TOUT EST DIT

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ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

samedi 25 février 2012

Le poids des mots 

Toutes les paroles ne s’envolent pas. Elles ont une force - ou doivent en avoir. Sinon, impossible de lutter contre la tentation de l’abstention. Cette question est au cœur de toute campagne électorale. Enlevez des estrades les écrans géants, les jeux de lasers et autres paillettes, que reste-t-il ? La parole du candidat. C’est par le verbe que l’on convainc. Les répliques qui sonnent juste, les protestations sincères, les indignations surjouées et même les «petites phrases» semées comme des hochets, tout cela compose une musique qui vous séduit ou vous hérisse. On n’est qu’à huit semaines du scrutin, un meeting chasse l’autre et le citoyen sollicité par ses fins de mois n’y fait guère attention. Pourtant, c’est bien à cet écho que l’on se référera au moment d’aller voter - ou de rester chez soi. Quelles que soient les mises en équation de la géographie électorale, la politique est une passion qui doit être partagée. C’est la passion la plus sincèrement exprimée (ou la moins hypocrite si l’on est d’un naturel méfiant) qui fera bouger les lignes. Que cesse la passion et la victoire est en danger. C’est le problème de Nicolas Sarkozy. Il assure qu’il a toujours le feu sacré, mais ceux qui se réchauffent à sa flamme sont moins nombreux qu’en 2007. Le voilà donc dans la position du challenger, obligé de riposter alors qu’il aimerait donner le tempo. La crise le rattrape à chaque coin de discours. Quand le président sortant chante les vertus du travail et quête l’approbation de «la France qui se lève tôt», François Hollande n’a pas de mal à dénoncer les pénuries d’emplois et le délai consternant auquel les jeunes diplômés sont confrontés avant de trouver leur premier emploi stable. On dit souvent avec dédain qu’une campagne électorale n’est que de la rhétorique. Il ne faut pas en sous-estimer le poids. Aristote le soulignait déjà: la logique n’est pas la meilleure façon de convaincre. Car la logique s’appuie sur la démonstration; c’est l’affaire de la science, non de la politique, qui, empruntant les chemins de la subjectivité, joue sur la persuasion. Voilà pourquoi tant de petits candidats ne font pas dans la dentelle et tablent sur les sentiments. C’est tout le succès de Mélenchon face à Joly. Et naguère de Le Pen face à Jospin ou plus anecdotiquement de Laguiller face à Krivine.

La “souris grise” a fait son trou

Il n’est pas le personnage le plus médiatique sur la scène européenne. Mais en deux ans, Herman Van Rompuy s’est imposé discrètement. Sans concurrent, il devrait être nommé le 1er mars pour un second mandat de président du Conseil européen. 


Herman Van Rompuy a peut-être l’image d’une souris grise. Mais en cette période de crise, la plus grave qu’ait connue l’Europe depuis longtemps, le président de l’Europe a tout de même réussi à obtenir un renouvèlement de son mandat sans que cela ne suscite la moindre controverse.
La semaine prochaine [lors du Conseil européen des 1er et 2 mars], selon certaines sources à Bruxelles, les dirigeants européens devraient reconduire Herman Van Rompuy dans ses fonctions pour deux ans et demi [il a été nommé en décembre 2009].
Quand on rencontre Herman Van Rompuy, 64 ans, ce qui frappe avant tout est le calme qui règne autour de lui. Il est installé dans un bâtiment aux ascenseurs vétustes et aux murs bruns.

Les intrigues glissent sur lui

Dans le reste du bâtiment, des diplomates venus de 27 pays essaient de négocier entre eux, avec les plus grandes difficultés, parfois en criant, une sortie de la crise. Le Nord et le Sud sont diamétralement opposés. Les intérêts nationaux et les émotions dominent. Mais les intrigues semblent glisser sur Herman Van Rompuy.
Herman Van Rompuy cultive son image de “souris grise”. Elle lui convient. En réalité, il est tout le contraire. Il est chaleureux, aime boire un verre de bière et sait, malgré une certaine raideur, mettre les gens à l’aise.
Il motive ses collaborateurs comme aucun autre – tout le monde à Bruxelles souhaite travailler pour lui. Mais il est également rusé, et suffisamment dur pour éliminer ses adversaires à distance. Silvio Berlusconi, Premier ministre italien à l’époque, lui avait par exemple envoyé une liste de réformes. Herman Van Rompuy a refusé de signer l’accusé de réception avant que cette liste ne contienne tout ce qu’il souhaitait.
C’est lui qui a trouvé une solution à l’impossible exigence de la Finlande, qui tenait à obtenir de la Grèce des garanties financières pour les prêts qu’elle lui accorderait. Quand beaucoup de chefs de gouvernement européens souhaitent des euro-obligations, mais que la chancelière allemande ne veut pas en entendre parler, Herman Van Rompuy s’arrange pour qu’ils conviennent d’en discuter plus tard – une fois résolues les affaires qu’Angela Merkel est prête à aborder.

Plus il est modeste, mieux c'est

Herman Van Rompuy filtre, met de l’ordre, adoucit. Le tout, à distance. En tant qu’ancien ministre du Budget, une des rares personnes qui sait de quoi elle parle. Selon ceux qui le côtoient, il joue un rôle crucial dans ce contexte de crise.
Il y a une chose qu’il a bien comprise : en tant que président des chefs d’Etat et de gouvernement, il doit prendre garde à ne pas trop se distinguer. Il ne peut pas les critiquer ouvertement. Il peut rarement exprimer le fond de sa pensée. Il ne peut nuancer son image du parfait élève ennuyeux que par les haïkus qu’il écrit.
Mais même ces haïkus deviennent culte. Plus Herman Van Rompuy est modeste, mieux c’est. Il doit être le président de tout le monde. Il a 27 employeurs à satisfaire tout en manœuvrant dans la bonne direction pour l’Europe.
M. Van Rompuy est devenu un refuge pour les dirigeants de grands pays comme l’Allemagne et la France, mais il doit s’assurer que ces pays ne commencent pas à tout régler en tandem. Les petits pays ne l’accepteraient jamais. Il pilote par conséquent les diplomates dans la “bonne” direction, en coulisses en toute discrétion.
 C’est sans doute de là que vient ce calme. S’il ne le créait pas, pour les autres mais aussi pour lui-même, il deviendrait complètement fou. Herman Van Rompuy est un homme spirituel. “Il faut savoir reconnaître que certaines choses vous dépassent”, a-t-il dit à une occasion dans une interview. “Il faut rester modeste par rapport à ce que l’on est, sinon on
devient agressif.”




Vu de Pologne

"Au service des dirigeants européens"

Alors que le premier mandat d'Herman Van Rompuy en tant que président du Conseil européen arrive à son terme, le correspondant à Bruxelles de Gazeta Wyborcza estime que les évaluations positives :
[...] sont en grande partie liées aux attentes révisées de ce poste créé par le traité de Lisbonne. Personne ne conçoit l'homme politique belge comme"président de l'Europe", car il est désormais très clair que cette fonction ne fait pas l'unanimité auprès des principaux acteurs européens. Au mieux, le chef du Conseil européen peut être, et c'est là que Van Rompuy fait du bon boulot, un habile diplomate au service des responsables européens.
Le quotidien polonais rappelle que Herman Van Rompuy, a récemment twitté sa photo accompagnée d'un petit texte "nous échangeons nos numéros" à l'ancien secrétaire d'Etat américain Henry Kissinger, dont l'ironique: "L'Europe, quel numéro de téléphone ?", est resté dans les annales. Pour le journaliste polonais, ceci est un exemple  :
D'auto-dévalorisation, car tandis que les défenseurs du traité de Lisbonne voient un "téléphone" sur le bureau du président du Conseil, la Maison blanche, elle, a en tête d'autres numéros. Ainsi, c'est Angela Merkel que Barack Obama a appelé pour la féliciter après l'accord trouvé sur le second plan de sauvetage grec.

La solidarité n’est plus ce qu’elle était

La solidarité, qui a toujours été au cœur du projet européen, est une question de réalisme intéressé. Si l’on veut que l’Union s’en sorte, il faudrait revenir à ce simple principe.
Certains mots n’appartiennent qu’aux Européens du continent. Vous n’entendrez pas souvent les Anglais ou les Américains vous parler de “solidarité”. L’idée est la propriété de l'esprit de consensus ramolli (d’après les Anglo-saxons) du capitalisme de marché social et des prophètes de l’unité européenne. Or, ce qui s’est passé ces dernières semaines, c’est que cette solidarité s’est dissipée. D’où les problèmes terribles que connaissent l’euro et l’Union européenne.
Semaine après semaine, les sparadraps s’accumulent. L’accord de renflouement de la Grèce a permis de gagner un peu plus de temps. Ce qui compte – du moins veut-on nous le faire croire – , c’est que la blessure a été cautérisée. Une fois de plus. Pourtant, ce devrait être une évidence pour tous, dans le grand agencement des choses, le dernier renflouement en date n’est qu’un détail.
Deux éléments sont nécessaires si l’on veut que la Grèce évite un effondrement économique et social catastrophique. Qu’Athènes se maintienne ou non dans la zone euro, ils restent applicables. Le premier est une volonté politique suffisante, en Grèce même, en faveur de réformes radicales de l’Etat et de l’économie. Le second est une volonté réciproque, de la part des autres Européens, de payer la facture considérable des errements et des fraudes des gouvernements grecs précédents.
La question essentielle est de savoir si un tel arrangement est envisageable. Les indices ne portent pas à l’optimisme. Les échanges de noms d’oiseaux qui sont désormais la norme dans les relations entre la Grèce et ses partenaires de la zone euro trahissent une absence totale de confiance. Beaucoup d’Européens – et je ne parle pas que des Allemands – ne croient pas que les politiciens à Athènes tiennent leurs promesses ; nombre de Grecs pensent que l’austérité draconienne exigée pour prix de l’allègement de la dette a pour but de les châtier plutôt que de les aider. Un observateur impartial en viendrait probablement à la conclusion que les deux camps ont raison.

L'exception grecque

Sous certains aspects, on peut voir la Grèce comme une exception. C’est un petit pays, différent. A des degrés divers, les autres nations à la périphérie de la zone euro ont profité de leur entrée dans l’UE pour devenir des états européens modernes. L’Irlande, en dépit de toutes les difficultés qu’elle traverse actuellement, a prospéré en tant que nation sûre d’elle, débarrassée de son obsession historique pour la Grande-Bretagne. L’Espagne a épousé la modernité avec enthousiasme. La classe politique grecque, elle, ne s’en est jamais vraiment souciée. Vue d’Athènes, l’UE a été une source de liquidités plutôt que d’inspiration politique.
La modernisation du Portugal a été plus lente. Son économie, comme celle de la Grèce, se trouve dans un sale état. Mais ses politiciens ont montré qu’ils étaient prêts à rattraper le temps perdu. Donc, ils n’ont pas dilapidé leur capital de confiance. Les décideurs à Bruxelles et Berlin vous diront qu’ils placent la Grèce et le Portugal dans deux catégories très différentes.
En réalité, il n’est pas aussi facile d’établir cette distinction que le souhaiteraient ces politiciens et autres hauts fonctionnaires. Si la Grèce a pris une telle importance – après tout, elle ne représente que quelques points du PIB global de la zone euro – , c’est parce que les décideurs l’ont laissée exercer une influence sur l’avenir de la monnaie unique. La contagion n’est pas un phénomène économique, mais politique. Si l’on avait persuadé les marchés que la Grèce était bel et bien une exception, il aurait été possible de la mettre en quarantaine il y a déjà quelques temps. Au lieu de cela, elle a fini par être considérée comme une mise à l’épreuve d’une intention politique plus vaste – un test, si vous voulez, de la solidarité au sein de la zone euro.

Deux sortes de solidarité

La solidarité, comme le notait récemment une remarquable étude du cabinet de consultants parisien Notre Europe, existe en deux versions. Il y a le simple accord transactionnel – sorte de police d’assurance commune contre telle ou telle calamité éventuelle – , et il y a le réalisme intéressé, mais éclairé, qui amène les gouvernements à identifier leurs objectifs nationaux dans le cadre d’une stratégie d’intégration commune et durable.
C’est sur cette dernière qu’a été bâtie l’Union européenne. Il y a une soixantaine d’années, c’était assez facile. Les horreurs des deux Guerres mondiales, la menace soviétique et l’insistance américaine conféraient une logique irrésistible à ce que les pères fondateurs appelaient le processus de la construction européenne. La solidarité n'était pas cette idée sentimentale des rêveurs fédéralistes. Elle relevait d'un calcul intéressé. Elle a permis à la France de se poser en leader, à l'Allemagne de reconstruire son économie tout en gardant l'espoir d'une réunification, et à l'Italie d'aspirer à la modernité, tandis que les petits états avaient leur mot à dire dans les affaires du continent. Certes, la solidarité pouvait aller de pair avec un altruisme de bon ton, mais dans le fond elle allait dans le sens des intérêts égoïstes des partenaires.
La monnaie unique aura été l'expression ultime de ce mariage des intérêts nationaux et collectifs – la croyance selon laquelle l'avenir économique et politique des membres étaient à ce point imbriqués qu'une dilution sans précédent des souverainetés en valait la peine. Pour son malheur, ce projet a été lancé au moment même où la plupart des autres sources de solidarité – souvenirs de la Seconde Guerre mondiale, menace existentielle du communisme, Allemagne divisée – commençaient à se tarir.

Parler d'une seule voix

Toutefois, les pays européens ont intérêt à continuer de travailler ensemble, et ce pour de nombreuses raisons. La plus évidente est la nécessité de parler d'une seule voix dans un monde qui appartient de plus en plus à quelqu'un d'autre. L'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne sont trop petites pour ce monde. Et des enjeux tels que la redéfinition des règles commerciales, le réchauffement climatique, l'accès à l'énergie ou la promotion de la démocratie, si importants soient-ils, ne sont pas aussi primordiaux que la préservation de la paix européenne.
La solidarité a certes joué dans la crise de l'euro, mais sous la forme transactionnelle d'un jeu à somme nulle – les pays créanciers ne font ceci que si les pays débiteurs font cela. C'est mieux que rien, force est de le reconnaître, car jusqu'à présent, cela a permis d'aller de l'avant. Mais cela ne nous dit pas pourquoi les contribuables du nord devraient rembourser les dettes du sud, ou pourquoi les pays du sud devraient considérer des réformes douloureuses comme une chance plutôt que comme une punition. Pour répondre à ces questions, il faudrait faire appel à l'autre sorte de solidarité.

La Grèce lance une opération hors norme d'effacement de dette

La Grèce a officiellement lancé vendredi la procédure d'échange des obligations détenues par ses créanciers privés pour parvenir à l'effacement de 107 milliards d'euros de dette, comme prévu dans le plan de sauvetage décidé par la zone euro pour éviter la faillite du pays.
Le ministère des Finances et l'Organisme de la dette grecque (Pdma) ont créé à cet effet un site internet dédié sur lequel l'offre d'échange du PSI (Private Sector Involvement) a été lancée peu avant 17h30 GMT.
Cette opération sans précédent dans l'histoire financière, vise à réduire de 53,5% la dette détenue par les banques, assurances ou fonds d'investissement afin d'alléger le fardeau de l'ensemble de la dette grecque (privée et publique) qui s'élève à 350 milliards d'euros.
Sur ces 350 milliards, "206 milliards de titres" détenus par des créanciers privés sont éligibles à l'opération d'échange, précise l'appel d'offre.
Le document ajoute également que si un seuil total de participation d'"au moins 75%" des détenteurs de titres, en valeur, n'est pas atteint, "la République (hellénique, ndlr) ne procèdera pas" à cette opération.
Pour les obligations de droit grec, la loi entérinant le PSI votée jeudi par la parlement grec a prévu la possibilité d'avoir recours à des clauses d'action collective (CAC) pour contraindre les créanciers réticents à prendre part à l'opération d'échange. Ces clauses pourront être déclenchées si "un quorum de participation d'au moins deux-tiers" des porteurs de titres grecs est atteint.
Les modalités du PSI, qui est l'un des leviers du plan de sauvetage du pays, ont été finalisées par les ministres des Finances de la zone euro lors d'une réunion à Bruxelles dans la nuit de lundi à mardi.
Le gouvernement a entrepris "un effort titanesque" pour mettre sur orbite dès vendredi cette procédure hors norme, avait expliqué dans la matinée le Premier ministre Lucas Papademos.
Le suspense réside désormais dans la proportion de créanciers privés détenteurs d'obligations grecques qui vont accepter une décote de 53,5% sur les titres qu'ils détiennent représentant une perte finale dépassant 70% de leur valeur initiale.
Charles Dallara, le président de l'Institut de la finance internationale (IIF), qui regroupe les grandes banques et institutions financières mondiales, s'est dit confiant vendredi dans l'issue de l'opération.
Le gouvernement grec également table sur une participation importante car les banques grecques détiennent la majorité des titres alors que les banques étrangères se sont débarrassées d'une grande partie des obligations grecques depuis le début de la crise de la dette grecque en 2010.
Les candidats volontaires pour l'échange de dette auront jusqu'au 9 mars pour se faire connaître et "l'opération elle-même devrait se dérouler d'ici le 12 mars pour les obligations de droit grec et les 5 et 6 avril pour celles du droit anglais et japonais", a précisé au parlement le ministre des Finances Evangélos Vénizélos.
Il a toutefois averti que ce serait une période difficile car il n'est pas exclu que "les marchés spéculateurs essaient de miner" l'opération.
Les agences de notation ont déjà averti que le lancement de l'opération pourrait automatiquement placer le pays en catégorie "défaut sélectif" ("selective défaut"), qui selon M. Vénizélos est une "évaluation et non pas une catégorisation" de la note souveraine du pays.
 Le PSI doit contribuer à ramener la dette grecque à 120,5% du PIB d'ici 2020 contre plus de 160% du PIB actuellement.
 Le record d'effacement de dette était jusqu'ici détenu par l'Argentine, débitrice de 82 milliards de dollars (73 milliards d'euros environ au cours de l'époque) lorsqu'elle avait fait défaut, en janvier 2002.
Cette restructuration de dette constitue l'un des deux volets du plan de sauvetage record de la Grèce, la seconde étant un prêt de 130 milliards d'euros sur trois ans qui vient s'ajouter à celui de 110 milliards d'euros accordé par la zone euro et le FMI en 2010 et dont une partie a été déjà versée.
La Grèce est entrée dans une course contre la montre afin d'éviter la faillite au 20 mars, date à laquelle le pays doit rembourser 14,5 milliards d'euros.
"La Grèce fait un effort titanesque pour finaliser les décisions sur le PSI et les conditions pour l'octroi du prêt à la Grèce, la procédure législative est satisfaisante mais il y a encore des questions en suspens", selon M. Papademos.
Dans les faits, le parlement grec doit adopter mardi et mercredi en procédure d'urgence deux projets de loi cruciaux réclamés par la troïka (UE-BCE-FMI) portant le premier sur des nouvelles coupes dans les salaires et les retraites et le second sur des réformes dans le secteur de la santé prévoyant la fusion des hôpitaux et la réduction des dépenses pharmaceutiques.
Ces ajustements requis par le plan de sauvetage et fortement contestées par les syndicats et l'opposition de gauche, comme d'extrême droite, passeront également par des "décrets et circulaires à finaliser et publier dans les prochains jours", a précisé le Premier ministre
"Tout doit être prêt d'ici mercredi 29 février", avant la réunion jeudi des ministres des Finances de la zone euro (Eurogroupe) qui doit faire le point sur les initiatives prises par Athènes, a-t-il ajouté.
Selon M. Vénizélos, la signature officielle entre la Grèce et ses partenaires de l'ensemble du plan de sauvetage du pays doit intervenir d'ici fin mars.

A Florange, François Hollande, la saucisse et les métallos

Le candidat du PS est le premier à s'être rendu au chevet des métallos d'ArcelorMittal qui luttent contre la mort programmée de leur usine, à Florange. Son discours a plu, mais il doit encore faire ses preuves. Les promesses non tenues des politiques, ils en ont déjà soupé. 
François Hollande s'est rendu ce midi à Florange en Moselle pour rencontrer les métallurgistes d'ArcelorMittal qui craignent la fermeture de ce site où travaillent plus de 2 500 salariés en CDI, 5000 y compris les intérimaires, CDD et sous-traitants.  
Cela s'est décidé à la dernière minute. La fédération de Moselle du Parti socialiste l'a annoncé le matin même. Les syndicalistes du site, eux, ne l'ont appris que la veille au soir, confie Jean-Marc Vécrin, délégué CFDT. "Il y avait urgence, la situation des salariés de Florange nécessitait qu'on s'en préoccupe", explique Michel Liebgott, maire de la commune voisine de Fameck et député PS de Moselle. 
[Retrouvez le duel à distance qui a opposé François Hollande et Nicolas Sarkozy, qui était au même moment face aux salariés de Petroplus en Seine-Maritime.
Autant dire que les métallos d'ArcelorMittal n'ont pas mis les petits plats dans les grands pour recevoir le candidat socialiste à l'Elysée. Dans la matinée, le blocage de la sortie des expéditions du site, entamé jeudi, se poursuivait, pendant que l'intesyndicale (CGT-CFDT-FO-CFE-CGC) se réunissait pour décider de la suite des événements. Les manifestants se réchauffent comme ils peuvent en buvant du café soluble et se serrant autour d'un grand feu allumé devant l'usine, alimenté par des pneus, morceaux de bois et autres matériaux. L'ambiance n'est pas à la fête. La visite de François Hollande ne suscite pas spécialement d'engouement. 
"François, c'est ici que ça se passe!"
Vers midi, peu avant l'arrivée du favori de la présidentielle, la foule se fait plus dense. Aux côtés des métallos d'ArcelorMittal se pressent désormais des élus locaux de gauche (maires, adjoints, représentants de la région). Le président divers droite du conseil général de Lorraine, Patrick Weiten, est aussi présent. Il se fait discret. La visite de Hollande? "Attention de ne pas récupérer politiquement la souffrance des familles qui craignent de perdre leur emploi", prévient-il. 
Vers 13 heures, François Hollande arrive sur le site. Mais il est bloqué par les hordes de journalistes, photographes et caméras qui l'entourent. "François, c'est ici que ça se passe, c'est nous que tu es venu voir!", crient les ouvriers qui ont formé une haie d'accueil. Les sifflets se multiplient. L'impatience monte. C'est la bousculade. Le candidat socialiste parvient avec peine à s'approcher du camion qui sert de porte-voix des délégués syndicaux. "François monte sur le toit du camion!", crient les ouvriers. Ce qu'il fait.  
Licenciements
Après avoir écouté les revendications des représentants syndicaux, François Hollande prend la parole. "Je suis candidat à l'élection présidentielle, je viens devant vous prendre des engagements avec toute la responsabilité nécessaire, je ne veux pas moi me retrouver dans la situation d'être élu sur une promesse et de ne pas revenir parce qu'elle n'aurait pas été tenue", lance-t-il en référence à la promesse non tenue de Nicolas Sarkozy aux salariés ArcelorMittal de Gandrange, en janvier 2008, celle de ne pas laisser fermer leur usine - promesse non tenue puisque le site a fermé un an après. 
Sous les cris de "Hollande président" - plutôt rares - et de "interdiction des licenciements" - très nombreux -, l'élu socialiste s'est engagé à déposer un texte de loi obligeant les entreprises qui veulent fermer à céder les unités de production à des repreneurs.  
Il a également vertement critiqué les accords compétitivité-emploi prônés par Nicolas Sarkozy. Il a rappelé être favorable à la représentation des syndicats dans les comités d'administration pour participer à la prise de décisions stratégiques, et promis d'augmenter les cotisations chômage des entreprises qui recourent à l'intérim pour lutter contre la précarité des salariés. Applaudissements.  
"Bien reçu"
François Hollande traverse ensuite la barrière de fumée qui entoure le feu et se rend à la buvette pour manger une saucisse avec les métallos d'ArcelorMittal, avant de repartir. Simplicité et proximité avec la classe ouvrière. C'est symbolique, mais "cela fait plaisir, ça prouve qu'il ne nous toise pas", confie Frédéric Weber, délégué CFDT. "Il a été bien reçu", ajoute-t-il.  
Si sa cote de popularité excède largement celle de Sarkozy, le candidat socialiste ne part pas pour autant avec un blanc-seing électoral. Car les salariés ont conscience d'être un enjeu de campagne, rien de plus. Hollande en a peut-être convaincu certains, mais la plupart restent inquiets pour l'avenir de leur usine et la pérennité de leurs emploi. "Des élus qui viennent faire des promesses, on en a déjà vu avant. C'est la période qui veut ça. On attend de voir si lui, il va vraiment tenir ses promesses", conclut Julien, 27 ans. Fondeur à Florange depuis cinq ans, il voit l'avenir en noir.