TOUT EST DIT

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vendredi 6 avril 2012

Sarkozy dit « comprendre les souffrances » des électeurs FN et accuse Mélenchon de prôner « la haine »

"Nous avons rendez-vous avec l'Histoire", a attaqué Nicolas Sarkozy à Caen devant les militants UMP vendredi après-midi. "Le peuple de France ne veut pas qu'on lui vole son destin." Le candidat UMP a indiqué que "nous avons 16 jours pour imposer le débat à un monsieur qui n'en veut pas".
"Il m'avaient oublié. Je suis de retour", a indiqué M. Sarkozy, moquant François Hollande qui était "seul sur le ring". "Il n'y avait pas d'Europe, pas de crise. C'était déjà fait, déjà gagné. Cela fait plaisir de les voir se réveiller avec une légère migraine. Ils se repartissaient déjà les postes. L'aimable Mme Royal à l'Assemblée nationale. M. Fabius avec sa modestie habituelle au quai d'Orsay. Pourquoi vous déplacer ? Le peuple de France a répondu non".
"Y a-t-il un seul Français qui envie le sort des Espagnols ou des Grecs ?", a demandé M. Sarkozy.
"Un pays fort peut conserver ce qui lui est cher. Un pays faible laissera tout partir, y compris ce à quoi il tient le plus", a estimé M. Sarkozy, qui veut opposer la compétitivité aux délocalisations. "Compétitivité, un mot intraduisible en socialisme. Compétitivité, un mot qui n'existe nulle part dans le bréviaire socialiste", a-t-il poursuivi.
Ensuite, le candidat UMP a abordé le sujet des frontières. "Si nous avons fait l'Europe, c'est pour qu'elle nous protège, pas pour qu'elle nous fragilise". "Europe, réveille-toi, il est temps", a dit Sarkozy, qui a de nouveau prétendu que la politique de la chaise vide de De Gaulle avait fait progresser l'Europe à la fin des années 60.
Il s'en est pris ensuite aux syndicats qui ont refusé de réformer les retraites. "Qu'est-ce que je devais faire ? Rester à la table des négociations et attendre ?". M. Sarkozy a dit que les syndicats n'avaient défilé que parce qu'ils savaient que lui ne changerait pas d'avis. "Si cela leur faisait du bien de défiler, je ne suis pas contre."
M. Sarkozy a indiqué que les pensions de retraite seraient versées le 1er de chaque mois à compter du 1er juillet, ce qui consistait la principale annonce de sa conférence de presse jeudi à Paris.
M. Sarkozy s'en est pris à la "gauche caviar" et a repris l'affaire du bonus de Maurice Levy, patron de Publicis, dont le premier actionnaire est Elisabeth Badinter, épouse de l'ancien garde des Sceaux de François Mitterrand, Robert Badinter. "Le candidat socialiste n'était pas content parce qu'un grand patron s'est versé des bonus exorbitants". "La famille Badinter soutient le soir M. Hollande dans les meetings, mais cela ne la gêne pas d'octroyer des bonus exorbitants le matin", a accusé M. Sarkozy, qui a conseillé à M. Hollande de réfléchir avant de parler.
Faussement, M. Sarkozy a parlé de Dominique Voynet au ministère du temps libre. Mme Voynet n'a jamais occupé ce poste.
Il a ensuite parlé de la faiblesse d'ambition de Bertrand Delanoë pour la capitale française et a profité de l'affaire pour rendre hommage à Jacques Chirac devant son épouse Bernadette.
Ensuite, c'est Eva Joly, la candidate des Verts, qui a été attaquée. M. Sarkozy a annoncé qu'il refusait les éoliennes dans le Mont Saint-Michel, les forages pétroliers devant les Calanques. Mme Kosciusko-Morizet explique que l'annonce signifie le non renouvellement du permis d'exploitation dit Melrose.
Ensuite, on est revenu à François Hollande, accusé de "singer François Mitterrand". "N'est pas François Mitterrand qui veut", a accusé M. Sarkozy, reprochant la politique nucléaire de la gauche. M. Sarkozy a faussement prétendu avoir été à Fukushima, alors qu'il a passé trois heures tout compris à Tokyo, entre ambassade de France et bureau du premier ministre japonais. Et il a repris ses blagues sans cesse redites sur les risques de tsunami en Alsace à la centrale de Fessenheim et à Saint-Laurent-des-Eaux sur les bords de la Loire.
Puis, vers 18h45, les attaques se sont calmées et M. Sarkozy a vanté son projet pour ne laisser aucun enfant sur le bord du chemin. Ensuite, il est passé à la formation professionnelle.
Six minutes plus tard, M. Sarkozy a accusé François Hollande d'avoir inventé "l'élection présidentielle pour un an". Il l'a accusé de vouloir revenir sur la réforme des retraites -"pour le candidat socialiste, il n'y a pas d'allongement de la vie"-, embaucher 60 000 fonctionnaires et augmenter l'allocation de rentrée scolaire. "Qui va payer ? Vous !", a dit M. Sarkozy."Vous voulez la gauche ? Vous aurez la Grèce, vous aurez l'Espagne."
Retour sur François Hollande, accusé de faire la guerre au dictionnaire, en proposant de supprimer le mot race dans la Constitution.
"J'attends pour la semaine prochaine l'interdiction du licenciement. Comme il faut une idée par semaine, ce sera ensuite l'interdiction des délocalisations", a prédit M. Sarkozy, en accusant M. Hollande d'avoir été otage des factions socialistes puis des Verts. "Voilà M. Hollande otage de M. Mélenchon. Quand on n'a pas le courage de dire non, on est l'otage de tous", a estimé M. Sarkozy qui a accusé le socialiste d'avoir sacrifié le nucléaire pour 2% des voix. "On ne demande quel sera le prix pour Mélenchon", a demandé M. Sarkozy, qui avait expliqué plus tôt : "Etre président de la République, c'est porter une lourde charge sur les épaules, celle de dire non".
Ensuite, M. Sarkozy a estimé que le choc de la tuerie Merah était comparable au 11 septembre. "La France a été bouleversée parce qu'on a tué des enfants juifs dans une école juive...parce qu'on a tué des jeunes soldats, dont certains étaient musulmans..."
Il est ensuite passé à la critique de Martine Aubry, sur les horaires différenciés entre hommes et femmes à Lille.
Pour finir, le chef de l'Etat a défendu d'avoir écrit sa lettre. "J'ai voulu parler à ceux qui ont voté Front national. Je comprends vos souffrances", a-t-il dit , ajoutant que le vote FN accroitrait leurs souffrances et "profiterait, aujourd'hui comme hier, à la gauche".
"Je veux parler à tous ces électeurs du centre pour leur dire : 'qu'avez vous de commun avec Jean-Luc Mélenchon ?. Qu'avez vous de commun avec ceux qui prônent la haine, le déficit, qui nient toutes les réalité de la vie?'".
Enfin, M. Sarkozy a convié ses partisans à La Concorde, les appelant à se dresser. "C'est nous qui ferons le choix le 22 avril et le 6 mai".

Match retour


Depuis quelques jours, Nicolas Sarkozy a ajouté les principaux leaders syndicaux du pays à la – longue – liste de ses ennemis. Le patron de la CGT a droit à un traitement de faveur, le chef de l’État l’accusant de travailler activement à sa défaite.
Bernard Thibault aurait d’ailleurs bien du mal à démentir : deux semaines avant que Nicolas Sarkozy ne se déclare candidat, il annonçait déjà à ses militants enthousiastes que la CGT ferait campagne contre la réélection du président sortant et des députés de sa majorité, coupables d’avoir repoussé l’âge de la retraite de 60 à 62 ans. Mais qu’est-ce que Bernard Thibault reproche le plus à Nicolas Sarkozy ? D’avoir réformé les retraites ou d’avoir refusé de plier devant les manifestations monstres organisées à l’époque par toutes les centrales du pays ? Le bras de fer qui oppose aujourd’hui les deux hommes est une sorte de match retour, comme si le pouvoir syndical avait une revanche à prendre sur le politique. Curieuse conception de la démocratie. Guillaume Roquette

Les pièges de l’abstention

Près d’un Français sur trois s’apprêterait à bouder les urnes le 22 avril. Pourquoi ? Avec quelles conséquences ?
« Si l’abstention est forte, tous les sondages seront démentis. Je ne sais pas alors quel sera l’ordre d’arrivée… » Cette confidence, lâchée par François Hollande à La Réunion, aurait tout aussi bien pu sortir de la bouche de Nicolas Sarkozy. Mais aussi de Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon ou François Bayrou. Après les épisodes “Marine Le Pen assurée d’être au second tour” (printemps 2011), “Hollande le déjà élu” (hiver 2011-2012), “Bayrou 2, le remake de 2007” (janvier 2012), “Sarkozy le ressuscité” (depuis un mois) et “Mélenchon jusqu’où ? ” (lire notre dossier page 10), voici venir une nouvelle séquence concernant, cette fois, tous les candidats : la crainte d’une non-participation record à un premier tour de présidentielle. À moins de vingt jours du scrutin, près d’un Français sur trois (32 %) s’apprêterait en effet, selon l’Ifop, à bouder les urnes : du jamais-vu sous la Ve République ! Et la promesse, redevenue possible, d’un grand “chamboule-tout” le 22 avril…
Voilà plusieurs semaines que divers indicateurs l’annonçaient. « Au lieu de progresser dans la dernière ligne droite, comme c’est toujours le cas, l’intérêt des Français pour cette campagne a au contraire diminué », relève d’abord Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l’Ifop. Autre signal : alors que Sarkozy et Hollande pointent largement en tête des sondages de premier tour, les électeurs ne sont que 43 %, selon le même institut, à souhaiter ce face-à-face, contre 53 % – dix points de plus ! – qui préféreraient un autre cas de figure (et 4 % qui ne se prononcent pas).

Il n’est pas jusqu’aux audiences des émissions politiques télévisées (17,4 % en moyenne contre 25 % en 2007) qui ne témoignent du désintérêt (relatif) des Français pour cette campagne. Il en va de même pour la diffusion des quotidiens nationaux, qui – excepté le Figaro – ont vu leurs ventes régresser en ce début d’année alors qu’elles avaient augmenté il y a cinq ans.
Pourquoi cette désaffection ? Là encore, comme les signaux, les explications sont multiples. « La présidentielle de 2007 (83,8 % de participation) n’a été qu’une “parenthèse enchantée” dans un climat général de progression de l’abstention, témoigne encore Jérôme Fourquet. Dès le mois suivant, aux législatives, la participation avait déjà baissé de 20 points. Puis tous les autres scrutins du quinquennat (municipales, européennes, régionales et cantonales) ont été mar qués par une abstention record sous la Ve République. » Bref, le “sursaut civique” tant célébré du précédent scrutin – avec une participation équivalente à celle de… 1974 – n’était qu’un trompe-l’oeil ! Il y a cinq ans, nous sortions d’un cycle (les douze années de présidence Chirac), les deux principaux candidats se présentaient pour la première fois et les Français, optimistes, avaient envie de croire aux promesses des politiques : c’est tout le contraire aujourd’hui !
Circonstance aggravante : le peu d’enthousiasme suscité par les candidats eux-mêmes. Aucun n’émerge réellement. Décryptage signé Pascal Perrineau, le directeur du Cevipof (Centre d’étude de la vie politique française, le centre de recherche de Sciences Po) : « À gauche, la procédure des primaires puis la sélection claire de Hollande avaient créé une grande attente. Elle est un peu déçue et laisse la place au vote protestataire pour Mélenchon. À droite, Sarkozy est engoncé dans son bilan de président sortant et Bayrou donne l’impression d’être seul et un peu usé. » Quant à Marine Le Pen, ajoute Jérôme Fourquet, « elle pâtit notamment de son absence de dynamique dans les sondages, ce qui peut démobiliser une partie de ses électeurs ». Alors que la plupart des candidats semblaient monter en puissance en 2007, ils apparaissent aujourd’hui essoufflés. Simplement répétitifs. Et d’autant moins convaincants qu’avec la crise, les Français ne croient plus guère dans leur capacité à changer les choses : quel que soit le candidat élu, neuf sur dix s’attendent ainsi à une baisse de leur pouvoir d’achat au cours des prochaines années !
Une campagne de chiffres, de petites phrases et de pronostics
Outre le calendrier (les deux tours tombent au milieu des vacances de printemps), la campagne est enfin jugée décevante, très en dessous de ses devancières, dans son déroulement et ses débats (ou plutôt ses non-débats). Si encore elle était distrayante, mais ce n’est même pas le cas ! Trop de forme, pas assez de fond ; successivement bataille de chiffres, de petites phrases, puis de pronostics : cette présidentielle, comme l’a crûment dit Daniel Cohn-Bendit « emm… » les Français. « C’est une campagne qui ressemble à une oeuvre de Jackson Pollock [peintre américain réputé incompréhensible, NDLR]. Quand on la regarde, on ne sait pas comment la saisir », commente drôlement Édouard Lecerf, le directeur général de TNS Sofres.
Mélange de colère (“Tous des nuls !”) et de résignation (“À quoi bon ? ”), l’abstention record prévue pour le 22 avril touche, comme d’habitude, plus fortement les jeunes (41 % des moins de 35 ans) et les catégories populaires (54 % des ouvriers). Est-ce à dire que le PS et le Front national seront les premières victimes de ce phénomène ? C’est ce que l’on espère à l’UMP, ultramajoritaire chez les plus âgés, qui sont aussi les plus participatifs (25 % seulement d’abstention chez les 50-64 ans). Pas si simple pourtant. Certes, la gauche a été absente des deux seconds tours des scrutins ayant connu les plus forts taux d’abstention (1969 et 2002). Reste, comme le remarque Jérôme Fourquet, que « lorsqu’on regarde notre étude dans le détail, les sympathisants UMP (27 %) sont encore plus nombreux que ceux du PS (23 %) à prévoir de s’abstenir ». Parmi les grands partis, c’est bien chez les sympathisants FN que l’on compte le plus d’électeurs tentés de bouder les urnes (37 %). Pour autant, le précédent record d’abstention sous la Ve République (28,4 %) est loin de l’avoir desservi : c’était le 21 avril 2002…
Si les instituts de sondage tentent de prendre en compte les abstentionnistes, tous les états-majors le savent : une “non-participation” a (presque) toujours des conséquences insoupçonnées. Qu’une fraction de l’électorat, simplement, se déplace, et c’est l’ensemble des lignes qui peut bouger. En 2002, seules 200 000 voix séparaient Le Pen de Jospin. Les deux favoris ne l’ignorent pas : il n’y a jamais loin entre attitude de résignation et vote de protestation – en faveur du candidat du Front de gauche d’un côté, de la présidente du FN de l’autre. Un signe qui ne trompe pas de l’inquiétude qui grandit : le site de campagne de Hollande affiche depuis quelques jours une page spéciale consacrée au vote par procuration. Celui de Sarkozy fera de même dans quelques jours. Arnaud Folch

Déni de réalité

Nos partenaires européens qui observent la campagne électorale française sont médusés. L’hebdomadaire britannique The Economist fait sa couverture sur une France en plein déni de réalité et parle de la campagne la plus frivole des pays occidentaux. Force est de donner raison aux critiques qui nous viennent de toutes parts.
Vous avez, nous disent les observateurs étrangers, deux problèmes majeurs étroitement liés : un État hypertrophié qui gonfle sa dette et une économie en perte de compétitivité qui creuse son déficit extérieur. Regardez-les donc en face !
À gauche, on ignore souverainement ces sujets : la dette, Jean-Luc Mélenchon, dans sa logique révolutionnaire, ne veut pas la payer, tout simplement. François Hollande, lui, recule d’un an, à 2017, l’échéance du retour de nos finances à l’équilibre. Son programme déborde de dépenses nouvelles non financées comme le recrutement de 60 000 enseignants, les contrats d’avenir. Preuve qu’il sait très bien que rien ne sera fait pour rétablir l’équilibre des finances publiques, le candidat socialiste annonce déjà qu’il renégociera avec Angela Merkel le pacte budgétaire qui nous y contraint.
Sur le terrain de la compétitivité, condition de la croissance, le déni est encore plus patent : le sujet n’est même pas abordé. Mélenchon promet, alors que toutes les statistiques montrent que le coût du travail est plus élevé en France qu’en Allemagne, d’augmenter le smic, prenant ainsi le risque de voir disparaître des millions d’emplois peu qualifiés. Hollande, lui, menace de taxer à 75 % les plus gros revenus et de rétablir l’ancien barème de l’ISF, évidemment sans le bouclier fiscal. Ce sont ainsi les entrepreneurs qui réussissent, les vrais créateurs d’emplois, qui quitteront le pays.
Deux facteurs contribuent à la compétitivité : le coût et la quantité de travail. Les coûts seront grevés par des impôts et des charges sociales nouveaux tandis que la quantité de travail restera contingentée : retour du droit au départ à la retraite à 60 ans, maintien des 35 heures et suppression des allégements de charges sur les heures supplémentaires. Du travail en moins et de l’argent en moins, c’est ce que nous annoncent Jean-Luc Mélenchon et François Hollande. Est-ce comme cela que la gauche espère créer davantage de richesses à taxer ?
Pendant ce temps, autour de nous, les Britanniques abaissent la tranche maximale d’imposition à 45 %. Leur premier ministre, David Cameron, ne cache pas son objectif : attirer les talents que la France aura découragés. Les Italiens, gouvernés par Mario Monti, réforment leur économie à grande vitesse tandis que les Espagnols, conduits par Mariano Rajoy, serrent les dépenses et bouleversent leur législation du travail pour permettre aux entreprises de licencier plus facilement et aux jeunes de s’insérer plus vite dans la vie active.
Même les Grecs, au fond du gouffre, comprennent qu’il est temps de changer et s’en remettent aux experts du FMI et de la Banque centrale européenne pour superviser leurs transformations.
Faudra-t-il que la France tombe si bas pour que soient enfin entreprises les réformes mises en chantier par nos voisins allemands il y a dix ans déjà ? Les agences de notation, qui scrutent les chances du pays de rembourser un jour sa dette, nous y ont incités : deux d’entre elles nous ont maintenu le triple A, la meilleure note, attendant que les vrais sujets soient enfin abordés, comme ils le sont par-delà les Pyrénées, les Alpes, la Manche et le Rhin.
Autant il est facile d’adresser aux électeurs des promesses chimériques, de leur désigner comme boucs émissaires la finance et les riches, de les bercer d’illusions sur la “démondialisation”, autant il est difficile de parler vrai, d’indiquer les sacrifices à accomplir pour remonter la pente sur laquelle nous nous sommes laissé glisser. À la vérité, ce sont la flexibilité du droit du travail, les contrats à objectif qui permettraient aux chefs d’entreprise d’aller chercher de nouvelles commandes, de conserver leurs salariés et d’en embaucher d’autres, l’esprit libre. Et non pas l’interdiction de licencier que demande Mélenchon. C’est la formation professionnelle ou encore la création d’une banque de la jeunesse proposée par Nicolas Sarkozy qui conduiront les jeunes à trouver de vrais emplois et à s’insérer dans la vie active, non la création d’emplois jeunes et le perpétuel assistanat promu par les socialistes. Face à ces réalités se dressent la gauche et les syndicats pour pérenniser le dangereux statu quo sur lequel ils prospèrent cependant que la France dépérit. Olivier Dassault                   

Refaire 1981 ?

François Hollande rêve d’un autre François : le Mitterrand de 1981. Cela le rassure : si les sondages aujourd’hui et le scrutin le 22 avril ne lui donnent que 26 ou 27 % des voix et qu’il soit derrière Nicolas Sarkozy, ce n’est pas grave ; en 1981, François Mitterrand était arrivé deuxième au premier tour et il avait quand même battu le président sortant, Valéry Giscard d’Estaing, au second.
Il est vrai qu’il y a des points de comparaison entre la présidentielle de 1981 et celle-ci : c’est une bataille pour le renouvellement ou non du mandat du président en exercice, dix candidats sont également en compétition et figure en tête ce qu’Olivier Duhamel, l’historien des présidentielles, appelle le « quadrille bipolaire » : en 1981, Mitterrand et Marchais à gauche, Giscard et Chirac à droite ; en 2012, Hollande et Mélenchon à gauche, Sarkozy et Le Pen à droite. Même division à droite qu’à gauche. En 1981, observe Olivier Duhamel, « Marchais ne cherche pas à aider Mitterrand, Chirac ne cherche pas à aider Giscard ». Peut-on dire, cette année, que Mélenchon cherche à aider Hollande plus que Marine Le Pen, Sarkozy ?
On connaît le vainqueur de 1981, pas celui de 2012. La partie que l’on prétendait jouée ne l’est plus. Les pronostics ont changé de sens. Comme si Nicolas Sarkozy avait soigneusement étudié, pour ne pas la reproduire, cette campagne de 1981, la seule qui ait permis à la gauche de s’installer à l’Élysée sous la Ve République.
Valéry Giscard d’Estaing fut longtemps considéré comme le vainqueur de l’élection par les enquêtes d’opinion. À l’automne 1980, les sondages lui accordaient 59 % des voix face à François Mitterrand. Au mois de décembre, il recueillait encore 35 % au premier tour et 54 % au second. La campagne ne l’inquiétait pas ; il la dominait. Il estimait Mitterrand loin derrière lui et ne redoutait pas la menace Chirac. Mais au mois de février 1981, la courbe des intentions de vote en sa faveur au second tour cassa la barre des 50 % ; Giscard descendit jusqu’à 48. Il compta sur sa déclaration de candidature, le 2 mars, pour surmonter ce handicap.
Pendant ce temps, Chirac d’un côté et Mitterrand de l’autre cognaient fort – or, tous les deux progressaient dans les intentions de vote. Giscard choisit un style de campagne conforme à son tempérament, distant, dédaignant les attaques (sur l’affaire des diamants, sur ses relations avec Brejnev) et comptant sur le « bon sens » des électeurs. Mais la droite était plus profondément marquée par sa rupture avec Chirac qu’il ne le pensait, et celui que l’on appelait alors une « bête de campagne » faisait des dégâts. Au soir du premier tour, Giscard arriva en tête, à 28 %, Mitterrand le suivant à 26 (mais il y avait le radical de gauche Crépeau et ses 2 % qui le portaient aussi à 28) ; venaient derrière Chirac, à 18, et Marchais, à 15 : arithmétiquement, Giscard pouvait gagner, mais la droite était durablement blessée et l’élan du côté de Mitterrand.
Nicolas Sarkozy n’est pas Giscard. Il n’hésite pas devant les transgressions et les coups à porter. Contrairement à Giscard, quand la campagne commence, il n’est pas le favori mais le challenger – impopulaire et donné battu par les sondages et les médias. Il doit donc tout reprendre en main : son électorat et ses élus démoralisés, son crédit malmené dans l’opinion, son camp éparpillé entre les candidatures. Paradoxalement, c’est Hollande qui se trouve à la place de Giscard : victorieux, planant sur ses sondages, s’interdisant le moindre écart par rapport à son chemin tracé d’avance.
Au début, Sarkozy n’est même pas assuré de figurer au second tour : il est menacé par Marine Le Pen. Il va donc simultanément faire décrocher six candidats de dispersion (Borloo, Boutin, Morin, Nihous, Villepin, Lepage) et se porter à l’assaut de l’électorat populaire, dont une partie vote Front national. Indifférent à la presse américaine, qui l’appelle « Nicolas Le Pen », il gagne des points, renforcé par les événements. Il se crée une dynamique. Du coup, Marine Le Pen se tasse ; à gauche, faute de se renouveler, Hollande décline. La surprise vient de Mélenchon. En 1981, Marchais faisait nettement moins que prévu ; en 2012, Mélenchon fait nettement mieux. Reste François Bayrou, en cinquième position : il arbitrera certes le second tour, mais en position de faiblesse. Qu’il vote blanc et il disparaîtrait de la scène. Le quadrille bipolaire se trouve ainsi placé très différemment de 1981 : à droite, Sarkozy progresse quand Giscard reculait ; à gauche Hollande patine là où Mitterrand s’élançait. François d'Orcival, de l'Institut

Tesson : "François Hollande ou la défaite de la raison"

"Les riches paieront" semble être le seul programme économique du candidat socialiste. Avec lui, la France court au-devant d'une grande désillusion. 
On sait désormais à quoi s'en tenir sur le coût du programme de chacun des deux candidats. N'en retenons qu'un élément essentiel. Le projet fiscal de Hollande prévoit une hausse d'impôt de 50 milliards d'euros, ce qui représente un relèvement du taux de prélèvement obligatoire de 1,8 point sur cinq ans. Ainsi celui-ci atteindra-t-il 46,9 % en 2017. La logique socialiste est ahurissante. Jugeons-en : "Le débat n'est pas de savoir s'il y aura plus d'impôts", dit-on au PS, ce qui est déjà en soi une affirmation irresponsable, "mais de savoir qui les paiera !" Les riches, bien sûr ! Cette lecture sociale du problème est très généreuse, on en convient, mais d'un simplisme désespérant. On connaît le coût économique indirect d'une pareille politique, qui n'est qu'une variante modérée de l'extravagance mélenchonienne. Et puisqu'on parle de Mélenchon, a-t-on évalué au PS le coût des gages que devra lui donner Hollande, une fois au pouvoir, s'il y parvient, pour s'assurer de son soutien.
Ce n'est, hélas, qu'au prix de ce laxisme que le candidat socialiste peut espérer être élu. S'ils le portent au pouvoir, ses électeurs en tireront sans doute, outre une satisfaction politique, un profit matériel immédiat, mais ils risquent de payer cher assez rapidement l'affaiblissement financier et économique du pays qui découlera de cette politique. Ils en seront, pour la plupart, les premières victimes, puisque, selon Hollande, on est riche à partir de 4 000 euros par mois. Ironie du sort, les électeurs socialistes à très gros revenus sont évidemment les seuls à protester aujourd'hui et, par avance, contre le régime que leur promet Hollande. On entendait ce matin sur RTL Patrick Bruel, qui vote socialiste et qui n'est pas à plaindre, s'indigner contre les propositions de son champion. Douloureux dilemme ! Quelle part de lui-même votera le 22 avril : le contribuable ou le socialiste ? Et pour qui ?
Il y a une forme d'inconséquence chez François Hollande. Faisons-lui ce crédit : elle n'est qu'apparente. Il connaît la situation de la France, il sait l'obligation de rigueur à laquelle notre pays est contraint. Mais il est pris au piège des surenchères d'imprévoyance que lui imposent son état de candidat et son ambition de pouvoir. La concurrence que lui fait Mélenchon ne lui facilite pas la tâche. Nicolas Sarkozy peut profiter de cette sorte de fuite en avant qui tient lieu de stratégie au candidat socialiste, dont les nouvelles propositions d'hier sont emblématiques. Le président n'a plus d'autre choix que de tenir bon sur la ligne de rigueur qu'il vient de définir dans sa conférence de presse : 100 milliards de baisse des dépenses, 75 milliards d'économies. La raison contre l'illusion. La sagesse contre l'inconséquence. La vérité contre la démagogie.

BAYROU L'ESPOIRE VAIN

La crise tue les petits patrons

Depuis le début de la crise, en 2008, au moins 50 artisans et patrons de PME se sont suicidés en Vénétie, le moteur du miracle économique des années 1990. Ceux qui n’ont pas su s’adapter à la nouvelle donne ont vu s’effondrer le modèle sur lequel s’était bâtie une prospérité qu’ils croyaient inépuisable. Extraits.
Les yeux de Laura Tamiozzo sont rivés à l’écran d’un portable et sa voix, légère mais déterminée, résonne dans la salle paroissiale du centre San Sebastiano, à Vigonza, un village près de Padoue. Derrière elle campe une affiche du syndicat Filca-Cisl Veneto, qui a organisé la réunion publique.

On y voit des tombes alignées et 25 noms d’entreprises implantées de longue date qui ont dû fermer leurs portes dans l’indifférence générale. “Chère Flavia, il ne m’a pas été facile d’écrire cette lettre, mais je tenais à te dire que le drame qui a frappé ta famille est aussi celui qui a frappé la mienne”.
Laura Tiamozzo lit la lettre qu’elle a adressée le 22  janvier à Flavia Schiavon, 35 ans, qui est assise à côté d’elle. La Grand Crise a emporté leurs parents. Tous deux étaient des entrepreneurs du bâtiment et tous deux se sont suicidés.
Giovanni Schiavon s’est tiré une balle dans la tête le 12 décembre dernier dans son bureau. L’affaire a fait du bruit parce que Schiavon était certes endetté, mais l’Etat lui devait 250 000 euros. Antonio Tamiozzo, quant à lui, s’est pendu dans la nuit du premier janvier dans un hangar de son entreprise, qui employait plus de trente personnes.
Daniele Marini, directeur de la Fondation Nordest, explique que, s’il est “difficile d’établir un portrait type de ces chefs d’entreprise”, on peut dégager cependant quelques caractéristiques communes.
La première est la dimension modeste, sinon minime, de leurs entreprises, qui en majorité exercent leur activité dans des secteurs établis tels que la construction, le petit artisanat et autres. Ensuite le fait que, dans un système où une PME du Nord-Est fait appel en moyenne à 274 fournisseurs, lesquels réalisent généralement à 80% le produit fini, toutes les PME sont étroitement liées les unes aux autres.

Se déclarer en faillite est considéré comme une honte

D’après les chiffres du Cgia [le syndicat des PME et des artisans] de Mestre, depuis le début de la crise, au moins 50 petits entrepreneurs ou artisans de Venétie ont mis fin à leurs jours. “Le partage du travail devient le partage de la vie”, explique l’écrivain et journaliste Ferdinando Camon. “Quand l’entreprise est en crise, son patron souffre affreusement de ne plus pouvoir payer ses employés et de les voir se serrer la ceinture. C’est la raison d’une bonne partie de ces suicides : devoir licencier ses collaborateurs, fermer et se déclarer en faillite est considéré dans la culture des laborieuses communautés du Nord-Est comme une honte, un manquement aux responsabilités sociales du chef d’entreprise”.
Il n’est pas exclu, affirme Camon, que certains suicides “expriment la volonté plus ou moins consciente de désigner le débiteur, c’est-à-dire l’Etat, comme un assassin, comme le responsable de ces morts”.
La colère monte, et les rapports avec le monde politique semblent s’être irrémédiablement dégradés. Après Tangentopoli [la grande enquête anti-corruption qui balaya la classe politique dans les années 1990], en effet, l’économie et la société de la Vénétie ont pensé qu’elles se développeraient bien mieux sans le frein des “institutions”.
Une défiance envers l’Etat tout à fait réciproque : “le Nord-Est est une jungle mystérieuse. Rome ne voit pas jusque là. Ou si elle voit, elle ne comprend pas”.

Seuls, isolés, incompris

Une des rares certitudes, c’est que ces entrepreneurs de Vénétie se sentent seuls, isolés, abandonnés, incompris. De la rencontre de Vigonza est née la proposition de créer une Association des familles des victimes de la crise. Quant aux diverses associations professionnelles, elles s’efforcent de parer au plus pressé. Fin février, la Confartigianato (l’association des artisans) d’Asolo et Montebelluna a inauguré Life Auxilium, un service d’aide psychologique aux chefs d’entreprise en difficulté doté d’un numéro vert (qui reçoit en moyenne un appel par jour) et d’un centre d’écoute.
Ces suicides sont-ils donc la conséquence macabre de l’épuisement d’un “modèle” ? Pas nécessairement. En réalité, la “locomotive d’Italie” –  une région pleine d’énergie, théâtre d’une explosion sauvage et spontanée d’entreprises de toutes sortes –  avait commencé à ralentir au début des années 2000.
C’est à ce moment que “le développement du Nord- Est, tel qu’on le connaît commençait à  ‘finir’ car les facteurs à l’origine de cette formidable dynamique avaient atteint leur limite”, peut-on lire dans Innovatori di confine. I percorsi del nuovo Nord Est [“Innovateurs frontaliers. Les chemins du nouveau Nord-Est”] (éditions Marsilio, 2012), un ouvrage collectif dirigé par Daniele Marini.
“La grande disponibilité de main d’œuvre a fait place à la stagnation démographique, à la carence de travailleurs locaux ; ces entreprises à la gestion longtemps familiale ont connu ensuite des difficultés de transmission aux nouvelles générations, et les campagnes de la région, en voie d’urbanisation mais qui offraient encore des espaces libres, sont peu à peu devenues saturées tant en termes de surface disponible que d’infrastructures. Tous ces facteurs favorables qui avaient propulsé l’économie du Nord Est vers la prospérité avaient atteint leurs limites”.
Stefano Zanatta, présidente de Confartigianato Asolo-Montebelluna, est sur la même longueur d’ondes : ”La crise a fait apparaître les faiblesses du système. Celui-ci est encore aujourd’hui très fragmenté, fait de petites et très petites entreprises. Cela a d’abord été un atout, tant que la machine tournait, la richesse et le plein emploi étaient assurés. Mais aujourd’hui, avec la crise qui dure depuis quatre ans, nous ne sommes plus en mesure de faire face à un système qui est plus fort que nous”.

Le travail est tout

Si on observe les chiffres de Movimpresa pour la période 2006-2010, on remarque que le solde entre les nouvelles inscriptions et les cessations d’activités dans le Nord- Est est négatif : 6 023 PME ont disparu. Pour Daniele Marini, une petite entreprise n’est pas nécessairement destinée à fermer ses portes ou à être marginalisée par le marché.
Encore faut-il que celle-ci ait su faire un “saut évolutif”  dans l’innovation technologique, dans l’organisation de la production et des services et qu’elle ait su instaurer des “relations de production et commerciales avec des entreprises plus grandes qui se sont internationalisées”.
Malgré les grandes transformations de ces vingt dernières années, la société du Nord-Est continue à être fortement “travailliste”, où tous – chefs d’entreprise et salariés –, quels que soient le milieu social, les générations ou les groupes d’appartenance, s’identifient au travail. Et le travail est aussi la préoccupation principale de la population – particulièrement en cette période.
En 1996 le sociologue Ilvo Diamanti [spécialiste du Nord-Est] lançait cet avertissement : “le travail est devenu la nouvelle religion. […] Je crains que nous allions au devant de grands problèmes, et pas seulement économiques. Parce que si le travail est tout,  si c’est le succès économique qui apporte la satisfaction, le jour où le développement ralentira, les répercussions ne seront pas seulement économiques, mais aussi psychologiques”.
“La culture et le bonheur ne comptent pour rien. Les sous – les schei comme on dit ici –  sont tout”, explique Ferdinando Camon : “le petit entrepreneur endetté ne vit pas une crise économique : il vit une crise totale. Nerveuse, morale, mentale. C’est pour cela qu’il se suicide. Parce que les schei  sont pour lui l’unique valeur et si sa vie est déficitaire de ce point de vue, il pense que ce n’est plus la peine de vivre. Les schei sont une valeur absolue”.

Du référendum à l'élection, où est passé Sarko?


Très au delà de leurs différences politiques, les français méritent une autre élection présidentielle que le seul referendum pour ou contre Nicolas Sarkozy. A quelques jours désormais du premier tour, pour que la campagne décolle vraiment enfin. Pour que les français, qui attendent une grande conversation sur l'avenir, l'obtiennent. Pour qu'ils puissent s'y investir très au delà du fauteuil du téléspectateur des monologues télévisuels ronronnants ou des débats audiovisuels des candidats avec les seuls journalistes. Pour que nous échappions au spectre de l'abstention. Il faut le retour de Sarko là où nous avons pour l'instant un Président sortant qui peine encore à revêtir la totalité ducostume du candidat.
Une comparaison avec 2007 accusatrice
La comparaison avec 2007, malgré des efforts récents et désordonnés, est accusatrice. Comme un sentiment diffus d'impréparation. Une organisation qui apparaît floue. Où sont les seconds rôles ? Et surtout pas de véritable histoire à nous raconter. Manquent un récit, des acteurs, une structure et une discipline narrative aussi. Nicolas Sarkozy n'a pas encore vraiment trouvé la ligne éditoriale de l'histoire réélection.
Dans ce temps de bataille des histoires que constitue la conversation on et off line des candidats avec les électeurs, celle du Président est dominée. Pourtant les narrations des autres candidats n'emballent pas vraiment les foules. Mais l'histoire qui était la plus attendue pour y adhérer, pour s'y opposer aussi, celle du tenant du titre, ex magicien des campagnes, ne parvient pas encore à être captée clairement par l'opinion.
Un chef de campagne qui doute
L'expérience Sarkozy 2012 demeure brouillée. Le Guide a laissé la place à un chef d'une campagne qui doute. En 2007, la marque Sarko était tout à la fois globale et locale, populaire et "people". On l'aimait ou on la détestait. Elle séduisait ou elle faisait peur. Elle ne fait plus vraiment rêver ses fans et elle n'inquiète plus trop ses adversaires. Elle avait ses codes génétiques. Qui peut prétendre aujourd'hui décrire son ADN? Et surtout, elle choisissait ses cibles, elle les "impactait", les fidélisait, les développait sans cesse. Elle a trop lu de sondages, s'est éloignée, a oublié de se relier à ses publics réels.
En 2007 les scénaristes de Nicolas Sarkozy nous livraient des séquences que nous dévorions épisodes après épisodes. La « machine de guerre fictionnelle » écrasait tout sur son passage. En 2012, des séquences sans contrôle s'entrechoquent. Les seconds rôles quittent l'espace de l'écran. Même le tempo n'est pas encore le sien. Le pont narratif entre la Présidence et la campagne, n'a pas été suffisamment préparé. La fin d'année 2011 aurait dû permettre cette évolution du récit. Le public attendait de nouvelles intrigues, de nouveaux personnages.
Une campagne définie par son indéfinition
Ce qui définit encore le mieux sa campagne, c'est son indéfinition. Et c'est inacceptable face à la complexité du Monde et celle de nos vies citoyennes. Sans tomber dans la simplicité, là où « Yes We Can » sonnait comme une victoire annoncée partagée et confiante, la « France Forte » raisonne comme une Ligne Maginot. Une « contre-narration ».
Ses partisans devraient lui dire : « Sarko sors de cette maudite boîte présidentielle ! Ton mea culpa, épaules basses, on s'en fout ! Tiens toi droit, parle des français, de ton action, pas de toi. Dis leur que tu les aimes. Montre que tu t'arraches pour eux ». La normalité du voisin de palier, du mec qui a souffert, ni n'est rassurante encore moins séduit. Le « je suis une personne comme vous ! » cette nouvelle définition de la proximité qui place le candidat non seulement au cœur de la société mais à la place même du citoyen, comme un clone politique de chacun ne sied pas au Président candidat. On a même parfois le sentiment que le langage du corps du candidat annonce une défaite du Président. Il n'est pas certain du tout que les français et en particulier, celles et ceux qui avaient choisis Sarko en 2007 avaient envie que le candidat exprime tant de regrets. En tout cas pas durant cette séquence. Ils préfèrent la tonalité plus combattante inaugurée depuis. Et de loin.
Une élection doit être un choix, pas un référendum

On veut s'élever dans le vote. Je veux croire que celui qui est là peut changer ma vie, celle de mes proches ou au moins la rendre meilleure. Il faut un souffle. « Nous sommes tout prêt du gouffre. Je suis un rempart. Le seul. » devrait être le registre. Karl Rove, le stratège de Bush en 2004 l'exprimait assez bien : « une élection doit être un choix, pas un referendum ». David Axelrod, le conseiller historique de Barack Obama s'en inspirant directement décrit la ligne de la prochaine campagne du Président sortant qui partage avec Nicolas Sarkozy une situation électorale complexe : « On ne va pas les laisser gagner par défaut. Et il ne sera pas suffisant de dire qu'ils sont différents d'Obama. »
Avec des challengers majeurs si peu idéologiquement positionnés, l'élection ne sera qu'un référendum sur la présidence Sarkozy. Dans l'état de crise économique et sociale du pays, nous savons ce qui va se passer ! Ce referendum pour ou contre Sarkozy favorise le seul François Hollande et à l'exception notable d'un Jean Luc Mélenchon, neutralise les performances des autres candidats du premier tour et en particulier de François Bayrou et Marine Le Pen. Avec des compétiteurs incarnant pleinement des visions différenciées du destin du pays, le débat s'engagerait vraiment sur toute sa surface de premier tour.
Une autre histoire que celle qui semble aujourd'hui écrite, celle d'une défaite annoncée pour Sarkozy, et surtout celle d'un pays qui n'aura pas eu le débat tant attendu.

 

Nicolas Sarkozy, son projet et ses crochets


Nicolas Sarkozy enfile ses habits de Président pour s'adresser à la France en tant que candidat. Pour présenter son projet, il a pris hier un ton très politique, distribuant les crochets et les uppercuts à l'endroit de son principal adversaire : François Hollande. De ce dernier, il a décortiqué, pour mieux le brûler, le programme opportunément décliné la veille sous la forme d'engagements pour les cent premiers jours, « un mépris pour l'électeur ». Il a surtout pourfendu le matraquage fiscal et opposé, à un « festival de dépenses nouvelles dont personne ne sait comment elles seront financées », son propre festival de mesures d'austérité. Sa « règle d'or » du retour à l'équilibre financier du budget de l'État est en effet le fil rouge qui doit le différencier de ses adversaires. Il veut matraquer jusqu'au premier tour que la frénésie dépensière est le sarcome de la gauche au pouvoir : une tumeur développée aux dépens de la charpente de l'organisme. Il s'appuie sur l'exemple des collectivités locales, tombées aux mains des opposants de l'UMP, en cascade, depuis 2004. Alors que lui veut amplifier les réductions des dépenses publiques, et qu'il a abandonné les illusoires promesses de baisse des impôts « vendues » aux électeurs de 2007. Ses trente-deux mesures sont assez claires, pas tout à fait nouvelles, et ne suffiront pas à surprendre pour donner un nouvel élan à sa campagne. D'autant qu'il n'arrêtera pas sa stratégie d'une annonce par jour, qui imprime un rythme soutenu à la campagne et oblige ses concurrents à s'engager dans un grand zapping un peu énervant, à la fin !

Le passé en guise d’avenir ? L’imaginaire en campagne électorale

Il y a peu le Ministre de l’Intérieur accusait le député apparenté PS Serge Letchimy d’avoir instrumentalisé « la mémoire de la Shoah ». Le débat portait alors sur le comparatif hasardeux entre diverses « civilisations ».
Lors de son lancement de campagne le principal candidat de l’opposition faisait du combat contre « la finance mondiale » son principal cheval de bataille, semblant prêt à en découdre jusqu’au fin fond du cosmos s’il le fallait pour débusquer ce qu’il décrivait comme un adversaire quasiment invisible, fantomatique.
Au même moment, la Croix-Rouge restant sur le qui-vive lançait un cri d’alarme, précédée de peu par les Restos du Cœur. En parallèle de l’explosion des chiffres du chômage, la précarité plus générale bat tous les records. Le cri de l’Abbé Pierre se produirait aujourd’hui dans le plus grand désert qui soit, celui de l’indifférence. Face à une réalité criante de désespérance, les campagnes se replient dans les éléments de langage « généralistes » faute d’oser encore un peu de parler vrai.
Des représentants des deux principaux partis de Gouvernement supposés gérer et améliorer la vie des citoyens s’investissent ainsi dans des luttes de civilisation et conflits avec des corps astraux bancaires. A chaque semaine son coup de « com » scénarisé au mieux, alimentant un débat situé dans la théorie tant l’échec dans la pratique n’est pas à l’honneur de toute une partie de la classe dirigeante.

Un pur visage de haine
Cet évitement du réel conduit bien des élus de premier plan à tenter de vaincre dans le seul combat qui vaille présentement, électoraliste, au travers de stratégies « d’immersion ». L’heure et les leurres sont donc aux « éléments de langage », autant dire, des inductions permettant de plonger l’auditoire dans le récit voulu et dûment structuré. Puisque il y a échec et corruption dans le monde réel, les victoires électorales ne peuvent plus se produire que dans l’imaginaire, cet inconscient collectif dans « l’usage » duquel certains sont devenus maîtres. En première loge, les citoyens continuent d’être traités comme des stock options et données d’études, même si toutes les courbes convergents vers le déclin. Des sociologues et « intellectuels » officiels attestent même que l’on n’y peut rien. Ils restent grassement rémunérés pour commenter et analyser tout ce qu’ils furent incapables d’anticiper. Les aveugles volontaires sont rois. Le peuple n’a pas à juger de ce qu’il vit, on lui dira dans le talk show du soir, aux informations, lesquelles sauront préparer son sommeil. Immersion ?
La première est de nature temporelle. Le scrutin de 2012 se devrait d’être une répétition de 1981 ou de 1988. Retour vers le passé, le présent serait trop impitoyable. Le candidat du PS fût probablement le premier à parier sur le temps singeant allègrement feu Mitterrand comme aucun imitateur ou comique ne l’osa jamais. Tout y est, le coude sur le pupitre et les commentaires instantanés du discours, l’orateur emportant avec lui toute l’assistance dans son mental, dans un effet d’auto dérision complice. Le public devient l’orateur lui-même par une subtile identification. Tout cela ne se pratiquait jadis que dans le milieu sectaire. Mitterrand prétendrait-il post mortem à un troisième mandat ? Les « forces de l’esprit » auxquelles il disait croire, seraient impénétrables.
L’ancien premier Ministre Jospin ayant entraîné avec lui le « retrait de la vie politique » de toute une partie de la Gauche, l’enjeu serait de se resituer dans le temps du seul Président « socialiste » accédant à l’Elysée sous la cinquième République. Toujours le passé.
Le candidat sortant et occupant actuellement la magistrature théoriquement « suprême » n’eut alors que le choix d’opposer un Mitterrand à un autre, celui de la réélection de 1988 dans « la France Unie » escomptée face à celui plus revendicatif et radical de Mai 1981. Un Mitterrand serait sûr d’être réélu en 2012. Le suspens repose seulement sur le fait de savoir lequel. Le Tonton 1 de la rupture ou le Tonton 2 du rassemblement. A ce stade le candidat de l’opposition s’est tellement identifié à son mentor décédé que le titulaire actuel de l’Élysée retrouve toute ou presque la virginité de sa candidature de 2007. La crise aurait gouverné ces dernières années, et pour tous les partis, depuis 30 ans.
Sans l’être probablement jamais en personne, Président, Mr Bayrou serait plus ou moins porteur du discours « transpartisan » appelé à devenir celui du futur vainqueur. En Mai prochain, le ton général sera celui d’un Président se situant de façon Gaullienne, au dessus des partis. Le Général aussi fera son éternel retour. Une sacrée mutation pour l’hyper président sortant, lequel parle depuis peu avec un débit digne d’une dose de Lexomyl ou d’une sortie de sauna. Un président unificateur de la nation se doit de parler lent, faute de vraiment parler vrai.
Finalement, Mr Hollande se retrouverait dans la position de rupture radicale du candidat Sarkozy de 2007, lequel ne fût pas alors sans rappeler Mitterrand prétendant en 1981 à sortir la France du grand sommeil Giscardien supposé. Vous commencez à être un peu perdus ? Tel est le but recherché. 2012 sera dans un monde parallèle où ne sera pas, ou ce sera la révolte citoyenne trouvant son réceptacle d’accueil au FN. Du spectacle au réceptacle, il n’y aurait qu’un pas. S’agissant des « principaux candidats » désignés comme tels sans que l’on sache bien par qui, la rupture serait surtout dans le ton et le niveau de la voix.
Oui, le Temps lui-même pourrait bien y perdre son latin durant cette campagne électoraliste. Un duel inter-Mitterrandien ? Le passé aurait plein d’avenir…
Ainsi, 2012 se passera en 1981. La crise (préalablement initié avec le choc pétrolier) et dégradation des finances publiques commençaient alors à marquer par un niveau tragique. Tout cela n’ayant fait que se confirmer depuis, rejouer 1981 à l’envers devrait donc être facile. Bien sûr, dans l’hypothèse d’une petite amélioration économique ou géopolitique au niveau Européen, ressortir Mitterrand 2 serait alors plus aisé.
Vers l’élection du temps et du contre temps ? Chacun connaît la chanson, ses refrains et ses slogans. Le « changement » sera présenté comme radical ou de continuité. Mr Hollande se devra de consommer beaucoup de caféine, et Mr Sarkozy beaucoup de Tilleul. Le peuple sera conçu comme un tas de plantes vertes bonnes à être arrosées de promesses. Avec le temps, les feuilles mortes de désillusion se ramasseront rapidement à la pelle. On divertira et soulagera le peuple avec des sondages au travers desquels il éprouvera la sensation de s’exprimer. Comme au JT du soir, on lui dira ce qu’il pense, ce qu’il doit penser.
Outre l’immersion dans le temps, nous ne pouvions échapper à une tentative parallèle d’égarer ou manipuler l’électorat au travers d’une subtile immersion autant spatiale que mémorielle. La France deviendrait l’Allemagne, dans la promotion permanente du supposé modèle économique germanique marquant pourtant par un fort taux de pauvreté et d’emplois offerts au quart de temps, parfois même au cinquième du taux horaire permettant théoriquement de vivre, survivre.
Donc, l’élection de 2012 se déroulera en Allemagne, ou ne se déroulera pas, pour le président (encore) français sortant comme pour son futur « principal concurrent ». La démocratie ne tolèrerait que deux partis, deux candidats. Les mauvaises langues parleraient même d’un seul parti théâtralement scindé en deux chapitres, afin que le spectacle soit moins ennuyeux pour le public, le brave peuple, la France d’en bas, celle que l’on prend de haut.
Quoi qu’il en soit, le couple Mitterrand-Kohl se retrouverait dans l’arène face au couple Merkozy. Il y aurait eu un mariage, ou remariage, désormais un seul nom suffirait.
Reste que nos deux pays connurent aussi des heures fratricides par le passé, jusqu’à pousser l’Humanité toute entière dans le désastre effroyable que l’on sait. Le conflit « civilisationnel » opposant le Ministre de l’Intérieur au député apparenté PS Serge Letchimy s’agissant de la Shoah démontre toutes les limites et risques des déplacements spatiaux temporels de la campagne. Immersion ?
Pour peu que l’on garde un œil suffisamment attentif, une sorte d’anticipation d’une élection conçue pour être intemporelle en 2012 fût initiée dans les médias du Service Public, défini jadis (ou encore) comme celui de l’Etat. Du retour de Patrick Sabatier singeant non pas Mitterrand (bien au contraire !) mais lui-même dans ses émissions passées à succès jusque Drucker, le présentateur éternel, reprenant carrément ses anciens programmes, l’espace médiatique semble déjà approprié pour ce retour vers le passé, en guise de présent, sans avenir. Les compiles de vieux chanteurs des années 80 et 90 marquent un pareil retour. Nous serions dans une phase de restauration, hélas pas sur les plans ou cela serait souhaitable.
Non, cette immersion conjoncturelle ne s’inscrirait que dans la trame d’un spectacle trouvant son point final, ou point de chute, au mois de Mai prochain. Le retour au réel et au présent sera alors brutal. Il ne s’agira plus d’un jeu électoral. La sortie de l’immersion pourrait se faire sous respiration artificielle, entre plans d’austérité, et, plans d’austérité. Le retour provisoire du Front Populaire, voire à la Belle de 1789, assuré par le Front de Gauche, n’y aura rien changé. Le réchauffé du passé ne faisait que passer.
Chacun s’étonnait le 10 Mai 2011 de l’ampleur prise par la commémoration de la mort de Mitterrand (1 et 2). Il n’est pas exclu que l’immersion commença un an avant l’élection de 2012. Les forces d’un esprit très « créatif » seraient à l’œuvre au niveau de la gouvernance de notre pays. Cela remonterait à des temps anciens bien difficiles à situer, seules les pyramides d’Egypte pourraient peut être en témoigner. Certains gagneraient à plonger l’espace et le temps dans l’aveuglement général.
La vérité étant forte de n’avoir rien à cacher, il n’est pas sûr que cela dure aussi longtemps que certains souffleurs de coulisse, avec ou sans oreillettes, le pensent.
2012 : retour vers le passé en guise d’avenir ? Au niveau des conditions de vie pour la majorité des citoyens, la régression est plus que probable. Pareillement au niveau des valeurs morales et de l’éthique. Le peuple n’en pense pas moins, et il recouvre en son sein 10 millions de survivants au seuil de pauvreté. Une masse électorale à même de réserver bien des surprises, pendant comme après les « élections ».

Girouette : Hollande drague à nouveau les grands patrons

François Hollande est-il une anguille comme le prétend Jean-François Copé ou tout simplement une girouette ? Après ses accents marxiens au Bourget, après sa déclaration d’amour aux cols blancs de la City de Londres, après son super-impôt à 75%, le candidat socialiste donne encore le tournis en déclarant sa flamme aux grands patrons du CAC 40.

A moins de trois semaines du premier tour de la présidentielle, qui pourrait dire sur quel pied va nous faire danser François Hollande en cas de victoire ? Celui d’une gauche raisonnable, réformatrice et qui réglera son pas dans les pas du précédent gouvernement ? Ou celui d’une gauche radicale faisant la guerre à l’argent et aux capitalistes ?
Si en douce, les proches de François Hollande tentent de rassurer les marchés et les décideurs économiques sur le thème « les excès de campagne seront vite oubliés »… toujours est-il que le discours économique de François Hollande est totalement illisible et contradictoire. Des incohérences qui posent de vraies questions démocratiques et ne sont pas de nature à rassurer.
Qui est le vrai François Hollande ? Sans doute ressemble-t-il plus à l’homme urbain qui fait des courbettes à la City et devant les PDG du Cac 40. Mais s’il est élu, le candidat socialiste devra aussi rendre des comptes à ses électeurs qui se sont laissés griser par ses appels à la guerre contre « l’empire de l’argent ». Sans même parler des mélenchonistes qui risquent d’avoir du mal à digérer la tisane hollandaise.
Comment résoudre cette contradiction évidente ? L’anti-sarkozysme sera peut-être suffisant pour gagner une élection, mais il deviendra totalement inopérant à l’heure de gouverner. La politique de l’esquive et du zig-zag cher au disciple de Jacques Chirac ne fera pas illusion bien longtemps.
CE SERA LE GRAND COMIQUE DE L'ÉTAT, S'IL EST ÉLU .

Jamel Debbouze : l’intellectuel de banlieue avec Hollande

Comme il nous l’a déjà prouvé dans le passé en promettant à la France une révolution d’immigrés « énervés », Jamel Debbouze est nettement moins drôle quand il fait de la politique. A fortiori quand son aura de banlieusard (qui vit tout de même dans le Ve arrondissement de Paris) est récupérée pour servir la soupe à François Hollande et au parti socialiste.

Jamel Debbouze a appelé mercredi à voter François Hollande dès le premier tour de la présidentielle. Drôle de société du spectacle dans laquelle un saltimbanque-people se transforme par la grâce des médias en prescripteur d’opinion. Mais qu’a donc fait Jamel Debbouze pour être légitime dans l’arène politique ?
Serait-ce sur le plateau (très festif a-t-on dit à l’époque) d’Asterix Mission Cléopatre que l’intellectuel de banlieue a développé une conscience politique ? Est-ce au contact de sa bimbo d’épouse, rédactrice en chef de Zone Interdite par la grâce de son joli minois, que le comique a découvert les subtilités des joutes politiciennes ?
Toujours est-il que Jamel Debbouze, comme l’écrasante majorité des habitants du Quartier Latin, ne se contente pas de voter à gauche, mais qu’il le fait savoir à la France entière… avec un brin de condescendance. Les sachants des beaux quartiers parisiens (fussent-ils estampillés banlieue) aiment à exhiber leurs qualités morales (donc de gauche) pour en faire profiter le « peuple » forcément réactionnaire et crispé (c’est Terra Nova qui le dit).
Et que pense Jamel Debbouze de la principale promesse électorale de François Hollande ? Il affirme sans rire que l’idée de taxer à 75% les personnes gagnant plus d’un million d’euros par an est « ridicule ». Ce n’est pas le souci de cohérence qui étouffe l’acteur millionnaire… ou le candidat socialiste qui aurait déjà fait dire à ses amis people qu’il n’appliquerait pas cette mesure en cas de victoire.
IL PORTE BIEN SON NOM DEBBOUZE ( merde de vache ) je vais demander à la mienne (de vache) pour qui dois-je voter.

SCANDALEUX ! 
Combien sont-ils à profiter de la France et des cotisations des travailleurs Français ? 
plus de 15 000, et cela ne fait que commencer. 
Si Hollande devient (un malheur est toujours possible) ce chiffre va tripler en un an.
FLEUR DE RACAILLE, VOILÀ À QUOI EST DESTINÉE CETTE POPULATION ASSISTÉE

Sarkozy, une lettre comme Mitterrand

En annonçant jeudi la diffusion immédiate d'une "lettre aux Français" pour présenter son programme électoral, Nicolas Sarkozy s'inspire de l'ancien président socialiste, et de son courrier en 1988. Le chef de l'Etat a justifié ce choix par la volonté d'avoir "un lien direct avec les Français". Une stratégie qui avait marqué les esprits il y a 24 ans.
"Mes chers compatriotes, il n'est rien de plus beau en démocratie que l'amour de son pays…" Ce sont par ces termes que Nicolas Sarkozy a choisi de s'adresser à ses concitoyens. Le président a publié jeudi une "lettre aux Français", qui sera "tirée à plusieurs millions d'exemplaires", a-t-il indiqué lors d'une conférence de presse. A 17 jours du premier tour de l'élection présidentielle, ce courrier fait office de programme électoral pour briguer un second mandat.
Dans ce document de 34 pages, consultable en version numérique qui sera également distribué par des élus et des militants lors d'une grande opération de mobilisation militante et de porte-à-porte jusqu'au 22 avril, le chef de l'Etat énumère ses priorités : "Vivre en sécurité dans un monde ouvert", "L'Europe ne doit pas être un continent passoire" ou encore "Rétablir le sens de la responsabilité". Ainsi, son premier engagement est de "recourir au référendum" quand c'est nécessaire "pour surmonter les blocages".

"Un programme en effet est l'affaire des partis"

En réalité, Nicolas Sarkozy n'est pas le premier chef de l'Etat à choisir la voie épistolaire pour s'adresser aux Français en pleine campagne électorale. En 1988, François Mitterrand avait joué l'originalité en écrivant "une lettre à tous les Français", quelques jours avant le scrutin. Une élection à l'issue de laquelle il avait été réélu assez largement. "Vous le comprendrez. Je souhaite, par cette lettre, vous parler de la France", avait alors écrit le président socialiste dans ce courrier, en guise de préambule.
A cette époque, ce moyen avait été choisi par le chef de l'Etat pour se situer au-delà du clivage politique. "Je ne vous présente pas un programme, au sens habituel du mot […] Un programme en effet est l'affaire des partis. Pas du Président de la République ou de celui qui aspire à le devenir", justifiait alors François Mitterrand. Par un courrier directement adressé aux citoyens, ce dernier voulait ainsi une "sorte de réflexion en commun, comme il arrive le soir, autour de la table, en famille."

"Simuler une relation intime"

Vingt-quatre années plus tard, le raisonnement de Nicolas Sarkozy était le même, ce jeudi. Le candidat de l'UMP a indiqué avoir choisi la meilleure solution "entre le document militant moins délié et le livre forcément convenu". "J'ai pensé qu'une lettre, c'était de l'écrit, ça m'engageait et c'était un lien direct avec les Français", a affirmé le président face aux journalistes. Une façon de renvoyer François Hollande dans ses cordes, avec son ouvrage Changer de destin. "Je remarque que vous ne m'en parlez jamais", a glissé, sarcastique, Nicolas Sarkozy. De là à copier l'ancien président socialiste? "Après tout, ça lui avait pas mal réussi", a fait valoir le candidat de l'UMP.
Dans son article La stratégie de communication de François Mitterrand en 1988 publié en 2007, le docteur en science politique Olivier Rouquan rappelait justement la force du message de l'ancien président. "Qui n’a pas en mémoire la Lettre aux Français de François Mitterrand? Symbole écrit, elle est surtout appréhendée pour l’effet de halo que sa mise en scène médiatique suscite", écrit ainsi le chercheur. Qui ajoutait : "La technique autorise le leader politique à simuler une relation intime avec son coeur de cible électoral. La médiatisation du document stylise les traits d’un Président, homme de lettre, installé à Latché [son lieu de vacances, Ndlr], peaufinant son texte..." Avec sa "la lettre aux Français", Nicolas Sarkozy marquera-t-il autant les esprits?

Grèce : "Ce n'est pas un suicide, c'est un meurtre"


Le suicide, sur une place au coeur d'Athènes, face au Parlement, d'un retraité qui voulait dénoncer son propre sort et la rigueur économique imposée à son pays, provoque une forte émotion en Grèce.

La photo de l'arbre au pied duquel Dimitri Christoulas (77 ans, marié, un enfant) s'est suicidé hier est à la Une du quotidien Kathimerini , aujourd'hui.
Le journal raconte que le drame s'est produit juste avant 9 heures sur la place Syntagma, au coeur d'Athènes, à l'heure de pointe où elle est envahie par les gens qui se rendent à leur travail. Selon plusieurs témoins, Christoulas a crié "Je ne veux pas laisser de dettes à mes enfants" avant de se tirer une balle dans la tête.
Le défunt avait des problèmes de santé et n'avait plus les moyens de payer ses médicaments. il a laissé une note manuscrite expliquant qu'il ne pouvait pas se faire à l'idée "fouiller les poubelles pour trouver de la nourriture, et de devenir un fardeau pour sa fille".
Pendant l'après-midi, plusieurs milliers de personnes sont venues se recueillir au pied de l'arbre, en déposant des fleurs, et en fixant des messages sur le tronc.
L'affaire est aussi à la Une de l'édition européenne du quotidien américain Wall Street Journal, avec une photo montrant un prêtre orthodoxe à côté de l'arbre couvert de textes de solidarité avec le défunt.
Le journal souligne que le taux de suicide est en hausse dans le pays depuis deux ans, et que le drame s'est joué face au bâtiment qui abrite le Parlement grec.
"C'est un suicide symbolique. S'il ne s'était pas produit ici, sur la place, devant le Parlement, personne ne s'en serait soucié", affirme un passant cité par le Wall Street Journal.

Pour 23 interpellés, combien d’islamistes dormants ou réveillés ?


Coup de filet à droite, coup de filet à gauche, ça pêche au gros dans tous les sens. Et c’est la pêche miraculeuse. Tel Algérien condamné pour des attentats à Marrakech vivait tranquillement sur notre sol, tel autre travaillait sur une opération terroriste, tel imam prêchait la lutte armée, celui-ci est soupçonné d’un passage à l’acte imminent, celui-là voulait enlever un magistrat lyonnais, un autre encore revenait d’un stage d’entraînement au djihad en Afghanistan… Tous avec visas, permis de séjour, papiers en règle ? Tous chez nous en tout cas.
A nouveau, dix « islamistes radicaux présumés » ont été interpellés mercredi matin dans plusieurs villes de France lors d’une nouvelle opération policière anti-jihadiste, dernière gesticulation électoraliste sarkozienne du moment.
« Il n’y a pas d’appartenance à un réseau », nous explique-t-on. « Ce sont des individus isolés avec pour la plupart un profil à la Mohamed Merah. » Rien que ça. Sarkozy a été ministre de l’Intérieur pendant cinq ans, puis président de la République pendant cinq ans et il s’aperçoit seulement après l’affaire Merah qu’il y a un petit souci islamiste ? Il porte la responsabilité criminelle de tout ce temps perdu et du développement de la grave menace sur la sécurité de l’Etat.
Le coup de filet de mercredi vise des personnes susceptibles de s‘être rendues en Afghanistan ou au Pakistan ou de vouloir s’y rendre pour mener le jihad. Ces islamistes vivaient à Roubaix, Marseille, Valence, Pau ou à Bon-Encontre dans le Lot-et-Garonne. A Roubaix, deux hommes vêtus de djellaba et une femme ont été interpellés. Une petite dizaine de journalistes étaient présents. A Marseille, un jeune homme a été interpellé dans les quartiers nord de Marseille. A Bordeaux, un homme a été arrêté et conduit chez sa mère à Bon-Encontre (Lot-et-Garonne), où une perquisition a eu lieu. A Pau, deux frères ont été arrêtés. Certains des mis en cause « allaient sur des sites internet fournissant des modes d’emploi pour confectionner des bombes ».
Ces arrestations se sont déroulées dans le cadre des huit enquêtes préliminaires du parquet antiterroriste de Paris ouvertes lundi pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, détention et transport d’armes et confiées à la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI).
A chaque descente de police, la presse était convoquée, les télévisions déjà sur place, les caméras installées. Il y a du Sarkozy-show dans tout cela bien sûr, même si on ne peut que se féliciter que ces arrestations aient enfin lieu. Mais que faisaient ces terroristes présumés sur notre sol ? Comme exige de le savoir Marine Le Pen : « Depuis quand exactement les interpellés vivaient-ils sur le sol français ? Avaient-ils des visas ? Touchaient-ils des aides sociales ? De quoi vivaient-ils ? »
Nicolas Sarkozy, qui a laissé se développer l’immigration de masse, une intégration de plus en plus approximative et impossible, l’insécurité dans les banlieues, le communautarisme galopant, la ghettoïsation des cités, la guerre urbaine, la haine de la France, de sa police et de ses institutions, croit-il vraiment mettre l’islam radical à genoux en trois descentes de police ? Il a tout supporté, tout laissé faire, ne prononçant même jamais le mot d’« immigration » et parlant encore moins de son poids et de ses dangers. Tenu par les réflexes de sa propre idéologie, par le terrorisme des associations anti-racistes et la culture de gauche de l’excuse qui règne autour de lui ainsi que dans les médias et les tribunaux. De son petit coup de pied dans la fourmilière il sort des centaines de cloportes géants : pour 23 interpellations en pleine lumière des caméras, combien de djihadistes dormants ou réveillés en puissance parmi les enfants de centaines de milliers d’immigrés inassimilés et inassimilables ?

Treize parmi combien d’autres ?


Treize des dix-sept islamistes « radicaux » interpellés vendredi (voir l’article de Pierre Malpouge dans Présent d’hier) étaient donc présentés mardi aux juges antiterroristes en vue d’une mise en examen pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste et acquisition, détention et transport d’armes, soupçonnés en particulier d’avoir évoqué un « projet intellectuel » d’enlèvement d’un magistrat lyonnais. Le parquet a requis un placement en détention pour neuf d’entre eux.
Dans le lot, Mohamed Achamlane, le leader du groupuscule salafiste Forsane Alizza, un « Français » de 34 ans. Il avait récemment jugé « possible » un recours à la lutte armée « si l’islamophobie s’intensifie ». Sur son site, désormais fermé, le groupuscule recherchait « toutes sortes de compétences mais surtout des soldats » ! Parmi les éléments retenus contre les treize, figure notamment un « projet intellectuel » d’enlèvement d’un juge de Lyon évoqué lors d’une réunion en septembre 2011 qui n’a cependant fait l’objet d’« aucun commencement d’exécution », a ajouté le procureur. Des mesures de protection pour le magistrat et sa famille auraient néanmoins été prises vendredi.
Mohamed Achamlane conteste fermement tout projet d’enlèvement quel qu’il soit, a indiqué son avocat nantais, Me Benoît Poquet, dans un communiqué. « L’enquête à venir permettra de démentir définitivement cette affirmation d’un “projet d’enlèvement”, laquelle participe à l’évidence à une volonté d’influencer l’opinion publique », a-t-il ajouté.
« Ce n’est pas mon client qui a tenu ces propos. Il y avait une vingtaine de personnes à cette réunion, pas que des membres de Forsane Alizza » et ces propos « ont été tenus dans un moment de délire collectif », a cependant précisé Me Philippe Missamou, qui assiste Mohamed Achamlane à Paris devant les juges antiterroristes. Selon des « sources proches de l’enquête », la tentative de rapt visait le magistrat Albert Lévy – dont le nom n’est pas inconnu aux anciens lecteurs de Présent – qui avait suivi un dossier dans lequel un des gardés à vue a été condamné en juin 2010 à un an de prison ferme, une affaire liée à une privation de soin de ses enfants.
La décision d’interpeller ces personnes vendredi résulte d’un « croisement » d’éléments du dossier, dont des informations sur des « entraînements physiques », des « appels au jihad », et un « comportement de confidentialité » adopté récemment, a expliqué le procureur de Paris, François Molins : « Tout ça incite les magistrats instructeurs à ne pas prendre de risque, il y a suffisamment d’éléments pour aller les chercher et pour éviter un passage à l’acte imminent. » Par ailleurs, tous les mis en cause ont confirmé le rôle d’animateur, de coordinateur et d’« émir » de Mohamed Achamlane, a ajouté le magistrat en précisant qu’une dizaine d’armes avaient été saisies.
Nicolas Sarkozy, qui avait prévenu vendredi que ce type d’opérations allait se poursuivre, a justifié les arrestations en déclarant que des « éléments extrêmement sérieux » avaient été accumulés par la police : « Disons qu’on a été les chercher chez eux, la police était sur eux depuis quelque temps et vous verrez que, dans les semaines qui viennent, nous continuerons ce travail absolument systématique, qui consiste à assurer la protection des Français en ne tolérant pas ce type d’activité. »
Le très à gauche Syndicat de la magistrature (SM) a accusé le président Sarkozy d’« instrumentaliser » cette affaire et apporté son soutien au juge lyonnais Albert Lévy en déplorant que des médias aient « cru utile de révéler le nom de ce magistrat faisant l’objet d’une protection policière depuis plusieurs jours ». Dans son communiqué, le SM exprime son total soutien à Albert, « camarade engagé depuis toujours dans le combat syndical… » Puis le syndicat précise : « A l’instar d’Albert Lévy, le SM n’acceptera aucune récupération politique (…) de cette affaire déjà instrumentalisée par le président-candidat. » Clémentine Autain, porte-parole du candidat du Front de gauche à la présidentielle, s’est interrogée pour sa part sur le calendrier de l’arrestation d’islamistes radicaux, à l’approche du premier tour de l’élection, mettant en garde contre une « manip » de la droite : « Je suis obligée de m’étonner du contexte… S’il y avait des islamistes dangereux auparavant, il aurait fallu évidemment les arrêter. »
De son côté, Louis Aliot (vice-président du FN) a assuré mardi, à propos des expulsions de militants islamistes ordonnées par le gouvernement (trois imams radicaux et deux militants islamistes étrangers : cf. Présent d’hier), qu’« il y a bien un risque qui est terroriste dans notre pays ». Nicolas Sarkozy, a-t-il observé, a été ministre de l’Intérieur pendant cinq ans, il est président de la République et il s’aperçoit qu’il y a un problème parce qu’après l’affaire Merah, « Marine Le Pen a dit qu’il minimisait le risque fondamentaliste ». L’élu régional de Languedoc-Roussillon a souligné qu’il y avait un Algérien (Ali Belhadad) dans cette bande-là qui a été condamné pour des attentats à Marrakech en 1994 : « Il faisait quoi chez nous ? Non seulement on est obligé de recevoir toute la misère du monde, mais en plus, si je puis dire, on se tape toute la racaille des autres pays. C’est inadmissible… Le gouvernement savait que cet Algérien était sur notre sol. Mais il attend les quinze derniers jours [avant le premier tour], très certainement pour faire un coup de pub. »
Dans Le Journal de la Haute-Marne, Patrice Chabanet n’hésite pas, quant à lui, à faire le lien avec la situation au Mali : « Là, c’est carrément une branche d’al-Qaeda (Aqmi) qui s’est emparée de la moitié du pays avec, sans doute, l’intention d’en contrôler la totalité. (…) Ce qui se passe au Mali n’est pas une “affaire étrangère”. Elle nous concerne directement. Il ne faut pas oublier qu’Aqmi détient des otages français depuis plus de quatre mois. L’installation d’une république islamique, fondée sur la charia, au Mali constituerait aussi une base arrière, avec pignon sur rue, pour le terrorisme international, menaçant aussi bien l’Afrique que l’Europe… » Tout « amalgame » avec le devenir de la situation française serait évidemment déplacé…

Le Marsupilami de la gauche plurielle 


Faut-il y voir la culture de l’excès propre à la grande ville du sud ou un signe de tension grandissante à l’approche des échéances ? À Marseille, les colleurs d’affiches de candidats verts et PS aux législatives en sont venus aux mains. Et les deux belligérants de porter plainte l’un contre l’autre. “Climat de guérilla”, déplore le premier. “Comportements de voyous”, accuse le second. L’incident, dans la lignée des frasques phocéennes, passerait pour anecdotique s’il ne survenait dans un contexte national de confiance dégradée entre deux partis qui avaient scellé un accord selon lequel le PS réservait 60 circonscriptions aux écologistes. Mais vu les sondages, ces derniers méritent-ils encore autant d’égards ? C’est la question que posent des socialistes dissidents et mécontents de ce fil à la patte. Pour Montebourg, à la mémoire sélective, rien n’est gravé dans le marbre. “Cumulard féodal de Saône-et-Loire”, lui répond le bras droit d’Eva Joly, tenant à ce pacte évanescent. Perdu dans ses calculs, traçant ses azimuts du centre à l’extrême gauche, Hollande a la tête ailleurs. Sans doute songe-t-il au Marsupilami, animal indocile, omniprésent hier sur les écrans de cinéma. La suite s’annonce pour lui comme une course sur la piste de cette bête insaisissable et qui, dans cette Présidentielle, a les traits de Jean-Luc Mélenchon, crédité de la meilleure campagne. Les Verts, jaloux, ont beau le qualifier de “clientéliste et conservateur”, Marsu-Mélenchon cristallise les passions et leur dit : “houba houba hop, c’est moi qui leur fais tourner la tête”.