TOUT EST DIT

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mardi 8 mai 2012

Nicolas Sarkozy soigne sa sortie

Défait dimanche, il a pris sa décision : il ne s'exprimera plus devant les Français.

EN 1981, Valéry Giscard d'Estaing, qui s'attendait si peu à la défaite, avait enregistré une dernière adresse aux Français: «Avant de vous quitter, je vous souhaite bonne chance (…). Je souhaite que la Providence veille sur la France.» Il avait terminé sur un «au revoir» solennel, avant de quitter la pièce, laissant une chaise vide. Après la passation des pouvoirs, VGE avait quitté l'Élysée à pied, sous des huées. Jacques Chirac, lui aussi, avait enregistré un message d'adieu, à la veille de sa passation de pouvoirs avec Nicolas Sarkozy: «Restez toujours unis et solidaires», avait-il lancé.
Voilà comment on fait, connard.

Tu veux essayer, ducon ?

Et t'oublieras pas de t'mettre de la laque ou d'la gomina, abruti !
Son successeur, défait dimanche, a pris sa décision: il ne s'exprimera plus devant les Français. Ses derniers mots resteront ceux qu'il a prononcés dimanche soir à la Mutualité, devant plusieurs centaines de militants UMP. Son conseiller Franck Louvrier rappelle que ce discours a été regardé par «20 millions de téléspectateurs». «Je vous aime», avait lancé Sarkozy, avant de quitter la scène. «Il fait de l'anti-Giscard, décrypte un proche. VGE était resté prostré pendant des jours, avant de faire des adieux grandiloquents. Lui a choisi de dire au revoir dans le feu de l'action. Il n'y reviendra plus.»

«Il va tenir promesse»

Pour le reste, Nicolas Sarkozy ne veut pas rater sa sortie. Sa décision d'inviter François Hollande à la cérémonie du 8 Mai y contribue. «Il est en train de réussir son départ, note un conseiller. On lui avait reproché son arrivée… On ne pourra rien dire de sa sortie! Il n'a jamais été aussi présidentiel…» À l'issue de la passation des pouvoirs, le 15 mai, le président quittera l'Élysée en voiture. «Ce sera sobre, simple», note son directeur de campagne, Guillaume Lambert. «Il n'y aura pas de sifflets quand Sarkozy quittera l'Élysée», assure un autre conseiller.
En attendant, Sarkozy restera discret. Mercredi, il offrira un pot à l'issue du dernier Conseil des ministres. Ensuite, il n'a plus rien dans l'agenda. «C'est fini, note Franck Louvrier. Il quitte progressivement la sphère publique pour rentrer dans la sphère privée.» En janvier, Sarkozy avait prévenu qu'il couperait complètement en cas de défaite. Et qu'on ne l'entendrait plus. «Il va tenir promesse», jure un conseiller. Le président sortant, qui disposera d'un bureau dans Paris, partira se reposer.
Il devrait ensuite reprendre son activité d'avocat. «Il souhaite prendre du champ», avant de «définir lui-même sa place», note le patron des députés UMP Christian Jacob. Dans Le Naufragé(Flammarion), paru dès lundi, les journalistes Jérôme Chapuis et Benjamin Sportouch rapportent des confidences du chef de l'État, à la veille du premier tour: «Je n'ai aucune crainte, aucune appréhension. J'ai une longue expérience de la vie, j'ai eu des ruptures à plusieurs reprises. Je sais que, derrière la porte, il y a une autre pièce, avec d'autres trésors à découvrir.»

La Grèce met à mal l'état de grâce de Hollande en Europe

Entre paralysie et rejet du plan d'austérité par les électeurs, la crise qui règne dans le pays affaiblit le nouveau chef de l'État. 
La réaction de la Commission européenne à l'élection de François Hollande ne s'est pas fait attendre. Son président, José Manuel Barroso, a publié mardi une "déclaration sur la croissance" qui fera plaisir au nouveau président français. Rien de révolutionnaire, pourtant, ni de nouvelles recettes. Il s'agit de remettre sur la table plusieurs propositions égrainées depuis deux ans, mais qui tardent à être mises en oeuvre. À l'image de la création de "project bonds" qui mutualisent des emprunts dédiés, par exemple pour accélérer la numérisation de l'Europe, ou encore la recapitalisation de la Banque européenne d'investissement pour financer de grands projets, ou bien la taxe sur les transactions financières pour alléger les contributions des États membres au budget européen, ou encore une application totale de la directive sur les services.
Plusieurs de ces propositions correspondent étrangement à celles mises en avant par l'équipe de François Hollande pour son offensive sur la relance en Europe. "Nous avons eu des contacts avec l'entourage de Hollande, notamment via Élisabeth Guigou", révèle une source communautaire. Ce mano a mano est dans l'intérêt des deux parties. Avec son coup de pouce à Hollande, Barroso replace sa Commission au centre du jeu européen, alors que Nicolas Sarkozy s'était évertué à la mettre sur la touche. De son côté, Hollande s'assure que sa stratégie de relance sera bien accueillie par ses homologues... d'autant que ces mesures ont déjà été actées au plus haut niveau, lors d'un Conseil européen en janvier dernier.

La Grèce complique la donne

Mais encore faut-il les concrétiser. Question de momentum : "Je suis extrêmement satisfait d'observer qu'il y a un nouvel élan qui est clairement en train d'apparaître parmi nos États membres pour redémarrer le moteur en panne de la croissance", se réjouit José Manuel Barroso. "Nous avons sondé Angela Merkel sur les project bonds. Il y a une ouverture qui n'existait pas avant. Mais c'est donnant-donnant, explique une source haut placée à la Commission : Hollande doit, en échange, approuver notre position sur le budget communautaire." Nicolas Sarkozy s'était prononcé sur le gel de ce budget que la Commission désire augmenter pour répondre à l'accroissement de ses tâches. Jusqu'à présent, François Hollande est resté très discret sur cette question.
Les propositions de Barroso pour la croissance, qui "pourraient permettre de récupérer deux à trois points", affirme le commissaire français Michel Barnier, devraient en principe se trouver sur la table lors d'un dîner des dirigeants de l'Union européenne, convoqué de façon exceptionnelle le 23 mai par Herman Van Rompuy. Sauf que le chaos politique en Grèce, entre paralysie et rejet du plan d'austérité par une bonne partie de l'électorat, risque de faire voler en éclats ce bel ordonnancement. Pas d'état de grâce pour Hollande sur la scène européenne.

La droite vaincue parce que victime docile et consentante d'une escroquerie intellectuelle ?

Retour sur une campagne faite d'erreurs de timing et de casting mais aussi d'un dénigrement sans précédent et d'une intimidation intellectuelle médiatique qu'une partie de la droite a fini par intérioriser.
Ainsi, le président vilipendé aura été battu sur le fil du rasoir. Ainsi, c’était pour rire, Nicolas Pétain, ne méritait pas, finalement, autant d’indignité, mais du respect, comme l’a indiqué hier soir son victorieux rival dans un discours dont la hauteur n’était pas qu’habileté.
Ceux qui, surtout à gauche, veulent, évidemment pour son bien, empêcher la droite d’être la droite, expliquent doctement sa défaite par l’ignoble « droitisation » et les clins d’œil aux électeurs du Front National, auront du mal à le faire croire au regard du résultat final.
En dépit d’une campagne de dénigrement rarement observé depuis le général De Gaulle, en dépit d’une crise économique et financière qu’il serait euphémique de qualifier d’exceptionnelle et qui a sanctionné tous les sortants en Europe, le nouveau président élu l’aura été à la minorité des électeurs votants.
Bien au rebours, si ce retour au peuple avait été à la fois moins tardif et plus franc, donc plus crédible, il est permis de penser que le pari impossible aurait été tenu.
Si l’on décide d’organiser un débat sur l’identité nationale, on ne choisit pas pour le tenir un transfuge du PS qui en avait honte.
Si l’on décide de mener une campagne électorale décomplexée, on ne choisit pas comme porte-parole une femme, certes gracieuse et élégante, mais dont le principal titre littéraire aura été de morigéner la représentante de la droite extrêmement décomplexée.
Il est des erreurs de casting et de timing que comprend le Français.
Il n’empêche, le petit homme tant raillé, y compris pour sa taille, n’aura pas été dégagé par la fenêtre, mais sorti par la porte.
La grande.
Avec la bienveillance qui la caractérise, on peut imaginer, sans grande spéculation intellectuelle, la réflexion de la gauche et de ses relais, si d’aventure le président sortant l’avait emporté avec une majorité aussi étroite : « un président légal sans doute, mais vraiment légitime ? »
Fort heureusement, ce qui caractérise le camp vaincu, c’est précisément, son légitimisme démocratique qui fait de François Hollande, désormais, le président de tous les Français
Il faut lui reconnaitre une habileté politique dont le mérite est à peine diminué par la complicité de la classe médiatique idéologisée.
Il faut reconnaître également à la gauche d’avoir su, elle, mener cinq années un combat culturel que son camp adverse n’aura finalement mené qu’un trimestre.
François Hollande, il l’a dit, ne pratiquera pas d’ouverture à droite.
A l’aune de l’intelligence politique et de la cohérence intellectuelle, sa victoire est méritée.

A ce stade, il faut, encore et encore, écrire que la droite française aura été la victime docile d’une escroquerie intellectuelle légale que je n’aurais cessé de dénoncer vainement.
Alors que le camp des droites, le premier tour l’aura encore montré, est plus nombreux que son antipode, c’est un président de gauche qui l’aura emporté.
L’explication réside toute entière dans le surmoi qu’aura réussi à imposer la classe médiatique à une partie de la droite française tout en décomplexant la gauche de ses propres liaisons autrement moins platoniques.
Alors que Gérard Longuet aura été tancé pour avoir suggéré que Marine Le Pen, contrairement à son père, était une interlocutrice possible, François Hollande remercie publiquement et impunément son interlocuteur Mélenchon et s’apprête à mener campagne avec un PCF, dans le cadre d’une alliance que même les représentants de la droite démocratique ont oublié hier soir de critiquer dans son principe.
Lorsque la victime est aussi sottement dupe, ce n’est plus, juridiquement, une escroquerie.
Mais il est une autre escroquerie, récidivante, qui aura été commise délibérément et impunément dans la dernière quinzaine : celle de dénoncer la dérive vichyssoise du président aujourd’hui battu.
J’aurais passé une bonne partie de ma vie d’homme à dénoncer et démonter cette escroquerie trentenaire en bande organisée.
Dans sa dernière séquence, il a été reproché à Nicolas Sarkozy de marcher sur les plates-bandes minées de Marine Le Pen.
Le Monde, alors que les jeux étaient faits, dans un article du samedi 5 mai, a reconnu, mais sans le critiquer le « glissement idéologique du PS ». : « Force est de constater que sous la double pression du score de Marine Le Pen au premier tour et d’un Nicolas Sarkozy décidé à faire de cette question le champs majeur de l’affrontement présidentiel, les socialistes, depuis le premier tour, usent d’un registre lexical jusqu’ici plutôt inhabituel ».
« Il y a trop d’immigrés en situation irrégulière » a déclaré le candidat socialiste « celui qui aurait dit ça dans un congrès se serait fait étriper. Jamais personne n’aurait osé, même pas Manuel Valls » déclare un responsable de la rue de Solferino.
Et pourtant, qui a osé dire que Hollande devrait désormais s’appeler Allemagne ?
Un dernier mot : Il ne s’est pas trouvé, un journaliste, un commentateur, un responsable politique pour protester contre la sortie de nombreux drapeaux turcs, marocains et algériens, à la Bastille.
Je le fais. En Français et en républicain.

MON AMI LONGEVAL M'ENVOIE CETTE  VIDEO , CELLE DU CHANT DES PARTISANS BLANCS.

"Nicolas Sarkozy reviendra en 2017"

L’élection de François Hollande à la tête de la France sonne-t-elle le glas de la vie politique de Nicolas Sarkozy ? Il l’avait annoncé pendant la campagne, mais va-t-il s’exécuter ? Selon Christophe Barbier, le rédacteur en chef de L’Express, il va prendre ses distances deux ou trois ans pour revenir tenter sa chance en 2017… Résumé du chat de ce matin.

[Jean] Nicolas Sarkozy a-t-il plus perdu l’élection que François Hollande ne l’a gagnée ?

Christophe Barbier : Oui, c'est d'abord un vote antisarkozyste.

[Jim] François Hollande a donc gagné faute de mieux ? Il est l'opposé de Srakozy question charisme et style mais fera-t-il mieux sur le plan socio-éco ?

S'il arrive à prouver qu'on peut, sans austérité, relancer la croissance et créer des emplois sans dégrader les déficits, oui. À lui de le montrer.

[Juliette] Quels sont les grands défis que devra relever François Hollande ?

Tenir ses promesses (emplois pour les jeunes, plus de profs, certaines allocations en hausse) sans plonger la France dans une crise avec les marchés. Ou alors renoncer à ses promesses sans provoquer la colère de la rue.

[Ivy] Les mesures prévues par Hollande pour les 100 premiers jours de son mandat sont ambitieuses. Mais sont-elles réalisables ?

Oui, elles sont réalisables, mais à quel coût ? Si la croissance ne revient pas, ce sera dur d'appliquer son programme. Et il lui faut aussi installer son personnage en Europe...

[Chris] Nicolas Sarkozy a été écrasé par la crise, François Hollande arrivera-t-il à imposer sa vision à l'Europe ? À moins que l'équilibre budgétaire ne soit pas son objectif prioritaire.

S'il dégrade les comptes, les emprunts français se feront à de tels taux que le pays ne pourra plus emprunter ni payer ses fonctionnaires ! Ce serait fatal pour un président de gauche...

[Vic] Quel pouvoir de renégocier les pactes fiscaux européens aura réellement Hollande ? L’alternance, finalement, ne résidera-t-elle pas uniquement dans le changement de locataire de l’Élysée, mais pas du tout dans le changement de politiques, du moins face aux mesures imposées par l’Europe et la crise ?

Certes, mais Hollande pense convaincre l'Allemagne et les autres de rectifier la politique européenne avec un vrai pacte de croissance et des investissements publics...

[Vic] Hollande pense pouvoir convaincre l’Allemagne et les autres de rectifier la politique européenne anti-crise (investissements publics et plan de croissance), dites-vous, mais quel pouvoir a-t-il ? Pourquoi et comment parviendrait-il à faire faire marche arrière à Merkel et aux autres. Ce n’est pas le fait d’une seule personne, vous le savez bien. D’autant qu’il sera un peu isolé, sur ce coup-là, Hollande.

Hollande est seul, mais Merkel a des élections devant elle et la BCE bouge un peu…

[Ouri] Les élections législatives confirmeront-elles la victoire de la gauche selon vous ?

C'est la règle, mais en quarante jours, des bêtises peuvent être dites et faites : la droite n'est pas écrasée et le découpage électoral récent favorise l'UMP.

[François] La gauche a gagné sur le fil. Pourquoi gagnerait-elle donc forcément les législatives ?

Souvent, la victoire d'un camp à l'Élysée démobilise l'autre. Et les Français donnent une majorité à leur président. Ce fut le cas en 81, 88, 2007... Nous verrons !

[Kim] Quel serait le meilleur candidat Premier ministre, selon vous ?

Aubry rassure la gauche et le PS. Ayrault tient les parlementaires. C'est le duel. Hollande s'entend mieux avec Ayrault qu'avec Aubry...

[Boum] Jean-Marc Ayrault sera le futur Premier ministre en raison de son profil plus centriste que celui de Martine Aubry ?

Plus centriste, ou plutôt plus acceptable pour les centristes. Germanophone. Habitué depuis 15 ans à piloter les députés. Et en bons termes avec Hollande.

[Mimi] Quel poids peut avoir Mélenchon, après les législatives, sur la politique sociale et financière de la France ?

Si le PS n'a pas la majorité sans Mélenchon, un grand poids ! Sinon, le poids des manifestations éventuelles : le fameux troisième tour social...

[Pierre] De quel poids les écologistes vont-ils peser sur le premier gouvernement de François Hollande ?

Leur poids dans l'opinion est faible. Mais ils ont signé un accord avec le PS et auront des ministres (trois sans doute). En revanche, les sièges promis aux législatives sont menacés...

[Bip] Le Front national est-il promis à un succès lors des élections législatives ?

Qu'est-ce qu'un succès ? Avoir des députés ? Provoquer des triangulaires ? Faire perdre la droite ?

[Vincent] Sarkozy out, après Berlusconi, Zapatero et les leaders grecs ? La crise et l’austérité ont balayé les « hors-norme » ? C’est l’heure, à nouveau, des sages, des cols blancs, des politiques traditionnel(le)s ?

Oui, des technocrates ou des extrémistes : drôle de choix pour l'Europe...

[Patrik] La compagne de François Hollande, devenant première dame de France, peut-elle rester journaliste ?

Je ne pense pas, mais elle le souhaite. En rubrique cuisine ? Jardinage ?...

[coppi] L'arrivée de Hollande va-t-elle provoquer du mouvement dans la sphère médiatique ?

On le dit... mais je crois qu'il y a plus de rumeurs que de réalités. Et Hollande ne coupera pas les têtes dans ce secteur.

[Caro] Peut-on imaginer que Nicolas Sarkozy se retire de la vie politique ? N'a-t-il pas un rôle à jouer pour redresser son parti ?

C'est une possibilité, mais il a dit hier qu'il restait auprès des militants - à une autre place. Je le vois bien chercher une existence internationale et tenter de revenir en 2014-2015, pour 2017... (personnellement j'ai des doutes ndMark)

[Olivier] L'UMP va-t-il imploser suite à ce résultat ?

Oui, si elle vit un désastre aux législatives et une guerre des chefs sanglante sans vainqueur. Les centristes sont tentés de vivre leur vie... mais avec quel chef ?

[Bif] A quel(s) moment(s) selon vous Nicolas Sarkozy a-t-il perdu les élections ?

En janvier 2008, quand le fil s'est rompu avec son électorat, à cause de sa difficulté à être vraiment "président". La crise en plus, cela a été fatal. Il a redressé la barre en mars 2012, pendant 10 jours, mais il n'a pas trouvé l'idée phare pour gagner.

[Thierry] Il ne va pas vous manquer Sarkozy ? Le personnage, ses méthodes, son omniprésence, la tempête autour de lui, c’était du pain bénit pour la presse française, non ?

Oui, il va manquer aux journalistes, mais on va s'occuper de Hollande, ça va être drôle aussi.

[Valérie] Vous l’avez rencontré, Sarkozy ? Si oui, comment il était, comment il est « en vrai ». Nerveux ? Sympa ? Beauf ? Brillant ? Banal ?
Il est nerveux, impressionnant et "cash", ne mâchant pas ses mots... Mais je préfère sa femme.

[Valérie] Pourquoi vous préférez sa femme ? Elle est comment ? Allez, donnez un scoop.

Adorable ! Mais ce n'est pas un scoop...

[Valérie] Elle va faire quoi, maintenant, Carla ?

Des chansons ! Et, j'espère, de la scène à nouveau, enfin...

Dans l'urgence, l'UMP veut planquer sous le tapis les questions qui fâchent

Pour éviter les querelles d'egos, Jean-François Copé installe un comité de campagne élargi à toutes les sensibilités. Et renvoie le débat de la ligne politique à l'après-législatives. Un attelage subtil et précaire.
C'est fou le nombre de synonymes au mot "unité" que l'on peut trouver un lendemain de défaite présidentielle : "rassemblement", "collégialité", "union", "ligne commune". Sans oublier la formule : "Ce qui nous rassemble est infiniment plus important que ce qui nous divise." Il faut dire que, pour en dénicher autant, l'UMP avait réuni toutes ses têtes pensantes lors d'un bureau politique exceptionnel. Des dizaines de parlementaires, de jeunes loups (Wauquiez, Apparu, Le Maire,...), d'anciennes gloires de la droite (Balladur, Toubon,...) et des stars de maintenant (Juppé, Fillon,...). Avec tout cela, difficile de ne pas croire que le parti est effectivement complètement uni pour attaquer la bataille législative.
Pourtant, le discours officiel, bâti dans le béton armé, montre déjà quelques craquelures. Deux questions interrogent les cadres de l'ancienne majorité, et manque de chance, elles touchent aux deux points essentiels d'une campagne : quelle ligne politique suit-on et qui mène la campagne?

Un chef, quelques chefs ou plein de chefs ?

Entouré de François Fillon à sa droite, et de Jean-Pierre Raffarin à sa gauche, Jean-François Copé a placé entre parenthèses la réponse à la seconde question. "Pas de querelle d'egos" jusqu'aux législatives. Il faut tenir cinq semaines. Pour contenter toutes les sensibilités, le patron du parti a donc décidé de mettre en place le plus rapidement possible -jeudi matin- un "comité stratégique de campagne". Une quarantaine de membres, dont les anciens Premiers ministres, les anciens numéros 1 de l'UMP, le président de l'Assemblée, l'ancien président du Sénat, les secrétaires généraux adjoints, les délégués généraux,...
C'est donc "une équipe collégiale" qui mènera la campagne, comme s'en sont félicités François Baroin, Xavier Bertrand ou Eric Ciotti. Reste à définir l'étendue de la collégialité. Pour Laurent Wauquiez, "il n'y aura pas de guerre des chefs, tout simplement parce qu'il n'y a pas de chef". François Fillon voit, lui, une poignée de "rassembleurs", dont Copé, Juppé et Raffarin (et certainement lui-même). Enfin, Christian Estrosi entretient le flou, partagé entre son ancienne aversion pour le leader de l'UMP et sa récente réconciliation avec ce dernier: "Il faut respecter la légitimité de la direction et la diversité des courants de pensée." Hors catégorie, on ajoutera Yves Albarello, député de Seine-et-Marne, pour qui les choses sont très claires: "Le chef, c'est Copé."

Une ligne politique, quelques lignes politiques ou plein de lignes politiques?

Quant à la ligne politique, la situation est un peu plus limpide, ce qui ne veut pas dire qu'elle est logique. "On ne va pas changer de ligne parce que nous avons connu un échec", clame Jean Leonetti. C'est vrai pourquoi changer une stratégie qui perd.
En réalité, l'UMP n'a surtout pas le temps de tout revoir. "Pour l'instant, nous avons un combat à mener dans un mois", résume Benoist Apparu. Et puis, les législatives permettent à chacun de prendre ses distances avec des éléments du programme UMP, disons, gênants. "C'est un scrutin moins binaire, où l'on peut s'exprimer de manière plus diverse", juge Michel Piron, député du Maine-et-Loire. "Les problèmes sont différents entre la Bretagne et la région parisienne. La ligne politique est la même pour toute la France, mais pas les préoccupations", explique le radical Jean Leonetti.
Là encore, Jean-François Copé a tout prévu. Après le comité de campagne élargi à toutes les sensibilités, il propose un "cadre", qui s'adaptera aux "plates-formes" programmatiques de chaque candidat. Un cadre, qui tient en trois points : un pilier régalien (sécurité et immigration), un pilier économique ("courage et pragmatisme") et enfin, un pilier social ("générosité et responsabilité"). Libre au candidat ensuite d'assaisonner comme il le souhaite.
Reste à faire tourner cette complexe machine. "Nous allons mettre tout cela en forme", avance Copé. Tic-tac. Tic-tac. Il reste trente-trois jours avant que les Français ne retournent dans l'isoloir.

Tesson : "Hollande, homme d'apaisement et d'illusion"


Au soir de sa victoire, le nouveau président propose aux Français le changement en présumant de ses forces et sans en évoquer le coût. 

Ainsi donc la France s'est-elle donné dimanche un président de gauche élu pour cinq ans par la grâce d'une partie de la droite. La majorité des Français ont sanctionné un homme d'État d'une valeur exceptionnelle moins pour l'action qu'il a menée que pour sa personnalité. Nicolas Sarkozy a été victime de son énergie, de son volontarisme, de sa franchise et des maladresses que ces qualités ont pu lui faire commettre. Victime de l'incompréhension et de la hargne d'une large partie de l'opinion. Victime enfin de la crise qui a contrarié le cours de sa politique réformatrice. Sa défaite est honorable. Il a quitté, dimanche, le pouvoir sur une déclaration d'une haute tenue, conforme à sa nature.
On ne s'étonne pas que les premiers mots prononcés par le nouveau président aient participé d'un esprit d'apaisement. N'est-ce pas une demande d'accalmie qu'a voulu exprimer la France en portant au pouvoir un homme qui lui offre une image pacifique, "normale" et donc rassurante ? On sait que François Hollande est un homme de mesure, et le peuple l'a senti, dans un temps de démesure. Mais sa sagesse sera-t-elle compatible avec les tumultes qu'il va devoir affronter ?
Ses intentions sont excellentes. Il les a résumées dimanche soir à Tulle. D'abord rassembler, être "le président de tous". Soit. C'est évident, qui ne le veut en accédant au pouvoir ? "Trop de fractures, de blessures, de ruptures, de coupures", dit-il. Certes, mais c'est nier la vie, et la politique, et leurs lois. Cela relève de l'angélisme égalitaire. On n'est plus dans le socialisme du XVIIIe siècle.

Déni de réalité

Ensuite, changer. "Les Français viennent de choisir le changement." Que ne l'a-t-on entendue, cette ritournelle, à droite comme à gauche ! On se rappelle un texte de l'écrivain russe Zinoviev : "On vit dans l'attente du changement. Quel changement ? On ne sait pas exactement. Il faut que ça change, ça ne peut plus durer, et en attendant, on s'accommode dans la même attente vague et passive. On avance des idées, on bâtit des projets, on fait des promesses. C'est aussi confus et irresponsable que l'attente elle-même." Qui ne sait que les promesses ne sont jamais tenues ?
Nous ne mettons pas un instant en doute la sincérité de Hollande. Mais lorsqu'on l'entendait dimanche soir énumérer les têtes de chapitre de son programme, on était stupéfait : "Redressement de notre production. Réduction du déficit. Préservation de notre modèle social. Égalité entre nos territoires. Priorité à l'éducation. Exigence environnementale. Réorienter l'Europe et donner à la construction européenne une dimension de croissance." On est dans un déni de réalité voisin du délire. Comment en cinq ans, dans la situation actuelle du monde, de l'Europe et de la France, réaliser ce projet, comment le financer ? Et comment pousser l'audace jusqu'à annoncer une pareille ambition après avoir dénoncé pendant toute la campagne l'incapacité de son prédécesseur d'avoir mené à bien la sienne.
On veut bien entrer dans le jeu de François Hollande, on veut bien épouser son rêve, mais à condition qu'il parle un langage de vérité, cette vérité dont il faisait une valeur sacrée au début de sa campagne. La vérité exige qu'il dise au peuple qui l'a élu le coût de ce plan et le coût des sacrifices qu'il implique. Ou bien alors qu'il n'affirme pas, comme dimanche soir, que "l'austérité n'est pas une fatalité". La France est entrée dimanche dans l'ère de l'illusion, c'est-à-dire de la catastrophe (comme disait Bayrou avant de se rallier). 
Ou de la fausse promesse, c'est-à-dire du mensonge.

Qui est la France qui a voté François Hollande ?

Bastions de droite, bastions de gauche, montée du Front national : chaque zone géographique a ses habitudes de vote. Aux partis d'adapter leur stratégie pour réussir à attirer les électeurs des territoires ruraux et la France des grandes couronnes périurbaines.

Comment se compose la géographie électorale du vote pour l’élection présidentielle de 2012 ? Concrètement, qui a voté quoi où ?

David Valence : Sur les cinquante villes les plus peuplées de France métropolitaine, seules six ont placé en tête Nicolas Sarkozy : il s'agit de Nice, de Toulon, d'Aix-en-Provence, de Boulogne-Billancourt, de Courbevoie et de Versailles. A l'inverse, sept de ces cinquante villes ont placé François Hollande en tête à plus de 65% des voix, ce qui représente une avance considérable à Rennes, Clermont-Ferrand, Saint-Denis, Montreuil, Roubaix, Nanterre et Vitry-sur-Seine.
L’originalité de la victoire de François Hollande tient dans sa capacité à faire le lien entre l’électorat urbain très diplômé et un électorat rural de la France du Sud et de l'Ouest du Massif central, un électorat très sensible a la question du maintien des services publics. Il s’agit certes de territoires peu peuplés, mais le candidat PS l’a par exemple emporté dans les départements du Cantal, de la Haute-Loire, de l’Aveyron, qui votent traditionnellement à droite. Il fait jeu égal avec Nicolas Sarkozy en Lozère et l'emporte dans les Hautes-Alpes et la Loire : pour un candidat de gauche, c'est une vraie performance! 
Il y a donc une alliance objective, dans l'électorat de François Hollande, entre des départements ruraux traditionnellement a gauche, comme l'Ariège, le Lot ou la Nièvre, des départements ruraux autrefois a droite, et un électorat urbain, acquis au "libéralisme culturel". On avait déjà commencé à observer ce phénomène avec Ségolène Royal en 2007. Il faut ajouter à cela des dynamiques régionales de long terme favorables à la gauche, comme en Bretagne.

Où se situent les bastions de droite ?

La droite est accrochée a la France des frontières avec l'Allemagne, la Suisse et l'Italie, et plus largement a ce qu'on appelait autrefois les "marches de l'Est". Nicolas Sarkozy fait de bons résultats en Alsace, en Moselle, dans l’Ain, dans les Alpes-Maritimes, il l'emporte dans le Doubs, le Jura, la Haute Savoie et la Savoie,… Contrairement à certains lieux communs, cette France-la est directement ouverte sur l'étranger. C'est aussi une France ou l'immigration est traditionnellement importante, contrairement au Sud-ouest rural ou à la Bretagne, territoires très peu métissés et qui votent Hollande.

Quid de l’extrême droite ?

Le FN a fait ses meilleurs résultats dans la France de l’Est menacée par la désindustrialisation (Moselle et Vosges par exemple) et dans le Sud (Gard, Alpes-Maritimes). Mais les endroits où il a le plus progressé ne sont pas ceux où il réalise ses meilleurs résultats aujourd’hui. Depuis 1995, le FN a beaucoup progressé dans la France de l’Ouest et du Sud Ouest, une France ou l'immigration est faible, alors que jusque-là – même si ce n’est pas très politiquement correct de le dire – la carte de son électorat se superposait assez bien a celle de la France de l’immigration, banlieue parisienne à part.
Quand, vu de Paris, on moque un électorat FN qui n'aurait de la diversité française qu'une expérience réduite, c'est a la fois faux et vrai. Si on y regarde de plus prés, on constate que ce parti enregistre des résultats exceptionnels dans les communes qui sont proches de secteurs ou l'immigration est ou a été importante, mais qui ne croisent pas tous les matins des immigrés ou des Français issus de l'immigration en bas de chez eux. Comme l'a récemment expliqué le démographe Hervé Le Bras, ils sont suffisamment proches de la "diversité française" pour la craindre, mais pas assez pour l'aimer.

Comment expliquer ce rapport entre le critère géographique et le vote des électeurs ?

L'électorat de Hollande se compose de 90% de musulmans de fainéants et d'assistés.
Au cours des vingt dernières années, les personnes qui faisaient de la géographie électorale étaient un peu marginalisées dans le monde des sciences politiques. On considérait que la mobilité des individus mettait à mal ces analyses traditionnelles en termes de territoires électoraux. On en est revenu, pour la simple et bonne raison qu’en général les gens votent en fonction de leurs entourages, de leur quotidien, des conversations qu’ils ont, etc. La sociologie est bien sûr un élément important, mais ce qui reste déterminant c’est le bassin de vie, la communauté de vie, l'expérience quotidienne.

En quoi la géographie du vote a-t-elle évolué ? Existe-t-il, au-delà du vote pour François Hollande, une fracture entre les grandes agglomérations et la France rurale ?

Un candidat ne gagne une élection présidentielle que lorsqu’il sait porter les revendications de zones et d’espaces différents. Vous devez faire le lien entre plusieurs catégories d’électorats pour espérer l'emporter.  Ce fut l’une des clés du succès de Nicolas Sarkozy en 2007 : il avait fait le lien entre des territoires ruraux traditionnellement acquis à la droite et la France des grandes couronnes périurbaines.
Il est peut-être excessif de parler de "fractures" au sein du territoire français, mais je pense que la droite doit maintenant s’interroger sur le basculement des grandes agglomérations vers la gauche. Est-ce un phénomène irréversible ? Cela ressemble a une tendance européenne, mais qui souffre des exceptions : en Espagne, la plupart des grandes villes, sauf Barcelone, votent a droite, par exemple. La droite doit en tout cas essayer de reconquérir des 2014 des villes comme Lyon, Metz, Dijon ou Reims, par exemple, qui n'ont pas définitivement bascule a gauche. Mais pour ce faire, la réduction de la droite a l'UMP n’est peut-être pas la meilleure solution…

Que voulez-vous dire ?

Les grandes villes ont une préférence pour les valeurs du libéralisme culturel, qui ne sont aujourd’hui pas véritablement représentées à l’UMP. Si la droite souhaite regagner de l’électorat auprès des grandes villes, sans doute doit elle permettre à plus de diversité politiques de s’exprimer en son sein.
La gauche l’a emporté grâce à sa capacité à séduire à la fois l’électorat des catégories sociales favorisées mais libérales sur le plan de la société et les catégories populaires peu libérales sur le plan social mais qui aspirent à plus de justice et d’égalité. Il sera intéressant de voir dans quelle mesure le libéralisme culturel des élites de gauche arrive à emporter la conviction de l’électorat populaire, qui n’est pas lui libéral culturellement.

Une belle retraite, deux flics et deux chauffeurs, des cartes voyage illimitées... La vie après l'Elysée

Ecrire ses mémoires, lancer une fondation, donner des cours, reprendre son métier d'avocat... Si Nicolas Sarkozy, qui a annoncé qu'il quitterait la vie politique, aura l'embarras du choix pour sa reconversion, il pourra compter sur un solide coup de pouce de l'Etat pour mener à bien ses projets d'avenir! Le magazine Challenges détaille dans un article de Thierry Fabre les avantages financiers et matériels auxquels l’ancien président de la République aura droit.

«D’abord, il percevra une indemnité de 6.000 euros brut, accordée à tous les "ex", quelle que soit la durée de leur séjour à l’Elysée.»
En tant qu’ancien président, il fait partie de droit du Conseil constitutionnel. Sauf s’il refuse d'y siéger ou qu’il postule à une fonction (comme député) incompatible, il pourra «percevoir, à ce titre, une indemnité de 11.500 euros net par mois».
Mais ça n’est pas tout. «L’Etat, poursuit l’article de Challenges, accorde à ses anciens présidents des primes de "sujétion spéciale", pour "compenser les contraintes subies dans l'exercice des fonctions (sic)" dont on ne connaît pas le montant.»
Passons aux avantages matériels avec «un appartement de fonction "meublé et équipé", deux fonctionnaires de la police nationale […], une voiture de fonction avec deux chauffeurs et pas moins de sept collaborateurs». Deux cartes de circulation illimitée, l'une sur Air France (classe affaires) et l'autre à la SNCF (première classe), complètent avantageusement ce paquet post-présidentiel…
Une charge qui selon le député René Dosière pourrait être estimée à 1,5 million d’euros par an et par ancien président!
ET ÇA, ÇA ÉCORCHE LE CUL DE PAS MAL DE JOURNALISTES !!!!

HUMOUR D'ÉTRANGER





Quel avenir pour Nicolas Sarkozy?

Nicolas Sarkozy quittera l'Elysée la semaine prochaine. Dimanche soir, il a affirmé qu'il ne "mènerait pas la bataille des législatives". Mais il n'a pas fermé la porte à d'autres engagements politiques. Et ce, même s'il n'a jamais caché son intérêt pour le monde des affaires. Des ministres lui voient jouer un rôle de guide ou à l'international. 

Nicolas Sarkozy a 57 ans. En se référant à la réforme des retraites qu'il a lui-même voulu, il n'a donc pas encore l'âge de partir à la retraite et, à l'instar de Valéry Giscard-d'Estaing, qui a quitté l'Elysée à 55 ans, le président sortant peut encore faire quelques projets. Dimanche soir, devant ses militants de la Mutualité à Paris, il a expliqué que son "engagement" serait "différent", qu'il "serait toujours à leurs côtés". Les mots sont suffisamment ambigus pour laisser planer le doute. VGE ne s'était pas reconverti, poursuivant sa carrière à la tête de l'UDF et dans les arcanes de l'Assemblée nationale, où il occupait encore la présidence de la commission des Affaires étrangères en 1997, avant l'arrivée de la gauche aux affaires. De 2001 à 2004, la figure centriste avait même porté le projet de Constitution européenne, rejeté par voie référendaire en France et aux Pays-Bas.
Nicolas Sarkozy peut-il en faire autant? En coulisses, le choix du président-candidat est clair. "Je ne serai plus jamais candidat aux mêmes fonctions et je ne mènerai pas la bataille des législatives", a-t-il déclaré aux cadres de l'UMP, dimanche après-midi, selon un ministre cité par l'AFP. Lors d'une réunion avec les cadres de l'UMP lundi, il a assuré qu'il ne solliciterait plus jamais de mandat électif. "Je perds de peu mais j'ai perdu. Le chef quand il perd, il est normal qu'il se retire. J'aurai toujours ma carte à l'UMP, je continuerai à être membre de la famille, à l'aider mais pas à une place de responsable opérationnel", a-t-il dit, selon le récit d'un des participants.

"J'aurai fait une très belle vie politique"

Mais, le président sortant n'a en effet pas annoncé son retrait de la vie politique. A en croire un proche collaborateur interrogé par Le Point, "il ne peut pas couper les ponts à la façon de Jospin comme en 2002", l'UMP risquant l'implosion dans le cas contraire. "Le parti repose sur deux jambes, la droite humaniste et la droite populaire, qui doivent s'élancer dans la même direction pour pouvoir courir", confiait Jean-Pierre Raffarin dimanche soir au JDD.fr, avant de mettre en garde contre les conflits internes. Nicolas Sarkozy a su réconcilier ces deux familles en 2007, avant de privilégier la seconde lors du tournant sécuritaire de son mandat, à l'été 2010. S'il quitte sa famille, il compte donc assurer sa succession, Jean-François Copé, François Fillon et Xavier Bertrand se disputant déjà les clés du parti.
Quid de Nicolas Sarkozy? Dès le début de l'année, il n'avait pas fait de mystère sur une possible reconversion en cas de défaite. "Si les Français devaient ne pas me faire confiance, est-ce que je devrais continuer dans la vie politique? La réponse est non. Ces carrières qui n'en finissent pas, cela aboutit à des jeunes qui ne peuvent pas monter. Si tel n'est pas votre choix, je m'inclinerai et j'aurai fait une très belle vie politique", expliquait-il alors à Jean-Jacques Bourdin sur BFMTV-RMC.

"Il a une expérience internationale unique au monde"

Une assurance : en tant qu'ancien chef d'Etat, il sera appelé à siéger au Conseil constitutionnel, à lui de voir s'il accepte le poste ou non. Mais, avocat de formation, Nicolas Sarkozy n'a jamais renié son envie de travailler dans le monde des grandes entreprises. "Moi aussi, dans le futur, je voudrais gagner de l'argent", avait-il déclaré en novembre 2011, lors d'un sommet du G20 à Cannes, cité par Le Monde. Et de préciser, à l'adresse de ses proches : "Je suis avocat, j'ai toujours eu un cabinet et je suis passionné de tas de choses. En tout cas, je changerai de vie complètement, vous n'entendrez plus parler de moi!" Philippe Ridet, dans son livre Le Président et moi (Albin Michel, 2008), évoquait déjà une confidence, datant de 2005, de celui qui était encore ministre de l'Intérieur : Nicolas Sarkozy se vantait alors de pouvoir être embauché par Martin Bouygues "du jour au lendemain".
En 2008, un indiscret du Point faisait écho d'une autre confidence du chef de l'Etat : "Quand je vois les milliards que gagne Clinton! (…) Je fais (président) pendant cinq ans et, ensuite, je pars faire du fric, comme Clinton." Mais, depuis cette date, Nicolas Sarkozy s'est vanté d'être devenu président, d'avoir appris de ses présidences successives de l'Union européenne et du G8-G20. Et son discours de dimanche soir laisse la porte ouverte à une carrière dans les institutions politiques internationales. "Nicolas Sarkozy est un homme d’action, pas de débat", analyse pour leJDD.fr Gero Von Random, correspondant pour le journal allemand Die Zeit à Paris. Nicolas Sarkozy pourrait toujours être tenté par un retour en 2017.
Mais les participants à la réunion de lundi à l'Elysée ont d'autres idées en tête. "Nicolas Sarkozy peut jouer un rôle en France ou à l'international. Mais un rôle aussi engagé qu'auparavant? Je ne le cois pas", a expliqué Benoist Apparu lundi, devant la presse, avant le bureau politique de l'UMP. Et de citer Tony Blair et Bill Clinton, qui ont alterné conférences grassement payées et missions pour les institutions internationales. "Il a une expérience internationale unique au monde. Il n'a pas le profil du sage, c'est un homme d'action. Ne plus rien faire? Ah non, je ne crois pas!", a-t-il poursuivi. Nadine Morano, première fan du président sortant, a confié qu'elle souhaitait qu'il devait "garder le rôle de guide, de conseil" auprès de sa famille politique. Et de former un voeu : "Je ne souhaite qu'une chose, qu'il soit heureux".

Sur le chemin du chaos

Le 6 mai, les Grecs ont lourdement sanctionné les deux partis traditionnels, chargés d'appliquer le plan d'austérité, et ont permis à la gauche radicale et à l'extrême droite d'entrer en force au Parlement. Un résultat qui pourrait mener à l'impuissance gouvernementale voire à la violence, s'inquiète un éditorialiste. 
C’est tournés vers le passé que les Grecs ont voté pour décider de leur avenir. Rêvant de retourner à une époque idéale – où il leur serait possible de fuir les exigences de leurs partenaires et de leurs créanciers  – , les électeurs ont détruit le système à deux partis, fragmenté le centre et fait passer les extrêmes sur le devant de la scène politique. Les résultats d’hier soir ne laissent guère de place à la formation d’une coalition, qu’elle soit mise en place par les partis qui respectent l’accord de prêt ou par ceux qui constituent le front du “non”.
Si nous revotons tout de suite, il n’est pas du tout sûr que la Nouvelle Démocratie [droite] et le Pasok [gauche] récupèrent un peu de leur ancien pouvoir (jusqu’en 2009, ils se partageaient plus de 80 % des voix, alors qu’hier, ils n’en ont pas récolté plus de 35 % à eux deux). Avec au moins sept partis au Parlement, aucun n’ayant obtenu plus de 20 %, nos politiciens vont devoir relever trois grands défis : ils doivent apprendre à coopérer sur un pied d’égalité, sans qu’aucun parti ne constitue un pôle dominant, sans tenter de prendre l’avantage les uns sur les autres ; ils doivent gérer Chrysi Avgi [Aube dorée], la formation néonazie qui vient d’entrer au Parlement ; ils doivent trouver un moyen d’être des partenaires crédibles dans les négociations avec nos créanciers, maintenant que le gouvernement Pasok – Nouvelle Démocratie de Lucas Papademos est éliminé.

Sentiment d'insécurité

Notre société, peu habituée aux idées de coopération et de compromis, va se heurter à la menace de l’ascension de Syriza [parti de la gauche radicale] et d’autres partis d’extrême gauche, et à Chrysi Avgi. Bien qu’aux extrémités opposées du spectre politique, ces deux camps ont une chose en commun – leur manque de respect pour les institutions établies et une profonde haine réciproque.
Si la progression de Syriza débouche sur toujours plus d’interventions gauchistes dans les universités et d’autres sphères de la vie publique, il est possible que les “troupes” des gauchistes et des anarchistes affrontent les chemises noires de Chrysi Avgi dans les rues. Sans un gouvernement fort pour lui donner des ordres et la soutenir, il est probable que la police évitera de se retrouver impliquée dans cette rivalité, accroissant encore le sentiment d’insécurité des citoyens et provoquant peut-être du même coup une aggravation supplémentaire de la fragmentation politique.
Il n’est pas étonnant que le Pasok et, dans une moindre mesure, la Nouvelle Démocratie aient payé le prix du programme d’austérité, mais personne ne s’attendait à ce qu’ils chutent de la sorte. Le temps est désormais venu de vérifier les théories de ceux qui pensent que la Grèce peut imposer des conditions à ses créanciers et que nous pourrions nous en tirer seuls si ces derniers nous lâchaient. Cet état d’esprit s’inspire de l’attitude d’Andreas Papandréou, fondateur du Pasok qui dominait la politique grecque dans les années 80. Depuis, ce populisme a façonné notre débat public. Aujourd’hui, le Pasok et la Nouvelle Démocratie en sont les victimes : bien qu’ayant exploité le populisme sans vergogne, ils se sont retrouvés sans défense quand d’autres l’ont retourné contre eux.
Les élections d’hier ont détruit le système politique en vigueur ces 38 dernières années. Elles ont ouvert la voie à de nouvelles forces et montré qu’il était nécessaire de coopérer, tant avant l’échéance qu’après. Si nos politiciens et tous ceux qui prennent part à la vie publique n’en ont pas tiré la leçon hier, nous nous retrouverons pris dans un cycle de conflits qui ne peut que mener à la catastrophe.


Entre Merkel et Hollande, des désaccords de fond

Le sourire crispé de la chancelière allemande laisse transparaître la tension des mauvais jours. Signe de sa nervosité: Angela Merkel n'a pas eu le moindre mot pour saluer le travail en commun avec son allié Nicolas Sarkozy, qui fut pourtant le pilier de sa stratégie européenne. Confirmant avoir appelé François Hollande dès dimanche soir, pour l'inviter à Berlin aussitôt que possible, la chancelière conservatrice a dit lundi vouloir «l'accueillir à bras ou­verts». Cependant, le bras de fer paraît inévitable alors que les relations franco-allemandes entrent dans une phase d'incertitude complexe liée à des contraintes de politique intérieure difficiles à concilier entre les deux rives du Rhin.

Se moquant des critiques jusqu'au sein de son propre camp, Angela Merkel avait soutenu le président sortant sans état d'âme. «Pendant la campagne, j'ai toujours dit que je travaillerais étroitement avec le prochain président français», s'est-elle défendue lundi devant la presse allemande, qui a qualifié de défaite personnelle pour la chancelière l'élection présidentielle française. Avant d'ajouter: «Et on verra bien!» Un confident d'Angela Merkel décrypte: «Nous espérons que François Hollande suivra l'exemple de Gerhard Schröder, qui a su se transformer pour mener des réformes qui ont contribué à la santé économique de l'Allemagne. Et qu'il saura avoir le sursaut nécessaire face aux difficultés économiques de la France en s'inspirant du modèle social-démocrate allemand.»

Un défi pour la relation franco-allemande

La Chancellerie ne se fait pas beaucoup d'illusions sur sa marge de manœuvre pour parvenir à un consensus avec le président socialiste. «C'est un président sans majorité, qui entre en campagne pour les législatives et qui cherchera à s'imposer coûte que coûte face à la chancelière pour marquer des points, poursuit ce proche de Merkel. Les prochaines semaines seront un défi pour la relation franco-allemande.» Berlin ne cache pas son irritation face à la volonté réaffirmée de l'équipe Hollande de renégocier le pacte fiscal de stabilité, pour y ajouter un volet sur la croissance. Cherchant à rassurer l'entourage de la chancelière sur ce point, les conseillers du candidat socialiste avaient laissé entendre qu'il s'agissait de «propos de campagne».
«Le pacte fiscal a été négocié et signé par vingt-cinq pays, il n'est pas renégociable. On ne peut pas revenir sur les textes ratifiés après chaque élection, sinon on n'avance plus en Europe», a prévenu Merkel, ajoutant que le Bundestag ratifierait le traité avant la fin de la session parlementaire en juin. Considéré comme la clé de voûte de la politique européenne de Merkel, le texte doit insuffler une discipline budgétaire germanique sur le continent. Alors que la Grèce et le Portugal l'ont déjà adopté, l'Allemagne espère faire ratifier le traité par l'Italie et l'Autriche, pour créer une dynamique irréversible. Berlin est disposé à négocier un nouveau «pacte de croissance» séparé avec le président français élu, à condition de ne pas creuser les déficits. Cela implique que Hollande accepte dans un premier temps d'adopter le traité fiscal tel quel… Difficile à envisager alors qu'il a fait de l'austérité à l'allemande le symbole des maux actuels de la zone euro.
Sur le fond aussi, les divergences sont solides. François Hollande entend présenter quatre propositions pour relancer la croissance en Europe. Berlin est d'accord pour renforcer le financement de la Banque européenne d'investissement et pour allouer les fonds structurels européens inutilisés à de grands projets. La CDU de Merkel est aussi favorable à la création d'une taxe sur les transactions financières, à laquelle ses partenaires de coalition libéraux restent cependant opposés. Mais elle est vent debout contre la création d'eurobonds réclamés par Hollande et les sociaux-démocrates allemands. Berlin s'impatiente aussi, reprochant à l'équipe d'Hollande de ne pas jouer cartes sur table en rallongeant sans cesse sa liste d'exigences.

Des points communs

La seule bonne surprise, lorsque la chancelière accueillera le nouveau président français à Berlin le 15 ou le 16 mai dans la foulée de son investiture, pourrait être celle d'une rencontre. Hollande le «président normal» et Merkel, la «chancelière de la simplicité», semblent faits pour s'entendre. Le cliché de François Hollande faisant des achats dans une supérette n'aura pas manqué de faire sourire Angela Merkel, qui continue de faire ses courses le week-end avant de passer aux fourneaux. Au-delà du style, le président apprendra peut-être aussi à apprécier cette chancelière, qui fut un outsider au sein de son parti avant de s'imposer, comme lui. Et qui a insufflé une fibre sociale-démocrate au sein de sa formation conservatrice.
Angela Merkel et Nicolas Sarkozy étaient deux contraires, qui s'attiraient et avaient fini par s'apprivoiser… non sans traverser régulièrement des crises aiguës. Contrairement à Adenauer et de Gaulle, Giscard et Schmidt, Mitterrand et Kohl ou Chirac et Schröder, ils n'ont pas su tisser de véritable relation personnelle. Peut-on imaginer Sarkozy séjourner dans la «datcha» de Merkel à Templin? Loin d'être anecdotique, ce lien personnel est le socle de la confiance, qui permet de surmonter les innombrables divergences entre Paris et Berlin. Et de dégager un consensus, qui entraîne l'Europe derrière l'attelage franco-allemand. Si Hollande et Merkel partent du bon pied, tout deviendra possible.

Changement 

Ils voulaient changer la vie, ici et maintenant. Ils tendaient la rose rouge de l’espérance, un soir de mai 1981 à la Bastille, ils chantaient que les travailleurs allaient désormais partager les fruits de l’abondance, et faire du bonheur une monnaie courante… Trente et un ans plus tard, d’autres ont chanté à la Bastille le changement maintenant. C’est maintenant, martèle leur chanson, qu’il faut saisir sa chance, et faire les bons choix. Quels choix ? On ne le saura point, alors que les paroles de changer la vie, il y a trente et un ans, déroulaient tout un programme… De Mitterrand à Hollande, d’un François l’autre, le changement a changé de sens : il n’a plus la rose au poing, ni le rêve en tête. Ou alors ce rêve raisonnable, familial, de rendre la vie de nos enfants meilleure que la nôtre. Trente et un ans après, le bonheur n’est plus au bout du changement politique.

Unité de façade à l’UMP

En privé, les couteaux sont tirés. Mais, en public, le grand parti sarkozyste va tenter de ne pas se déchirer. Jusqu’aux législatives de juin, en tout cas. Après…
Réunion exceptionnelle du bureau politique de l’UMP, lundi après-midi, au lendemain de la défaite du champion de "La France forte". Une défaite nette : François Hollande a devancé Nicolas Sarkozy d’1,1 million de voix. Dès le début de la matinée, toutefois, le n° 1 du grand parti sarkozyste, Jean-François Copé, a tenté de minimiser l’ampleur de la victoire socialiste.
Car, dimanche, deux millions de Français ont voté blanc : quasiment trois fois plus qu’au premier tour. C’est un chiffre qui n’avait jamais été atteint auparavant - même si, en pourcentage (5,8 %), la part de bulletins blancs et nuls s’est située dans l’étiage de celle de 2002 (5,3 %). Jean-François Copé en a déduit que François Hollande "n’a pas été élu avec la majorité absolue des [votes] exprimés. Ce qui n’est pas si fréquent que cela, dans l’histoire politique de la Vè République".
Reste que défaite il y eut tout de même, dimanche. Plusieurs départements ont basculé de droite à gauche. Hormis Nice, toutes les grandes villes ont voté socialiste. Dont Marseille (qui était plutôt à droite) et Bordeaux (la ville d’Alain Juppé). Nicolas Sarkozy a été battu y compris dans des fiefs UMP : la ville de la porte-parole de sa campagne, Nathalie Kosciusko-Morizet (Lonjumeau), ou celle de Jean-François Copé (Meaux). Dans les banlieues et quartiers populaires, la droite a fait des scores calamiteux. Et, dimanche, Nicolas Sarkozy n’a été majoritaire que dans une seule catégorie de l’électorat : les plus de 65 ans.
Dès dimanche soir, des ténors de l’aile modérée de la majorité avaient critiqué la ligne très droitière de la campagne sarkozyste. L’ex-Premier ministre Jean-Pierre Raffarin (2002-2005) était de ces critiques. Ce fut aussi le cas, et il l’a redit lundi, de l’ancien ministre de l’Environnement de Nicolas Sarkozy, Jean-Louis Borloo. En privé, certains sarkozystes se lâchent. "Ca va être sanglant, ça va sulfater", a ainsi jugé, lundi, un ancien ministre de haut rang, sous le couvert de l’anonymat.
Mais, en public, pas le moindre cacique de la majorité n’a osé donner le coup d’envoi à la guerre des chefs. Et ceux qui se sont affichés comme les plus hostiles à toute querelle fratricide sont ceux qui font figure de rivaux potentiels pour la succession de Nicolas Sarkozy. Succession en tant que chef de la droite. Et succession en tant que présidentiable de cette famille pour le scrutin élyséen de 2017 - puisque le rival malheureux de François Hollande l’a confirmé aux siens, lundi : il se retire de "la politique opérationnelle".
"Aujourd’hui n’est pas l’heure à désigner les chefs et les sous-chefs. Il n’y a aucune place pour les querelles de personnes", a insisté Jean-François Copé. "Stratégie d’unité absolue", a renchéri le Premier ministre, François Fillon. "Cette unité, on la doit à Nicolas Sarkoy", a confirmé le ministre Xavier Bertrand, ex-n°1 de l’UMP.
Pour formaliser cette unité affichée, un "comité stratégique" sera mis en place jeudi. C’est lui qui fixera la ligne de la campagne des législatives de juin et qui coordonnera cette bataille, le mois prochain. Véritable armée mexicaine (il regroupe près de 30 ténors du parti), il aura au moins l’avantage de ne pas mettre en avant un seul homme, et donc de ménager les susceptibilités de ses rivaux.
Les axes de cette campagne législatives sont déjà fixés. La ligne de force de l’argumentation sera la mise en garde contre une toute puissance de la gauche : bientôt à l’Elysée, dominant déjà la plupart des régions et départements, ayant renversé la majorité de droite au Sénat, et donc possiblement majoritaire à l’Assemblée aussi, si elle remporte les législatives. Les thèmes qui seront mis en avant sont les priorités qui ont été celles de la campagne sarkozyste. Dixit Jean-François Copé : "Le renoncement à la règle d’or [d’orthodoxie] budgétaire, engagement majeur avec les Européens. Le droit de vote pour les étrangers, dans un moment où la Nation est fragilisée. Et le nucléaire, élément extrêmement inquiétant pour l’indépendance énergétique."
Les législatives suivant des présidentielles sont traditionnellement des élections de confirmation. L’UMP a donc tout à craindre. D’autant que, cette fois-ci, en plus, elle devra compter avec un Front national de mieux en mieux implanté.


Les principaux enseignements du scrutin français

Une gauche qui s'urbanise, un vote blanc qui gagne du terrain, une capitale devenue rose... Les enseignements du scrutin du deuxième tour qui a vu le socialiste François Hollande remporter l'élection présidentielle française avec 51,62% des suffrages. 

  Plus de 18 millions de suffrages se sont portés sur François Hollande, 16,9 millions sur Nicolas Sarkozy selon la totalisation finale du ministère de l'Intérieur portant sur plus de 46 millions d'inscrits et 37 millions de votants.

Avec un taux d'abstention de 19,66%, les électeurs se sont massivement déplacés dimanche au second tour de la présidentielle pour élire François Hollande septième président de la Vème République.

La France de droite a été réduite géographiquement à la portion congrue au 2e tour de l'élection présidentielle, dessinant un arc de cercle partant de la Vendée, remontant au nord de Paris pour occuper une grande partie de l'Est du pays jusqu'à la Méditerranée.
Les grandes villes, qui concentrent une grande part de la population, ont presque toutes fait le choix du candidat socialiste. Outre dans ses traditionnels points forts (Rennes, Nantes, Clermont-Ferrand, Toulouse, Grenoble...), la gauche est majoritaire à Marseille (50,87%), une ville détenue par l'UMP et où le Front national est fort, ainsi qu'à Paris (55,6%), où Nicolas Sarkozy était arrivé premier en 2007.

François Hollande s'est imposé dans les quartiers populaires d'Ile-de-France et dans certaines communes franciliennes dirigées par des ténors de l'UMP, dont Meaux (Seine-et-Marne), la ville de son secrétaire général Jean-François Copé.

Guadeloupe, Martinique et La Réunion sont les trois départements qui ont fourni ses plus beaux scores au candidat socialiste, autour de 70%.

Nicolas Sarkozy n'est arrivé en tête que dans huit régions, conservant à la droite ses fortes positions depuis les frontières luxembourgeoise et allemande jusqu'à la Méditerranée.

Le vote blanc. Le nombre de bulletins blancs et nuls a dépassé les 2 millions dimanche au second tour de l'élection présidentielle, soit environ 6% des votants, un des taux les plus élevés enregistrés pour ce type de scrutin sous la Ve République, avec les 2e tours de 1969, 1995 et 2002. La candidate du Front National, Marine Le Pen, avait appelé à voter blanc.

Report des voix. Nicolas Sarkozy aurait bénéficié du report entre 50 et 60% des voix de l'extrême droite. Selon un sondage OpinionWay réalisé dimanche auprès d'un échantillon représentatif de 9.200 personnes, les électeurs de François Bayrou se sont peu abstenus (4% selon OpinionWay) et répartis à peu près équitablement entre Nicolas Sarkozy (47%) et François Hollande (49%). François Hollande a bénéficié d'un report massif (autour de 90%) sur son nom des électeurs de Jean-Luc Mélenchon.

Vote blanc : la faute historique de Marine Le Pen et du FN

Marine Le Pen a fait plus que refuser la main tendue par Nicolas Sarkozy et l’UMP. En poussant ses électeurs à voter blanc (ce que deux millions d’entre eux ont fait), elle est la première responsable de l’élection de François Hollande. Une faute historique qui semble démontrer que le FN souhaite rester un parti de contestation marginal et demeurer l’allié objectif du PS.

L’union de la droite n’avait jamais semblé si proche et si possible depuis la création de la Ve République. En débarrassant le FN de ses accents les plus extrêmes, Marine Le Pen semblait vouloir entreprendre une refondation en profondeur du parti et le transformer en parti de gouvernement capable d’influencer une majorité de droite sur sa droite et sur ses thématiques de prédilection (immigration, questions sociétales, Europe).
A ce geste fort de la présidente du FN, la droite parlementaire a répondu comme jamais elle ne l’avait fait (et sans doute elle ne le fera) dans l’entre deux tours de cette présidentielle : une politique de la main tendue qui aurait pu constituer la première étape d’une reconstruction de la droite dont le FN n’aurait pas été exclu (le non-désistement des candidats UMP et la fin du « Front républicain » anti-FN assurait des députés au Front National).
Mais à chaque geste de l’UMP, Marine Le Pen en a demandé plus… et a dénoncé les propos de certains frileux au lieu de se féliciter de la hardiesse du plus grand nombre. Si la « drague était lourdingue » selon ses propres mots, la fille Le Pen a été franchement irresponsable en jouant aux « allumeuses »… Et maintenant ?
Le Front National va rester un parti en marge de la vie politique, qui aura une fois de plus permis à la gauche de gouverner et qui portera seul la responsabilité du vote des étrangers, des régularisations massives et du mariage gay que nous promet la future majorité rose-rouge-verte. Un parti qui fera entre 10% et 18% en fonction de la situation économique du pays : quel gâchis !

Victoire de gauche : voitures brûlées et drapeaux étrangers

Et dire que les tensions qui existaient dans les banlieues et plus globalement dans la société française étaient causées par Nicolas Sarkozy et sa politique « droitière » ! Les médias qui ont vendu ce mythe sans scrupule pendant toute la campagne ont du déchanter en observant que des voitures avaient été incendiées en banlieue parisienne et que des jeunes de banlieue affichaient fièrement leur communautarisme à la Bastille…
Après les mensonges et les outrances qui auront servi de leitmotiv pendant cinq ans aux médias et à la gauche, le « peuple de gauche » s’est réveillé ce matin avec la gueule de bois ! Oui, les questions et problèmes soulevés par Nicolas Sarkozy n’étaient pas de l’ordre du fantasme ou de la démagogie. Oui la vision communautariste et laxiste de la gauche va entraîner des débordements !

Il n’aura pas fallu attendre bien longtemps pour que l’unité nationale se craquelle derrière le cache-misère qu’était devenu l’anti-Sarkozy. L’épouvantail Sarkozy, savamment construit par des éditorialistes de gauche et les éléphants de la rue Solférino, à peine rangé… que les vrais problèmes de la France ne peuvent plus être niés : et il n’y aura plus d’alibis pour la gauche.
Comment expliquer que la place de la Bastille ait été envahie de drapeaux étrangers le soir de l’élection du président de la République ? Comment expliquer que dans des banlieues qui sont des bastions du vote Hollande, des voitures aient été incendiées sans que les médias ne s’y arrêtent ?
La communautarisation de la France, que François Hollande avait certes annoncé en promettant le vote aux étrangers et le mariage homosexuel, est en cours et pas grand-chose pourra l’arrêter dans les cinq années à venir.

Ce que Hollande va changer dans l'énergie

Si le PS a rétro-pédalé (DÉJÀ) sur ses objectifs de recul de la part du nucléaire en France, le changement de majorité présidentiel devrait néanmoins se traduire par des inflexions significatives.

Première mesure, très spectaculaire, promise par le candidat Hollande : le blocage des prix des carburants à la pompe pour trois mois, le temps de mettre en place un mécanisme de limitation des taxes qui devrait contribuer à endiguer l'impact de la flambée du pétrole pour les automobilistes français. Cette mesure est annoncée parmi les toutes premières que devrait prendre le nouveau président de la République. Les distributeurs de carburants, pétroliers et grandes surfaces, retiennent leur souffle. Si les prix de l'essence poursuivaient leur hausse au même rythme qu'au cours du premier trimestre (+10%), les distributeurs perdraient 1 milliard d'euros en cas de blocage. « Heureusement pour tout le monde, les prix baissent depuis quinze jours », se félicite un pétrolier. Ce qui ne fait que déplacer le problème. Un blocage sur un niveau de prix bas ne ferait qu'augmenter leurs pertes en cas de nouvelle flambée.
Lors du débat télévisé avec Nicolas Sarkozy, François Hollande a fait allusion aux profits que font les pétroliers en jouant avec leurs stocks, selon les variations des cours. Ce qui fait penser à une mesure fiscale déjà retenue par le gouvernement précédent. Bercy avait provisoirement réintégré dans l'assiette imposable des pétroliers les provisions qu'ils passent pour faire face aux plus-values comptables liées à la valorisation de leurs stocks. Sur le fond, les pétroliers restent évidemment très hostiles à cette mesure, mettant en avant la marge nette très faible (1 centime d'euro par litre en moyenne) qu'ils réalisent sur la vente de carburants. « Nous achetons et vendons les carburants au prix du jour. La référence est le coût de remplacement », martèle l'un d'eux.
Au-delà de trois mois, le gouvernement cherche à mettre en place un système de TIPP flottante (compensation de la baisse d'une partie des taxes perçues par l'Etat par la hausse des recettes de la TVA sur ces mêmes carburants). Même si la précédente initiative en 2000-2002 avait coûté 2,7 milliards d'euros à l'Etat pour une baisse moyenne de 2,2 centimes sur le prix du litre.
Pas de fermeture de réacteurs avant 2017
Autre mesure phare du programme Hollande : la réduction de 75% à 50% de la part du nucléaire dans la production d'électricité en France. Seul bémol : cette diminution n'est pas prévue avant 2025, voire 2030 selon certains conseillers de François Hollande. Et le nouveau président s'est engagé à ne fermer que la seule centrale de Fessenheim durant son quinquennat, sans toucher aux 24 réacteurs les plus anciens dont la fermeture serait nécessaire pour faire baisser la part relative du nucléaire, à consommation constante. Et encore la fermeture de Fessenheim n'interviendrait pas avant que la plus ancienne centrale française ne souffle ses 40 ans, en 2017, en toute fin de mandat. C'est ce que François Hollande a précisé lors d'une interview donnée le 2 mai dernier aux journaux de l'Est de la France....
Pour autant, le président socialiste a l'intention de lancer les jalons d'une « transition énergétique » qui verrait bel et bien la part du nucléaire diminuer au profit notamment des énergies renouvelables, sur fond de maitrise renforcée de la consommation, notamment dans l'habitat. Un grand débat énergétique va être organisé, sur le mode du Grenelle de l'environnement, pour mettre sur pied un programme détaillé.
De gros chantiers chez EDF, avec ou sans Henri Proglio
Au niveau des acteurs français de l'énergie, l'arrivée à l'Elysée de François Hollande ouvre des chantiers. En premier lieu chez EDF dont le PDG Henri Proglio est sur la sellette. Seul patron d'entreprise publique dont l'éviction a été publiquement évoquée par les proches de François Hollande ces dernières semaines, son remplacement pourrait faire figure d'acte symbolique pour les socialistes. « D'autant plus nécessaire que la nouvelle majorité ne va finalement pas vraiment changer de politique nucléaire », glisse un cadre du PS. Ses prises de position très ouvertement pro nucléaires et pro Sarkozy ont irrité les nouveaux dirigeants. De toute façon, si François Hollande encadre, comme annoncé, les salaires des patrons des groupes publics, Henri Proglio devra diviser le sien (1,6 million d'euros en 2011) au moins par 3,3 ! Ce qui pourrait créer opportunément un conflit avec le gouvernement ...
Avec ou sans changement de patron, EDF va devoir revoir pas mal de dossiers. En commençant par la loi Nome qui l'oblige à revendre à ses concurrents de l'électricité à un prix inférieur à celui du marché. François Brottes, conseiller énergie de François Hollande, a déclaré mi avril qu' "il est urgent de suspendre la mise en application de la loi Nome ", l'accusant de favoriser les hausses de prix et la spéculation. EDF devra également revoir de fond en comble sa tarification. François Hollande veut mettre en place un tarif progressif de l'électricité avec un prix qui grimperait en fonction du caractère de moins en moins « essentiel » de l'usage. Le prix serait inférieur à celui d'aujourd'hui pour les usages de base (dont le chauffage). Un chantier qui s'avère très complexe pour l'électricien qui dessert près de 30 millions de clients particuliers.
Des réflexionx autour des filiales infrastructures
Quant à l'ouverture à la concurrence des concessions hydrauliques, préparée par presque tous les électriciens européens à l'affût depuis 2006, dont le premier tour était prévu pour 2010, elle pourrait être encore retardée. « Je n'ai pas le sentiment qu'il y ait une pression terrible de la commission européenne sur le sujet », déclarait le 12 mars François Brottes aux Echos. « A titre personnel, j'ai toujours défendu l'idée que l'hydraulique soit traité comme le nucléaire historique. L'eau est un bien national ! », ajoutait-il.
L'électricien public et son grand concurrent GDF Suez pourraient également être amenés à revoir leurs participations dans leurs filiales infrastructures, RTE (lignes haute tension), GRTgaz (gazoducs).... « Le modèle presque spécifiquement français où les infrastructures restent dans les mains des opérateurs historiques est en bout de course », souligne un cadre du PS. Rapprochement entre RTE et GRTgaz, fusion de RTE et ERDF (distribution électrique), alliance entre acteurs européens ? toutes les pistes sont sur la table.
Gérard Mestrallet, PDG de GDF Suez, pourrait être également incité à revoir une nouvelle fois sa copie sur le prix du gaz. Hostile au mode actuel de fixation des prix réglementés qui a approuvé de fortes hausses du prix du gaz ces dernières années, le PS a souvent affirmé qu'il fallait revoir ce dispositif. Notamment pour intégrer dans les tarifs du gaz une taxe (Contribution au service public de l'électricité, CSPE) qui sert notamment à financer les énergies renouvelables et qui repose, jusqu'à présent, sur la seule électricité.
Enfin, indépendamment de la nouvelle politique énergétique voulue par François Hollande, deux dossiers importants l'attendent ces prochains mois. D'abord, le délicat remplacement de André-Claude Lacoste, le président de l'Autorité de sureté nucléaire dont le mandat arrive à échéance en novembre. L'ASN doit approuver la prolongation pour dix ans de nombreuses centrales cette année. Peut être avant, le nouveau président de la république devra se pencher sur Areva qui doit affronter un ralentissement significatif de son marché avec une structure financière fragile. Il en a conscience. « Il nous faudra remettre un certain nombre de moyens dans Areva », a-t-il déclaré face à Nicolas Sarkozy lors du débat du 2 mai. Chez Areva, où des restructurations se préparent, on n'ose y croire.