TOUT EST DIT

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jeudi 15 mars 2012

L'immunité parlementaire de Navarro et Guérini levée

Le bureau du Sénat a décidé, jeudi 15 mars, de lever l'immunité des sénateurs socialiste Jean-Noël Guérini et apparenté socialiste Robert Navarro, tous deux mis en cause dans des affaires judiciaires.

M. Guérini, 61 ans, a été mis en examen le 8 septembre dans une affaire de marchés publics pour trafic d'influence, prise illégale d'intérêt et association de malfaiteurs dans un dossier impliquant son frère Alexandre, patron de décharges.
Dans son cas, la demande de levée d'immunité visait à contraindre l'élu à répondre aux convocations et aux questions du juge.
Mais depuis le dépôt de la demande d'immunité, le magistrat a pu interroger l'élu, le 2 mars, ce qui rendait cette requête "de facto sans objet" aux yeux de M. Guérini et de ses avocats.
M. Navarro, 59 ans, est lui visé par un dossier d'abus de confiance touchant aux frais de fonctionnement de la fédération PS de l'Hérault. Il n'a pas encore été entendu, et la juge d'instruction montpelliéraine Sabine Leclercq envisage à son encontre des mesures coercitives, en l'occurrence un placement sous contrôle judiciaire après mise en examen, selon une source proche du dossier.
Jeudi matin, Martine Aubry, la première secrétaire du PS, avait dit lors d'un point presse à Nîmes "espérer que l'immunité parlementaire sera[it] levée aujourd'hui".
Interrogée sur les effets négatifs d'un tel développement sur la campagne présidentielle en cours, Mme Aubry avait répondu : "Ce qui aurait entaché [la campagne], c'est de ne pas avoir fait ce que nous avions à faire. Il n'est jamais agréable de porter plainte contre un camarade. J'ai été amenée à le faire." "La justice tranchera", a-t-elle conclu.
LA GAUCHE, CORROMPUE  ? IMPOSSIBLE !!!!

Le cri de détresse des archéologues grecs


Sur un prospectus affichant la photo de la statue du "Marathon Boy" est inscrit un slogan, en français : "Les monuments ne peuvent pas crier. Toi, tu le peux." Les archéologues grecs ont imprimé en plusieurs langues ces tracts et les distribuent à l'entrée de différents sites archéologiques, dans le centre d'Athènes. Car leur message s'adresse aux étrangers, aux touristes, aux experts internationaux. "Notre ministre de la Culture est indifférent aux grèves et manifestations que nous faisons depuis des mois pour défendre le patrimoine culturel grec et arrêter les coupes dans la culture à cause de la crise. Avec une mobilisation internationale, le message sera plus fort, nous en avons besoin", explique Despina Koutsoumba, archéologue et présidente de l'Union des archéologues de Grèce.
"Il y a urgence", reprend-elle. "La culture représente moins de 1 % du budget de l'État, soit 12 millions d'euros par an. C'est l'un des budgets les plus bas de l'Union européenne, alors qu'il y a, en Grèce, 19 000 sites archéologiques, 210 musées, mais seulement 900 agents de surveillance. Ce n'est pas assez ! Il y a eu près de 50 % de coupes dans notre secteur depuis 2010, et on nous annonce encore 40 % de personnel en moins dans les prochains mois. C'est pire que démolir une colonne du Parthénon ! Parce que tous les jours, le danger de destruction du patrimoine augmente. Il y a des fouilles illégales, moins de budget pour les restaurations et plus de trafic d'antiquité. Le pire va bientôt arriver si ça continue", prévient Despina Koutsoumba.


Vols et coupes budgétaires

De surcroît, les musées sont en état d'alerte depuis quelques semaines. Début janvier, un tableau cubiste de Picasso, une toile de Piet Mondrian et un dessin du XVIIe siècle italien ont été volés à la Pinacothèque d'Athènes. En février, 63 pièces antiques ont été dérobées au musée archéologique d'Olympie. La police recherche toujours les criminels. Mais pour les archéologues grecs, ce n'est que la partie émergée de l'iceberg. "Nous voyons des horreurs tous les jours. Cela concerne toute la sécurité nationale, c'est la propriété de tous. Aujourd'hui, c'est la Grèce, demain, ce sera le Colisée de Rome, le Louvre à Paris et d'autres", renchérit l'archéologue Amalia Tsiouti.
Depuis le début de la crise, nombre de musées ou sites archéologiques ont fermé leurs portes, comme celui de Sikiona à Corinthe, ceux des îles de Kasos et de Leros, les musées byzantins d'Athènes et de Thessalonique, ou encore la collection néolithique de l'île de Rhodes. "Ceux qui sont subventionnés par les fonds européens restent ouverts, mais ils représentent aujourd'hui une minorité. À ces coupes sur les musées, il faut ajouter la baisse de nos salaires. Nous sommes docteurs en archéologie et nous gagnons 650 euros par mois. Il est difficile de motiver de nouveaux arrivants dans le métier", conclut-elle. L'ensemble des archéologues appellent à une grande mobilisation le 18 avril prochain, journée de l'héritage culturel.

Gérard Depardieu: "Je vais jouer DSK car je ne l'aime pas"

L'acteur explique à la Radio Télévision suisse pourquoi il incarnera l'ex-patron du FMI. Et les oreilles de Dominique Strauss-Kahn ont sifflé. 
Gérard Depardieu incarnera Dominique Strauss-Kahn au cinéma car il "ne l'aime pas". Le comédien s'est confié sur les raisons de sa motivation à la Radio Télévision Suisse. Et les oreilles de l'ex-patron du FMI ont sifflé: 
"Il n'est pas aimable, un peu comme tous les Français, un peu arrogant, je n'aime pas trop les Français d'ailleurs, surtout comme lui. Il est très français, suffisant, jouable. Quand il marche, quand il a sa main dans la poche... On peut tous avoir des saloperies dans notre tête, c'est tellement connu que des gens qui ont du pouvoir, de l'argent... Je vais pas rentrer dans le personnage. (...) J'ai jamais été ému par des gens qui n'avaient pas de dignité." 
DSK par Abel Ferrara, avec Gérard Depardieu
Le film sera réalisé par Abel Ferrara tournera avant l'été un film sur l'affaire "DSK" avec Gérard Depardieu et Isabelle Adjani.  
"Ce sera un film sur la politique et le sexe avec Depardieu et Adjani", avait déclaré le réalisateur au Monde, précisant qu'il tournera à Paris, Washington et New York. "Dans tous les spots (lieux) de pouvoir en fait: c'est un film sur des gens riches et puissants." 
Le scénario d'Abel Ferrara serait déjà écrit, "nourri de ce qui a pu sortir dans la presse autant que de ses propres sources: "J'ai mes flics à moi", disait-il. Ferrara a par ailleurs rencontré Depardieu à Deauville en septembre 2011 et le trouve "génial": "Il est tout ce qu'un cinéaste peut attendre d'un acteur."  

HOLLANDE L'AUTRE PAYS DU CARNAGE

Nicolas Bedos insulte Carla Bruni et Depardieu (vidéo)

Nicolas Bedos, le fils à papa aussi bête, mais moins drôle que l’original, s’est fendu d’une déclaration haineuse et sectaire, où il insulte allégrement la première dame de France et l’acteur mythique Gérard Depardieu. En France, il est interdit aux artistes de s’afficher à droite.
Invité sur le plateau de l’émission C à vous, sur France 5, la chaîne ennuyeuse et élitiste,  Nicolas Bedos a exprimé son mépris de classe. Il a estimé entre autres attaques, que Carla Bruni et Gérard Depardieu se droguaient trop. Deux éléments sont à souligner quant aux déclarations du jeune socialiste, qui n’assume pas son soutien à Hollande : la violence et la grossièreté des propos ainsi que le mépris de classe de la gauche française.
Comme tous les enfants de célébrités à qui on a toujours tout accordé, Nicolas Bedos est mal élevé. Omniprésent dans les médias, alors qu’il n’a pas la moindre once de talent, l’adolescent capricieux doit à son père et à ses amis d’exister médiatiquement. Ce qui est déjà une honte, compte tenu du niveau intellectuel du jeune homme.
Du coup, comme tous les enfants gâtés, il se montre mal élevé, grossier, et il dépasse les limites du débat démocratique en insultant systématiquement les invités qui ne sont pas d’accord avec son credo de gauche réchauffé (merci papa).
D’ailleurs, pour justifier sa position supérieure et expliquer que lui, il sait la vérité, il n’hésite pas a expliquer qu’il a des amis en commun avec Carla Bruni. Argument d’autorité : je suis intégré dans les milieux mondains, donc je sais.
Par ailleurs, les propos pitoyables du fils de Guy reflètent le mépris socialiste envers les artistes populaires. Il y a deux poids deux mesures. Des acteurs par dizaines soutiennent officiellement le PS et s’affichent dans la campagne de François Hollande, sans que la moindre remarque leur soit adressée. Quand un artiste exprime sa sympathie au candidat de droite, c’est la curée, il en prend pour son grade. Il faut être drogué pour soutenir Sarkozy, comme l’explique le petit Nicolas B.
On ressent tous le mépris du petit peuple et l’élitisme de la gauche française. Une gauche qui estime représenter l’intelligence et la culture contre les beaufs et les crétins du peuple qui aiment TF1, Plus belle la vie et Johnny. Dès lors qu’un artiste « marche », qu’il est populaire, les élites de gauche le considèrent avec mépris comme « commercial » et ne l’estiment plus digne d’intérêt, que pour les masses, pour le peuple français débile et incapable de reconnaitre un œuvre de qualité.
Johnny, Sardou et Florent Pagny vont-ils être interdits d’antenne par le prochain président de la république ?



QUE FAIT CE GARÇON ? IL A UNE GRANDE GUEULE, MAIS À PART ÇA ? A-T-IL SEULEMENT UN TALENT ????

les enfants, Chondrokounis s'en est sorti !!

Le Fouquet’s de Seine-Saint-Denis 


Si Nicolas Sarkozy développe sa tactique, attestée par de nombreux observateurs, de piller dans les argumentaires de ses rivaux des idées qu’il a parfois annihilées durant son quinquennat, histoire de chaluter large dans le vivier des indécis et des déboussolés, il en est une — lancée hier par François Bayrou — qui devrait bientôt apparaître dans le bréviaire UMP : l’implantation d’appartements de prestige dans les cités populaires.
Plaidant pour « l’équilibre » et « la mixité » des populations, pour prévenir des déstabilisations explosives de notre société, le président du MoDem ne s’est pas contenté d’annoncer des logements sociaux, « et même ultra-sociaux », dans tous les programmes immobiliers. Plus hardi, le candidat centriste prône aussi l’inverse : « Je ferai dans les quartiers des appartements de luxe pour favoriser les mélanges. » C’est une perspective de révolution à plus d’un titre. Si ces oasis d’opulence ne trouvaient pas d’occupants volontaires, faudrait-il envisager l’attribution autoritaire des logements, comme dans les ex-pays communistes ? Et le luxe dans les cités est-il séparable de ses « équipements sociaux » propres, tels une filiale du Fouquet’s dans le 93 ?
La caricature trouve là un bon terrain. Au risque de confondre un détail piquant avec le tout : François Bayrou a mis à feu le deuxième étage de sa fusée, pour tenter de gagner de la vitesse et de l’altitude. En troquant le mot d’ordre « Un pays uni, rien ne lui résiste » contre « La France solidaire », il voudrait faire vibrer des fibres que ses rivaux ont peu sollicitées jusqu’ici. Parler de la société en termes chaleureux, et non en sanctions, taxations et programmes d’expulsions, chiffrés comme des objectifs de représentants de commerce. En allumant le néon « solidarité » au frontispice de sa permanence, n’est-ce pas — avec un mot plus contemporain — la « fraternité » de notre devise républicaine que François Bayrou s’efforce d’introduire dans la campagne ? L’avenir dira si ce nouvel effort convaincra les électeurs. Qui se demandent toujours avec quelle alliance au Parlement l’actuel député des Pyrénées-Atlantiques pourrait gouverner sans voir ses idées personnelles dénaturées.

Taxe flottante et flottements politiques 


À plus de deux euros le litre de sans plomb à Paris, le prix de l'essence donne le vertige. Paris n'est certes pas la France mais la France vole de record en record. Elle passe pour l'un des élèves les plus laxistes de la classe mondiale à l'égard de ce qui constitue tout de même, pour la majorité des usagers, une dépense contrainte. Aussi les candidats à la présidentielle rivalisent-ils de propositions pour tenter d'apaiser la colère de l'automobiliste « vache à lait ». Deux camps se dégagent. Celui des « petits » candidats qui ne lésinent pas sur les promesses ; celui des « grands » que l'on devine plus gênés aux entournures et dont les solutions s'entrechoquent. Au blocage des prix du pétrole et au rétablissement de la taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP) préconisés par Hollande, s'oppose le « bon sens » citoyen prêté par Sarkozy aux Français qui feront jouer la concurrence en allant au moins cher. Débat vieux comme le baril de brut : l'État protecteur contre l'usager régulateur. Au premier, on objectera que le blocage des prix relève d'un dispositif complexe et aléatoire, et que la réduction du prix à la pompe constituerait un manque à gagner pour un État impécunieux. Quant au second, il oublie que l'or noir n'entre que pour 30 % dans le prix à la pompe et que la concurrence parfois insuffisante des enseignes nourrit le phénomène inflationniste. La vraie question, c'est que les baisses du prix du baril ne sont pas ou mal répercutées à la pompe et que le politique est réduit à une certaine impuissance face à l'appétit des distributeurs et à la primauté des pétroliers. Comment les rendre vertueux ? Question à 100 000 barils.

Invivable 

Le 31 mars 1959, le XIV e dalaï-lama, la plus haute autorité spirituelle — et à l’époque temporelle — du Tibet, passait la frontière indienne avec une poignée de compagnons. Ainsi commençait un exil qui dure aujourd’hui depuis 53 ans.
Ce que fuyait ce jeune moine, après bien des hésitations, c’était la répression dans le sang de ce qu’on a appelé le soulèvement tibétain de 1959. Répression qui a fait, selon les sources tibétaines, plus de 85 000 morts, quelques milliers selon les sources chinoises.
Cette page d’histoire nous semble parfois bien éloignée de notre XXI e siècle. Elle est, dans la maigre bibliothèque de notre mémoire, rangée dans le même rayon que la « Marche du sel » de Gandhi (1930) ou la crise des missiles de Cuba (1962). Elle est l’un de ces événements dont on fait des films, des livres — qui nous touchent ou nous irritent — dont nous savons bien qu’ils ont infléchi l’histoire d’un coin du monde, mais dont nous ne voyons pas toujours le lien avec celui où nous vivons.
Et puis revient mars.
Et des moines, au Tibet, ou dans les zones tibétaines des régions voisines, s’immolent par le feu. Non pour échapper à l’inexorable roue de la souffrance, de l’attachement et de l’ignorance, mais pour appeler à la liberté de vivre et de croire sur leur haute terre et au retour de celui qui symbolise cette liberté dans son refuge indien de Dharamsala. Des blindés sont repérés dans Aba (Sichuan). Des Tibétains en exil dénoncent le quadrillage policier du pays, la colonisation à marche forcée et la répression civilo-religieuse.
Et, d’un coup, le Tibet n’est plus une image ancienne, dans un vieux livre d’histoire ou une BD mythique. C’est un drame d’aujourd’hui. Une situation qu’en 2012 des hommes trouvent tellement invivable — au sens strict — qu’ils décident de mourir pour nous le dire. Tandis qu’un vieil homme en Inde, prix Nobel de la Paix, souffre, compatit et témoigne. Lui n’a jamais oublié mars 1959.

Syrie. Les emails secrets de la famille Al Assad

Le Guardian a eu accès à quelque 3 000 emails privés échangés entre Bachar al Assad et son entourage. Le journal britannique en a publié mercredi soir plusieurs extraits, qui dressent le portrait d’un dirigeant totalement coupé des réalités.
Les conseils de l’Iran
Les courriels montrent que Bachar al Assad a apparemment reçu à plusieurs reprises des conseils de l’Iran.
Peu avant un discours qu’il a prononcé en décembre, son conseiller en communication lui dresse ainsi une liste de thèmes à aborder à partir, écrit-il, de « consultations avec un certain nombre de personnes en plus du conseiller politique et médiatique de l’ambassadeur iranien ». « Je pense que le discours doit être fort et violent parce que les gens veulent voir un président puissant qui défend le pays » et parce qu’il faut montrer aux « Etats amis » qu’on les a écoutés, dit le conseiller.
Le tyran et sa femme
Le texte suggère également de « laisser filtrer davantage d’informations sur nos capacités militaires » pour convaincre l’opinion publique que le régime est prêt à tenir tête à une opération militaire.
Les journalistes « entrés illégalement »
Les emails montrent aussi que le président syrien a été informé de manière très détaillée sur la présence « illégale » de journalistes étrangers dans le quartier de Bab Amro, à Homs, ville autour de laquelle il a appelé en novembre à « renforcer l’emprise sécuritaire ».
Offre d’asile au Qatar
Une fille de l’émir du Qatar a offert à la famille d’Assad un asile à Doha. « Je pense honnêtement que c’est un bon moment pour partir et recommencer une vie normale. Je suis sûre que vous avez beaucoup d’endroits où aller, notamment Doha », est-il écrit dans ce message.
Une vie de luxe
La femme de Bachar al Assad, pendant ce temps, continue ses achats frénétiques de bijoux et autres produits de luxe. Elle a commandé pour plus de 10 000 € en chandeliers, bougeoirs et meubles venus de France. Quant à son mari, il a acheté régulièrement de la musique sur iTunes pour son iPad.
Authenticité des emails ?
Le Guardian dit avoir fait le maximum pour vérifier l’authenticité des emails en vérifiant leur contenu et en contactant une dizaine de personnes dont la correspondance apparaissait dans le document. « Ces vérifications nous laissent penser que ces messages sont authentiques mais il n’a pas été possible de vérifier chacun d’entre eux », précise le journal britannique.
Ils auraient été interceptés entre juin 2011 et février 2012 par un groupe syrien d’opposition, le Conseil suprême de la révolution.

Le « gourou » de Nicolas Sarkozy décortique les sondages 

 Patrick Buisson est en quelque sorte le cerveau droit de Nicolas Sarkozy. Celui que certains surnomment avec malveillance, envie ou dédain le « gourou » du président de la République se livrait dans Le Monde daté de mercredi à une dissection anatomique des sondages concernant l’élection présidentielle. Quand la presse de gauche évoque Patrick Buisson elle ne manque jamais de rappeler qu’il est « issu de la droite maurrassienne ». Son père était un militant d’Action française et sa mère, fervente catholique, une anti-communiste affirmée. Etudiant en histoire en pleine période du gauchisme universitaire triomphant, le futur « gourou » devient vice-président de la Fédération nationale des étudiants de France (Fnef) de 1967 à 1972, au moment le plus chaud de l’éruption volcanique de Mai 68 et de ses débordements. Cette Fnef où se côtoyèrent Marie-France Stirbois, Alain Sanders, Bernard Lugan, Didier Gallot, futur juge d’instruction, Pierre Beylot, l’un des actuels rédacteurs en chefs du Point et beaucoup d’autres encore… Professeur d’histoire, Patrick Buisson quittera vite l’enseignement pour s’orienter vers une carrière de journaliste qui le conduira successivement dans les instances dirigeantes de Minute puis de Valeurs Actuelles. « Observateur engagé, impliqué, virulent, il use de sa plume comme d’une arme pour lutter contre les socialo-communistes qui viennent d’accéder au pouvoir dans les bagages de François Mitterrand. » Les temps ont changé… Démobilisé, le soldat du combat national est devenu mercenaire…
Le journalisme, disait-on jadis, mène à tout à condition d’en sortir. Patrick Buisson en est sorti par le haut : « Directeur de la chaîne Histoire (filiale de TF1) et de la société de conseil Publifact », ce journaliste recyclé en politologue fait aujourd’hui partie « de l’équipe resserrée que le candidat Sarkozy réunit chaque soir à l’Elysée ». L’ancien rédacteur en chef de Minute étant, en matière de stratégie électorale, l’un des conseillers les plus écoutés du président sortant. Et pour cause : c’est lui qui, en 2007, a permis au candidat de l’UMP de « siphonner » les voix du Front national. « Des gens ont donné la clé du coffre pour accéder à nos électeurs », dira de lui à l’époque Marine Le Pen, désignant sans le nommer celui qui fut un ami de son père. Des proches de Jean-Marie Le Pen se souviennent : « C’est vrai qu’on le voyait beaucoup à l’époque. C’est étrange, mais depuis qu’il est à l’Elysée, il a perdu la mémoire, il ne nous connaît plus. » Un phénomène d’amnésie commun à beaucoup de transfuges.
Un homme d’influence
« En cinq ans, ce conseiller de l’ombre c’est imposé comme l’un des hommes les plus influents dans l’entourage du chef de l’Etat. A eux deux ils tentent aujourd’hui un remake de la campagne de 2007 », dont Patrick Buisson fut l’un des artisans. « C’est à Patrick que je dois d’avoir été élu », reconnaîtra publiquement Nicolas Sarkozy, peu de temps après son entrée à l’Elysée. A Patrick et aux voix des électeurs nationaux sur lesquelles ce dernier lui a permis de faire main basse…
Malgré les projections qui donnent depuis plusieurs mois le candidat socialiste vainqueur avec des scores de huit à dix points d’avance, Patrick Buisson demeure optimiste sur les chances de son champion de l’emporter. Parce que, constate-t-il dans le marc de café des sondages, 50 % des électeurs de Marine Le Pen déclarent qu’ils s’abstiendront pour le second tour dans l’hypothèse d’un duel Sarkozy-Hollande. Environ « un tiers de l’électorat de François Bayrou est dans le même cas ». Mais les apparences sont trompeuses : « L’avantage du candidat socialiste est donc construit sur un scénario qui verrait 4 à 5 millions d’électeurs du premier tour ne pas aller voter au second. Autrement dit sur du sable. Depuis 1965 il n’y a pas eu un scrutin où la participation au second tour n’a pas été supérieure à celle du premier. » Il en est persuadé : « La plupart de ceux qui disent ne pas vouloir choisir iront voter le 6 mai. Et les réserves sont ici plutôt du côté de Nicolas Sarkozy que de François Hollande. »
Le « gourou » élyséen use dans cet entretien d’une image souvent employée par le Président pour qualifier les sondages, sans doute parce qu’elle relève de l’évidence. Mais là c’est un expert qui confirme notre jugement : « Les sondages ne sont que des instantanés qui donnent l’illusion du réel. En peinture cela s’appelle un trompe-l’œil. » Pour le politologue averti qu’est Patrick Buisson, le niveau des intentions de vote pour François Hollande au premier tour se situe en fait « au même niveau que celui de Ségolène Royal en 2007 ». Avec le dynamisme en moins. Thomas Hollande, fils aîné de François et de Ségolène, le constatait lui-même mardi dernier : « La campagne de mon père ne suscite pas la même ferveur, le même enthousiasme que celle de maman.» Papa est aussi beaucoup moins photogénique…
« Droitisations »… Quelle droitisation ?
Patrick Buisson réfute le terme de « droitisation » employé par la presse pour désigner (et stigmatiser) les discours du candidat Sarkozy. Il y voit, sans doute à raison, un signe « de la confusion qui s’est emparée de certains esprits ». Une confusion qui fait taxer de dérive droitière toute tentative de prendre en compte « la souffrance sociale des Français les plus exposés et les plus vulnérables » par un parti socialiste devenu « l’expression des nouvelles classes dominantes ».
L’analyse est juste. Mais comme en 2007 elle ne fait qu’habiller un discours trompeur dont la finalité est de « siphonner » à nouveau un maximum de voix au Front national. Une fois de plus, en suggérant à Nicolas Sarkozy de se positionner en candidat d’une Europe des frontières, en lui insufflant le triptyque travail, responsabilité, autorité, et en l’incitant à dire non au mariage gay et à l’euthanasie, Patrick Buisson essaie de forger une clé permettant au président sortant « d’accéder » au coffre électoral du FN pour le dévaliser. Face à un Nicolas Sarkozy qui, relooké par son éminence grise, prétend désormais prendre en compte « les préoccupations populaires », les voix pour Marine Le Pen ne formerait plus, selon Patrick Buisson, « un vote de protestation mais un vote d’immolation ». Ne perdez pas votre temps à voter Le Pen, je vous propose le même article en beaucoup mieux. Notre contrefacteur ne manque pas d’aplomb. Il veut faire prendre en compte par Nicolas Sarkozy les « préoccupations populaires » pour mieux les laisser tomber ensuite…
Voter Marine Le Pen, n’en déplaise à M. Buisson, c’est assumer un vote de conviction, d’adhésion à un projet politique, un vote de confiance pour la réalisation d’idées que le conseiller opinion de Nicolas Sarkozy voudrait, lui, récupérer dans la seule intention de les travestir, de les falsifier, avant de les sacrifier de nouveau sur l’autel de l’électoralisme le plus cynique… Voter Marine Le Pen c’est d’abord voter contre les faussaires.

ILS SONT COMME ÇA NOS SOCIALISTES 


La lutte contre la corruption selon François... par lessuper0s

La tempête est passée, place à la politique

L’économie européenne semble avoir survécu au pic de la crise et être sur la voie de la reprise. Mais celle-ci dépend la capacité des responsables politiques à surmonter leurs hésitations et les aléas électoraux.
Angela Merkel et Mario Monti s’accordent à dire que nous avons besoin de "plus d’Europe" ; que seule une plus grande harmonie politique peut nous redonner espoir en l’avenir. Si l’austérité qui s’abat sur nos économies en récession est excessive, j’insiste là dessus, c’est précisément à cause de la défiance mutuelle qui règne entre nos pays. Cette défiance, nous pourrons la surmonter si nous nous unissons davantage.
Reste à savoir si l’allure à laquelle la chancelière souhaite s’engager dans cette voie n’est pas trop lente. Car aujourd’hui Berlin parle juste, mais agit peu, comme le relève une sommité allemande, le philosophe Jürgen Habermas. Peut-être faudra-t-il attendre encore un an et demi et les élections allemandes de l’automne 2013 pour régler durablement les questions en suspens.
La belle entente dont ont témoigné le 13 mars les deux chefs de gouvernement [Mario Monti et Angela Merkel] a du sens, alors qu’il est très peu question d’Europe dans la campagne électorale française – Nicolas Sarkozy marque même des points dans les sondages en attaquant certaines politiques européennes.

De nouvelles règles pas si rigides

La crise majeure qui nous a frappés a montré que les pouvoirs publics avaient un rôle indispensable à jouer dans l’apaisement des turbulences sur les marchés, afin de cadrer quelque peu leur énergie, tout en respectant les règles. Mais elle montre aussi que certains pouvoirs publics – les pays de la zone euro – ne font pas le poids. A Paris, ni le président en fonction ni celui qui pourrait le battre, le socialiste François Hollande, ne semblent l’avoir encore compris.
D’autres lignes sont heureusement en train de bouger. Le compromis dégagé le 13 mars avec l’Espagne, qui lui donne les coudées un peu plus franches dans les mesures de réduction du déficit, rend le pacte budgétaire à venir un peu moins dur. En outre, lorsque l’on se penche sur les aspects techniques, on se rend compte que les nouvelles règles disciplinaires régissant les comptes publics sont moins rigides qu’elles n’en avaient l’air au départ.
Sans parler du fait qu’elle témoigne de l’estime dont jouit notre président du conseil, l’étrange annonce de la candidature de Mario Monti à la présidence de l’Eurogroupe est l’effet collatéral d’une partie de chaises musicales en cours.
Peut-être les angoisses de la Bundesbank se trouveront-elles apaisées par l’arrivée au directoire de la Banque centrale européenne du Luxembourgeois Yves Mersch (un "faucon" à l’allemande), à un poste qui jusqu’ici semblait dévolu à un Espagnol. Si c’est le cas, il deviendra urgent de remplacer à la présidence de l’Eurogroupe le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, jusqu’alors maintenu faute d’avoir trouvé quelqu’un pour le remplacer.

Une phase propice aux changements

Même si à Bruxelles, comme à Paris et à Berlin, la classe politique a réagi tard et confusément, la phase de détente actuelle sur les marchés financiers facilite certains changements. Les écarts de compétitivité entre les pays, qui nuisent à la cohésion de la zone euro, pourraient être réduits en Allemagne, non par l’action du gouvernement, mais par celle des syndicats, qui sont en train de réclamer de fortes revalorisations des salaires. S’ils les obtiennent, l’avantage dont bénéficie l’Allemagne sur les autres pays se réduira.
Pour autant, on continue à avancer à tâtons, au risque de trébucher sur de nouveaux obstacles. Si elles ont bien lieu le mois prochain, les élections législatives anticipées en Grèce nuiront très probablement à la qualité du gouvernement ; et de nouvelles mesures d’austérité sont à prévoir pour 2013. Par ailleurs, il faudra sans doute conclure un deuxième plan d’aide en faveur du Portugal au cours de l’été.
L’Italie ne sera pas tirée d’affaire tant que son appareil productif n’aura pas renoué avec la croissance. En attendant, elle a déjà reconquis ses pleins droits à la participation aux choix de l’Europe, ce qui n’est pas rien. La menace exercée par le spread [écart de taux avec les bons du trésor allemands] nous a fait prendre de bonnes décisions sur le plan économique ; espérons de ne pas avoir à à la regretter face à de nouvelles turbulences sur notre scène politique.

PS : Mélenchon avoue avoir magouillé avec Hollande (vidéo)

 Dans une vidéo incroyable, Jean-Luc Mélenchon raconte sans rougir, comment il négociait avec Hollande les résultats d’élections internes socialistes. Une séquence édifiante, qui confirme la curieuse pratique de la démocratie par nos amis socialistes (Ségolène Royal peut en témoigner).
Au parti socialiste, les magouilles et résultats truqués sont si fréquents que les membres du parti racontent sereinement le déroulement des triches devant les caméras de télévision.
Ainsi, Jean-Luc Mélenchon raconte en pleurnichant comment François Hollande l’a arnaqué : ils s’étaient mis d’accord sur le score des élections internes (« Ben, on va s’arranger, comme on dit. Lui 85 moi 15. »).
Pour résumer, après une élection interne, les socialistes n’ont pas besoin de recourir au dépouillement, ni de compter les voix. Ce sont les chefs qui décident, après d’âpres négociation, quels sont les résultats des élections. Hallucinant !
La démocratie selon le PS est donc la suivante : on fait voter les électeurs puis ont négocie entre apparatchiks les résultats qui nous conviennent.
Il faut bien reconnaitre que cette vidéo ne fait qu’enfoncer des portes ouvertes quant aux mœurs démocratiques du PS, quant à l’honnêteté de Mélenchon, qui trouvait normal de choisir entre dirigeants le résultat du vote des militants et qui prouve qu’il est fait du même bois que les autres pontes socialistes, et quant au sens de l’honneur de François Hollande, qui trahit ses militants, son parti et ses camarades sans scrupule.
Si Hollande est élu, les Législatives vont-elles  se dérouler comme les élections internes ? Mélenchon, Aubry, Hollande et Joly vont se retrouver autour d’une table pour décider quel score attribuer au suffrage universel et se partager les voix des électeurs ?
Par ailleurs, quand on entend un dirigeant politique tenir, au sujet de l’un de ses collègues, des propos aussi violents que ceux de Mélenchon à l’égard de François Hollande, comment ose-t-on conclure des accords politiques avec le même homme ? Et appeler ses électeurs à voter pour lui ? En termes d’hypocrisie et de sacrifice de ses convictions pour des places ministérielles, Mélenchon s’en sort très bien :
« Évidemment un accord avec hollande ou rien c’est pareil. Il tient jamais ses paroles. »
« Il me donne un score inférieur à ma motion, ce qui est littéralement impossible. »
« Dans son cas il s’agit d’un vice de cynique. »
« Je lui ai dis que je ne lui pardonnerai jamais en vous voyez en effet je ne lui pardonne pas. »
Regardez comme toutes ces magouilles élitistes, illégales et antidémocratiques semblent évidentes pour un Mélenchon qui décrit comment on truque les élections au PS. Une vidéo surréaliste…

Dans le Jura, la prison modèle de Pierre Botton sème la zizanie

Saint-Julien-sur-Suran, son clocher, ses champs vert pâle bordés de collines noires, sa rivière claire et bientôt, peut-être, sa prison modèle... Hasard des ambitions politiques locales, c'est dans ce village isolé du Jura, qui compte moins de cinq cents habitants, que doit s'implanter cet établissement carcéral d'insertion, qui devrait accueillir quelque cent vingt détenus dès cette année. Mardi 12 mars, le conseil municipal a donné son feu vert, par sept voix contre quatre, au projet, malgré l'avis majoritairement hostile de la population. 

Drôle d'objet que cette prison expérimentale. Le projet a été initié par l'homme d'affaires et ex-détenu (vingt mois de prison pour abus de bien sociaux) Pierre Botton, qui ne cache pas ses liens d'amitié avec Nicolas Sarkozy ni ses relations dans le monde des grandes entreprises – les fondations de la Fnac, M6, Carrefour, Bolloré ou encore Lagardère en sont partenaires. Et est soutenu bec et ongles par Hélène Pélissard, conseillère régionale et générale UMP, épouse du président de l'association des maires de France, dont on murmure à Saint-Julien qu'elle a "de l'influence" et "des ambitions". Côté "people", Hugo Lloris, gardien de l'Olympique lyonnais et de l'équipe de France, assure ces jours-ci la promotion des "Prisons du cœur", l'association de Pierre Botton.
La prison devrait sortir de terre dans un champ en lisière du village – "pas un bon terrain agricole", d'après le maire Gérard Guyot –, devant la fromagerie, dès le mois d'avril, a promis Pierre Botton. On peut lire dans la lettre d'information distribuée aux habitants que les détenus, des primo-incarcérés qui ne présenteront "pas de profils considérés comme dangereux", y auront "une certaine liberté de mouvement à l'intérieur de l'établissement". Le lieu sera baptisé "Ensemble contre la récidive".
Ambition du projet, donc : lutter contre la récidive à l'heure où, selon une étude de l'administration pénitentiaire, 59 % des détenus connaissent une nouvelle condamnation dans les cinq ans qui suivent leur libération – un chiffre qui grimpe lorsqu'ils sont restés enfermés sans aménagement de peine. Son originalité : l'accent sur la réinsertion y est mis dès la case prison, au lieu d'arriver seulement à la sortie. D'où l'innovation proposée par Botton : dans son établissement, les prisonniers pourront travailler, notamment, dans un magasin ouvert sur l'extérieur.
Pour Paul-Roger Gontard, auteur d'un rapport sur les prisons ouvertes remis au ministère de la justice en 2010 et membre de l'association de Pierre Botton les Prisons du cœur, cette réinsertion par le travail a pour vertu de "rendre utile le temps passé en prison, au détenu comme à la société", en "proposant une activité économique" correctement rémunérée qui permet de "se réapproprier la notion d'argent". Le tout, "en accord avec son environnement socio-économique" et "sans concurrencer les commerçants locaux". Et à ceux qui parlent de prison quatre étoiles, M. Gontard répond que "la privation de liberté est une peine en soi. Il n'est inscrit nulle part qu'il faille y ajouter un caractère afflictif ou de la souffrance. On a aboli les châtiments corporels depuis longtemps…"
Non à 54% vous devez nous écouter !
A Saint-Julien-sur-Suran, toutes ces belles idées peinent cependant à convaincre. Si tout le monde se dit "pour la réinsertion", on est moins unanime quand il s'agit de l'accepter en bas de chez soi. Dire que le projet de prison modèle a divisé le village est un euphémisme. Depuis que le village a été désigné pour accueillir la prison, "l'ambiance est détestable", résume M. Kaser, 64 ans. Il y a désormais les "pour" et les "anti". "Quand on croise des 'pour', ils ne nous disent pas bonjour. Nous, on ne leur parle pas non plus", dit le retraité. Dimanche 11 mars, les habitants étaient invités à un vote de consultation pour se départager.
Pas moins de 80 % des 310 électeurs se sont déplacés pour l'occasion ; 54 % ont voté contre. Le maire a souligné que ce n'était qu'un vote de consultation. La conseillère Hélène Pélissard a expliqué devant les caméras de télévision qu'il fallait "faire évoluer la mentalité de la population sur le monde carcéral". Les "anti" ont laissé éclater leur voix : "Le maire, démission ! On ne veut pas du projet ! Le peuple s'est exprimé !", ont-ils crié, remontés par leur victoire. Joyeuse empoignade collective dans la salle voûtée de la petite mairie de Saint-Julien, où l'on pouvait entendre, pêle-mêle, s'exprimer des rancœurs et des règlements de compte que seule la proximité villageoise peut ainsi engendrer : "On t'a vu espionner dans notre jardin ! Moi, je n'ai pas été faire de porte-à-porte pour convaincre les anciens ! Arrête tes salades !"
Plus en retrait sur la place du village, un groupe de retraités débat de l'affaire. Il y a des pour et des contre, "ça ne nous empêche pas de discuter", relativisent-ils. "C'est la politique du non dans ce bled. On n'a pas voulu du train, pas voulu du collège, pas voulu de Natura 2000… A force d'être toujours contre, on est une commune de vieillards", regrette l'un. "Moi, je pense que c'est dangereux, dit l'autre. Je m'inquiète pour ma maison." "Ils ne vont pas la faire sauter ta maison, lui rétorque-t-on. Il y aura une centaine d'employés dans la prison, ils viendront forcément se loger dans le canton. Et ils ont promis une piscine, un autre stade et une salle polyvalente."
Tous s'accordent en tout cas sur un point : "On nous a pris pour des culs-terreux. Le dossier a été mal mené, tout est flou. Ils ont mis les gens devant le fait accompli. Ils sont arrivés en nous vendant leurs sociétés du CAC 40, mais ça, c'est mal perçu ici." Pourtant, pour certains, la prison était synonyme d'espoir pour la vie du village : "J'habite dans le canton depuis vingt ans. Ici, avant, il y avait une animation incroyable, une foire aux bestiaux, trois bistrots. On voit les maisons qui ferment, les magasins qui disparaissent. Si on ne fait rien, on part à la dérive. C'est un pays qui se meurt."
seul comme un con, dans sa Mairie
"Ils vont encore fermer une classe à la rentrée", termine le soixantenaire. "Ouvrez une école, vous fermerez une prison, c'est Victor Hugo qui disait ça. Ici, on fait l'inverse", raille son ami.
Le maire est dans le même registre. "Je n'ai pas le droit de laisser croupir le village", assène-t-il. Chevelure et barbe blanche, bague aux imposantes lettres d'or "GG", Gérard Guyot voit dans la prison "la dernière chance de développer Saint-Julien". Ou, au moins, d'éviter que son activité ne régresse. En face de lui, c'est l'ancien maire, Denis Baillet, qui mène la fronde. Gérant d'une petite entreprise d'artisanat du bois, il a fondé l'association Petite montagne, espace de liberté – du nom de ce pays du sud jurassien. Lui ne croit pas aux retombées économiques du projet sur Saint-Julien. "L'immobilier, c'est une catastrophe autour des prisons. Et des gardiens pénitentiaires nous ont dit qu'ils n'habitaient pas sur place par peur des représailles." 
 
C'est aussi la question de l'insécurité qui taraude Denis Baillet et, avec lui, les "anti". Il évoque le spectre inquiétant des "visiteurs", ces familles qui prendront, suppose-t-il, une location à proximité de leur proche emprisonné, des "gens du voyage" peut-être... "Il n'y aura pas de murs, mais deux grillages. Ils peuvent envoyer de la drogue là-dedans, des portables, des armes blanches peut-être... C'est une population qu'on ne connaît pas, une inconnue." Dans le doute, on préfère rester entre soi. "On n'est pas trop mal dans le canton", argue-t-il encore, évoquant des artisans qui viennent de s'installer, les retraités qui arrivent... Bref, des petites choses "à échelle humaine, à notre rythme". "On est une zone verte, on veut la préserver. On sent bien que cette prison ne va pas dans le décor ici", tranche-t-il.

Il n'y a pas qu'au niveau local que ce projet de prison modèle pose question, et ce pour des raisons tout à fait différentes. L'UFAP-UNSA Justice, premier syndicat de l'administration pénitentiaire, s'inquiète des problèmes de sécurité. "Seulement vingt-huit surveillants sont prévus. C'est un nombre insuffisant qui écarte le personnel pénitentiaire du projet de réinsertion du détenu et qui ne permettra pas d'assurer la sécurité à l'intérieur comme à l'extérieur de la prison".
Le Syndicat national des directeurs pénitentiaires (SNDP), quant à lui, met en doute la légitimité d'une personne privée, Pierre Botton en l'occurence, à créer ce type d'établissement qui relève des prérogatives régaliennes. "Si Botton (PDG d'une entreprise d'agencement de pharmacies mise en liquidation judiciaire), président d'une association loi 1901 dont les financements sont inconnus, peut être à l'initiative de la construction d'une prison et de ses modalités de fonctionnement, de quel droit pourra-t-on demain empêcher d'autres personnes de prendre le même type d'initiative ?", interroge-t-il dans une tribune publiée dans Libération et intitulée "Prisons : gare à la privatisation du service public pénitentiaire".
Car, même si les partenariats public-privé ont fait leur entrée dans le paysage pénitentiaire, l'Etat en a toujours été à l'initiative, explique le secrétaire national du SNDP, Jean-Michel Dejenne. "Là, la logique est inversée, c'est une première", s'offusque-t-il. Et c'est d'autant plus étonnant qu'il y a, d'après lui, peu de réponses publiques pour donner les moyens de réinsérer les dizaines de milliers de personnes qui attendent de l'être en France. Bref, nous voici en présence d'un "projet un peu incongru, opaque, mené avec des fondations d'entreprises du fait des liens personnels entre M. Botton et certains milieux économiques, et aussi grâce à ses liens avec Nicolas Sarkozy. C'est un objet pénitentiaire non identifié."
ARTICLE DÉDIÉ À LONGEVAL