TOUT EST DIT

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jeudi 10 mai 2012

Le cas de la Grèce est désespéré 


François Hollande est confronté plus tôt qu’il ne l’espérait à la crise de l’euro. Une fois de plus, c’est la Grèce qui a mis le feu aux poudres. Les partis anti-austérité de droite et de gauche (surtout aux extrêmes des deux camps) ont fait exploser le paysage politique, rendant le pays ingérable. Les socialistes et la droite qui se relaient au pouvoir depuis la chute des colonels, en 1974, et qui gouvernent en coalition depuis la fin de l’année dernière, ont été broyés par les électeurs. Ils ne totalisent, ensemble, que 32 % des voix. Il leur est impossible de poursuivre la politique d’austérité imposée par la « troïka » FMI, Union européenne et BCE. En conséquence de quoi l’aide à Athènes a les plus fortes probabilités d’être gelée.
La crise institutionnelle qui se greffe sur la crise de la dette donne le coup de grâce à la politique de l’autruche pratiquée par les acteurs de ce dossier. Non, il n’est pas possible de redresser un pays par la saignée. Non, il n’est pas crédible de vouloir inculquer aux Grecs, en quelques mois, les rudiments d’une administration politique inexistante depuis des décennies. Non, les partenaires d’Athènes ne reverront jamais leur argent.
Oui, il faut que la Grèce quitte la zone euro. Elle y est entrée par effraction, en maquillant ses déficits. Elle paie aujourd’hui au centuple les bienfaits qu’elle a cru retirer de ce tour de passe-passe. L’euro est devenu son boulet. Il ressemble à un poids de 20 kilos attaché aux jambes d’un coureur déjà épuisé, qui tente de rattraper en clopinant ceux qui le précèdent.
Le couple Merkozy a cru éviter l’implosion en obtenant l’annulation du référendum prévu par Papandréou l’année dernière. Paris et Berlin n’ont fait que reculer l’échéance. Chassez les électeurs par la porte, ils reviennent (et c’est heureux) par la fenêtre : c’est ce que les Grecs ont fait dimanche. Alexis Tsipras, le leader de la gauche radicale arrivée en deuxième position a demandé à rencontrer François Hollande. Les Grecs ont les yeux de Chimène pour le socialiste qui veut renégocier le pacte de stabilité européen. Mais Hollande, qui aura déjà beaucoup de mal à maîtriser les paramètres économiques français, ne risque guère de leur être utile : ce n’est pas d’une renégociation qu’ils ont besoin, c’est d’un miracle. Et personne en Europe n’a de baguette magique. Le cas de la Grèce est désespéré !

Pour voir l’avenir, regardons la Grèce

Comment, compte tenu des circonstances actuelles, la Grèce pourrait-elle rester dans l’euro ? Elle semble devenue ingouvernable et le reste de l’Europe ne sera pas épargné par le contrecoup.
Si ce dimanche l’élection sans surprise de François Hollande a monopolisé l’actualité, les caméras ne se sont pas assez penchées sur d’autres scrutins, bien plus cruciaux, à la périphérie de l’Europe.
Je parle bien sûr de la Grèce, où vient sans doute de se jouer le destin de l’intégration politique du Vieux Continent.
Deux sièges. Deux tous petits sièges séparent la coalition sortante de la majorité absolue de 151 sièges sur les 300 que comptent le Parlement grec :


Qui aurait cru que « l’énorme coalition invincible » représentée par les deux plus grands partis historiques de la Grèce, gauche et droite unies par les circonstances dramatiques que traverse le pays, se ferait balayer au point de réunir moins de la moitié des sièges ? Si la Nouvelle Démocratie résiste quelque peu, le Pasok s’est effondré, malgré sa réforme. La crise de la dette publique a complètement éreinté les partis politiques traditionnels.
Les nouveaux venus représentent un assemblage hétéroclite de valeurs parfaitement antagonistes, réunies par un unique point commun : le refus du plan d’austérité signé par le gouvernement grec avec ses bailleurs de fonds (Banque Centrale Européenne, Fonds Monétaire International, Fonds Européen de Stabilité Financière).
L’impasse semble donc inévitable.
Selon la constitution grecque, le parti vainqueur des élections a trois jours pour former un gouvernement. S’il échoue, le deuxième parti a trois jours pour former un gouvernement. S’il échoue encore, le troisième parti hérite alors de la charge. S’il échoue lui aussi, enfin, le chef de l’État peut convoquer les leaders de tous les partis parlementaires pour une réunion de la dernière chance, sans limite de temps cette fois-ci.
Nous n’aurons sans doute pas à attendre l’expiration de tous ces délais. Mardi soir, le chef de Nouvelle Démocratie Antonis Samaras a déjà jeté l’éponge, laissant sa chance au leader du parti d’extrême gauche Alexis Tsipras. Farouchement opposé au plan de sauvetage et à la politique d’austérité, il est peu probable qu’il réussisse à s’allier avec le Pasok ; quant aux communistes du KKE, ils ont d’ores et déjà annoncé qu’ils refuseraient toute participation à un gouvernement. Et il y aurait même des néo-nazis dans la nouvelle assemblée… Les premières sessions parlementaires à Athènes promettent d’être spectaculaires.
La seule petite chance qu’a la Grèce d’échapper au chaos institutionnel serait une nouvelle alliance du Pasok et de Nouvelle Démocratie, rendue possible par l’adjonction de quelques électrons libres venus des autres partis. Mais cette improbable coalition, si elle venait à voir le jour, serait fragile comme du cristal face aux difficultés immense que traverse le pays. Elle paraît non seulement hypothétique, mais aussi incapable de tenir plus de quelques mois.
De quelque façon que l’on tourne le problème, la Grèce semble devenue ingouvernable. Au pire, de nouvelles élections auront lieu en juin ; mais au vu de la tendance, on se demande quelles nouvelles monstruosités sortiront alors des urnes.
Nous ne sommes pas en Belgique. La vie en Grèce n’est pas un long fleuve tranquille. La paralysie institutionnelle grecque ne va pas sans poser quelques difficultés à nos doctes économistes de l’Europe d’en haut, administrant avec un bel aveuglement potions et saignements sans jamais voir la révolte qui gronde…
La Grèce sortira-t-elle de l’euro ? La question n’a même plus de sens ; il faut la poser autrement, désormais. Comment, compte tenu des circonstances actuelles, la Grèce pourrait-elle rester dans l’euro ?
La zone euro telle que nous la connaissons, et dont certains politiciens clamaient encore il y a quelques jours qu’elle était « sauvée » grâce à leur efforts, est promise à une désintégration rapide. La Grèce va sortir de l’euro, c’est une question de semaines, de quelques mois peut-être.
Cette sortie passera vraisemblablement par la fermeture, par les créanciers, des robinets maintenant sous perfusion l’administration grecque. Face à l’évidence, même les pires technocrates de Bruxelles parviendront à réaliser que l’argent versé à la Grèce est à fonds perdu.
Les fonctionnaires grecs ne seront plus payés, les allocations plus versées. Ensuite, tout est possible – le chaos étant une éventualité très vraisemblable. Euro ou Drachme, quelle importance ? À Athènes, il faudra bien trouver de quoi manger. Perdu pour perdu, la Grèce se sentira parfaitement libre de faire un bras d’honneur à ses créanciers, se précipitant vers un scénario façon Argentine.
Le reste de l’Europe ne sera pas épargné par le contrecoup. Il va bien falloir éponger l’ardoise. Dieu sait ce que la comptabilité créative des divers plans d’aide va révéler, une fois que les « garanties » annoncées ici et là devront être présentées pour provisionner les pertes ! Et comment vont réagir les Italiens, les Portugais, les Espagnols en voyant ce qui les attend ? Comment vont évoluer les bourses ? Comment vont changer les taux d’intérêt des emprunts d’État ? Comment vont résister les banques ? Comment l’économie va-t-elle absorber le choc? Comment vont se dégrader les notes des uns et des autres ? Comment réagiront nos nouveaux dirigeants, qui se font tancer depuis le Japon pour leurs promesses parfaitement intenables ?
Nous vivons peut-être les derniers jours de l’Europe d’avant.

Euro fort, vraiment ?

La valeur de l’euro par rapport au dollar a augmenté d’environ 10,5% en un peu plus de treize ans, d’où un discours sur l’euro fort. Seulement la réalité est nettement plus complexe que cela.

La valeur de l’euro a augmenté de 1,1789 dollar américains lors de sa mise en circulation le 4 janvier 1999 à 1,3025 dollar à l’heure où j’écris ces lignes ; soit d’environ 10,5% en un peu plus de treize ans. De cette constatation, de nombreux observateurs déduisent que l’euro est cher – trop cher – et que nous devons cela à la politique de notre Banque centrale européenne ; une politique inspirée par ses ascendances teutonnes ; une politique dite de l’euro fort. Seulement voilà : la réalité est un peu plus complexe que cela.
Pour reprendre l’exemple cité ci-dessus, j’aurais tout à fait pu vous signaler que la valeur du dollar américain a baissé de 84,8 centimes d’euros au 4 janvier 1999 à 76,8 centimes aujourd’hui. C’est strictement équivalent. Mais de ma première formulation, vous avez déduit que c’est la valeur de l’euro qui a monté tandis que la seconde laisse supposer que c’est la valeur du dollar qui avait baissé. En réalité, vous n’en savez rien et moi non plus. Ces chiffres peuvent signifier que la valeur de ces deux monnaies a augmenté mais que l’euro s’est apprécié plus vite ou, tout au contraire, que leurs valeurs respectives ont baissé, la perte de valeur du dollar étant la plus prononcée.
Mais reprenons encore cette même phrase en changeant de dollar : « La valeur de l’euro s’est effondrée de 1,91 dollar australien lors de sa mise en circulation le 4 janvier 1999 à 1,283 dollar à l’heure où j’écris ces lignes ; soit d’environ 32,8% en un peu plus de treize ans. » Surprise ! Nous passons d’une démonstration de la « force » de l’euro à la démonstration du contraire en changeant simplement de point de comparaison. Vous pouvez faire le test en utilisant d’autres devises : à chaque fois, vous obtiendrez un résultat différent.
On m’objectera, bien sûr, que le dollar américain est une « monnaie de référence ». C’est tout à fait vrai mais ce n’est, depuis la chute du système de Bretton Woods qui cherchait à fixer le cours de toutes les devises par rapport aux billets verts de l’oncle Sam, qu’une convention. Par ailleurs, les petites expériences menées par la Federal Reserve ces dernières années ont nettement écorné la réputation desdits billets verts et – justement à cause de sa bonne tenue – ont amené beaucoup de nos contemporains à préférer nos euros. Dans un monde de changes flottants, c’est-à-dire dans un monde où la valeur relative de chaque monnaie par rapport aux autres évolue en fonction de l’offre et de la demande, vous n’avez dès lors aucune raison objective de privilégier la monnaie étasunienne plutôt qu’une autre.
S’il est impossible de dire, dans l’absolu, de combien la valeur de l’euro a monté ou baissé, il est possible de s’en donner une idée en comparant l’évolution de la monnaie unique non pas par rapport à une monnaie mais par rapport à un panier de devises. La méthode est assez simple : elle consiste à imaginer que vous ayez échangé dix euros du 4 janvier 1999 contre dix monnaies différentes et à observer l’évolution de la valeur de petit portefeuille dans le temps.
Par exemple, avec 10 euros du 4 janvier 1999 vous pouviez acheter 1,1789 dollar américain, 1,91 dollar australien, 1,8 dollar canadien, 2,22 dollars néo-zélandais, 133,73 yens, 7,45 couronnes danoises, 9,47 couronnes suédoises, 8,86 couronnes norvégiennes, 71,1 pences britanniques et 1,62 franc suisse. Or, un peu plus de treize années plus tard, ce panier [1] de devises ne vaut plus 10 euros mais 11,88 euros ; c’est-à-dire qu’en détenant ces monnaies étrangères plutôt que la monnaie unique, vous auriez gagné 18,8% ; ou encore qu’un euro du 4 janvier 1999, comparé à ce panier, ne vaut plus aujourd’hui que 84 centimes – une baisse de près de 16% [2].
Dès lors, à moins de supposer que l’euro était encore plus surévalué lors de son lancement, qu’est-ce qui vous permet d’affirmer que nous souffrons d’une politique de l’euro fort ?
Rien. Absolument rien. La valeur de l’euro, exprimée par rapport à d’autres devises, par rapport aux biens et services que nous consommons ou par rapport à un métal précieux de votre choix, est déterminée par les marchés ; c’est-à-dire par les interactions des millions d’individus disposant chacun d’une partie de la gigantesque masse d’information qui sert de base aux prix. Le déficit de notre balance commerciale dites-vous ? Et l’excédant allemand ? Le taux de chômage en France relancez-vous ? Et pourquoi pas en Autriche ou au Pays-Bas ?
Mais si vous êtes réellement capable de dire avec certitude que le marché se trompe et que l’euro est surévalué par rapport au dollar américain, laissez moi vous donner un conseil : courrez voir votre banquier, empruntez autant d’euros que vous le pouvez et échangez-les contre des dollars : lorsque la suite des évènements prouvera que vous aviez raison, vous deviendrez riche [3].
Mais méfiez-vous tout de même, je vous livre ici un des petits secrets des traders, une vieille règle fondée sur des décennies d’expérience et quelques faillites retentissantes : il y a toujours quelqu’un qui en sait plus que vous.

"La France va regretter Sarkozy"


Les voix qui se sont mêlées aux imprécations et aux sarcasmes contre le président s'élèvent pour vanter ses mérites et ses qualités.
L'hommage que recueille dans le pays depuis sa défaite Nicolas Sarkozy n'est certes pas unanime, mais il est étrangement plus ample qu'on ne l'attendait. C'est ainsi que l'on entend, dans le peuple comme parmi les "élites politiques", des voix qui s'étaient naguère mêlées au concert d'imprécations et de sarcasmes dont le président fut l'objet s'élever aujourd'hui pour vanter ses mérites et ses qualités. Encore un peu et ses adversaires d'hier vont le regretter ! Ce fut le cas, toutes choses égales, pour de Gaulle. La France est décidément bien frivole et inconstante. Elle a la lucidité tardive. Elle pleure même Chirac ! Elle se détache aussi vite qu'elle se donne, et lorsque le mal est fait, elle se mord les doigts, se repent et se reprend.
Il est vrai que Sarkozy n'a pas toujours fait ce qu'il fallait pour se faire aimer. Ce n'était pas par provocation, c'est dans sa nature. Nature : naturel. On dit d'un homme dénué de toute affectation qu'il est naturel. Franc, sincère. Le contraire de l'artifice et de la démagogie. Ce n'est pas dans l'usage de la tradition politique française. Sarkozy a heurté la frileuse sensibilité nationale, l'exquise délicatesse d'un peuple ô combien raffiné. Bayrou avait comparé Sarkozy à un "enfant barbare". Bayrou, lui, est un adulte civilisé. On voit ce que cela donne. Comparez. Vive les enfants barbares !

Haine opiniâtre de la gauche

On pensait à tout cela mercredi en voyant les images du dernier conseil des ministres et en entendant les membres du gouvernement défunt pleurer leur chagrin et leur malchance. Parmi eux, il y avait François Fillon, le seul qui ne soit pas aujourd'hui un orphelin désemparé parce qu'il a un passé particulier, et un avenir assuré. Ce passé mérite un hommage, dont on s'étonne qu'il ne lui soit pas rendu publiquement avec plus d'éclat.
Fillon, en effet, est étroitement associé au bilan de Sarkozy, sur lequel un Français sur deux porte un jugement positif si l'on en croit la sanction électorale, sans compter ceux qui ont voté Hollande pour la seule raison qu'ils "détestaient" la personne du président sortant. Fillon est le co-auteur de ce bilan. À Sarkozy la poétique, à Fillon la pratique. Ce fut un couple parfait, et peu importent les orages qui le traversèrent, qui font les couples les plus efficaces et qui relèvent de la chronique people. Le sang-froid, la persévérance, la fidélité et le talent de Fillon ont très largement contribué aux résultats d'une politique dont l'histoire reconnaîtra le moment venu les mérites, parmi lesquels la clairvoyance, l'intelligence et le courage.
Que la France ait connu durant cinq ans une paix civile et une stabilité politique rarement atteintes dans le passé, en dépit des effets d'une action réformatrice audacieuse et malgré la haine opiniâtre que celle-ci stimula à gauche, on le doit évidemment à Nicolas Sarkozy, qui l'a payé cher, mais aussi à François Fillon, qui en sera certainement récompensé un jour.

Hollande et son destin 


L'inconnu dans la maison France ! Au gouvernail de la Nation, une énigme. Hollande atterrit à l'Élysée porté par la magie du changement et sa fatalité dans les démocraties des temps de crise. Porté surtout par le rejet acharné et quasi maniaque de Sarkozy. Hollande n'eut qu'à planer sur son vent dominant.
La gauche reçoit donc en pleine tempête le cadeau empoisonné de l'alternance. Mais de quelle gauche s'agit-il ? Et pour quelle France ? Dans la liesse et les vivats, le peuple de gauche ne fait pas encore le tri d'une brassée de chimères. Son héros a fleuri, c'est bien le moins, le totem séculaire de l'égalité, insulté l'argent, la finance, expédié quelques fusées fiscales sur les riches. Mais c'est avec la crise, avec l'euro, avec l'Europe, les marchés, le cours du monde que le nouveau président a rendez-vous. Et c'est en vérité la crise, hydre à mille têtes, qui dira quelle gauche installe à l'Elysée ce voyageur sans bagages.
Blague de l'énigme insoluble : la France vogue sur une mer en colère, le grand mât est cassé, la jauge du déficit pèse 1 700 milliards, il y a 65 millions de passagers à bord, on est en mai, par vent d'est, question : où va le navire ? Et quel est l'âge du capitaine ?...
Son âge, 57 ans ! Mais qui sait où va le navire ? Hollande, peut-être. Mais rien n'est moins sûr. Car ni lui ni la France ne disposent des meilleurs atouts.
En attendant, le grand roman de la politique se délecte de sa fabuleuse élévation. Celle d'un improbable coucou du sérail socialiste hissé, en quelques mois, à la monarchie républicaine.
Contre l'"enfant barbare" de Neuilly, Hollande, normal, s'affiche vêtu de la normalité française. Silhouette de réussite bourgeoise, adolescence de gauche chez un papa de droite, ascension d'un fort en thème jusqu'à la couveuse énarchique.
Le jeune Parisien - qui aime le foot, l'éclair au chocolat et les petites blagues - épouse une normalité politique à la française en s'immergeant dans le ventre provincial de l'Hexagone, matrice de toutes nos présidences : Cantal de Pompidou, Auvergne de Giscard, Nièvre de Mitterrand, Corrèze de Chirac. Et donc à nouveau la Corrèze ! Le jeune élu y apprendra le carriérisme électoral d'une France antique et romaine, à la ruralité agonisante, où s'entretiennent, de Queuille à Chirac, la nostalgie du clocher et les vertus de l'inaction. Pendant ce temps, à Paris, dans la pétaudière socialiste, l'apparatchik, protégé d'humour et d'esquives, progresse en chattemite, devient le prince consort d'une Ségolène présidentiable...
C'est alors que, tout à trac, Hollande change de femme, de lunettes et de régime. Devant les éléphants du parti goguenards, le Petit Chose du PS, devenu le Florentin des comités Théodule, s'avance droit et seul dans l'arène de la primaire. Il brave un DSK alors en pleine gloire médiatique.
Voici l'heure du destin et son coup de pouce ! Le romancier retient, en nez de Cléopâtre, les fesses providentielles de Mme Diallo. Mais le vrai ressort, c'est l'explosion en pleine lumière d'une ambition longtemps macérée. Hollande et son pédalo quittent le cabotage pour le grand large.
Le politicien se fait homme d'État quand il oublie ce qu'il fut pour épouser la Nation. Si l'on s'en tient au programme socialiste de Hollande, on peut craindre le pire. Il respire la vaine illusion d'une croissance venue d'ailleurs pour éviter les coupes claires dans la dépense publique. De ce programme déjà éventé qui bientôt se souciera ? Dans son bref état de grâce, Hollande quittant une France en déclin rencontrera, avec Obama, Merkel et consorts, un Occident peu à peu dépouillé d'un monopole séculaire d'influence. Avec, en son sein, une Europe vieillie, surendettée, désarticulée.
Hollande sait qu'il n'aura pas, comme Mitterrand en 1981, deux ans pour expier les erreurs d'un début euphorique. Le pouvoir présidentiel fait de lui un capitaine solitaire aux mains libres. Il trouvera, cramponnés à ses basques, des socialistes à l'ancienne comme seule la France en produit. Mais, Dieu merci, il bénéficiera d'une garde rapprochée, aguerrie et "moderne", des Valls, Pascal Lamy ou Jouyet... Nombre d'entre eux ont dans les gènes le réformisme deloriste ou rocardien.
Européen convaincu, Hollande n'arrive pas aux affaires sans biscuits. Ses alliés naturels seront, en Europe du Nord, les social-démocraties déjà converties à la grande réformation. Son adversité, en France, sera, comme chez ses voisins du Sud, le nationalisme protectionniste et xénophobe qui fait entendre partout sa rumeur.
La grande affaire, plutôt pathétique, de Hollande, c'est d'être digne de son destin. Loin de la Corrèze et des sérails parisiens, ce destin l'expédie en apesanteur dans un espace anormal, énigmatique. Celui de l'Histoire.

La presse, bourreau de Sarkozy

“La Honte de la Vème République”, “Le voyou de la République”, “Le boulet”, la comparaison avec Pétain… Pendant 5 ans, la presse de gauche n’a eu de cesse d’insulter le Président de la République et l’institution qu’il représentait en déversant chaque semaine des flots de caricatures grossières.

Il est d’ailleurs intéressant de consulter la charte des commentaires du site internet de Marianne, dans laquelle il est demandé aux internautes de respecter ce que les journalistes de Marianne ont bafoué pendant 5 ans :
“Restez polis et courtois en toute circonstance. Les insultes ne sont pas tolérées, pas plus que les marques d’irrespect ou de dénigrement, aussi bien envers les membres de la communauté que les journalistes de Marianne2. Les critiques sont recevables, les invectives non. (…)
Ainsi sont interdits, notamment, les propos contraires à l’ordre public, aux bonnes moeurs et à la dignité de la personne humaine, les propos ou contenus pédophiles, violents, racistes, révisionnistes, faisant l’apologie de crimes, diffamatoires, injurieux ou grossiers.”
L’hypocrisie, c’est maintenant !

La Grèce vers la faillite 


Toujours sans pilote, la Grèce tergiverse sur la rigueur

La Grèce, toujours en quête d'un gouvernement, s'affirme disposée à remettre en cause ses engagements de rigueur et cherche le soutien du nouveau président français François Hollande pour écarter le spectre d'une sortie de l'euro.

Il y a une semaine encore, les conservateurs de la Nouvelle Démocratie (ND) et les socialistes du Pasok, qui se partagent le pouvoir depuis 38 ans et gouvernent ensemble depuis novembre 2011, se posaient en garants du maintien du pays dans l'euro via la stricte application du plan des créanciers du pays, l'UE et le FMI.
Mais les législatives de dimanche ont rebattu les cartes. Le sacre des formations hostiles aux engagements de la Grèce vis-à-vis de ses créanciers ont poussé les responsables socialistes et conservateurs a revoir leur position.
Antonis Samaras, chef de la ND, juge "tout à fait réaliste" une "renégociation" des accords afin de faire "respirer l'économie" et "soulager la société".
Même message de la part de son rival socialiste, l'ex-ministre des Finances Evangélos Vénizélos: respecter le vote des électeurs implique de "chercher le meilleur amendement possible des termes" du programme d'austérité "pour aider au développement (...) et protéger la niveau de vie des citoyens".
Les Bourses européennes ont terminé de nouveau en baisse jeudi, toujours pénalisées par l'instabilité politique grandissante en Grèce dont la sortie de la zone euro est de plus en plus évoquée.
Le dirigeant de la gauche radicale grecque (Syriza), Alexis Tsipras a annoncé mercredi qu'il renonçait à former un gouvernement "à gauche", car il n'avait pas la majorité, accusant les deux autres partis, le Pasok et la Nouvelle-Démocratie de ne pas vouloir "rejeter les politiques de rigueur".
Il a demandé à rencontrer le président français François Hollande, traduisant l'espoir que suscite en Grèce la victoire du candidat socialiste favorable à une réorientation de l'Europe vers une politique de croissance.
Mais les appels au respect des engagements de la Grèce et à la poursuite de la rigueur se multiplient, à commencer par Berlin.
"Si la Grèce veut rester, et la grande majorité des Grecs veut rester (dans l'euro), il n'y a pas de meilleure voie que celle que nous avons choisie. On ne peut pas avoir l'un (le sauvetage financier et l'euro) sans l'autre", a prévenu le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, lors d'un colloque à Bruxelles.
Et Jörg Asmussen, membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE) n'a pas mâché ses mots lors d'une déclaration au quotidien Handelsblatt: "il doit être clair pour la Grèce qu'il n'y a pas d'alternative au programme d'assainissement convenu si elle veut rester membre de la zone euro".
A Paris, le ministre sortant des Affaires étrangères, Alain Juppé, juge la situation en Grèce "extrêmement préoccupante", ajoutant que "les mises en cause des traités difficilement négociés (...) risquent de provoquer des turbulences difficilement contrôlables".
Le Syriza a été propulsé deuxième force politique par l'effondrement des deux partis historiques pro-rigueur à 32% des suffrages. Les cinq autres formations entrées au parlement, hostiles à l'austérité, rassemblent 151 sièges sur 300, mais sans perspective d'alliance.
Si Pasok et Nouvelle Démocratie (ND) ont bien pris le virage d'une renégociation des engagements de la Grèce, ils insistent sur l'impératif d'un maintien du pays dans l'euro, accusant M.Tsipras de jouer avec le feu.
Après l'échec lundi de M. Samaras, en tant que dirigeant du premier parti, à former un gouvernement, c'était au leader du Syriza de tenter d'accomplir cette tâche qui paraît impossible.
Mais après son refus mercredi soir, ce serait M. Vénizélos jeudi, en tant que chef du troisième parti, qui doit organiser un troisième et dernier tour de table avant une ultime réunion solennelle de tous les partis chez le chef de l'Etat. Sans accord de gouvernement, la pays va vers de nouvelles élections.
La Grèce "a une marge de renégociation" sur le contenu des mesures d'austérité mais "si nous disons non à tout, nous sortons de l'eurozone", a prévenu Ghikas Hardouvelis, conseiller au gouvernement sortant de Lucas Papademos.
La preuve des inquiétudes des partenaires européens est que Bruxelles a décidé de verser à la Grèce 4,2 milliards d'euros jeudi contre 5,2 milliards prévus initialement.
Les incertitudes en Grèce ont poussé certains pays, surnommés "les triple A" en référence à la notation la plus élevée attribuée à leur dette, à demander des assurances, avait indiqué à l'AFP une autre source gouvernementale, reconnaissant que l'impasse politique que traverse Athènes "inquiète tout le monde".

Le jet privé de François Hollande fait polémique

Alors qu'il avait déclaré fin avril vouloir privilégier le train dans ses déplacements, l'arrivée du nouveau président en Falcon B 900 dimanche soir à Paris a fait grincer des dents.
Il n'y avait plus de train entre Tulle et Paris après 20h30 et le déplacement en voiture aurait pris près de 5 heures, argue-t-on du côté du parti socialiste. Toujours est-il que, question de symbole sans doute, le fait que François Hollande, au soir de son élection, emprunte un jet privé pour rejoindre Paris depuis Tulle, n'a pas été du goût de tous.
Si la polémique a d'abord pris forme sur les ondes dans la nuit de dimanche à lundi, elle a rapidement été relayée par la Twittosphère, certains n'hésitant pas à rapprocher le Falcon B 900 emprunté par François Hollande de la soirée au Fouquet's de 2007. Mais surtout, François Hollande avait promis fin avril, s'il était élu, qu'il se déplacerait en train, et ce "par souci de proximité, et en même temps d'économie".
Seulement  voilà : il fallait bien que François Hollande, le soir de son élection, rallie au plus vite la Bastille où l'attendaient fébrilement des milliers de supporters venus saluer la victoire.L'avion s'imposait visiblement comme le moyen de transport le plus rationnel.
Surtout que selon Régis Juanico, trésorier de campagne de François Hollande : “En termes de chiffres, cet avion ce n’est rien”. Et de préciser que la dépense a été faite sur le compte du parti socialiste, et non de la campagne, dont les frais sont remboursés par l’État.

Virage à gauche des musulmans de France : quand le vote sert de pare-feu à un sentiment de discrimination

Les catholiques ont voté massivement, et de façon assez traditionnelle, pour Nicolas Sarkozy tandis que les musulmans de France, eux, se sont exprimés en faveur de François Hollande. Un vote qui s'explique par une volonté affichée de lutter contre les discriminations.

Atlantico : Les catholiques ont massivement voté pour Nicolas Sarkozy, à hauteur de 80% et les musulmans se sont prononcés en faveur de François Hollande à près de 93%. Comment interpréter ces chiffres ? Assiste-t-on à une crispation identitaire ou religieuse ?

Vincent Tiberj : Il est très important de noter que ces structures de vote pour la droite ou pour la gauche en fonction de l’intégration au catholicisme sont en réalité des logiques que l’on retrouve depuis les années 1970. Le clivage religieux français perdure. Des années 70 jusqu’à nos jours, plus une personne est catholique pratiquante, plus elle a des chances de voter à droite. Ensuite, l’autre pôle du vote, c’était les athées.
Essentiellement, c’est l’opposition entre la France laïque et la France catholique qui se joue. Les athées ont non seulement toujours été un soutien fort de la gauche, mais le restent encore aujourd’hui et avec un niveau plus ou moins constant.
Or, les catholiques pratiquants sont en perte de vitesse dans l’électorat, alors que les athées gagnent du terrain : en 1988, à la réélection de François Mitterrand, il y a à peu près autant d’athées que de catholiques pratiquants réguliers (ceux qui vont au moins une fois par mois à la messe) qui votent, 15% dans un cas, 13% de l’autre. En 2012, si on reprend les valeurs de l’enquête TNS-Sofres, on en vient à 35% d’athées et 7% de catholiques pratiquants réguliers. Il y a bien une montée en puissance d’une culture a-religieuse en France qui continue à s’exprimer en faveur de la gauche.
Se pose alors le cas des musulmans. A priori, on pourrait penser que c’est le fait d’être musulman qui entraîne un vote de gauche. Fût un temps les autres religions présentes en France étaient le judaïsme, le protestantisme, et quelques musulmans.
Mais aujourd’hui l’Islam est le groupe religieux qui est en train de monter, c’est devenu l’essentiel répondant aux questions religieuses dans les enquêtes. Désormais, dans l’enquête faite par TNS, on compte 4,5% de musulmans déclarés contre à peine 1% en 1988. Cela confirme quelque part que l’Islam est devenu la seconde religion déclarée en France dans l’électorat, cependant elle reste bien loin derrière l’ensemble des catholiques français.
De prime abord, on estime que c’est un vote anti-Sarkozy à base musulmane ou encore le résultat d’appels à voter contre Nicolas Sarkozy par un certain nombre de figures issues de la mouvance islamique.
Mais cela ne fonctionne pas comme cela. En réalité, ce qui apparaît derrière est un vote de la diversité. Quand on pose la question aux Français d’origine maghrébine ou africaine, sur le thème de la religion, 59% d’entre eux se disent musulmans. C’est peu ou proue la proportion de français qui se disent catholiques. Or, de la même façon que l’on admet que tous les Français ne sont pas catholiques, de la même manière tous les ressortissants d’origine maghrébine ou africaine ne sont pas musulmans : d’ailleurs 20% des interrogés se déclarent sans religion et le reste est chrétien. Dans tous les cas, ce n’est pas ce qui les pousse à voter.
Dans le cas de nos français d’origine maghrébine ou africaine qui se disent athées ou catholiques, les niveaux de proximité avec la gauche frôlent les 40% systématiquement. Donc, en 2007, lors du vote entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, 80% des français d’origine maghrébine ou africaine ont voté pour Ségolène Royal. Ils votent non pas parce qu’ils sont musulmans, mais parce qu’ils ont une certaine couleur de peau et qu’ils sont discriminés pour cela.
C’est ce que l’on a prouvé avec Patrick Simon dans l’enquête que nous avons réalisé pour l’INED (Institut National d'Etudes Démographiques). On se rend compte que plus les gens se situent dans un groupe dont l’origine est discriminée et dont la nationalité française est constamment remise en doute, plus aux élections ils vont se situer à gauche.
C’est le cas pour les Algériens, Marocains, Tunisiens et Turcs, qui en effet sont majoritairement musulmans, mais c’est aussi le cas pour les Africains d’origine sahélienne ou d’Afrique centrale qui sont un peu moins musulmans et encore plus pour les ressortissants ultra-marins. Dans ce dernier cas, on n’a pas affaire à un ancrage musulman mais typiquement catholique et chrétien en général. Le sur-vote à gauche est corrélé au fait que le groupe soit discriminé.

Peut-on en déduire que le vote en France s’américanise ?

Les logiques sont effectivement les mêmes que pour les communautés noires ou latino-américaines aux Etats-Unis qui voteront systématiquement pour le parti démocrate. Comme le groupe est discriminé, il vote pour le parti qui a priori pourra le plus peser contre ses discriminations. Et naturellement le fait que Nicolas Sarkozy ait mené une campagne plutôt à droite de la droite n’a fait qu’exacerber ce clivage.
Mais attention, on ne parle pas de la couleur de peau en tant que telle, mais au vote qu’induit la visibilité. Quand on voit un fort alignement sur la gauche des musulmans, il s’explique essentiellement parce que tous les musulmans appartiennent à ce groupe discriminé. Dès lors qu’on analyse le phénomène à une autre échelle on se rencontre que clairement le problème ne vient pas de la religion.
D’ailleurs, avec mon collègue Patrick Simon, nous avions bien prouvé que quand nous analysions l’attitude des français musulmans à l’égard de la laïcité, ou à l’égard du choix de scolarisation, on se rend compte que les musulmans français sont plus nombreux à demander une scolarisation dans une école publique, sans éducation religieuse, que les catholiques en France. Cela montre que la plupart des musulmans en France ont parfaitement intégré la règle du jeu républicain, et notamment la laïcité. Cependant, la visibilité de l’Islam c’est la burka, mais on sait très bien que c’est une infime minorité de ce qu’il se passe, il y a eu 300 cas recensé par le ministère de l’Intérieur il y a un an.

Au-delà de la religion, peut-on parler d’une ethnicisation du vote ?

Attention au mot ethnicisation ! Car il induit qu’il y a une logique communautariste derrière ce vote. Ce n’est pas ça, ce n’est pas cette logique là qu’il faut avoir. Le vote à gauche des populations discriminées est le produit de la société française, cela ne vient pas d’eux. C’est très important, c’est une logique de réaction et pas de revendication identitaire.
D’ailleurs on a essayé de mesurer la tentation communautariste chez les français d’origine maghrébine, africaine et turque. On l’avait alors défini comme une logique selon laquelle les gens se définissent en fonction d’une identité minoritaire, qu’elle soit religieuse ou ethnique et qu’ils rejettent une identité globale comme la France et avoir des revendications spécifiques pour sa minorité. Et selon ces critères on tombe à 4% des Français d’origine maghrébine, africaine et turque. Il n’y a pas ethnicisation.
C’est tout simplement un vote qui exprime une réaction au déni d’appartenance nationale, parce que l’on a une couleur de peau, on est sa nationalité, son identité est forcément remise en question. Le problème est là et c’est d’autant plus important que ce genre de chose ne va pas forcément toucher les immigrés d’origine européenne.
Un enfant de la 2ème ou 3ème génération, dont les parents sont immigrés, mais qui est né et a réussi en France - rappelons qu'il y a 50% de taux d’accès au Bac dans les populations maghrébines, ce qui est mieux que la population française - est traité comme s’il était encore étranger alors qu’il a été éduqué en France. Ce vote en faveur de la gauche n’est que l’indice de l’échec de la République à tenir ses promesses bien au-delà d’un simple problème d’intégration.

Finalement, le facteur des situations socio-économiques ne joue pas ?

Effectivement, et sur l’enquête faite en 2005 et pour l’enquête faite dans le cadre de l’INED, on avait contrôlé systématiquement avec les facteurs de la classe sociale, l’âge, la religion et malgré tout cela le fait d’être d’une certaine origine jouait. On retrouve la même structure que le vote américain aux Etats-Unis. Plus le groupe est visible plus les chances de voter pour le parti démocrate sont fortes. C’est une logique de réparation et d’égalité.
La République française se veut aveugle au sexe, aux origines, à la race, aux religions…et pourtant. Ce vote est un vote de demande de réalisation du modèle.


La Grèce face au spectre d’une sortie de la zone euro

Après les législatives de dimanche, où les extrêmes ont réalisé des scores records, le parti de la gauche radicale (Syriza) a jusqu'à mercredi soir pour constituer un nouveau gouvernement. Le vote anti-austérité des Grecs inquiète les dirigeants européens, une possible sortie de la zone euro est même envisagée si la Grèce refuse de suivre le plan de redressement défini par l’UE et le FMI.
Alors que les électeurs grecs se sont clairement exprimés contre la politique d'austérité voulue par l'Union européenne (UE), la Grèce sera confrontée, mardi prochain, à sa première échéance de remboursement à l’UE. Elle devra verser quelque 450 millions d'euros d'obligations. Etant donné le contexte politique, le pays se demande si l’UE acceptera de verser jeudi, l'aide prévue qui s'élève à 5,2 milliards d'euros pour couvrir les arriérés de l'Etat.
Les dirigeants allemands, portugais, espagnols et italiens donneront à ce sujet des conférences de presse ce mercredi. Le rejet par le peuple grec de la politique d'austérité décidée par l’UE effraie les marchés et les responsables européens. Certains observateurs pointent le risque d’une sortie de la zone euro de la Grèce, si celle-ci dénonce les accords passés avec l'UE et le FMI prévoyant un sauvetage de la faillite en échange de son ajustement budgétaire. "Si nous disons non à tout, nous sortons de l'eurozone", a mis en garde Ghikas Hardouvelis, qui a conseillé pendant sept mois le chef du gouvernement Lucas Papademos.
Après la cuisante défaite de la coalition gouvernementale aux élections législatives dimanche, des incertitudes persistent sur l'avenir politique du pays. C'est maintenant à la gauche radicale de tenter de former un gouvernement de coalition, la droite ayant échoué lundi. Antonis Samaras, dont le parti La Nouvelle Démocratie a obtenu le meilleur score mais sans majorité au Parlement, s'est heurté au refus des partis anti-austérité, grands gagnants de ce scrutin. La coalition de gauche radicale Syriza anti-austérité, propulsée dimanche second parti de Grèce, s'est vue confier par le chef de l'Etat la tâche de former un gouvernement.

En voyant le drapeau rouge elle ne croira voir que le drapeau d’un parti !

L’auteur de cette phrase n’est autre qu’Alphonse de Lamartine, Ministre des Affaires Étrangères de février à mai 1848.

Le 25 février 1848, lors de la proclamation de la République, il déclare publiquement son opposition au drapeau rouge, devant l’Hôtel de Ville de Paris, sauvant ainsi le drapeau tricolore.
Son discours, à la fin duquel la foule laissa tomber le drapeau rouge, est plus que jamais d’actualité :
« Je vous ai parlé en citoyen tout à l’heure, eh bien ! Maintenant écoutez en moi votre ministre des Affaires étrangères. Si vous m’enlevez le drapeau tricolore, sachez-le bien, vous m’enlèverez la moitié de la force extérieure de la France ! Car l’Europe ne connaît que le drapeau de ses défaites et de nos victoires dans le drapeau de la République et de l’Empire. En voyant le drapeau rouge elle ne croira voir que le drapeau d’un parti ! C’est le drapeau de la France, c’est le drapeau de nos armées victorieuses, c’est le drapeau de nos triomphes qu’il faut relever devant l’Europe. La France et le drapeau tricolore c’est une même pensée, un même prestige, une même terreur, au besoin, pour nos ennemis !
Songez combien de sang il vous faudrait pour faire la renommée d’un autre drapeau !
Citoyens, pour ma part, le drapeau rouge, je ne l’adopterai jamais, et je vais vous dire pourquoi je m’y oppose de toute la force de mon patriotisme. C’est que le drapeau tricolore a fait le tour du monde avec la République et l’Empire, avec vos libertés et vos gloires, et que le drapeau rouge n’a fait que le tour du Champ-de-Mars, traîné dans le sang du peuple. »

Le socialiste Evangelos Venizélos va être chargé de former un gouvernement en Grèce

Anticipant l'échec du leader de la gauche radicale Alexis Tsipras, Evangélos Vénizélos, le dirigeant du parti socialiste (Pasok), a affirmé mercredi 9 mai qu'il allait être chargé par le chef de l'Etat, Carolos Papoulias, de former un gouvernement de coalition. "Je vais recevoir le mandat [pour former un gouvernement] et continuer l'effort national", a indiqué M. Venizélos à l'issue d'une rencontre infructueuse avec M. Tsipras. Ce dernier a confirmé la nouvelle peu après. "Nous ne pouvons pas réaliser notre rêve d'un gouvernement de gauche [...]. Demain [jeudi] je vais rendre le mandat confié par le président de la République et nous allons continuer de participer aux procédures prévues par la Constitution", a affirmé M. Tsipras devant son groupe parlementaire, après avoir rencontré tous les chefs de parti grecs.

Après l'échec du chef de file de Nouvelle Démocratie, Antonis Samaras, à former un nouveau gouvernement de coalition viable, Alexis Tsipras, le jeune chef de file de Syriza, 37 ans, disposait à son tour de trois jours pour constituer une majorité au sein d'un Parlement éclaté et morcelé. Il devait consulter ce mercredi les dirigeants des grandes forces politiques du pays sans espoir crédible de débloquer la situation qui menace jusqu'à l'appartenance de la Grèce à la zone euro. Il avait en effet exclu mardi de se plier aux plans européens de sauvetage et posé comme condition la rupture des engagements pris avec les partenaires d'Athènes. C'est donc au leader du Pasok de prendre la relève.
M. Venizélos a réaffirmé que "le peuple grec veut de prime abord la stabilité, une solution gouvernementale claire qui ne conduit pas à de nouvelles élections". "La majorité écrasante du peuple veut le maintien du pays dans l'euro car une sortie de l'euro signifie la pauvreté, la réduction des revenus, a-t-il déclaré. Il s'est avéré après notre discussion avec M. Tsipras qu'on ne peut pas actuellement arriver à une solution précise et donc, avec le mandat que je recevrai demain [jeudi], je vais continuer les efforts pour former un gouvernement d'espoir, de sécurité et de perspective."
POUR LE "MAINTIEN DE LA GRÈCE DANS L'EUROPE"
Contrairement au leader de Syriza, propulsé contre toute attente dimanche au rang de deuxième force politique, Evangelos Venizélos s'est prononcé pour la formation d'un "gouvernement d'union nationale composé de l'ensemble des forces favorables au maintien de la Grèce dans l'Europe et dans la zone euro" de manière à éviter de nouvelles élections législatives. Et d'empêcher également Alexis Tsipras d'envoyer une lettre aux dirigeants de l'UE pour leur signifier que le plan d'austérité était désormais caduc au vu des résultats de dimanche, une annonce faite mercredi par son entourage.
L'hostilité du chef de la Coalition de la gauche radicale au plan d'austérité ne laissait d'ailleurs aucun doute sur l'issue de ses consultations avec le chef de file de Nouvelle Démocratie. "Il me demande de signer pour la destruction de la Grèce. Je ne le ferai pas", avait réagi M. Samaras dans une allocution télévisée. "Après la réponse de Samaras à Tsipras, tous les ponts ont été détruits, coupés", commentait alors Theodore Couloumbis, analyste politique du cercle de réflexion Eliamep.
CONDITIONS
L'Allemagne, qui a apporté le plus de garanties financières dans le cadre du plan de sauvetage à Athènes, a mis en garde le Grèce contre toute rupture de l'accord conclu avec la "troïka", l'ensemble formé par l'Union européenne, le Fonds monétaire international et la Banque centrale européenne. "Les termes de l'accord doivent être respectés. Je ne pense pas que nous puissions ou que nous devions négocier à nouveau", a déclaré Martin Schulz, président du Parlement européen et membre du Parti social-démocrate.
"L'aide ne peut être versée que si les conditions sont respectées", a déclaré de son côté Gerda Hasselfedt, membre de l'Union chrétienne-sociale, l'aile bavaroise de l'Union chrétienne-démocrate de la chancelière Angela Merkel.
RENÉGOCIER LE RENFLOUEMENT
Si Evangélos échoue, des nouvelles élections législatives pourraient alors être organisées. De plus, si la classe politique ne parvient pas à former un gouvernement à même de négocier une nouvelle tranche d'aide avec l'UE et le FMI, elle pourrait se retrouver à court de liquidités d'ici la fin du mois de juin, a-t-on appris auprès de trois responsables du ministère des finances.
Le deuxième plan de renflouement, conclu en février, prévoit un soutien financier de 130 milliards d'euros et l'effacement d'une partie de la dette des créanciers privés. Il est censé permettre à la Grèce de retourner sur les marchés financiers d'ici 2015 moyennant de sévères mesures d'austérité.
Hormis la convocation de nouvelles élections dans un délai de trois à quatre semaines, la seule façon de sortir de l'impasse serait de renégocier les termes du renflouement. Mais cette solution est pour l'heure fermement rejetée par les bailleurs de fonds et certains pays d'Europe du Nord. "Le pays se dirige la tête la première vers une catastrophe, écrivait lundi l'éditorialiste du quotidien Kathimerini. Si un gouvernement de salut national n'est pas formé dans les prochains jours, l'organisation de nouvelles élections deviendra inévitable."

Vote musulman et dictature du relativisme


Youyous dans les banlieues ethniques, flots de drapeaux du Maghreb, turcs, syriens ou palestiniens au premier plan des rassemblements fêtant la victoire de François Hollande, et même un drapeau français brûlé sur la place du Capitole à Toulouse, comme en atteste une photo qui nous a été envoyée par un lecteur… Le vote musulman commence déjà à peser lourd. Et il est à gauche. Du côté d’une « ouverture » toujours plus grande, plein d’espérance puisque François Hollande a promis d’étendre le vote municipal aux non-Européens. Il pèse de manière analogue aux Pays-Bas, en Belgique, au Royaume-Uni où le droit de vote accordé de diverses manières aux « allochtones » est déjà en train de redessiner le visage politique des municipalités.
Un article-choc de Magdi Cristiano Allam – cet Egyptien, ancien musulman, baptisé par Benoît XVI en la nuit de Pâques de 2008 – vient éclairer de manière brutale cette réalité en se penchant sur la progression de l’islam en Italie. Son titre ? « C’est la faute de l’Eglise si l’Italie embrasse l’islam ! »
L’Italie compte aujourd’hui environ 1 583 000 musulmans, explique-t-il. (Un Français serait tenté de dire : seulement…) Le responsable, pour Magdi Allam, est le relativisme religieux : « Benoît XVI lui-même a plusieurs fois identifié au sein de la “dictature du relativisme” le mal profond qu’il faut combattre parce qu’il nous impose, en mettant la raison en sourdine, de considérer que toutes les religions, les cultures et les valeurs sont égales, indépendamment de leur contenu. »
Il dénonce la litanie des partisans officiels de ce relativisme – comme le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, nommément désigné –, c’est celle des « trois grandes religions monothéistes révélées, abrahamiques, du Livre » qui, toutes, « prieraient le même dieu ». La conséquence est là, en Italie comme en France : on légitime l’islam « au mépris du fait qu’il est incompatible avec les valeurs non négociables du caractère sacré de la vie, de l’égale dignité de l’homme et de la femme, de la liberté du choix religieux ».
J’ai traduit l’intégralité de cet article que l’on pourra lire sur mon blog. Il en vaut la peine.
L’islam en France est bien plus avancé, déjà politiquement bénéficiaire de ce même irénisme. Certes ce « politiquement correct » s’est fissuré durant la campagne présidentielle… Trop tard ?
Il y a bel et bien un « vote musulman » en France. Et il se porte, massivement, sur la gauche. Une étude OpinionWay et Fiducial menée à la demande du Figaro sur 9 582 personnes ayant voté au deuxième tour, dimanche, l’affirme : une écrasante majorité des électeurs musulmans, 93 %, ont choisi François Hollande. Ils étaient 59 % au premier tour, où Jean-Luc Mélenchon recueillait 23 %, François Bayrou 7 % et Nicolas Sarkozy 4 %, aux termes d’une enquête similaire.
Le même institut de sondages évalue le nombre des électeurs inscrits « musulmans » à deux millions de personnes. Chiffre intéressant, à l’heure où le nombre des musulmans ou personnes d’origine musulmane reste officiellement inconnu en France – le Pew Research Center l’évaluait à 4,7 millions en 2009, le ministère de l’Intérieur en compte entre 5,5 et 6 millions, le Front national 8, et Claude Guéant « entre 5 et 10 millions ».
Il faut rapprocher ce chiffre de plusieurs facteurs : la nationalité et l’âge. Il n’est composé que de citoyens majeurs nés en France ou devenus français par naturalisation, ayant ou non la double nationalité et ayant pris la peine de s’inscrire sur les listes électorales. Pour 2 millions d’électeurs, combien de personnes d’origine musulmane qui sont en France avec un simple titre de séjour, ou clandestins… le vivier de Hollande et de la gauche ? Combien ces 2 millions d’électeurs ont-ils d’enfants mineurs, qui voteront demain ou après-demain ? Et enfin, les 2 millions comptés par le sondage épuisent-ils la catégorie des personnes d’origine musulmane, vu qu’il n’est pas précisé dans le sondage – contrairement à ce qui s’est fait pour les catholiques dans la même enquête – s’il s’agit seulement de musulmans « pratiquants » ou de personnes se sentant sociologiquement proches de l’islam ?
En tant que groupe sociologique, les électeurs musulmans sont en voie de faire la différence, et pour longtemps.
Il faut battre la gauche aux législatives de juin !