TOUT EST DIT

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ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

dimanche 26 février 2012

Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole de l’outrance

Dans un communiqué d’une violence indigne, Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole de François Hollande, enchaine les mensonges et les insultes à l’égard de Nicolas Sarkozy, du Gouvernement et de notre équipe de campagne.

Je rappelle à Najat Vallaud-Belkacem, ne lui en déplaise, que le Gouvernement et Nicolas Sarkozy ont un bilan solide. Réforme des retraites, autonomies des universités, service minimum dans les transports et à l’Education nationale, réforme de l’autoentreprise, peines planchers pour les récidivistes etc. Je rappelle à Najat Vallaud-Belkacem, qu’en dix jours de campagne, Nicolas Sarkozy a proposé plus d’idées que François Hollande en un an de campagne. Référendums, instauration d’une dose de proportionnelle, réforme du système d’indemnisation des chômeurs, réforme de la prime pour l’emploi, contreparties au RSA, apprentissage, allègement des charges qui pèsent sur le travail, interdiction des retraites chapeaux, autour de la conviction que seule une France forte est capable de protéger les Français de la crise. A contratrio, si on a bien compris les idées de François Hollande pour creuser la dette, on ne sait toujours pas comment et où il compte faire des économies. On comprend qu’il soit difficile de porter la parole d’un candidat si peu crédible, mais cela n’excuse en rien l’insulte et la violence des propos de Najat Vallaud-Belkacem.

Par ce communiqué, le PS prouve en tout cas sa volonté de faire de la campagne un concours d’anti-sarkozysme primaire. A ce jeu là, la porte-parole de François Hollande obtient le césar de l’insulte la plus basse avec cette phrase : « le Nicolas Sarkozy qu’on cherche à vendre aux Français est (…) un produit de contrebande imaginé par des cerveaux d’extrême-droite et revendu par des valets sans morale". Le PS semble perdre pied et tente de masquer l'archaïsme de ses propositions par le choix d'une campagne de rejet et d'outrance sur les personnes.

Les attaques personnelles dont il se délecte depuis cinq ans maintenant sont insupportables et affaiblissent le pacte républicain. Le PS peut maintenant afficher la couleur et changer de nom : le PS, c'est le Parti du Sectarisme. Pour notre part, nous ne changerons pas de cap : seule une campagne fondée sur les idées nous permettra de convaincre une majorité de Français. La France et les Français le méritent. La France et les Français le savent : c'est autour de Nicolas Sarkozy que tournent le débat des idées et le projet d'une France forte.


CE QUE LE PS PENSE DE HOLLANDE
 

Xavier Bertrand : « François Hollande a une peur panique de déplaire »

Pour le ministre du Travail, l’avance du candidat socialiste fond comme neige au soleil face au président-candidat dont il défend l’action et le programme. 

Le chômage a augmenté pour le cinquième mois d’affilée en janvier. Pour le PS, le bilan du quinquennat, c’est 1 million de chômeurs en plus. Est-ce que ce n’est pas le plus gros échec de Nicolas Sarkozy ?

Xavier Bertrand. Depuis 2007, il y a 700 000 demandeurs d’emploi de plus, et encore selon l’enquête emploi du Bureau international du travail (BIT), qui sert de base aux comparaisons internationales, c’est 400 000. ajoutent dans leur calcul tous les travailleurs à temps partiel. Ils mentent donc impunément. Le chômage a frappé partout en Europe, sauf en Allemagne, qui a fait les réformes qu’il fallait il y a dix ans. Avec ce que nous mettons en place, le soutien à l’activité partielle, les accords compétitivité-emploi, nous allons dans la bonne direction. François Hollande est mal placé pour donner des leçons. La Corrèze est un des départements où le chômage a le plus progressé l’an dernier. Je remarque au passage qu’il n’en fait jamais sa priorité.

Il propose pourtant son contrat de génération…
Ce n’est qu’un contrat d’apprentissage au rabais, puisque sans diplôme à l’issue! Quant au tutorat… les entreprises ne l’ont pas attendu pour s’y mettre. En regardant son livre, je me suis aperçu qu’il était davantage un commentateur de la vie politique qu’un décideur. Il brosse des portraits de ses concurrents, il décrit la société française. Ce n’est pas ce qu’on attend d’un candidat à la présidentielle. Il serait temps qu’on connaisse clairement ses propositions.

Il en a fait soixante…
Mais il change tout le temps! Il y a chez lui une peur panique de déplaire. C’est dans son tempérament. Or, vouloir être président de la République, c’est être capable d’assumer des choix qui ne sont pas forcément populaires. Sur le nucléaire, la finance, la retraite, le quotient familial et maintenant l’euthanasie, c’est chaque fois la même tactique : il avance une proposition et dès qu’il voit que ça suscite des réactions négatives, il fait aussitôt marche arrière, en espérant que dans la confusion, chacun aura entendu ce qu’il voulait entendre !

Lejaby, Photowatt et maintenant Petroplus… Pourquoi n’avez-vous pas trouvé plus tôt de solutions pour ces entreprises en difficulté  ?
On n’a pas attendu ces dernières semaines pour se mobiliser! On a trouvé beaucoup de solutions pour d’autres entreprises, comme Manurhin, mais personne n’en parle. Quand la gauche gouvernait, c’était renoncement sur reniement. Souvenez-vous de Lionel Jospin et Renault Vilvorde en 1997 ou du même, quelques années plus tard, déclarant « l’Etat ne peut pas tout » pour Michelin ou pour Lu.

François Chérèque vous accuse de faire pression sur les chefs d’entreprise pour décaler l’annonce des plans sociaux après les élections…
C’est faux! Je répète à chacun que l’emploi ne doit pas être la variable d’ajustement, et je le dis aussi publiquement. Je dis à François Chérèque de rester dans le combat syndical. La neutralité politique des syndicats est une tradition en France. Que chacun reste dans sa logique.

En 2007, déjà, Nicolas Sarkozy promettait d’interdire les parachutes dorés. Pourquoi ne l’a-t-il pas fait ?
Depuis 2007, beaucoup a été fait pour moraliser la rémunération des dirigeants. Nous avons alourdi la fiscalité sur les stock-options et les retraites chapeaux. Par ailleurs, nous avons laissé la possibilité aux chefs d’entreprise d’élaborer un code de bonne conduite. Mais pour quelques-uns que je considère comme des requins complètement décalés et déconnectés de la réalité, qui ne pensent qu’à amasser des sommes folles, désormais une loi s’impose. Heureusement, la grande majorité des entrepreneurs français ne ressemblent pas à ceux-là.

Voir des chefs d’entreprise gagner 2 M€, 3 M€ ou 4 M€, est-ce que cela vous choque ?
Les actionnaires et les représentants des salariés sont plus à même de décider du bon niveau de rémunération qu’un ministre. Tout de même… voir certains gagner chaque année des sommes qu’ils ne pourront pas raisonnablement dépenser en une vie, est-ce que ça a du sens? Bien sûr que non! Attention toutefois, il ne s’agit pas de stigmatiser car la question peut s’appliquer à tous les revenus extravagants, comme ceux de certains grands sportifs par exemple.

Avec le recul, le RSA, c’était une erreur ?
Non, mais il y a deux parties dans le RSA : le RSA socle, qui a permis à 150 000 personnes de sortir de la pauvreté. Le RSA activité ensuite, qui permet à ceux qui reprennent un emploi de gagner plus qu’en restant inactifs. Sur cette partie-là, on n’a pas obtenu tous les résultats. D’où l’idée d’imposer aux allocataires sept heures de travail par semaine. On ne peut pas uniquement se contenter d’indemniser. C’est la logique des droits et des devoirs que chacun doit intégrer.

Nicolas Sarkozy propose une réforme de la prime pour l’emploi afin d’augmenter les bas salaires. Il parle de 1 000 € en plus sur la feuille de paie. François Hollande estime que cela revient à 3 € en plus. Combien toucheront les Français concernés ?
Soit les experts de François Hollande ne savent pas compter, soit ils mentent de façon éhontée. Avec la réforme, un couple avec deux enfants et un seul salaire au smic pourra gagner jusqu’à 855 € supplémentaires par an. Un couple de salariés gagnant chacun 1,1 smic avec deux enfants touchera 244 € de plus. Un célibataire au smic 137 €.

La campagne est-elle musclée, violente ou normale ?
Une élection présidentielle, c’est une vraie confrontation. Ça peut être musclé, mais ne tombons pas dans la caricature : cette campagne n’est pas violente, comparée aux attaques qu’a subies le président de la République depuis cinq ans. Les socialistes pensaient rester à des niveaux himalayens dans les sondages. Or, avec la dynamique et le rassemblement de la campagne de Nicolas Sarkozy, leur avance fond comme neige au soleil. Ça leur met beaucoup de pression, et François Hollande, la pression, il n’aime pas. Ses amis se répartissaient déjà les postes. Tous ces gens-là oublient qu’au final ce sont les Français qui décident! La campagne n’est pas finie, elle ne fait que commencer.

La "cuisine" de la présidentielle française expliquée aux Américains 


Tâter le cul des vaches et flatter l'électeur 

Ah çà ! Il le faisait mieux que François Mitterrand, Jacques Chirac : tâter le cul des vaches était sa spécialité. C'est ce qui le rendait si populaire, lui donnait une image d'enraciné dans les terroirs français. Vrai ou pas, ça paraissait sincère et ça plaisait. Ses successeurs - en tant que candidats en tout cas - tentent de marcher dans ses traces, mais la glaise n'adhère pas aux basques en claquant des doigts ! Nicolas Sarkozy a ouvert le bal avec ses habits de président, mais a bien vite enfilé sa cotte de candidat entre veaux, vaches et cochons. Exercice réussi, mais exercice facile : solidement ancrés à droite, les agriculteurs donneraient 40 % de leurs intentions de vote au premier tour à Sarkozy, contre 18 % à Bayrou, 15 % à Le Pen et 12 % à Hollande. Ce dernier tentera de les convaincre tout de même. Pourquoi cet attachement aux agriculteurs ? Leur poids s'est gravement allégé dans la société. Ils ont réalisé 3,5 % du produit intérieur brut en 2008 contre 7 % en 1980. En 1988, l'agriculture faisait vivre 1,18 million de Français contre 770 000 en 2007. Les paysans, au sens noble, sont un symbole. En nourrissant la population, ils traversent les champs politiques allant de l'économie à l'environnement en passant par le social, la santé et le made in France. Le sujet est très vaste et permet de nourrir un programme électoral pour au moins cinq ans. Mais les camps politiques ne retiennent que l'intérêt médiatique du Salon de l'agriculture. Ils rivalisent de tracts et de tacles en pensant flatter leurs électeurs. Ils en oublient l'essentiel : s'intéresser aux vraies questions. Au sens propre comme au figuré : tâter le cul des vaches.

Sarkozy, un "mélange" Poutine/Berlusconi

Nicolas Sarkozy a pour "seule stratégie" de "mentir et tricher" et son "vrai modèle" est un "mélange" du "vide idéologique" de Silvio Berlusconi et de la "brutalité des méthodes" de Vladimir Poutine, a assuré  Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole de François Hollande. "Une seule stratégie de campagne s'impose: mentir et tricher. Le vrai modèle de Nicolas Sarkozy n'est pas Angela Merkel, mais un mélange de Silvio Berlusconi et de Vladimir Poutine, avec le vide idéologique de l'un et la brutalité des méthodes de l'autre", a affirmé dans un communiqué Mme Vallaud-Belkacem.


"Nicolas Sarkozy l'a compris, il ne gagnera pas l'élection présidentielle à la loyale: son bilan est indéfendable, sa personne est rejetée, il n'a pas de projet et son camp est miné par la division entre ceux qui courent après le Front National et ceux qui pleurent la disparition de la bonne vieille UDF", estime l'adjointe au maire de Lyon.  Selon elle, l'UMP "n'existe plus que par la peur panique de perdre le pouvoir".

"Promettre aux Français salariés modestes 1.000 euros de plus sur leur feuille de paie en direct au journal de 20h n'est rien d'autre qu'un abus de confiance, de la vente forcée, une escroquerie", s'emporte la porte-parole socialiste en faisant référence à une proposition de M. Sarkozy mercredi dernier sur TF1. Pour elle,"le Nicolas Sarkozy qu'on cherche à vendre aux Français est un faux, une contrefaçon, un produit de contrebande imaginé par des cerveaux d'extrême droite et revendu par des valets sans morale comme Xavier Bertrand, qui ne prennent même plus la peine de justifier l'injustifiable en préférant insulter l'adversaire". "Nicolas Sarkozy a gouverné en bande à part, il fait campagne en bande organisée. Tout un programme, en effet", estime encore Najat Vallaud-Belkacem.

LA GAUCHE PROVOC....!! BLING !! 


La banalisation du Front national 

 Le Front national fait passer son lourd bagage idéologique, nationaliste et autoritaire par le chemin de la revendication sociale. 

C'est nouveau et inquiétant. Les électeurs qui s'apprêtent à voter Marine Le Pen le font de plus en plus par adhésion à ses simplissimes idées. Jean-Marie Le Pen, tribun poujadiste avec moulinets et rodomontades, incarnait parfaitement le vote protestataire qui a toujours existé en France. Sa fille se place sur un autre terrain. En se dédiabolisant, elle veut gagner en crédibilité.
Le sondage régional que nous avons publié jeudi montre bien que ses électeurs placent l'adhésion à ses idées avant la défiance envers les autres partis et la sanction de Nicolas Sarkozy, dans l'ordre de leurs motivations.
Parmi les propositions qu'ils plébiscitent, des idées simples, radicales, ou démagogiques. Carrément démagogique, le retour à l'âge légal de la retraite à soixante ans quand la durée de vie s'allonge démagogique, hélas, parce qu'impossible à financer, l'augmentation immédiate de deux cents euros nette pour les plus bas salaires inapplicable à moins de créer un État policier, et préjudiciable à la vitalité de notre pays, le passage de l'immigration légale de 200 000 à 10 000 entrées par an radical et dangereux, la fin de l'euro, même concertée, et le retour au franc.
Ces propositions de Marine Le Pen ont un double objectif : satisfaire les attentes légitimes d'ouvriers et d'employés en matière d'emploi et de pouvoir d'achat, et les rassembler contre l'ennemi commun, l'étranger, qu'il soit travailleur immigré ou trader installé à Shanghai, qu'il soit imam ou bien ouvrier dans une usine indienne. Le Front national fait passer son lourd bagage idéologique, nationaliste et autoritaire par le chemin de la revendication sociale.
Le discours ambiant sert les desseins du Front national. L'extrême droite n'est pas la seule à conspuer la mondialisation, le capitalisme et les marchés. On y va aussi, avec plus ou moins d'entrain, mais on y va quand même, à gauche, à droite, et même au centre !
Les dirigeants des partis politiques qui entonnent ces refrains savent pourtant qu'on n'en finira ni avec la mondialisation, ni avec le capitalisme, ni même avec les marchés. Mais qu'il est aussi nécessaire de s'y adapter que de les réguler. De là à le dire, il y a un pas qu'ils n'ont pas encore franchi.
Marine Le Pen a bien compris le parti qu'elle pourrait tirer de cette nouvelle donne. La radicalisation de la critique économique et sociale banalise le Front national et ouvre un terrain où il excelle.
Dans la dénonciation sans véritable solution, dans l'éructation sans limite, il ne craint pas grand monde.
Il reste à savoir si la banalisation du Front national sera son sacre ou sa tombe.

Derrière le lion, le renard

Le pouvoir politique est plein de tentations, Abdoulaye Wade, président du Sénégal, y a succombé à 85 ans, se privant d’une sortie qui aurait pu être glorieuse.

Quand il fut élu pour la première fois, en 2000, après une longue carrière d’opposant, tout le monde salua une victoire de la démocratie. Dans cette Afrique en proie aux coups d’Etat et aux règlements de comptes entre militaires, le Sénégal donnait l’exemple de l’alternance. Les urnes avaient parlé, leur verdict était respecté. Abdoulaye Wade et son prédécesseur Abdou Diouf furent conjointement honorés pour cette transition paisible.

Douze ans plus tard, l’ambiance est pourrie. Wade s’accroche au pouvoir comme Ben Ali en Tunisie. La Constitution prévoyait un maximum de deux mandats consécutifs, il en brigue obstinément un troisième. 

Comme en Tunisie, la rue se cabre. Wade est conspué à cause de son carriérisme de vieillard alors qu’en Afrique les vieux chefs sont volontiers vénérés. Sous le slogan «la jeunesse contre Wade», l’émeute souligne la fragilité économique malgré les réformes, la corruption institutionnalisée, le clientélisme omniprésent, les allégeances claniques et le désenchantement d’un pays où les jeunes continuent de penser à l’exil. 

Qu’il soit battu ou réélu (en exploitant les divisions de l’opposition), Wade n’entrera pas dans les livres d’histoire au côté de celui qu’il aurait tant aimé égaler, Léopold Sédar Senghor (1906-2001), père de l’indépendance sénégalaise, qui renonça à la présidence en 1980. Wade, qui est intelligent et a de l’allure, se voit en lion plein de noblesse. 

Mais ses ruses politiciennes en font un vieux renard qui tire sur trop de ficelles. On lui prête même des intentions dynastiques : Abdoulaye I er qui transmet la couronne à son fils Karim, 43 ans, actuel ministre de la coopération, des Transports aériens, des Infrastructures et de l’Énergie: est-ce là le dessein secret du vieux chef ?

La 4G prête à prendre son envol

La téléphonie de quatrième génération (4G) devrait prendre son essor en 2012 dans le monde, poussée par la demande croissante de bande passante des utilisateurs de téléphones multifonctions.
Le trafic de données sur mobile, poussé par la popularité exponentielle des iPad et autres BlackBerry, devrait être multiplié par 33 entre 2010 et 2020, indique le cabinet Digiworld Institute, alors que s’ouvre demain le Salon de la téléphonie mobile de Barcelone, principale manifestation mondiale du secteur. Cette explosion ne pourra pas être supportée par les actuels réseaux 2G et 3G.
La 4G, aussi connue sous l’acronyme LTE, va permettre d’avoir depuis son mobile un débit équivalent à celui dont un foyer dispose actuellement depuis sa ligne fixe internet très haut débit.
À la fin de l’année 2011, 37 opérateurs avaient lancé leurs services 4G et 250 autres ont annoncé publiquement qu’ils y travaillaient. En septembre, il n’y avait toutefois que cinq millions d’abonnés 4G dans le monde.

La rénovation de Sarkozy, le livre de Hollande, les précisions de Bayrou 


L’Allemagne, le malade caché de l’Europe

Si on célèbre aujourd'hui l'économie allemande pour ses voitures vendues aux quatre coins du monde et pour ses machines-outils qui font tourner les usines de la Chine au Michigan, il existe une toute autre réalité : "celle d'une économie qui fonctionne bien en-dessous de son potentiel et qui retarde non seulement l'Allemagne mais le reste de l'Europe", écrit le New York Times :
"Cette économie est sur-réglementée, conçue pour protéger de la concurrence et très résistante au changement. Bien que la chancelière allemande, Angela Merkel, harangue régulièrement les pays comme l'Espagne, l'Italie et la Grèce pour qu'ils deviennent plus compétitifs, l'économie allemande a elle aussi certains de ces vices, parmi lesquels les professions protégées ou encore des plans locaux d'urbanisme destinés à favoriser les entreprises existantes au détriment des nouvelles."
Interviewé par le quotidien américain, Andreas Wörgötter, économiste de l'OCDE, fait état d'une économie duale, et cite les nombreux obstacles à l'entrepreneuriat, la difficulté de déréglementer plusieurs secteurs ou encore la rigidité des formations :
": d'un côté nous avons le secteur de l'export non subventionné très dynamique, innovant, compétitif et revatilisant, de l'autre, il y a le secteur des services bien moins brillant qui repose sur des barrières à l'entrée, des subventions, un secteur qui ne se développe pas et qui est inaccessible à de nouvelles activités."
L'économiste rappelle que si l'économie allemande a connu une croissance de 3% l'année dernière, elle ne devrait progresser de seulement 0,6% cette année et de 1,9% en 2013 (prévisions de l'OCDE). A son sens, le succès des exportations allemandes a sapé la volonté politique de mettre un terme à tous ces freins économiques qui pourraient, à terme, entraîner un très grave défaut de compétitivité.
"Le débat sur la puissance de l'économie allemande nous a fait perdre de vue qu'il n'y a pas si longtemps, l'Allemagne était le malade de l'Europe", conclut le New York Times.

Bréviaire pour une jeunesse déboussolée

Il appartient à la génération post-1968 d’avoir soldé les dettes de ses aînés envers les maîtres-penseurs et les idéologies, de quelque mouvance qu’ils fussent. Avoir jeté avec l’eau du bain le marxisme et le maoïsme, Althusser et Lacan, Foucault et Guattari, Barthes et Illich, Marcuse et Reich était un préalable de bon aloi mais ne constituait pas une condition nécessaire et suffisante pour une renaissance.
Dans ce champ de ruines, aucune promesse de moissons ne s’est levée alors qu’a prospéré l’ivraie de l’indifférence, du “je-m’en-foutisme” et du tout-à-l’ego. Aux esprits réfractaires à ce laisser-aller général et qui n’entendaient pas retomber dans les vieux dogmatismes, force était de se bricoler, dans leur coin, une discipline de survie personnelle.
Denis Tillinac qui, à son corps défendant, appartient à la génération 1968, mais qui s’est tenu à l’écart de ses errements, confesse regretter d’avoir dû « caboter tout seul sur des esquifs d’infortune, à contre-courant de [son] époque », sans le réconfort d’une « plume amie qui l’aurait alerté sans le désenchanter ». C’est pourquoi, répondant à l’appel informulé d’une jeunesse en désarroi à qui semble faire écho la fameuse requête du jeune Barrès – « Toi seul, ô mon maître, […] je te supplie que par une suprême tutelle, tu me choisisses le sentier où s’accomplira ma destinée. / Toi seul, ô maître, si tu existes quelque part, axiome, religion ou prince des hommes » – , il a entrepris de lui livrer quelques considérations inactuelles, d’aîné à cadet.
Sans la lourdeur sentencieuse des donneurs de leçons de morale contemporains, dont on se dispensera de citer les noms tant ils abondent, sous un titre nietzschéen et sous la forme de fragments, d’aphorismes, où son sens de la formule et le tranchant de son style font merveille, Tillinac a composé une sorte de vade-mecum à l’usage des jeunes générations, sous la double tutelle de Montherlant et de Bernanos. Du premier il fait sienne la leçon d’altitude, de gratuité, de désintéressement et de jeu. Avec le second il partage le sens de la transcendance et de l’honneur, le goût de la tradition et l’amour ombrageux de la France. De sa personnalité et de son tempérament relèvent un solide bon sens, le dédain des poses et des panoplies, la volonté têtue de ne pas se laisser enfermer dans le carcan des convictions intangibles, le refus de privilégier la sécheresse de la raison au détriment des émotions, qu’elles soient esthétiques ou charnelles. Invitant ses jeunes lecteurs à la méfiance envers les duperies de l’humanisme et des bons sentiments, les encourageant à préférer les risques de l’aventure au confort des situations, et les incertitudes d’un cheminement personnel à la bonne conscience des engagements collectifs, l’auteur en appelle à une insurrection de l’âme contre le matérialisme et le conformisme de l’époque.
La voie qu’il trace est celle des chemins de traverse où ne se récoltent ni prébendes ni honneurs, celle des crêtes, escarpée, ingrate, périlleuse certes, mais « là où croît le danger croît aussi ce qui sauve ». Ce bréviaire antimoderne n’est pas celui d’un extrémiste révolté ou d’un passéiste nostalgique, mais d’un “réac” qui s’assume, sans peur et sans reproche, sans honte et sans complexe. Et qui incite à chevaucher les chimères avec Don Quichotte plutôt qu’à remplir sa gamelle avec Sancho Pança. 

La fable de Hollande

François Hollande, le candidat qui se dérobe plus vite que son ombre, est un concentré de socialisme à la française. Nicolas Sarkozy a résumé sa personnalité d’un mot, dans son discours de Marseille, dimanche : il est « Thatcher à Londres et Mitterrand à Paris ». D’ailleurs, François Mitterrand s’entendait parfaitement avec Margaret Thatcher, ils ont fait ensemble le tunnel sous la Manche.
Ils étaient pourtant le contraire l’un de l’autre, lui socialiste et florentin, elle libérale et obstinée. Hollande ne les oppose pas : il est les deux. Libéral à Londres ? « Je suis oiseau, voyez mes ailes. » Socialiste à Paris ? « Je suis souris, vivent les rats. »
Il a grandi à l’école Mitterrand. Il en a retenu les attitudes, les intonations, les mots et la leçon politique. Dites une chose, faites-en une autre. « Le sage dit, selon les gens, “Vive le Roi ! vive la Ligue !” » La Fontaine avait tout vu. Marc Ladreit de Lacharrière, grand patron indépendant et redouté parce qu’il préside l’une des trois agences mondiales de notation, Fitch (qui a conservé à la France, comme Moody’s, son triple A assorti de “perspectives négatives”), raconte ses débuts sous François Mitterrand, dans le numéro de mars de la Revue des Deux Mondes : « Les débuts de l’ère Mitterrand, écrit-il, ont été catastrophiques pour la France. […] François Mitterrand consulte, finasse, joue ses amis les uns contre les autres, hésite entre le repli protectionniste, la sortie du système monétaire européen et le pari sur l’Europe. […] Homme du passé, Mitterrand était convaincu que les Français aspiraient à une rupture avec le capitalisme. Il doit s’incliner : il s’est trompé. Faute de maîtriser un savoir économique pour lequel il a longtemps affecté d’éprouver un léger dédain, il ne comprend pas son époque ni les ressorts du monde moderne. Sous la pression des faits, il bascule et convertit sa politique au libéralisme. » Le voici qui adore ce qu’il avait abhorré. « La France embrasse l’économie de marché, l’épouse même, s’enthousiasme pour l’entreprise et la mondialisation naissante. » Finie la diabolisation de l’argent et des patrons, vive le marché unique européen, la suppression du contrôle des changes, la liberté de mouvement des capitaux et l’innovation financière.
C’était il y a vingt-cinq ans. Et maintenant, quand François Hollande bavarde avec Angelique Chrisafis, la correspondante à Paris du Guardian, voici ce que cela donne dans l’édition du 14 février du quotidien britannique : « Le favori de la présidentielle en France dit qu’il veut voir le Royaume-Uni reprendre sa place au coeur de l’Europe et que le secteur financier n’a rien à redouter de nouvelles régulations. » On n’est plus en 1981, lui dit-il aussi. Le monde a changé, la guerre froide est finie et « il n’y a plus de communistes – ou plus guère ». « La gauche a été aux affaires pendant quinze ans au cours desquels elle a libéralisé l’économie, ouvert les marchés à la finance et aux privatisations. » De quoi peut-on avoir peur ?
C’est pourtant le même François Hollande qui, près d’un mois plus tôt, le 22 janvier, au Bourget, reprenant les accents du François Mitterrand de 1981, attaque au coeur de son discours son « véritable adversaire », « le monde de la finance », celui qui, « sous nos yeux, en vingt ans, a pris le contrôle de l’économie, de la société et même de nos vies » ; c’est le même Hollande qui s’en prend à cette « nouvelle aristocratie arrogante et cupide qui s’installe et prospère », en désignant les « grandes fortunes ». Ici le Guardian, là le Bourget, deux langages exprimés de manière tout aussi lisse, l’un en meeting et l’autre en privé, mais tous deux destinés à la publication. Tantôt la finance ennemie qui ronge et qui ravage, tantôt les banquiers amis qui auraient bien tort d’être inquiets. Les communistes ont disparu, François Hollande veille.
Il a raison de veiller, parce que s’il était élu, la crise ne disparaîtrait pas, ni les déficits, ni le chômage, et qu’il serait, quoi qu’il arrive, dans l’obligation de faire appel aux marchés pour leur emprunter entre 180 et 200 milliards d’euros par an afin de financer une dette qu’il prévoit de charger encore. Elle est là sa fable : oiseau, il sait bien qu’il ne pourra pas respecter ses engagements, qu’il devra, comme Mitterrand, son modèle, plier devant la crise ; et pour que ses électeurs ne lui en fassent pas reproche, il est aussi souris : il leur accordera sans retard une loi sur l’euthanasie, une autre sur le mariage gay, une troisième sur l’adoption ou le droit de vote aux étrangers, toutes déjà votées au Sénat. Des lois, celles-là, irréversibles. Mais toute fable a sa morale ; les Français ne seront pas forcément dupes de son double langage. 

Grèce: la course contre la montre pour éviter la faillite continue

Le Parlement grec a voté ce jeudi en urgence le projet de loi qui permet d'effacer une partie de la dette grecque. Athènes est engagée dans un calendrier serré: le 20 mars prochain, l'Etat doit rembourser 14 milliards et demi d'euros de créance. Le lancement officiel de l'offre d'échange des créances détenues par les banques, sociétés d’assurances et fonds d’investissements est attendu ce vendredi 24 février. Les bons du trésor grec vont perdre plus de 50% de leur valeur.

Au total, c’est un effacement de 107 milliards d’euros sur les 200 milliards de créances détenues par les investisseurs privés.
Pour les particuliers, le ministre des Finances a assuré qu’une formule serait trouvée pour éviter qu’ils perdent eux de l’argent. Mais ceci est une affaire de finances publiques qui en fait, intéresse peu de Grecs.
Ils sont plutôt préoccupés par le rapport de la Commission européenne qui annonce pour 2012 un nouveau recul de l’activité de 4 à 5%, malgré le plan de sauvetage décidé en début de semaine à Bruxelles.
« A la chasse au millionnaire »
Et depuis quelques jours, on parle beaucoup de l’affaire du député qui en mai dernier a fait sortir du pays un million d’euros. « Qui est ce ou cette députée du Nord ? », le quotidien gratuit d’Athènes, Métro, pose ce vendredi la question avec le titre « A la chasse au millionnaire ».
Dès le 1er mars, la loi sur la diminution des salaires entre en application. Le coût du travail doit baisser de 15% pour que le pays retrouve sa compétitivité sur les marchés, et aussi pour faire baisser le chômage qui touche déjà près de 48% des jeunes de moins de 25 ans. Les mouvements de protestation se poursuivent, le centre d’Athènes est bouclé presque tous les jours par des manifestations.
Si la loi votée jeudi permettra à la Grèce d’éviter la faillite fin mars, le pays n’est pas encore sauvé. La récession va continuer, on prévoit déjà la fermeture de nombreuses entreprises et la perte de 240 000 postes de travail d’ici la fin de l’année.

Le paysage français, grand oublié des politiques d'urbanisation

Comme souvent, ce soir-là, Nicolas Sarkozy n'a pas fait dans la demi-mesure. Lors de son intervention, retransmise simultanément sur dix chaînes de télévision, dimanche 29 janvier, le président de la République annonçait son intention d'augmenter de 30 % les droits à construire sur "tout terrain, toute maison, tout immeuble". "Cela va donner un travail formidable à toute l'industrie du bâtiment, expliquait-il. Deuxièmement, cela va augmenter considérablement le nombre de logements, donc cela fera pression sur les prix. Et enfin les prix de l'immobilier à l'achat, à la vente, et les prix à la location vont pouvoir baisser."

Martingale immobilière propre à satisfaire tout le monde ? Avant d'être adopté le 22 février par l'Assemblée nationale, le projet de loi a déclenché l'hostilité d'une grande partie du secteur. Les promoteurs promettent une flambée du prix des terrains, les agents immobiliers redoutent une désorganisation du marché, les constructeurs de logements sociaux s'estiment oubliés. Quant aux maires, chargés d'instruire les permis de construire et d'établir les plans locaux d'urbanisme, ils voient leurs pouvoirs entaillés par le nouveau texte.
Surtout, la loi semble passer sous silence un des aspects essentiels de la construction en France : le paysage. Si les années 1950 à 1970 ont été celles des grands ensembles, les trois dernières décennies ont vu le triomphe de la maison individuelle, qui représente aujourd'hui les deux tiers de la production de logements en France. Les tours et les barres des cités abîmaient les paysages du val de Seine ou les hauteurs marseillaises. Dorénavant, lotissements et maisons isolées colonisent, partout en France, vallées et coteaux, plaines et forêts. Les identités des communes s'effacent, leurs contours se floutent. Les enseignes commerciales défigurent les entrées des villes. Ce n'est plus la campagne, ça ne sera jamais la ville. Néant urbain ou néant rural, au choix.
L'ESPACE, "UNE RESSOURCE NON RENOUVELABLE"
Certes, le projet de loi exclut du dispositif toutes les zones préservées au titre du patrimoine naturel, comme d'ailleurs celles inscrites au patrimoine historique. Mais, hors de ces terres sauvegardées, quel effet la mesure aura-t-elle sur le paysage ? Peut-elle ralentir son mitage ou risque-t-elle de l'accélérer ? A quelle situation vient-elle répondre ? Sur quels principes s'appuie-t-elle ? A cette dernière question, Benoist Apparu, ministre délégué au logement, a une réponse assez simple : "Nous ne voulons plus consommer d'espace naturel, nous ne pouvons pas continuer à consommer de l'espace agricole et il nous faut construire davantage de logements, donc il faut densifier."
Densifier : le grand mot est lâché. Il y a dix ans, le terme aurait fait hurler le pays à l'unisson. A l'exception de quelques urbanistes, chacun réclamait "de l'air". Créer des espaces verts dans les villes, abattre des tours dans les banlieues, fluidifier la circulation pour rapprocher les périphéries du centre, étendre les bourgs... "Aujourd'hui, chacun constate les ravages du paradoxe français qui veut que l'on consomme plus d'espace que tous nos voisins mais que l'on manque toujours cruellement de logements, explique le paysagiste Bertrand Folléa. On "artificialise" 60 000 à 70 000 hectares chaque année, essentiellement des terres agricoles. Cela correspond à un département français tous les sept à dix ans. Par comparaison, l'Allemagne consomme 20 000 à 30 000 hectares. Les Français voulaient des maisons individuelles ? On a fait le choix de l'étalement urbain, en oubliant que l'espace était une ressource non renouvelable."
Pour comprendre comment on en est arrivé là, Bertrand Folléa avance plusieurs explications. D'abord, "le mythe du petit château" : "On a voulu démocratiser le modèle bourgeois sans voir qu'en changeant d'échelle, on changeait de modèle." Puis la poursuite d'une organisation urbaine héritée du Moyen Age. "Des centre-villages très denses, très lisibles, et autour les terres agricoles qui nourrissaient les hommes. Quand l'agriculture est devenue moins essentielle, on a construit sur ces terrains de façon peu dense..."
Michel Lussault, professeur de géographie urbaine à l'Ecole normale supérieure de Lyon, va plus loin, et pointe la "culture urbano-sceptique nationale et la mythologie campagnarde". "En Italie, la città est partout. La plus petite des cités est urbaine. En France, c'est l'inverse, même certaines grandes villes sont campagnardes. Tout est "villageoïsé". Regardez nos présidents, tous ou presque ont mis en avant leur attache villageoise."
Son collègue de l'ENS, l'historien Jean-Luc Pinol, ajoute la dimension "mortifère" longtemps associée aux villes : "La densité provoquait la transmission des miasmes, on enviait Londres avec ses maisons de trois étages parce qu'elle était moins dense que Paris. D'ailleurs, au cours du XXe siècle, la population parisienne n'a fait que diminuer, passant d'environ 3 millions à 2 millions d'habitants. D'abord entre les deux guerres, où l'on a construit des pavillons dans la petite couronne, souvent à faible prix. Puis avec l'édification des cités-dortoirs et des grands ensembles. Enfin avec les lotissements bâtis hors des villes."
UN AMÉNAGEMENT POUR ET PAR LA VOITURE
L'architecte-urbaniste David Mangin a parfaitement analysé ce dernier phénomène dans son livre La Ville franchisée. Les vieux mythes, la tradition, l'Histoire se sont vus embarqués dans une révolution technologique : l'avènement de l'automobile. "Ça a tout changé : les modes de vie, les bâtiments, l'organisation urbaine, mais aussi l'économie, les services et évidemment les paysages." Missionné par la Ville de Nice pour réaménager la plaine du Var, il a cartographié l'espace. "Plus de 40 % de ce paysage sublime est occupé par la bagnole : parkings de l'aéroport ou de supermarchés, loueurs, garages, casses. C'est insensé." Une situation extrême, reconnaît-il. Mais le tout-venant, s'il est moins spectaculaire, relève de la même logique.
Un paysage réaménagé pour et par la voiture. Avec d'abord le réseau routier. Ce maillage de voies rapides qui, selon Charles Pasqua, ministre de l'aménagement du territoire entre 1986 et 1988, allait mettre "tout à moins de vingt minutes d'une autoroute". Puis la maison individuelle, qui depuis trente ans représente les deux tiers des logements construits. "Les grands ensembles avaient échoué, mais les maires avaient besoin de sauver les écoles et les services. Alors on a construit des lotissements, des sortes de grands ensembles à plat, monofonctionnels. Les parents conduisent leurs enfants à l'école en voiture, la prennent pour aller chercher le pain. C'est anti-écologique au possible, mais on est près de la nature... Tout ça avec la bénédiction des pouvoirs publics qui voulaient se désengager du logement collectif."
Troisième maillon de la chaîne, la grande distribution. Les terrains étaient bon marché, le bassin de population avait crû : "Les grandes enseignes ont saisi l'occasion, nourries par une conviction venue des Etats-Unis : no parking, no business. Et ils ont calibré le parking pour le samedi après-midi de Noël. Avec les rocades de contournement, la grande surface est effectivement accessible de partout. On tue ainsi les centres-bourgs, on défigure les entrées des villes, on pousse à la construction de nouvelles maisons qui attireront de nouvelles grandes surfaces. Un cercle vicieux mais qui satisfait beaucoup de monde. Y compris les paysans, car un terrain agricole qui devient constructible voit sa valeur exploser. Et c'est vrai partout en France." Schéma, cartes et photos à l'appui, David Mangin démontre ainsi comment, des alentours de Dinan, en Bretagne, à ceux de Chalon-sur-Saône, en Bourgogne, entre les années 1960 et les années 1990, le rural a fait place au rurbain.
LA MAISON "AVEC SON PETIT JARDIN AUTOUR"
La faute à la maison individuelle ? Economiste et directeur de recherche au CNRS, Vincent Renard réplique avec vigueur : "Je n'aime pas ce mépris, ce racisme, presque, envers ceux qui se font construire une maison individuelle. Le problème ce n'est pas la maison, c'est le système." Jean Attali, philosophe et professeur d'urbanisme à l'Ecole nationale d'architecture de Paris-Malaquais, renchérit : "Lorsque mes amis architectes critiquent la maison individuelle, il y a un léger biais qu'ils omettent de signaler, à savoir que ce marché leur échappe très largement. En France, le recours à un architecte n'est obligatoire qu'à partir de 170 m2. Je suis donc toujours un peu mal à l'aise quand je les entends prendre pour cible la maison individuelle." David Mangin, lui-même, affine le tir : "Ce n'est pas à la maison individuelle que j'en veux, c'est au lavage de cerveau des promoteurs qui ont réussi à ancrer dans la tête des Français que la seule solution était la maison "péripatéticienne" : isolée, sur une butte, avec son petit jardin tout autour."
L'urbaniste Philippe Panerai poursuit : "Les Hollandais ou les Anglais ont fait eux aussi le choix de la maison individuelle, mais avec une autre histoire, une autre organisation. Les Hollandais, qui avaient gagné leur terrain sur la mer, ne pouvaient pas le gaspiller ; les Anglais disposaient d'un produit industriel, rationnel, typé, et n'étaient pas propriétaires de leur terre. Les maisons ont donc été placées côte à côte, avec des jardins derrière, une solution beaucoup plus économe en espace."
Economiser l'espace. Longtemps inaudible en France, cette idée a peu à peu fait son chemin. Dans les travaux des chercheurs et les réflexions des paysagistes, d'abord. Puis, depuis dix ans, dans les lieux de débats institutionnalisés, comme le Grenelle de l'environnement ou lors de la compétition sur le Grand Paris. "On a pris conscience du coût économique, social, environnemental de l'étalement urbain, analyse Jean Attali. En termes de mobilité, de saturation des transports collectifs, d'embouteillages, de dégâts environnementaux. Les habitants eux-mêmes, qui rêvaient d'un mode de vie meilleur, proche de la nature, en perçoivent aujourd'hui les nuisances."
Vincent Renard abonde dans ce sens: "On a subi le contrecoup de la politique des grands ensembles, pas encore celui des lotissements. Mais avec la crise économique et l'augmentation du prix de l'essence, qui n'en est qu'à ses débuts, le piège est en train de se refermer. Et certains commencent à le voir." "Surtout, la hausse des prix a figé le système et touche maintenant tout le monde, dit dans un sourire David Mangin. Tant que les pauvres étaient les seuls à en souffrir, rien ne se passait. Aujourd'hui, même les cadres supérieurs ont du mal à loger leurs enfants. Appelons ça une prise de conscience..."
DENSIFIER
Les urbanistes ont donc proposé leurs modèles. Les uns rêvent d'un retour à la ville ancienne et à la marche à pied, les autres inventent de nouvelles circulations et plaident pour une "ville fluide". Dans le sillage du Hollandais Rem Koolhass, d'autres encore appellent à se libérer des contraintes réglementaires et à faire confiance au génie des architectes pour restructurer la cité. Enfin les derniers, comme Bertrand Folléa et sa femme Claire Gautier, tentent d'inventer une "ville durable".
Tous semblent toutefois partager dorénavant une conviction, presque un mot d'ordre : il faut densifier. Densifier les centres-villes, même si les terrains à bâtir manquent cruellement. Des usines, des casernes, des hôpitaux trouvent alors de nouvelles fonctions. "Il y a vingt ans, la biscuiterie Lu de Nantes aurait été rasée, constate l'écrivain Jean-Christophe Bailly, professeur à l'Ecole nationale supérieure de la nature et du paysage de Blois. A la place, on aurait construit un parking ou un supermarché. Au mieux un espace vert. La municipalité a choisi d'en faire un pôle artistique, Le Lieu unique. Comme quoi tout n'est pas perdu." Densifier les grands ensembles aussi, "car, contrairement aux idées reçues, les grands ensembles sont peu denses du fait des règles d'espacement entre les bâtiments, des parkings, des pseudo-espaces verts", poursuit Jean-Christophe Bailly.
Plutôt que céder à la mode de la destruction pure et simple de tours ou de barres, urbanistes et architectes proposent de les remplacer par des unités plus petites, d'y adjoindre des commerces, d'y ramener des professions libérales. Rennes, Grenoble ou Strasbourg ont emprunté ce chemin. Densifier en déqualifiant des voies rapides en villes pour libérer du foncier, ou en profitant de nouvelles techniques plus sûres pour construire en zone inondable. "Mais rien n'est simple, avertit David Mangin. Le hangar que vous voulez détruire pour créer des logements peut cacher la seule entreprise innovante de la ville. Ce sont toujours des opérations complexes, délicates, longues, qui imposent de négocier."
LE RÔLE DES HABITANTS
Et les 30 % chers à Sarkozy, dans tout ça ? Une mesure "électoraliste", "brutale", "démagogique", affirment en choeur tous nos interlocuteurs. "Peut-être pourrait-elle faire sens dans un ensemble qui reverrait le système de planification, qui imposerait les terrains sur leur valeur réelle, qui confierait les permis de construire aux communautés de communes ou aux agglomérations plutôt qu'aux maires, soupire l'économiste Vincent Renard. Mais seule, elle est absurde."
Pourtant, presque tous reconnaissent à la proposition deux mérites : celui de mettre le doigt sur un des maux de notre époque, ce que le géographe Michel Lussault nomme "la procéduralisation de la ville", ce maquis de lois, de règlements, de contraintes qui finit par étouffer toute dynamique urbaine. Et également celui de poser les questions du rôle des individus ordinaires dans la fabrique de la cité. De leur capacité à inventer ce qui, un ou deux siècles plus tard, apparaîtra comme pittoresque. Mais aussi de leur droit à penser, à concevoir, à décider de leur mode d'habitat.
Et Michel Lussault de poursuivre : "La ville-réseau hier, la ville durable, densifiée et décarbonée aujourd'hui, tout ça, ce sont des modèles faits sans les habitants. N'oublions jamais qu'avec leurs pieds, avec les roues de leur automobile et avec la bénédiction des autorités, les Français ont choisi la ville peu dense. Pas seulement par refus de la mixité sociale, mais aussi par rejet des nuisances de la densité mal maîtrisée. Pour réussir aujourd'hui une densification qui ne soit pas vécue comme une souffrance, il faut repenser les formes architecturales." La tour Bois-le-Prêtre, à Paris (dans le 17e arrondissement), réhabilitée par Lacaton et Vassal, prouve selon lui que l'objectif peut être atteint. Mais il se veut plus ambitieux encore. Il invite architectes, urbanistes, sociologues, juristes et économistes à changer de nature : "Qu'ils ne se vivent plus comme des dompteurs qui descendent dans l'arène expliquer aux fauves qu'ils ont tort de rugir, mais comme des accoucheurs de la co-construction."
Autrement dit, "il faut revoir les formes de démocratie urbaine. Pas cette démocratie participative devenue le cache-sexe de notre impuissance à faire évoluer la ville. Non, c'est l'ensemble de la procédure qu'il faut reprendre, y compris les permis de construire et les plans locaux d'urbanisme. Ça se fait dans les sociétés à faible encadrement par les pouvoirs publics, les bidonvilles d'Inde ou d'Amérique du Sud, ou dans une ville comme Seattle, aux Etats-Unis. Ça se fait dans des pays à traditions démocratiques différentes comme la Suisse ou la Scandinavie." Un projet pour un candidat à l'élection présidentielle ? "Plutôt un projet pour le siècle", conclut dans un sourire l'universitaire.

Le Nouveau centre choisit Sarkozy, sur fond de profondes divisions

Le Pavillon Baltard, à Nogent-sur-Marne (Val-de-Marne), s'est rendu célèbre en accueillant les chanteurs et chanteuses en herbe de la "Nouvelle star", l'émission de télé-crochet de M6. C'est à une autre sorte de match que les militants du Nouveau centre ont été conviés, samedi 25 février.

La structure métallique du Pavillon n'a pas tremblé au son des chansonnettes mais à celui de bruyants règlements de compte, où le président du parti, Hervé Morin, est sorti vainqueur. Après son retrait de la course à l'Elysée, ses opposants ont donné de la voix. Dans un climat délétère, qui laisse augurer des lendemains difficiles pour cette petite formation de centre-droit né en 2007 à l'initiative des anciens de feue l'UDF qui n'ont pas voulu suivre François Bayrou sur sa route solitaire entre droite et gauche.
Initialement, ce congrès extraordinaire avait été convié pour faire valider par un vote des militants la candidature de M. Morin. Le retrait de l'ancien ministre de la défense, le 16 février, en faveur de Nicolas Sarkozy, a changé le menu. Trois motions ont été soumises, samedi, au vote des militants.
Deux d'entre elles appelaient à soutenir Nicolas Sarkozy. La première, portée par M. Morin, défendait l'idée qu'il fallait une candidature de centre-droit, même si elle n'a pas trouvé sa place. Elle a obtenu 67,63 % des suffrages exprimés. La deuxième, déposée par le député de la Somme Olivier Jardé, était un texte de soutien au président de la République, qui, cette fois, ne s'encombrait pas d'une défense de M. Morin. Elle a obtenu 16,51 % des suffrages. Enfin, un troisième texte, incarné par Jérémy Coste, le président des jeunes du Nouveau centre, appelait à soutenir M. Bayrou. Il a obtenu 15,86 % des voix.
"DÉMISSION ! DÉMISSION !"
Depuis le début de l'aventure de sa candidature, M. Morin a fait face à une fronde des ténors de son parti. Parmi ses opposants déclarés, le ministre de la fonction publique, François Sauvadet, celui de la ville, Maurice Leroy, ou encore le président exécutif du parti, Jean-Christophe Lagarde. Les troupes de ce dernier, notamment, ont copieusement hué le président du parti, samedi matin, au cri de "démission !", "démission !".
Dans le camp Morin, on ironise sur cette "claque" organisée "avec des gens qui ne sont même pas encartés" au Nouveau centre. "La famille semble beaucoup moins éparpillée cette après-midi que ce matin. C'est de la faute aux autobus, c'est vrai que ça pollue", a ironisé l'eurodéputé Jean-Marie Cavada, raillant l'affrètement, par les opposants de M. Morin, de cars de frondeurs. "A la démocratie des autobus, je préfère celle de la démocratie réelle, celle du vote des militants", s'est aussi félicité M. Morin. Dans l'entourage de MM. Lagarde et Sauvadet, on souligne cependant que seuls 2 499 personnes ont voté, sur les 7 319 militants à jour de cotisation inscrits.
La situation est complexe. S'affrontent violemment, en interne, des gens désormais pourtant acquis au soutien de M. Sarkozy. Et, au-delà, une seconde ligne de fracture existe avec ceux qui s'estiment plus proches des valeurs de M. Bayrou que de celles de M. Sarkozy. Dans ce parti d'élus, qui compte plus de trente parlementaires, les députés se rangent presque tous derrière le chef de l'Etat. Leur réélection, de fait, dépend d'accords passés avec l'UMP. En revanche, les sénateurs sont moins séduits. Mais beaucoup évitent encore d'afficher un choix public.
MORIN INCARNATEUR D'UN CENTRE TRÈS MOU, SANS IDÉE, SANS ATOUT, REMET SES DÉSIRS DANS SA CULOTTE ET RENTRE À LA NICHE.
IL N'A SU QUE SEMER LE TROUBLE À DROITE 
CE QUI EN SOIT EST UN LAMENTABLE EXPLOIT