus, comment ils comptent le faire. Quant à leur sortie de l’euro, elle ne semble pas représenter une option ni pour eux, ni pour la majorité de leurs électeurs.
Et c’est justement parce que le coût politique et économique du “Grexit” serait bien trop élevé à la fois pour les Grecs et pour leurs partenaires que l’on est en droit de parier sur une issue plus “soft”, qui devrait s’esquisser après les élections législatives grecques et françaises du 17 juin. Les Européens vont probablement finir par accepter une –  nouvelle –  restructuration et un rééchelonnement de la dette grecque, qui permettra à la population, éprouvée par deux années d’austérité sévère, de souffler un peu. Les Grecs, gouvernés probablement par une majorité inédite et surveillés de près par la “troïka” UE-BCE-FMI, seront contraints de réformer un Etat qui s’est révélé inique et inefficace et d’abandonner des usages politiques dont les conséquences sont sous les yeux de tous.

France-Allemagne : Hollande joue avec le feu

L'axe franco-allemand n'est pas une péripétie politicienne. C'est une nécessité historique. Attention de ne pas le détruire !
François Hollande affiche à l'égard de l'Allemagne une certaine désinvolture. Au-delà des divergences qui peuvent exister entre Paris et Berlin, le président de la République ne semble pas avoir pleinement pris la mesure de l'enjeu fondamental que constitue la relation franco-allemande. Lors du dîner "informel", mercredi 23 mai, des chefs d'État et de gouvernement visant à préparer le sommet européen du 28 juin, François Hollande s'est montré plutôt distant à l'égard d'Angela Merkel. Là où ses prédécesseurs ne manquaient pas une occasion de démontrer la proximité - voire la complicité - entre les deux pays, le nouveau chef de l'État prend soin de relativiser l'importance de l'axe franco-allemand. Comme si c'était une péripétie ! Comme si des solutions alternatives existaient !
L'affaire n'est pas nouvelle : chaque nouveau président rêve d'un "ménage à trois", généralement avec l'Angleterre. "On va voir si l'herbe est plus verte à côté avant de revenir vers le pâturage rhénan", observe un diplomate familier du dossier. Rien n'est en effet possible en Europe sans le moteur franco-allemand. "Plus on est nombreux, plus celui-ci doit être puissant", constate notre diplomate. L'engin fonctionne selon le principe des moteurs à explosion : les crises périodiques déclenchent ensuite une impulsion.

Vouloir isoler Merkel : une grosse erreur

Encore faut-il savoir gérer ces crises, ménager les susceptibilités, sauver les apparences, ne jamais accréditer l'idée que les rapports entre Paris et Berlin sont en train de se déliter. La prestation de François Hollande laisse, sur ce point, à désirer. Sur le fond : pourquoi avoir exigé, avant de devenir plus flou, une renégociation du pacte budgétaire (TSCG - traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de l'union économique et monétaire) dont on sait pertinemment qu'elle est inacceptable ? Le pacte a déjà été validé par plusieurs États et, pour entrer en vigueur, il suffit que 12 pays sur 17 de la zone euro le ratifient. Et pourquoi ressortir la vieille lune des eurobonds dont Berlin ne veut à aucun prix?
Sur la forme : Hollande est à peine poli avec Angela Merkel et donne l'impression de vouloir l'isoler. Il feint d'ignorer que la chancelière n'est pas dans une position politique facile. Elle dirige une coalition, ce qui est toujours compliqué. Elle a dû batailler pour faire admettre à son opinion publique la nécessité d'aider la Grèce, pays qui a fait de la gabegie une méthode de comptabilité publique. Elle doit composer avec le Bundestag (chambre basse) et le Bundesrat (la chambre haute). Dans cette dernière, qui représente les Länder, l'opposition est majoritaire. Elle est sous le contrôle de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe qui veille comme le lait sur le feu à tout transfert de souveraineté vers l'UE. Angela Merkel ne peut pas faire tout ce qu'elle veut et surtout pas faire admettre aux Allemands qu'il faut payer plus...

Petits calculs

François Hollande aurait tort de spéculer sur une victoire des sociaux-démocrates aux prochaines élections. D'abord parce que celles-ci sont encore loin, en principe en 2013, et qu'il y a le feu dans la maison Europe. Ensuite parce qu'Angela Merkel est loin d'être battue d'avance. Enfin parce que c'est le SPD de Gerhard Schröder qui a mis en place les réformes (recul de l'âge de la retraite, flexibilité du marché du travail, diminution de la durée d'indemnisation du chômage) dont le Parti socialiste en France ne veut pas entendre parler.
L' axe franco-allemand ne ressort pas de la politique politicienne, de petits calculs à court terme, des manoeuvres à courte vue. Depuis le traité de l'Élysée de 1963, la réconciliation entre les deux peuples voulue par de Gaulle et Adenauer, il s'agit d'une communauté de destin dictée par la géographie et l'histoire.

Les banques allemandes font-elles de l’économie ou de la politique ?

La Deutsche Bank a repris le 21 mai une proposition émise par Citigroup en septembre 2011 évoquant la création d’une double monnaie en Grèce. Il s’agirait de conserver l’euro comme devise pour les échanges commerciaux et la dette, et le « geuro » comme monnaie intérieure. Citigroup, Deutsch Bank et la Bundesbank cherchent-elles à défendre leurs propres intérêts en devenant de plus en plus agressives, voire fantaisistes, dans leurs propositions pour sortir de la crise grecque ?

Le 21 mai dernier, la Deutsche Bank a repris par le biais d’une note une proposition émise par Citigroup en septembre 2011 évoquant la création d’une double monnaie en Grèce. Il s’agirait de conserver l’euro comme devise pour les échanges commerciaux et la libélisation de la dette, et le « geuro » comme monnaie intérieure afin de permettre une dévaluation compétitive pour affaiblir le coût du travail. Quelles conséquences économiques pour la Grèce et la zone euro pourrait avoir la mise en place d’un tel scénario ?

Ludovic Subran : La Deutsche Bank et Citigroup ne sont pas les seules à évoquer cette proposition puisque la Bundesbank devient elle aussi extrêmement agressive sur la question grecque ainsi que le gouverneur de la banque centrale polonaise qui a lui aussi repris cette idée. Cependant, il faut bien comprendre que la création de deux monnaies distinctes pour la Grèce est une hérésie totale. En effet, ces derniers temps ont été marqués par un regain d’inquiétude autour de la situation économique dans la péninsule hellénique, la plupart des grands groupes internationaux ayant mis en place des plans de contingence afin d’anticiper une sortie de la Grèce si tel est le cas.
Certains pays ont déjà adopté un système de double monnaie que se soit Cuba, le Zimbabwe ou d’autres pays d’Amérique latine. Un tel système aurait pour conséquence une considérable paupérisation de la population grecque qui, payée en drachme, ne pourrait même plus voyager en dehors de ses frontières. Cette dévaluation « cachée » aurait donc un coût en termes de niveau de vie qui déboucherait aussi sur un creusement des inégalités. Ainsi, les entreprises de petites ou moyennes tailles seraient dans l’incapacité d’acheter des produits importés ou de payer leurs traites à l’international. Les ménages les plus pauvres devraient quant à eux se priver de produits étrangers et ne consommer que des biens et services domestiques. De plus, cela signifierait que la Grèce devrait rembourser sa dette dans une monnaie nettement plus surévaluée que la devise dans laquelle elle crée de la valeur... Hors, la Grèce n’est pas isolée, elle est parfaitement connectée au reste de l’Europe.

La Deutsche Bank ne cherche t-elle pas à préparer les esprits afin de renforcer la position tenue par Angela Merkel actuellement en difficulté dans les négociations européennes ?

Nous assistons à une bipolarisation de l’analyse économique portant sur le cas grec entre d’un côté les partisans d’une intransigeance, de l’autre ceux qui sont favorables à un assouplissement. Les banques et les personnalités politiques allemandes essaient de démontrer à ses partenaires qu’il est tout à fait possible d’adopter une politique d’austérité tout en obtenant de la croissance. Cela peut paraître totalement antinomique mais les Allemands sont pourtant parvenus à obtenir de la compétitivité tout en maitrisant leurs finances publiques. Mais tous les pays ne peuvent pas parvenir à ces résultats pour deux raisons : l’Allemagne réalise du surplus commerciale - ce qui est impossible pour l’ensemble des pays européens dans la mesure où ce que certains vendent représente ce que d’autres achète - et le coût du travail qui y est beaucoup plus faible que dans d’autres pays comme la France, notamment du fait de l’absence de salaire minimum et de charges sociales bien plus faibles. 

Alors que l’OCDE estime que le rétablissement de l’économie mondiale dépendra de la zone euro, comment expliquer que ces banques tiennent une telle position ? Ne défendent-elles pas plutôt leurs intérêts ?

Ces banques souhaitent avant tout contribuer au débat public en proposant des solutions qui s’inscrivent dans un cadre purement économique. En effet, nous constatons à l’heure actuelle un grand manque de solutions et d’innovations quant à la résolution de la crise grecque. Il y a donc des phases d’expérimentations mais il ne faut pas toutes les prendre toutes au sérieux. Il faut donc s’inquiéter de voir de telles notes de recherche issues de grandes banques devenir des solutions politiques publiques car elles reflètent le vide d’idées pour arriver à une résolution de la situation.
Ceux qui se prononcent en faveur d’un système de double monnaie ont un intérêt évident dans sa mise en place car un retour total – et non partiel - au drachme se traduirait par des pertes pour les institutions financières détentrices d’actifs grecs puisque cette monnaie serait sous sous-évaluée par rapport à l’euro. En effet, une dévaluation du drachme de 50% à 60% par rapport à l’euro pourrait avoir de sérieuses conséquences pour des pays comme l’Allemagne ou la France, deux Etats exposés respectivement à hauteur de 90 milliards d’euros et 60 milliards d’euros. Ainsi, toute institution ayant une exposition relativement substantielle à la dette grecque ne se prononce pas en faveur d’une redénomination d’urgence au drachme puisque cela se traduirait à la fois par des pertes mais également par des risques, notamment en termes de capitaux. A l’inverse, un système de double devise permettrait aux créanciers privés de conserver leurs actifs grecs en euro...

Dieu que le X est triste

Il faudrait punir le crime de lèse-Choron

Dans la 1ère circonscription de l’Ariège, une certaine Céline Bara se présente aux élections législatives 2012. Elle appartient toute entière au MAL, le Mouvement Antithéiste et Libertin (mais également, on n’est jamais trop prudent, « antisectes et anticapitaliste »).
Cette actrice de films pornographiques, dont le titre du dernier en date, Au nom du fist, est une sorte de synthèse de son projet anti-religieux et de ses activités extra-conjugales, a toute une série d’intéressantes mesures à promouvoir comme la fermeture des lieux de culte et des zoos, l’avortement jusqu’au dernier mois de grossesse et la peine de mort pour le condamné qui la réclame, l’interdiction de conduire pour les plus de 70 ans et la stérilisation des handicapés à la naissance, la politique de l’enfant mais également de l’animal domestique uniques etc…
On passera sur la contradiction qu’il y a à se dire anticapitaliste et avoir à son actif plus de 150 films classés X, à parler de volupté tout en affichant un regard glacial même soumise à toute une série d’acrobaties censées arracher au moins un sourire, à se dire libertine, tout en interdisant son site aux plus de 70 ans, mais on prendra plus au sérieux sa prétention à perpétuer l’esprit du Professeur Choron en ayant proposé, en 2009 mais également cette année, des calendriers supposés renouer avec l’iconoclasme d’Hara-kiri.
Si l’on voit sur le premier la dame dépoitraillée en niqab, en Vierge au chimpanzé ou en déesse Shiva faisant des doigts d’honneur, sur le dernier en date, on est en effet davantage dans une veine excrémentielle, avec étrons sur le drapeau français (mais ouf ! Frappé du logo du FN, donc dans une perspective qu’on imagine dérangeante et salutaire) ou traînées sanguinolentes par le biais d’un crucifix judicieusement placé, sur une étoile de David et un croissant (conjointement, hein ! pas de favoritisme). A noter également la dame sur le pot, celui-ci étant décoré comme une petite synagogue de poche, intitulé finement « territoire occupé ». A part peut-être le cliché qui la montre avec un marteau et une faucille comme si elle arborait des symboles hautement transgressifs (alors qu’ils sont, sur le canapé rouge de Drucker, à la portée du premier facteur venu), aucune de ces photos n’est drôle, plutôt triste à pleurer même, tant elles témoignent de la complète absence de cet esprit mordant et absurde, drolatique et violent, qui faisait le sel des montages d’Hara-kiri.
Comme l’a intelligemment démontré Pacôme Thiellement dans Tous les chevaliers sauvages (Editions Philippe Rey, 2012)), l’humour des Choron, Gébé ou Reiser ne peut plus contrer le système d’aujourd’hui non seulement parce que l’homme ou la femme politiques sont devenus des humoristes comme les autres, aussi ringards, aussi mauvais que les autres, mais surtout parce que la réjouissante cruauté et les éclats destructeurs d’Hara-kiri seraient immédiatement mis en cause comme « atteinte aux libertés fondamentales », « populisme qui ne dit pas son nom » ou que sais-je de plus infamant encore. Rien de tel bien évidemment ici, car en se tenant à quelques symboles souillés avec application, regard noir et poitrine en avant, en ne créant aucune surprise libératrice, à l’instar d’une banale pub Benetton pour adultes, Mme Bara fait surtout preuve d’un conformisme ennuyeux à mourir.
Elle est en tout cas l’une des preuves, s’il en était besoin, que le monde politique n’est plus que « le secteur divertissement du monde industriel et financier »1.

Faudra-t-il se résoudre à briser le couple franco-allemand pour sauver l’Euro ?

Les convictions allemandes sur l'austérité et la politique monétaire finissent-elles par représenter un tel coût pour l'économie du reste de la zone euro qu'il en deviendrait rationnel de remettre en cause le moteur de l'Europe et pierre angulaire de toute politique européenne française ? Les avis opposés de Noëlle Lenoir et Jacques Sapir.

Atlantico : A l'occasion du sommet européen de mercredi a eu lieu un diner entre Angela Merkel et François Hollande. Un repas au goût salé : il semble que les divergences aillent en s’accentuant, notamment sur la question des eurobonds. Face à de telles divergences, peut-on aujourd'hui sauver le couple franco-allemand ?

Noëlle Lenoir : Sans couple franco-allemand, il n’y a plus d’Europe. Ça a été vrai depuis le début. Le modèle de l’Union européenne a commencé avec la réconciliation franco-allemande, qui a été l’axe de la construction de l’Europe, et ce bien avant le traité de Rome de 57.
La réconciliation franco-allemande, c’est celle de deux pays qui ont été ennemis pendant des siècles et notamment au 20ème siècle. Deux pays qui ont des conceptions très différentes de l’Europe, mais qui se rejoignent sur la volonté de construire une Europe intégrée politiquement. C’était indispensable au début, et ça l’est mille fois plus aujourd’hui, parce qu’aujourd’hui, il n’y a plus d’autres pays véritablement « européens » au sens où on l’entendait dans les années 50, en dehors de l’Italie et de la Belgique.
La réconciliation est incontournable si l’on veut faire une Europe politique. Mais évidemment, si on veut simplement faire un marché pour la City, il n’y a pas besoin de l’Allemagne.
Jacques Sapir : Peut-être faudrait-il arrêter de nous raconter des histoires. La notion de « couple franco-allemand » existe essentiellement dans la presse française. Si, en Allemagne, on accorde du poids à la relation entre nos deux pays, nul n’en fait l’alpha et l’oméga des relations internationales. La relation germano-américaine est, à bien des égards, plus importante et plus significative.
La diplomatie française, depuis plus de vingt ans, n’erre-t-elle pas avec la construction de ce duo mythique ? Pour parler de couple, il faut être deux. Or, la réalité est que les économies de nos deux pays divergent, et cela depuis des années. Là où l’Allemagne peut se contenter de créer peu d’emplois, car elle doit faire face à la chute brutale de sa démographie, la France est contrainte d’en créer bien plus. Avec pourtant une population plus importante que celle de la France (83 millions contre moins de 66 millions), l’Allemagne ne voit qu’environ 280 000 de ses jeunes arriver sur le marché du travail chaque année, alors qu’ils sont entre 750 000 et 800 000 pour la France. L’obligation de créer des emplois a imposé une politique bien plus expansionniste à la France. Telle est l’un des sources de notre déficit budgétaire persistant.
Reconnaître cela, admettre que les structures démographiques et économiques de nos deux pays sont différentes, ainsi que leurs spécialisations industrielles, n’est en rien donner dans l’anti-germanisme. Nous ne pourrons pas atteindre la croissance par imitation l’un de l’autre. Si la France prenait l’Allemagne pour modèle, le chômage y exploserait.

Réduisons le spectre : la zone euro pourrait-elle s’en sortir sans l’Allemagne ?

Noëlle Lenoir : Non, car l’Allemagne représente avec la France les deux tiers du marché unique. La croissance de l’Europe est tirée par l’Allemagne. Même dans la période récente, où les Allemands ont fondé leur modèle plus sur la production que sur la consommation. Les chiffres de l’Allemagne, son développement, son industrie, sont incontournables.
L’industrie française est très présente en Allemagne, on ne peut pas les dissocier, ça n’aurait aucun sens. S’il doit y avoir une solidarité économique (ce qui est la base de la résolution d’une crise financière), elle ne peut pas s’installer uniquement dans les pays qui ont besoin d’argent de la part des autres. Cette solidarité se fonde au contraire sur l’idée que le pays le plus solide, qui a le moins de chômage et le plus de croissance, est suffisamment dépendant des plus faibles pour vouloir que le marché sur lequel il opère en priorité se redresse.
Mais ça n’a aucun sens de construire un mécanisme de solidarité s’il n’y a personne pour contribuer. Hors, j’observe que ce sont les Allemands qui concourent à hauteur de 27% pour le Mécanisme Européen de Stabilité (MES), et qu’après viennent les Français à 20%... Pour qu’il y ait solidarité, il faut des pays qui donnent.
Je pense que les Allemands ont tort de refuser les eurobonds. Les eurobonds seraient attractifs, et je ne pense pas qu’ils nécessiteraient les emprunts à des taux élevés. Mais les Allemands, eux, ont peur de devoir emprunter à des taux plus élevés que leur taux actuel, qui est de 2% au maximum.

Dans la mesure où François Hollande et Angela Merkel n'arrivent pas à se mettre d'accord sur les réponses à apporter à la crise, que faire ?

Jacques Sapir : Nous devons donc cesser de rêver à des politiques convergentes pour penser des politiques congruentes, soit partant de bases différentes mais se fixant un objectif commun. Ce qui est vrai de nos politiques nationales vaut aussi pour la politique européenne. Ici encore, la France et l’Allemagne ont des intérêts naturellement différents et divergents. Mieux vaut le reconnaître plutôt que de s’illusionner d’une quelconque similitude de vue, et d’être tragiquement déçu quand la réalité nous rattrape.

Cette divergence peut, quand tout va bien, se réduire à peu de chose. Mais, que la crise vienne taper à la porte, et les intérêts réciproques de nos États retrouvent alors tous leurs droits.

Il nous faut comprendre que la crise actuelle combine un problème particulier, la Grèce, et un problème bien plus général. L’endettement de certains pays ne peut être dissocié de la crise de la zone euro, crise dont les manifestations sont évidentes en Espagne, mais aussi au Portugal et en Irlande, ou encore en Italie et même en France.

La seule stratégie possible et jouable consiste donc à mettre l’Allemagne devant ses responsabilités, en la menaçant de lui faire porter le fardeau d’un éclatement de la zone euro. Croit-on, en effet, que Berlin serait très heureux d’une sortie de la France accompagnée d’une dévaluation de 25% ? Que deviendraient ses excédents commerciaux ? Croit-on que, politiquement, l’Allemagne puisse assumer l’éclatement de l’Europe ? On oublie trop souvent que ce n’est pas avec des ris et des sourires que l’on négocie. L’Allemagne doit donc faire un effort, et abandonner sa politique de « lone rider » (cavalier solitaire) qu’elle exerce depuis plus de dix ans. Elle doit contribuer directement par des transferts budgétaires et indirectement, par des hausses de salaires, à la création d’un contexte expansionniste en Europe.

Et si jamais l’Allemagne refusait, ce que l’on peut comprendre, alors la France devrait en tirer les conséquences et proposer à ses autres partenaires la solution d’une dissolution de la zone euro, avec une entente sur les montants des dévaluations respectives. À terme, cela permettrait de reconstituer une zone de coordination monétaire en se protégeant soigneusement des marchés financiers, dont l’Allemagne et ses alliés seraient exclus.

Cette dernière solution n’est pas souhaitable, mais elle est préférable à la poursuite de la situation actuelle qui voit la pression économique exercée par l’Allemagne porter atteinte désormais à nos intérêts vitaux en contribuant dramatiquement à l’accélération de la désindustrialisation. Nos deux pays ne peuvent s’entendre que s’ils se respectent et s’ils assument leurs différences. L’euro, tel qu’il a été conçu, organise le champ clôt de l’affrontement avec l’Allemagne. La relation entre nos deux pays ne tardera pas à s’envenimer de plus en plus. Si l’on veut sauver l’Europe, et si l’on ne peut changer l’Allemagne (et d’ailleurs de quel droit pourrions-nous le faire ?), alors il nous faut retrouver des marges de flexibilité monétaires.
Noëlle Lenoir : D'un coté, François Hollande ne peut pas admettre qu'on soit complètement à l'arrière de l'Allemagne et revenir sur la thématique principale de sa campagne, c'est-à-dire la croissance, surtout avant les législatives. Pour Angela Merkel, c'est la même chose : personne ne comprendrait qu'elle cède tout de suite. Sur ce terrain, son ministre des Finances, qui est pourtant très européen et fédéraliste, est contre les eurobonds. Il est pour la rigueur, la discipline, etc. Si elle cédait sur cette question, elle aurait donc un conflit dans son gouvernement et un problème vis-à-vis de son électorat.  Il y a à la fois des impératifs politiques de part et d'autre, des échéances électoraux et des différences de culture qui expliquent qu'il n'y ait pas de décisions de prises. Je le regrette, mais il y a des raisons objectives.  Mais je suis confiante dans l'idée que la France et l'Allemagne savent très bien qu'elles ont un destin lié de manière indéfectible si elles veulent garder leur place dans le monde.
Entre le nord et le sud, il y a des tonalités différentes en Europe au niveau de la discipline budgétaire. Mais regardez l'Angleterre ou les Pays-Bas : ça ne va pas bien du tout, alors qu'ils sont proches de la mentalité allemande. Les Allemands ont fait de très gros efforts, y compris en terme salarial, sont arrivés à ce résultat et se rendent comptent qu'ils risquent de perdre le bénéfice de ce qu'ils ont conquis à cause des autres.
Mais on voit déjà que Hollande ne parle plus de la renégociation du traité. De plus, il a obtenu que les socialistes européens le suivent, les Allemands, les Espagnols etc. il peut s'appuyer là-dessus. Merkel, elle, ne peut pas céder tout de suite. Je pense qu'in fine, ils vont tous deux s'accorder sur une mesure de project bond, qui est un peu différente des eurobonds: c'est plus du rehaussement de crédit que du financier keynésien.

Sarkozy : le renoncement ?, Saleh : bombe à retardement, Hollande : homme secret, Valérie : les points sur les i

Coup de tonnerre à la une de “ VSD ” ! “ Nicolas Sarkozy : sa stratégie pour revenir ”, tonne le mag. Pensez si on s’est précipité pour lire le papier ! Las, trois fois hélas, on n’y apprend rien de plus que ce qu’écrivait “ Le Point ” la semaine dernière dans son article sur “ Les faux adieux de Sarkozy ” (voir la revue de presse du 17 mai). Rien, donc, de bien concluant… et cela d’autant plus qu’une nouvelle info est tombée ce jeudi — une info qui laisserait à penser que le président sortant a peut-être, on dit bien peut-être, jeté les gants… Houlà, houlà, qu’est-ce que c’est que ça ?

“ Nicolas Sarkozy ne veut pas d’amis ”
D’après “ Le Point ”, tadam !, “ la création, à l’initiative de Brice Hortefeux, de l’Association nationale des amis de Nicolas Sarkozy, avec Christian Estrosi comme secrétaire général, n’enchante guère l’ancien président de la République : on ne lui a pas demandé son avis. Il n’a aucune envie qu’une association réunisse des personnes qu’il n’a pas choisies et qui n’auraient eu cette idée que pour exister porte son nom. Nadine Morano, Pierre Charon ou Guillaume Pelier, premiers inscrits, apprécieront…", conclut l’hebdo. Vous me direz : ça ne l’empêche pas de monter une autre structure, pas vrai ? En même temps, en même temps, faut bien y mettre des gens dedans… CQFD.

Bachir Saleh et le financement de la campagne de 2007
Mais puisqu’on en est à évoquer l’ancien chef de l’Etat, “ Le Nouvel Observateur ” propose cette semaine une longue enquête sur l’ex-numéro 2 de Kadhafi, on veut parler bien sûr de Bachir Saleh, qui détiendrait de “ lourds secrets ” sur les présidences de Chirac et Sarkozy… et notamment sur le financement de la campagne de 2007. Info, intox ? Comme le note sagement le journal, “ le document publié par Mediapart sur un possible financement de la campagne de Sarkozy en 2007 continue de nourrir la polémique. Bernard Squarcini dénonce “ un faux grossier. Du français traduit en arabe ”. “ Cela correspond aux notes que l’on voyait régulièrement passer ”, corrige un diplomate. Pour Ziad Takieddine, la lettre est “ crédible, mais pas authentique ”. Les pro-Kadhafi en exil, botte en touche le mag, promettent d’autres “ révélations ” ”. Brrrrr !

Saleh, bombe à retardement
Et Saleh dans tout ça ? “ Accueilli discrètement en France en octobre dernier, nous informe “ L’Obs ”, l’ancien homme de confiance de Kadhafi s’est évaporé depuis le début de mai. Loin du Ritz ou du Bristol où il a ses habitudes. Loin de sa propriété de Gex, non loin de Genève. Sa disparition a semé la panique jusque dans son pays. Il faut dire que ce sexagénaire pèse des milliards et détient des secrets explosifs. Secrétaire particulier du Guide, il (…) a été pendant plus d’une décennie l’un des personnages-clés des relations franco-libyennes. Celui avec lequel on a fait des affaires en temps de paix et tenté de négocier en temps de guerre ”. Des choses, il en sait ! D’ailleurs, note en coin le journal, “ avant de partir, (Bachir Saleh) a fait savoir à l’ancien président de la République comme à l’entourage de François Hollande qu’un jour, peut-être, il délierait sa langue ”. Tic-tac, tic-tac…

“ Je te préviens : tu as un quart d’heure pour quitter Kadhafi et la Libye ”
Pourquoi, comment est-il parti ? Cela, “ L’Obs ” l’ignore, et ne le cache pas. Le journal en sait un peu plus, en revanche, sur les “ tractations ” qui ont eu cours entre Saleh et le gouvernement français au moment du déclenchement des frappes sur la Libye. “ Je te préviens : tu as un quart d’heure pour prendre la décision de quitter Kadhafi et la Libye. Sinon, vous allez tous mourir ”, lui lance Nicolas Sarkozy qui le reçoit à l’Elysée le 2 juillet 2011, au plus fort des raids de l’OTAN, raconte l’hebdo. C’est, du moins, ce que Bachir Saleh, ulcéré, raconte aujourd’hui à ses proches. “ Sarkozy m’a parlé comme à un chien. Même les Américains, qui m’avaient proposé l’asile politique, ne m’ont pas traité comme ça ” ”.

Faire sortir le Guide “ par le haut ”
“ En cet été 2011, explique le news, la France espère encore pouvoir convaincre le dictateur libyen de prendre le chemin de l’exil. “ Saleh a participé aux négocations avec le Conseil National de Transition pour faire sortir le Guide par le haut. Kadhafi devait remettre son pouvoir aux chefs tribaux en échange de la vie sauve ”, assure au “ Nouvel Observateur ” Bernard Squarcini, le patron de la Direction centrale du renseignement intérieur. En recevant Bachir Saleh, “ le président de la République voulait faire passer un message direct à Kadhafi ; nous avions même établi une liste de pays où il pourrait se réfugier ”, a raconté pour sa part Jean-David Levitte, l’ex-sherpa de Nicolas Sarkozy au documentariste Antoine Vitkine. Démarche vaine puisque Kadhafi n’a jamais envisagé une seconde de partir, ni même de renoncer au pouvoir qu’il prétendait ne pas détenir dans son pseudo-“ Etat des masses ”. A la mi-août, malgré tout, Saleh est à nouveau approché, à Djerba, cette fois, par les deux inséparables Dominique de Villepin et Alexandre Djouhri, qui se disent missionnés par Sarkozy lui-même ”. Ah oui ?

Le radical de gauche Michel Scarbonchi fait la sieste avec Saleh
Mais Saleh ne négociait pas qu’avec le gouvernement français, ou ses officieux… “ L’Obs ” nous l’apprend, en effet : “ Quelques semaines plus tôt, en juin 2011, Bachir le “ Francaoui ” a reçu dans son ranch au sud de Tripoli un ex-député européen, radical de gauche, élu en 1999 sur la liste de François Hollande : Michel Scarbonchi. Depuis 2005, ce petit-cousin de Bernard Squarcini (…) s’est reconverti dans le conseil aux entreprises en Afrique. Pour “ donner une chance à la paix ”, il s’apprête à mener à Tripoli une délégation d’anciens parlementaires de Strasbourg. “ J’aime les Corses, on les a beaucoup aidés ”, lance Saleh à cet anti-indépendantiste farouche en lui faisant visiter son domaine au milieu des moutons, des dromadaires et d’un lama. “ On a même fait la sieste ensemble, sur le tapis, à l’ombre des orangers, dit Scarbonchi. Il voulait un départ en douceur du Guide pour éviter le chaos ” ”.
“ Son départ a fait l’objet d’un “ gentleman’s agreement ” 
Mais chaos, il y eut. Comment, dans quelles conditions Bachir Saleh a-t-il regagné la France ? Contrairement à ce qu’affirmait “ VSD ” dans l’article qu’il lui consacrait le 19 avril dernier (voir la revue de presse du même jour), l’homme de confiance de Kadhafi n’aurait pas été rapatrié à Paris dans un avion de la République française. Enfin, pas tout à fait… “ Dix jours après la chute de Tripoli, explique en effet “ L’Obs ”, c’est dans sa résidence édénique que (Bachir Saleh) apprend l’arrivée d’un groupe de rebelles venus l’arrêter. Il parvient à fuir in extremis. “ Il a réussi à appeler Paris, qui a négocié sa reddition sans violence et sa mise en résidence surveillée ”, assure un diplomate français. Une milice le retient à Tripoli, dans une villa du bord de mer.  Quelques semaines plus tard, Moustapha Abdeljalil, le président du CNT, l’autorise à rejoindre la France. A la demande de Nicolas Sarkozy ? “ Son départ a fait l’objet d’un “ gentleman’s agreement ” ”, admet-on dans l’entourage de l’ancien président, en jurant toutefois que “ Saleh a voyagé par ses propres moyens en passant par la Tunisie ”. Ou plutôt grâce à ceux d’Alexandre Djouhri, dont on dit qu’il a dépêché un avion jusqu’à Djerba ”.

Un “ certificat de moralité ” signé Villepin
Que s’est-il passé une fois Saleh rapatrié à Paris ? Après l’avis de recherche, “ finalement lancé en mars contre lui par Interpol à la demande de Tripoli ”, Bachir, poursuit “ L’Obs ”, “ commence à collecter, avec l’un de ses avocats, Pierre Haïk, divers “ certificats de moralité ”. Au sommet de la pile, celui… de Dominique de Villepin qui vante ses qualités de “ pacificateur ” lors du conflit. Le trésorier de Kadhafi espère aussi obtenir le témoignage louangeur de Claude Guéant ou de Bernard Squarcini, qui l’a connu lors de ses visites à Tripoli et continue de le “ débriefer ” à Paris. “ Oui, j’ai rencontré Bachir Saleh, confirme le grand flic, un brin agacé. Comme tous ceux qui se soucient de la sécurité nationale, de l’avenir de la Libye et de toute la région. Même certains membres du CNT sont en contact avec lui ” ”.

“ Ses secrets, c’est sa survie ”
“ Jusqu’à la veille du second tour et la fameuse note de Mediapart qui provoque l’affolement dans le camp présidentiel, l’ancien secrétaire de Kadhafi croit pouvoir négocier son immunité, continue le journal. Il tombe des nues quand Claude Guéant se fait brusquement menaçant et feint de découvrir sa présence sur le territoire. “ Je ne sais pas ce qu’il fait en France. Il est arrivé par je ne sais quel moyen ”. Au même moment, un opposant toubou au régime de Kadhafi exilé à Toulouse, Jomode Elie Getty Doby My, l’accuse de l’avoir fait surveiller ainsi que d’autres réfugiés libyens, avec la complicité des autorités françaises. Une semaine plus tard, c’est sa première épouse, la Franco-Libanaise Kafa Kachour, qui fait parler d’elle. Le tribunal de Bourg-en-Bresse la condamne à deux ans de sursis et 70 000 euros d’amende pour esclavage domestique. (…) Début mai, après s’être attablé une dernière fois avec Dominique de Villepin et Alexandre Djouhri dans un restaurant de la capitale, Bachir Saleh se volatilise. (…) A Paris, c’est sa connaissance des rouages financiers de l’ère Sarkozy qui éveille toutes les convoitises. “ Il en sait tant sur l’ancien président qu’il peut assurer la tranquillité à François Hollande pendant dix ans ”, assure l’un de ses confidents. Avant d’ajouter : “ Mais ses secrets, c’est sa survie ” ”.

Hollande : “ la botte du secret ”
Et puisqu’on parle de “ secrets ”, notre nouveau président détiendrait, d’après “ L’Express ”, “ la botte du secret ”. Rôôô ! Mais qu’est-ce qu’il va nous apprendre, là ? “ Pour composer le gouvernement, nous dit l’hebdo, François Hollande a trouvé le moyen d’affirmer son autorité : le secret. Il avait prévenu ses troupes lors de l’ultime comité stratégique de la campagne, le 8 mai : “ Je ne souhaite pas que les informations fuitent. Le Premier ministre sera annoncé officiellement mardi. J’en aurai seulement parlé la veille à l’intéressé. Le mercredi, la journée sera consacrée à composer le gouvernement. Ce sera une “ blitz composition ”. Il a tenu parole. Seuls Laurent Fabius et Michel Sapin ont été prévenus la veille, tous les autres ont dû patienter. Le 15 mai, Vincent Peillon paraît décomposé : il ne dispose d’aucune information et ne peut que s’en remettre à la rumeur, qui le dit chassé par Martine Aubry du ministère de l’Education. Le lendemain, à deux pas de l’Assemblée, Marisol Touraine déjeune avec des proches. A deux tables, se trouve Pierre Moscovici. “ As-tu été appelé ? ” l’interroge celle qui va devenir ministre des Affaires sociales et de la santé. “ Non ”, avoue le futur ministre de l’Economie. Le gouvernement doit être annoncé dans l’après-midi. Les heureux élus sont appelés in extremis, entre 14 h 30 et 17 h 30 ”. Ben, ça…

François Hollande, être insondable
“ François Hollande chef de l’Etat veut demeurer un être insondable, appuie “ L’Express ”. Dans “ L’homme qui ne devait pas être président ”, de Karim Rissouli et Antonin André (Albin Michel, ndlr), il confie : “ Je dis très peu de choses, ce que je ressens profondément, même mes enfants ne le savent pas. Je suis très bavard, mais sur l’essentiel, sur moi, je ne dis rien. Même à mes proches, même à Valérie (Trierweiler). Je pense qu’elle en souffre, d’ailleurs. Au fond, je n’ai pas de confident ” ”. Hue, François ! C’est triste, ça…

Valérie Trierweiler : “ Je ne peux pas me supporter en photo ”
Pas dans le secret, Valérie ? Enervée, en tout cas, de tout ce qu’on dit sur elle… à tel point qu’elle a tenu à “ mettre les choses au point ” dans… “ Le Point ”. “ “ Ce n’est pas moi qui demande à être prise en photo, explique-t-elle au mag. Jamais je n’ai accepté d’être suivie par un photographe ou une caméra. J’ai horreur de me mettre en scène. Rien que ce matin, j’ai refusé neuf demandes ! ” Et de confier : “ Je ne peux pas me supporter en photo ” Elle est servie, commente le journal. Ses moindres gestes sont reproduits à l’envi. Et commentés ”. Ben, ça, c’est vrai, ça !, comme dirait la mère Denis.

“ Ils finiront par s’habituer à moi ”
Parmi ces gestes, notamment…, le “ serrage de mains ” “ des personnalités présentes le jour de l’intronisation du président socialiste ”. “ Le protocole l’avait prévu, assure-t-elle. La descente des Champ-Elysées dans la voiture du nouveau chef de l’Etat ? Encore une décision du protocole. La décision de voyager ici ou là au côté de son compagnon ? Toujours et encore le protocole. “ Je peux être rebelle, mais je me plie scrupuleusement aux consignes ”. “ Le Point ” l’ajoute : “ Elle reconnaît avoir du caractère, ce qui serait à l’origine de bien des commentaires désagréables : “ Quand les femmes ont du caractère, on les accuse de tout, s’offusque-t-elle. Mais ils finiront par s’habituer à moi ” ”.

Valérie sur Dray et Royal
Parmi les faits les plus commentés, il y a, bien sûr, “ l’épisode Julien Dray ” et sa “ rivalité ” supposée avec Ségolène Royal… Sur Dray, “ elle a prévenu François Hollande : elle ne serrerait jamais la main de ce vieil ami de son compagnon. Il aurait eu des mots insultants à son égard, au début de la liaison de la journaliste avec le patron du PS, insinuant qu’elle était à la recherche d’un homme de pouvoir. Elle ne lui pardonnera pas. Elle a également quelques souvenirs douloureux des réactions de Ségolène Royal, qui avait demandé qu’on décharge la journaliste Trierweiler de la couverture professionnelle de celui qui était encore officiellement son compagnon et le père de ses enfants. Aujourd’hui, elle ne veut retenir que les côtés positifs de la présidente de la région Charentes-Poitou : “ Elle a très bien su détecter des talents féminins. Delphine Batho et Aurélie Filipetti, par exemple, sont des femmes formidables ! Je les aime beaucoup ”. Et non, elle n’est pour rien non plus dans l’absence de Ségolène Royal le 15 mai à l’Elysée ! La décision en reviendrait à la seule ex-candidate à la présidentielle ”.

Valérie “ placardisée ” à “ Paris-Match ”
Est-ce à cause de Ségolène ? “ Le Point ” le dit encore : “ Elle a souffert d’être placardisée à “ Match ” quand sa liaison avec François Hollande a commencé à être notoire. Elle est restée deux ans sans rien faire : “ Un seul papier, sur l’eau, entre 2006 et 2008 ! ” Elle estime que c’était du harcèlement moral. Son salaire n’a pas été augmenté en quinze ans. Elle a instamment demandé à être transférée au service culture. Aujourd’hui, elle aimerait continuer à se saisir de sujets non politiques. (…) “ Et comment je ferais autrement que de rester journaliste ? ” C’est son métier et elle a trois enfants à élever à ses frais ”.

Une escapade avec François à Ville d’Avray
Valérie, femme normale ? Elle y aspire. “ Dimanche 13 mai, raconte “ Le Point ”, le couple Hollande a fait une escapade en amoureux sans que personne ne le sache. A 14 heures, Valérie et François se sont attablés pour déguster une glace aux Etangs de Corot, à Ville d’Avray. Ils ont fait une longue balade à pied. Pourront-ils encore s’échapper ainsi ? Valérie Trierweiler l’espère, de même qu’elle veut conduire de temps en temps sa voiture, faire des courses sans être cornaquée par un agent de sécurité, dîner chez des amis tranquillement, comme elle l’a fait le soir où son compagnon était avec Angela Merkel ”.

Valérie, première dame ?
Quid, de Valérie “ première dame ” — “ expression qu’elle déteste, les suggestions sont bienvenues pour la remplacer, nous dit “ Le Point ” ” ? La compagne de François Hollande, nous informe le mag, “  a l’intention de mener une réflexion internationale sur le rôle des “ femmes de… ”. Epouses ou compagnes d’ambassadeur, de préfet, de responsable politique : comment assurer un statut digne à celles qui sont contraintes de vivre dans l’ombre de leur “ moitié ” ? (Valérie Trierweiler) va confier à la brillante chargée de mission de son équipe (la même que celle de Carla, qu’elle conserve en poste) d’enquêter et de proposer des solutions. (Elle) veut aussi aider la fondation Danielle Mitterrand à survivre et donner un coup de chapeau à celle de Carla Bruni-Sarkozy sur le sida ”. Ma, c’est une transition en douceur, on dirait…

Le cadeau de Valérie à Michelle Obama
La douceur n’exclut pas la nouveauté. “ Le Point ” nous en donne l’exclusivité : “ Cette rebelle, qui a refusé de porter le voile lors de ses deux voyages en Arabie saoudite comme journaliste, s’est amusée à modifier — pour une fois ! — le cadeau prévu par le protocole à Michelle Obama. Plutôt qu’un dauphin en cristal de Baccarat, elle a choisi un sac Le Tanneur et une corbeille de produits de beauté Sothys, tous deux produits en Corrèze. Le président — et le protocole ! — s’est dit ravi de l’idée ”. A choisir, nous aussi, on aurait préféré… En même temps, entre le dauphin, d’un côté, le sac et les produits de beauté, de l’autre, bah, c’était pas bien compliqué, hmmm ?

A lire, encore
Les fanfreluches, c’est pas votre truc ? Plutôt que le dossier “ François Hollande Rattrapé par la crise ” de “ L’Express ”, si vous avez le temps, lisez “ La France sous surveillance ” de “ Challenges ” (c’est long et difficile à résumer en deux coups de cuiller à pot) Si vous en avez moins, lisez “ Les six mesures que (François Hollande) doit enterrer ” dans “ Le Point ”.
Pour le fun, et pour faire pendant au papier de “ L’Obs ” sur “ François Hollande et les femmes ”, jetez un œil à la chronique de Patrick Besson dans “ Le Point ”, “ La parité (version Hollande, ndlr), y écrit-il, ça fait partouze straight ”.
En vrac, sinon, dans “ Le Point ” : “ Moscovici, monsieur Sérieux du gouvernement ” ; “ Cahuzac, le cost-killer de Hollande ” ; “ La chanson de gestes d’Ayrault ” sur le décryptage des tics gestuels du nouveau Premier ministre ; “ Le dernier roi d’Ecosse ” sur le nationaliste Alex Salmond ; “ Nos émotions nous manipulent, et c’est tant mieux ! ”, d’où il ressort que “ maîtrisées et bien utilisées, les émotions — plus que “ l’intelligence ” — peuvent nous conduire à la réussite ” Yipee !
Dans “ Le Nouvel Observateur ” : “ Le siège de la Rochelle ” sur les enjeux et les aléas… de la candidature de Ségolène Royal dans la ville de Michel Crépeau ; “ Pépite élyséenne ”, le portrait d’Emmanuel Macron, “ petit génie de la Banque Rothschild ” qui “ devient à 34 ans le numéro 2 de l’équipe de François Hollande ”, à balancer avec l’article “ Pouvoir Academy ” que lui consacre “ L’Express ” ; “ Police : le changement, c’est pour quand ? ” ; “ Les dangereuses liaisons de David Cameron ” révélées par l’enquête sur les écoutes pirates de tabloïds anglais ; “ Une méthode à fabriquer des cancres ” sur la réforme de l’enseignement de l’histoire-géographie ; “ On a trouvé un remède contre l’alcoolisme ” sur les résultats sidérants du Baclofène, un “ vieux ” médicament prescrit depuis 1974 pour soigner “ les contractures survenant au cours d’affections neurologiques ” ; “ Le coût de Koons ” sur l’exposition que la Fondation Beyeler consacre à l’artiste.
Dans “ L’Express ” : “ Dr Mystère au chevet de l’Egypte ” sur le “ Frère musulman Aboul Fotouh ” ; “ Forums santé : les patients se réveillent ”.
Dans “ Challenges ” : “ Des spéculateurs en embuscade ” sur les attaques qui, après les législatives, pourraient viser la dette française ; “ L’Italie de Monti a presque épuisé son crédit ” ; “ L’Espagne de Rajoy ne desserre pas l’étau ” ; “ Intraitable ”, le portrait de Luc Oursel qui a remplacé Anne Lauvergeon à la tête d’Areva ; “ La vérité sur… le bonus différé de Maurice Lévy ”, patron de Publicis, gratifié d’une prime de 16, 2 millions d’euros.
Dans “ VSD ” : “ Présidentielle : le jour d’après ” sur ce qu’ont fait les candidats recalés au lendemain de l’élection ; “ Armée française. Bizutage : quand la tradition dérape ” ; “ “ Perdu de vue ” à la sauce khmère ” sur une émission de télévision cambodgienne qui réunit des familles séparées lors du génocide perpétré par les Khmers rouges ” ; le portfolio, en noir et blanc, et plutôt beau, “ Festival de Cannes : la belle époque ”.
Dans “ Les Inrocks ” : “ Europe : le péril brun ” ; l’hommage à “ Donna Summer of Love ” ; les entretiens avec Robert Pattinson et David Cronenberg qui dirige l’acteur dans “ Cosmopolis ”.
Côté dossiers, “ Les Inrocks ” offrent un supplément “ Critiques en herbe ” rédigé par des lycéens tandis que “ Le Point ” donne dans le “ Spécial placements : ce qu’il faut faire avant le 1er juillet ”. Rayon voyages : “ L’Express ” propose un “ spécial croisières : la nouvelle vague ” et un “ spécial vacances été 2012 ”, “ VSD ” un “ Grand angle évasion : destination Brésil ” et “ Le Point ” un “ Tendances évasion : Vienne, année Klimt ”, ainsi qu’un “ Spécial parfums ”. Ah, sentir bon et ne respirer que du bon… !

La chute de la maison Delors

Martine Aubry dévisse et l’Europe de papa agonise 

Un beau lapsus vaut mieux qu’un long discours. En souhaitant que « Martine Aubry » ne soit pas élue, le 17 juin, député de la circonscription d’Hénin-Beaumont, Vincent Peillon a révélé les vrais sentiments qu’il éprouve pour la première secrétaire du Parti socialiste : une aversion comparable à celle qu’il entretient à l’égard de Marine Le Pen. La loi d’airain de la vie politique se résume au « Vae victis ! » (Malheur aux vaincus !) du chef gaulois Brennus jetant son bouclier sur la balance pour augmenter la quantité d’or extorquée aux Romains défaits. Tous les sourires, amabilités et bises sonores échangés ces derniers jours entre Hollande, Ayrault et Martine Aubry doivent être interprétés comme une posture préélectorale. Le PS serait ainsi le pays des Bisounours, alors que du côté de l’UMP, la castagne entre Copé et Fillon n’a pu être mise au frigo en attendant le 17 juin. Personne n’est dupe, mais cette hypocrisie est une forme de politesse que l’on doit aux électeurs, comme celle des parents qui, conscients de leurs responsabilités, évitent de se quereller devant leurs enfants. Le sort des urnes a été régulièrement défavorable à Martine Aubry depuis le lancement de la primaire socialiste à la présidentielle. Emberlificotée dans le « pacte de Marrakech » conclu avec Dominique Strauss-Kahn (à lui l’Elysée, à elle Matignon), elle se plante lors de la primaire, largement battue par François Hollande. Et se comporte pendant cette campagne de manière à rendre impossible un rabibochage avec le vainqueur (« gauche molle », « quand c’est flou, y a un loup… »). La vraie campagne présidentielle redonne pourtant quelque espoir à Martine : la montée en puissance de Mélenchon dans les sondages allait rendre incontournable sa venue à Matignon, elle seule étant en mesure de se concilier les bonnes grâces d’un Front de gauche revenu aux scores du PC d’avant Mitterrand. Caramba, encore raté ! La fusée mélenchoniste n’a pas atteint l’orbite espérée, et Martine Aubry doit faire ceinture pour la rue de Varenne.
Il ne lui reste plus comme choix que de faire allégeance en entrant dans le gouvernement Ayrault, qualifiée par elle de « naze », selon Le Canard enchaîné, ou de se mettre « en réserve de la République » en boudant dans son beffroi lillois. Elle a choisi cette dernière solution, qui pourrait bien être le commencement de la fin de sa carrière politique. Elle ne sera pas député, car elle ne se présente pas aux législatives, et elle a annoncé qu’elle ne briguerait pas la direction du PS lors du prochain congrès prévu au mois d’octobre prochain. Une sage décision, car en étant candidate à sa propre succession, elle allait au devant d’une grosse déconvenue : malgré toute l’amitié que lui portent quelques barons locaux du parti, ils ne se bougeront pas pour bourrer les urnes en sa faveur, comme ce fut le cas lors du congrès de Reims en 2008. Quand le patron est à l’Elysée, la maison socialiste doit être gardée par un fidèle de chez fidèle, comme du temps de Mitterrand. Comme, de l’avis général, Martine Aubry est une vraie méchante, elle profite des derniers leviers de pouvoir qui lui restent rue de Solférino pour faire quelques mauvaises manières au nouveau président, en écartant des proches de François Hollande de l’investiture PS aux législatives au profit de ses amis.
On aurait tort, cependant, de ne voir dans cet affrontement Hollande-Aubry qu’un banal choc d’ambitions personnelles. Martine Aubry, jusqu’à sa défaite aux primaires, avait amorcé un vrai tournant idéologique du PS. Flanquée sur sa gauche par Benoît Hamon (plus inconsistant que lui, tu meurs !), elle avait entrepris une dépolitisation en profondeur de la doctrine du parti. Le social disparaissait au profit du « sociétal » dans le sillage des théories développée par la fondation Terra Nova, du sociologue Michel Wieviorka et des épigones français de l’idéologie américaine du « care ». L’alliance programmatique de long terme avec les Verts s’était concrétisée par un compromis avec les écologistes où ces derniers se taillaient la part du lion, avec la sortie du nucléaire, et une approche communautariste et multiculturaliste de la gestion de la société française. Dès la victoire de François Hollande à la primaire socialiste, il fut mis bon ordre à tout cela pour en revenir à une conception plus traditionnelle d’une social-démocratie à la française, sociale dans la limite des possibilités financières, raisonnablement productiviste et ne considérant pas la Nation comme un gros mot.
Les premiers pas de Hollande sur la scène internationale, au G8, à l’OTAN et à Bruxelles confortent ce retour aux principes fondamentaux d’une gauche au pouvoir qui ne craint pas d’affirmer la singularité française dans les controverses sur la marche du monde. Il semble avoir compris que l’Europe de 2012 n’est plus celle des années 90, où Mitterrand, Delors et Kohl pouvaient, hélas, imposer à leurs peuples et au continent le funeste traité de Maastricht, dont nous payons aujourd’hui les conséquences. Penser que l’instauration d’une monnaie unique dans un espace géopolitique sans solidarité entre ses utilisateurs pouvait fonctionner en temps de crise défie toutes les lois du bon sens. Aujourd’hui, en rassemblant autour de lui la gauche du « oui » et du non au référendum de 2005, Hollande prend acte que Merkel n’est pas Helmut Kohl, et qu’il urge de sortir du dogme du couple franco-allemand envers et contre tous. L’issue de la bataille sur les euro-obligations sera à cet égard décisive.
Elle ne débouchera pas, contrairement à ce que pensent les éternels eurobéats, sur une fédéralisation en catastrophe de la gestion économique et sociale de l’UE, pour la bonne et simple raison que les Allemands et leurs alliés (Pays-Bas, Suède, Finlande et quelques autres) n’en veulent à aucun prix. Même le SPD allemand est à cet égard dans une nasse : l’opinion outre-Rhin est très majoritairement hostile à ce que l’Allemagne finance les pays dits du « Club Med », et les élections générales sont pour 2013… L’idée fédéraliste européenne est en recul partout en Europe, dans les partis de droite comme dans ceux de gauche, à l’exception des libéraux et des écologistes, dont la forme électorale n’est pas brillante… Il n’y aura donc pas d’euro-obligations « modèle Hollande », pour permettre le financement des pays en difficulté.
L’habileté de Hollande sera de faire porter à l’Allemagne la responsabilité de l’écroulement du château de cartes construit par son ancien mentor Jacques Delors. Ce dernier, qui était sorti de sa retraite pour soutenir sa fille (« la meilleure ! »), lors de la primaire PS, n’était présent ni à l’Elysée, ni à la mairie de Paris lors des cérémonies d’investiture de François Hollande. Qu’il n’ait pas été invité, ou qu’il ait boudé ces raouts est anecdotique. Il savait parfaitement que le triomphe de son ancien disciple signifiait l’enterrement de l’œuvre de sa vie.

Soixante millions d’hypocrites

Le « président normal », c’était Sarkozy
Il faut croire que l’homme ne vit pas seulement de pain. Même le Français. Voilà des mois que les sondages et ceux qui les commentent nous serinent que la première préoccupation des Français, c’est le chômage – et la deuxième, le pouvoir d’achat. Or, ces mêmes sondages confirment ce que le faible écart entre les deux finalistes pouvait laisser penser1. Ainsi, à en croire une enquête Harris sur les motivations du vote, seuls 48 % des électeurs de Hollande l’ont choisi par adhésion à l’homme et à ses 60 propositions, tandis que 49 % entendaient punir Sarkozy ; plus intéressant encore, 44 %, toujours parmi les électeurs du candidat de la gauche, pensent qu’avec lui, la situation économique sera encore pire. En clair, une petite dizaine de millions de Français ont délibérément choisi d’envoyer à l’Élysée un candidat dont ils pensent, avant qu’il ait bougé le petit doigt, qu’il ne fera pas mieux, et sans doute moins bien, que son prédécesseur sur le plan du chômage et de la réduction des déficits.
  1. Non seulement Sarkozy n’a perdu « que » 2 millions de voix entre 2007 et 2012, mais il a fait un meilleur score que Ségolène Royal il y a cinq ans (16 865 340 contre 16 790 440).

“C’est la fin de l’hégémonie allemande”

Grâce à la nouvelle orientation défendue par Paris, le rapport de force interne à l’Union européenne devient défavorable à Berlin et à la rigueur prônée par l’Allemagne. Ces circonstances permettent aux Grecs d’entrevoir le bout du tunnel et de reprendre espoir, se félicite-t-on à Athènes.

Le sommet extraordinaire d’hier soir avait quelque chose de différent par rapport à ce qu’on a pu connaître ces deux dernières années : il n’y avait pas de “ligne directrice” préparée quelques heures à l’avance par la chancelière allemande Angela Merkel et le président français. François Hollande n’a pas poursuivi la “tradition” de Nicolas Sarkozy. Son “baptême du feu” à Bruxelles était “direct”, et non via Berlin.
Ce sommet avait aussi une autre particularité. L’Allemagne devait, pour la première fois depuis très longtemps, faire face à un ordre du jour qu’elle n’avait pas dicté : celui des questions liées à la croissance. Peut-être qu’aucune décision n’a été prise mercredi soir, mais il est un constat clair : l’hégémonie allemande est désormais remise en cause par l’Europe. Et Berlin le sait très très bien : les dirigeants allemands sentent déjà qu’on les a chassés de leur trône.
La domination de l’Allemagne est activement contestée.  Et cela affecte directement la Grèce. Hier, avant le début du sommet, la banque centrale allemande a dévoilé publiquement un rapport indiquant qu’il ne devrait plus y avoir aucun geste envers la Grèce. Et que si elle faisait faillite, ce serait un moyen “d’en finir avec cette histoire”… Au même moment, François Hollande réaffirmait son soutien et sa confiance au pays et au peuple grec.

Plus personne ne soutient la politique d'Angela Merkel

Cependant, le nouvel équilibre européen qui prend forme en ce moment se retrouve dans les conclusions du sommet : “Nous ferons en sorte que les fonds européens et tous les moyens soient mobilisés pour mettre la Grèce sur la voie de la croissance et de la création d'emplois.”
L'hégémonie allemande en Europe se termine. Comme une très grande partie de la presse allemande le souligne depuis hier, Angela Merkel est plus isolée que jamais face à ses partenaires, mais pas seulement. En réalité, sa politique n'a plus aucun allié. Des organisations internationales aux États-Unis en passant par Paris et Madrid, plus personne ne la défend.
Que vont faire les Allemands ? Tout oublier et s'adapter aux nouvelles réalités, comme si rien ne s'était passé ? Certainement pas. Ils se battront, et même beaucoup. Ils ont la volonté et la puissance. Mais ils ne sont plus seuls aux commandes. Ils ne déterminent plus à eux seuls la politique à mener. Cela engendre d'énormes espoirs pour l'Europe, et surtout pour la Grèce.

La Grèce aperçoit le bout du tunnel

Pour notre pays, les circonstances ont radicalement changé ces derniers temps. La Grèce a désormais la possibilité de se battre pour revendiquer un meilleur avenir. Bien entendu, il faudra qu’elle tienne ses promesses, comme le souligne la grande majorité de nos partenaires.  C'est un fait. Mais il y a un mois, personne n’anticipait ce qui s’est passé hier, ce nouvel équilibre européen. Les “engagements” auxquels tous se réfèrent, et à juste titre, ne sont plus un ensemble de dogmes hermétiques auxquels on ne peut toucher. Le paramètre de la “croissance”, maintenant mis sur la table, change la donne.
La Grèce peut se baser là-dessus, comme elle peut faire bien plus encore. Elle peut se battre, tout simplement parce que nous atteignons la fin du rigorisme derrière lequel se cachait la politique nationaliste allemande. Berlin n'est plus notre seul interlocuteur... Nous devrions maintenant commencer à avoir des résultats, par exemple, sur les privatisations, ou dans le secteur de l'énergie. A quel point est-il important, surtout en ce moment, de procéder à ces avancées ?
Le pays sort du tunnel du désespoir dans lequel l’avait poussé l'hégémonie allemande. Mais nous devons montrer que nous croyons pouvoir devenir un véritable Etat européen qui souhaite ne pas vivre avec des béquilles. Nous devons faire ce qui est de toute façon absolument nécessaire pour ne pas mourir, à l'intérieur ou à l'extérieur de l'Europe. Et nous pouvons le faire beaucoup plus facilement maintenant que l'état d’asphyxie est en voie de disparition.
Notre avenir est aujourd’hui beaucoup plus entre nos mains qu'il ne l’était hier. Cela est de bon augure. Mais il faut une politique. Et la politique est l'art du possible. Par conséquent, le fanatisme est maintenant le plus grand ennemi. Des fanatiques, nous en avons beaucoup, et de tous les côtés. Que peut-on faire contre ? La première observation que nous devons faire aujourd'hui, c'est que la position de la Grèce ces dernières semaines, en dépit de ce qui s’est dit, s’est déjà améliorée.
Il faut s’agripper à ce rayon de lumière qu’on aperçoit au bout du tunnel, et se battre pour changer notre sort. Maintenant, nous le pouvons. L'Europe n'est plus ce qu'elle était il y  a encore quelques semaines. Le contexte est différent. En outre, ce changement est le résultat de l'expression de la volonté de deux peuples, les Français et les Grecs. Les Français avaient le pouvoir de contester le Tout-Puissant allemand qui avait complètement subjugué l'ancien président jusqu'à le faire changer. Et les Grecs ont eu la force de montrer, à travers leur vote, leur mécontentement. Aujourd'hui, avec le repli du Tout-Puissant allemand, la voie européenne de la Grèce est de nouveau ouverte. Montrons que nous comprenons et que nous allons nous battre pour reconquérir notre avenir. Les conditions, en tout cas,  existent désormais.

ATICLE ORIGINAL

Η άνοδος και η πτώση της γερμανικής Ευρώπης και η ελπίδα της Ελλάδας
 
 
 Η χθεσινή έκτακτη σύνοδος κορυφής είχε κάτι πολύ διαφορετικό από όσες είχαμε συνηθίσει τα δύο τελευταία χρόνια: δεν είχε μια «κεντρική γραμμή» προετοιμασμένη λίγες ώρες πριν μέσα από συνάντηση της γερμανίδας καγκελαρίου Μέρκελ και του γάλλου προέδρου: ο Φρανσουά Ολάντ δεν τήρησε την «παράδοση» Σαρκοζί. Στην παρθενική του εμφάνιση στις Βρυξέλλες πήγε «κατευθείαν» κι όχι μέσω Βερολίνου, δηλαδή, χωρίς πρώτα να έχει περάσει από μια τέτοια συνάντηση…

Η συγκεκριμένη σύνοδος κορυφής είχε και μία άλλη ιδιαιτερότητα, άμεσα συνυφασμένη με την προηγούμενη: η Γερμανία είχε για πρώτη φορά έπειτα από πολύ καιρό να αντιμετωπίσει μια ατζέντα που δεν είχε θέσει η ίδια: αυτή των θεμάτων ανάπτυξης. Μπορεί αποφάσεις να μην ελήφθησαν, αλλά το δεδομένο είναι πλέον ξεκάθαρο: η γερμανική ηγεμονία αμφισβητείται πλέον ξεκάθαρα στην Ευρώπη. Και στο Βερολίνο το γνωρίζουν αυτό πάρα πολύ καλά: νιώθουν ήδη να ξεβολεύτηκαν από τον αυτοκρατορικό τους θώκο…

Είναι ξεκάθαρο ότι η ολοκληρωτική ηγεμονία της Γερμανίας στην Ευρώπη πλέον αμφισβητείται έμπρακτα. Και αυτό είναι ένα γεγονός που επηρεάζει άμεσα και την Ελλάδα. Χθες, πριν από την έναρξη της συνόδου, η Ομοσπονδιακή Γερμανική Τράπεζα δημοσιοποιούσε έκθεσή της σύμφωνα με την οποία δεν πρέπει να γίνει απολύτως τίποτα άλλο για την Ελλάδα και ας χρεοκοπήσει να τελειώνει η ιστορία… Την ίδια ώρα, ο Φρανσουά Ολάντ, δήλωνε εκ νέου την υποστήριξή του στη χώρα και ζητούσε από τον ελληνικό λαό να του έχει εμπιστοσύνη.

Όμως, η νέα ευρωπαϊκή ισορροπία που τώρα διαμορφώνεται έγινε εμφανής και στο ίδιο το κείμενο συμπερασμάτων της Συνόδου, όπου, μεταξύ άλλων, αναφέρεται πως «θα διασφαλίσουμε ότι τα ευρωπαϊκά ταμεία και εργαλεία θα κινητοποιηθούν προκειμένου να φέρουν την Ελλάδα στον δρόμο της ανάπτυξης και της δημιουργίας θέσεων εργασίας».

Η γερμανική ηγεμονία τελειώνει στην Ευρώπη. Όπως πολύ μεγάλη μερίδα του γερμανικού Τύπου ήδη από προχθές σημειώνει, η Αγκελα Μέρκελ είναι πλέον όσο ποτέ απομονωμένη ανάμεσα στους εταίρους της και όχι μόνον: στην πραγματικότητα, η πολιτική της δεν έχει πλέον κανέναν σύμμαχο, από τους διεθνείς οργανισμούς, μέχρι τις Ηνωμένες Πολιτείες και από το Παρίσι μέχρι τη Μαδρίτη, όπως δεν έχει και κανέναν υπερασπιστή.

Το τέλος αυτής της ηγεμονίας δεν θα είναι μια υπόθεση στρωμένη με ροδοπέταλα. Τι θα κάνουν οι Γερμανοί; Θα τα ξεχάσουν όλα και θα προσαρμοστούν στη νέα πραγματικότητα σα να μη συνέβη τίποτα; Ασφαλώς όχι. Θα παλέψουν και μάλιστα σκληρά. Εχουν και τη βούληση, έχουν και τη δύναμη. Όμως, δεν είναι πλέον μόνοι τους. Δεν καθορίζουν πια εκείνοι τα πάντα. Κι αυτό γεννά τεράστιες ελπίδες για την Ευρώπη και, ιδίως, για την Ελλάδα.

Για τη χώρα μας, οι συσχετισμοί έχουν μεταβληθεί άρδην το τελευταίο διάστημα. Η Ελλάδα έχει τώρα τη δυνατότητα να παλέψει με αξιώσεις για τη βελτίωση του μέλλοντός της. Φυσικά και πρέπει να τηρήσει τις δεσμεύσεις της, όπως οι πάντες της υπογραμμίζουν. Αυτό είναι δεδομένο. Όμως, πριν από έναν μήνα, κανείς δε μιλούσε για αυτά που ήδη χθες, από την πρώτη ημέρα με τις νέες ευρωπαϊκές ισορροπίες, αποτυπώθηκαν.

Οι «δεσμεύσεις» στις οποίες οι πάντες αναφέρονται, και ορθώς, δεν είναι πλέον ένα κλειστό σύνολο που δεν μπορεί τίποτα σε αυτό να αλλάξει. Ηδη η εκπεφρασμένη πλέον παράμετρος της ανάπτυξης αλλάζει αυτές τις δεσμεύσεις. Η Ελλάδα μπορεί να πατήσει πάνω σε αυτή, όπως μπορεί να κάνει και πολλά άλλα. Μπορεί να το παλέψει, ακριβώς επειδή έφτασε το τέλος μιας ακαμψίας που πίσω της κρυβόταν η γερμανική εθνικιστική πολιτική. Το Βερολίνο δεν είναι πια ο μόνος συνομιλητής μας… Οφείλουμε τώρα να αρχίσουμε να φέρνουμε αποτελέσματα, λ.χ. στις αποκρατικοποιήσεις, ή στα ενεργειακά όπου μπορούμε και πρέπει, έτσι κι αλλιώς, να το κάνουμε άμεσα: πόση σημασία θα έχει άραγε αν, ειδικά αυτή τη στιγμή, προχωρήσουμε σε αυτές τις κατευθύνσεις;

Η χώρα βγαίνει μέσα από το τούνελ της απελπισίας στο οποίο την είχε ωθήσει ο γερμανικός ηγεμονισμός. Πρέπει όμως να δείξει ότι πιστεύει στην ανάγκη να γίνει και η ίδια ένα πραγματικά ευρωπαϊκό κράτος το οποίο θέλει να μη ζει με δεκανίκια. Πρέπει να κάνει αυτά που ούτως ή άλλως είναι απολύτως αναγκαίο να γίνουν για να μην πεθάνει είτε εντός είτε εκτός Ευρώπης. Και μπορεί να τα κάνει, πολύ πιο εύκολα, τώρα που το καθεστώς της ασφυξίας ουσιαστικά υποχωρεί.

Το μέλλον μας είναι τώρα πολύ περισσότερο και πάλι στα χέρια μας απ’ ό,τι ήταν μέχρι χθες. Και είναι πολύ πιο ευοίωνο. Όμως χρειάζεται πολιτική. Και πολιτική είναι η τέχνη του εφικτού. Συνεπώς, ο φανατισμός είναι σήμερα ο μέγας εχθρός μας. Από φανατισμό έχουμε μπόλικο κι από πολλές πλευρές: από πολιτική, όμως, τι κάνουμε; Η πρώτη διαπίστωση που οφείλουμε να κάνουμε σήμερα είναι ότι η θέση της Ελλάδας τις τελευταίες εβδομάδες, παρά τα όσα λέγονται, έχει ήδη αντικειμενικά βελτιωθεί.

Πρέπει να πιαστούμε από αυτή την αχτίδα φωτός και να παλέψουμε να αλλάξουμε τη μοίρα μας. Τώρα, μπορούμε. Η Ευρώπη δεν είναι πια αυτό που ήταν μέχρι πριν από λίγες εβδομάδες. Το πλαίσιο είναι διαφορετικό. Αλλωστε, αυτή η αλλαγή είναι αποτέλεσμα της έκφρασης της βούλησης δύο λαών: του γαλλικού και του ελληνικού. Ο γαλλικός είχε τη δύναμη να αμφισβητήσει τη γερμανική παντοκρατορία στην οποία ο πρώην πρόεδρός του είχε πλήρως υποταχθεί – και τον άλλαξε. Και ο ελληνικός, είχε τη δύναμη να οδηγήσει, μέσα από το αποτέλεσμα της ψήφου του σε διατυπώσεις σαν αυτή που ήδη αναφέρθηκε. Σήμερα, με την υποχώρηση της γερμανικής παντοκρατορίας, ο ευρωπαϊκός δρόμος της Ελλάδας έχει ανοίξει ξανά. Ας δείξουμε κι εμείς ότι το κατανοούμε και ας παλέψουμε να κερδίσουμε και πάλι το μέλλον μας. Οι προϋποθέσεις, πάντως, τώρα υπάρχουν.

Crise, par ici la sortie

En acceptant de discuter d’investissements communs et des euro-obligations lors du sommet extraordinaire du 23 mai, les Vingt-Sept ont enfin su dépasser l’opposition entre pays “vertueux” et “dépensiers” et fait un pas vers davantage d’intégration économique.

Dans l’Union, il y a une grande différence entre un sommet et un sommet informel. Le sommet tout court est supposé déboucher sur des décisions alors qu’un sommet informel, comme celui d’hier soir, n’a pour but que d’établir les rapports de force entre les thèses en présence et d’ébaucher les compromis qui sont l’essence même de l’Union.
C’est donc ce qui s’est passé hier et, dans ces quelques six heures de discussions, François Hollande a poussé ses pions face à la chancelière allemande qui a répété, elle, que "les euro-obligations ne constituaient pas une contribution à la croissance". Soutenue par plusieurs pays dont la Suède, la Finlande et les Pays-Bas, Madame Merkel a redit son opposition à cette idée défendue par la France de mutualiser les emprunts des Etats-membres afin que tous bénéficient, en donnant leur garantie commune, de taux égaux et largement inférieurs à ceux qui sont aujourd’hui imposés aux plus faibles d’entre eux.
Dès lors qu’elle ne faisait décidément pas l’unanimité, cette idée ne pouvait pas être retenue et, comme prévu, elle ne l’a pas été mais… Mais les choses ont beaucoup bougé. Outre que de solides convergences sont apparues sur la nécessité d’investissements communs, il s’est d’abord confirmé, fait nouveau, que les euro-obligations avaient désormais la faveur d’une majorité des pays de l’Union, y compris de la Grande-Bretagne qui bloque d’ordinaire tout ce qui peut conduire à une plus grande intégration des politiques européennes.

Un vrai débat pragmatique 

Le débat ne recoupe plus maintenant les lignes de partage habituel entre gouvernements libéraux et sociaux-démocrates ou tenants de l’Europe des nations et avocats du fédéralisme. C’est un vrai débat, parfaitement pragmatique, sur les meilleurs moyens de relancer la croissance tout en rétablissant les équilibres budgétaires – "un débat équilibré" a jugé Madame Merkel – et qui a ainsi débouché sur l’établissement d’une feuille de route.
Herman Van Rompuy, le président du Conseil européen a été chargé de présenter au sommet du 28 juin un rapport sur les étapes d’un "approfondissement de l’Union monétaire" et, notamment sur "les euro-obligations dans une perspective de long terme, une supervision des banques plus intégrée et un schéma commun de garantie des dépôts bancaires".

Loin de s’entredéchirer, les Européens se sont autrement dit résolus à marcher vers plus d’intégration économique et à inscrire la question des euro-obligations dans cette démarche. Le très discret et habile M. Van Rompuy a cinq semaines pour mettre tout cela en musique et dépasser l’opposition entre ceux qui n’admettent plus que les pays les plus fragiles n’aient plus un sou à investir dans leurs croissance car ils doivent se financer à des taux intenables et ceux qui craignent, comme Madame Merkel, que ces pays ne relâchent leurs efforts de désendettement sitôt qu’ils pourraient emprunter dans de meilleures conditions.
Entre ces deux positions, le seul compromis possible était d’établir de plus amples règles communes et de pousser l’intégration plus loin. C’est ce que les Européens ont décidé de tenter et, s’ils y parviennent, l’Union aura beaucoup progressé, dos au mur comme toujours.




La laïcité républicaine du président Hollande 


puce_carreLe candidat Hollande ne nous l’avait point dit. A peine élu, le président Hollande n’a pu s’empêcher d’en faire sa première proclamation et son prioritaire engagement.
Il s’est fait élire en invoquant le triomphe du Front populaire en 1936 et la victoire électorale du socialiste Mitterrand en 1981.
Il n’avait pas parlé des lois républicaines de 1881 et 1882.
Mais à peine élu, il nous a révélé que pour lui « les vraies étapes, les plus sûrs repères de la marche du temps, ce sont les lois ».
Et de même, il s’était présenté sous le patronage de Jean Jaurès, de Léon Blum, de François Mitterrand.
Il n’avait pas mentionné Jules Ferry, auteur des lois de guerre civile qui ont asphyxié la France.
Devant la statue de Jules Ferry, il a salué « la plus belle de nos ambitions nationales » : l’école de la République, qui est devenue l’école de la laïcité.
puce_carreMardi dernier, et encore jeudi, l’autre quotidien catholique parisien s’efforce de rassurer ses lecteurs plutôt que de les mettre en garde.
Le mardi 22 mai, ce fut une page entière très apaisante, intitulée : « Comment François Hollande pratiquait la laïcité en Corrèze ». Tous les témoignages recueillis sont admirablement concordants sur la réserve, la discrétion du futur président à l’égard des questions religieuses :
« Il respecte toutes les religions, sans en favoriser aucune, mais il respecte aussi la laïcité. »
« Il se montre aimable, avec toujours cet humour qu’on lui connaît. Mais très prudent, distant même. »
« On ne se souvient pas d’un seul discours dans lequel il ait souligné ne serait-ce que l’effort culturel ou social de l’Eglise catholique. »
« Il a toujours strictement appliqué la loi Debré, versant le même forfait aux élèves du privé qu’à ceux du public. »
« Il n’a jamais versé dans une posture de combat. »
« Son registre, c’est plutôt celui de l’humanisme, de la tolérance. »
Ce fut en somme le ton de sa campagne présidentielle. Il avait cependant, lors de son discours du Bourget, lâché une allusion à « la démocratie, plus forte que les religions », mais il s’en était fait excuser par une démarche de son avocat auprès de « l’épiscopat », qui d’ailleurs n’a eu aucune suite connue. Il y eut aussi quelques allusions classiques à la « laïcité ». Mais personne ne pressentait vraiment, chez François Hollande, la férocité criminelle du franc-maçon Jules Ferry à l’égard du catholicisme jusqu’à ce que ce soit François Hollande lui-même qui aille la donner en exemple et la prendre pour règle.
puce_carreEt le jeudi 24, La Croix y revient, cette fois en y mettant deux pages et un éditorial, autour d’une déclaration d’Eric de Labarre, « secrétaire général de l’enseignement catholique », qui « manifeste son intention de travailler “de façon positive” avec le nouveau gouvernement ». Peut-être n’a-t-il pas entendu le discours d’hommage à Jules Ferry, peut-être ignore-t-il qui pouvait bien être ce personnage. Avoir réalisé le cercle carré d’une école « catholique non confessionnelle » était déjà une performance. Il se dit prêt à faire mieux encore.
puce_carreLe terme abstrait de « laïcité », j’ai déjà eu l’occasion de le rappeler, n’a jamais appartenu au vocabulaire de la philosophie chrétienne ni à celui de la théologie catholique jusqu’à la déclaration de Pie XII sur « la saine et légitime laïcité ». C’était de sa part une annexion audacieuse mais sans doute un peu imprudente. Dans tout l’univers catholique on se mit à parler joyeusement de la laïcité comme d’une notion « saine et légitime », sans s’apercevoir que Pie XII avait précisé : « la saine et légitime laïcité de l’Etat ». Or la laïcité républicaine est, en outre, la laïcité de l’école. La laïcité de l’Etat, cela veut dire que normalement les dirigeants politiques ne sont pas les évêques et que les préfets ne sont pas les curés. Mais la laïcité de l’école veut dire l’école sans Dieu : l’école ayant bâti, génération après génération, une société temporelle qui a de plus en plus exclu Jésus de l’espace public et de l’éducation nationale. Le président Hollande, en allant religieusement vénérer Jules Ferry, ne s’est pas trompé d’adresse.
puce_carreEt cependant, le président Hollande a bien l’air de quelqu’un qui ne nous dit pas tout sur son dessein profond. Car il est encore en campagne électorale : il lui faut gagner aussi les législatives de juin. Quand ce sera fait, il nous en dira davantage encore sur sa laïcité.