TOUT EST DIT

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samedi 12 mai 2012

Paradoxe : la démocratie grecque n'a jamais été aussi forte que depuis que la crise l'a régénéréeA

Les résultats des législatives grecques ont médusé l'Europe entière. L'entrée de partis extrémistes au Parlement pose des questions sur le positionnement politique des deux principaux partis, qui ont été désavoués, ainsi que sur l'état d'esprit du peuple grec qui vit la crise de plein fouet.
Pour comprendre les choix de l’électorat grec, il faut comprendre l’esprit et la tonalité affective des Grecs ces derniers mois. Comparer le climat social à Weimar serait à la fois peu et trop dire. Je me suis trouvé à Athènes pendant la semaine des élections et j’ai vécu jour après jour la pulsion de la rue, j’ai écouté les orateurs et démagogues dans l’agora, j’ai assisté aux assemblées spontanées dans les places publiques et observé en silence les rassemblements des groupuscules extrémistes se préparant à la guerre.
La rue est rarement un mauvais témoin : les bars et les cafés ouverts nuit et jour, la fête jusqu’à l’aube, les cinémas et les théâtres remplis, les places de quartier animées par des gens qui refusent de se rendre chez eux de peur de manquer quelque grand événement. Partout de petites ventes de livres qui suscitent les discussions philosophiques les plus improbables entre amateurs qui en achèteraient si seulement ils avaient un rond ! La rue ne parle que politique, les passions communes étant de nouveau enflammées.
Je n’ai pas vraiment revu cela depuis les années quatre-vingt quand, gamin, j’assistais à des véritables bagarres de rue entre la droite conservatrice et les socialistes d’Andreas Papandreou. Entre temps, les passions se sont apaisées, les tensions politiques ayant cédé la place aux calculs d’intérêt. L’insignifiance gagna la Grèce progressivement, les gens votaient pour les socialistes, les communistes ou la droite par tradition, souvent par intérêt corporatif et surtout par ennui. Les gouvernements se succédaient, les époques changeaient sans que le corps national soit piqué à vif par une question majeure capable de l’exciter et lui rendre de nouveau la vie. Pour le dire d’un mot du dix-neuvième, le corps politique fut énervé, épuisé par les faux excitants des mass-médias et de la société de consommation qui s’emparèrent de la Grèce socialiste trente ans durant.
Mais ce mois de mai quelque chose a changé : un vrai dilemme piqua comme une guêpe le corps de la nation. La question pro ou contra le mémorandum imposé par les créanciers du pays par l’intermédiaire de la Troïka (EE, BCE et FMI) a réveillé le géant endormi par les sirènes de la mondialisation et de l’européanisation que l’on appelle peuple national. Si les médias internationaux s’inquiètent des dangers que court désormais la démocratie à Athènes, je les rassure : la démocratie hellénique n’a jamais été aussi forte, aussi puissante, aussi jeune et aussi vive qu’aujourd’hui. 
Nicolas Machiavel posa la question de savoir si les troubles sociaux perpétuels que connut Rome furent néfastes pour la République. Il a argumenté qu’au contraire, ils furent salvateurs constituant un moteur puissant d’amélioration des institutions. De ce point de vue, la physionomie du nouveau Parlement hellénique rend leur valeur politique authentique aux discordes sociales et nationales. Elle réalise une réforme des institutions politiques les orientant vers l’intérêt des classes ouvrières et les intérêts de la nation. Le fait de la chute du pouvoir électoral des partis traditionnels au profit des partis jusqu’à aujourd’hui mineurs marque un tournant de l’unité émotionnelle que présente l’État. Les deux partis n’expriment plus une véritable opposition par rapport à la question nationale pro ou contra le mémorandum, pour ou contre un modèle unique d’existence nationale, celui du paria de l’Europe et de l’esclave d’une politique allemande punitive pour un crime jamais commis.
Si seulement il y avait à la tête du parti de droite un Constantin Karamanlis, ce géant politique, symbole de la liberté démocratique équivalent au Général De Gaulle, pour dire aux Grecs qu’il faut des sacrifices pour que la Grèce devienne plus forte au sein d’une Europe forte, capable de transformer la douleur actuelle en prospérité pour les générations à venir ; si seulement il y avait à la tête du parti socialiste un Andreas Papandreou, l’orateur socialiste imparable qui a succédé à Karamanlis, pour leur dire qu’il faut désobéir, assumer l’indépendance et courir le risque de retrouver la fierté nationale ; alors, le bipartisme serait toujours triomphant assurant une stabilité politique au pays. Mais la réalité est tout autre : les partis pro continuent d’ignorer la réalité et la profondeur de l’opposition et les partis contra refusent d’assumer la responsabilité de leur choix. Mais la prise de conscience ne tardera guère. La voie de la restructuration du système des partis actuels et leur réorientation par rapport à la question de l’avenir de la nation est désormais ouverte. 
C’est dans le sens de l’émergence de la nation comme recentrage des forces et des passions politiques et sociales qu’il faut comprendre l’émergence des néo-nazis de l’Aube Dorée (Chryssi Augi) et leur entrée au parlement : quand la nation redevient le problème politique, il est compréhensible de voir la présence des groupuscules qui posent la distinction nationaliste par excellence, celle entre les Grecs et les non Grecs, ayant comme référence symbolique les partis fascistes de l’époque où la nation dominait l’avant-scène politique, à savoir les années de l’entre deux guerres. Ignorer la question de la nation, telle qu’elle se pose à travers la réelle opposition entre forces pro et contra, en invoquant le sens unique de la voie européenne des larmes sans lendemain, fut l’erreur fatale de la classe politique dominante. Et quand l’élite supposée savoir ne la pose pas, l’émotion et la sagesse pratique populaires la posent avec plus d’acuité que jamais.


Le patron de la Buba met en garde François Hollande

Jens Weidmann ne veut entendre parler ni de modification des statuts de la BCE, ni de renégociations du pacte budgétaire. La marge de manœuvre de François Hollande mardi sera étroite.
 François Hollande est attendu de pied ferme mardi à Berlin. Dans un entretien accordé ce samedi à la Süddeutsche Zeitung, le président de la Bundesbank, Jens Weidmann a clairement adressé au nouveau président français une sévère mise en garde. Pas question d'abord de réformer les statuts de la BCE en ajoutant une obligation de se soucier de la croissance. Ce serait « dangereux », explique-t-il. « Les emplois et la croissance sont créés par les entreprises. La Banque centrale peut le mieux y contribuer en assurant la stabilité monétaire », a justifié le patron de la « Buba ».
Pas de remise en cause du pacte budgétaire

Jens Weidmann, qui adopte depuis plusieurs mois un profil extrêmement orthodoxe, renvoie également le nouvel élu français dans les cordes au sujet de la renégociation souhaitée par Paris du pacte budgétaire. « C'est une bonne habitude européenne de respecter les traités signés », a-t-il ainsi affirmé. Il appuie donc la position très ferme d'Angela Merkel qui jeudi devant la Bundestag a réaffirmé son refus de toute renégociation du pacte signé début mars. Du reste, un autre banquier central allemand, Jörg Asmussen, membre du directoire de la BCE avait jugé mercredi que la France "devait" ratifier le pacte budgétaire.
Négociations difficiles

Malgré quelques ouvertures de forme - ce samedi encore Angela Merkel affirme qu'un "partenariat stable" avec françois Hollande est "possible", Berlin ne semble donc pas en réalité prêt à céder du terrain sur ce pacte budgétaire. Angela Merkel en a besoin pour apparaître auprès de son électorat conservateur comme respectueuse de la tradition de stabilité de l'Allemagne. Du reste, ce traité est son œuvre, c'est le prix que les Européens ont dû payer pour la mise en place d'un mécanisme de soutien financier permanent de la zone euro, le MES. François Hollande aura donc grand mal à avancer sur ce plan, tout comme sur les statuts de la BCE, dont l'indépendance et l'engagement anti-inflationniste sont des éléments quasi-sacrés outre-Rhin. Reste une voie étroite : celui d'un « pacte de croissance » prévoyant quelques mesures capables de donner des arguments au président élu avant les législatives des 10 et 17 juin prochains.

La relance de la croissance selon François Hollande, qu’en penser ?

Si je ne crois pas aux mesures de Hollande, je me réjouis quand même que la croissance soit enfin revenue au cœur du débat public, économique et social. Il nous a cruellement manqué ces temps-ci.
Un des grands thèmes de la campagne présidentielle française de François Hollande fut (et sera une priorité de sa présidence) la relance de la croissance au niveau européen.
Je ne peux que me féliciter de cette approche, nous avons en effet besoin de croissance pour faire face aux défis qui nous attendent et éviter un déclin généralisé de l’Union Européenne. De même, aucun pays ne peut aujourd’hui s’imaginer, en Europe, mener une politique économique, budgétaire et sociale isolée. Un certain nombre de pays l’espèrent encore, je pense qu’ils ont tort.
Mes pistes de croissance, je les ai déjà développées de ci de là au fil de mon blog, je ne vais donc pas m’appesantir dessus ici. Je vous propose de passer en revue les deux – trois mesures concrètes de François Hollande et d’en discuter ensemble.
Les Mesures de François Hollande
Pour ce faire, je me suis penché sur:

En préambule, je reprendrai la déclaration de Hollande dans Slate:
L’économie de l’offre n’est pas séparable d’une stimulation plus directe de la demande. Non pas avec les formules keynésiennes d’autrefois : les moyens ne peuvent être des dépenses publiques supplémentaires, puisque nous voulons les maîtriser, ni des allègements fiscaux, qui nous sont interdits.
Bref, une relance sans dépenses et sans réduction de charges. L’équation est simplement impossible. Si vous n’avez pas plus d’argent disponible à injecter dans l’économie réelle, vous ne pouvez le faire sans vous endetter… Demander en période de crise aux acteurs économiques privés de s’endetter me semble juste un tout petit peu suicidaire mais passons.
Seulement voilà… François Hollande dit au final tout et son contraire. Quand il nous dit qu’il ne peut pas augmenter les dépenses publiques, il ment…vu que c’est effectivement ce qu’il compte faire par le biais de :
  • l’augmentation du capital de la Banque européenne d’investissement,
  • la mobilisation des fonds structurels,
  • la levée de l’emprunt par l’Europe : ce sont les «eurobonds» ou des «project bonds», en clair de l’endettement.
Quand il dit dans son interview que les allègements fiscaux lui sont interdits… c’est faux. Si un allègement fiscal procure un revenu supérieur à l’État, il peut… Différentes théories économiques et faits économiques plaident d’ailleurs en ce sens : moins d’impôts, pour mieux d’impôts, plus juste et mieux collectés. De plus, quand il annonce qu’il ne fera pas d’allègement fiscal… il contredit son projet présidentiel où il proposait :
"Je favoriserai la production et l’emploi en France en orientant les financements, les aides publiques et les allégements fiscaux vers les entreprises qui investiront sur notre territoire, qui y localiseront leurs activités et qui seront offensives à l’exportation. À cet effet, je modulerai la fiscalité locale des entreprises en fonction des investissements réalisés."
Outre le fait que cette forme de préférence nationale ne plaira pas forcément à ses voisins européens, il s’agit ici non d’un projet de croissance « européenne » mais une forme de protectionnisme franco-français. Je note aussi que les allègements fiscaux sont bien au programme (par le biais de taux d’imposition des sociétés différentiés) ainsi que les dépenses publiques par les aides et les subsides. Comprenez que je m’en réjouis… mais que je ne parviens pas à trouver de cohérence dans les propos du président élu.
Jusqu’ici, je ne trouve par ailleurs aucune mesure concrète de relance de la « croissance européenne ». On les retrouve finalement dans son projet présidentiel mais sans grand détail… Sa première mesure au niveau européen étant par ailleurs de protéger les agriculteurs (ce qu’il qualifie pourtant de « défi des années 60″) et le secteur de la pêche… français (of course). Les mesures de relance ?
  • Création d’eurobonds (endettement quelque part garanti par l’Allemagne),
  • de grands projets d’avenir (comprendre une politique de grands travaux comme on en fit dans les années 70-80 avec l’endettement que nous payons toujours 30 ans après ?),
  • la mise en place de barrières commerciales à l’entrée de la zone économique européenne (j’avouerai que contrairement à beaucoup de libéraux, je trouve cette proposition sensée et l’ai défendue (mars 2008) dans le passé pour rétablir une forme de concurrence saine et équilibrée).
D’autres mesures concrètes ? Une vision ? Des propositions ? Aucune. AU-CU-NE. Je suis d’accord que ce sont des mesures européennes qui doivent être collégialement négociées, mais quand on va à une négociation, on y est préparé, on a des propositions à défendre, on laisse filtrer certains ballons d’essais. Les mesures lancées ici par François Hollande ne sont simplement pas crédibles, ni nécessaires, ni suffisantes pour relancer une quelconque croissance. Il ne fait qu’appliquer de vieilles recettes keynesiennes déjà appliquées dans les années 70-80 avec les résultats que l’on connaît.
Les Actes
Il me reste à me pencher sur les actes et décisions déjà posés par François Hollande pour espérer y trouver des pistes de croissance…
Une relance de la croissance par l’engagement de… 60 000 fonctionnaires. La croissance, n’en déplaise au Président Élu, ce ne sont pas les fonctionnaires qui l’apportent mais les travailleurs et investisseurs privés. 60 000 fonctionnaires, autant de dépenses publiques supplémentaires à financer.
Un blocage des prix carburants… Les marchés internationaux ne s’en inquiètent pas, leur prix restera le même, il faudra donc que le gouvernement français finance la différence… dépense publique (ou réduction de recette) donc et pour un effet limité au niveau économique. Le gouvernement appliquerait cette mesure en modulant la TIPP qui deviendrait flottante. Ceci réduit les recettes de l’État, je ne bouderai pas mon plaisir en vous disant que malgré tout, c’est réjouissant même si je pense que c’est ineffectif au niveau économique.
Hausse généralisée de l’imposition. Heureux Français, vous aurez quand même un bouclier fiscal. L’État ne pourra pas vous prélever plus de 85% de vos revenus toutes taxes et impôts confondus. Notez que même la mafia n’a jamais osé vous offrir sa protection pour un tel montant…
Refiscalisation des heures supplémentaires. Nicolas Sarkozy les avait défiscalisées avec le slogan « Travailler plus pour gagner plus ». François Hollande revient sur cette mesure qui coûtera chère aux entreprises et pour les salariées ce n’est pas un bon signal d’après moi. Pour assurer la production, il faudrait donc engager plus… mais sous statut précaire ?
Plafonnement et suppression de niches fiscales, mesure saine s’il en est mais qui devrait avoir un objectif plus large, plus profond de simplification de la fiscalité pour être réellement efficace. La problématique des niches reste toujours la même : on met des niches en place qui ne profitent qu’à certains à cause d’une fiscalité trop lourde. Une simplification de la fiscalité et son allègement général conjugué à la disparition des niches permettrait un gain substantiel pour l’État, une transparence accrue et une probabilité de relance plus grande.
Suivent les mesures « sur les riches »… elles ont un succès certains… auprès des agents immobiliers belges et suisses qui ont vu leur carnet de clients français augmenter significativement ces dernières semaines. Elles ont aussi réjoui les propriétaires immobiliers de ces mêmes pays qui voient les prix de leurs biens augmenter…
Bref… des mesures de croissance ? 
La croissance malheureusement ne se décrète pas par une loi. C’est comme le cancer, si une loi interdit le cancer, et bien le cancer, il s’en fout. Par contre mettre en place les circonstances, les événements, les éléments générateurs de croissance, ça, c’est un vrai défi. Et, peut être me trompé-je, je ne suis pas convaincu que l’augmentation de la fiscalité et de la dépense publique soient les signaux que l’on peut attendre pour relancer la croissance. Les autres mesures du projet (en même temps, lesquelles ? Si on peut m’éclairer, malgré mes recherches, à part deux trois mesurettes, je n’ai rien trouvé)… À mon grand regret, et nous pouvons en débattre, j’estime qu’elles ne sont génératrices d’aucune croissance, pire, elles ne garantissent même pas le maintien du statu-quo.
Mais, si je ne crois pas aux mesures de Hollande, je me réjouis quand même que la croissance soit enfin revenue au cœur du débat public, économique et social. Il nous a cruellement manqué ces temps-ci. Il me reste à espérer qu’on va réellement, pour une fois, envisager la croissance sous l’angle de l’augmentation de la liberté d’entreprendre, d’engager (et de licencier), de réussir, et d’investir dans l’économie sans être vu comme un profiteur, un criminel fiscal ou un exploiteur de travailleurs.

La Grèce va-t-elle sortir de l'euro ?

"Nous ne pouvons forcer personne [à rester au sein de la zone euro]." Vendredi 11 mai, le ministre des Finances allemand a adressé un message très clair à la Grèce, après les élections législatives du 6 mai où les partis anti-austérité ont réalisé de bons scores. Dans un entretien au quotidien Rheinische Post, Wolfgang Schäuble a estimé que la zone euro pouvait supporter une sortie de la Grèce. Athènes va-t-elle abandonner la monnaie unique ? Quelles en seraient les conséquences ? FTVi a posé la question à des économistes.
Une hypothèse qui se rapproche
En votant majoritairement pour des partis qui refusent l'austérité, les Grecs ont remis sur la table la question de leur maintien dans la zone euro. "Comme la population grecque n’accepte pas cette cure d'austérité et que pour la zone euro, cette cure n’est pas négociable, il y a à l’évidence un problème", résume Jacques Sapir. L'économiste et directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) juge la sortie de la zone euro "extrêmement probable" et prophétise qu'"elle sera effective cet automne ou cet hiver". Il estime qu'"une sortie de la zone euro accompagnée d’une dévaluation très importante est ce qu’il faut pour que la Grèce retrouve sa compétitivité".

D'autres économistes se montrent moins tranchants. "Tous les moyens vont être employés pour que ce plan [le deuxième plan d'aide, adopté en mars] soit mis en place", veut croire Céline Antonin, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Si les dirigeants hellènes ne parviennent pas à former un gouvernement, "en dernier recours, ils feront revoter les Grecs", ajoute-t-elle. De nouvelles élections seront en effet organisées mi-juin si aucune majorité ne se dégage des tractations politiques en cours à Athènes.
Céline Antonin n'est pas la seule à compter sur un nouveau scrutin. Economiste à la BNP, Thibault Mercier estime qu'"il y a des marges de manœuvre pour un résultat différent". "Les sondages montrent qu’une immense majorité de Grecs (de 70 à 75%) est favorable au maintien du pays dans la zone euro, explique l'économiste. Espérons que les responsables politiques grecs pro-européens puissent faire du deuxième scrutin éventuel un référendum pour le maintien ou non de la Grèce dans la zone euro."
Les conséquences pour la Grèce
En sortant de la zone euro, Athènes pourrait faire défaut et cesser de rembourser ses dettes. Le pays aurait également la possibilité de dévaluer sa monnaie et donc de retrouver de la compétitivité avec des produits moins chers et un coût du travail plus faible. Pour Jacques Sapir, c'est en effet la surévaluation de l'euro, notamment par rapport au dollar, qui a handicapé l'économie grecque ces dernières années.
Autre avantage selon l'économiste de l'EHESS, Athènes reprendrait le contrôle de sa Banque centrale, qui pourrait alors financer sa dette et son déficit. "Cela allégera de manière considérable le poids de la dette grecque", estime Jacques Sapir. Il souligne que la Grèce pourrait se financer à des taux "bien plus avantageux" auprès de sa Banque centrale qu'auprès du Fonds européen de stabilité financière (FESF).
Céline Antonin n'est pas de cet avis. "En plus du lourd tribut à payer que l'on voit à l'heure actuelle, il y aurait l'inflation, les faillites et la panique bancaire", prévient l'économiste. Elle assure que l'inflation qui accompagnerait l'émission d'une nouvelle monnaie atténuerait les gains de compétitivité.
Les dettes privées et publiques, libellées en euros, s'alourdiraient. "Cela se traduirait au niveau des entreprises par des faillites, ou, pour éviter ces faillites, elles pratiqueraient des baisses de salaire ou augmenteraient les prix, développe-t-elle. Ce ne serait pas forcément plus salutaire pour les ménages." En cas de dévaluation, ces derniers pourraient prendre peur et retirer leurs économies des banques, provoquant une panique et la faillite des établissements bancaires.
Enfin, si la Grèce faisait défaut, elle ne pourrait plus emprunter auprès des marchés. Son déficit de 9% l'obligerait alors à rééquilibrer ses comptes. "Ce serait autre chose qu'un retour progressif à l'équilibre budgétaire [comme prévu par le plan d'aide], avec la suppression d'un certain nombre de fonctionnaires", explique Céline Antonin. "Avec le plan d'aide, on n'est pas sûr que la Grèce soit sauvée, sans, on est sûr qu’elle est dans la tourmente", résume l'économiste de l'OFCE.
Le risque d'une contagion à d'autres membres de la zone euro
Après deux ans de crise, les pays membres de la zone euro et leurs banques ont eu le loisir de se préparer à l'éventualité d'une sortie de la Grèce. "Il y aurait moins de conséquences aujourd'hui" qu'au début de la crise, reconnaît Céline Antonin. "Les banques de la zone euro ont eu le temps de se délester de certains titres et de passer des provisions", poursuit-elle. Les pertes seraient donc faibles.
Le danger est ailleurs. Si la Grèce quitte l'Eurogroupe, "il y aurait un précédent, et ce précédent pourrait influer de manière extrêmement négative sur l'attitude des prêteurs", explique Jacques Sapir. Le Portugal, l'Italie et l'Espagne, en difficulté eux aussi, risquent d'avoir du mal à emprunter sur les marchés et de voir les taux d'emprunt grimper. En effet, les investisseurs pourraient craindre de les voir imiter la Grèce et de n'être jamais remboursés. "C'est un jeu de dominos, on est tous imbriqués", résume Céline Antonin"C'est bien à cause de ce risque de contagion que les pays de la zone euro veulent que la Grèce reste", juge Jacques Sapir.
Jusqu'à nouvel ordre, les textes européens ne prévoient tout simplement pas la sortie d'un pays de la zone euro. Ce vide juridique, ajouté aux efforts financiers déjà consentis par l'Eurogroupe pour sauver la Grèce, font pencher la balance en faveur d'un maintien du pays dans la zone euro. "Rien n'est prévu par les textes, mais ça va se faire quand même", prédit Jacques Sapir. Réponse dans quelques mois.*

  Après l'échec d'Evangelios Venizelos, le président de la république Karolos Papoulias tentera une dernière fois de trouver une coalition. En cas d'échec, il devra convoquer de nouvelles élections et nommer un gouvernement de transition.
La dernière chance pour éviter de nouvelles élections en Grèce réside désormais dans les mains du président de la république Karolos Papoulias. Ce samedi, le président du Parti social-démocrate Pasok Evangelios Venizelos lui remettra en effet son mandat de formateur de gouvernement. Ce dernier a échoué vendredi à former la large coalition qu’il entendait former autour de son parti, des conservateurs de la Nouvelle Démocratie (ND), du parti de la gauche démocratique Dimar et de la coalition de la gauche radicale Syriza.

Refus de Syriza

Cette dernière formation, arrivée deuxième lors du scrutin du 6 mai et donnée en tête en cas de nouvelles élections, a refusé toute entrée dans un gouvernement poursuivant les mesures d’austérité prévues dans le mémorandum signé avec l’Union européenne. « Je veux insister sur le fait que ce n’est ni moi, ni Syriza qui refuse une telle coalition, mais le peuple grec », a affirmé le président de Syriza Alexis Tsipras. Et d ‘ajouter : « le peuple grec a rejeté le mémorandum. Aucun gouvernement n’a le droit de l’appliquer ».

Troisième échec

Ce refus de Syriza a automatiquement entraîné celui de Dimar. Ne voulant pas se retrouver comme force d’appoint à une coalition d’austérité, ce parti issu de Syriza avait en effet affirmé qu’il n’entrerait pas seul dans une coalition avec le Pasok et la ND. Dès lors, Evangelios Venizelos ne pouvait vendredi soir que reconnaître son échec. C’était ainsi l’échec de la troisième tentative de formation d’un gouvernement depuis les élections. Dès lundi, Antonis Samaras, le président de la Nouvelle démocratie avait jeté l’éponge. Mercredi, Alexis Tsipras avait suivi. Comme le prévoit la constitution, le président était alors tenu de nommer le chef du parti arrivé en troisième position, le Pasok pour une nouvelle tentative.

Situation bloquée

Désormais, Karolos Papoulias va tenter de trouver une solution. On voit mal comment il pourrait y parvenir. A droite, le parti néo-nazi de l’Aube Dorée est absolument infréquentable. La scission de la ND, les « Grecs Indépendants » ne sont pas loin de l’être et réclament un rejet du mémorandum. Le parti communiste KKE refuse toute coalition et preuve a été faite cette semaine que Syriza ne veut pas s’allier avec le Pasok et la ND. Seul espoir de Karolos Papoulias, bien mince cependant : faire encore bouger Dimar, le parti le plus modéré de l’extrême-gauche grecque. Du reste, vendredi, Alexis Tsipras a appelé Dimar à ne pas céder aux sirènes d’une coalition pro-mémorandum.

Gouvernement de transition


Si, comme c’est hautement probable désormais, Karolos Papoulias échoue dans ses tractations, il devra, sans doute lundi, convoquer de nouvelles élections. On évoque de plus en plus à Athènes les dates du 10 ou du 17 juin. En attendant, la constitution interdit cependant la poursuite du gouvernement actuel. Lukas Papademos devra donc démissionner et un gouvernement de transition devra être nommé. Le président devra alors choisir pour le diriger une de ses trois personnalités : le président de la cour suprême, du conseil d’Etat ou de la cour des comptes. Voilà qui ne devrait pas rassurer les marchés et les partenaires européens de la Grèce

Grèce : ce qui peut arriver en trois scénarios

Au terme d'une crise politique, un gouvernement hostile aux plans d'austérité ou réservé sur leur application pourrait voir le jour en Grèce. Le pays risque alors de ne pas pouvoir honorer sa dette. Que va-t-il se passer ? Explication.
  Dimanche 6 mai, les élections législatives ont rebattu les cartes en Grèce. Combinées, les voix de Nouvelle Démocratie (conservateur) et du Pasok (socialiste) - favorables au plan d’aide international - ne suffisent pas à faire une majorité. Depuis, les partis sont en tractation pour former une coalition. S’ils échouent, de nouvelles élections devront être organisées. Dans tous les cas, un gouvernement hostile aux plans d’austérité pourrait voir le jour. Que se passera-t-il alors ?
Rappelons que la Grèce est tenu par un mémorandum signé avec la troïka (Banque centrale européenne, Commission européenne et Fonds monétaire international). C’est contre la promesse d’un nouveau sérieux tour de vis budgétaire que ces trois là ont accepté de renflouer les caisses du pays le plus endetté de l’eurozone. Ce jeudi, 4,2 des 5,2 milliards prévus via la nouvelle tranche de financement ont été versés. Le milliard restant étant conditionné au retour dans le droit chemin de la Grèce. Mais si le nouveau gouvernement – à condition qu’il y en ait un - refuse les conditions de versements de l’aide, que se passera-t-il ? Les créanciers internationaux vont-ils suspendre leur aide ? Plusieurs scénarios sont possibles.

Scénario 1 : La Grèce sort de la zone euro

Si le gouvernement grec refuse les conditions de l’aide internationale, la troïka risque de bloquer la prochaine tranche de versement. Privée de cash, la Grèce n’aura plus d’autre choix que de se mettre à nouveau en défaut. C’est déjà ce qui s’était « partiellement » passé en mars dernier. A l’époque les créanciers privés avaient accepté d’effacer 110 milliards des 350 milliards de la dette publique. Mais cette fois-ci la dette est majoritairement détenue par des institutions publiques. Résultat : si la Grèce n’honore pas sa dette, « elle se met hors jeu et sort presque automatiquement de l’euro », prédit Benjamin Carton, économiste au Centre d’études prospectives et d’informations internationales (Cepii).
  • Avantages : La Grèce revient à la drachme. Elle peut alors dévaluer sa monnaie et rendre ses exportations – ou son tourisme - plus compétitifs. Sauf que dans le même temps, le coût des importations augmentent. Or, la Grèce importe plus (notamment de l’énergie) qu’elle n’exporte. Résultat : l’inflation augmente et le pouvoir d’achat baisse. « A partir de là, elle peut peut-être remonter la pente, imagine néanmoins Benjamin Carton. Mais ça ne sera pas facile. » Rien à voir en tout cas avec l’Argentine qui a dû sa relance « à la montée du prix des matières premières », inexistantes en Grèce. Et du côté de la zone euro ? « S’il n’y avait pas de problème de contagion, laisser la Grèce sortir serait une solution relativement peu coûteuse, souligne Jacques Le Cacheux, de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). C’est comme lorsqu’on a un petit bout de doigt malade et qu’on l’ampute. Après tout, la Grèce ne pèse que 2% du PIB de la zone euro. »
  • Inconvénient : Mais voilà, le risque de contagion existe justement. Au premier rang des victimes : le Portugal, l’Espagne, l’Italie qui inspirent peu confiance. « Si la Grèce fait défaut pourquoi pas d’autres pays ? Le doute risque de se renforcer, les taux d’intérêt de ces pays grimper et la charge de leur dette devenir plus lourde », décrypte Jacques Le Cacheux. Du côté de la Grèce, le scénario n’est guère plus réjouissant. Au lendemain de l’abandon de l’euro, « c’est l’effondrement de l’économie grecque. Le système bancaire est asphyxié, les financements gelés. C’est une situation comparable à ce qui s’est passé pour les économies asiatiques en 98 », anticipe Benjamin Carton. Même si elle cessait demain de rembourser sa dette, la Grèce serait très rapidement à court de liquidités parce que ses dépenses excèdent largement ses recettes comme l’explique l’économiste Alexandre Delaigue.

Scénario 2 : On renégocie l’accord et on met le cap sur la croissance

Renégocier l’accord en adoucissant les mesures d’austérité et les réformes structurelles du marché du travail ? C’est ce que réclame la Grèce aujourd’hui.« On pourrait trouver un compromis, dire qu’on table sur une stabilisation voire une baisse de l’endettement mais pas de manière précipitée et sans sacrifier le programme de soutien de la croissance. C’est l’idée défendue par pas mal de gens notamment par François Hollande ou par des économistes comme Stiglitz ou Krugman », explique Jacques Le Cacheux. Mais comment booster la croissance ? « La Banque européenne d’investissement prêterait à des taux raisonnables ce qui permettrait le lancement de chantiers dans les énergies renouvelables, les économies d’énergie ou les transports verts », imagine Jacques Le Cacheux. « Il y a un petit espace politique pour cela », estime Benjamin Carton. Notamment parce que les plans d’austérité en ces temps de grave récession ne font plus que des émules
  • Avantage : C’est le lancement de la croissance verte, tant attendue.
  • Inconvénient : De nouveaux investissements pour stimuler la croissance, c’est bien beau mais « on est déjà au delà de ça en Grèce, on est dans l’urgence », estime Jacques Le Cacheux.

Scénario 3 : On remet tout à plat 

Et si on accélérait la mue des institutions financières européennes ? On pourrait par exemple créer un fonds européen de recapitalisation des banques qui n’auraient plus à appeler les Etats à l’aide. « Les banques passeraient alors sous la tutelle européenne », résume Benjamin Carton. Deuxième mutation : la création d’euro-obligations. En clair, la mise en commun des dettes des Etats à condition que ces Etats aient honoré leurs créances par le passé.
  • Avantage : Une plus grande intégration européenne. « Quand on traverse une tempête, ça soude les équipes. Mais il faudra avant traverser la tempête », souligne Benjamin Carton.
  • Inconvénient : Une telle mutation n’interviendra sans doute pas assez tôt pour sauver la Grèce. Pis, le temps qu’elle advienne, d’autres pays risquent de rester sur le bord de la route. Et si la crise en Europe accélère le mouvement, il vaudrait mieux que « cette mue aient lieu plus progressivement. Qu’en 2020 par exemple, on ait une architecture solide qui puisse nous protéger si une nouvelle crise survient », estime Benjamin Carton.

L'optimisme d'un libéral crédule face à la gauche tentaculaire 


Je gratte au fond de la cour de cette élection antilibérale quelques racines d'optimisme...Voici 3 points afin de panser provisoirement quelques plaies.
1. Reconnaissons que les amis de François Hollande ne sont pas des représentants de la gauche totalitaire: Manuel Valls, François Peillon, Serge Moscovici... Voilà qui est bon signe. Martine Aubry pourrait utiliser ses redoutables compétences à la promotion d'une gauche dure avec le ministère de l'intérieur pour éviter de faire trop de mal à l'économie. Les horaires des piscines ne pourraient être non pas une allégeance à l'Islam envahissant, mais plutôt une adaptation à la demande.
2. A propos de la nuit de la Bastille, les drapeaux algériens et palestiniens ne seraient pas le CQFD des constatations de Martine Le Pen, mais plutôt comme le disait Gilles Kepel ce matin sur France-Culture, une résurgence de la volonté de changement héritée du printemps arabe montrant que le changement est possible.
3. La normalité affichée de Hollande est un bon signe. On peut penser qu'un président au profil bas aura tendance à moins augmenter les prérogatives de l'Etat, à ne pas empiéter sur les libertés, à officier avec discrétion et à gérer ses dossiers avec sérieux et sans emphase, voire même à contre-emploi..

La machine infernale autodestructrice de l'euro contre la raison optimiste 


10 ans après l'introduction de l'euro, les pays européens souffrent d'intenses difficultés alors que le capitalisme mondial se porte relativement bien. On peut donc faire l'hypothèse d'un dérapage spécifiquement européen voire d'une très mauvaise influence de l'Euro.
Scénario 1 : la raison optimiste
Une première analyse raisonnable (Guy Sorman1) est de considérer que ces vicissitudes sont passagères (Guy Sorman 2) et que dans la difficulté l'Europe se construit au jour le jour. Des progrès immenses ont été accomplis depuis plusieurs mois notamment sous l'égide du couple franco-allemand. On parle même de mutualiser les dettes voire même de faire de l'Europe une sorte de confédération, de renforcer encore l'intégration. Ainsi sortir de l'Europe est une hérésie dangereuse. (Olivier Pastré) D’une certaine manière, la crise, pour nous comme pour le projet européen, est une opportunité forte.(Jean-Hervé Lorenzi)
Scénario 2 : la machine infernale et autodestructrice de l'Euro
Le second scénario, très peu raisonnable à l'inverse, consiste à considérer l'euro comme foncièrement vicié à la base. C'est depuis plusieurs années l'hypothèse de Philip Bagus, économiste libérale de l'école autrichienne. Néanmoins, cette lecture est peu fréquente ou elle est ébauchée à mots couverts par la plupart des défenseurs de la première solution, souvent, malgré eux, semblant apporter en filigrane de l'eau au moulin de ce second scénario. Comment expliquer cette descente aux enfers de la Grèce, du Portugal et dans une moindre mesure la France, alors que ces pays ont adopté l'Euro depuis peu de temps ? Une fois ces dettes mutualisées, qu'est-ce qui empêchera que cela se reproduise une nouvelle fois ? Il semble que personne parmi les politiciens au pouvoir n'ait le courage de dire : "On s'est trompé, reprenons à zéro !" La dérive est ainsi aisée de considérer que les responsables de la crise européennes sont les marchés et le libéralisme excessif de ces dernières années.
Nous avons examiné dans un message précédent le problème posé par des monnaies trop faibles ou trop fortes par rapport à leur valeur réelle. Pour Bagus, il existe en général une banque centrale par pays et lorsque cette nation emprunte et s'endette, la banque crée des obligations. Une dévaluation s'ensuit et ce processus de régulation des monnaies implique rapidement une perte de pouvoir d'achat du pays en question sous forme d'inflation. Dans le cas de l'Euro, où il existe une seule banque centrale pour plusieurs pays aux budgets disparates, cette régulation compensatoire est absente et les pays déficitaires avec un taux d'intérêt bas continuent à créer des déficits sans en avoir dans un premier temps les inconvénients. Les taux d'intérêts sont faibles, car les pays déficitaires bénéficient de la garantie implicite des pays vertueux. Ainsi les politiciens ne résistant pas au désir de se servir de cette manne en profitent pour renforcer la bureaucratie et les prérogatives de l'État. De telle sorte qu'il deviendra de plus en plus difficile de quitter l'Euro sans diminuer cette bureaucratie coûteuse et prégnante. De plus, l'harmonisation fiscale qui, peu à peu prend le pas, ouvre plus grande la voie à de plus fortes taxes et réglementations.
"Les coûts de l'Euro sont élevés. Ils comprennent une inflation résiduelle, une autodestruction du système monétaire, la croissance des prérogatives de l'État, la diminution de la concurrence entre les états. Les conflits entre les nations, malgré cette volonté de centralisation, s'accroissent pendant que les libertés s'amenuisent. Considérant tout cela, le projet de l'euro n'est pas digne d'être sauvée. Le plus tôt il se termine, mieux c'est."

Europe : Hollande face à la crise


Angela Merkel a été – plus encore que les jours précédents (Présent d’hier) – catégorique, face aux idées avancées par François Hollande sur la question européenne. S’exprimant au Bundestag, le chancelier a rejeté toute idée d’une politique de relance en Europe fondée sur la dépense publique. « Une croissance à crédit nous ramènerait au début de la crise. Nous ne le voulons pas, nous ne le ferons pas », a-t-elle déclaré, sous les applaudissements des députés.
« La sortie de crise sera un processus long », a-t-elle poursuivi, en expliquant une nouvelle fois la nécessité de réformes structurelles, pour lutter notamment contre un « endettement catastrophique » et un « manque de compétitivité », ce qui « ne se fera pas du jour au lendemain ».
Tout au plus a-t-elle dû accepter, sous la pression de l’opposition de gauche, un report du calendrier de ratification du pacte budgétaire. Mais elle compte bien ne pas aller au-delà…
Pour François Hollande, qui lui rendra finalement visite dès l’après-midi de son investiture, le 15 mai prochain, la partie s’annonce donc serrée. Pour ne pas dire jouée d’avance…
D’autant que ses proches ne sont pas tous insensibles aux arguments allemands. Ainsi Michel Sapin, chargé du projet présidentiel dans l’équipe Hollande, a donné raison jeudi à Angela Merkel sur les dangers de relancer la croissance en aggravant les déficits et la dette : « Madame Merkel, sur ce point-là, je peux lui donner tout à fait raison parce que, s’il s’agissait de relancer la croissance en relançant les déficits et la dette, alors on irait là aussi dans le mur. »
Michel Sapin n’a pas, pour autant, tourné sa veste. Il estime toujours que, « si on pense s’en sortir par plus d’austérité, on va dans un mur ». Et il milite pour une voie moyenne : « Il faut trouver cette voie, cette voie équilibrée, c’est celle qu’a voulue François Hollande. »
Peut-être ! mais la voie est étroite, ténue ; et nos partenaires européens ne pardonneront aucun écart. François Hollande croit pouvoir s’y engager, mais pourrait bien, malgré quelques soutiens, se trouver rapidement coincé.
Au point que Michel Rocard a dit jeudi redouter un « clash » avec l’Allemagne…
Le président élu commence manifestement à prendre conscience de la difficulté – pour ne pas dire : de la réalité. Il a rencontré mercredi le président de l’Union européenne Herman Van Rompuy ; jeudi, celui de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker.
Ceux-ci étaient désireux de mieux comprendre la position de François Hollande sur l’Europe, et tout spécialement sur le pacte budgétaire. En retour, le président élu cherche clairement des soutiens pour contrer, ou du moins contourner, Angela Merkel.
Mais l’actualité grecque a manifestement occupé, dans ces diverses rencontres, le premier plan. François Hollande concède simplement, pour l’heure, se tenir « informé de manière extrêmement précise ». Il est vrai que Bruxelles considère que, en ce qui concerne la Grèce, l’austérité n’est pas négociable…
Quoi qu’il en soit, et en attendant qu’Athènes annonce de nouvelles dispositions pour endiguer la crise, l’Europe semble prête désormais à envisager un défaut grec. Plusieurs voix se sont élevées cette semaine pour envisager que la Grèce sorte de l’euro, alors que le propos était encore tabou il n’y a guère.
Vendredi, le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a répondu au quotidien régional Rheinische Post qui l’interrogeait sur la capacité de la zone euro à supporter une sortie de la Grèce : « L’Europe ne coule pas aussi facilement. »
Peut-être ! Mais cette sortie, si elle devenait effective, serait incontestablement un échec. L’Union européenne a trop multiplié les aides – qui se chiffrent en centaines de milliards… – pour qu’une telle perspective ne signe pas la mort d’une certaine vision de l’Europe : celle de l’idéologie, dont on avoue aujourd’hui qu’elle est dépassée par la crise.