TOUT EST DIT

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dimanche 29 avril 2012

La gauche, les pseudo-réformes de l'Etat et le déclin des services publics

Le premier pilier de l’État, c’est la constitution. Le principal mérite d’une constitution est l’ancienneté, la patine qui en fait un texte sacré que personne ne doit être tenté de plier à sa guise. Aucune constitution n’est parfaite mais une constitution ancienne a plus de chances d’être respectée qu’une nouvelle. Longtemps le vice de la France avait été son instabilité constitutionnelle : quinze régimes, seize constitutions en un siècle et demi ! En instaurant la Ve République, le général de Gaulle pensait mettre fin à cette instabilité. Il y réussit d’autant mieux que le régime, après avoir franchi le cap de la mort de son fondateur, réussit le virage du passage à gauche en 1981. Mitterrand qui avait pourtant dénoncé avec véhémence « Le coup d’État  permanent » que représentaient ces institutions eut la sagesse de ne pas les remettre en cause.
On peut seulement se demander si, toutefois, bien que fidèle à la lettre des institutions, la cohabitation de 1986-1988 ne fut pas une grave entorse à leur esprit. C’est ce que pensèrent Marie-France Garaud et Raymond Barre. Michel Debré, rédacteur de la constitution, ne le pensa pas.
La vraie rupture fut l’instauration du quinquennat en 1999, à l’initiative conjointe de Chirac et de Jospin. Si la gauche n’avait pas été au pouvoir, il n’est pas sûr que le président de la République aurait trouvé pour ce faire une majorité. Comme il arrive presque toujours quand l'idéologie s’en mêle, les effets furent à l’inverse du but recherché. La principale victime de ce changement fut le Parlement, singulièrement l’Assemblée nationale qui, désormais élue dans la foulée de la présidentielle, y a perdu ce qu'elle avait encore d’autonomie. La fonction présidentielle s’est apparemment renforcée au détriment du premier ministre comme l’a montré l’attelage Sarkozy-Fillon, mais le président, devenant un peu son propre premier ministre, a perdu une partie de la hauteur de vue qui devait être la sienne dans le dessein primitif.
On ne saurait cependant reprocher à la seule gauche l’altération des institutions, tant il est vrai que l’ampleur de la réforme Sarkozy du 21 juillet 2008, dont on cherche en vain la cohérence puisque elle affaiblit le pouvoir du gouvernement, constitue une quasi-mutation. Il reste que c’est aujourd’hui la gauche, toute à son irresponsabilité en matière d’institutions qui parle de passer à la VIe République. Mélenchon et Montebourg l’ont dit très fort (sans jamais en préciser le contenu) ; les autres socialistes y pensent. Faire replonger la France dans le cycle d’instabilité d’où elle était sortie en 1958, sans savoir exactement quelles institutions on veut, ni en quoi elles résoudraient les problèmes qui se posent aujourd’hui, est gravement irresponsable.
Si on peut mettre au crédit de Mitterrand d’avoir ménagé le cadre institutionnel, on ne saurait en dire autant de Rocard et de ses émules qui sont les initiateurs de réformes de l’appareil d’État  d’autant plus destructrices que, au-delà l’équilibre des pouvoirs, elles touchent la machine exécutive dans ses profondeurs.
Quand un élève de l’ENA sort à l’inspection des finances, on imagine qu’il sera d’abord attiré par le pouvoir et par l’argent et c’est ce qui arrive ordinairement. Mais se présenter en même temps comme un homme de gauche ne nuira nullement à sa carte de visite, au contraire.
En se ralliant à la gauche, hier au Club Jean Moulin ou au PSU, aujourd’hui aux « Gracques », les brillants technocrates qui ont cette chance semblaient y apporter une rigueur gestionnaire qui, à une certaine époque, lui faisait défaut. Se réclamer de Pierre Mendès-France, de Michel Rocard ou de Jacques Delors était alors bien porté.
Pour peu qu’ils conservent un peu de leur éducation catholique et les voilà promis à une carrière brillante : de gauche, mais bien-pensants dira la droite, catholiques mais des nôtres, dira la gauche.
Cette posture fut longtemps, est même encore, une des plus profitables de la haute fonction publique : elle ouvre les portes des cabinets ministériels, des directions de ministère et, aujourd’hui des grandes banques.
Éloignée de la gauche sociologique, cette deuxième gauche prétendit y apporter des idées modernes qui, encore imprégnées, au début, d’un parfum social, se résumèrent bientôt au libéralisme pur et dur.
Ces milieux furent le principal pivot qui fit passer la gauche du temps héroïque de la "sociale" à l’ultralibéralisme des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix.
Beaucoup pensent, notamment à droite, que cette gauche moderne est en définitive moins dangereuse que la vielle gauche laïque et étatiste. En recrutant des gens comme Jouyet ou Hirsch dans son premier gouvernement, Sarkozy montra qu’il partageait ce préjugé.
Nous pensons qu’elle le fut en définitive davantage. C’est elle que l’on trouve aux origines de l’euro et de la politique du franc fort (ces gens-là se piquant de vertu, voulurent imposer à tout prix la vertu monétaire aux Français), avec les conséquences que nous avons déjà vues, notamment en termes de chômage.
Cet esprit de corps, sur lequel a longtemps reposé l’efficacité de l’État  français et qui suscitait une émulation telle que l’ingénieur des ponts voulait construire de beaux ponts, le gendarme être un bon gendarme, l’instituteur un bon instituteur, se trouve disqualifié comme un "corporatisme" dépassé, aux yeux de la droite libérale mais encore plus d’une certaine gauche faisant profession de modernisme.
Lié à la dévalorisation de l’esprit de corps, l’attrition de ces corps eux-mêmes que l’on se propose d’affaiblir ou de fusionner (ponts et chaussées et génie rural, impôts et trésor, police et gendarmerie) au mépris de traditions séculaires et sans aucun gain pour l’État, au contraire, puisqu’il est établi que la notion d’économies d’échelle n’a aucune pertinence en matière de fonction publique[1].
La généralisation de ces méthodes à la fin des années 2000 par une droite totalement suiviste a entraîné une profonde démoralisation des services de l’État  et de la plupart des établissements publics.
Est-ce la gauche qui s’est ralliée à la droite ou le contraire ? En tous les cas, si l’on considère que le libéralisme est une valeur de droite, il faut bien dire que la gauche n’a pas été la dernière à s’y engager.
Libéralisation rime avec dérégulation, privatisation, ouverture au marché, rentabilité.
La gauche classique, appuyée sur les puissants syndicats d’EDF, de la SNCF, des PTT s’était longtemps posée en défenseur du service public.
L’idée d’une remise en cause de cette notion est venue de la gauche prétendue moderne, rocardienne ou pas.
D’abord parce que le libéralisme devenant à la mode au plan international à partir de 1985, beaucoup de socialistes qui n’avaient pas d’autres motifs d’adhérer à la gauche que sa supposée modernité, penchèrent spontanément de ce côté, laissant aux archéo-gaullistes ou archéo-communistes le souci de maintenir l’esprit de service public.
La libéralisation des services publics procédait en même temps de la foi européenne qui animait le parti socialiste en général (hors les archéo-chevènementistes !) et la deuxième gauche PSU-rocardienne en particulier. L’instauration de la concurrence dans les services publics découlait du marché unique. Que le principal initiateur de ce marché ait été le socialiste Delors montre l’ambiguïté de cette deuxième gauche – tout comme la promotion de son meilleur disciple Pascal Lamy à la tête de l’OMC.
La loi Quilès de 1990, séparant la Poste de France Télécom, en vue de préparer la privatisation de celle-ci, opérée par le gouvernement Rocard, s’inscrit dans ce mouvement.
De pair avec la libéralisation de services publics, va le délaissement par ces mêmes services du monde rural, récusé pour son supposé pétainisme, déjà évoqué, et l’abandon de la politique d’aménagement du territoire que l’on voit aussi apparaître à l’orée des années quatre-vingt-dix. La réforme de la politique agricole commune, concomitante, a la même inspiration et les mêmes initiateurs.
Nommé ministre de l’intérieur et de l’aménagement du territoire, Charles Pasqua tenta une réaction de façade contre ces tendances, réaction qui apparait avec le recul comme un baroud d’honneur. Le moratoire sur le démantèlement des services en milieu rural qu’il annonça, comme son nom l’indique, ne devait être qu’une mise en sursis. Il fut oublié après lui.
Le gouvernement Jospin qui se voulait exemplaire en matière européenne souscrivit à la directive de 1997 prévoyant la fin du monopole d’EDF et la libéralisation du marché de l’électricité en Europe. Une libéralisation qui devait faire baisser les prix : on en  connaît le résultat ! Le même gouvernement devait privatiser davantage d’entreprises que ne l’avaient fait ensemble Balladur et Juppé. Parmi ces privatisations à l’accéléré, celle de  France-Télécom qui aboutit très vite à une quasi-faillite.
N’est-il pas extraordinaire, quand on connaît un tel contexte, de trouver encore de vieux syndicalistes, d’EDF, de La Poste  ou de France-Télécom qui, par une sorte de réflexe conditionné, votent encore à gauche ?
Parmi les grands services public, celui de la justice et de la sécurité. Ils n’ont pas connu de réforme en profondeur qui fasse date, si l’on considère que l’abrogation de la peine de mort en 1981, d’une haute portée symbolique, n’eut qu’un impact marginal sur l’institution judiciaire. La loi Guigou du 15 juin 2000, au motif de protéger la présomption d’innocence, aura surtout compliqué encore les procédures. La création d’une cour d’assises d’appel a certes évité certaines erreurs judicaires, mais un aménagement de la cassation en matière criminelle aurait sans doute été une solution plus simple. L’instauration du juge des libertés et de la détention constitue une sorte de dédoublement du juge d’instruction. Par une singulière ironie de l’histoire, c’est peu de temps après son instauration que s’est développée l’affaire d’Outreau, preuve qu’il ne suffit pas de compliquer les procédures pour protéger les innocents.
Même si la gauche n’a effectué aucune grande réforme de la police, elle alimente par son idéologie et ses réseaux un climat de suspicion à son égard qui ne lui facilite pas le travail. Le développement de la police de proximité par Lionel Jospin a été un échec : jamais la délinquance n’a cru autant que sous son gouvernement. Le mépris persistant du gouvernement de   gauche   à l’égard des forces de l’ordre a conduit la gendarmerie à sortir de sa réserve traditionnelle pour manifester en uniforme sur les Champs Élysées en décembre 2001 : une première !
Peu crédible sur la sécurité, la gauche socialiste l’est encore moins sur l’impartialité de l’État. Malgré sa propension à crier à la captation de l’État  dès qu’elle se trouve dans l’opposition, ceux qui peuvent prétendre aux grands emplois savent bien que, la gauche socialiste réserve la quasi-totalité des postes à ceux de son bord, ce que, quoi qu’on dise, la droite ne fait pas. En nommant plusieurs hommes de gauche à des postes importants – et non des moindres : le premier président de la Cour des Comptes, le directeur de France-Inter, le haut-commissaire aux solidarités, au risque de mécontenter son propre camp, Nicolas Sarkozy s’est inscrit dans une vieille tradition d’ouverture qui n’a jamais eu son pendant à gauche.


[1] On peut le démontrer facilement en considérant les expériences du Pôle emploi, de la fusion Impôts-Trésor, DDA-DDE, du rapprochement Police-gendarmerie etc. Toutes se traduisent par des coûts supplémentaires.

OÙ EST LE DRAPEAU FRANÇAIS ?? 


L’administration Obama craint une victoire de Hollande

Plusieurs membres de l’administration Obama ont fait part de leurs inquiétudes quant à une présidence Hollande. Selon les spécialistes américains, les positions du candidat socialiste mettraient à mal la diplomatie internationale.

Le premier motif d’inquiétude de l’administration américaine est la volonté de François Hollande de retirer les troupes françaises d’Afghanistan plus tôt que prévu. Une décision unilatérale qui viendra briser un accord international conclu entre la France et ses alliés. Les Américains verraient d’un très mauvais œil cette trahison française.
Pour Justin Vaïsse, chercheur au centre de réflexion Brookings Institution, cette crainte des équipes de Barack Obama envers le candidat socialiste s’explique de la sorte : « François Hollande a annoncé qu’il entamerait le retrait dès son arrivée s’il était élu, et qu’il terminerait ce retrait en 2012, donc deux ans avant la décision collective, et ça, ça pose problème pour l’administration Obama« .
La second problème de François Hollande, souligné par l’administration Obama, est également lié au futur isolement de la France. Au niveau européen cette fois. Les Américains craignent que l’entente entre la France et l’Allemagne ne soit fragilisée par la succession de déclarations agressives de François Hollande à l’égard d’Angela Merkel, comme l’explique l’économiste du centre de réflexion Wilson Center, Kent Hughes : « Le partenariat européen entre Sarkozy et Merkel est très solide, et presque tout le monde estime qu’ils ont travaillé très efficacement pour résoudre les tensions de la zone euro. La question est de savoir ce que deviendra cette relation si M. Hollande devenait président« .
La diplomatie américaine craint doublement l’accession de François Hollande à la présidence de la France. Un président qui remettrait en cause les traités et engagements conclus avec nos alliés et qui pourrait briser l’équilibre diplomatique avec ses positions dangereuses et démagogiques.
http://www.20minutes.fr/tv/afp-actus/15091-washington-dans-l-attente-du-prochain-president-francais

La menace fasciste à nos portes ?

Le pétainisme, nouveau point Godwin de la vie politique française...

Le point Godwin, c'est ce théorème empirique qui établit que dans toute discussion qui s'échauffe, celui qui manque d'arguments caricature son adversaire en lui lançant une accusation de nazisme ou de fascisme au visage. L'Humanité, Eva Joly, Jean-Luc Mélenchon : tous victimes ? Le quotidien communiste l'Humanité a publié ce mercredi une photo du maréchal Pétain à côté celle du président de la République. Eva Joly a repris ces accusations de pétainisme. Quant à Jean-Luc Mélenchon, il a accusé Nicolas Sarkozy d'emprunter au vocabulaire de la Collaboration et d'"extrême-droitiser la droite" en France.
Pierre Rigoulot, vous travaillez sur un livre qui touche à la Collaboration. Que pensez-vous de la polémique lancée contre Nicolas Sarkozy dont certains de ses adversaires assimilent les idées au pétainisme ?
Pierre Rigoulot : Permettez-moi, justement, de ne pas entrer dans cette polémique, que je trouve indécente. 
Indécente parce que la droite n’est pas l’héritière de la Collaboration ni la Gauche celle de la Résistance. Les D’Estienne d’Orves, les Leclerc ou le général de Gaulle lui-même n’étaient pas très portés sur la Gauche, que je sache ! Pas plus qu’elle n’a le monopole du coeur, la gauche n’a le monopole de la Résistance.
Ensuite, les amis de M. Mélenchon devraient se souvenir que s’il y eut des gens admirables dans les rangs de la Résistance communiste (j’en sais personnellement quelque chose : nous venons de perdre dans la revue que je dirige le Dr Arthur Kriegel, qui a été un jeune résistant communiste magnifique), cette Résistance communiste n’a vraiment commencé qu’après l’attaque de l’URSS par les nazis en juin 1941.

Quelle fut l’attitude des socialistes pendant la guerre ?

Les socialistes ont eu aussi dans leurs rangs de vrais résistants. On peut parler de Pierre Brossolette, Daniel Mayer et Christian Pineau. Guy Mollet, un des plus connus d’entre eux, a été membre de l’OCM. Mais il est vrai que c’est aussi de leurs rangs que sont issus des gens qui ne se sont pas contentés de soutenir Vichy mais qui ont souhaité franchement la victoire de l’Allemagne comme Marcel Déat, Ludovic Zoretti, Georges Dumoulin, Georges Albertini  et quelques autres, qui confondaient allégrement socialisme national et national socialisme. Certes, Déat a quitté la SFIO quelques années avant la guerre avec le courant dit « néo-socialiste », en 1933, mais les autres que je cite en étaient encore membres en 1939 !
Il y a une autre raison pour parler d’indécence : Vichy, c’est le statut des Juifs, c’est la Collaboration avec les nazis, c’est une idéologie violemment hostile à la démocratie parlementaire et au multipartisme. Qu’a donc Nicolas Sarkozy à voir avec tout ça ?
C’est plutôt la gauche qui, dans cette campagne, tourne le dos au pluralisme nécessaire à toute démocratie, en reprochant à Sarkozy de « diviser les Français ». L’idéal, ce n’est pas l’égalité de fait mais l’égalité de droit, et ce n’est pas non plus un « bloc national uni ». Merci bien ! Laissons cela au Front National et aux communistes et reprenons plutôt le débat électoral, en évitant, justement toute indécence...

Nicolas Sarkozy a-t-il bien répondu aux insultes qui lui ont été lancées ?

Il n’a pas mâché ces mots, notamment en s’adressant à l’Humanité. Mais la formule qui lui est venue [Nicolas Sarkozy a qualifié de "stupidité" la Une de l'Humanité, NDLR] est très compréhensible. Elle est même évidente pour le fils d’un Hongrois : il faut dire que l’Humanité désignait comme « fascistes » les Hongrois qui s’étaient soulevés à la fin du mois d’octobre 1956 contre le pouvoir communiste. Ces choses-là ne s’oublient pas !
Vous êtes en famille en Espagne. Comment réagissent les Espagnols à ces polémiques ? 
Ils ont d’autres soucis ! On leur a annoncé hier que le taux de chômage atteignait 24,5%, que l’Espagne allait emprunter à des taux plus élevés que jamais... Certes, ils n’ont pas apprécié que Nicolas Sarkozy les donne en contre-exemples, mais c’est plutôt par un regain de fierté nationale que parce que le Président français se trompait. La situation est en Espagne vraiment inquiétante. Le plus désolant est sans doute l’attitude du journal de centre gauche, El Pais, un bon journal, notamment pour ses pages culturelles. Son correspondant à Paris, déchaîné, a prétendu que Nicolas Sarkozy approuvait le fascisme ! Dire que, pour ce dernier, il y a les « bons », les Français d’origine chrétienne et de droite passe encore. Personne ne fait dans la dentelle actuellement ; mais ajouter qu’aux yeux du président français, il y a de ce « bon côté » là le fascisme, je trouve cela scandaleux.[1] Ca ne gêne pas non plus ce monsieur de parler des tics du président. Et pourquoi ne pas reparler – d’autres le font régulièrement – du fait qu’il n’est pas grand ? La gauche crie toujours au délit de faciès, mais là, ça ne la gène pas d’attaquer un homme sur ses caractéristiques physiques... Elle trahit ses idéaux et M. Miguel Mora, le correspondant d’El Pais trahit ceux de son journal.

Y a-t-il une conclusion à tirer, en tant qu’historien de tout cela ?

Ces soi disant références historiques ne rehausseront pas le prestige de la gauche ni, en général, celui de cette campagne électorale. Il serait temps de penser en termes historiques, en périodisant : les communistes entre 1939 et 1941 dénoncent de Gaulle comme agent de l’impérialisme britannique. Ils donnent ensuite à la France des héros de la Résistance. Après 1941, la droite résistante « oublie » ces deux ans liés au pacte germano-soviétique et lutte avec eux contre les collabos, qu’ils soient à l’origine de droite ou de gauche. Après la guerre, en tout cas après 1947, c’est la guerre froide. Les forces politiques anticommunistes « oublient » alors leurs affrontements pendant la guerre et anciens collabos et anciens résistants se retrouvent du même côté contre les communistes et la menace soviétique. Tout cela n’est pas très moral, mais c’est de la politique et de l’histoire. Je suis fatigué de toutes ces images d’Epinal que l’on s’envoie à la figure. Et c’est coller à ces images d’Epinal que de chanter le Chant des Partisans dans une réunion électorale de gauche. Je suis désolé, mais la menace fasciste n’est pas à l’ordre du jour. Si c’était le cas, nous serions, vous et moi, au côté de la gauche pour y faire face !

[1]           Historien. Dernier ouvrage paru : La véritable histoire d’Ernesto Guevara, Larousse, 2011.
[2]           C’est à la page 4 du numéro d’El Pais du 27 avril. 2012


Fillon qualifie Mediapart d'"officine financée par de riches amis" de Hollande

Le Premier ministre qualifie le document censé prouver un financement illicite de la campagne de l'UMP en 2007 de "faux". 

François Fillon a qualifié dimanche le site d'information Mediapart, qui affirme que la Libye a participé au financement de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy, d'"officine financée par de riches amis" de François Hollande.
"On peut faire preuve d'esprit critique à l'égard de Mediapart, une officine financée par de riches amis de François Hollande qui, depuis cinq ans, n'a de cesse de vouloir traîner dans la boue le président de la République et nous sort, à sept jours des élections, selon une méthode ancienne [...], un document faux, en tout cas impossible à authentifier", a déploré le Premier ministre, invité du Grand Rendez-vous Europe1/i-Télé/Le Parisien-Aujourd'hui en France. Mediapart "n'est pas une officine, mais un journal animé par des journalistes professionnels" qui "maintient le sérieux" de ses informations, a répliqué dimanche son fondateur, Edwy Plenel, à des accusations du Premier ministre, François Fillon.
"À sept jours de l'élection, on nous ressort les services secrets qui écoutent Dominique Strauss-Kahn, cette affaire rocambolesque sur la campagne de Nicolas Sarkozy... Tout ça est indigne !" a déploré François Fillon. Selon lui, "l'ensemble de ces affaires montre qu'il n'y a pas une grande sûreté de choix dans le camp de François Hollande".

"On est tellement dans le grotesque"

"Comme par hasard, c'est le moment où toutes ces boules puantes sortent d'une façon scandaleuse", a enchaîné François Fillon, pour qui "ça nous éloigne du seul sujet qui compte : entre les deux programmes, lequel est le mieux à même" de redresser la France. Avec la publication d'un document libyen censé évoquer le financement de la campagne de 2007, "on est tellement dans le grotesque qu'on peut s'interroger sur l'absence de rigueur d'une partie de la presse", a fustigé François Fillon.
Il a ironisé sur ce document qui émanerait d'un "proche d'un dictateur (Muammar Kadhafi) que la France a largement contribué à faire tomber et qui indique que 50 millions d'euros auraient été versés pour une campagne qui en a coûté 20 et dont les comptes" ont été validés. "On est dans la calomnie, les responsables de tous les camps s'honoreraient à dénoncer ces pratiques", a fait valoir le Premier ministre.
"Mediapart maintient le sérieux et la fiabilité de ses informations, fruit de dix mois d'enquête sur les relations nouées depuis 2005 par le premier cercle de Nicolas Sarkozy avec le régime dictatorial du colonel Kadhafi", explique Edwy Plenel.

Démenti de Bachir Saleh

Ce document attribué à Moussa Koussa, ex-chef des services de renseignements extérieurs de la Libye, aujourd'hui en exil, affirme que Tripoli avait accepté de financer pour "50 millions d'euros" la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. Il a été adressé, selon Mediapart, à Bachir Saleh, ex-président du Fonds libyen des investissements africains et ex-directeur de cabinet de Kadhafi, qui se trouve aujourd'hui en France, selon son avocat, Me Pierre Haïk.
Bachir Saleh a démenti "avoir été jamais destinataire d'un tel document", dans une déclaration transmise à l'AFP, dans laquelle il "émet au préalable les plus expresses réserves sur l'authenticité de la note" citée par Mediapart.
"Hier l'un des plus proches collaborateurs du dictateur déchu, Bachir Saleh est aujourd'hui mystérieusement protégé par les autorités françaises, ainsi que l'a révélé Le Canard enchaîné", écrit Plenel. "Son démenti tardif est contredit par l'ensemble de nos révélations, qui sont à la disposition d'une justice indépendante, et par Ziad Takieddine lui-même, qui fut l'intermédiaire de ces relations occultes franco-libyennes et qui, cité dans le document révélé, en confirme l'authenticité", poursuit le fondateur du site d'informations.
L'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine, mis en examen dans le volet financier du dossier Karachi, a dit à l'AFP reconnaître la signature de Moussa Koussa sur le document. Il a affirmé dans un communiqué qu'il n'avait "pas assisté" à une réunion le 6 octobre 2006, comme l'indique la note citée par Mediapart, mais qu'"elle a pu avoir lieu".

De quoi le 1er mai est-il la fête?


Marine Le Pen et Nicolas Sarkozy s'affronteront à Paris ce 1er mai à coups de "France vraie" et de "vrais travailleurs". Pas sûr que le parfum du muguet puisse couvrir l'odeur improbable qui risque de flotter dans l'air parisien.

Le 15 avril dernier, Paris résonnait des discours quasi-simultanés de François Hollande sur l'esplanade du château de Vincennes devant un foule que Marine Le Pen qualifierait délicatement de cosmopolite, et de Nicolas Sarkozy face une marée de drapeaux tricolores épandue à la Concorde. Un « évènement » qui avait fait le bonheur des chaînes d'information continue. Elles se régalent déjà du 1er Mai qui s'annonce. A vos télécommandes : le traditionnel rassemblement du Front National à l'Opéra, au cours duquel sa présidente qui, fort de ses 18% dimanche dernier, ne se contentera pas de révéler son non-choix pour le second tour : à n'en pas douter les tambours de la haine vont s'en donner à cœur joie. Ce ne sera pas une fête mais une consécration ; au Champ de Mars, Nicolas Sarkozy célèbrera donc la fête du « vrai travail », celle traditionnelle, dite du travail, ne survivant à ses yeux que grâce à la convocation sur le pavé des permanents syndicaux. Pas complètement faux. Mais cette petite provocation pourrait faire œuvre de remobilisation du camp adverse, puisque déjà le Front de gauche annonce une réponse à cette « déclaration de guerre » et certains leaders socialistes ont l'intention de participer à ce défilé. On n'en sait pas plus pour le moment.

Une certitude : vont s'affronter par-dessus la Seine la vraie France et les vrais travailleurs, le vrai travail et la France vraie, la France qui souffre et la France en souffrance. Seront brandies toutes ces menaces qui toquent aux portes du pays, qu'elles soient humaines, commerciales, financières...
Décidément, ce 1er Mai aura connu un parcours chaotique. Faut-il rappeler ici que son histoire remonte à ce samedi de 1886 lorsque un mouvement de grève à Chicago réclamant la journée de huit heures fut suivi par 400 000 salariés. Un an plus tard, il était consacré jour de lutte par le congrès de la IIème internationale socialiste. Mais c'est le gouvernement de Vichy qui, en 1941, le transformera en fête du Travail, avant que celui de Paul Ramadier, où siégeaient des ministres communistes, décide d'en faire un jour férié et payé. Il sera ensuite souvent prétexte à de grandes mobilisations, la dernière de taille remontant à 2002, lorsque plus d'un million de personnes descendirent dans la rue après l'élimination de Lionel Jospin par Jean-Marie Le Pen au premier tour de la présidentielle.

Ce 1er mai aura donc un tout autre parfum. Pas sûr que le bon goût flotte dans l'air parisien. Espérons que le muguet nous fera respirer autre chose.

La déferlante de haine

La déferlante d’insultes contre le Président de la République se poursuit : les mots « honte » en une d’un hebdo, les amalgames avec Pétain et la collaboration, injure  suprême dans notre pays, dont Charles de Gaulle lui-même a été victime, les accusations débiles, sans queue ni tête. La haine anti-sarko bat son plein comme jamais, d’autant plus qu’il est à la peine dans les sondages et qu’il est facile de cogner sur un homme en difficulté. Ceux qui l’ont accusé de diviser le pays lui reprochent aujourd’hui de s’adresser aux 18% d’électeurs du Front national. Mais quoi, il serait donc interdit de prendre en compte les difficultés, préoccupations,  inquiétudes d’un cinquième du corps électoral et de lui tendre la main? Quelle autre attitude adopter : l’exclusion, la partition, la ghettoïsation, les camps de redressement ? En tant que l’un des anciens collaborateurs du Président, je suis abasourdi par cette danse du scalp, ce déchaînement de rage. Je comprends parfaitement que l’on puisse être en désaccord, même radical, acharné, envers sa politique, mais rien au monde, ne justifie pareil lynchage médiatique envers un homme qui, qu’on le veuille ou non, s’est donné corps et âme pendant cinq ans au service de ses compatriotes. Les insulteurs professionnels, qu’ils se disent politiques, experts ou journalistes, me font aujourd’hui penser à ces bourreaux sadiques, la main vissée au levier de leur gégène.

Les affaires reprennent


Boules puantes. C'est ainsi que l'on résumera, dans le camp de l'actuelle majorité, les derniers rebondissements de la thèse du complot politique destiné à faire chuter DSK et des nouveaux soupçons de financement par la Libye de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy. Dans le premier cas, aucune révélation, en fait. L'article paru dans le Guardian, tout comme le livre à paraître aujourd'hui ne font que reprendre la thèse déjà évoquée d'un Dominique Strauss-Kahn victime d'une machination. En l'absence d'éléments probants, cela n'est pas de nature à effacer les autres faits qui sont reprochés pour l'heure à DSK. Et ce nouvel épisode de ce désormais trop long et mauvais feuilleton est plutôt de nature à desservir les intérêts du candidat socialiste. La publication par le site Mediapart, hier, d'un document attribué à un ex-dignitaire libyen affirmant que Tripoli avait accepté d'apporter « 50 millions d'euros » pour la précédente campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy est, elle, d'une autre nature. En soi, il ne paraît pas apporter la preuve d'un financement effectif, mais pour le moins - sauf à ce que son authenticité soit remise en cause - la trace d'un lien entre l'entourage du candidat UMP et celui de Mouammar Kadhafi. Un élément troublant supplémentaire, après l'information - avancée par l'ex-patronne d'Areva - du projet du gouvernement français de vendre une centrale nucléaire civile au régime du dictateur libyen... Face à la gravité de cette accusation, c'est à la justice de faire la lumière sur une affaire qu'il est difficile de juger « ridicule ». 
Et qui reflète un climat de fin de règne. 
(Ça, c'est moins sûr)

DSK "n'a donné aucune interview au Guardian", "un montage à partir d'un livre"

Dominique Strauss-Kahn n'a "donné aucune interview au Guardian" et cet entretien est "un montage fait à partir d'un livre à paraître de M.

(Edward) Epstein", a affirmé à l'AFP l'entourage de l'ancien directeur du Fond monétaire international.
"Ce livre écrit au style indirect ne contient par ailleurs aucune citation entre guillemets de Dominique Strauss-Kahn", a-t-on ajouté de même source.

Vendredi, le quotidien britannique Guardian a publié ce qu'il a présenté comme une interview de M. Strauss-Kahn au journaliste américain Edward Epstein, dont le livre ("Trois jours en mai") sur l'affaire du Sofitel de New York paraît lundi sur internet.

Dans ce texte, DSK accuse ses adversaires politiques de s'être servis de l'affaire du Sofitel pour faire échouer sa candidature à l'élection présidentielle.

"Peut-être ai-je été naïf sur le plan politique mais je n'ai tout simplement pas cru qu'ils iraient si loin (...), je ne pensais pas qu'ils pourraient trouver quelque chose capable de m'arrêter", déclare ainsi l'ex-patron du FMI à M. Epstein, selon les propos rapportés par le Guardian.

La diffusion de ces propos entre les deux tours de la présidentielle a déclenché une passe d'armes entre l'équipe du candidat PS François Hollande et celle du président candidat UMP Nicolas Sarkozy.

Nicolas Sarkozy a estimé samedi que DSK "devrait avoir la pudeur de se taire".

Sa porte-parole, Nathalie Kosciusko-Morizet, a ironisé sur François Hollande qui "vient de se trouver un nouveau témoin de moralité en la personne de Dominique Strauss-Kahn", "un témoin de moralité qui est mis en examen pour proxénétisme aggravé".

M. Strauss-Kahn "dénonce +les hommes de Nicolas Sarkozy+" dans l'affaire du Sofitel de Manhattan qui a fait échouer sa candidature à l'Elysée, "vraiment ils sont forts les hommes de Nicolas Sarkozy!", a-t-elle lancé.

L'équipe Hollande a dénoncé "une exploitation outrancière" de la part du camp adverse.

Le trou noir de la campagne


Plutôt que d'évoquer les sujets qui font mal, on a préféré, pour l'instant, celui qui fait peur : la présence persistante du Front national.
Avant le premier tour, la planète tournait autour de Jean-Luc Mélenchon avant le second, elle tourne autour de Marine Le Pen, tandis que les enjeux politiques de cette élection disparaissent dans un trou noir.
Passant de 5 à 15 % dans les sondages, l'ancien socialiste était devenu le champion de la « vraie gauche », celui qui terrasserait l'hydre lepéniste à deux têtes. On louait dans les salons et les bureaux son talent d'orateur, sa vision politique. Il réconciliait les milieux populaires avec la gauche. Il faisait revenir au bercail la classe ouvrière, en rangs serrés derrière le drapeau rouge. La République sociale retrouvait ses enfants.
On vit au soir du premier tour qu'il n'en était rien. Le candidat du Front de gauche faisait certes un beau score, revigorant l'électorat communiste, radicalisant une frange de l'électorat socialiste, mais aussi en siphonnant les voix des deux - faibles - candidats d'extrême gauche, et celle de la très décalée candidate écologiste. Le total des voix de la gauche de la gauche ne battait pas de record.
Il reste que Jean-Luc Mélenchon entretenait le buzz et la rumeur, à défaut de bruit et de fureur.
L'opinion, complice des médias et des autres candidats, préférait les accents nostalgiques du chantre d'une gauche radicale à l'examen, moins lyrique et plus ingrat, des enjeux du prochain quinquennat.
Le phénomène Mélenchon arrangeait un Nicolas Sarkozy comptant sur lui pour réduire le score de son adversaire principal au premier tour, mais aussi un François Hollande favori des sondages qui ne voulait surtout pas dissiper le charme, ni promettre plus qu'il n'en fallait.
On n'a donc pas parlé, ou du bout des lèvres, de la difficile équation que devra résoudre le futur président, à savoir réduire les dépenses publiques pour ne pas creuser la dette, mais sans faire sombrer le pays dans la récession ni des efforts à produire pour restaurer la compétitivité de nos entreprises sans laquelle la croissance ne reviendra pas.
On a refusé d'examiner par quelles idées neuves on pourrait réduire le chômage de masse et les inégalités entre générations. On a quasiment passé sous silence la situation, piteuse, de notre balance commerciale.
On n'a parlé de l'Europe que pour la caricaturer. On a évoqué la mondialisation, au pire comme le mal absolu de l'époque, au mieux comme un mal nécessaire.
On ne s'est pas posé la question du rôle de la France en Europe et de l'Europe dans le monde.
C'était avant le premier tour, et on a récidivé juste avant le second.
Plutôt que d'évoquer les sujets qui font mal, on a préféré, pour l'instant, celui qui fait peur : la présence persistante du Front national dans le paysage politique français. 

HUMOUR DE LA SEMAINE




Laissons l’Allemagne commander !

Plutôt que de rêver d'une Union fédérale à la merci de pays démocratiquement et économiquement peu performants, mieux vaudrait renforcer le rôle des Etats les plus vertueux et leur confier la direction des affaires, argumente un politologue néerlandais. 

Maintenant que la crise financière en Europe semble provisoirement conjurée, les idées se libèrent prudemment sur l’avenir de l’Union européenne. En Allemagne, tout particulièrement, le débat est déjà bien engagé. Angela Merkel souhaite remplacer le traité de Lisbonne et mettre en œuvre “des réformes structurelles majeures”. Et le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, s’exprime en faveur d’une nouvelle “constitution européenne” avec des caractéristiques supranationales fortes. La députée européenne Sophie in 't Veld [membre du D66, de centre gauche néerlandais], plaide elle aussi, dans le Volkskrant, pour une “puissante union politique”, la suppression des “vetos bloquants” et un président de la Commission européenne élu au suffrage direct.
Des recettes connues, extraites de la vieille boîte à idées fédéraliste. Il est pourtant grand temps de remiser cette boîte au grenier. L’Allemagne a en effet montré pendant la crise financière que son poids économique et politique en Europe peut tourner à son avantage. Aussi, plusieurs principes sur lesquels s’est appuyée l’intégration européenne d’après-guerre sont-ils en grande partie dépassés.

L'Allemagne, longtemps trésorière de l'Europe

Cela concerne, en premier lieu, l’idée selon laquelle l’intégration européenne est nécessaire afin de maîtriser l’Allemagne. Cette motivation était sans aucun doute légitime, juste après la guerre, mais le contrôle de l’Allemagne à l’aide d’institutions européennes (supranationales) présentait avant tout un intérêt économique pour la France. Les traités européens servaient, au sein d’un marché commun, à protéger l’agriculture et l’industrie françaises du dynamisme des exportations allemandes. Pendant des décennies, une République fédérale consciente de sa faute a, sous la pression (morale) de la France, fait fonction de Zahlmeister, de trésorière pour l’Europe.
Il est ressorti très clairement du déroulement de la crise financière que ce sont les chefs de gouvernement européens qui font la pluie et le beau temps à Bruxelles. Dans la hiérarchie européenne, le Conseil européen constitue la direction de l’UE, dont Herman Van Rompuy est le secrétaire ; le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, est son assistant. Il serait donc un peu curieux d’élire ce dernier au suffrage universel, comme le souhaitent les néo-fédéralistes à Berlin et à Strasbourg. Il serait plus logique de continuer à renforcer le Conseil européen, en obtenant cependant plus de garanties pour les petits pays.
Une “union politique” peut paraître attrayante, mais elle englobera inévitablement aussi des Etats membres de l’UE plus faibles, qui ne s’illustrent pas dans des domaines comme la lutte contre la fraude, la corruption, le pluralisme, l’ouverture et la liberté de la presse. La France et l’Italie, par exemple, les deux plus grandes économies de la zone euro après l’Allemagne, passent auprès de l’ONG américaine Freedom House pour des “démocraties défectueuses” (flawed democracies), et non pour des démocraties à part entière. L’Italie, du fait du conflit d’intérêt dans le pays entre les autorités et les médias [sous Berlusconi], n’est qualifiée que de “partiellement libre” et se retrouve, avec la Bulgarie et la Roumanie, également membres de l’UE, dans la même catégorie que l’Indonésie et le Bangladesh.

“Eveil allemand”

Sur ces aspects, les Pays-Bas enregistrent un score nettement supérieur à la moyenne européenne. Ils sont, selon Freedom House, la démocratie parlementaire qui obtient les meilleurs résultats sur les dix-sept pays de la zone euro (l’évaluation a été réalisée en 2010 et elle tient par conséquent compte du soutien du populiste Geert Wilders au gouvernement). Il n’est donc pas vraiment tentant, pour les Pays-Bas, de partager le pouvoir à Bruxelles avec des pays qui, sur le plan de la démocratie et de l’exercice du pouvoir, ne sont guère performants.
Tant que l’on s’en tient au commerce et à la composition des barres de chocolat, cela n’a rien d’insurmontable. Mais il en irait tout autrement si, au sein d’une véritable union politique, des Etats membres dont les pratiques démocratiques laissent à désirer mais qui sont majoritaires, prenaient les décisions sur les impôts, le budget ou les retraites. Sans parler de l’euthanasie et d’autres sujets qui tiennent à coeur des Pays-Bas et qui pourraient faire l’objet d’un “véto bloquant”.
A Berlin, on prend à présent conscience que l’Allemagne peut et doit jouer un rôle de leader en Europe. Ulrike Guérot, du think tank European Council on Foreign Relations, parle à ce propos d’un “éveil allemand” et même d’une “catharsis”. Mais elle n’ose pas encore en tirer la conclusion logique : avec un tel leadership, il faudrait une autre organisation de la coopération européenne. Avec moins d’éléments fédéraux, et plus de place pour un rassemblement des forces des Etats européens les mieux qualifiés dans une économie mondiale ouverte.
La mise en forme politique de la future coopération européenne ne doit plus être prise en otage par le passé de l’Allemagne pendant la guerre. A Berlin et à Strasbourg, il va falloir qu’ils se réveillent pour s’en rendre compte.

La coupe jusqu’à l’hallali

La coupe jusqu’à l’hallali

L’approche du débat entre François Hollande et Nicolas Sarkozy (par ordre alphabétique), mercredi soir, provoque une montée des tensions dans la campagne présidentielle. Des courts-circuits se sont déjà produits dans les mots et dans les thèmes, qui sont peut-être inséparables des lois du genre. Mais la coupe ne doit pas encore être pleine : deux acteurs supplémentaires ont surgi avec leur propre contribution aux transes. Feu Mouammar Kadhafi, par le truchement de son ancien chef des services secrets, et Dominique Strauss-Kahn, par le biais d’un journaliste américain attaché à la défense de sa vérité, mettent en cause la France officielle et sarkozyenne, non sans nuances et non-dits. L’accusation libyenne, qui concrétise des menaces de révélations datant de plus d’un an, rapporte un « accord de principe » pour « appuyer » la campagne 2007 de M. Sarkozy, mais rien n’indique que cet accord – sous réserve d’authenticité – ait été matérialisé. La réserve s’impose, malgré le souvenir honteux des honneurs rendus au Guide libyen autour de sa tente parisienne. De même, la mise en cause de services officiels français et d’adversaires politiques, par M. Strauss-Kahn, dans l’exploitation du mystère intime de la chambre 2806 du Sofitel de New York, se termine par l’aveu qu’il n’en existe aucune « preuve formelle ». Les deux démarches ont cependant pour effet commun d’augmenter la pression sur le président sortant, sans préjuger du verdict final des Français. Le moment choisi pour servir ces mises en cause à l’opinion, au milieu de l’entre-deux-tours, n’est pas innocent, et le trouble jeté, au détriment du candidat élyséen, peut être une arme en soi. Représailles d’outre-tombe, vengeance d’outrecuidance, tout est possible. Les Français manifestent sans doute pour ces révélations l’intérêt que suscite le mystère en général, mais ne détesteraient pas que ces brouillards soient dissipés par une justice indépendante. Encore une fois, leurs préoccupations premières ne sont toutefois pas les scandales, réels ou allégués. 
Plus des deux tiers de nos compatriotes viennent de redire qu’ils sont surtout « inquiets et pas rassurés » quant à l’évolution de leur situation économique et financière.

Antisarkozysme : la presse de gauche cherche-t-elle à créer une guerre civile ?

Nicolas Sarkozy a récemment fait la Une de certains hebdomadaires et quotidiens de gauche. L'Humanité le compare à Pétain tandis que Marianne le qualifie de "honte" de la Ve République. Pourquoi la presse de gauche fait-elle montre d'un antisarkozysme primaire ?
« La honte de la Ve République » : Marianne adresse cette semaine ce compliment à Nicolas Sarkozy, après que l’Humanité ait mis en parallèle la photo de celui-ci et celle du maréchal Pétain. La presse de gauche termine donc le quinquennat comme elle l’avait commencé, dans l’antisarkozysme primaire, bête et méchant, pour ne pas dire haineux. Après avoir été traité de voyou, de psychopathe et de candidat des riches, Nicolas Sarkozy reçoit pour finir l’injure suprême, puisqu’il se voit aujourd’hui qualifié de « pétainiste ».
La « honte de la Ve République », ce ne serait donc pas le président qui fit entrer l’extrême-droite au Parlement pour masquer une déroute électorale, l’homme qui reçut dans sa jeunesse la francisque des mains du maréchal et qui déjeunait amicalement avec l’organisateur de la rafle du Vel d’Hiv. Ce président-là est au contraire glorifié en tant que petit père du peuple de gauche, celui qui a ouvert le chemin et sans lequel  la victoire qui s’annonce n’aurait pu avoir lieu.
Le Monde a raison d’écrire en titre de son éditorial du 26 avril que « la fin ne justifie pas tous les moyens ». La leçon ne devrait toutefois pas s’appliquer qu’aux politiques. Que la presse d’opinion prenne fait et cause pour un candidat, argumente et polémique en vue de lui faire obtenir la victoire, est parfaitement légitime. L’engagement est une chose - qui peut ne pas être incompatible avec l’objectivité et l’honnêteté intellectuelle-, la volonté hystérique de disqualifier moralement un adversaire politique en est une autre.
L’atmosphère de guerre civile générée par cette hystérie paraît pourtant bien incongrue au vu des projets, dans la mesure où jamais dans l’histoire de la Ve République les candidats de la droite et  de la gauche n’ont semblé aussi proches. L’un et l’autre s’accordent sur la nécessité de trouver un équilibre entre rigueur budgétaire et croissance dans le cadre d’un gouvernement économique européen renforcé, et ne se distinguent véritablement que sur la question de la fiscalité. Les divergences rhétoriques s’expliquent essentiellement par les calculs électoraux, en fonction des clientèles ciblées par chacun des deux camps.
La difficulté à différencier les projets dans un contexte mouvant et complexe explique sans doute cette emprise du moralisme pour lequel, il faut bien le dire, la presse de gauche semble avoir des dispositions particulières. Le paradoxe est qu’à travers le reproche fait à Nicolas Sarkozy de diviser les Français, celle-ci ostracise des millions de nos concitoyens. Comment les 9,75 millions d’électeurs dont le suffrage s’est porté sur Nicolas Sarkozy ne partageraient-ils pas quelque peu le déshonneur de leur favori. Et que dire des 6,4 millions d’électeurs de Marine Le Pen qui constituent le cœur du réacteur « pétainiste » ! Cela fait plus de 16 millions de Français qui vivent et pensent dans le déshonneur, et qu’il faudra décontaminer après la « Libération » du 6 mai !

A la vérité, le cynisme et la démagogie sont équitablement partagés et la morale ne permet pas de différencier les candidats. Pour preuve leur attitude après la censure par le Conseil constitutionnel de la loi réprimant la contestation du génocide arménien : l’un et l’autre ont immédiatement promis de s’asseoir sur l’avis du conseil, et par là-même sur le principe de la liberté d’expression que celui-ci visait à défendre. Intérêt électoral oblige.
Ce n’est pas du point de vue moral que l’on peut critiquer la stratégie électorale « droitière » de Nicolas Sarkozy. Celle-ci pose en revanche le problème de la lisibilité politique du candidat. Il lui est difficile, quand bien même il le souhaiterait, d’effacer l’abîme qui sépare son action du programme du Front national. Il a par exemple défendu la mise en place, à travers le pacte budgétaire, d’une esquisse de gouvernement économique supranational destiné à sauver la zone euro : on voit mal comment une telle orientation pourrait être compatible avec le souverainisme de Marine Le Pen. La campagne de Nicolas Sarkozy donne le sentiment que les considérations tactiques interdisent au candidat d’expliciter le sens de l’action conduite par le président. Au fond, Nicolas Sarkozy serait moins un candidat « clivant » qu’un candidat « clivé », peinant à assumer ses choix, à justifier son bilan et à faire émerger une cohérence.


12 propositions pour réformer le syndicalisme français

Anne‐Sophie David et Benoît Broignard ont mené une enquête pour révéler les forces et les faiblesses du syndicalisme à la française. "Syndicats Filous" délivre un constat qui brise l’omerta et dresse le tableau d'un véritable "business du syndicalisme" (Extrait 1/2).

Pour plus de transparence

1 - L’obligation de certification et de publication des comptes consolidés comprenant la totalité des entités de chaque organisation syndicale. Au-delà de la confédération (qui seule a l'obligation de publier ses comptes depuis 2011), chaque organisation syndicale devrait publier ses comptes consolidés, en y intégrant toutes ses entités (il en existe entre 5 000 et 20 000 différentes par syndicat). Il s'agit ici de l'unique manière de disposer d'une vision transparente, intégrale et honnête de l'état des lieux de chaque organisation syndicale.
2 - L'obligation pour les organismes de formation professionnelle de rationaliser leur nombre et de produire et publier des comptes consolidés. L'objectif est tout d'abord de réduire drastiquement le nombre d'OPCA. Puis d'exiger une transparence totale sur les comptes et les organismes de formation professionnelle
3 - L'obligation, pour les syndicats comme pour les comités d’entreprise, de transparence sur leurs achats et sur le recours à des prestataires extérieurs. Cette obligation de transparence doit s'appliquer aux services "achats" des syndicats et des CE, lorsqu'ils passent régulièrement des contrats auprès d’un même sous-traitant, ou lorsque le montant des contrats atteint des montants excédant certains seuils. Un contrôle renforcé pourrait alors être mis en place, avec par exemple la désignation d’un tiers de confiance (qui pourrait être constitué par les services déconcentrés du ministère du Travail) pour exiger de la part des gestionnaires des syndicats et des CE la production des documents comptables et des justificatifs.
4 - La mise en place et la publication d'un "jaune budgétaire". Ce document viserait à présenter et synthétiser l'ensemble des financements et dépenses réalisées par l'Etat envers les syndicats. Conduit par une commission mixte de députés, le « jaune budgétaire » récapitulerait les moyens financiers, matériels et humains mis à disposition des organisations syndicales, et de l’activité syndicale, par l’État. Il pourrait s'étendre à la formation professionnelle et à la gestion des organisations paritaires.

Pour plus d’indépendance

5 - Mettre fin aux mises à disposition de personnels, de locaux et de matériels de la part de l'Etat, des collectivités locales et des entreprises. Chaque centrale syndicale paierait donc elle-même ses salariés. C'est ce qui se pratique dans les pays étrangers, notamment aux Etats-Unis et en Suède. Cette réforme empêcherait les pratiques douteuses, qui ne peuvent que nuire à l’indépendance et au fonctionnement des organisations. [...]
6 - Les mises à disposition doivent uniquement concerner la gestion des organismes paritaires. Les syndicats formant la pierre angulaire de l'organisation sociale française, la gestion des organismes paritaires est l'une de leur vocation essentielle. Afin de leur donner les moyens nécessaires à la bonne conduite de leur mission, des mises à disposition de personnels doivent être possibles, de manière strictement encadrée, contrôlée et rendues publique.[...]
7 - Les organisations syndicales ne doivent pas percevoir plus de 50 % de financements par des sources publiques ou paritaires, de manière directe (subventions) ou indirect (en nature). Aujourd’hui, les syndicats sont financés à plus de 80% par des fonds publics. Or un syndicat qui dépend des employeurs – tant public que privé – ne peut être crédible car il devient, de fait, un rouage au service soit du patronat, soit de l’Etat. Il en va donc de leur indépendance mais aussi de la légitimité de leurs actions.[...]

Pour plus de responsabilités et d'adhérents

8 -  Étendre la représentativité des syndicats aux intérimaires, stagiaires, ainsi qu'à tous les personnels intervenant dans les entreprises. Seuls les salariés en CDI ou CDD sont aujourd'hui réellement représentés par les grandes organisations syndicales. Sur un marché de l'emploi de plus en plus précarisé, cela exclut près de 1,5 millions de stagiaires et 2 millions d'actifs en intérim. Cette mesure permettrait d'une part à ces travailleurs de voir défendus par un syndicat, et d'autre part aux syndicats d'enregistrer de nouvelles adhésions, et donc de renforcer leur indépendance financière.
9 -  Étendre la mission des syndicats à la fourniture de services. Comme nous l'avons constaté, le syndicalisme fondé sur un modèle uniquement revendicatif a vécu. En témoigne le petit nombre d'adhérents, soit 8%. Pour survivre et se développer au XXIème siècle, les organisations syndicales sont dans l'obligation de proposer autre chose que des manifestations. Comme en Suède, en Allemagne ou aux Etats-Unis, les syndicats doivent pouvoir offrir à leurs adhérents des "avantages", ou "services" : formations, assurances chômage, reconversions, etc. Cette réforme, impliquant une profonde mutation de leur rôle, renforcerait leur attractivité, les replaceraient au cœur des enjeux de l'emploi, et ferait bondir le nombre d'adhérents en attirant de nouveaux salariés puis en les fidélisant.
10 - Des syndicats impliqués dans la gouvernance des entreprises au travers de la cogestion. Les syndicats doivent être associés de manière beaucoup plus proche à la gestion et à la stratégie des entreprises. Emploi, sites de production, marchés, stratégie...les salariés et leurs élus doivent pouvoir disposer d'un droit de regard (allant jusqu'à un véto) sur les décisions majeures prises par les directions de leurs entreprises. D'une part pour renforcer leur compréhension des enjeux, d'autre part pour désamorcer les potentiels conflits sociaux en amont, évitant ainsi de nombreuses grèves.[...]
11 - Limiter le nombre de mandats d'élu syndical. L'objectif est ici d'éviter que ne se reforme une "aristocratie syndicale". [...] Limiter, par exemple à deux mandats maximum, le nombre de fois où l'on peut être élu représentant syndical empêcherait en partie ces dérives. Cette réforme obligerait en effet un renouvellement sain et régulier des élus. Elle vise également à pousser un plus grand de nombre de salarié à s'impliquer dans la vie syndicale, à assumer des fonctions d'élu, et à enrichir ainsi leur expérience.
12 - Syndiquons-nous ! Ces réformes, certes indispensables, ne suffirons probablement pas à régler tous les problèmes auxquels sont confrontés les syndicats. Néanmoins, si demain la machine syndicale repart sur des bases assainies et si le nombre de salariés syndiqués augmente sensiblement, le dialogue social français en ressortira largement renforcé.
Alors, oui, « syndiquons-nous ! »

Message aux indécis par Jean D'Ormesson

La victoire de François Hollande est à peu près acquise, et elle risque
d'être éclatante.
Le moment est idéal pour se déclarer sarkozyste.
La question n'est pas de savoir qui l'emportera en mai 2012.
On a longtemps été convaincu dur comme fer que ce serait M. Strauss-Kahn.
On a pu croire que ce serait Mme Aubry.
On a même pu imaginer que, par un coup du sort, ce serait Mme Le Pen.
Il n'est pas tout à fait exclu que M. Bayrou, M. Mélenchon, M. Montebourg se
soient monté le bourrichon jusqu'à se persuader de leur chance de
l'emporter.
Tout sauf Sarkozy.
N'importe qui sauf Sarkozy.
Ce sera M. Hollande.
François Hollande est un parfait honnête homme. Il est intelligent,
charmant, cultivé, et même spirituel.
Il y a chez cet homme-là un mélange de doux rêveur et de professeur Nimbus
égaré dans la politique qui le rend sympathique.
Il est mondialement connu en Corrèze.
Ce n'est pas lui qui irait courir les établissements de luxe sur les
Champs-Élysées, ni les suites des grands hôtels à New York ou à Lille, ni
les yachts des milliardaires.
Il ferait, je le dis sans affectation et sans crainte, un excellent
président de la IVe République. Ou plutôt de la IIIe.
Par temps calme et sans nuages. Il n'est jamais trop bas. Mais pas non plus
trop haut.
C'est une espèce d'entre-deux: un pis-aller historique.
Ce n'est pas Mitterrand : ce serait plutôt Guy Mollet. Ce n'est pas Jaurès
ni Léon Blum : c'est Albert Lebrun. Ce n'est pas Clemenceau : c'est
Deschanel.
Il parle un joli français. Et sa syntaxe est impeccable. On pourrait
peut-être l'élire à l'Académie française. Ce serait très bien. Mais en aucun
cas à la tête de la Ve République, par gros temps et avis de tempête.
C'est vrai: Sarkozy en a trop fait. Hollande, c'est l'inverse. Car n'avoir
rien fait est un immense avantage, mais il ne faut pas en abuser. Il n'est
pas exclu, il est même possible ou plus que possible, que M. Hollande soit
élu en mai prochain président de la République.
C'est qu'à eux deux, M. Hollande et le PS, qui sont assez loin d'être
d'accord entre eux -je ne parle même pas de M. Mélenchon ni de Mme Joly dont
ils ont absolument besoin pour gagner et dont les idées sont radicalement
opposées à celles de M. Hollande-, ont des arguments de poids : la retraite
à 60 ans (quand la durée de vie ne cesse de s'allonger), 60.000 nouveaux
fonctionnaires (quand il s'agit surtout de réduire les dépenses publiques),
30% de baisse sur les traitements du président et des ministres (même M.
Jean-Marie Le Pen, de glorieuse mémoire, n'a jamais osé aller aussi loin
dans le populisme et la démagogie).
Avec des atouts comme ceux-là, on a de bonnes chances de gagner. 
Aussi n'est-ce pas dans la perspective de l'élection de 2012 que je me
situe.
C'est avec le souci du jugement de l'histoire. M. Sarkozy, autant le
reconnaitre, a fait pas mal d'erreurs.
À voir comment se présente la campagne d'un Parti socialiste qui semble
n'avoir pas appris grand-chose des leçons de son temps, ce sera bien pire
avec lui qu'avec M. Sarkozy. Les déclarations d'intention ne valent rien.
Il faut des exemples vivants.
M. Zapatero, en Espagne, est un homme plus qu'estimable. Il est socialiste.
Le chômage en Espagne est plus du double du nôtre.
M. Papandréou en Grèce est socialiste. Est-ce le sort de la Grèce que nous
souhaitons pour la France?
M. Sarkozy a été plus attaqué, plus vilipendé, plus trainé dans la boue
qu'aucun dirigeant depuis de longues années.
Il a pourtant maintenu le pays hors de l'eau au cours d'une des pires crises
que nous ayons jamais connues.
Il n'est même pas impossible que Mme Merkel et lui aient sauvé l'Europe et
l'euro.
Pour affronter le jugement de l'histoire, je choisis le camp, à peu près
cohérent, Sarkozy-Fillon-Juppé contre le camp, incohérent jusqu'à l'absurde,
Hollande (Hollande président ? On croit rêver, disait Fabius)
-Aubry-Joly-Mélenchon.
Bonaparte Premier consul prétendait que le seul crime en politique
consistait à avoir des ambitions plus hautes que ses capacités.
Je suis sûr que François Hollande lui-même a des cauchemars la nuit à l'idée
d'être appelé demain à diriger le pays avec le concours des amis de toutes
sortes et étrangement bariolés que lui a réservés le destin.
Je veux bien croire - je n'en suis pas si sûr que pour 2012 les dés sont déjà
jetés, que les handicaps du président sortant sont bien lourds pour être
surmontés, que le retard est trop rude pour être rattrapé.
J'imagine très bien l'explosion d'enthousiasme sur la place de la Bastille
ce soir de mai 2012 où l'élection de M François Hollande à la magistrature
suprême sera enfin annoncée. 
Je me demande seulement dans quel état sera la France en 2014 ou en 2015.

Et ce serait bien que les électeurs se le demandent aussi !