TOUT EST DIT

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dimanche 25 mars 2012

COHÉRENCE DANS LA POLÉMIQUE

Sarkozy accuse la gauche de "finasser"

Le président candidat s’est montré déterminé samedi à renforcer la sécurité et la lutte contre le terrorisme islamiste. 
Samedi, dans un gymnase surchauffé et bondé de Rueil-Malmaison, Nicolas Sarkozy a intronisé, lors d’une réunion publique, son fidèle ministre de l’Intérieur devant les électeurs des Hauts-de-Seine. "L’État s’honore d’avoir des serviteurs tels que Claude Guéant", a lancé le candidat à la présidentielle après un long développement sur les "événements tragiques" de Toulouse, "l’image de la douleur et de l’effroi dans les yeux des familles des victimes", a-t-il dit, imprimée dans sa rétine, "jusqu’à la fin de ses jours".
En ouverture, Claude Guéant, très applaudi par les quelque 3.000 militants présents, expliquait lutter en matière de terrorisme islamique contre deux fronts, le "front extérieur", venu de l’étranger et le "front intérieur, ce terreau dans lequel on recrute les extrémistes".
Dans son fief du 92, Nicolas Sarkozy a donc d’une certaine manière lancé la campagne de Claude Guéant, candidat aux législatives à Boulogne- Billancourt, à dix minutes de voiture de là. Et esquissé une nouvelle séquence, délicate, de la sienne. Difficile en effet de faire cohabiter dans un même discours une ode à la France, qui a "tenu bon" devant "ces actes monstrueux", et une moqueuse diatribe contre Hollande, comme il l’a fait la semaine dernière à Lyon.

Il défend "l’honneur des policiers du Raid"

Entre-temps, il y a eu ce drame de Toulouse, dans lequel, mandat oblige, Sarkozy a été en première ligne, mais dont il ne peut pas non plus tourner trop vite la page. Mandat oblige. Le chef de l’État a donc opté hier pour un entre-deux. Un discours très grave dans lequel il explique qu’il ne laissera "personne remettre en cause l’honneur du Raid et des forces de l’ordre, qui ont mis fin à la trajectoire d’un individu monstrueux". Des policiers qu’il recevra à l’Élysée. Un discours dans lequel il tacle aussi son adversaire.
Le député de Corrèze a beaucoup parlé de sécurité lors de son déplacement en Corse ? "S’il veut aller sur ce terrain-là, il n’y a pas de problème", lance bravache Franck Louvrier, le conseiller en communication du Président candidat. Hollande a notamment critiqué les lois antiterroristes qui doivent être présentées mercredi en Conseil des ministres, sans espoir de vote avant le 22 avril, ajoutant que celles qui existent suffisent. Sarkozy réplique : "M. Hollande n’a voté aucune des lois antiterroristes derrière lesquelles il s’abrite aujourd’hui. Il peut s’indigner, tergiverser, hésiter, esquiver, finasser, refuser de voter les lois, c’est son droit, mais ces lois seront votées si les Français décident de me faire confiance."

Un président à l’attaque

Nicolas Sarkozy suggère même, qu’à sa place, Hollande aurait fait moins bien. "Si au sommet de l’État, les ordres ne sont pas clairs, si au sommet de l’État, la volonté n’est pas inébranlable, alors le résultat devient aléatoire. Souvenons- nous du temps qu’il a fallu pour trouver l’assassin d’un préfet de la République", a-t-il dit, en référence à la mort de Claude Érignac, tué alors que Lionel Jospin était à Matignon. Un président à l’attaque mais qui sait combien la situation électorale est compliquée pour le candidat Sarkozy, contraint maintenant d’attendre un retournement de situation dans les sondages de second tour : "Je veux qu’ensemble nous écrivions la plus formidable histoire de la vie politique française", a-t-il conclu.
Soazig Quéméner - Le Journal du Dimanche

Un président doit-il être cultivé ?

Un jour qu'on lui demandait l'intérêt d'avoir fait venir, un an avant l'élection présidentielle de 2007, Henri Guaino pour écrire ses discours, Nicolas Sarkozy eut cette phrase : "Je suis un immigré sans diplôme. J'ai besoin qu'Henri m'apporte la France de Péguy et de Michelet." Jusque-là, Nicolas Sarkozy avait cru pouvoir en faire l'économie. "Un homme politique qui ne regarde pas la télé ne peut pas connaître les Français", professait-il. Incarner la "rupture", c'était aussi rompre avec "le catéchisme culturel" partagé, à ses yeux, par les seules élites. Il pressentait pourtant qu'il lui faudrait d'autres références.
Pour sa campagne électorale victorieuse, Henri Guaino lui offrit donc les mots. Ceux de Jaurès et de Camus. Trois ans plus tard, à l'Elysée, Nicolas Sarkozy plongea lui-même dans tout ce qu'il avait rejeté. Dévora Dostoïevski et le cinéma de Dreyer, lu La Chartreuse de Parme et Stefan Zweig. Mais on ne rattrape pas si vite une culture classique qu'on a longtemps fait mine d'ignorer. Et sans doute trouvera-t-on une part du malentendu, né dès les premiers mois de sa présidence, entre le chef de l'Etat et les Français dans cette langue parfois malmenée, dans cette ironie longtemps affichée envers les classiques et même dans cette forme de regret d'un homme découvrant avec enthousiasme, sur le tard, les grands romans de la littérature française et étrangère.
Est-il pourtant si nécessaire d'être cultivé pour diriger un pays ? Les Américains n'ont jamais autant que nous réclamé à leurs dirigeants d'être érudits, même si la plupart d'entre eux l'étaient. Et de quelle culture parle-t-on ? En France, la connaissance de l'histoire et de la géographie, les références littéraires sont restées des marqueurs plus puissants qu'ailleurs. Il est rare que l'on interroge un président sur sa maîtrise des langues étrangères, son savoir scientifique, son expérience au-delà des frontières, alors que la mondialisation, les défis écologiques, la crise économique mondiale devraient l'exiger.
Mais la littérature ! L'Histoire ! "Ne pas en être imprégné, pour un président, c'est un peu comme l'équipe de France ne chantant pas La Marseillaise, remarque l'écrivain Erik Orsenna, que François Mitterrand avait choisi pour écrire ses discours, à l'Elysée. Et sans doute Nicolas Sarkozy aurait-il moins choqué s'il avait affirmé qu'il n'est pas nécessaire, dans un concours administratif, de savoir que la Terre tourne autour du Soleil qu'en soutenant comme il l'a fait qu'il n'est pas déterminant d'avoir lu La Princesse de Clèves..."
Faut-il y voir seulement une nostalgie pour les présidents lettrés d'autrefois, lorsque les élites politiques françaises se confondaient avec les élites intellectuelles et littéraires ? "Sans doute, mais j'y vois aussi la conviction très française que nous avons une vocation universaliste à parler de culture aux autres civilisations, et que le président doit incarner cette conviction", avance l'ancien ministre de l'éducation Xavier Darcos, lui-même docteur ès lettres et président de l'Institut français. Il formule une autre hypothèse : "Nous sommes l'un des rares pays à avoir une politique culturelle d'Etat. Il n'y a pas de ministre de la culture aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne."

La France fut le pays des écrivains engagés. Les républiques furent celles des professeurs, des médecins humanistes, des journalistes ou des avocats. "Poincaré s'émerveillait de ce que Clemenceau connaissait aussi parfaitement le grec, rappelle l'historien Michel Winock, et dans l'entre-deux-guerres les dirigeants politiques ignoraient assez largement l'économie. La licence de sciences économiques n'existait d'ailleurs pas, mais on débattait avec passion à l'Assemblée de la nécessité ou non de supprimer le latin des épreuves du bachot."
Les présidents de la Ve République sont longtemps très largement restés de culture classique. De Gaulle s'affirmait comme un passionné d'Histoire autant que comme l'un de ses héros. Mais ses Mémoires sont aussi ceux d'un écrivain et il en désigna un autre, André Malraux, pour être son ministre de la culture. Georges Pompidou était un normalien, amoureux d'art contemporain et de poésie. Elle fut même parfois pour lui un outil politique. Lorsque, le 22 septembre 1969, on l'interrogea dans une conférence de presse sur un fait divers qui avait divisé la France, le suicide de Gabrielle Russier, professeure de 32 ans condamnée pour avoir eu une histoire d'amour avec un élève, il évita le piège des polémiques en se réfugiant derrière ces vers de Paul Eluard : "Comprenne qui voudra. Moi, mon remords, ce fut la victime raisonnable au regard d'enfant perdu, celle qui ressemble aux morts qui sont morts pour être aimés..."
Valéry Giscard d'Estaing possédait une culture plus scientifique, celle des polytechniciens, mais regrettait ouvertement de ne pas écrire comme Maupassant. Quant à François Mitterrand... "Il avait fait de l'Histoire, de la géographie et de la littérature l'une de ses clés de compréhension des peuples, rapporte encore Erik Orsenna. Je me souviens de l'avoir entendu évoquer la question yougoslave à travers la lecture du Pont sur la Drina, de l'écrivain croate Ivo Andric. Sur la Russie ? Voilà que surgissait Guerre et Paix. Et ces discussions inouïes qu'il a eues sur l'Allemagne avec l'écrivain Michel Tournier !"
Même Jacques Chirac, qui avait longtemps joué les incultes, comprit pour sa troisième tentative à l'élection présidentielle qu'avouer sa passion et afficher son érudition - réelle - pour les civilisations asiatiques (qu'il découvrit jeune en arpentant le Musée Guimet), notamment chinoise et japonaise, ne l'éloignerait aucunement de ce peuple français qu'il aspirait à gouverner. Et, du reste, les présidents, lors de leur mandat, ont souvent laissé un bâtiment en lien avec leur dada culturel : Beaubourg pour Pompidou, le Musée d'Orsay pour Giscard d'Estaing, la Bibliothèque nationale de France pour Mitterrand, le Musée du quai Branly pour Jacques Chirac.
Nous voilà en 2012. La crise économique paraît avoir écrasé tous les autres débats. Sur la dizaine de candidats à l'élection présidentielle, seuls deux font de leur culture générale personnelle un argument de campagne, et ce sont les deux professeurs de lettres du groupe, François Bayrou et Jean-Luc Mélenchon. Le candidat centriste cite dans ses meetings des écrivains qui lui ressemblent, Edmond Rostand, l'auteur du Cyrano mal-aimé et plein de panache, et Ernst Wiechert, écrivain allemand chrétien de l'entre-deux-guerres, dont Les Enfants Jéromine (1945) est depuis toujours, dit-il, son livre de chevet. L'amour de la langue, l'Europe, le christianisme. Le héraut du Front de gauche, lui, lit le Victor Hugo des Misérables à ses supporteurs.
Jean-Marie Le Pen, homme cultivé, usait de la langue comme d'une arme et de la musique de Verdi pour accompagner ses entrées sur les tribunes. Sa fille, Marine Le Pen, paraît pour sa part avoir pour principal souci d'éviter toute référence à l'Histoire, sans doute parce que, dans sa volonté de "normaliser" le Front national, elle a voulu rompre avec les références dans lesquelles son père avait ancré le parti à la tête duquel elle lui a succédé : le nationalisme des années 1930, les guerres d'Indochine et d'Algérie.
François Hollande a un jour avoué qu'il "ne lit jamais de roman". Interrogé au Salon du livre sur sa lecture préférée, lui est aussitôt venu à l'esprit le choix de son turbulent allié du Front de gauche : Les Misérables, de Victor Hugo. Et s'il a pris soin de citer Albert Camus dans son discours du Bourget, c'est sur l'hommage de l'écrivain à ses professeurs. "Il n'aime pas beaucoup l'abondance de citations, parce qu'il a tendance à penser que cela donne un côté ronflant aux discours, nuance sa "plume", Aquilino Morelle, à la fois médecin et énarque. Mais la culture d'un homme permet d'affirmer sa pensée, et c'est un passionné d'Histoire." Dans son livre-programme, Le Rêve français (éd. Privat), le candidat socialiste a ainsi pris soin de placer sa candidature dans le continuum de la grande histoire de la gauche républicaine : "Je propose de reprendre ce rêve français, celui qui a été ébauché par l'esprit des Lumières au XVIIIe siècle, celui qui a été dessiné par les révolutionnaires de 1789, ce rêve qui s'est affirmé dans la fondation de la République, qui s'est élargi et renouvelé avec la Résistance et au lendemain de la seconde guerre mondiale, ce rêve qui a pris une forme nouvelle avec la victoire de François Mitterrand en 1981."
Nicolas Sarkozy a omis pour sa part ces références à une famille de pensée. "En 2007, il avait affirmé son appartenance à la droite républicaine et j'avais trouvé cela intéressant, remarque l'historien Michel Winock, parce qu'avant lui les présidents de droite s'étaient bien plus réclamés du rassemblement gaulliste ou, comme Valéry Giscard d'Estaing, d'une tradition plus tocquevillienne. Mais Nicolas Sarkozy ne l'a pas explicité. La droite républicaine, dans l'Histoire, c'est Poincaré, et lui ne citait que Jaurès et Blum, jamais ce dernier..."
Plus récemment, on l'a dit, le président s'est mis à évoquer en public ses lectures et à convier à l'Elysée artistes et intellectuels. Comme s'il renonçait à n'avoir pour bagage que "la culture des gens", celle qui, paraissait-il croire, lui garantissait une proximité avec le peuple. Déjà en janvier 2008, l'ancienne journaliste Catherine Pégard, devenue sa conseillère, tentait de le défendre dans Le Monde : "On le fait passer pour un butor qui n'aurait lu aucun livre, et ce d'autant plus facilement que sa prévention contre les cuistres lui fait forcer le trait en sens inverse. En le fréquentant, on s'aperçoit qu'il a lu beaucoup, que ses curiosités sont multiples, qu'il n'est pas seulement un enfant de la télé comme il se présente." La culture est-elle pour autant, aux yeux du président, autre chose qu'une arme politique ? Au printemps 2009, il a fait cette remarque en conseil des ministres : "On ne gagne pas avec les intellectuels, mais on ne gagne pas si on les a contre soi." Frédéric Martel, journaliste et chercheur, auteur d'un cinglant J'aime pas le sarkozysme culturel (Flammarion), n'y voit qu'une manoeuvre de communication : "Inviter les artistes et les intellectuels, c'est laisser croire qu'ils vous intéressent." C'est comme si le président, par posture, avait voulu rejoindre la cohorte de ses prédécesseurs qui s'affirmaient amis des arts.
Mais, au-delà, qu'est-ce que la culture d'un dirigeant apporte au maniement des hommes, à la direction d'un pays ou même d'une entreprise ? Tout. La littérature est un instrument inégalé de compréhension psychologique. Qu'est-ce qui ressemble plus aux courtisans de Louis XIV, brossés par Saint-Simon, s'exclamant "Sire, Marly !", éperdus de bonheur à l'idée d'être invités par le roi dans sa résidence campagnarde, que ces conseillers, ces ministres de François Mitterrand qui s'émerveillaient d'être conviés dans sa bergerie à Latche !
Comment comprendre l'Europe sans connaître ses guerres de religions, de territoires, ses rivalités économiques, sa démographie, ses mouvements de frontières et sa géographie ? Peut-on apprécier ce symbole si fort et si simple d'Helmut Kohl et François Mitterrand se tenant par la main sans avoir profondément intégré les soubresauts de l'histoire franco-allemande ? Jacques Chirac se serait-il battu contre l'intervention de la France en Irak s'il n'avait eu, comme le souligne celui qui fut son ministre de l'enseignement scolaire puis de la coopération, Xavier Darcos, "ce point de vue très polynucléaire sur la politique étrangère, ce tropisme Nord-Sud qui reposait en grande partie sur sa connaissance des arts premiers" ?
L'inculture historique empêche la contextualisation et la compréhension de la complexité. Mais la connaissance de l'Histoire peut parfois, à l'inverse, être un carcan, comme elle le fut pour Mitterrand, héritier de la guerre froide, qui crut, lors de la tentative de renversement de Gorbatchev par les communistes, que l'effondrement du régime soviétique ne pourrait pas avoir lieu. Elle reste cependant le grand moyen de ne pas succomber à l'excitation de l'instant. Et parfois une source de modération et de relativisation à manier avec doigté.
François Hollande a ainsi raconté sur France Culture ses premiers pas en politique, en 1983 et 1984. Il appartenait alors au cabinet de l'historien Max Gallo, alors porte-parole du gouvernement Mauroy. "J'étais son directeur de cabinet pendant cette période très chahutée où la gauche était contestée par les grandes manifestations de l'école privée, les confrontations politiques avec la droite, la rigueur qu'elle était obligée de concéder, les restructurations industrielles dans le nord et l'est de la France, explique-t-il. Nous étions toujours confrontés à des offensives, qu'elles viennent de la rue ou de la scène politique. Max Gallo était toujours capable de trouver une analogie avec une autre période, il nous permettait de comprendre ce que nous traversions en fonction de ce que l'Histoire nous avait déjà enseigné. C'est à la fois utile et cela conduit souvent à des conclusions que j'appellerais de relativisme : ça s'est déjà produit, il n'y a pas de surprise..."
Mais quoi de plus essentiel, pour un dirigeant, que d'échapper à la pression de l'événement ? C'est bien cela l'usage le plus abouti de la culture. "La culture était pour Mitterrand une manière d'avoir du temps, analyse Erik Orsenna. Les livres le protégeaient contre la montre..." Quelle meilleure manière de ménager sa réflexion, ce temps pour soi qui permet de penser une décision, que de se plonger dans la lecture de Marc Aurèle ou de Tite-Live, de penser les changements au regard de l'Histoire, de comprendre les peuples à travers leurs territoires ?
C'est sans doute là la plus grande difficulté des dirigeants actuels. "Il paraît bien plus difficile aujourd'hui d'être maître du temps et, dans la grande lutte des origines entre Chronos et Kairos, c'est bien ce dernier qui a gagné, souligne encore Xavier Darcos. L'époque de François Mitterrand semble aujourd'hui incroyablement lointaine, comme si Internet, la "googlisation" des informations avaient accéléré l'Histoire. Et pourtant... L'ordinateur à 100 dollars date de 2005, l'iPhone, de 2007. Mais ils ont révolutionné notre rapport au savoir et à la culture. Et transformé, de la même façon, le rôle des dirigeants." Nos sociétés postmodernes paraissent avoir succombé au "présentisme", cette croyance qui ignore le passé et le futur. La politique, les batailles électorales sont devenues une succession d'instantanés incompatible avec une culture qui se nourrit au contraire de la durée. Avant tout, il faut réagir vite. Et c'est finalement là l'enjeu, au-delà même des politiques culturelles mises en place : réduire ce divorce entre le court et le long terme qui, aujourd'hui, a pris un tour si vif et empêche ceux qui dirigent l'Etat d'avoir une vision profonde et plus lointaine de la direction dans laquelle doit s'orienter le pays.

Sécurité : Hollande et Sarkozy s'accusent l'un l'autre

Nicolas Sarkozy et François Hollande avaient tous les deux choisis d'évoquer les questions de sécurité lors de leurs meetings ce samedi. A Rueil-Malmaison, le président a estimé que le socialiste "n'a voté aucune des lois anti-terroristes derrière lesquelles il s'abrite aujourd'hui".
Où est la force tranquille sur ces deux images ?
La sécurité devient un thème de campagne. Après le drame de Toulouse, Nicolas Sarkozy a souhaité évoquer ce sujet. Et il a été suivi de près par son principal adversaire, François Hollande. Le chef de l'Etat a estimé, devant ses supporters réunis à Rueil-Malmaison, dans son fief des Hauts-de-Seine, que "n'a voté aucune des lois anti-terroristes derrière lesquelles il s'abrite aujourd'hui". Le président-candidat a ajouté que son adversaire pouvait "s'indigner, tergiverser, hésiter, esquiver, finasser, refuser de voter les lois" qu'il propose, "c'est son droit mais ces lois seront votées si les Français choisissent de me faire confiance", a-t-il dit.
"Toute personne qui consultera de manière habituelle des sites internet qui font l'apologie du terrorisme" ou qui se rendra "à l'étranger pour y suivre des stages d'endoctrinement sera punie pénalement", a réaffirmé Nicolas Sarkozy. "Le terrorisme, le jihad, la violence, ce n'est pas une opinion. Ces idées sont interdites sur le sol de la République française", a-t-il martelé. Et il a défendu les hommes du Raid : "Je ne laisserai personne remettre en cause l'honneur du Raid et de forces de police qui ont mis fin" à "la trajectoire d'un individu monstrueux", a affirmé monsieur Sarkozy, "je ne laisserai pas remettre en cause ces hommes qui veillent sur notre liberté". "J'ai soutenu les forces de l'ordre car je sais, d'expérience, que c'est la condition de leur pleine efficacité. Si, au sommet de l'Etat, les ordres ne sont pas clairs, si la volonté n'est pas inébranlable, alors, le résultat devient aléatoire. Souvenons-nous du temps qu'il a fallu pour trouver l'assassin d'un préfet de la République", a également affirmé M. Sarkozy, dans une pique aux socialistes.
Après les tueries, le chef de l'Etat avait annoncé à la télévision un renforcement de l'arsenal pénal destiné à lutter contre l'apologie du terrorisme et des idéologies "de haine", dont l'interdiction de consulter "de manière habituelle des sites internet qui font l'apologie du terrorisme". Il avait précisé plus tard que ces faits seraient punis de "peines de prison". Sarkozy avait également affirmé vendredi à Valenciennes que ces mesures seraient "les premières qu'il fera passer" s'il était réélu.

La Corse "exige de l'Etat une sécurité effective"

François Hollande a été peut-être encore plus offensif à Ajaccio. Il a estimé qu'il n'y avait "pas forcément" besoin de nouvelle loi pour renforcer la sécurité, mais d'abord nécessité de "renforcer les moyens". Il a fustigé le bilan du quinquennat Sarkozy en la matière. Sa "première exigence" pour l'île, s'il était élu, serait "la sécurité", a-t-il promis lors d'un meeting samedi. "Ici, en Corse nous avons trois exigences. La première, c'est la sécurité, car (...) c'est la première des libertés", a-t-il lancé, reprenant les mots de la droite française, devant plusieurs centaines de personnes réunies place Foch à Ajaccio, pour une réunion publique en plein air.
"Quand un territoire comme le votre est à ce point exposé aux violences, aux assassinats, oui, ce territoire exige de l'Etat une sécurité effective", a-t-il lancé. "Ici même il y a eu depuis 5 ans, 20 homicides par an" et pour "la seule année 2011, 22 homicides et 16 tentatives, un record en France", a-t-il ajouté. "Comment l'admettre? Et il (Nicolas Sarkozy, Ndlr) viendrait nous faire des leçons sur la question de la sécurité (...) sur la question des lois républicaines!", a dénoncé le député de Corrèze. "Il convient d'abord d'éradiquer cette violence", a-t-il affirmé, annonçant qu'il "renforcerait donc les moyens de la gendarmerie et de la police", de même que la justice, assurant : "les dossiers judiciaires doivent pouvoir être traités en Corse".
"La République, c'est d'abord d'assurer à chacun le droit à la sécurité et d'y veiller constamment et d'appliquer de manière ferme les lois de la République ! Et pas besoin d'en inventer à chaque moment et dans chaque circonstance !", a encore estimé monsieur Hollande. Selon lui, il ne faut "pas simplement se satisfaire d'effets d'annonce sans cesse répétées, de lois chaque fois modifiées et qui finalement ne sont jamais appliquées avec suffisamment d'autorité et de fermeté". Devant la presse, il a précisé qu'à ses yeux le bilan de la sécurité dans l'île de Beauté, était "une illustration des échecs" du président. Selon lui, il fait "toujours les mêmes erreurs: il annonce des projets de lois - pourquoi ce n'est pas appliqué? - , il faut attendre un drame pour faire une loi".

NOTRE DONNEUR DE LEÇON, TOUJOURS DANS L'INVECTIVE ET LE REPROCHE...N'A JAMAIS PRIS UNE DÉCISION DE SA VIE,IL A  RUINÉ LA CORRÈZE EN SE DISANT : "L'ÉTAT PAIERA", NON MONSIEUR LE DÉMAGOGUE-MENTEUR-AFFABULATEUR, NON MONSIEUR, SARKOZY EST LE SEUL HOMME D'ÉTAT À AVOIR MIS EN PLACE UNE POLITIQUE COHÉRENTE.
SÉCURITAIRE OU AUTRE.

Qui vote Jean-Luc Mélenchon?

Désormais donné troisième du premier tour dans un sondage BVA publié jeudi, Jean-Luc Mélenchon n'en finit plus de progresser dans les intentions de vote. Crédité de 11 à 14% des voix selon les instituts, le candidat du Front de gauche capterait une partie des électeurs de François Hollande et des abstentionnistes. Contacté par leJDD.fr, Eric Bonnet, directeur d'études à BVA, décrypte le profil de l'électorat de l'ancien socialiste. 
C'est le "nouveau troisième homme" de la campagne présidentielle. Du moins, selon l'institut BVA. Avec 14% d'intentions de votes, Jean-Luc Mélenchon progresse de 5 points en un mois, selon une enquête publiée jeudi pour Orange, la presse régionale et RTL. Le leader du Front de gauche devancerait ainsi au premier tour Marine Le Pen (13%) et François Bayrou (12%). C'est néanmoins, pour l'heure, le seul institut de sondage à placer l'ancien socialiste dans une telle position.
Dans une enquête CSA publiée également jeudi, Jean-Luc Mélenchon reste en effet quatrième, à égalité avec François Bayrou (13% tous les deux), derrière Marine Le Pen (13,5%). Pour le Rolling quotidien de l'Ifop, Jean-Luc Mélenchon est là aussi ex-aecquo avec le patron du MoDem avec 12% d'intentions de vote, à six points de la présidente du Front national. Néanmoins, si les marges d'erreur départagent difficilement ces trois candidats, les instituts s'accordent pour observer une dynamique autour de la candidature du représentant du Front de gauche.

"La très bonne campagne" de Mélenchon

Et ce, peu importe les catégories socio-professionnelles. Jean-Luc Mélenchon arrive à la fois à séduire les classes populaires comme les plus aisés. Autant les cadres que les employés et ouvriers. Selon l'Institut BVA par exemple, près de 18% des citoyens aux revenus allant de 2.500 à 3.500 euros voteraient pour lui. Chez les revenus inférieurs à 1.500 euros, il récolterait 17% des voix. "Sa progression est relativement homogène", note pour leJDD.fr Eric Bonnet, directeur d'études à BVA.
Comment expliquer alors une telle évolution? Doit-on y voir le succès de son meeting géant sur la place de la Bastille dimanche dernier? "La Bastille est plus le signe que la cause de sa montée dans les sondages", relève Eric Bonnet. Le sondeur explique plutôt cette "percée" de Jean-Luc Mélenchon par la "campagne modérée de François Hollande, qui peut décevoir une partie de son électorat le plus à gauche" et "la très bonne campagne du candidat du Front de gauche".

"Les électeurs d'extrême gauche sont orphelins"

Une bonne campagne qui se traduit notamment par ses bons scores lors de ses passages télévisés ou par la forte hausse de sa cote de popularité. Selon l'Ifop pour Paris Match, 57% des Français déclarent avoir une bonne opinion de lui, soit une hausse de huit points en un mois. Dans l'enquête CSA publiée jeudi, il est le candidat qui fait la meilleure campagne pour une majorité de Français. Près des deux-tiers d'entre eux (65%) pensent qu'il fait "une bonne campagne" (27% estiment même qu'elle est "très bonne"), contre 62% pour François Hollande et 58% pour Nicolas Sarkozy.
L'autre explication de la bonne forme de Jean-Luc Mélenchon dans les sondages, c'est son espace politique très large. En 2007, Olivier Besancenot et Arlette Laguiller récoltaient à eux deux 5,4% des voix. En 2012, leurs successeurs, Philippe Poutou et Nathalie Arthaud, ne dépassent pas 1% dans les intentions de vote. "Les électeurs d'extrême gauche sont orphelins", confirme Eric Bonnet. Sans compter une partie des électeurs de Ségolène Royal en 2007 qui, dans une proportion de 13 à 20% selon les sondages, serait tentée cette fois par le vote Mélenchon.

"Le dilemme" de certains électeurs

Autre force de sa candidature : le candidat du Front de gauche arrive à intéresser des potentiels abstentionnistes. Selon BVA, près de 20% des 18-24 ans, catégorie d'âge la plus abstentionniste, seraient notamment prêts à glisser son nom dans l'urne le 22 avril. "C'est le signe qu'il peut réussir à mobiliser un électorat pas vraiment politisé. Mais c'est aussi à double-tranchant, puisqu'il est par définition moins solide", indique Eric Bonnet. Signe de cette hésitation : la sûreté du choix des électeurs de Mélenchon est encore relativement faible : 57%, selon BVA, contre 90% pour Hollande, 89% pour Sarkozy et 81% pour Le Pen. Seul l'électorat Bayrou (45%) semble plus fragile que le sien.
Mais cette fragilité s'explique aussi par "le dilemme dans lequel se trouvent certains électeurs de gauche", que résume Eric Bonnet : "Faut-il voter pour Mélenchon qui les séduit ou Hollande qui serait le vote le plus efficace pour battre Nicolas Sarkozy?". Une incertitude qui pourrait représenter le principal frein à la hausse du représentant du Front de gauche dans les sondages. "Le risque pour lui, c'est que la perspective du vote utile rebondisse", explique le sondeur. Pour l'heure, le candidat profite de la faible probabilité que François Hollande soit absent du second tour. Mais à un mois du premier tour, rien n'est encore acquis.

CE QUE STRAUSS-KAHN PENSE DE HOLLANDE 

Bernadette Chirac ridiculise François Hollande

Interviewée aujourd’hui, à l’entrée d’une séance du Conseil général de Tulle, où elle siège avec François Hollande, l’ancienne Première dame, Bernadette Chirac, a ridiculisé le pauvre candidat socialiste, en rappelant qu’il n’avait aucune expérience et « pas le gabarit » pour être président de la République.

François Hollande est « un homme parfaitement courtois (…) J’ai avec lui de très bonnes relations professionnelles (…). Cela dit, ce n’est pas le gabarit d’un président de la République », a expliqué une Bernadette en pleine forme. En une phrase, la femme politique a humilié un François Hollande dont les proches se gargarisent pourtant des bonnes relations qu’il entretient avec l’ancienne Première dame.
« Vous savez, il faut beaucoup d’expérience pour être président de la République, il faut une longue formation politique, il faut avoir été ministre, il faut avoir beaucoup fréquenté l’international », a même insisté Bernadette, appuyant la où ça fait mal : sur l’incompétence caractérisée du candidat à l’Élysée et son manque flagrant d’expérience dans les hautes responsabilités politiques.
Deux phrases prononcées par une femme qui connaît par cœur François Hollande et qui l’a défini mieux que personne. En effet, Madame Chirac a suffisamment fréquenté le compagnon de Valérie Trierweiler pour savoir tout le mal qu’il a fait à la Corrèze, un département qui croule sous les dettes mais qui offre quand même (promesses électoralistes obligent) des iPads à tous les collégiens !
La femme de Jacques Chirac est visiblement très engagée en faveur du président Sarkozy. C’est ce qu’elle a tenu a rappelé fermement. « Je sais ce que je veux. Je ferai tout pour. Je l’ai dit il y a longtemps. Je ferai tous les meetings où Nicolas Sarkozy souhaitera que je me rende », a précisé Bernadette Chirac, qui trouve le président-candidat, « très tenace, très énergique ».
Besoin d’expérience politique pour être Président de la République ? Besoin d’avoir été ministre ? Besoin d’avoir fréquenté l’international ? Bernadette Chirac déraille… tout le monde sait qu’il suffit d’avoir été le larbin du loser Jospin et d’avoir offert des iPads à chaque collégien pour faire un bon candidat